Le Salon de l’agriculture marque un changement de ton au sein de la macronie. Désormais, elle cible et attaque clairement son principal adversaire, le Rassemblement national. Un match qui semble inaccessible à une gauche inaudible. Retrouvez la discussion avec nos journalistes Charlotte Belaïch et Sylvain Chazot.
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00:00 La gauche est larguée derrière Macron et le RN depuis un moment déjà.
00:04 Le Rassemblement National et Marine Le Pen au premier chef,
00:07 ce sont les passagers clandestins de cette crise agricole ?
00:09 On atteint un niveau d'acharnement verbal qui est assez haut quand même.
00:13 Ils se sont auto-choisis comme adversaires légitimes,
00:21 ça exclut de fait tous les autres.
00:23 C'est l'histoire du RN, de dire tout et n'importe quoi.
00:28 Et pourquoi la gauche n'existe pas ?
00:31 C'est vrai qu'il y a eu un peu ce qu'on a appelé une "glucksmania".
00:33 T'as tout dit quand elle dit "Jean-Luc Mélenchon fait des bons scores à la présidentielle".
00:36 Elle est fille, ils ont jamais fait de bons résultats à ce qu'on appelle les élections intermédiaires.
00:40 Avec nos journalistes Sylvain Chazot et Charlotte Bélaïch,
00:43 on s'est intéressés à la rivalité entre la Macronie et le Rassemblement National,
00:47 et à la place de la gauche dans tout ça.
00:49 Le tout à quatre mois des élections européennes.
00:51 Après attends, franchement la candidate à l'REM...
00:54 Oui, c'est vrai.
00:55 Même moi j'arrive pas à retenir son nom, tu vois, enfin...
00:58 En quoi est-ce que ce salon-là de l'agriculture marque ou pas le début,
01:03 le coup d'envoi de la campagne électorale des Européennes qui se déroule en juin prochain ?
01:08 Je sais pas si ça marque vraiment le coup d'envoi.
01:10 Par contre on voit ce qui se dessine, soit qu'on pourrait s'attendre, c'est un match à deux.
01:14 De toute façon c'est classique.
01:16 Ils se sont auto-choisis comme adversaires légitimes, ça exclut de fait tous les autres.
01:21 Et on l'a bien vu avec cette séquence, Macron, Attal ne font que parler du RN.
01:26 Le RN ne fait que parler d'Attal et de Macron.
01:30 Les autres sont totalement absents.
01:31 Charlotte, t'as l'impression que ça marque cette campagne, ce début de campagne des Européennes ?
01:37 Moi je dirais pas que c'est le début de la campagne.
01:39 Je trouve que c'est tôt encore, une campagne européenne, ça se fait vraiment au tout dernier moment.
01:45 Et je trouve que là on est plutôt sur la suite d'une crise agricole.
01:50 Par contre c'est vrai que ne serait-ce que médiatiquement, et nous aussi,
01:54 on construit un match RN-Macroni, qui efface complètement la gauche.
02:00 Alors que, comme le disait Sylvain, ça reprend pas rien,
02:03 la gauche a accumulé dans les sondages, les trois principales têtes de liste, c'est presque 30%.
02:10 C'est beaucoup plus que la majorité.
02:12 Après, c'est leur choix d'avoir fait séparer, et c'est leur tort, peut-être.
02:17 Mais c'est vrai que médiatiquement, ça lance l'idée d'une campagne face à face.
02:25 Est-ce que c'est habituel que cet événement-là, que ce salon de l'agriculture,
02:28 ça marque un petit peu aussi parfois le début des hostilités politiques
02:31 en vue d'un scrutin qui se profile dans quelques mois ?
02:35 De fait, les élections françaises sont toujours au printemps, l'exception.
02:39 Et le salon de l'agriculture est toujours à cette période-là.
02:41 Donc il y a toujours un espèce de rendez-vous politique où tout le monde y va,
02:44 tout le monde essaie de rester le plus longtemps possible, des heures et des heures.
02:49 Et la façon dont les gens sont accueillis, c'est à dire thermomètre.
02:52 Donc ce n'est pas une exception, ce n'est pas une nouveauté cette année par rapport aux européennes.
02:56 Mais oui, ça sert toujours d'indicateur sur où est l'état des forces en présence en février.
03:05 Et on l'évoquait aussi déjà un petit peu, on assiste à un match à deux entre l'ERN et Renaissance.
03:11 Est-ce que c'est volontaire, notamment de la part de Renaissance,
03:14 d'essayer d'instaurer ce match à deux entre l'ERN et Renaissance ?
03:19 Ça va toujours être plus facile pour Renaissance d'affronter l'ERN en un contre un que la gauche, par exemple.
03:26 Et puis en bas, oui, c'est volontaire.
03:28 On a assisté quand même depuis quelques jours, depuis quelques semaines, à un basculement des mots, des propos.
03:36 Cette semaine, on avait quand même le Premier ministre qui nous expliquait que l'arc républicain, c'était l'hémicycle.
03:41 Donc l'ERN, on doit parler avec lui, on peut même travailler avec lui,
03:45 de certaines formes, pas voter, on n'a pas ta queste de l'immigration, mais donc c'est l'arc républicain.
03:51 Là, on est avec les mêmes personnes qui nous expliquent que voilà, c'est un danger.
03:58 Macron, c'est le canard enchaîné qui sort ça ce matin,
04:01 mais qui a été jusqu'à comparer les échaux fourrés en voyant la patte d'ERN
04:04 et à comparer ces échaux fourrés au Salon d'Infrastructure aux manifestations de février 34 des Nationalistes.
04:10 Aux manifestations-là, il y a eu 19 morts, 1 400 blessés.
04:14 On n'est pas à ce niveau-là.
04:17 Donc on a une espèce de sur-enchaire verbale de la part de Renaissance,
04:24 qui est alimentée aussi par l'ERN, comme on disait tout à l'heure, qui fait que ça exclue les autres.
04:30 C'est pratique, en fait.
04:31 À chaque élection, Renaissance se souvient qu'il faut être pour l'ERN.
04:36 Et après, quand les élections sont passées, on tape Renaissance sur la gauche.
04:41 On peut aussi compter sur la gauche pour s'invisibiliser elle-même, toute seule.
04:45 Mais justement, c'est de ça dont je voulais parler.
04:48 Et je rebondis aussi en même temps sur la remarque de Frank Sinatra dans le tchat,
04:52 qui nous dit 30% pour la gauche, qui réagit à ce que tu disais,
04:54 mais ça, c'est plutôt le score du ERN.
04:56 On parle bien de 30% si on cumule les informes votes pour les différents partis.
05:01 La partie de gauche à l'heure actuelle, par exemple.
05:03 Si on cumule tout simple pour les écolos, Aubry pour les insoumis et Glucksmann pour les socialistes.
05:08 Et je disais que ça pesait plus dans les sondages que la liste Renaissance, pas que la liste ERN.
05:17 Ceci dit, on le disait là aussi un petit peu, la gauche semble...
05:21 Enfin, on ne l'entend pas beaucoup pour l'instant dans ce match à deux entre l'ERN et la Macronie.
05:26 Comment est-ce qu'on l'explique, Sacha Charlotte, le fait que la gauche ne parvienne pas à ce point-là
05:30 à se montrer un peu plus audible alors qu'on a l'impression que ça peut être des questions
05:33 et même la crise agricole d'une manière plus générale.
05:35 C'est une problématique dont elle aurait pu se saisir.
05:38 Déjà, il y a une tendance de fond qui est la faiblesse de la gauche depuis dix ans.
05:42 Ce n'est pas nouveau.
05:44 La gauche est larguée derrière Macron et l'ERN depuis un moment déjà.
05:51 Après, elle aurait pu se saisir de la crise agricole.
05:54 Certains l'ont fait, mais c'est a priori pas un sujet sur lequel la gauche est très à l'aise.
