Les "prix planchers" pour l'agriculture : bonne ou mauvaise idée ?

  • il y a 6 mois
Débat entre Christophe Bex, député LFI du Volvestre (7e circonscription de Haute-Garonne) et Bernard Malabirade, président de la chambre d'agriculture du Gers.

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Transcript
00:00 Vous avez très envie, je crois messieurs, de parler des prix planchers qui ont été annoncés par Emmanuel Macron
00:05 pour s'extirper de la crise samedi dernier à l'ouverture du salon par exemple.
00:09 Un exemple, on va dire demain que la brique de lait, on n'aura pas le droit de la vendre à moins d'un euro.
00:16 Sur le papier ça semble formidable Bernard Malabirade ?
00:20 Non justement ça ne veut rien dire parce que la brique de lait à un euro et si les charges ont doublé pendant l'année
00:25 parce qu'on a été victime d'une guerre qui démarre entre l'Ukraine et la Russie et que ça fait flamber les matières premières
00:33 et que vous êtes pieds mal liés sur des contrats sur 18 mois avec la grande distribution,
00:37 et bien non ça ne veut rien dire.
00:39 Je pense qu'il faut aujourd'hui avoir une vraie négociation B2B par rapport à la qualité du produit
00:45 et vendre une brique de lait ça ne se vend pas comme de l'ail noir de Jérémy qu'on a vu tout à l'heure.
00:50 Chaque produit a sa spécificité, il faut être capable de trouver le bon acheteur, le bon interdicteur pour y donner la bonne valeur.
00:58 Mais après baser ça sur une fluctuation liée au prix de revient.
01:02 Que répondez-vous à ça Christophe Beck, c'est député insoumis de la Haute-Garonne, vous défendez où ces prix planchers ?
01:06 Les prix planchers c'était abordé par le Président de la République, nous ce qu'on avait proposé c'est une proposition de loi au mois de novembre au Parlement
01:12 et on ne parle pas que ce soit l'État qui va administrer les prix planchers,
01:15 on parle d'une conférence publique de filière qui donne lieu à des négociations interprofessionnelles
01:19 et ça existe déjà dans de nombreux pays, que ce soit les États-Unis, le Canada, l'Espagne
01:23 et même des membres de la FNSEA, la filière Bovine sont aussi pour les prix planchers
01:27 parce que ce qui conditionne le prix du producteur et puis aussi on pourrait parler des coefficients multiplicateurs.
01:32 Donc on fait des prix planchers filière par filière, région par région, sans être une usine à gaz ?
01:39 Avec l'ensemble des syndicats, avec les organisations, avec toutes les personnes qui sont intéressées,
01:44 c'est la seule condition si on veut échapper justement aux dictates de l'agro-industrie.
01:49 Je veux dire, on parle aussi de coefficients multiplicateurs.
01:52 Mais dans la réalité, comment ça se met en place ? Est-ce que le risque c'est pas que ces prix planchers deviennent des prix plafonds ?
01:56 Non, non, non, non, le prix plancher ça peut pas être des prix plafonds, on parle d'un prix plancher, un prix palépale.
02:02 Quand il y a des appellations d'origine protégée ou contrôlée, si vous prenez le lait qui fabrique le Roblochon,
02:07 les producteurs ils vendent bien leur lait à 80 centimes le litre du lait et non pas 40 centimes,
02:12 ce qui permet justement à ces producteurs de vivre localement et avoir une transformation locale et un débouché.
02:17 C'est vers ça que, moi je pense que l'agriculture elle a besoin de protection, on peut pas laisser la...
02:22 Et votre collègue à côté, les RAD, elle a l'air de dire que c'est pas réaliste comme conclusion.
02:26 Ah mais c'est normal qu'il y ait un débat, je veux dire...
02:28 Non, je pense que oui il faut des protections, c'est important.
02:31 On a un métier qui, comme tout produit sur un marché, offre demande, mais en plus avait des alliés climatiques et des alliés internationaux.
02:39 Mais vous l'entendez ça monsieur Beck, c'est une qualité ?
02:41 C'est une protection, mais le prix plancher, dans le contexte où nous sommes, c'est à dire 4 acheteurs de grandes distributions et des milliers d'agriculteurs de sous,
02:51 dans ce contexte là de négociation, c'est pas un prix plancher qui va nous sauver.
02:56 Ces gens là, ils ne rêvent que d'avoir un prix plancher qui devienne le prix plafond pour s'asseoir sur nous.
03:01 Mais oui, mais c'est ça la réalité.
03:03 Vous voulez que les prix soient indexés sur les prix de recherche ?
03:05 Et en se donnant en plus bonne conscience, en disant aux consommateurs, nous travaillons pour vous, nous faisons baisser le prix de l'alimentation, etc.
