• il y a 10 mois
My star muslim star reçoit Fadal Dey, artiste reggae ivoirien
Transcription
00:00 Notre invité du jour a opté pour la musique comme moyen d'expression.
00:05 Artiste engagé, pas étonnant qu'il geste son révolu sur le reggae,
00:09 en créant tout de même un style propre à lui, le mandé « roots culture ».
00:13 Depuis 1997, il fait passer des messages forts au travers de mélodies très enlevées.
00:18 Fadal Dey, notre invité, bienvenue dans My Muslim Star.
00:22 (Musique)
00:40 (Musique)
01:00 - Salam alaykoum Fadal Dey - Salam alaykoum ma soeur, comment est-ce que ça va ?
01:03 - Ça va très bien, alhamdoulilah, très très heureuse de te recevoir.
01:06 - C'est un plaisir de te recevoir.
01:08 - On est dans l'émission My Muslim Star avec la télévision albayenne.
01:12 Nous allons incha'Allah essayer de connaître un peu plus l'homme
01:15 qui se cache derrière ses lunettes noires, derrière ce béret, incha'Allah.
01:19 On va ensemble justement parcourir ta carrière,
01:22 mais avant on va essayer de savoir d'où est-ce que vient Fadal Dey.
01:25 Où est-ce que tu as passé ton enfance par exemple ?
01:28 - Avant tout propos, je souhaiterais me suivre auprès des téléspectateurs
01:32 parce que j'ai la voix un peu cassée.
01:34 J'ai grandi proprement à Thimé.
01:39 Je vais dire d'abord que j'étais à Farakoro.
01:43 Farakoro c'est environ 10 kilomètres de Séguélon.
01:48 Ensuite j'ai fait une petite partie de mon enfance à Séguélon
01:52 et mon parcours scolaire je l'ai fait à Thimé.
01:55 J'ai fréquenté, j'ai pas allé loin, j'ai fréquenté jusqu'au CM2.
02:01 - C'est un très long parcours.
02:04 Alors Fadal Dey, comment se passe ton enfance ?
02:06 Tu viens d'une famille de combien de frères et sœurs ?
02:09 - Je dirais que du côté de mon père et ma mère,
02:14 il faut dire que ma mère et mon père se sont séparés quand on était un peu plus jeunes.
02:18 Donc on était trois, mon grand frère Mamadou
02:22 et mon petit frère Ndaouda.
02:25 Malheureusement les deux ne vivent plus.
02:27 Donc du côté père et mère, je suis seul.
02:31 Mais du côté de père, j'ai mon petit frère Sifoli qui est là avec ma petite sœur Awa.
02:37 Awa vit au village de Séguélon.
02:40 Sifoli est avec moi à Bijan ici.
02:43 Et du côté de ma mère, on est nombreux.
02:45 Parce que la vieille s'est rémarquée et elle a fait beaucoup d'enfants.
02:49 Donc j'ai des frères amants, Bengali, Dja, etc. Ils sont nombreux.
02:54 - D'accord, une grande famille.
02:55 Et comment ça se passe l'enfance ? Est-ce que tu étais un enfant turbulent ou pas ?
02:59 - Sans doute le vieux. Le vieux malheureusement ne vit plus.
03:04 Mais je pense que j'étais quelqu'un qui voulait toucher à tout.
03:08 J'étais beaucoup curieux. Je suis un autodidacte.
03:11 J'apprends beaucoup sur le temps.
03:13 Donc j'aime poser des questions, j'aime savoir des choses.
03:17 Ce qui fait que depuis le calme primaire,
03:21 sans trop me lancer des fleurs, on me trouvait très intelligent.
03:25 La preuve du CP1, on m'a fait sauter la classe du CP2.
03:31 Pour m'envoyer directement au CE1.
03:34 Et de là-bas jusqu'en classe de CM2, j'étais le premier de ma classe.
03:39 Avec le colonel Djarasouba,
03:43 qui est aujourd'hui l'aide-camp du président de la République sur l'assistance à l'assaut au Batara.
03:47 J'étais son premier de classe.