06:00 Les campagnes et la gauche, ce n'est pas ce qu'il y a de plus intuitif.
06:04 Après, il y a aussi un truc circonstanciel qui est que là, ce mois de février,
06:12 ils sont tous chacun dans leur camp, empêtrés dans la constitution de leur liste
06:17 et dans leur propre bisebille interne.
06:20 Il y a une question de Pierry dans le chat qui nous demande
06:24 comment a été l'accueil sur le salon pour les personnalités des différents partis de gauche.
06:29 Est-ce qu'il y en a eu déjà qui se sont rendus sur le salon et comment ils ont été accueillis ?
06:33 Oui, alors il y en a eu.
06:34 Ce qui est triste, c'est que du coup, on ne sait même pas comment ils ont été accueillis.
06:37 Et moi non plus.
06:39 Parce que je n'y étais pas.
06:41 C'était mon collègue Sacha qui suit la gauche aussi.
06:45 A priori, ça ne s'est pas mal passé, mais en fait, ils sont invisibles.
06:48 C'est ça qui est fou.
06:51 Je pense que Ruffin a été hier.
06:54 Ça a dû être un peu plus, ne serait-ce que suivi médiatiquement.
06:57 Je sais qu'il y a eu plus de journalistes, mais sinon, il y a eu une délégation socialiste.
07:02 Il n'y avait pas grand monde, des décolos, pas grand monde et personne.
07:06 En tout cas, on n'en a rien retenu médiatiquement.
07:08 Oui, et ça, d'ailleurs, ça fait aussi écho.
07:10 J'ai l'impression, une question de Frank Sinatra dans le chat également,
07:13 qui demande si quelqu'un a déjà entendu Marie Toussaint en interview.
07:16 J'ai l'impression, sous-entendant un petit peu, que c'est vrai qu'on l'entend juste pas beaucoup.
07:19 On ne sait pas très bien qui elle est et que j'oserais même dire que
07:23 quand on en a entendu parler, en tout cas, il y a quelques semaines, quelques mois,
07:27 ce n'était pas forcément bien. J'ai l'impression qu'il y a eu quelques échos.
07:31 Oui, des échos, c'est ça. Après, Marie Toussaint elle-même en est consciente.
07:37 On a un problème pour se faire entendre.
07:39 Il faut savoir comment on se fait entendre, surtout dans ce contexte-là de match à deux
07:45 et avec ce que tu disais, une gauche qui arrive très bien à servir une invisibilité toute seule.
07:51 Puis au-delà de la notoriété, parce qu'à la limite, ça s'acquiert, la notoriété,
07:55 c'est vrai qu'il y a un début de campagne maladroit.
07:59 Elle n'a pas l'air très à l'aise dans ce rôle.
08:02 On a entendu parler d'elle, surtout pendant la polémique sur le twerk de son meeting.
08:10 Donc, on peut se dire que c'est un raté.
08:14 C'est vrai que c'est un début de campagne difficile.
08:19 On ne pourra peut-être plus en parler, mais ce n'est pas évident.
08:22 Pour en revenir sur le match à deux entre le RN et Renaissance,
08:27 tu me faisais remarquer, Sylvain, en préparant l'émission,
08:29 et on en a déjà parlé, de ce changement de ton de la Macronie à l'encontre du RN.
08:35 Comment est-ce qu'on le voit assez concrètement, ce changement de ton,
08:39 et comment est-ce qu'on l'explique aussi ?
08:42 Comment on l'explique ?
08:43 On était dans une séquence, notamment avec les Edborne,
08:46 sur une séquence très sociale où la gauche arrivait quand même à se faire entendre,
08:51 la réforme des retraites, même sur la loi immigration, on les a entendu.
08:54 Donc, c'était plus facile pour la majorité de répondre à ce camp-là.
09:01 Surtout que la réforme des retraites, le RN était aux abénavants,
09:04 on les a pas entendu.
09:06 Et sur la loi immigration, ils ont joué une partie de poker menteur
09:10 qu'ils ont plutôt gagné en mettant la femme à la laisse du gouvernement
09:13 et en laissant au dernier moment de voter leur loi.
09:16 Donc, ça peut être une piste d'analyse,
09:18 le fait qu'on sort d'une séquence sociale
09:21 qui a fait que Renaissance a beaucoup tapé sur la gauche.
09:24 Ça se traduit par une surenchère verbale.
09:28 La séquence des questions gouvernement hier avec Gabriel Attal,
09:32 qui explique, qui se demande si les troupes de Poutine
09:35 ne sont pas déjà en France en ciblant explicitement le RN.
09:39 On a atteint un niveau d'acharnement verbal qui est assez haut quand même,
09:44 qu'on n'avait pas l'habitude d'entendre de ce côté-là du spectre politique
09:50 il y a encore trois semaines.
09:52 On expliquait l'arc républicain,
09:54 je vous en ai dit tout à l'heure, sur l'arc républicain qui englobe tout le monde.
09:58 Y compris les députés du RN du coup.
10:01 Il fallait travailler avec tout le monde.
10:04 Aujourd'hui, on travaille avec des gens
10:06 qui sont censés être les émissaires cachés de Poutine.
10:11 Donc il y a une clarification à faire.
10:15 Est-ce qu'il y a aussi un changement de ton sur le fond, sur les idées ?
10:18 Par exemple, moi en tant que spectateur de la vie politique française,
10:24 j'avais l'impression que parfois,
10:25 Renaissance et la Macronie d'une manière plus générale
10:28 essayaient parfois de draguer peut-être un certain électorat du RN
10:32 en essayant de se saisir et d'aller sur des thématiques
10:34 qui étaient plutôt celles du RN.
10:37 On repense par exemple à des séquences comme celle de la Baïa
10:39 qui avaient été très marquantes dans l'actualité.
10:41 J'ai l'impression que c'était quelque chose qui...
10:42 En tout cas, ils allaient un peu plus sur le terrain du RN.
10:46 Est-ce que ça, ça a évolué ou pas ?
10:48 Ou est-ce qu'ils tentent toujours quand même de parfois
10:50 jouer un peu sur leur plate-bande ou pas ?
10:52 On sort d'une séquence assez intense,
10:54 notamment avec la loi immigration,
10:55 où ils ont beaucoup été sur ce terrain-là.
10:57 Donc là, depuis un mois ou deux, ça s'est un peu calmé.
11:01 Mais oui, toute la rentrée,
11:04 je souligne la Baïa, la loi immigration,
11:07 quand même, les débats assez houleux.
11:09 Et on s'est dit, les débarragistes de 2022,
11:15 ont pu être un petit peu choqués de voir certaines choses adoptées.
11:20 Après, on sait que depuis un mois ou deux,
11:23 ça s'est un peu calmé,
11:24 mais parce qu'on est dans une autre séquence.
11:26 Après, je ne dirais pas que c'est...
11:28 Par exemple, la séquence à Baïa,
11:30 je ne dirais pas que c'est une volonté de séduire le RN,
11:32 mais même l'électorat de droite et l'électorat dans son ensemble.
11:34 C'était énorme, le poursuitage de Français hors électorat RN,
11:39 qui était pour l'intradiction.
11:40 Je crois que même les profs, qui ne sont à priori
11:42 pas le premier foyer d'électeur RN, c'était 80%.
11:44 Donc, ça va aussi dans le sens d'une droitisation de la société.
11:49 Et sur cette séquence plus générale,
11:51 du coup, dans ce match à deux,
11:53 et même bien au-delà du Salon de la culture,
11:54 comment est-ce que la gauche, justement, elle observe
11:56 que ce soit un Jordan Bardalat qui est de plus en plus populaire,
11:59 que ce soit une Macronie qui, du coup,
12:01 est en fight assez direct avec le RN,
12:04 mais uniquement, exclusivement, quasiment avec le RN ?
12:07 Comment est-ce que la gauche et les gauches observent tout cela ?
