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00:00 *Générique*
00:15 Bonsoir à tous, c'est le dernier régime stalinien au monde.
00:20 Mais à quoi joue Kim Jong-un en Corée du Nord ?
00:23 On se pose la question dans Droit de Suite pour commencer un documentaire,
00:27 le dernier prince rouge, bon doc, et je vous retrouve juste après avec son réalisateur Anthony Dufour,
00:32 mais aussi la journaliste Juliette Morillot, l'historien Pierre Rigoulot et la chercheuse Françoise Nicolas
00:37 pour se demander s'il faut avoir peur aujourd'hui de la Corée du Nord.
00:41 *Générique*
01:01 Sur les images de la propagande nord-coréenne, il ressemble à l'heureux gagnant du concours du meilleur job du monde.
01:07 *Musique*
01:15 A chaque sortie, il a l'air émerveillé d'être là, de découvrir ce fabuleux pays que ses parents ont construit pour lui.
01:22 *Musique*
01:25 Un pays où il doit un peu tout faire lui-même, dessiner les plans des nouveaux quartiers de Pyongyang,
01:31 faire le maître nageur pour la jeunesse nord-coréenne,
01:35 goûter les biscuits qui vont inonder les magasins du régime,
01:41 superviser la croissance des poussins dans les fermes d'Etat,
01:46 et même donner des instructions dans les salons de coiffure.
01:51 Des journées harassantes où il trouve tout de même le temps d'aller essayer les derniers manèges du parc d'attraction de la capitale.
01:59 Ces images absurdes, amusantes ou terrifiantes, ce sont les seules dont on dispose aujourd'hui pour comprendre ce jeune homme qui dirige une puissance nucléaire.
02:10 Kim Jong-un ne donne pas d'interview, alors nous avons choisi d'aller à la rencontre de ceux qui le connaissent le mieux, pour tenter d'en faire son portrait.
02:20 [Musique]
02:41 C'est un voyage qui commence au milieu des Alpes suisses,
02:45 Aberne, la capitale de la Confédération Helvétique.
02:49 C'est ici qu'est installée l'une des plus importantes communautés nord-coréennes à l'étranger.
02:55 Une communauté discrète, dont les activités ont pourtant attiré l'attention d'un enquêteur du consortium des journalistes d'investigation.
03:03 [Musique]
03:07 Ça s'explique historiquement, la Suisse, pays neutre, la Suisse, pays de loin nu à Genève, des organisations internationales,
03:17 et les nord-coréens ont toujours eu, par ce biais là, accès à la Suisse.
03:22 Et probablement le côté paisible de la Suisse, le respect de la sphère privée, il y a beaucoup d'enfants, de gens célèbres qui viennent suivre une scolarité en Suisse.
03:35 Donc c'est probablement les mêmes raisons qui ont poussé Kim Jong-il à placer ses enfants en Suisse.
03:41 [Musique]
03:43 Sur ces documents de l'administration helvétique, on retrouve la trace d'un certain M. Pak, pour qui l'ambassade de Corée du Nord en Suisse demande un visa et une affectation à Berne en 1992.
03:56 Sur sa demande de visa, trois enfants, Chol, Un et Myang. Les prénoms sont à peine modifiés, les dates de naissance correspondent.
04:05 Les enfants de M. Pak seraient en fait les enfants de Kim Jong-il, le dictateur nord-coréen.
04:11 [Musique]
04:14 On savait que ces enfants étaient là, on connaissait leur vraie identité, mais pour les autorités suisses, ce n'était pas un problème.
04:22 C'était même perçu comme plutôt une opportunité.
04:25 Pourquoi ?
04:27 Pour garder le lien avec ce pays qui avait déjà rompu à l'époque tout lien avec l'étranger.
04:32 [Musique]
04:37 Pendant une année, la drôle de famille habite ici, à l'ambassade, située dans une banlieue résidentielle de Berne.
04:43 [Musique]
04:46 Le plus âgé, Chol, suit une scolarité à l'école internationale voisine, un établissement pour enfants de diplomates et d'hommes d'affaires.
04:54 [Musique]
04:58 Son frère, Un, est inscrit dans un autre établissement, une école publique de la ville.
05:03 Il parle allemand avec ses camarades de classe, et après quelques mois difficiles, on le dit bagarreur et solitaire, il se fait finalement quelques amis suisses et s'intègre dans la vie scolaire.
05:15 [Musique]
05:22 Le rendement scolaire de ce garçon n'était pas mauvais.
05:27 Il était parfois médiocre et parfois correct.
05:31 Il était très engagé dans le sport, très intéressé surtout dans le basketball.
05:38 C'est un sport qui le passionnait et pour lequel il était plutôt doué.
05:44 [Musique]
05:49 A cette époque, la famille Pach a emménagé dans un appartement banal près de l'école.
05:54 Impossible de le visiter.
05:57 Mais les photos sont disponibles sur le site d'une agence immobilière.
06:01 Un intérieur classique de famille moyenne.