03:49 Un jour, il m'a présenté au président de la République,
03:51 avant que ce dernier n'arrive au pouvoir.
03:53 Il a dit "Ah, monsieur le président, vous le voyez à tisse comme ça, c'est un autre premier".
03:56 Le premier de la classe.
03:57 Alors, enfant éveillé, enfant curieux,
04:00 tu t'essais au théâtre déjà à l'école primaire.
04:03 Oui, mais c'est venu de façon naturelle.
04:07 On a créé une troupe au sein de l'école.
04:10 Et puis, il était question d'interpréter une chanson.
04:14 Je pensais que c'était une chanson d'Ernesto Diedi.
04:17 Et comme il ne comprenait pas le bébé,
04:20 moi j'ai transformé ça un peu en du la.
04:22 "Mamroula Di, tu n'as pas de raison, tu m'as caillé à bras droit"
04:26 Et ça commence à faire rire les gens.
04:30 Et puis bon, au sein de la troupe, on me dit "Non, on connaît toi, il faut chanter".
04:35 Quand on veut me donner un rôle, je dis "Non, non, non, il a une belle voix, il ne faut pas chanter".
04:38 C'est comme ça que c'est venu.
04:40 C'est comme ça que c'est venu.
04:41 Donc, tu commences par faire rire les gens.
04:45 Est-ce que c'était un peu des rôles humoristiques qu'on te confiait dans cette troupe de théâtre ?
04:50 Non, non, non.
04:51 Bon, au fait, l'humour est un peu inné.
04:54 Mais je pense que quand on a découvert ma voix,
04:58 on m'a plutôt dirigé vers la chanson.
05:02 Sinon, je jouais quelques petits rôles.
05:05 Vous suivez l'émission "My Muslim Star"
05:07 et notre invité aujourd'hui, c'est Fadal Deh.
05:10 Fadal Deh, alors, on a évoqué ton primaire.
05:13 Tu as dit que tu étais brillant, que tu étais même premier de la classe.
05:16 Et puis, tu t'arrêtes au CM2, pourquoi ?
05:18 Je pense que mon papa n'avait pas les moyens.
05:23 Je me rappelle que quand nous sommes venus en vacances à Boisflet,
05:27 parce que c'est là-bas qu'il résidait,
05:29 mon grand frère, père et son âme étaient aussi brillants comme moi.
05:33 Et le vieux a décidé de dire "Non, il n'y a plus les moyens pour acheter, pour continuer".
05:40 Et je me rappelle que mon maître s'est déplacé de Thiemy jusqu'à Boisflet.
05:45 Il est venu voir mon père.
05:47 Il dit "Parmi tes deux enfants-là, soit tu enlèves le petit frère, c'est-à-dire moi,
05:51 et tu gardes le grand frère, ou soit tu enlèves le grand frère et tu gardes le petit frère
05:55 parce que tes enfants sont brillants".
05:57 Malheureusement, le papa n'avait pas les moyens.
05:59 Et puis bon, on est resté à Boisflet. On n'a plus jamais retenu à Thiemy.
06:02 Comme quoi, ne pas aller à l'école, ça n'empêche pas de réussir et de briller,
06:06 comme vous l'avez fait, machin là.
06:08 Comme je l'ai dit, en tout cas, je suis un autodidacte.
06:10 Moi, j'ai commencé à apprendre sur le tas, j'ai commencé à me former, etc.
06:14 Avec la volonté, on peut y arriver.
06:16 Mais voilà.
06:17 Vous avez, dans vos ancêtres, on va dire, quelqu'un d'assez célèbre pour les gens d'Odienné.
06:23 Donc, on va dire que l'art, c'est de famille chez vous.
06:25 Vous descendez du célèbre Berekoro, un célèbre parolier et chansonnier d'Odienné.
06:30 Qu'est-ce que vous avez retenu de sa vie ?
06:32 Berekoro, il était invité dans tout le grand Odienné.
06:39 Quand on sait que dans un village, la sorcellerie est en train de faire mal, on appelle mon grand-père.
06:45 C'est ainsi qu'il a été invité pour venir faire un nettoyage entre crives à Séguélon, à Ndeou.