12:10 - Ben, je ne sais pas, douloureusement.
12:13 Enfin, ils ont le sentiment de ne pas être...
12:18 Enfin, ils ont bien conscience qu'ils ne sont pas audibles.
12:19 Et en fait, ne serait-ce que médiatiquement...
12:23 Alors, je disais tout à l'heure, c'est aussi leur faute.
12:24 Ils sont capables de s'invisibiliser eux-mêmes.
12:31 Mais après, il faut avouer qu'aujourd'hui, à gauche,
12:32 il y a, par exemple, peu de personnes qui arrivent à décrocher
12:35 une invitation pour faire un 20h sur TF1, par exemple.
12:38 Ruffin l'a fait d'ailleurs en février, on en reparlera.
12:41 Mais c'est une petite victoire, quoi.
12:43 À part Mélenchon, il n'y a personne qui est capable d'avoir cet écho médiatique.
12:47 Donc, c'est compliqué aussi d'être entendu quand même médiatiquement,
12:52 on n'a pas la place pour, quoi.
12:53 - Mais comment on l'explique, justement, le fait d'être aussi peu audible,
12:58 même dans le champ médiatique ?
13:01 - On invite...
13:02 Plus t'es faible, plus t'es faible, quoi. C'est tout bête, mais on invite...
13:06 Il y a un déficit de personnalités à gauche aujourd'hui.
13:11 Donc, c'est vrai qu'il y a un moment un peu tout sauf Mélenchon,
13:15 d'une grande partie de la gauche qui pense que ça ne peut plus marcher avec Mélenchon.
13:19 Mais il n'y a pas de...
13:20 Qui est-ce qu'il y a comme personnalité vraiment identifiée, à part lui ?
13:24 Alors, on a parlé de Ruffin, qui l'est, mais qui connaît Olivier Faure.
13:27 Enfin, nous, oui, mais on est un tout petit milieu, quoi.
13:30 Marine Tondelier, enfin...
13:31 Alors, Roussel a peut-être plus de notoriété de la présidentielle,
13:35 mais il y a peu de gens connus aujourd'hui à gauche.
13:38 En fait, il y a eu un...
13:40 En fait, c'est comme si toutes les figures,
13:43 même de la Hollande, du gouvernement Hollande,
13:46 tous sont un peu disparus, quoi.
13:47 Et il n'y a personne qui a pris la relève derrière.
13:50 - Glucksmann.
13:51 - Glucksmann, ouais.
13:52 - Ouais, on va en parler de Glucksmann, parce que j'ai l'impression qu'il y a un moment,
13:54 il y a eu un petit quelque chose autour de Glucksmann.
13:57 En tout cas, on le faisait un petit peu monter.
14:00 On en parlait de plus en plus aussi dans les médias.
14:02 Puis j'ai l'impression que c'est un petit peu retombé,
14:03 mais on en parlera juste après.
14:05 Je suis parti socialiste avec Glucksmann.
14:06 Je voudrais revenir sur une question de Frank Sinatra,
14:09 toujours dans le chat, qui nous demande comment l'ORN arrive-t-il
14:12 à effacer son comportement anti-Europe et faire une campagne jusqu'ici réussie?
14:16 D'ailleurs, c'est un argument rabâché souvent par le gouvernement.
14:19 Sylvain, si tu veux y répondre.
14:21 - Comment il arrive à effacer son comportement anti-Europe?
14:23 En se prétendant plus anti-Europe,
14:26 plutôt du ORN classique.
14:30 Il marche sur tous les sujets.
14:32 Il passe aujourd'hui pour les grands défenseurs des agriculteurs.
14:35 On les a vus manifester il y a encore quelques semaines
14:39 pour le glyphosate, pour la non-interdiction des néonicotinoïdes.
14:47 C'est un parti qui, en 2017,
14:50 sa candidate était envers et contre tout, contre les pesticides.
14:56 C'est l'histoire du ORN de dire tout et n'importe quoi.
15:02 Comment il y arrive?
15:04 On considère que les électeurs et les journalistes
15:08 ont six mois de mémoire politique.
15:10 Si vous nous parlez d'un événement qui a six mois,
15:13 on a tendance à plus en rappeler.
15:14 Donc la position d'un parti politique sur un sujet aussi précis que l'Europe,
15:22 je ne pense pas que ça a un impact réel aujourd'hui.
15:26 Franck, ils nous demandent aussi,
15:28 est-ce qu'ils ont changé de position, y compris sur le fond?
15:31 Ou est-ce que c'est juste des manières de changer la forme?
15:34 Et est-ce que sur le fond, ils ont évolué aussi?
15:36 Sur l'Europe, en tout cas.
15:37 En tout cas, ils sont beaucoup moins...
15:39 À l'époque de Filippo, il fallait sortir de l'Europe.
15:42 L'Europe était la mer de tous les maux.
15:44 Il fallait absolument sortir de l'Union européenne.
15:47 Ils ne sont plus du tout dans cette idée-là.
15:49 Mais c'est pareil, quelle Europe?
15:53 Comment?
15:54 Et ça, Rennes ne va jamais le dire.
15:56 Il y a aussi le problème des associations.
15:58 On sait qu'au Parlement européen, c'est un regroupement.
16:03 On se regroupe par partie pour faire des groupes.
16:06 Voilà, on sait très bien que les parties alliées du RN,
16:10 le RN n'est pas d'accord sur tout,
16:12 sur la vision de l'Europe avec tous ses partenaires.
16:15 Donc ça reste un moment compliqué aussi pour eux
16:19 de finir vraiment là-dessus, de dire quelle est leur position.
16:23 Et je crois que moins ils le disent, et mieux ils se portent.
16:26 Dans cet exercice, Jordan Bardella,
16:28 qui on le disait, un peu un poids important,
16:30 de plus en plus important dans la vie politique française.
16:33 Comment il s'en sort, lui, justement, dans cet exercice médiatique?
16:36 Parce que finalement, il est aussi de plus en plus exposé.
16:38 Est-ce que pour l'instant, il s'en sort bien?
16:40 Est-ce qu'il fait un peu des boulettes également?
16:42 Il s'en sort bien quand il va au Salon de la culture et qu'on l'applaudit.
16:45 Mais dès qu'on va s'intéresser sur le travail de fond du RN
16:49 au Parlement européen, il va y avoir des problèmes.
16:52 BFM l'a coincé dimanche à ce sujet en lui rappelant
16:56 la position du RN sur Navalny.
17:00 Le RN avait refusé de voter une proposition de résolution
17:02 qui condamnait l'oppression politique de Poutine
17:05 et notamment la répression concernant Navalny.
17:09 Bardella s'est drapé dans des grands principes
17:12 en disant que ce n'était pas le rôle de l'Union européenne
17:14 de jouer les diplomates et de s'ingérer
17:18 dans l'actualité internationale d'une nation.
17:24 Et on lui a fait remarquer que le RN n'avait pas eu ces principes
17:27 quand il s'agit de dénoncer l'oppression politique à Cuba.
17:32 Là, on a une espèce de bug du cerveau de Bardella
17:34 qui s'est fait avoir comme un bleu.
17:37 Et ça, c'est classique.
17:40 Là encore une fois, on peut souligner des incohérences
17:47 dans le parcours politique, ce qui fait beaucoup Renaissance
17:50 et notamment en tapant beaucoup sur ce côté rusophile du RN.
17:55 Le RN, depuis quelques mois, essaie aussi de battre en retrait là-dessus.
18:00 On les a vus, même sur Navalny.
18:02 Ils ont tenu des propos.
18:04 Je ne pense pas que le RN aurait tenu les mêmes propos il y a encore deux ans.
18:08 Ça reste des sujets très tendus pour eux
18:12 et sur lesquels ils essayent de faire des efforts en parlant moins possible.