06:04 [Musique]
06:08 Dans ce quartier, les enfants mènent une vie plus libre avec leurs amis.
06:13 Ils reçoivent parfois des cours sur la démocratie helvétique à l'école.
06:17 Ils iront même visiter le parlement suisse.
06:21 Ensuite, il s'est fait des amis. Il y en a même certains qui ont expliqué qu'ils étaient invités chez lui pour jouer à la Game Boy, etc.
06:29 On sait aussi que Kim Jong-un jouait souvent au basketball avec des camarades du quartier, pas forcément de sa classe.
06:38 Qu'il y allait pratiquement tous les soirs.
06:41 Et puis que c'était un joueur tout à fait agréable, comme tous les enfants de cet âge-là.
06:48 Les images du jeune Pak-Hun et de Kim Jong-un semblent très différentes.
06:53 Comment alors être certain qu'il s'agit du même homme qui aurait ainsi passé toute son adolescence en Suisse ?
06:59 Des experts de l'identité judiciaire ont comparé les deux images.
07:03 Écartement du visage, oreille, dentition. Le doute ne semble pas permis.
07:10 Et puis les services secrets suisses avaient repéré un autre indice.
07:17 Régulièrement, une Nord-Coréenne du nom de Ko Young-hee atterrissait en Suisse en avion privé.
07:24 Les agents helvétiques qui la prenaient en filature craignaient un trafic de métaux précieux.
07:29 Mais la vérité était tout autre.
07:32 Elle arrivait, elle restait généralement 2, 3, 4 mois.
07:40 Et elle dormait à la maison aussi, mais elle faisait très régulièrement aussi des virées shopping dans des grandes capitales européennes.
07:51 Ou alors il y avait des réunions de famille qui étaient organisées.
07:55 On m'a rapporté une réunion de famille qui a eu lieu à Interlaken, dans un hôtel par exemple,
08:00 où ils louaient une partie de l'hôtel et ils se retrouvaient en famille.
08:05 Dans les années 90, la vie privée de Kim Jong-il était un secret d'Etat.
08:10 Personne ne savait qu'il avait eu au moins 3 compagnes et 4 enfants.
08:15 Alors, quand sa santé commence à se dégrader, la succession inquiète les voisins de la Corée du Nord,
08:22 qui craignent une crise si Kim Jong-il disparaît brutalement.
08:26 Mais dans le secret de la famille Kim, les choses semblaient jouer depuis fort longtemps.
08:34 Le fils aîné, Kim Jong-nam, semble l'héritier naturel dans la tradition confucéenne,
08:39 comme Kim Jong-il avait hérité du pouvoir de son père.
08:42 Mais Kim Jong-nam commet quelques erreurs,
08:45 comme une arrestation piteuse à Tokyo avec un faux passeport alors qu'il voulait visiter Disneyland en famille.
08:57 Le deuxième fils, Kim Jong-chol, éduqué en Suisse, est jugé lui trop mou, voire trop féminin par son père.
09:04 Kim Jong-un est certes le plus jeune, mais il est le fils de Ko Young-hui, le grand amour de Kim Jong-il,
09:14 une ancienne danseuse qui jouera un grand rôle dans les coulisses du pouvoir.
09:19 Le troisième fils, Kim Jong-chol, est jugé lui trop mou, voire trop féminin par son père.
09:24 Ko Young-hui a joué un rôle important pour faire de son fils le successeur du régime.
09:31 Kim Jong-nam, le fils aîné, avait déjà une position importante dans l'organisation du pays.
09:36 Il avait une responsabilité élevée dans le bureau général de l'informatique.
09:40 Il était spécialisé dans les réseaux de communication.
09:43 Mais comme Kim Jong-un a pris le pouvoir,
09:45 Kim Jong-nam est aujourd'hui bien embêté, il ne peut plus rentrer en Corée du Nord.
09:50 Le 17 décembre 2011, la Corée du Nord est en pleurs.
10:11 Kim Jong-il, le soleil du 21ème siècle, est mort quelques jours plus tôt.
10:16 Le temps pour la propagande de préparer la mise en scène des funérailles.
10:21 Des funérailles qui sont également la consécration de son jeune fils,
10:27 révélé au monde et au Nord coréen un an auparavant.
10:38 Kim Jong-il était le dirigeant de fête de la Corée du Nord.
10:42 Et il avait eu une position importante depuis longtemps quand il est devenu le leader.
10:47 Il était aux affaires depuis au moins dix ans.
10:52 Cette fois c'est venu très brutalement.
10:55 Ils ont utilisé la propagande, ils ont créé un mythe,
10:58 en réécrivant l'histoire en disant que Kim Jong-un se préparait depuis de nombreuses années.
11:03 Mais ce n'était pas le cas du tout.
11:06 C'est quand son père a eu sa première attaque qu'ils ont commencé à se préoccuper de la succession.
11:10 Mais il est mort très soudainement.
11:13 Je pense que ce jeune homme n'était pas prêt.
