Tinder aussi addictif qu'un réseau social ? La chronique de Manon Mariani

  • il y a 7 mois
Tinder énerve certains de ses utilisateurs et cette fois-ci pas parce qu’ils galèrent à trouver l’amour ou que leur plan d’un soir les ont ghosté. Non. 6 Américains ont décidé de porter plainte contre Match, la maison mère de Tinder, pour une raison spécifique : ils l’accusent de concevoir des applications addictives qui ne sont là que pour générer du profit et non pour aider leurs utilisateurs à trouver l’amour.

Retrouvez la chronique "Veille Sanitaire" de Manon Mariani sur https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/veille-sanitaire
Transcript
00:00 passé à la veille sanitaire. Aujourd'hui vous nous parlez de Tinder qui commence à énerver
00:03 certains de ses utilisateurs. Et cette fois-ci pas parce qu'ils galèrent à trouver l'amour ou que
00:07 leur plan d'un soir les ont ghosté. Non, 6 américains ont décidé de porter plainte contre
00:12 Match, la maison mère de Tinder, pour une raison spécifique. Ils l'accusent de concevoir des
00:17 applications addictives qui ne sont là que pour générer du profit et non pour aider leurs
00:22 utilisateurs à trouver l'amour. Ils disent notamment que Match fait donc de la publicité mensongère
00:27 et qu'ils escroquent même leurs utilisateurs avec leur offre premium censée les aider. Bon,
00:32 en gros, ce sont 6 utilisateurs manifestement pas contents d'avoir raqué une blinde pour
00:36 choper sur Tinder et qui ont été déçus du résultat. Je pense qu'il y en a beaucoup dans
00:40 ce cas. Si les applis de dating étaient une science exacte, bon, ça se saurait. Mais ce
00:44 qui est intéressant dans cette histoire, c'est le côté addictif qui est reproché à Tinder et
00:47 à ses comparses. Dans la plainte, il est dit que Match emploie des fonctionnalités semblables à
00:51 des techniques de jeu qui transforment ses utilisateurs en parieurs compulsifs à la
00:56 recherche de récompenses et de dopamine. En gros, l'appli est accusée de fonctionner sur le même
01:01 système qu'un casino par exemple ou que des jeux en ligne, ce qui peut donc rendre les personnes
01:05 accros et devenir dangereux à force. Mais en même temps, il faut bien qu'elles soient fun,
01:08 ces applications. Clairement, et c'est le cas, le but est quand même de passer un bon moment. Donc,
01:12 tout est calculé dans sens. Le fait de swiper, de mettre un petit cœur quand on like quelqu'un,
01:16 des photos, des bios, des vidéos, de matcher, évidemment, ça ressemble à un jeu. On est donc
01:21 content quand on gagne, donc quand on match, et triste quand on perd, quand on ne match pas,
01:25 et on a envie de recommencer derrière. C'est un cercle sans fin, poussé par un algorithme
01:28 évidemment qui calcule tout. Et c'est là où ça peut effectivement avoir des répercussions
01:33 négatives. Car on parle souvent de l'addiction aux réseaux sociaux, à quel point ils impactent
01:38 notre santé mentale, que les entreprises à qui ils appartiennent ont une grande part de
01:42 responsabilité. Plusieurs plaintes contre MetaX ou TikTok ont déjà été déposées à ce sujet. Mais
01:48 pour les applications de rencontres, on est encore sur une zone grise. Car d'un côté,
01:52 on ne peut pas s'étonner qu'elles capitalisent sur notre recherche de l'amour pour faire des
01:55 bénéfices, ça semble logique même. Mais de l'autre, on peut effectivement leur reprocher
01:59 de ne pas tenir leurs promesses et de profiter de la faiblesse de certaines personnes,
02:03 seules et vulnérables.
02:05 J'entends ce que vous dites, mais après c'est le jeu, Manon !
02:06 C'est le jeu, comme vous dites. Mais un jeu a normalement une fin et un gagnant, ce qui n'est pas forcément le cas sur les applications de rencontres.
02:12 Et beaucoup de témoignages sur les réseaux parlent de cette addiction à ces applis et à quel point ça peut être difficile de s'en sortir.
02:18 Ça porte même un nom, « The Swiping Syndrome », le syndrome du swipe. Cette obsession que les utilisateurs ont avec ce geste,
02:25 qui fait une virgule vers la droite ou vers la gauche, un geste qui devient machinal, presque obsessionnel en un sens.
02:31 D'ailleurs, pour certains, il a déjà eu des conséquences désastreuses. Un jeune homme anglais s'était par exemple fait interner car il était devenu accro au swipe.
02:38 Il pouvait swiper plus de 500 profils par jour sur les applications de dating. Alors, je sais, c'est un cas extrême, il ne devait pas être très équilibré psychologiquement à la base,
02:47 on est d'accord, mais quand même, il faut le prendre en compte. Car plus qu'un geste, les utilisateurs cherchent surtout une forme de validation auprès des autres sur ces applications.
02:55 Ils veulent ressentir qu'ils sont aimés pour le physique qu'ils présentent virtuellement ou la biome à rendre qu'ils ont écrite.
03:00 On ne connaît personne, mais on a envie que tout le monde nous connaisse.
03:03 Et c'est ça qui pose problème.
03:04 Oui, car ça affecte psychologiquement beaucoup d'utilisateurs. Une étude de 2016 est souvent citée à ce sujet.
03:10 Elle a été réalisée par des associations de psychologues américains qui disent que les utilisateurs de Tinder auraient une plus faible estime d'eux-mêmes
03:16 et davantage de problèmes d'image corporelle que les non-utilisateurs.
03:20 Et on parle d'une étude qui date de quasiment 10 ans.
03:22 Donc, imaginez aujourd'hui avec la multiplication des applis et des utilisateurs, et ben, ça doit être encore pire.
03:28 C'est d'ailleurs l'un des arguments utilisés par les avocats des six plaintifs américains.
03:33 Ils disent que Tinder est devenu un jeu dangereux qui entraîne de l'addiction, de la solitude, de l'anxiété et de la dépression.
03:39 Et ce n'est pas les dernières études qui vont nous dire le contraire. En 2023, 83% des utilisateurs européens des applications de rencontre se sont dit insatisfaits.
03:49 Et l'étude elle-même a été menée par ONCE, une application de rencontre.
03:53 Ça montre que l'allégresse des débuts est en train de laisser place à une grande méfiance envers ces applis.
03:58 Il va peut-être falloir songer à d'autres solutions pour booster son égo ou réparer son petit cœur brisé.
04:04 Merci Manon, et pour tous les déçus de Tinder, on rappelle qu'il y a « Droit au cœur », le site des gens de droite qui veulent ken des gens de droite,
04:10 et sur lequel vous êtes une star, puisque, disons-le à nos auditeurs, votre vendeur de cigarettes électroniques vous a quand même demandé s'il mettait la facture au nom de Manon Mariani ou de Carole Buisson.
04:19 La Carole !

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