18:16 D'ailleurs, je ne sais plus dans quel documentaire je voyais ça,
18:20 mais on disait qu'on semblait parfois reprocher à Jordan Bardella
18:22 qu'il ne maîtrisait pas toujours bien ses dossiers.
18:24 Est-ce que ça, c'est toujours quelque chose qu'on peut lui reprocher ou pas
18:27 ou est-ce qu'il a aussi progressé là-dessus ?
18:31 Alors, ça fait longtemps que je ne lui ai pas parlé, que je n'ai pas vu.
18:33 Donc, je ne sais pas s'il a progressé.
18:34 Mais oui, c'est quelque chose que Bardella a eu quand même
18:38 avec beaucoup de média training pour progresser là-dessus.
18:43 C'est pas...
18:44 En Europe, en tout cas, on sait que ce n'est pas un gros bosseur.
18:48 Donc oui, les dossiers, et notamment les dossiers européens,
18:50 ce ne sont pas des choses qu'il maîtrise.
18:52 Si on va sur le fond, il sera souvent coincé.
18:55 OK. Est-ce qu'à gauche, on le craint, on redoute aussi l'ascension de Bardella
19:00 et qu'est-ce qu'on en pense aussi d'une manière plus générale ?
19:04 C'est ce que je te disais tout à l'heure.
19:06 Oui, on le craint, mais comme on craint l'URN.
19:08 Mais je ne sais pas tant la question de
19:14 est-ce que Bardella va piquer des voix pour les Européennes à la gauche ?
19:17 Je n'y crois pas trop, surtout dans la nature de l'électorat aux Européennes.
19:23 Mais on le craint comme on craint de plus en plus l'arrivée du URN au pouvoir.
19:27 C'est ça, la vraie inquiétude.
19:29 Et qui est vraiment de plus en plus présente.
19:31 Pour la gauche comme pour tout le monde.
19:33 Et ce seraient qui les personnalités qui, à gauche,
19:36 peut-être des personnalités plutôt jeunes ?
19:38 Parce qu'on a parlé du côté de Renaissance et de la Macronie,
19:40 quand surtout Attal avait été intronisé Premier ministre.
19:43 On disait voilà, c'est aussi pour faire un peu le match dans le match
19:47 et avoir une figure qui serait directement l'opposant à Bardella,
19:51 qui est donc également jeune, un petit peu la nouvelle génération de politique,
19:53 qui peut être bien vue notamment grâce à ça aussi,
19:56 grâce à cette image de jeune personnalité politique.
19:58 Ce seraient qui, à gauche, ces mêmes personnalités,
20:01 qui pourraient aussi incarner cette jeunesse renouveau,
20:03 ce vent un peu de fraîcheur ?
20:04 Est-ce qu'il y en a aussi ?
20:05 Alors ce qui est marrant, c'est que si on met tout à plat,
20:10 presque toutes les têtes de liste aux européennes, c'est des jeunes.
20:13 À gauche, Marie Toussaint et Manon Aubry,
20:16 elles ont peut-être 32 ans.
20:19 Glucksmann, il est à la quarantaine.
20:21 Desfontaine, qui est le candidat du PC à 25 ans, je pense.
20:26 Bardella aussi, bon, elle a mis un peu plus,
20:28 mais Marion Maréchal, il n'y a que des jeunes.
20:31 À gauche, c'est vrai qu'il y a eu un peu ce qu'on a appelé une glucksmania
20:34 au mois de juillet.
20:35 C'est vrai qu'il a fait la une de beaucoup de journaux.
20:39 Il a eu beaucoup de portraits chez nous aussi.
20:41 Et on supposait qu'il allait vachement,
20:45 alors pas concurrencer Bardella,
20:47 mais pour le coup, réussir à récupérer des voix
20:50 des macronistes déçus.
20:52 Déçus après la réforme des retraites
20:55 et après la loi immigration.
20:59 Et finalement, c'est vrai qu'un mois plus tard,
21:01 dans les sondages, il ne se passe rien.
21:03 Il se maintient et il n'a pas de poussée glucksmann.
21:06 Il s'est passé quelque chose ou pas dans les sondages ?
21:07 Est-ce que quand on va parler de glucksmania,
21:10 est-ce qu'on a vu dans les sondages une montée de glucksmann ou pas du tout ?
21:13 Ça ne bouge pas.
21:14 Ça ne bouge pas.
21:15 Et à l'inverse, on disait,
21:17 on parlait tout à l'heure de Marie Toussaint
21:18 et du fait qu'elle avait beaucoup de mal.
21:20 Tout le monde s'attendait, y compris certains chez les Verts,
21:23 à ce que du coup, ça coule de son côté.
21:26 Et en fait, il n'y a rien qui bouge.
21:27 Il y a trois blocs, insoumis, écolos et socialistes,
21:30 qui restent un peu en dessous de 10 et qui ne bougent pas trop pour l'instant.
21:34 Après, en préparant l'émission, on a regardé les sondages européennes précédentes.
21:40 C'est assez drôle.
21:42 La liste de glucksmann en 2019,
21:45 elle est donnée toujours aux alentours de 8%.
21:47 Et finalement, ils font 13, c'est ça ?
21:51 J'ado ?
21:52 Aux européennes ?
21:53 J'ado, oui, c'est 13.
21:54 Oui, c'est vrai.
21:54 Oui, pas avec glucksmann.
21:55 J'ado, les Verts montent.
21:58 LR était donné beaucoup plus haut qu'ils l'ont fait,
22:00 ils ont fait un peu plus de 10%,
22:02 ils étaient donnés à 10, 12.
22:05 Donc les sondages pour les européennes sont déjà,
22:09 les sondages, d'une manière générale, toujours à prendre avec des pincettes.
22:11 Pour les européennes, ça reste quand même un scrutin très particulier.
22:15 Il y a un seul tour, donc il n'y a pas de vote utile.
22:17 Donc les gens se décident plus au dernier moment
22:20 et avec moins l'idée de "ok, je vais voter pour un tel
22:23 parce que je ne veux pas que ce soit un deuxième tour, un tel, un tel".
22:27 Donc l'électorat est très flottant,
22:30 il n'y a pas de...
22:32 Les sondages sont encore moins représentatifs.
22:36 Je vois qu'il y a quelqu'un qui dit que glucksmann était très populaire sur les réseaux.
22:40 Et également dans le 11e et 12e arrondissements.
22:42 Et qu'est-ce que j'allais dire, très populaire sur les réseaux,
22:44 mais sur quel réseau ?
22:46 Sur Instagram.
22:47 Et en fait, ça veut dire beaucoup.
22:48 Ce n'est pas Facebook,
22:49 c'est-à-dire que ce n'est pas ce qu'on appelle la France profonde.
22:51 Il est populaire chez les jeunes de Sciences Po.
22:55 Aujourd'hui, Instagram, ça va au-delà de ça,
22:57 mais c'est quand même un électorat particulier.
22:59 Après, c'est celui qui se mobilise le plus pour les Européennes.
23:02 Mais bon, il faut relativiser un peu sa popularité, je pense.
23:06 Mais comment on explique justement qu'il n'arrive pas à percer,
23:09 à dépasser un petit peu sa bulle et à parler,
23:12 en effet, un peu plus à la France profonde, comme tu disais ?
23:15 Alors déjà, il y a une question d'image.
23:19 Il apparaît en tout cas aujourd'hui vraiment comme le représentant
23:22 d'une élite un peu déconnectée.
23:24 C'est un fils d'intellectuel, de philosophe,
23:29 qui a le parcours Henri IV, Sciences Po.
23:32 Alors c'est du mérite, mais il n'apparaît pas comme très ancré.
23:38 Il ne s'est jamais trop...
23:40 C'est quelqu'un qu'on a surtout identifié sur les sujets internationaux
23:44 et ce qu'on appelle un peu les sujets moraux,
23:46 mais moins sur les sujets sociaux.
23:49 Ce qu'il commence à essayer de faire.