11:17 Il y avait un plan pour qu'il devienne le prochain leader,
11:20 mais j'imagine qu'il pensait à cinq ou dix ans pour cela, pas une seule année.
11:24 Donc je pense que l'on voit clairement, pendant les funérailles,
11:27 à l'air qu'il a et à la façon dont il se conduit, qu'il était en état de choc,
11:31 et qu'il n'était pas prêt à prendre la relève.
11:35 [Musique]
11:40 Pour Kim Jong-un, les ennuis ont déjà commencé.
11:44 [Musique]
11:48 Les vieux généraux autour du cercueil de son père voient-ils d'un bon oeil l'arrivée d'un dirigeant si jeune.
11:54 [Musique]
11:58 Kim Il-sung, le fondateur du pays, avait gagné sa légitimité
12:02 en dirigeant la guérilla anti-japonaise pendant la Seconde Guerre mondiale.
12:06 Kim Jong-il avait joué le rôle de numéro deux du régime pendant une quinzaine d'années,
12:11 et il avait pris le pouvoir après 50 ans.
12:14 Kim Jong-un, lui, a 26 ans, aucune expérience, aucune notoriété.
12:19 Alors, pour se maintenir au pouvoir, il lance une gigantesque purge.
12:25 Il faut installer une nouvelle génération à la tête du régime.
12:29 [Musique]
12:32 Aujourd'hui, Kim Jong-un doit établir son réseau avec des gens qui ont connu la grande famine dans leur enfance.
12:41 À mon avis, il sera plus difficile d'avoir la même solidarité entre les élites et le leader que pour les deux régimes précédents.
12:51 Cela risque d'être assez distendu,
12:56 alors finalement le pouvoir va se structurer à travers les intérêts personnels des uns et des autres et la terreur.
13:02 [Musique]
13:06 Vous savez, je pense qu'il y a eu probablement des tensions internes.
13:11 Et ce qui est clair, c'est qu'après que Kim Jong-un ait pris le pouvoir,
13:16 il a essayé de redistribuer les affaires et le pouvoir politique que son père avait mis dans les mains des militaires,
13:22 qu'il mettait en première position dans le régime.
13:27 Kim Jong-un déplace le curseur vers le parti, au moins pour rééquilibrer le jeu entre l'armée et le parti.
13:34 Tous les généraux qui étaient avec Kim Jong-un autour du corbière de son père ont disparu.
13:40 Il n'en reste plus un seul.
13:42 C'est clair qu'il a purgé tout un groupe et qu'il essaie d'amener au pouvoir un nouveau groupe avec lui.
13:47 [Musique]
13:51 La victime la plus spectaculaire de cette purge était juste derrière lui lors des funérailles.
13:56 [Musique]
13:58 Jang Song-thaek, son oncle, le mari de la soeur de Kim Jong-il.
14:03 Depuis les années 70, ce membre par alliance de la famille Kim est au cœur du pouvoir.
14:08 Ses frères sont des généraux importants et lui-même a occupé de nombreux postes clés dans l'armée ou les affaires économiques.
14:15 Lorsque Kim Jong-il connaît ses premiers ennuis de santé, on parle même de lui comme un potentiel successeur,
14:20 au pire, un régent pour le jeune fils du dictateur.
14:24 Deux ans après son accession au pouvoir, Kim Jong-un décide que ce tutora a assez duré et fait exécuter son oncle ainsi que la plupart de ses proches.
14:34 [Musique]
14:38 Pour nous, Jang Song-thaek était un homme très compétent avec qui je travaillais.
14:43 Il avait de l'humour, il était gentil avec ses subordonnés, il s'occupait bien de nous et il travaillait bien.
14:52 Évidemment, l'annonce de son arrestation puis de son exécution ont été assez surprenants pour beaucoup d'entre nous qui étudions la Corée du Nord.
15:01 Mais je pense que le plus surprenant, c'est le document qui a été diffusé et qui explique pourquoi il a été tué.
15:10 Vous savez, en Corée du Nord, dans le passé, ce genre de choses ne faisaient pas de bruit.
15:15 C'était un accident de voiture ou une maladie et il n'y avait aucune explication.
15:20 Mais dans ce cas, on a eu une explication très complète et qui de multiples façons expose les vulnérabilités de la Corée du Nord.
15:27 [Musique]
15:29 L'acte d'accusation, en effet, affirme que Jang Song-thaek a voulu renverser le régime.
15:34 C'est l'aveu public d'une contestation au sommet du pouvoir.
15:38 On ajoute qu'il était un mari volage, un communiste corrompu.
15:42 Et les rumeurs sur son goût des jeunes filles sont quasiment confirmées par la presse officielle.
15:48 [Musique]
15:56 Cette exécution publique de Jang Song-thaek va faire beaucoup de dégâts pour le régime.
16:01 La Corée du Nord est un pays très confucianiste où on respecte ses aînés, surtout la famille.
16:07 Tuer son propre oncle peut entamer gravement la loyauté du peuple,
16:11 plutôt que solidifier le pouvoir de Kim Jong-un.