06:52 Ndeou, c'est là-bas.
06:54 Il a tellement bien fait son travail qu'on lui a donné ma grand-mère, Maniné.
06:58 Du coup, les gars de Séguélon, ce sont mes cousins.
07:03 Du côté maternel ?
07:05 Ma grand-mère paternelle.
07:07 Ok, grand-père, ce sont vos cousins du côté de votre grand-mère paternelle.
07:12 On va se retrouver.
07:14 La mère de mon père vient de Séguélon.
07:17 Donc, c'est ce qui fait que les Acarias connaissent mes cousins.
07:21 Mon grand-père vient de Blamadougou, à l'étage du Médoc-Béléban.
07:28 Vous êtes un pur produit du nord de la Tétin.
07:31 Oui, voilà. Moi-même, ma mère est de Mamunigui à Zénoula.
07:34 Alors, vous êtes un "melting pot".
07:36 Par votre père, vous êtes du Grand Nord, et par votre mère, vous représentez le Grand Maraoué, la région du Maraoué, les Gourauds, et tous leurs alliés.
07:45 Donc, votre grand-père est fort en danse. Vous-même, vous avez étudié cette danse traditionnelle ?
07:52 Non, je n'ai pas vraiment étudié la danse en commun.
07:55 Mais j'ai eu la chance de grandir au village.
07:58 Et ça m'a beaucoup apporté.
08:00 Parce que je me dis que l'école, la vraie école, c'est l'école de la vie.
08:05 Le fait d'avoir côtoyé les sages.
08:08 Quand vous écoutez mes chansons, elles sont pleines de proverbes.
08:11 Le fait d'avoir côtoyé le village, d'avoir grandi au village, d'avoir côtoyé les vieux, les sages, m'a beaucoup appris.
08:19 Ce qui fait que j'aime beaucoup chanter en langue.
08:22 Parce que j'ai dit que Dieu a donné quelque chose de spécial à chaque humain.
08:29 Il nous a donné nos langues à nous.
08:32 Il a donné le français aux français, l'anglais aux anglais, l'espagnol aux espagnols.
08:36 Nous, aujourd'hui, on a tendance à avoir honte de nos langues.
08:40 La preuve, la plupart de ceux qui me regardent aujourd'hui, à la maison, ils ne parlent même pas.
08:45 "Aïte oujina kamvola"
08:46 Ils ne maîtrisent pas les langues.
08:47 On vous parle, est-ce que vous parlez votre langue ?
08:49 Bien sûr. "Aïte bété kamvola, aïte baoulin kamvola, aïte oujina kamvola, aïte senefo kamvola"
08:54 Tu comprends ?
08:55 Donc moi, je veux, parce que si on y prend garde d'ici 40 ans, 50 ans, les langues africaines risquent de disparaître.
09:01 La preuve aujourd'hui, même quand tu demandes à quelqu'un, il ne sait pas connaître Zana, il a honte de dire son nom Zana.
09:09 Il a honte de dire son nom Zana, parce que peut-être que le nom Zana même le dérange à la base.
09:13 Ça le dérange. Hier, j'étais avec quelqu'un, et puis je lui demandais son nom.
09:17 "Je m'appelle, je connais, etc."
09:19 Et puis, il n'a pas... Tout le monde veut prendre, voilà, soit ignoré.
09:23 Il ne sait pas que... Moi, mon frère, il ne se connaît pas Ibrahim Khalil.
09:25 Il ne sait pas qu'Ibrahim, c'est arabe. Tu comprends ?
09:28 Il ne sait pas que Flo, c'est français, etc. Tu comprends ?
09:34 Non, attends.
09:36 Tu fais la promotion de notre culture.
09:39 C'est pourquoi j'ai décidé de me faire appeler Fadalde.
09:42 Fadalde, qui est purement en Djoula, en Malinke. L'enfant qui demande pardon à son père.
09:48 Je me dis que je ne suis pas parfait. Donc, chaque jour que Dieu fait, je lui demande pardon.
09:52 Donc, certains pensent que Fadalde, ça, c'est en anglais et du non.