23:52 Mais il n'est pas identifié comme tel.
23:54 Et après, il faut aussi dire que là, sur le mois qui vient de se dérouler,
23:57 il n'a pas non plus été aidé par le Parti socialiste qui le soutient,
24:02 avec lequel il y a des négociations compliquées
24:06 pour la constitution de la liste et l'ordonnancement des places
24:10 et qui le tire un peu vers le bas.
24:14 Et pourtant, le Parti socialiste aurait sûrement intérêt
24:16 à ce qu'il fasse le meilleur score possible aux européennes ?
24:18 Pas forcément.
24:20 En gros, normalement oui.
24:24 Sauf que Olivier Faure, le chef du parti,
24:28 est un partisan de l'Union de la gauche depuis longtemps
24:31 et aspire à une candidature commune en 2027.
24:35 Et sa crainte, alors il ne le dira pas, mais je pense qu'on peut le dire,
24:41 c'est que Glucksmann arrive très haut
24:43 et que toute une bande de socialistes qui rêvent que d'une chose,
24:46 c'est de revivre la grandeur socialiste passée
24:49 et donc d'avoir un candidat socialiste à la présidentielle,
24:52 viennent couper court à ce projet d'union
24:54 qui nécessite d'avoir un peu l'humilité de dire
24:56 "en fait, ça ne sera peut-être pas un socialiste"
24:58 et disent "regardez, on a écrasé tout le reste de la gauche,
25:01 il faut avoir un candidat et on oublie les aspirations unitaires".
25:07 Je vois que le tchat est très très chaud sur Glucksmann
25:10 et il y avait notamment une remarque...
25:13 Il est populaire sur Twitch alors aussi.
25:14 Oui, apparemment il est populaire aussi sur Twitch.
25:16 Je ne sais pas s'il a déjà sa chaîne Twitch,
25:17 mais en tout cas, il devrait peut-être la lancer.
25:19 Mais il y avait une remarque qui me faisait penser à ce dont on avait discuté aussi,
25:23 Sylvain, en préparant cette émission.
25:24 Voilà, c'est de Pierre-Yves qui nous dit "au niveau programme, on en sait plus
25:27 et au lieu de parler incarnation, il faudrait surtout s'axer sur le programme".
25:30 Il pose cette question-là,
25:32 mais ça me remets à ce que tu me disais aussi,
25:34 c'est que l'une des particularités quand même de ce scrutin européen,
25:36 c'est que ça joue beaucoup quand même justement sur l'incarnation.
25:38 Oui, puisque ce qu'on disait tout à l'heure,
25:40 c'est que le fonctionnement du Parlement européen
25:44 fait qu'on peut présenter un programme,
25:46 mais pour l'appliquer après, c'est compliqué
25:49 puisque ça ne va être que par le truchement d'alliances, de groupes,
25:52 si on décide une fois l'élection passée.
25:55 Lundi, en réunion de service,
25:59 on se demandait d'ailleurs quels pouvaient être les projets qui étaient en attente
26:03 et qui pouvaient être validés ou invalidés du fait de l'élection.
26:08 Et celui qui est ressorti, c'était l'interdiction des voitures thermiques.
26:12 Ça peut être des sujets quand même très précis,
26:14 mais ces politiques ne vont pas faire campagne sur "votez pour moi"
26:18 et les voitures thermiques ne sont pas interdites en Europe
26:21 parce que de toute façon, ça ne serait pas audible.
26:25 Et en plus, c'est ce que je disais avec le fonctionnement du Parlement européen,
26:29 c'est beaucoup plus compliqué que le Sommet national français
26:32 où on est élu sur un programme,
26:34 après on charge ceux qui sont élus de l'appliquer ou pas.
26:37 Mais ce n'est quand même pas le même fonctionnement.
26:41 - Jugraff qui nous dit "difficile de sortir un duel pour les européennes,
26:45 ça se joue sur un tour".
26:46 C'est vrai que c'est quand même une particularité de ce scrutin,
26:48 c'est qu'on n'est que sur un tour,
26:49 donc c'est encore peut-être plus important d'avoir des visages installés,
26:53 reconnus aussi dans l'espace public.
26:57 Et j'ai l'impression qu'à gauche,
26:58 c'est vrai qu'en effet, on le disait un petit peu,
26:59 pour l'instant on en manque un petit peu.
27:00 Et même quand on a un Glucksmann qui est pourtant assez connu
27:03 et reconnu quand même dans l'opinion publique,
27:05 on a du mal à le faire percer plus que ça.
27:07 - Après, attends, franchement, la candidate LREM,
27:10 même moi, j'arrive pas à retenir son nom.
27:13 Elle n'est pas beaucoup plus identifiée.
27:15 - C'est vrai qu'en plus, on va en parler justement,
27:17 parce qu'en préparant l'émission,
27:18 justement, je te posais la question, Sylvain,
27:20 on parlait de l'émission
27:22 et puis on parlait un petit peu quand même des différentes têtes de liste.
27:24 Et c'est vrai qu'à un moment, je me dis,
27:25 mais en fait, qui est la tête de liste des européennes ?
27:28 Parce que du coup, je me rappelle déjà difficilement
27:30 de qui était la tête de liste précédente,
27:31 qui était Nathalie Louiseau.
27:33 Là, cette fois, ce n'est donc plus elle qui va être la tête de liste de LREM.
27:36 Qui va être cette tête de liste ? Est-ce qu'on le sait déjà ?
27:39 - Alors, logiquement, ça a été annoncé par la Tribune Dimanche.
27:42 Ça devrait être donc Valérie Hayé,
27:44 qui est la présidente du groupe Renew au Parlement européen.
27:47 Donc déjà, ça, quasiment tout le monde l'ignorait.
27:51 Et donc, c'est une personne qui n'est absolument pas connue
27:55 par rapport aux autres têtes de liste.
27:57 Bardella, excusez, même Manon Gris a maintenant une notoriété.
28:03 Glucksmann.
28:04 Donc, elle sort, le parti présidentiel présente quelqu'un
28:08 qui n'est pas du tout connu.
28:11 Ça devait être à un moment...
28:12 - C'est surprenant que ce soit quelqu'un d'aussi peu connu du grand public
28:15 qu'on érige en tête de liste ?
28:18 - Oui et non.
28:20 Pour un parti présidentiel, oui, c'est un peu surprenant.
28:23 La dernière fois, c'était Nathalie Louiseau.
28:24 Alors, on l'a oublié, mais Nathalie Louiseau,
28:26 avant d'être tête de liste, elle était au gouvernement.
28:29 Là, ça aurait dû être logiquement Séjourner.
28:32 C'est lui qui avait la légitimité.
28:33 - Qui est un peu plus connu.
28:34 - Oui, je ne suis pas sûr que le grand public connaisse beaucoup Séjourner,
28:41 mais au moins, il avait plus grand aura, on va dire,
28:44 politico-médiatique que Valérie Ayé.
28:47 Mais après, elle remplit les cas.
28:49 Elle est jeune, elle est fille d'agriculteur,
28:53 ce qui, vu le contexte, peut aider.
28:56 Elle est spécialiste des questions financières, paraît-il.
29:02 Et elle a eu droit à des portraits où son entourage la décrit
29:06 comme quelqu'un qui bosse vraiment.
29:08 On s'amusait à l'AREDA, en se disant, on attend le jour où on aura un portrait
29:12 où on décrira quelqu'un comme une bonne candidate,
29:15 mais par contre, elle fourette.
29:16 - Elle ne bosse pas, mais elle fourette.
29:17 - On a encore envie de parler de Glucksmann dans le chat.
29:20 Vous êtes vraiment très très chaud sur Glucksmann.
29:23 - La gauche n'existe pas, à part ici.
29:25 - Elle existe ici, sur le tweet de Libération.
29:28 Parce que je voulais revenir là-dessus.