16:14 Je pense que les élites qui perdent leur respect pour le leader peuvent se détourner de lui.
16:19 [Musique]
16:26 Pour réussir la transition au pouvoir, Kim Jong-un a donc choisi la terreur pour mater l'ancienne garde du régime.
16:33 [Musique]
16:40 Ensuite, il a à son tour concentré tous les postes clés et placé ses propres fidèles autour de lui.
16:46 [Musique]
17:00 Je pense que Kim Jong-un est aux manettes.
17:03 Je ne pense pas qu'il y a des marionnettistes derrière lui.
17:06 Le système est prévu pour avoir un seul chef,
17:09 et donc chacun doit démontrer sa loyauté personnelle à ce leader pour pouvoir survivre.
17:14 [Musique]
17:28 20 millions de Coréens vivent dans la métropole de Séoul, la capitale du Sud.
17:33 20 millions d'habitants obsédés par leur réussite, beaucoup plus que par Kim Jong-un.
17:38 [Musique]
17:41 Quand on regarde bien, la ville est pourtant prête à la guerre partout.
17:45 Un urbanisme contrôlé par les militaires pour en faire une cité imprenable,
17:49 un immense réseau souterrain conçu comme un abri contre les attaques du Nord.
17:54 [Musique]
17:56 Mais personne ne remarque plus les masques à gaz ou les rations de survie,
18:00 désormais en nombre dérisoire dans chaque station de métro.
18:03 [Musique]
18:07 Je n'ai pas peur de la guerre, j'ai fait mon service militaire.
18:12 Par contre, leurs armes nucléaires, ça, ça me cause un gros souci.
18:17 Je ne comprends pas pourquoi ils développent les armes nucléaires.
18:23 Est-ce que c'est pour faire du chantage, pour nous menacer,
18:28 pour nous demander quelque chose ou c'est juste pour son prestige personnel ?
18:36 Je n'ai pas vraiment peur de la guerre.
18:41 La menace avec l'arme nucléaire, par exemple,
18:44 je pense que c'est en fait leur seul moyen de survivre.
18:50 [Musique]
18:55 À 30 kilomètres de là, c'est la frontière avec la Corée du Nord.
19:00 Une zone démilitarisée, infranchissable de 2 kilomètres de large,
19:04 avec de chaque côté des centaines de milliers de soldats.
19:08 Séoul est à portée d'un simple canon.
19:11 Et les soldats du Sud aperçoivent les villageois du Nord.
19:15 Contrairement à son père, Kim Jong-un inspecte lui-même les postes avancés
19:19 qui menacent le plus directement Séoul.
19:22 [Musique]
19:26 La différence qu'on ressent avec ce début de l'époque Kim Jong-un,
19:33 c'est qu'il semble bien plus agressif et violent que Kim Jong-il.
19:38 Ça se constate particulièrement dans la politique militaire.
19:42 Ses publics, ils ne s'en cachent pas.
19:45 Il met l'accent sur des opérations spécialement conçues
19:48 pour la confrontation avec la Corée du Sud.
19:51 Il met son armée sur un mode de plus en plus combatif.
19:55 On peut voir l'illustration de cette tendance lors des entraînements
19:58 et des simulations qui sont imposées aux soldats nord-coréens.
20:03 [Musique]
20:05 La première apparition de Kim Jong-un dans la propagande nord-coréenne
20:09 a eu lieu un an avant la mort de son père.
20:12 [Musique]
20:15 Il a été alors nommé général quatre étoiles,
20:17 signe de son apparition au cœur du pouvoir.
20:22 Car le pouvoir en Corée du Nord, c'est d'abord l'armée.
20:25 [Musique]
20:29 Je crois qu'il a suivi les cours d'une académie militaire
20:32 pour une période d'environ six mois.
20:35 Ils lui ont donné quelques titres.
20:37 Et bien sûr, vous connaissez la manière qu'ils ont de créer le mythe
20:41 en disant que c'est lui qui avait préparé l'attaque sur une île
20:45 ou contre une corvette sud-coréenne.
20:48 Mais je ne crois pas qu'il ait la moindre expérience militaire crédible.
20:51 Ils essaient juste de créer un mythe.
20:54 [Bruit de moteur]
21:00 On lui a donné ce titre de général quatre étoiles lors d'une assemblée du peuple.
21:05 C'est pour la transition.
21:07 Mais on ne lui connaît aucune expérience.
21:09 La propagande dit qu'il est un expert en artillerie.
21:12 Donc, ils essaient de monter cette légende qu'il serait un grand combattant,
21:16 un grand militaire.
21:18 [Bruit de moteur]
21:21 Mais je suis certain que les véritables militaires en Corée du Nord
21:24 n'apprécient probablement pas que ce jeune homme sans aucun bagage
21:28 reçoive tout d'un coup quatre étoiles de général
21:30 et qu'il soit considéré comme l'un des plus hauts gradés de l'armée dans le pays,
21:34 alors qu'il n'a aucune expérience.
