En tant qu’athée vous n’imaginez pas à quel point je me contre-tamponne de ce que des textes “sacrés“ écrits par des barbus à une époque où l’on n’avait pas encore inventé le déodorant, peuvent autoriser ou non en matière de droit des femmes à disposer de leur utérus.
Le billet d'humeur de Sophia Aram dans le 7/10 (8h55 - 4 Mars 2024)) Retrouvez tous les billets de Sophia Aram sur https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/le-billet-de-sophia-aram
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AmusantTranscription
00:00 Sophia Aram, bonjour, on vous écoute.
00:02 Bonjour Nicolas.
00:03 En tant qu'athée, vous n'imaginez pas à quel point je me contre-tamponne de ce que
00:08 des textes « sacrés » écrits par des barbus à une époque où l'on n'avait pas encore
00:12 inventé le déodorant, peuvent autoriser ou non en matière de droit des femmes à disposer
00:16 de leur utérus.
00:17 Alors évidemment, quand l'évêque Opeti vient nous expliquer qu'en inscrivant le
00:21 droit à l'IVG dans la Constitution, la France serait devenue, je cite, « un état totalitaire »,
00:25 j'ai tendance à lui accorder autant de crédit que lorsque Raël nous livre cette
00:29 réflexion profonde qui mérite toute l'écoute et la bienveillance qui entoure généralement
00:33 la parole sincère des hommes de foi.
00:35 Si vous voulez vous souvenir de moi, souvenez-vous de mes proutes si vous voulez.
00:39 Ça c'est intéressant, j'en fais constamment.
00:41 Voilà, ça c'est du Raël.
00:43 Oui, je sais, on dirait une conversation entre Léa Salamé et Nicolas Demorand, le
00:47 lendemain de cassoulet à la cantine de Radio France.
00:49 Ça vous rend un peu plus humain, ne me dites pas merci.
00:52 Ils ne font pas la cantine.
00:53 Ils ne mangent pas de cassoulet.
00:54 Mais tout ça pour vous dire toute l'attention que je porte à la parole des hommes de foi
00:58 dont le point de vue sur l'avortement pourrait se résumer par cette formule de Mgr Opeti.
01:02 « Satan déteste la vie, toute la culture de mort, de l'avortement à l'euthanasie
01:07 en passant par la destruction d'embryons surnuméraires et la réduction embryonnaire
01:11 et son œuvre à lui, Satan. »
01:13 Voilà, toute la rhétorique est là.
01:15 Continuer une grossesse non désirée contre la vie des femmes concernées serait l'œuvre
01:18 de Dieu au service de la vie.
01:20 Interrompre ce qui peut être un fardeau ou un danger serait l'œuvre de Satan au service
01:25 de la mort.
01:26 C'est cette notion mystique à l'IVG que l'on retrouve, avec quelques variantes,
01:29 dans les trois religions monothéistes.
01:30 Réduire l'avortement à un acte satanique est délirant, régressif, débilitant et
01:35 totalement crétin.
01:36 Mais force est de reconnaître qu'en retirant la référence à leur ami imaginaire et à
01:40 son double maléfique, l'opposition entre la vie et la mort fonde la plupart des discours
01:45 anti-avortement, à l'instar de ce journaliste de CNews présentant l'IVG comme la « première
01:49 cause de mortalité dans le monde ». Bon, après Youporn et le rouleau de Sopalin, j'imagine.
01:54 Et c'est encore avec la même logique mystique qu'un Philippe Devilliers présente l'inscription
01:59 de l'IVG dans la Constitution en expliquant « On sera passé en 50 ans de la dépénalisation
02:05 de l'avortement à la pénalisation de la parole de vie ».
02:09 Ah la parole de vie ! La mort, tout ça, sans déconner, ça me donne envie de leur faire
02:14 une vasectomie avec les dents.
02:16 Alors que si on parle un tout petit peu franchement.
02:18 Tout le monde sait très bien que si les hommes tombaient enceintes à chaque fois qu'ils
02:22 ouvrent leur braguette, ça fait longtemps que le droit à l'IVG serait inscrit dans
02:25 tous les textes et gravé dans le marbre de toutes les églises, toutes les mosquées,
02:29 toutes les synagogues du monde.
02:30 Il y aurait même une fête de l'IVG il y a un jour férié.
02:32 Il est donc temps de se réjouir et de saluer cette victoire sur l'obscurantisme religieux
02:36 qui comme chacun sait, ne désarme jamais.
02:39 Surtout s'agissant du droit des femmes à disposer de leur corps car comme le disait
02:42 justement Gisèle Halimi au moment de la sortie de son livre « Ne vous résignez jamais ».
02:47 Je crois que d'une manière générale les acquis sont toujours remis en question mais
02:51 je pense que pour les femmes il y a une précarité particulière, une fragilité particulière
02:58 de l'enzaki.