discours de la sénatrice écologiste, Mélanie Vogel lors de l'examen du projet de loi constitutionnelle visant à inscrire l'IVG dans la Constitution
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NewsTranscription
00:00 Madame la Présidente, Monsieur le Ministre, chers collègues,
00:05 Pendant des siècles, des femmes ont été maltraitées, insultées, condamnées en France
00:11 parce qu'elles avaient exercé une liberté, une liberté inhérente à la condition humaine, celle de choisir leur vie.
00:18 Pendant des siècles, des femmes ont comparu en France devant des tribunaux d'hommes
00:23 parce qu'elles avaient décidé de disposer de leur corps.
00:26 Pendant des siècles, des femmes qui n'avaient pas les ressources, pas les contacts, sont mortes en France.
00:32 Des suites d'avortements clandestins, mortes parce que femmes, dans une société qui avait décidé que les femmes
00:38 ne pouvaient être ni libres, ni responsables.
00:41 Depuis le manifeste de 343, depuis que Gisèle Halimi a ouvert à Bobigny le procès de la violence et de l'hypocrisie patriarcale,
00:50 depuis la fondation du MLAC, grâce à la mobilisation de tant de femmes, célèbres et anonymes,
00:56 la France est engagée sur un autre chemin.
00:59 Le chemin qui aboutira à la loi Veil et à toutes celles qui l'ont suivie.
01:03 Le vote d'aujourd'hui s'inscrit dans cette grande histoire.
01:07 50 ans après la loi Veil, qu'avons-nous à dire aujourd'hui au Michel Chevalier et au Marie-Claire ?
01:14 Qu'elles demeurent à la merci du bon vouloir du législateur, qui un jour peut-être les rappellera à la barre,
01:20 ou bien qu'elles sont à jamais libres ?
01:23 C'est la seule question qui nous est posée aujourd'hui.
01:27 Le Conseil d'État a été d'une clarté absolue.
01:31 L'objet du texte proposé, je le cite, est d'encadrer l'office du législateur
01:36 afin qu'il ne puisse interdire tout recours à l'IVG,
01:39 ni en restreindre les conditions d'exercice de façon telle qu'il priverait cette liberté de toute portée.
01:45 Voter pour cette loi, c'est donc voter pour seulement dire, mais pour dire vraiment ceci.
01:52 Nous n'interdirons plus jamais l'IVG. Nous ne restreindrons plus jamais ce droit.
01:57 Et nous sommes tellement sincères, tellement crédibles, tellement sûres de ne jamais vouloir le faire,
02:02 que nous choisissons aujourd'hui de renoncer démocratiquement à la possibilité même de le faire,
02:07 car nous pensons que cette possibilité ne devrait plus exister en France,
02:11 de la même manière que n'existe pas la possibilité, grâce à la Constitution,
02:16 de réduire de toute portée la liberté de conscience, la liberté d'association ou la liberté d'expression,
02:21 ni plus ni moins.
02:23 Alors, je m'adresse aujourd'hui, pas à celles et ceux qui n'ont au fond jamais considéré
02:33 qu'il existait un droit à l'interruption volontaire de grossesse.
02:36 Je m'adresse à celles et ceux de tous bords qui sont convaincus que l'IVG n'est pas une concession
02:42 que le législateur a fait un jour, mais pourrait reprendre un autre, mais un droit,
02:47 un droit que le législateur avait confisqué et qu'il a fini par rendre à ces femmes qui se sont tant battues pour le reprendre.
02:53 Je m'adresse aux héritières et aux héritiers de cette droite et de ce centre qui a voté pour la loi Veil.
03:00 Si un jour une loi menace l'IVG en France et que ce jour la Constitution ne peut rien pour l'empêcher,
03:07 que direz-vous à vos filles, à vos petites-filles et à vos nièces ?
03:11 Pourrez-vous les regarder dans les yeux ?
03:13 Que leur répondrez-vous quand elles vous demanderont pourquoi, quand vous en aviez la possibilité,
03:17 vous avez refusé de les protéger ?
03:19 Qu'il y avait le mot « garantie » dans le texte ?
03:21 Que la date du Congrès avait été annoncée trop tôt ?
03:24 Le 20 décembre 1974, la moitié des sénateurs de la droite et du centre ont voté pour la loi Veil.
03:31 C'était plus qu'à l'Assemblée nationale.
03:33 Le Sénat comptait sept femmes, cinq de gauche, deux de droite.
03:38 Toutes ont voté pour.
03:40 Quel message en verrons-nous 50 ans plus tard si plus de la moitié d'entre vous vote pour conserver la possibilité d'attaquer un jour la loi Veil ?
03:49 Chaque voix contre, chaque voix en faveur du droit à la régression sera la démonstration empirique que, oui, l'IVG doit entrer dans la Constitution.
03:59 Je me suis lancée, il y a plus d'un an, avec toutes ces femmes qui ont su montrer sur ce sujet ce qu'était faire de la politique en grand, en vrai, pour l'intérêt général.
04:09 Avec Laurence Rossignol, avec Aurore Berger, Mathilde Panot, Laurence Cohen, Dominique Vérien, Annick Billon, Elsa Schalk, Isabelle Röhm et tant d'autres.
04:18 Dans cette longue, difficile et magnifique bataille.
04:22 J'ai vu l'engagement sans faille des associations féministes et de toute la société.
04:26 J'ai entendu tant de militantes polonaises me dire "c'est merveilleux ce que vous faites en France".
04:31 Si seulement nous avons fait cela en Pologne quand il était temps.
04:34 Et bien aujourd'hui, il est temps, en France, il est temps d'être au rendez-vous de notre histoire, de répondre aux immenses espoirs que nous avons soulevés dans le monde.
04:42 Aujourd'hui, des Polonaises, des Hongrois, des Américaines, des Iraniennes, des Argentines regardent avec admiration la France s'apprêter à énoncer, sans ambiguïté.
04:51 Le droit à l'avortement n'est pas un sous-droit, c'est un droit fondamental.
04:55 C'est une condition des sociétés libres et égalitaires.
04:59 Alors faisons-nous à nous-mêmes, aujourd'hui, cette magnifique promesse.
05:02 Plus jamais les faiseuses d'anges, les cintres, les aiguilles et les mortes.
05:06 Disons à nos filles, à nos nièces, à nos petites-filles, vous êtes aujourd'hui et désormais, à jamais, libres de choisir vos vies.
05:13 Merci, chers collègues.
05:15 [Musique]