09:54 Parce que la manière dont ça s'écrit, Fadalde, et puis Fadalde fait du reggae.
09:58 Le reggae vient de la Jamaïque, donc on se dit qu'il a cherché un nom à consonance un peu anglo-saxon.
10:02 Fadalde, Oginaka, Kampur, Abé.
10:04 En tout cas, merci pour la précision.
10:07 Fadalde, tu commences par le théâtre, au niveau artistique.
10:10 Et puis, c'est la musique qui prend le pas, avec la voix que tu avais et les talents qu'on t'a connus.
10:18 Et tu commences à travailler.
10:20 Comment est-ce que se fait justement ce début de carrière, avant de sortir ton premier album en 1997,
10:25 qui sont les personnes avec qui tu collabores, par exemple ?
10:28 Il faut dire qu'étant au village, ça c'était maintenant à Boisflet, puisque l'école a été arrêtée.
10:35 On avait une danse traditionnelle, le Yaba, et c'est moi qui jouais le gros doudou.
10:43 Tu comprends ? Donc j'ai beaucoup appris avec les frères.
10:47 Et au niveau de Boisflet, quand j'étais chez ma tante-père à Sonam,
10:51 j'ai joué l'harmonica dans le Simpa, le Simpa de Boisflet.
10:57 Donc je peux te dire que j'ai beaucoup côtoyé des danses traditionnelles.
11:01 En ce qui concerne le reggae, déjà, j'avais commencé à composer mes propres chansons
11:06 lorsque un monsieur comme Alpha Blondie est arrivé.
11:10 Un matin de 1981, on l'a découvert à la télévision avec Brigadier Sabari,
11:15 et on a dit qu'il y avait des chansons en langue, du reggae en langue, et même en français,
11:20 parce qu'avant Alpha Blondie, le reggae en français n'existait pas.
11:23 On a dit "Ah, donc nous aussi on peut faire aussi."
11:26 C'est vraiment Alpha qui a donné le déclic de la chose.
11:29 Il a été vraiment l'inspiration pour beaucoup de générations.
11:32 C'est vrai, avant lui, on écoutait les Bob Marley.
11:35 Moi, mon idole, c'est Gregory Isaac, à cause de sa mélodie, son style de chant.
11:40 Et tout ça, c'était en anglais, donc ?
11:42 Tout ça en anglais. Mais quelqu'un qui est venu nous donner du pain,
11:45 nous mettre au travail, sans mettre personne à l'école, il s'appelle Alpha Blondie.
11:49 Donc le déclic est venu à partir de lui.
11:52 D'accord, donc tu commences à travailler, à profilier tes textes et tes mélodies.
11:55 Et comme je l'ai dit tantôt, en 1997, tu sors ton premier album qui s'appelle "Religion".
11:59 Pourquoi ce titre ?
12:01 Parce qu'à l'époque, ce qui se passait en Angola,
12:05 ce qui se passait entre palestiniens et israéliens, et ça continue,
12:10 ce que je voyais dans le monde, je me suis dit "Mais attends,
12:15 quand je parcours la Bible, la Torah, je parcours un peu le courant français,
12:21 je vois que Abraham, Dieu a dit à Abraham,
12:28 qui est l'Ibrahim chez les musulmans,
12:32 "Je ferai de toi une grande descendance qui va remplir toute la terre".
12:37 Voilà la promesse que Dieu a faite à Abraham.
12:40 Et d'Abraham, va descendre Isaac.
12:44 Et Ismaël.
12:47 Je ne fais pas de coups, beaucoup de personnes le connaissent,
12:51 Ismaël est le fils d'Aghar.
12:53 Aghar, en grève, comme les chrétiens le disent,
12:56 elle était la servante de Sarah, qui était l'épouse,
13:00 d'après ce qu'ils disent, l'épouse légitime d'Abraham.
13:03 Mais moi, je ne vois pas ça comme ça.
13:05 Moi, je regarde la prophétie de Dieu.
13:07 Quand tel fils vient de la servante, ou quand tel fils vient de l'épouse légitime,
13:11 Dieu a dit à Abraham, "Je ferai de toi une immense descendance
13:15 qui va remplir toute la terre".