21:36 [Musique]
21:42 L'armée nord-coréenne compte plus d'un million d'hommes et six millions de réservistes.
21:46 Maintenir son moral en aspectant chaque unité
21:49 est une obligation quotidienne pour le grand leader.
21:52 [Musique]
21:58 Mais les milliers de tanks,
22:00 les centaines d'avions fournis par Moscou du temps de l'Union soviétique,
22:04 sont plus au niveau de leurs adversaires.
22:06 [Musique]
22:14 [Musique]
22:19 Entre Pyongyang et Séoul, il y a 90 milles,
22:24 mais seulement 20 entre Séoul et la frontière.
22:27 Depuis la DMZ, on n'a pas besoin d'un armement conventionnel sophistiqué.
22:31 Il faut des hommes, des lanceurs de roquettes,
22:34 et vous voyez, en 90 minutes, ça peut être un désastre.
22:39 Et puis nous voyons cela comme un affrontement militaire traditionnel.
22:43 Il faut aussi s'intéresser à l'aspect asymétrique.
22:47 Il existe d'autres forces militaires que les forces symétriques.
22:52 Des éléments de destruction de masse,
22:55 pas seulement l'arme nucléaire,
22:57 mais aussi l'arme biologique et chimique.
23:04 Donc je pense que c'est un gouvernement qui a investi lourdement dans son armée,
23:08 mais qui ne suit pas toujours la comparaison dans un sens purement militairement symétrique.
23:14 Il existe une myriade de possibilités,
23:17 et certaines sont très importantes.
23:20 [Bruit de bombe]
23:33 Bien sûr, nous devons nous préoccuper de ce qui se passe en Corée du Nord.
23:38 C'est le 9e pays nucléaire.
23:41 L'hypothèse, c'est qu'ils possèdent entre 6 et 12 bombes nucléaires,
23:45 voire plus, et qu'ils développent leurs programmes.
23:48 Ils ont un système d'enrichissement d'uranium pour fabriquer d'autres armes nucléaires.
23:53 Ils ont leur système de missiles, ils ont leur SCUD, ils ont les Nodas.
23:57 Ils sont en train de construire le nouveau KN-08,
24:00 qui est un missile balistique intercontinental,
24:03 qui utilise un carburant solide et qui a de grandes capacités.
24:07 Alors la Corée du Nord poursuit son programme nucléaire
24:10 avec les possibilités de prolifération et de revente de certains de ses matériels.
24:15 [Musique]
24:19 Le programme nucléaire, c'était le grand projet de Kim Jong-il.
24:23 Mais son fils a décidé de poursuivre, voire d'amplifier son développement.
24:27 Si l'armement conventionnel de son pays n'est plus de taille à lutter avec ses ennemis,
24:32 posséder la bombe atomique est devenu une obsession pour la Corée du Nord.
24:36 Des moyens considérables ont été employés, malgré les protestations internationales.
24:41 Car à Pyongyang, on pense que la bombe atomique est la seule assurance-vie du régime.
24:47 [Musique]
24:56 La seule menace capable de maintenir à distance le grand ennemi, l'Amérique impérialiste.
25:02 [Musique]
25:04 Celle contre qui il a fallu se battre dans les années 50.
25:07 À Washington, on comprend bien la relation particulière entre la superpuissance et ce petit pays d'Asie.
25:14 Le monument de la guerre de Corée n'est qu'à quelques encablures de la Maison-Blanche.
25:19 Dans les coulisses du gouvernement américain, on gère depuis 1953 la crise coréenne.
25:26 30 000 hommes sont toujours stationnés au sud de la DMZ.
25:30 Il faut en permanence imaginer les prochains scénarios de crise et leurs réponses.
25:35 Pyongyang voit cette démonstration de force permanente comme une menace directe pour sa survie.
25:41 [Musique]
25:48 Ils redoutent la chute des Ceausescu, ils redoutent la chute de Gaddafi, la chute de Saddam.
25:55 Tous ces leaders qui ont perdu parce qu'ils n'avaient pas l'arme nucléaire et qui ont dû faire des accords avec les États-Unis.
26:01 Ou alors leur peuple s'est rebellé dans le cas des Ceausescu.
26:05 Ils ne veulent pas finir comme ça et quand ils regardent la Corée du Sud, ils ne croient pas qu'il leur sera donné le moindre espoir.
26:13 Le Sud est clairement un pays démocratique qui a jugé et emprisonné ses propres présidents.
26:21 Alors vous pensez ce qu'ils feraient aux Nord-Coréens avec toutes les atrocités, tous les crimes contre l'humanité que leur régime a commis ?
26:31 [Musique]
26:40 Le but de la Corée du Nord est, si vous voulez, de se placer dans une situation telle que personne dans le monde n'osera attaquer ce pays.
26:51 Une fois qu'on a dit ça, les médias eux se demandent plutôt est-ce que les missiles nord-coréens peuvent atteindre l'Alaska ou la Californie ou ailleurs.
