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Transcription
00:00 Le déjà l'entre Paris et Rabat. Après 18 mois de tensions, la France et le Maroc renouent officiellement.
00:05 Le ministre français des Affaires étrangères Stéphane Séjourné et son homologue marocain Nasser Bourita se sont entretenus à Rabat.
00:11 Un échange sincère selon eux. Pour en parler, nous recevons ce soir Khadija Mohsen Finan,
00:17 politologue, spécialiste du Maghreb, membre du comité de rédaction d'Orient 21.
00:22 Bonsoir. Merci d'être avec nous pour décrypter cette actualité.
00:25 Alors la première question qu'on a envie de se poser, c'est pourquoi maintenant, après 18 mois de brouilles, une visite s'organise ?
00:31 Le ministre français des Affaires étrangères se rend à Rabat et l'échange est sincère selon eux en tout cas.
00:37 Alors d'abord, il y a un nouveau gouvernement en France et je pense qu'Emmanuel Macron s'est senti quand même un peu isolé
00:43 après les déclarations d'Éric Ciotti, de Rachida Dati et de l'autre côté, sur l'autre bord, Mélenchon.
00:54 Donc Jean-Luc Mélenchon, donc il était un peu pris en écho.
00:57 Qui est né au Maroc d'ailleurs.
01:00 En tout cas, ces déclarations allaient dans le sens de la reconnaissance de la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental.
01:09 Mais je crois que plus largement, Emmanuel Macron avait envie d'avoir de bonnes relations avec le Maroc.
01:15 Peut-être que les espoirs qu'il a mis sur l'Algérie n'ont pas été satisfaits, pas complètement en tout cas.
01:23 Et il avait envie de faire un geste, un geste et une détente, et de marquer une détente et d'écrire un nouveau chapitre comme il l'a dit lui-même.
01:32 Alors justement, on va prendre la mesure de ce geste concernant par exemple l'autonomie du Sahara occidental.
01:37 Le ministre français des Affaires étrangères déclare "le Maroc peut compter sur le soutien clair et constant de la France, il est désormais temps d'avancer"
01:43 et j'y veillerai personnellement.
01:45 Il n'y a pas grand chose de nouveau finalement dans la position française.
01:48 Pourquoi cette fois, le Maroc qui en attendait beaucoup plus de la France, pourquoi ça passe ?
01:52 Alors, le Maroc attendait beaucoup plus, oui, ça c'est certain.
01:55 Il attendait que la France emboîte le pas aux Etats-Unis ou à Israël qui sont dans une reconnaissance claire et nette.
02:05 Et l'administration Biden n'est pas revenue sur cet état de fait.
02:09 Il attendait ça, le timing n'était pas tout à fait celui-là.
02:13 Il attendait ça en début 2021, immédiatement après la reconnaissance par les Etats-Unis,
02:19 parce que ça aurait permis au pouvoir marocain d'être beaucoup plus solide vis-à-vis d'une opinion publique qui est farouchement contre.
02:29 Il y a des sondages qui ont été faits, seul 27% de la population était d'accord avec cette normalisation des relations entre le Maroc et Israël.
02:40 Alors, ça se fait maintenant, vous dites qu'il n'y a pas de différence.
02:44 Moi, je pense qu'il y a quelques différences qui sont dites entre les lignes et qu'il faut quand même déceler.
02:50 Lorsque le ministre français des Affaires étrangères dit qu'il y a quand même un institut français, qu'il y a un lycée,
02:58 qu'il y a un institut itinérant, si j'ai bien compris, au Sahara occidental, c'est un début de reconnaissance.
03:06 Et là, on va plus loin que l'autonomie, que reconnaissait, enfin que reconnaissait, qu'acceptait les Français l'organisation d'un référendum.
03:17 Aujourd'hui, personne n'en parle. L'autonomie, il reste à savoir quel est son contenu.
03:24 Et je pense qu'il y a une politique des petits pas de la part de la France pour aller probablement vers une reconnaissance.
03:32 Maintenant, est-ce que la France, membre du Conseil de sécurité, va oser contourner le droit international
03:41 pour se mettre dans la même position que les États-Unis et Israël, qui sont les seuls pays aujourd'hui à avoir reconnu la marocanité du Sahara occidental ?
03:52 Alors, on parlait tout à l'heure d'un contexte global.
03:56 Pourquoi la France prendrait ce risque alors qu'elle a tout fait pour ménager la chèvre et le chou, pour ne pas se fâcher avec Alger, tout en restant proche de Rabat ?
04:05 Comment va réagir l'Algérie ? D'ailleurs, aujourd'hui, la secrétaire d'État du Quai d'Orsay qui s'est rendue à Alger pour rencontrer son homologue et le ministre des Affaires étrangères algérien, Ahmed Attaf.
04:13 Comment risque de réagir Alger ? Comment ménager la chèvre et le chou ?
04:17 Ou est-ce que finalement, on décide que Alger, c'est plus intéressant, notamment avec un changement géopolitique ?
04:24 Et que le Mali et le Niger, deux pays proches de l'Algérie, se sont brouillés avec Alger pour se rapprocher de Rabat ?
04:30 Et que la France, vu le contexte au Sahel, voulait se rapprocher de ces pays ? Comment analyser tout ça ?
04:36 Alors, on peut faire seulement des hypothèses. Effectivement, aujourd'hui, l'Algérie est très affaiblie au plan régional et international.
04:45 Et on l'a vu, la facilité qu'elle avait à négocier avec les Touareg, à avoir langue avec les gouvernements au Niger et au Mali, cette situation n'est plus du tout de mise.
04:57 Il y a eu des coups d'État et les gens au pouvoir ne veulent plus de l'Algérie et disent qu'il y a un interventionnisme de la part de l'Algérie.
05:06 Et cette faiblesse de l'Algérie, elle a profité au Maroc. Elle a profité au Maroc, en Afrique de l'Ouest.
05:12 Elle a profité au Maroc, au Sahel. – Au Maroc, il y a une offensive diplomatique très organisée aussi.
05:16 – Très organisée parce qu'ils ont su renouer avec une influence qui était déjà là il y a très longtemps.
05:23 Donc, il y avait quelque chose. Il y avait une influence religieuse. Il y avait une influence économique.
05:29 Il y avait une influence politique qui était là, de protection entre le sultan du Maroc et ces contrées qui sont aujourd'hui les pays du Sahel.
05:40 Donc, il y a ça, mais il y a aussi d'autres choses.
05:44 Une alliance avec le Maroc n'est pas la même. Le Maroc n'a jamais cessé d'envoyer des signaux positifs à la France.
05:53 17 établissements scolaires au Maroc et un seul en Algérie, on a du mal à ouvrir un second.
06:01 C'est encore en négociation. C'est un message que font passer les Marocains.
06:05 – Et l'Algérie qui ne cesse de vouloir faire passer l'anglais devant la langue française aussi.
06:08 – Voilà, et puis les conditions qui sont encore là pour le voyage du président Teboun.
06:15 Il y a plusieurs conditions.
06:17 Donc, je pense que la France n'est pas sortie de ce balancier entre l'Algérie et le Maroc,
06:22 mais elle a à mon avis dosé un petit peu le prix des alliances et a choisi de rétablir ses relations bonnes avec le Maroc.
06:34 Merci beaucoup Khadija Mohsen Finan, politologue spécialiste de Maghreb.

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