13:17 Donc, conclusion, Isaac et Ismaël descendent du même père.
13:22 Bien vrai qu'Ismaël, sa mère soit arabe,
13:26 et que l'autre, sa mère soit juive.
13:28 Bon, je ne peux pas comprendre que la religion descende de ces deux grandes nations,
13:33 de ces deux grands peuples, et que ce sont des gens qui se détestent.
13:36 Qui s'entretuent, qui se combattent.
13:38 Qui s'entretuent et par ricochet,
13:40 qui réjaillissent négativement,
13:42 et nous qui sommes à des milliers de kilomètres ici.
13:44 La preuve, les musulmans et les chrétiens se regardent en chaînes de faïence.
13:48 "Non, c'est pour toi qu'il y a un vrai, c'est pas pour nous,
13:50 non, c'est pour nous qu'il y a un vrai, etc."
13:52 On sait pas. Quand on crée, bien avant tout ça,
13:55 mais vous n'avez pas de religion, vous priez Dieu comment?
13:57 Parce qu'avant l'arrivée des Arabes en Afrique noire,
14:00 avant l'arrivée des Blancs en Afrique noire,
14:02 comment nous, on adorait Dieu?
14:04 Mais ce sont des questions qui méritent d'être posées.
14:07 Maintenant, si on nous a appris l'islam,
14:09 qu'on a dit, "Bon, laissez tout ça",
14:11 et les chrétiens se sont mis à nous de prier,
14:13 "Laissez tout ça",
14:15 mais la première religion que Dieu nous a rapprochée,
14:17 pour moi, c'est l'amour.
14:19 Aimons-nous, du moment que nous sommes tous des êtres humains.
14:21 Donc c'est pourquoi j'ai dit, "Religion,
14:23 quel rôle tu joues ici-bas?"
14:25 Voilà comment le titre est venu.
14:27 Essayer de sensibiliser les populations
14:29 très bien, très bien,
14:31 sur le bien fondé de ces religions-là,
14:33 comment bien les pratiquer,
14:35 et surtout, on est tous des descendants d'Ibrahima,
14:37 l'Islam, et on est tous des frères.
14:39 Pas de raison de se battre,
14:41 de s'entretuer, vivre en parfaite harmonie,
14:43 c'est un peu le message que tu véhiculais.
14:45 Alors, je ne peux pas m'empêcher
14:47 d'avoir Fadal Dey ici,
14:49 sans poser la fameuse question.
14:51 Quelqu'un m'a posé la question, "Ika ajafou?"
14:53 (rires)
14:55 Je crois que je pose la question,
14:57 parce qu'on me l'a demandé avant de commencer.
14:59 - Je dirais la personne que j'habite en Amérique.
15:01 Elle n'est qu'arrivée là-bas.
15:03 Elle va venir voir si j'ai ajafou ou pas.
15:05 - Très bien.
15:07 - Je vais dire que c'est la Barakissa.
15:09 - Justement, il y a eu aussi le titre Barakissa.
15:11 - Oui, il y a eu des titres communs.
15:13 Il y a eu même Lalaïcha.
15:15 (chantant)
15:17 (chantant)
15:19 (chantant)
15:21 Ce sont des titres qui ont beaucoup marché.
15:23 - Fadal Dey a parlé de religion,
15:25 mais on dirait que Fadal Dey est aussi romantique.
15:27 Il parle beaucoup d'amour dans ses chansons.
15:29 - Oui, parce que
15:31 l'histoire d'Aja, par exemple,
15:33 de toutes les chansons que je chante,
15:35 c'est l'histoire d'Aja qui est vraiment vraie.
15:37 Les gens ont dit aux parents d'Aja
15:39 "Votre fille suit un petit drogué à Bijan,
15:41 quelqu'un même qui n'a même pas sorti d'album,
15:43 elle perd son temps, etc."
15:45 Pour la rassurer,
15:47 j'ai fait la chanson.