27:03 En réalité, la Corée du Nord aujourd'hui a la possibilité de transférer des armes de destruction massive n'importe où dans le monde à travers ses sociétés de commerce,
27:13 leur filiale et un réseau sophistiqué de transport.
27:17 Donc la Corée du Nord a déjà la possibilité de livrer une arme de destruction massive n'importe où.
27:23 [Musique]
27:26 La Corée du Nord est donc déjà une menace nucléaire.
27:29 [Musique]
27:32 Mais elle a également développé des unités de guerre électroniques parmi les plus puissantes au monde.
27:38 [Musique]
27:42 Ils ont par exemple attaqué le système financier sud-coréen ainsi que les studios de cinéma de Sony aux Etats-Unis
27:49 après la sortie d'un film humoristique qui se moquait ouvertement de Kim Jong-un.
27:54 [Musique]
27:59 Vous savez, beaucoup de ceux qui comme moi négocient avec la Corée du Nord ont un grand respect pour leurs compétences.
28:08 Mais ceux qui n'ont pas passé beaucoup de temps en Corée du Nord disent "quel pays qui ne peut même pas nourrir son peuple, la malnutrition et ceci et cela".
28:18 Et vous avez un développement économique qui est minimal, un système de distribution publique qui ne marche pas.
28:24 Si vous comparez le nord et le sud, il n'y a pas photo. La Corée du Sud est un pays moderne qui a un PIB important et un revenu par habitant élevé.
28:32 La Corée du Nord est bloquée dans les années 60. Ça continue de baisser depuis leur pic à ce moment-là, etc.
28:40 Mais ils n'ont pas fait cela d'une manière telle que nous devrions sous-estimer leurs compétences.
28:45 Quand ils mettent leurs talents en action, ils sont très efficaces.
28:49 Quand ils portent leurs efforts sur le nucléaire, ils sont très bons.
28:54 Beaucoup de gens ont dit qu'ils ne pourraient avoir un programme d'enrichissement de l'uranium avec des centrifugeuses, c'est trop compliqué.
29:00 Bien sûr qu'ils ont réussi. Leur système de missiles, bien sûr qu'ils l'ont fait.
29:06 On parle de compétences en cybernétique aussi.
29:09 Quand ils se concentrent, ils le font. Même s'ils n'ont pas l'Internet, selon nos standards.
29:15 Ils ont seulement besoin de gens qui se concentrent sur les technologies, les outils indispensables.
29:21 Et avec des efforts, ils ont de très bons résultats.
29:24 Alors j'ai beaucoup de respect pour les Nord-Coréens quand ils concentrent leur attention et qu'ils mettent les moyens pour développer de nouvelles compétences.
29:42 Une chose que chaque leader nord-coréen a compris, et ils l'ont bien compris je pense, c'est que s'ils baissent la garde, de leur point de vue bien sûr,
29:48 s'ils baissent la garde, ils seront tout simplement traités par les grandes puissances comme le mobilier usé de l'histoire.
29:55 Ils seront tout simplement jetés, piétinés, ignorés. Sinon pourquoi leur prêter la moindre attention ?
30:02 Donc ils doivent tout faire pour que les gens s'intéressent à eux.
30:06 Pour qu'on ne voit pas juste un trou noir sur une carte, ce qu'on montre habituellement.
30:12 Ils veulent qu'on comprenne que c'est un vrai pays en action, pas un désastre avec 24 millions d'habitants.
30:22 Ils vont continuer à exister et devenir de plus en plus vivants en Asie du Nord-Est.
30:29 C'est une grande ambition, et qui sait s'ils en seront capables.
30:35 Pour maintenir son pouvoir, Kim Jong-un a donc décidé de jouer sur deux tableaux.
30:43 La priorité à l'armée et à l'appareil répressif n'est qu'un de ces aspects.
30:49 Le jeune leader parle désormais ouvertement de la pauvreté de la Corée du Nord.
30:54 Il affirme même qu'il ne pourra dormir que lorsque ses habitants atteindront un niveau de vie suffisant.
31:02 Depuis son plus jeune âge, Kim Jong-un fréquente un cuisinier japonais qui était au service de son père,
31:09 avant de devenir son compagnon de jeu.
31:14 Ce chef japonais se souvient aujourd'hui des confidences nocturnes du futur dictateur.
31:23 Je me souviens d'un soir, on a commencé à parler à 23h10.
31:32 Quand on a fini, j'ai regardé ma montre.
31:35 Il était presque 5h du matin. On a parlé de beaucoup de choses.
31:39 Il m'a dit "Je suis allé en Europe, en Asie, au Japon plusieurs fois.
31:46 Dans les magasins, il y a des tonnes de nourriture. Mais dans mon pays, il n'y a rien. Il faudrait faire quelque chose."
31:58 Ensuite, il a dit "Je pense qu'il faudrait prendre l'exemple de la politique de la Chine."