29:29 Je ne sais pas si vous pouvez répondre et confirmer ce que nous dit Jougraph.
29:33 Glucksmann est plus présent à l'Assemblée de l'Union européenne
29:35 que tous les autres réunis.
29:37 On parle de sa présence.
29:40 - Tous les autres eurodéputés français, je ne sais pas,
29:42 mais en tout cas, c'est vraiment...
29:45 Le Parlement européen, ça a été pour beaucoup d'élus...
29:51 - C'est souvent un placard.
29:52 - Voilà, j'allais dire une planque, ce n'est pas une planque.
29:55 - Je ne suis pas en témoigné.
29:57 L'intérêt du Parlement européen, ce n'est pas souvent un signe de progrès politique.
30:02 Glucksmann a réussi à confirmer ça.
30:04 - Et il y en a qui le vivent vraiment mal.
30:06 Parce qu'il n'y a pas de caméra, il n'y a pas d'attention médiatique.
30:08 Les politiciens en général aiment bien.
30:11 - C'est très technique.
30:13 - Et pour le coup, Glucksmann, je pense vraiment, a aimé son mandat.
30:20 C'est ce qu'il dit, c'est ce qu'il a en ressort.
30:23 - Il a réussi en plus à porter le thème des Ouïghours.
30:27 C'est quand même mieux qu'il l'a porté pendant des mois, voire des années.
30:29 Il a réussi à le médiatiser, ce qui n'était pas gagné d'avance.
30:33 Donc oui, c'est ce qu'il dit, il a réussi à aimer son mandat.
30:37 Et peut-être à faire aimer aussi, on se dit, ça peut être ça aussi le Parlement européen.
30:41 - Et puis c'est vraiment un Européen convaincu.
30:46 Qui pense qu'en fait, c'est à cette échelle qu'on peut agir.
30:51 Ce qui n'est pas le cas de tout le monde, notamment à gauche.
30:54 - Il y a TheBlog22 qui nous dit dans le chat, en parlant justement de Glucksmann,
30:58 on dirait même un Macron des débuts par moment.
31:00 Le côté jeune prodige bien aimé de la gauche bourgeoise
31:02 et pas trop radical pour le centre, voire la droite.
31:04 Que pensez-vous de cette remarque de TheBlog22 ?
31:07 - C'est un bon résumé, oui.
31:10 - Mais il manque peut-être un peu quand même de la hype de Macron, j'ai l'impression.
31:14 - La hype de Macron, elle arrive tard.
31:16 Elle arrive parce qu'il y a des casseroles dès que Fillon se déplace.
31:19 Et que du coup, il apparaît comme "Oh tiens, qui est cette personne ?"
31:25 Oui, après ça va très vite.
31:27 Mais si on fait le match 2017,
31:30 pas grand monde ne misait sur Macron avant l'élection du Canard.
31:36 C'est un empeiné là.
31:38 - Après, pour être vraiment juste,
31:41 moi j'avais un peu cette image de Glucksmann,
31:44 parce qu'il a eu un passé un peu libéral.
31:47 Et franchement, il s'en est quand même vraiment détaché.
31:50 C'est pas ce qu'on trouve de plus à gauche à gauche, mais c'est pas Macron.
31:53 - Oui, ok.
31:55 Sur le fond, il y a vraiment une vraie différence entre Renaissance et Glucksmann.
32:00 - Oui.
32:01 - Ok.
32:02 Pour en revenir juste aussi rapidement sur Valérie Hayé,
32:04 le fait que ça tarde autant à ce qu'elle soit vraiment installée officiellement,
32:10 est-ce que ça peut vouloir dire aussi que Renaissance doute un petit peu du fait de l'installer ?
32:14 Ou est-ce que ça peut juste s'expliquer par d'autres choses ?
32:16 Vous qui êtes aussi un peu dans les coulisses de cette vie politique,
32:19 comment est-ce que vous voyez ça évoluer ?
32:21 Comment est-ce que vous voulez expliquer le fait que ça tarde un petit peu à officialiser cette annonce ?
32:24 - Alors, je n'étais pas du tout dans les coulisses de l'annonce,
32:28 qui n'est d'ailleurs pas officielle.
32:31 Non, ce qu'on peut dire au moins,
32:34 c'était que Renaissance tardait à annoncer et donc à entrer en campagne.
32:41 Ça, c'était pour reprocher d'ailleurs.
32:44 On a vu aussi par exemple Edouard Philippe qui critiquait ça.
32:49 C'est plus comme ça qu'il faut, à mon avis, l'analyser.
32:51 Après, oui, c'est toujours mettre une tête de lisse, c'est toujours très compliqué.
32:56 - On parait d'un Clément Beaune à un moment.
32:58 - Oui, Clément Beaune, Bruno Le Maire qui a été poussé à prendre la tête de lisse,
33:03 mais qui ne le faisait pas.
33:04 On évoquait Jean-Hugo Drian,
33:06 ce qui aurait fait un peu contre-programmation à côté de Bardella, de Aubry et de Guzman.
33:13 Il y a des noms comme ça qui ont circulé,
33:15 mais les noms qui circulent, on sait aussi que c'est toujours des choses à prendre avec des pincettes.
33:22 Tant qu'il n'y a pas d'officialisation, là, on sait que ça va être réel,
33:27 sauf un trombement improbable de situation.
33:30 Et voilà, la campagne va pouvoir vraiment démarrer.
33:34 Jusque là, Renaissance pouvait se cacher et envoyer au charbon Attal et Macron.
33:41 Là, Valéry Eiffel va devoir y aller.
33:44 - On peut parler aussi des autres visages qui, eux, des personnalités politiques,
33:47 des têtes de liste, qui sont, eux, déjà bien installés,
33:49 officiellement en tout cas installés comme tête de liste.
33:52 À gauche, on le disait, il y a Manon Aubry, c'est pour la France insoumise.
33:55 Il y a aussi Marie Toussaint pour les écolos.
33:57 Et donc, on parlait de Raphaël Glucksman pour le Parti socialiste,
34:00 de Léon Desfontaines pour le Parti communiste.
34:03 Aujourd'hui, dans les sondages, ils se situent tous,
34:05 à part le Parti communiste qui est un peu en dessous,
34:07 tous autour des 10 %.
34:08 - Un peu en dessous, oui. On va dire autour des 10 %.
34:11 - Et quel est le visage ou la personnalité, la tête de liste,
34:14 qui pourrait, selon toi, Charlotte, tirer le plus son épingle du jeu
34:17 et le plus ressortir de ce match à trois, du coup,
34:21 entre les différentes listes de gauche ?
34:23 - Franchement, c'est difficile.
34:24 Je ne peux pas faire des prédictions comme ça à six mois.
34:27 Il y a trois semaines, je t'aurais dit Glucksman.
34:29 Et en même temps, il y a eu une telle...
34:32 Glucksmania, il a eu tellement d'espace médiatique
34:35 pour finalement peu d'effet dans les sondages
34:39 que j'en viens un peu à douter.
34:43 Après, ce que je dirais, c'est que ce n'est pas tout à fait le même électorat LFI,
34:47 EPC, EPS et les écolos.
34:50 Parce que surtout sur la question européenne,
34:52 ils ont quand même des positions très différentes.
34:56 Alors après, la question, c'est qui prend le dessus
34:58 entre les écolos et les socialistes ?
35:02 Sur cette ligne un peu, on va dire, deuxième gauche,
35:06 j'ai quand même tendance à penser que Glucksman va...
35:10 va être au-dessus de Marais-Toussaint.
35:12 Mais comme on disait tout à l'heure,
35:14 début mai, Jadot, il a 6 %, et puis...
35:18 - Il n'y a plus de 13. - Deux fois plus.
35:19 - Oui, c'est qu'en plus, les européennes sont un scrutin porteur pour LFI.
35:25 Et ça, depuis des années,
35:28 donc c'est difficile de faire des prédictions de toute façon.