15:49 (chantant)
15:51 (chantant)
15:53 (chantant)
15:55 (chantant)
15:57 (chantant)
15:59 (chantant)
16:01 Et tous ceux qui venaient la remonter,
16:03 c'est à eux que je me disais
16:05 "Nafi lilio dofo, ya ilio dofo,
16:07 papato lukumona, jahili lukumona."
16:09 Tu comprends, non?
16:11 Et quand j'ai fait la chanson,
16:13 quand j'ai écouté, que ses amis ont écouté,
16:15 ils ont dit "Gambrin, tu es un peu fou."
16:17 - En tout cas, si vous voulez savoir
16:19 la suite de l'histoire de Aja,
16:21 il a dit qu'il est à Naneré.
16:23 - Voilà, je suis à Naneré.
16:25 - Allez le trouver là-bas et posez-lui la question
16:27 de savoir ce qu'est devenu Aja.
16:29 - Non, on ne pose même pas la question.
16:31 (chantant)
16:33 (rire)
16:35 - En tout cas, je pense qu'il y a peut-être
16:37 beaucoup de personnes qui feront le trajet
16:39 pour aller te voir parce que tu plais
16:41 à beaucoup de personnes.
16:43 - Merci beaucoup.
16:45 - On est très heureux de te recevoir
16:47 ici dans l'émission "My Muslim Star".
16:49 Alors, ta carrière a été quand même
16:51 sanctionnée par des prix.
16:53 Pour nous citer le prix en 2009,
16:55 lauréat du Festival international du Mali,
16:57 "Tamani d'or", n'est-ce pas?
16:59 En 2015, tu as un autre prix
17:01 au Burkina Faso.
17:03 - Il est "Marley d'or".
17:05 - En 2016, meilleur artiste reggae
17:07 de Côte d'Ivoire,
17:09 Festival pour eau-musique.
17:11 Comment est-ce que tu arrives à justement...
17:13 Qu'est-ce que ça te fait
17:15 d'avoir gagné tous ces prix
17:17 FDLD?
17:19 - Je dirais que c'est une charge
17:21 parce que
17:23 c'est vrai,
17:25 on peut devenir champion,
17:27 mais il est très, très difficile
17:29 de se maintenir en tant que champion.
17:31 Et quand on a tous ces prix,
17:33 ça veut dire qu'on a un parcours
17:35 et on devient un exemple pour la jeunesse.
17:37 Donc, on ne doit pas faire n'importe quoi.
17:39 On doit faire attention à ce que nous faisons.
17:41 Alors, donc, je dirais déjà
17:43 merci à tous mes fans,
17:45 tous ceux qui me soutiennent
17:47 matin, midi et soir,
17:49 et tous ceux qui ont foi en ce que je fais.
17:51 Le prix du Mali, ça m'a vraiment surpris
17:53 parce qu'on était parti juste avec David Tahiru.
17:55 Et je pensais que
17:57 je pense que c'est...
17:59 Surtout quand j'avais sorti l'album,
18:01 le single "Ne l'abandonne pas" sur le VIH Sida.
18:03 Voilà, c'est une chanson
18:05 qui luttait contre la stigmatisation
18:07 faite aux personnes vivant
18:09 avec le VIH Sida.
18:11 Et ça a vraiment marché, non seulement en Côte d'Ivoire,
18:13 mais aussi dans la sous-région. Je pense que c'est ce titre-là
18:15 qui m'a valu... - T'as reçu un bon sujet.
18:17 - Voilà, c'est ce prix-là.
18:19 Et au Marledo,
18:21 c'était un prix
18:23 d'honneur.
18:25 J'ai été premier, même, tant qu'Alpha Bandy.
18:27 J'ai même présenté les deux prix
18:29 à la télévision nationale.
18:31 Et j'ai eu
18:33 le Poro...
18:35 Le Poro Music
18:37 de Grand Falconneux Dodo.
18:39 Voilà, vraiment j'ai eu du merci.
18:41 C'était la troisième édition.
18:43 La première édition, c'était Ismaïl Za qui avait été premier.
18:45 Après, il y a eu Boudibran.
18:47 Et puis bon, ce fut le tour des Final 2.
18:49 Je pense que
18:51 j'ai été mis à part. J'ai quand même une petite place
18:53 dans la culture en Côte d'Ivoire.
