• il y a 9 mois

Aujourd'hui dans "Punchline", Laurence Ferrari et ses invités débattent de l'audition de Judith Godrèche au Sénat sur les violences sexuelles dans le milieu du cinéma.
Retrouvez "Punchline" sur : http://www.europe1.fr/emissions/punchline

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Transcription
00:00 J'aimerais qu'on parle maintenant de l'actrice Judith Godrech qui s'est à nouveau exprimée aujourd'hui.
00:04 Elle était auditionnée devant au Sénat par une délégation aux droits des femmes.
00:09 Elle est revenue sur les violences sexuelles sur les enfants, notamment dans le cinéma français,
00:13 parce qu'elle estime que les choses n'ont pas réellement avancé et surtout qu'il y a une forme de merta.
00:18 Écoutez ce qu'elle dit et son émotion.
00:21 Combien de petites filles, de petits garçons, combien de petits pieds dans la porte
00:27 seront nécessaires avant que cette société réagisse pour toujours ?
00:32 Ce qu'il faut c'est qu'il y ait tout un système de protection de l'enfant qui soit mis en place
00:38 et qu'on arrête de faire semblant de ne pas savoir.
00:45 Qu'on arrête de faire semblant.
00:47 Quand je parle aujourd'hui de certains réalisateurs que je dénonce et que je porte plainte,
00:53 il y a encore des gens qui étaient présents sur ces tournages, qui ont vu,
00:59 qui disent qu'ils vont apporter leur soutien à ces abuseurs.
01:03 Voilà pour Judith Godrej-Erick-Nelot ce qu'elle dit, voilà.
01:05 Et elle a porté plainte contre Benoît Jacot et Jacques Doyon.
01:07 Elle dit que tout le monde savait, que personne n'a rien fait et que ça continue aujourd'hui.
01:10 C'est ça ?
01:11 Moi c'est ce qui me frappe le plus parce qu'elle ne parle pas de quelques cas déviants,
01:16 elle parle d'un phénomène massif et d'un phénomène systémique.
01:20 C'est un peu ce que disait Benoît Jacot dans une interview "Ironie du sort"
01:23 qui était donnée à Gérard Miller.
01:25 Lui-même accusé par des dizaines de femmes.
01:29 Oui, lui-même bien dans la sauce parce que je crois que c'est une cinquantaine de femmes au total
01:31 qui portent plainte ou en tout cas qui ont témoigné.
01:35 Benoît Jacot disait en termes extrêmement crus, extrêmement cyniques,
01:38 "En fait, tout ça, c'est un système de prédation qui est organisé sous couvert du cinéma."
01:42 Donc Judith Godrej a l'air de rejoindre son analyse, évidemment, sous un autre an.
01:47 Si c'est vraiment ça, il faut vraiment faire un nettoyage complet du cinéma français
01:52 parce que ça veut dire que des dizaines et des dizaines de cas d'abus ont eu lieu
01:56 sous les yeux de dizaines et de dizaines de personnes.
01:59 Eugénie Bastier et après Maître Salmane.
02:01 Je pense que le cinéma français devrait prendre exemple sur l'Église catholique
02:04 qui a mis en œuvre suite à la révélation des abus sexuels dans l'Église
02:08 une commission qui s'appelle la CAZ, qui a fait le ménage
02:11 et qui a établi une enquête précise sur le nombre d'abus, le nombre de cas,
02:14 avec même des réparations, etc.
02:16 On s'est beaucoup moqué de l'Église à l'époque, on l'a beaucoup traîné dans l'abus,
02:19 n'empêche que c'est la seule institution qui a mis en œuvre une telle enquête,
02:22 d'une telle profondeur et d'une telle ampleur.
02:24 Je pense que le cinéma français devrait s'en inspirer
02:26 parce qu'effectivement, il y a quelque chose à purger.
02:28 Dans ces années 70, 80, il y a eu un moment de libération sexuelle absolue
02:32 avec des dérives qui ont touché l'enfance et il est temps, effectivement, de revenir là-dessus.
02:38 Simplement, je m'inquiète parfois d'un discours qui prendrait l'inverse,
02:44 qui brûle ce qu'il a adoré avec la même ardeur et la même ferveur.
02:49 Parfois, on a l'impression que le retour de Balancier va être très fort
02:52 jusqu'à peut-être avoir des dérives dans l'autre sens,
02:55 notamment sur la présomption d'innocence.
02:57 Je suis assez d'accord avec Jenny Bastier.
02:58 Je pense qu'il y a effectivement un système
03:00 et on voit d'ailleurs que quand il y a, on va prendre l'exemple de Jérémie Miller,
03:03 une femme qui parle, il va y en avoir peut-être 10, 20, 30 qui parlent
03:06 avec ensuite les problèmes de prescription qui vont éventuellement se poser,
03:10 même si, par exemple, pour les viols sur mineurs,
03:12 il y a eu un allongement du délai de prescription en 2018.
03:15 Mais je m'inquiète aussi pour la présomption d'innocence.
03:17 Évidemment qu'il faut la libération de la parole,
03:19 mettre fin à cette omerta, ça me paraît tout à fait fondamental.
03:22 Mais n'oublions pas que quand vous pouvez mettre 10 plaintes, 20 plaintes, 30 plaintes, 50 plaintes,
03:26 la personne reste présumée innocente, peu importe si le tribunal médiatique vous a déjà condamné.
03:31 Parce que moi, ce qui me choque, c'est quand on vous dit
03:33 "Certains films devraient être interdits parce que cette personne est accusée."
03:37 Non mais attendez, il n'existe pas de peine d'inéligibilité cinématographique,
03:41 même aux yeux de la justice.
03:42 Donc il ne faut pas non plus aller dans cet excès où on vous dit
03:45 "Parce qu'une personne est accusée, même pas condamnée, on va interdire le film."
03:49 Laissons le choix aux spectateurs de regarder ce qu'ils ont envie de voir.

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