35:33 Et les sondages, comme on disait tout à l'heure, valent ce qu'ils valent.
35:39 Vous les prendre pour une image donnée à un moment donné,
35:44 mais ce n'est pas révélateur.
35:47 - Je pense quand même que Glucksman fait une bonne campagne.
35:48 Et en 2019, il avait fait 6 %, c'était peu,
35:52 mais il n'était pas à l'aise.
35:53 Je ne sais pas si vous vous souvenez,
35:55 c'était compliqué pour lui en plateau, en débat.
35:58 Et il le dit aujourd'hui, qu'il était mauvais, qu'il avait peur,
36:02 qu'il n'était pas à l'aise,
36:04 qu'il s'excusait tout le temps de tout, d'être là.
36:09 Et je trouve que ce n'est plus le cas aujourd'hui.
36:10 Je trouve que dans les médias, il a...
36:12 - Il a progressé. - Oui.
36:14 - Et concernant la France insoumise,
36:16 moi j'avoue que j'étais un peu surpris
36:17 quand je me suis aussi replongé dans les résultats des dernières européennes.
36:20 Alors ça s'explique aussi par le fait que les écolos, du coup,
36:22 étaient plus élevés qu'à d'autres scrutins.
36:25 Et finalement, Manon Aubry avait fait un score assez faible quand même
36:27 aux dernières européennes.
36:28 C'était aux alentours de 6%, si je ne dis pas de bêtises.
36:31 Comment est-ce qu'on l'explique, le fait que la France insoumise
36:33 fasse des scores aussi peu élevés aux élections européennes,
36:35 alors que Jean-Luc Mélenchon a déjà fait des scores
36:39 beaucoup plus élevés lors des élections présidentielles, par exemple.
36:42 Même lors des législatives,
36:43 il avait fait des scores un peu plus élevés.
36:44 Enfin, même si c'est difficile de comparer.
36:46 Est-ce qu'on peut s'attendre à ce que la France insoumise
36:48 fasse encore un score aussi faible
36:49 ou est-ce qu'on peut s'attendre à ce qu'il fasse un score plus élevé ?
36:51 Comment est-ce que vous voyez ça ?
36:53 Tu as tout dit quand tu as dit
36:54 Jean-Luc Mélenchon fait des bons scores à la présidentielle.
36:57 LFI, en fait, ce n'est pas que les européennes de 2019.
37:01 Ils n'ont jamais fait de bons résultats.
37:03 Ce qu'on appelle les élections intermédiaires.
37:04 C'est un mouvement qui surperforme à la présidentielle,
37:08 notamment parce qu'il repose beaucoup sur Mélenchon,
37:10 qui est excellent en campagne présidentielle,
37:13 mais qui déjà a délaissé le local.
37:19 Ils n'ont pas beaucoup construit au niveau local, municipal, départemental,
37:21 régional, donc ils ne font jamais de très bons résultats non plus sur ces scrutins.
37:26 Et par ailleurs, sur les européennes, comme on disait tout à l'heure,
37:29 c'est quand même une élection qui mobilise plutôt les classes sociales élevées.
37:36 Eux, ils parlent même d'élections censitaires.
37:39 Donc, ce n'est pas trop leur électorat qui est plutôt aujourd'hui constitué
37:43 des parties populaires et des classes populaires.
37:46 Et je pense qu'ils ne s'attendent pas à faire beaucoup mieux
37:50 parce que dès maintenant, ils commencent à dire
37:54 "de toute façon, ce n'est pas notre élection".
37:56 Donc, quand tu commences à dire ça au mois de février,
37:59 ça veut dire que tu prépares le terrain d'un résultat qui ne sera pas fabuleux.
38:02 Mais alors, pourquoi est-ce qu'ils n'ont pas du coup milité aussi
38:04 pour faire des listes communes ou une liste commune avec d'autres parties de gauche ?
38:08 Parce que là, finalement, s'ils font tous en dessous de 10 %
38:11 et qu'eux-mêmes ne prennent pas cette élection très, très, très au sérieux,
38:15 à quoi bon finalement ?
38:16 Alors pour le coup, les Insoumis, il y a un truc qu'on ne veut pas leur enlever.
38:19 Jusqu'au bout, ils se sont battus pour avoir une liste unique auto-européenne.
38:23 Ils ont même proposé de laisser la tête de liste de cette liste unique au vert,
38:29 qui était en tête de la gauche en 2019.
38:33 Ils ont vraiment, jusqu'au bout, ils ont tout fait pour.
38:37 Les écolos les ont même traités de forceurs.
38:39 Ils ont tout fait.
38:42 Le non est plutôt venu initialement des écolos
38:45 qui ont été suivis par les socialistes, qui ne pouvaient pas,
38:49 notamment par rapport à leur parti,
38:52 justifier d'une alliance avec seulement les Insoumis.
38:55 C'est tous ensemble ou rien.
38:58 Est-ce qu'on peut s'attendre à ce qu'un François Ruffin,
39:00 par exemple, qu'on évoquait tout à l'heure aussi,
39:02 comme personnalité politique à gauche, qui est peut-être celle qui est la plus populaire,
39:05 ou en tout cas qui essaye de tirer le mieux son épingle du jeu
39:08 dans ces différentes parties de gauche,
39:09 est-ce qu'on peut s'attendre à ce qu'il prenne plus d'importance,
39:11 plus de place dans cette campagne électorale européenne
39:13 pour essayer de peser en faveur de Manon Rombry ?
39:16 Je crois pas.
39:17 Je pense que...
39:18 Enfin, j'ai l'impression que là, pour l'instant, l'idée...
39:22 Alors déjà, Ruffin, il a une place particulière à LFI.
39:26 Il siège dans le groupe LFI,
39:29 mais il a toujours eu un peu d'indépendance par rapport au mouvement.
39:32 Et il fait aujourd'hui partie de ce qu'on appelle les "frondeurs".
39:36 Donc, Miracle Garido, Corbière, Rautin, Ruffin,
39:40 qui sont des personnalités qui ont été un peu évincées de la direction
39:44 il y a un peu plus d'un an et qui depuis sont critiques
39:48 et du fonctionnement de LFI et de son manque de démocratie
39:52 et de la stratégie, on va dire, du bruit et de la fureur de Mélenchon.
39:57 Donc, déjà, je le vois mal aller en première ligne pour défendre la liste.
40:03 Et par ailleurs, en fait, c'est une période qui va être très compliquée
40:06 pour tous ceux qui aspirent à l'unité en 2027,
40:08 puisque par définition, vu qu'ils sont tous concurrents,
40:12 c'est un truc où ils vont tous vouloir se différencier les uns les autres à gauche,
40:14 donc se taper dessus, sans pour autant entacher les chances de l'union après.
40:20 Donc, en fait, tous ceux qui sont pour l'union vont un peu se planquer pendant trois mois.
40:25 Je pense.
40:26 Pour parler aussi d'autres listes qui avancent aussi parfois isolées,
40:31 c'est aussi finalement le cas à l'extrême droite.
40:33 Pour basculer un peu de l'autre côté de l'échiquier politique,
40:38 on voit notamment que Reconquête va y aller de son côté sans s'unir avec le Rassemblement national,
40:44 donc avec Marion Maréchal en tête de liste.
40:47 Est-ce qu'on pouvait s'attendre ?
40:48 Est-ce qu'on peut encore s'attendre ou pas à une union ?
40:50 Ou est-ce que c'est sûr que ce n'est pas possible et que Reconquête va y aller simplement de son côté ?
40:54 On ne peut pas s'attendre à une union maintenant.
40:56 Après, Reconquête et Marion Maréchal voulaient chercher aussi l'union des droits,
41:02 de toute façon, c'est leur état.
41:03 Même avec LR aussi.
41:04 Oui, c'était LR, c'était le RN.
41:06 Une chance que ça fonctionne et une chance que ça n'aboutisse.