18:55 Les gens me suivent.
18:57 Donc j'ai pas le droit à l'erreur. - Pas le droit à l'erreur.
18:59 En tout cas, tu es un artiste engagé.
19:01 Et tu es sur plusieurs fronts à la fois.
19:03 Tu as évoqué
19:05 la chanson que tu as faite en faveur des personnes
19:07 vivant avec le VIH. Tu es d'ailleurs...
19:09 Tu collabores d'ailleurs avec le Fonds mondial
19:11 de la lutte contre le sida. Pourquoi cet engagement
19:13 particulièrement concernant les personnes
19:15 vivant avec le VIH sida?
19:17 - Il faut dire qu'au départ, j'étais au rythme
19:19 massif. On n'a pas dit "je suis au rythme massif".
19:21 Au départ, je suis au rythme massif.
19:23 Et puis c'est là-bas que le Fonds mondial
19:25 m'a découvert. Nous envoyant
19:27 un séminaire à Yamsoukro pour nous former
19:29 les artistes. Donc j'étais pas le seul.
19:31 Il y avait les Baïz Pinto,
19:33 les David Tayoko, il y avait
19:35 Adama Daïko, Sidonou Latigrèze.
19:37 Pratiquement tous les artistes de Côte d'Ivoire.
19:39 Mais avant, j'avais déjà
19:41 commencé à composer ma chanson.
19:43 Et là-bas, après le séminaire,
19:45 à la clôture, on a demandé de faire quelque chose.
19:47 Donc j'ai dit à David Tayoko
19:49 "Ah, moi j'ai une chanson". On est rentrés
19:51 dans sa chambre, comme il jouait à la guitare,
19:53 il a placé les accords et puis on est venus la jouer devant tout le monde.
19:55 C'est la plus responsable.
19:57 C'est comme ça que c'est parti. Ils ont décidé de produire
19:59 la chanson. Voilà. Surtout qu'on n'était pas
20:01 loin du 1er décembre.
20:03 La cérémonie s'est faite en octobre.
20:05 - 1er décembre, qui est donc la journée mondiale
20:07 de la lutte contre le sida.
20:09 - Donc il fallait sortir la chanson coûte que coûte
20:11 avant cette journée-là.
20:13 Donc on est rentrés dans le studio,
20:15 on a travaillé, c'est comme ça
20:17 que la collaboration est partie.
20:19 - En tout cas, tu es un artiste
20:21 engagé.
20:23 - Et puis en plus, je ne voulais pas faire,
20:25 en composant cette chanson, je ne voulais pas faire
20:27 le contenu. "Attention, le sida est là,
20:29 portez les préservatifs". Non, c'était pas ça.
20:31 Le sida était déjà là.
20:33 Il y a beaucoup de personnes qui vivent
20:35 avec le VIH et ils sont stigmatisés.
20:37 Quand quelqu'un
20:39 a craqué son parrain et c'est le positif,
20:41 souvent on jette la personne, on refoule la personne
20:43 et la personne,
20:45 à force de penser,
20:47 reste recroquevillée sur lui-même
20:49 et finit par mourir
20:51 de désespoir de chacun.
20:53 - Plutôt que de maladie.
20:55 - Et puis on dit "non, c'est le sida qui l'a tué". Non, nous tous,
20:57 là, on a participé à sa mort. Donc il fallait
20:59 dire aux gens que non, quand quelqu'un
21:01 est séropositif, c'est pas parce qu'il est séropositif
21:03 qu'on ne peut pas manger à lui.
21:05 On peut manger à lui, c'est pas par là
21:07 qu'on attrape. On peut se laver à lui,
21:09 c'est pas par là qu'on attrape.
21:11 - Tu es musulman. Comment est-ce que
21:13 tu arrives à consigner ta carrière professionnelle
21:15 avec ta pratique religieuse ?
21:17 - Ben,
21:19 je dirais que
21:21 je ne suis pas le musulman
21:23 modèle musulman modèle.
21:25 Je sais que Dieu existe.
21:27 J'ai craint Dieu.