03:12 Et tout ça sur le dos des agriculteurs.
03:14 Ça nous n'en voulons pas. Nous voulons nous une négociation agriculteur-disculteur, B2B.
03:20 Le président de la Chambre d'Agriculture m'a dit non, mais ça c'est un débat.
03:22 Moi je pense que l'alimentation et les produits agricoles, ce n'est pas un produit comme un autre, et ça ne doit pas être le marché qui fixe le prix.
03:28 Il doit y avoir une protection.
03:29 On devrait sortir tous les produits agricoles des traités de libre-échange, mais avoir une exception.
03:34 Comme pour notre cinéma, comme pour notre culture, pour l'agriculture.
03:38 Il faut protéger notre agriculture, il faut protéger nos producteurs, et il faut aussi protéger les producteurs face aux dangers au niveau de tous les produits phytosanitaires, mais aussi les consommateurs.
03:48 Il faut qu'on ait une assiette saine.
03:50 Un mot important messieurs sur la MHE, donc cette maladie hémorragique épisodique qui touche les bovins essentiellement,
03:55 et face à laquelle le gouvernement a annoncé un plan d'urgence.
03:58 Bernard Malabirad, vous faites des blondes d'Aquitaine, vous avez perdu combien de bêtes pour l'instant ?
04:03 Deux vaches et six jeunes veaux à la naissance.
04:07 Ce sont des vaches qui maigrisent, qui ont la langue, qui pendent.
04:09 Oui, qui sont malades et qui malheureusement peuvent aller jusqu'à la mort si le traitement ne fonctionne pas.
04:14 Dans le Gers, quel pourcentage de vaches sont touchées par la MHE ?
04:18 On a eu à peu près un quart des animaux qui ont été malades, qui ont eu des séismes cliniques.
04:22 Nous avons perdu deux, et puis il y a surtout un tiers des vaches qui sont vides aujourd'hui.
04:27 Et il y a des habiteurs qui se déclarent pâtes ?
04:29 Non, notre récolte, c'est les veaux que nous commercialisons vers l'Italie
04:34 ou que nous gardons pour le renouvellement, pour faire grandir dans nos coteaux et dans nos prairies.
04:39 Donc on aura un tiers de veaux de moins en 2025.
04:42 Il y a des éleveurs qui n'osent pas dire que leur tropau est touché par la MHE ?
04:45 Oui, il y a des éleveurs qui sont très humbles, c'est des TSE,
04:49 donc ils n'ont pas osé se déclarer malgré qu'on a essayé de les rassurer,
04:53 parce qu'ils avaient peur de rétorsions compressibles.
04:55 Ils sont tellement contrôlés, fliqués, qu'aujourd'hui ils n'osent plus bouger,
04:59 et ils n'osent plus se déclarer.
05:01 C'est pour ça qu'on a insisté pour que le plan d'urgence soit aussi ouvert aux éleveurs qui n'étaient pas foyés.
05:10 C'est un plan d'urgence qui va aujourd'hui amener à tous les éleveurs du Gers,
05:15 parce que je suis du Gers et qu'il a été touché,
05:17 mais des six départements qui ont été touchés par cette maladie.
05:20 Christophe Becqs, député insoumis de Haute-Garonne,
05:23 dans votre circonscription, vous avez une idée du nombre de troupeaux qui sont touchés ?
05:27 Il y en a parce que justement, la MHE vient d'Espagne,
05:30 le Premier ministre qui est venu à la conférence a répondu,
05:34 mais moi ce que je voudrais dire quand même au sujet de l'agriculture,
05:36 c'est le chiffre qui m'interpelle quand je suis venu au CERN agriculture,
05:39 actuellement il y a 400 000 agriculteurs en France,
05:41 et dans 10 ans il n'y en aura plus que 200 000.
05:43 Donc là on tire, il tire une sonnette d'alarme,
05:45 il faut de nouveau qu'il y ait des jeunes qui puissent s'installer,
05:50 avoir une agriculture au plus près des gens, c'est ça.
05:52 Là on va partir vers une agriculture de combien ?
05:55 100 000 paysans avec des exploitations ?
05:57 Et vous pensez que la crise est loin d'être terminée ?
05:59 Je pense qu'elle est là, c'est pour ça qu'il ne faudrait pas qu'on fasse juste une petite matinale.
06:03 L'agriculture c'est un sujet vital.
06:05 On parle tous les jours sur l'entretien.
06:07 Madame El-Avirad, ça va continuer encore des semaines ?
06:09 Oui, je pense que la pression elle est là,
06:11 est-ce qu'il y aura des actions ou pas, je ne sais pas vous le dire,
06:13 mais elle est là, en tous les cas, nous ce qu'on souhaite,
06:15 c'est être reconnu pour notre professionnalisme.
06:18 Et on a besoin de reconnaissance aujourd'hui.
06:20 - Merci beaucoup messieurs, dans un instant, 8h, on sera avec le ministre de l'Agriculture, Marc Fesneau, en direct de nos infos.

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