32:09 Quand je l'ai entendu, j'ai compris qu'il choisirait cette ligne de réforme et de libéralisation économique.
32:21 Kim Jong-un apparaît donc chaque jour dans la propagande, comme le grand orchestrateur du redémarrage de l'agriculture et de l'économie nord-coréenne.
32:38 Les premiers résultats sont modestes, mais le pays semble avoir tourné le dos aux grandes famines qui ont décimé 10% de la population dans les années 90.
32:46 Vous savez, dans son premier discours en avril 2012, j'ai eu l'impression que ses premiers buts étaient de convaincre son propre peuple et le reste du monde
33:02 que c'était une nouvelle Corée qui débutait, que beaucoup de choses qui s'étaient déroulées dans le passé resteraient du passé.
33:23 Il faut que notre armée du peuple continue de soutenir le slogan "Aidez le peuple" proposé par notre grand général.
33:29 Les officiers et les soldats de l'armée du peuple font plus pour le peuple qu'ils ne le feraient pour leur propre famille.
33:37 Notre peuple est le meilleur peuple au monde. Il a soutenu fidèlement le parti en surmontant toutes les dures épreuves.
33:46 Il ne faudrait plus jamais qu'il ait besoin de se serrer la ceinture. Il faut qu'il profite pleinement de la richesse du socialisme. C'est la résolution ferme de notre parti.
33:55 Il se concentre sur le futur. Maintenant, sera-t-il capable ou non de construire la Corée du Nord qu'il espère ?
34:10 Un pays qui ressemble à quelque chose de plus prospère, capable de faire face à la Corée du Sud, de l'affronter, même s'il ne la rattrapera jamais,
34:21 et d'avoir une armée suffisamment forte pour être prise au sérieux.
34:33 Les Nord-Coréens ne vivent plus dans une misère totale comme avant. On n'est plus dans une famine absolue.
34:40 Aujourd'hui, on vit à peu près correctement. Il y a juste un décalage entre les riches et les pauvres, mais ce n'est plus une pauvreté extrême.
34:48 Chez vous, les images horribles des affamés Nord-Coréens circulent. Mais ça, c'était il y a 10 ou 15 ans. Aujourd'hui, ce n'est plus le cas.
35:00 La Corée du Nord est en train de bouger en interne au moment où nous parlons. Il y a des changements incroyables en cours dans le pays.
35:09 Kim Jong-un autorise un nombre sans précédent de gens à quitter le pays pour apprendre les rudiments de l'économie,
35:17 pour apprendre le commerce international, pour apprendre comment effectuer la transition entre une économie contrôlée et une économie de marché.
35:27 C'est remarquable qu'ils permettent cette situation. Les Nord-Coréens peuvent aller à Singapour pour apprendre les rudiments du business.
35:36 Ils vont à Hong Kong, ils vont au Vietnam. Et au moment où nous parlons, il y a des Nord-Coréens au Canada qui étudient l'économie internationale.
35:45 Et en même temps, un certain nombre d'étrangers, y compris de Singapour, vont en Corée du Nord et discutent des bases du business.
35:54 Donc, c'est un jour nouveau, c'est un monde nouveau. Et il est impossible pour le moment d'imaginer ce que cela voudra dire et quelles pourront en être les conséquences.
36:06 De ce qu'on sait, par anecdote, de gens qui n'ont pas seulement été à Pyongyang, mais aussi dans la campagne, il y a des moyens affectés au développement.
36:20 Logement, infrastructures, nourriture. Dans les zones rurales, il semble qu'il y ait des réformes ou des changements qui vont améliorer les récoltes.
36:34 Rien de tout cela n'est décisif. Et tous les gens en Corée du Nord qui conduisent ces changements sont probablement inquiets par leur pérennité.
36:49 Parce qu'il n'est pas totalement clair que ces choix viennent du sommet. Mais c'est un effet d'accumulation.
36:58 Une économie nouvelle dans un corps politique issu de la guerre froide. Comme lorsque Deng Xiaoping, en Chine, ouvrait le pays aux affaires en jouant le petit père des peuples.
37:14 Mais le contrôle psychologique de la population est d'un tout autre niveau en Corée du Nord. Une véritable secte fermée.
37:20 Pourra-t-elle survivre à ce début d'ouverture ?
37:24 Je crois qu'en général, ils peuvent sans problème toucher des devises avec de petits projets comme celui du mont Kumgang, ou le projet industriel nord-sud de Kaesong.
37:39 Mais avec un projet qui ouvre le pays aux marchés libres.
37:44 Ce sont des choses qui peuvent vous enrichir, mais qui sont une menace pour le contrôle politique. On a vu ça ailleurs en Asie.
37:53 Si l'économie commence à croître, vous allez avoir des classes moyennes.
38:00 Et alors ils vont commencer à demander plus de liberté politique. C'est ce que nous avons vu à Taïwan. C'est ce que nous avons vu en Corée du Sud.
38:07 On a vu ça à travers l'histoire en Asie. Je pense qu'ils se sentent très menacés par ça.