21:29 Moi, mon exemple, c'est Dieu lui-même.
21:31 Je l'aime, j'aime mon prochain,
21:33 je fais tout pour ne pas faire du mal
21:35 à mon prochain et j'essaie de respecter
21:37 les aides de prière.
21:39 - Tu es un exemple pour nous les uns et les autres.
21:41 - Si j'ai raté une aide de prière, je lui demande pardon.
21:43 - Très bien. En tout cas,
21:45 beaucoup de jeunes te regardent, s'identifient à toi.
21:47 Tu as parlé de ton parcours.
21:49 Tu as arrêté l'école CM2.
21:51 Tu as été formé par toi-même. Tu es autodidacte.
21:53 Tu t'es intéressé à beaucoup de choses
21:55 et par la grâce de Allah,
21:57 tu brilles dans ton domaine. Quel conseil tu peux
21:59 donner à tous ces jeunes qui te regardent
22:01 et qui disent que moi, je veux être comme Fadal Dey ?
22:03 - Ils viennent de suivre l'émission.
22:05 Ils n'ont qu'à regarder l'émission,
22:07 et ils verront que dans la vie,
22:09 tout se fait avec foi,
22:11 en soi-même.
22:13 Il faut avoir confiance en ce que tu fais.
22:15 Tu comprends ?
22:17 Et puis, il faut aimer son prochain.
22:19 Si tu veux avancer,
22:21 il ne faut pas avoir
22:23 de la haine pour son prochain.
22:25 Moi, vous savez,
22:27 je suis aussi animateur radio.
22:29 Donc la plupart des chansons que je joue,
22:31 c'est une émission reggae.
22:33 Mais ce sont des chansons des autres reggae-mans.
22:35 Ça étonne les gens.
22:37 Des gens qui peuvent venir te concurrencer.
22:39 Pourquoi ? Je dis que chacun a sa voix.
22:41 Tiken a sa voix,
22:43 Alpha Blondie a sa voix, Ismael Zak a sa voix,
22:45 Fadal a sa voix. J'ai mon style.
22:47 Quelqu'un ne peut pas faire comme moi.
22:49 - Le monde est en route de culture.
22:51 - Voilà. Si tu as tenté, on dirait qu'il chante comme Fadal.
22:53 Celui qui tente, il fait comme Tikonondi,
22:55 il fait comme Tiken. Il est facile
22:57 de faire de la musique reggae, mais il n'est pas facile
22:59 d'avoir son propre style à toi.
23:01 Et c'est ça qui fait la différence.
23:03 Je pense que grâce à Allah, j'ai pu
23:05 obtenir cela. Quand vous écoutez
23:07 de l'Akudubé, c'est de l'Akudubé.
23:09 Vous écoutez Alpha Blondie, c'est d'Alpha Blondie.
23:11 Vous écoutez du Tikenja, c'est du Tikenja.
23:13 Fadaldi, c'est du Fadaldi.
23:15 Tout le monde n'est réussi à faire ça.
23:17 Et Dieu m'a fait grâce. - Merci beaucoup Fadaldi.
23:19 On va retenir qu'il faut
23:21 travailler et croire en soi, en ses capacités.
23:23 On a plus qu'une minute à passer avec le téléspectateur.
23:25 C'est passé très vite.
23:27 Quel est ton mot de fin ?
23:29 - Alhamdoulilah
23:31 (chant)
23:33 Alhamdoulilah
23:35 (chant)
23:37 (chant)
23:39 (chant)
23:41 (chant)
23:43 (chant)
23:45 (chant)
23:47 (chant)
23:49 - Merci beaucoup Fadaldi.
23:51 Merci infiniment d'avoir été des nôtres.
23:53 Vous venez de suivre My Muslim Star.
23:55 Notre invité, c'était Fadaldi.
23:57 Nous espérons que vous avez apprécié l'émission.
23:59 On va se donner rendez-vous
24:01 pour un autre numéro avec une autre star.
24:03 D'ici là, nous guiderons, nous protégerons
24:05 et nous faisons miséricorde.
24:07 A très bientôt.
24:09 (entretien)
24:11 (Générique)