41:10 Mais comme c'est leur leitmotiv depuis la création de Reconquête,
41:14 qu'ils ne gagneront que par l'union des droites,
41:17 c'est évident qu'ils allaient le proposer.
41:20 Ils se situent comment, eux, pour l'instant, dans les sondages, la liste Reconquête ?
41:25 Il me semble qu'elle doit plafonner entre 6 et 8, jeudi peut-être,
41:30 mais il me semble que c'est comme ça.
41:31 Et ça va être leur première élection européenne ?
41:35 Leur première élection pour Reconquête.
41:37 Et sur une autre liste que j'ai vue,
41:41 c'est moi, mais je pense que c'était dans un article de chez Paul peut-être,
41:45 qui faisait remarquer qu'on avait une autre liste,
41:47 c'est peut-être difficile de les classer,
41:50 en tout cas, c'est à toi de dire comment on peut les classer.
41:52 Je parle de la liste de Francis Lalanne et de Dieudonné,
41:57 qui vont également se présenter aux élections européennes.
41:59 C'est quoi cette liste ? Est-ce que c'est une congéniture anecdotique ?
42:02 Qu'est-ce que ça veut dire ?
42:04 Qu'est-ce que ça veut dire ?
42:06 Ça veut dire que Dieudonné et Lalanne s'entendent suffisamment pour présenter une liste,
42:13 ce qui révèle pas mal de choses sur Francis Lalanne.
42:16 Parce que Dieudonné, on savait déjà un bruit, que ça vaut sur le fond.
42:22 Lalanne, on n'avait plus trop de doutes non plus.
42:25 Là, on a une confirmation claire et nette.
42:28 Après, que dire de plus sur cette liste ?
42:33 Ce sont des gens qui veulent profiter d'une élection pour faire parler d'eux.
42:41 Ça marche puisque c'est ce qu'on est en train de faire.
42:44 Après, sur le fond, il n'y a pas grand chose à dire de ces personnes-là.
42:48 Je voulais voir un petit peu aussi avec vous,
42:51 nous intéresser aussi à ces prochains mois et donc à cette élection européenne qui arrive,
42:54 et en se posant un petit peu la question aussi de la situation
42:56 dans les autres pays européens pour essayer de voir un petit peu la tendance aussi actuellement.
43:00 Quelle est-elle cette tendance ?
43:01 Est-ce que c'est la même aussi qu'on observe celle en France ?
43:05 C'est-à-dire que le rassemblement national et donc l'extrême droite est plutôt bien placé,
43:08 semble réaliser un score, en tout cas se dirige vers un score qui serait encore plus élevé
43:13 que celui des dernières élections.
43:14 Comment est-ce que ça se passe dans d'autres pays européens
43:16 et du coup à l'échelle européenne en termes de rapports de force politique ?
43:20 Alors c'est difficile de parler pour les élections.
43:23 Après, on a vu pour les élections européennes,
43:25 c'est difficile de se prononcer et de dire quelle est la dynamique.
43:28 Je vais difficilement pouvoir dire quelle est la dynamique en Autriche ou en Allemagne.
43:33 Après, ce qu'on voit, c'est qu'il y a d'une manière générale,
43:35 on schématise beaucoup, l'extrême droite a tendance à monter en Europe,
43:40 on l'a vu aux Pays-Bas dernièrement,
43:42 on l'a vu aussi avec l'élection de Mélanie en Italie,
43:46 on le voit aussi en Allemagne où il y a beaucoup de manifestations contre l'extrême droite.
43:51 Donc oui, c'est un mouvement de fond qui fait que l'extrême droite revit,
43:59 ou en tout cas, s'affirme de plus en plus
44:02 et a tendance à prendre de plus en plus de poids politique en Europe.
44:06 Est-ce que ça se traduira au Parlement européen ?
44:11 Parce que personnellement, j'ai encore des doutes sur une concrétisation de...
44:16 je n'imagine pas une majorité d'extrême droite au Parlement européen.
44:20 Mais après, oui, ça va dessiner des rapports de force,
44:23 et dans les alliances qu'il y aura sur les compositions des différents groupes.
44:29 Et puis ça peut surtout avoir une influence en interne sur la France.
44:34 La dernière élection avait entraîné la démission du président de l'ELR, Laurent Brocquier.
44:43 Ça, il ne faut pas l'oublier,
44:45 c'était en 2019, Laurent Brocquier était parti parce que son parti avait fait moins de 10%.
44:50 Invalidant du coup la stratégie très droite de l'ELR,
44:54 et on est 5 ans plus tard,
44:59 et on voit que l'ELR est toujours dans une stratégie droite,
45:02 en faisant de Laurent Brocquier son candidat pas totalement naturel, mais presque.
45:08 Donc c'est peut-être plus ça qui va avoir un intérêt après,
45:11 sur les conséquences à droite, à gauche, comment ça va dessiner aussi,
45:18 sur les alliances, sur les orientations politiques, sur les choix,
45:22 ce que tu disais tout à l'heure après,
45:24 sur comment les gauches vont mieux se parler, après s'être tapé dessus.
45:30 Mais après, juste si je peux faire une parenthèse,
45:34 sur les choix de partir seul,
45:36 on sait que ça a été beaucoup un débat,
45:38 Charlotte tu m'arrêtes si je dis des conneries, ce qui n'est pas du tout impossible,
45:42 mais le fait de séparer à gauche,
45:46 n'est pas forcément une mauvaise chose pour la gauche,
45:48 ça serait une mauvaise chose parce que le soir, le dimanche soir,
45:52 on va dire "ah ben Renaissance se fait 30%"
45:55 et le RER fait 30% et la gauche, ça sera divisé.
46:00 Mais sauf qu'en fait au Parlement européen, ça ne va pas fonctionner comme ça,
46:02 et ça aurait été compliqué que LFI et Lévers partent ensemble,
46:08 sachant qu'ils ne sont pas dans les mêmes groupes au Parlement européen,
46:10 sachant que les socialistes ne sont pas au même groupe.
46:14 Donc quel aurait été cet agglomérat,
46:18 ça a marché avec la nupèce aux législatives,
46:20 sur un projet de gouvernement,
46:22 mais ça aurait marché au niveau européen,
46:26 ce n'est pas sûr.
46:28 Dès là on parle un peu des autres tendances,
46:32 dans les autres pays européens,
46:33 c'est sur les gauches au niveau européen,
46:36 comment est-ce qu'elles vont,
46:38 sont-elles un peu plus audibles qu'en France,
46:40 ou subissent-elles la même chose qu'en France,
46:42 c'est-à-dire qu'on peine à les entendre dans l'espace public ?
46:45 À l'échelle européenne,
46:47 il y a des pays où les socialistes sont moins faibles que chez nous,
46:55 qui sont beaucoup pris en exemple par les socialistes,
46:59 qui y voient une raison de se donner un peu d'espoir,
47:03 mais globalement, je ne sais pas ce que tu en penses,
47:06 mais la gauche est quand même plutôt faible.
47:08 On a déjà vu dans le chat,
47:10 l'Espagne par exemple,
47:11 en Espagne la gauche se porte mieux qu'en France ?
47:13 Oui, oui, oui.
47:15 Elle va faire ce qui se portait moins bien que la gauche en France.
47:19 Merci Charlotte et Sylvain d'avoir été avec nous pour discuter politique,
47:26 on va essayer d'instaurer ce rendez-vous politique,
47:28 alors avec vous et d'autres journalistes aussi,
47:30 en politique de libération,
47:31 puisqu'on a pas mal de journalistes politiques aussi à Libération,
47:34 qui sont capables de revenir un petit peu sur l'actualité politique du moment.
47:37 Merci beaucoup d'avoir joué le jeu avec nous.
47:40 Merci.
47:42 Sous-titres réalisés para la communauté d'Amara.org
47:45 [Musique]