Fabien Roussel, secrétaire national du PCF, est l'invité d'Apolline de Malherbe dans le "Face-à-Face" sur BFMTV et RMC, ce mercredi 28 février.
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00:00 Mais 10 milliards c'est aussi, et je voudrais vous interroger là-dessus, ce que l'émir du Qatar a promis d'investir en France.
00:07 Il l'a annoncé hier soir à l'issue d'un dîner à l'Elysée.
00:10 Il s'engage à investir 10 milliards d'euros en France.
00:13 Est-ce que c'est une bonne ou une mauvaise nouvelle ?
00:14 Je fais le même lien qu'avec les trafics de drogue.
00:16 Je dis, et je le dis au président de la République, l'argent n'a pas d'odeur en fait.
00:22 L'argent n'a pas d'odeur.
00:23 Puisque l'émir du Qatar est pointé du doigt comme étant celui qui dialogue et héberge le Hamas dans son pays,
00:32 mais il peut être accueilli en France et on peut accueillir ses investissements sans aucun problème.
00:36 La France dit qu'elle mène une lutte dure contre l'islamisme radical, politique, le terrorisme islamiste.
00:46 Elle expulse des imams qui mettent en cause nos valeurs.
00:49 Elle a raison de le faire.
00:51 Elle ferme des lycées suspectés d'eux.
00:55 Mais elle accueille...
00:56 Là aussi ?
00:57 Là, sur le lycée Averroes, non.
00:59 Et je le dis ici parce qu'il y a deux poids, deux mesures, mais c'est un autre sujet.
01:02 C'est pas un autre sujet ? C'est vous qui le mettez dans le même panier ?
01:05 C'est parce que je dis que M. Darmanin, lui, prend des décisions de ce type,
01:10 mais de l'autre côté, on accueille en grande pompe l'émir du Qatar.
01:14 On va y revenir parce que vous ne pouvez pas dire que ça n'a rien à voir.
01:16 Mais bon, allez-y, sur le Qatar.
01:17 Il accueille en grande pompe l'émir du Qatar pour ses investissements,
01:22 sachant qu'il y a des conventions fiscales spéciales concernant le Qatar
01:26 qui leur permet d'avoir des investissements ici et de payer moins d'impôts que d'autres.
01:30 Ce n'est pas normal.
01:31 Ce n'est pas normal que l'on ait un dialogue avec le Qatar,
01:34 notamment parce qu'il joue un rôle aujourd'hui dans une trêve possible à Gaza
01:41 et la libération des otages.
01:42 Et je pense à nos trois compatriotes encore enfermés là-bas
01:46 et retenus par l'organisation terroriste du Hamas.
01:49 Oui, que l'on dialogue avec pour pouvoir trouver une solution, un cessez-le-feu.
01:54 Mais de l'autre côté, qu'on accueille en grande pompe ce dirigeant
01:56 à qui d'ailleurs on vend des armes,
01:58 mais pour son argent, là je dis que ce n'est pas normal.
02:03 Ce n'est pas normal. Vous ne l'auriez pas, vous président,
02:05 accueilli en grande pompe hier soir à l'Elysée.
02:08 Et est-ce que vous accepteriez ou non ces sous ?
02:10 Est-ce qu'il faut dire non aux 10 milliards d'euros ou est-ce qu'il faut s'en réjouir ?
02:14 Mais on doit avoir en politique un peu d'éthique quand même et de valeur,
02:18 puisque c'est au nom des valeurs aujourd'hui que l'on parle de l'envoi de troupes éventuelle en Ukraine.
02:24 Eh bien, si on a des valeurs, si on a des idées,
02:27 eh bien justement on se dit que l'argent, selon sa provenance,
02:31 eh bien on doit être capable de dire non.
02:34 Parce que cet argent-là, eh bien c'est aussi l'argent d'un émir qui s'en prend au droit de l'homme.
02:40 Nous les avons dénoncés lors de la Coupe du monde qui s'est tenue là-bas.
02:43 Eh bien, il faut avoir des valeurs en politique.
02:45 - C'est quoi ? C'est une forme d'hypocrisie ?
02:47 - Oui, c'est une forme d'hypocrisie tout simplement.
02:49 Je vous dis, l'argent n'a pas d'odeur dans le business.
02:50 - Est-ce que c'est plus qu'une hypocrisie ? Est-ce que c'est coupable ?
02:53 Est-ce qu'il y a une forme ?
02:54 Est-ce que vous iriez jusqu'à dire qu'on fait rentrer en quelque sorte le loup dans la bergerie ?
02:58 - Mais il y est déjà dans la bergerie.
03:00 C'est du cinéma.
03:01 C'est pour ça que je vous dis qu'il y a beaucoup de cinéma dans tout ça.
03:04 D'un côté, il y a des discours très forts contre le terrorisme islamiste
03:08 et il faut lutter contre l'islamisme politique et y mettre des moyens.
03:12 Mais de l'autre côté, quand on accueille en grande pompe l'émir du Qatar,
03:15 dont on sait les pratiques qu'il a dans son propre pays…
03:18 - Il faudrait refuser qu'il finance le PSG, par exemple.
03:20 Il faudrait refuser à un moment, il faudrait aller jusque-là.
03:22 - On doit avoir des règles.
03:23 On a des règles en éthique.
03:24 Par exemple, quand on dit que des personnes qui font l'apologie du terrorisme,
03:30 qui ne respectent pas nos valeurs républicaines,
03:33 eh bien, doivent être expulsées.
03:35 Bien sûr qu'il faut le faire.
03:37 Mais de l'autre côté…
03:38 - Soyons cohérents.
03:39 Au fond, ce que vous dites, c'est « soyons cohérents ».
03:41 - Mais bien sûr.
03:41 Sinon, les Français ne comprennent pas,
03:43 nos compatriotes musulmans ne comprennent pas non plus.