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Quand Anthony Mette, psychologue du sport parle de l’envie de la gagne chez les clubs et les joueurs de football.

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Transcription
00:00 Je pense qu'il y a des clubs qui ne veulent pas gagner.
00:02 Au PSG par exemple, franchement je me demande vraiment des fois s'ils veulent gagner.
00:05 Je suis pas sûr, parce que s'ils voulaient vraiment gagner, ils feraient quand même des choix plus radicaux.
00:09 Dans des clubs en crise, par exemple à Manchester United,
00:13 ils n'arrivent pas à obtenir les résultats qu'ils souhaiteraient.
00:15 Quelle est ton analyse là-dessus ?
00:17 Alors, je connais bien le club.
00:19 En l'occurrence, je vais te dire un truc qui n'est pas très poli,
00:22 qui n'est pas très pour le coup correct politiquement.
00:25 - On bipera. - Non, tu peux le garder, j'assume, sans problème.
00:28 Je pense qu'il y a des clubs, voire même des fédérations, qui ne veulent pas gagner.
00:33 Je pense qu'il y a des clubs, il y a des présidents de clubs,
00:35 il y a des structures sportives qui en fait se satisfont de ce qu'elles ont,
00:40 parce que c'est rassurant, c'est cool, c'est pépère, ça tourne, tu vois.
00:44 Ça vend un peu de papier, on est à l'affiche dans les médias,
00:47 on a des joueurs sympas, etc.
00:48 Les stades sont à peu près pleins, ça tourne.
00:51 Mais on ne veut pas forcément gagner.
00:53 Parce que pour gagner, il faut être un peu fou, tu vois.
00:56 Il faut faire des efforts de dingue, il faut investir financièrement,
01:00 physiquement, mentalement, il faut prendre des risques,
01:03 il faut virer des gens aussi.
01:04 Il faut avoir l'envie de la gagner, et je constate que cette envie-là,
01:08 tout le monde ne l'a pas.
01:10 Et puis même quand tu l'as, en fait, elle ne tient pas 3, 4, 5, 10 saisons.
01:14 C'est trop dur.
01:15 Donc il y a des clubs qui vont l'avoir sur une, deux saisons,
01:17 et puis plouf, ça va retomber.
01:18 Et tu vois, au PSG par exemple,
01:22 je ne suis pas dedans le PSG, mais je sais un peu ce qui se passe
01:24 par rapport à mes collègues, tout ça, ce que je dis dans la presse,
01:26 ça m'intéresse parce que c'est le meilleur club de France.
01:28 Franchement, je me demande vraiment si ils veulent gagner.
01:30 Je ne suis pas sûr.
01:30 Parce que s'ils voulaient vraiment gagner,
01:32 ils feraient quand même des choix plus radicaux
01:33 et ils prendraient peut-être plus de risques.
01:35 Pas tant sur des joueurs, parce que ça, ils font beaucoup d'erreurs.
01:38 Mais sur la structuration interne, tu vois, le centre de formation,
01:41 la logique qu'ils ont, la politique, tout ça.
01:43 Donc vraiment, je pense qu'il y a des gens qui sont à la tête de clubs,
01:47 de fédérations, de ligues qui ne veulent pas gagner.
01:49 Les joueurs le ressentent, tu penses ?
01:50 Parce que ça reste des compétiteurs, mais comment ils peuvent se...
01:53 Comment ça ?
01:54 Moi, rien.
01:54 Pas tous.
01:55 Non.
01:56 En foot, c'est dur, il ne faut pas se mentir,
01:58 mais en foot, la sélection n'est pas non plus folle.
02:02 En tennis, si tu ne veux pas être numéro un mondial ou vraiment tout déchirer,
02:05 tu ne seras jamais dans les 10 premiers mondiaux.
02:06 C'est quasiment impossible.
02:07 Franchement, je te jure, la concurrence dans ce sport-là, c'est un truc de dingue.
02:10 En foot, quand tu fais le calcul, le nombre de joueurs pros que tu as
02:13 en Ligue 1, Ligue 2, les championnats, tu as un peu intermédiaire,
02:16 pro, mi-pro.
02:18 En France, en Europe, en Afrique, tu as un nombre de joueurs de dingue.
02:23 Donc si tu veux, tu peux très bien être footballer pro
02:26 sans être vraiment, tu vois, avec un niveau extraordinaire.
02:29 Ou être un compétiteur de fou.
02:31 Juste, tu es bon athétiquement, tu as un peu, toi, de feeling du jeu.
02:35 Cette envie de ne pas gagner ou cette envie de ne pas forcément faire une grande carrière,
02:39 est-ce que les joueurs qui se blessent très souvent, c'est lié à ça ?
02:43 La blessure de répétition, elle est liée à pas mal de facteurs
02:46 qui sont déjà souvent liés à des fragilités physiques.
02:49 Le corps ne supporte pas la répétition, les entraînements,
02:51 les matchs, les efforts comme ça répétés.
02:53 Et il y a aussi des fragilités un peu plus psychologiques.
02:55 Donc, mauvaise gestion du stress, des émotions au sens large,
02:58 sentiment de décalage par rapport à l'environnement dans lequel tu vis au quotidien,
03:01 dans lequel tu es, tu vois, en général.
03:03 En comparaison, le burnout dont on parle beaucoup dans les médias,
03:06 c'est des gens qui ne sont pas bien là où ils sont, en fait.
03:08 Donc, tu as un peu ça aussi dans le foot, tu vois.
03:10 Moi, j'ai vu des gamins dans un centre de formation qui étaient très bons,
03:13 mais qui n'aimaient pas le foot.
03:15 C'est ouf, hein.
03:16 Ils subissent presque leur carrière, en fait.
03:18 Ton cerveau sait que tu n'aimes pas ce que tu fais,
03:20 que tu n'es pas forcément super heureux.
03:21 Je ne sais pas si tu les croises au quotidien,
03:22 mais quand tu vis un peu avec des joueurs pros foot, rugby,
03:25 ce n'est pas génial, hein.
03:27 Ouais.
03:27 Non, vraiment.
03:28 Parce que tu te fais chier.
03:30 Non, vraiment.
03:32 Entraînement, entraînement, entraînement, tout.
03:33 Des fois, tu as des clubs avec des managers où rien ne change.
03:37 Donc, en fait, l'entraînement est le même quasiment tous les jours
03:40 ou du moins chaque semaine.
03:41 Au bout de trois mois, tu deviens un chèvre.
03:42 Tu sais, la répétition, en fait.
03:44 [Musique]

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