Légende parmi les légendes, Marie-José Pérec (@mariejosepérec) est une femme d'engagement. Sur-médiatisée dans les années 90 après ses médailles d'or olympiques, elle a dû apprendre à conjuguer avec la lumière, la gloire et les zones d'ombres de la célébrité.
Aujourd'hui, près de 20 ans après l'arrêt de sa carrière sportive, elle s'emploie à transmettre son vécu et son savoir aux jeunes générations pour qu'ils et elles gagnent du temps sur leur préparation.
Rencontre avec Marie-José Pérec, légende du sport français à retrouver sur Marieclaire.fr
Aujourd'hui, près de 20 ans après l'arrêt de sa carrière sportive, elle s'emploie à transmettre son vécu et son savoir aux jeunes générations pour qu'ils et elles gagnent du temps sur leur préparation.
Rencontre avec Marie-José Pérec, légende du sport français à retrouver sur Marieclaire.fr
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00:00 Moi, j'ai quand même pas mal morflé.
00:02 Moi, durant ma carrière,
00:10 comme j'étais la première à avoir eu autant de notoriété,
00:14 j'ai dû tout inventer.
00:16 Ce n'était pas facile parce que c'est quelque chose que je n'aimais pas,
00:19 être devant la scène.
00:21 Donc, ça a été quelque chose d'assez compliqué.
00:22 J'ai quand même pas mal morflé sur ces parties-là,
00:25 avec la presse, tout ce qui était la com'.
00:28 La santé mentale, on n'en parle que depuis l'affaire Simone Biles.
00:33 Lorsqu'elle a refusé de continuer sur les Jeux,
00:36 il y a beaucoup de gens qui sont revenus en arrière.
00:39 J'ai eu pas mal de gens qui voulaient que je témoigne
00:41 parce que finalement, les gens avaient compris
00:43 ce que moi, j'avais vécu des années auparavant.
00:46 Moi, j'avais toujours le sentiment,
00:48 les gens, ils attendaient toujours que je gagne.
00:50 J'étais comme une machine à gagner.
00:52 Et en fait, quand on est perçu comme ça,
00:54 c'est un peu comme si on avait un peu de chance.
00:57 Comme ça, c'est très difficile de dire,
00:59 "Bah écoutez, aujourd'hui, je ne vais pas bien, ça ne va pas.
01:02 Il ne faudra pas compter sur moi.
01:03 Je suis au bout du rouleau.
01:04 Je ne vais pas pouvoir me lever de mon lit aujourd'hui."
01:07 C'était inconcevable.
01:08 Donc, je trouve qu'on a parcouru un long chemin.
01:11 Aujourd'hui, on en parle.
01:12 Il y a pas mal de boîtes qui ont mis en place des actions
01:15 pour accompagner les sportifs de haut niveau.
01:17 Mais je pense qu'il ne faudrait pas que ça s'arrête là.
01:19 Moi, j'ai été soulagée.
01:24 Ce n'est pas le cas pour tout le monde.
01:27 Il faudrait aussi qu'on accompagne les sportifs de haut niveau
01:29 et qu'ils arrêtent leur carrière.
01:31 Parce que pour la majorité,
01:33 quand on arrête, ce n'est pas évident.
01:34 Parce qu'on n'a plus ces objectifs qui sont si hauts,
01:37 où on est attendu tel jour, à telle date, à telle heure précise.
01:42 Et donc, ça crée quand même un vide.
01:44 Ça me fait rire parce que c'est dingue.
01:46 Moi, j'étais "Waouh, super."
01:48 Je ne serais plus appelée.
01:50 Non, non.
01:51 Ce qui est étonnant, c'est que les gens ont continué à me demander.
01:56 C'est important d'avoir ces échanges pour les jeunes,
01:59 surtout ceux qui préparent les Jeux.
02:01 Ça permet de gagner du temps sur sa préparation.
02:05 Les gens qui sont passés avant, ils ont beaucoup d'expérience,
02:07 ils ont vécu beaucoup de choses.
02:09 Et c'est important de les transmettre,
02:11 qu'ils aillent un peu plus vite, qu'ils comprennent bien les choses.
02:14 Et ça permet tout simplement de performer.
02:17 Quand on est seul et qu'on n'a pas eu de modèle pour échanger,
02:21 on tâtonne, on cherche, on cherche.
02:23 Quelquefois, on fait des erreurs.
02:25 Je trouve qu'aujourd'hui, ces Jeux ont vraiment besoin de cette expérience-là
02:29 pour être des bons citoyens, des bons champions.
02:32 En fait, on en parle beaucoup aujourd'hui.
02:36 Autour de moi, je connaissais des coureuses qui ont eu des enfants
02:39 et qui sont revenues à la compétition.
02:41 Et d'ailleurs, elles sont revenues beaucoup plus fortes.
02:44 Il y en a une qui avait battu un record du monde,
02:45 donc le record du monde du 100 mètres.
02:47 Et ce n'est pas rien, c'est la discipline reine des Jeux.
02:50 Mais en fait, il n'y avait rien qui était mis en place.
02:52 Pour accompagner ces femmes-là, chacune dans leur coin,
02:56 elles avaient concocté la manière dont elles allaient se faire accompagner.
03:01 Et je sais que Alison Felix, la sprinteuse américaine qui était enceinte,
03:05 a caché sa grossesse parce que dans son contrat,
03:08 elle savait que c'était presque interdit.
03:11 Et donc, elle savait qu'elle perdrait son contrat
03:15 si on apprenait que sur l'assaison, elle n'allait pas courir.
03:18 Donc, elle a commencé à en parler à la naissance de son fils.
03:21 Elle a parlé à la naissance de son bébé.
03:23 Et là, les choses ont commencé à bouger.
03:26 Là, on voit dans les équipes en France, les choses commencent à bouger.
03:30 Et je dis heureusement parce que si les femmes,
03:33 aujourd'hui, elles ont envie de faire une pause maternité,
03:36 elles peuvent enclencher ça.
03:38 Pour ma part, ce n'est pas quelque chose qui m'intéressait sur cette période-là.
03:42 J'avais tellement de projets dans le sport.
03:45 Je voulais marquer l'histoire et de marquer l'histoire,
03:48 il fallait que je fasse des choses qui sortent vraiment de l'ordinaire.
03:52 Je savais que c'était sur un laps de temps.
03:55 Et donc, pour moi, prendre un an, c'était renoncer à beaucoup de choses.
03:59 Et moi, je n'étais pas prête à faire ça.
04:01 [Musique]