38:13 Donc ils n'ont pas l'intention de faire de grands pas en matière économique, même si ce jeune homme a passé du temps en Suisse, c'est vrai.
38:19 Même s'il a été éduqué en Occident.
38:22 Et vous voyez, je pense que c'est même pour cette raison qu'il comprend la menace d'une trop grande ouverture.
38:35 Pour Kim Jong-un, c'est une question de survie.
38:38 Après les années de misère sous le règne de son père, il faut rendre espoir aux Nord-Coréens pour maintenir la cohésion du pays.
38:45 Ses apparitions souriantes sont en bon point.
38:49 Tout cela participe de la résurrection de l'image de Kim Il-sung, à qui il finit par ressembler physiquement.
38:55 En Corée du Nord, même un tout petit enfant dans la rue adore Kim Il-sung.
39:01 Il est le grand leader.
39:03 À son époque, on mangeait bien, on n'était pas dans la misère.
39:07 C'est à partir de Kim Jong-il que le pays a connu la grande misère.
39:11 Alors Kim Jong-un montre simplement qu'il n'est pas comme son père, mais plutôt comme son grand-père, que tout le monde aime.
39:18 C'est donc pour ça qu'il imite son grand-père aujourd'hui.
39:27 Kim Il-sung, le grand-père, le fondateur vénéré de la Corée du Nord, est toujours officiellement le président éternel du pays.
39:34 Pendant son règne, la Corée du Nord s'est parfois développée plus rapidement que la Corée du Sud, grâce au soutien inconditionnel de Moscou.
39:44 Mais avec la chute du bloc soviétique, Pyongyang a commencé à déchanter.
39:51 Son économie s'est déréglée.
39:53 Et la grande famine a eu lieu sous la direction de Kim Jong-il.
39:57 [Musique]
40:03 En adoptant le style de son grand-père, Kim Jong-un cherche à recréer le mythe des années fastes.
40:09 Il veut faire le lien entre ce passé supposé glorieux et la nouvelle génération, élevée pendant ces années noires,
40:15 et qui l'envoie à travers le monde apprendre à réformer l'économie.
40:20 Une nouvelle génération qui se retrouve dans l'image décomplexée d'un dirigeant qui aime le basketball ou les parcs d'attractions,
40:26 et qui n'hésite jamais à se mêler au peuple devant les objectifs de la propagande,
40:30 là où Kim Jong-il avait visiblement du mal à serrer la main des Nord-Coréens.
40:35 Il semble qu'il y ait une combinaison d'efforts délibérés pour le montrer différent de son père.
40:43 Plus ouvert, tout au moins en apparence.
40:50 Plus au contact direct de la population.
40:53 Il y a un épisode merveilleux pour moi, enfin il y en a plusieurs.
41:00 L'un d'entre eux, c'est quand il a été dans un de ces nouveaux complexes d'appartements.
41:05 En faisant connaissance avec un couple, il s'assoit tranquillement avec eux et sert à boire, avec sa femme à ses côtés,
41:15 assurant le service comme n'importe quelle mère coréenne.
41:19 Je ne peux pas imaginer Kim Jong-il faisant ça.
41:23 On peut imaginer Kim Il-sung faisant ça. C'est possible.
41:27 L'autre épisode, c'est quand Kim Jong-un était en visite dans une unité militaire féminine.
41:36 Quand il s'en allait, il n'a pas juste pris une photo avec toute l'unité.
41:43 Non, il est resté debout avec toutes ces jeunes femmes et une à une sont venues comme s'il était une rockstar.
41:50 Elles prenaient son bras pour se faire photographier.
41:53 J'étais abasourdi. Ça n'aurait jamais pu arriver avant.
41:57 Ce qui semblait également inimaginable, c'était d'entendre la voix de Kim Jong-il.
42:10 Pendant toute la durée de son règne, la propagande n'a proposé de lui que des films ou des images silencieuses.
42:17 Jamais aucun discours en public.
42:20 Kim Jong-il ne pouvait pas parler. Il était bègue.
42:26 Donc oui, il ne pouvait pas s'exprimer devant le public.
42:30 J'ai pu entendre sa voix une fois à travers une porte, quand il avait des réunions avec son état-major.
42:35 Il balbutiait. Il avait des troubles du langage.
42:39 Kim Jong-un, par contre, lui, il parle.
42:42 En plus, il parle comme son grand-père. Il fait une imitation de sa voix.
42:47 Donc au début, on disait même que Kim Il-sung était ressuscité.
42:50 À ce point-là, c'est un travail d'acteur pour recréer son image.
42:55 Notre force nucléaire est une assurance pour protéger la souveraineté nationale.
42:59 Avec elle, nous construisons la paix, la richesse et la puissance, ainsi que le bonheur du peuple.
43:06 Le jour où Kim Il-sung est décédé,
43:09 le président de la République a été décédé.
43:12 Il a été décédé en 1936.
43:15 Il a été décédé en 1936.
43:18 Il a été décédé en 1936.
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