Lisa aime ses hommes comme elle aime ses additions : bien salés.
Retrouvez la chronique de Lisa Delmoitiez dans la Bande Originale sur France Inter et sur https://www.radiofrance.fr/franceinter
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00:00 - Lisa, belle moitié !
00:02 - Lisa, t'aurais pas fait une filme comme ça toi ?
00:04 - Non, non, bonjour vous deux, ça va ?
00:06 - Bonjour !
00:06 - Ça va bien ? Non, en fait, ça m'a fait réfléchir à ma propre relation avec ma mère,
00:10 et voilà, ça a remis des souvenirs un peu compliqués.
00:13 Bon, la mienne de Daronne, elle ne souffre pas d'un trouble bipolaire,
00:16 mais enfin, elle fait de la rétention d'eau.
00:18 Ça vous conditionne une enfance aussi, vous savez, hein ?
00:20 Vous ne grandissez pas comme tous les autres petits-enfants,
00:22 mais vous vous en rendez pas compte, c'est votre normalité.
00:24 Puis à 18 ans, vous quittez le nid familial et vous découvrez l'existence du sel.
00:29 La vraie vie commence, quoi.
00:31 Le sodium était personnel en grattage chez moi,
00:33 tout ça parce que ma madrée est une putain de limace, en fait.
00:36 Tu la recouvres de sel, elle meurt, quoi.
00:38 Ce qui est sûr, c'est qu'elle bouffe toutes tes salades.
00:40 Ça, je te le dis.
00:41 La réalité, moi, je compense, maintenant, je fous du sel partout,
00:43 je vais à Biarritz juste pour lécher les surfers, quoi.
00:46 Moi, j'aime mes hommes comme mes additions.
00:50 Bien salés, quoi.
00:51 Et ça va, si on partage, hein ?
00:53 Non, la salaison, c'est la vie, quoi.
00:56 Mon jeu de rôle préféré au lit, c'est quand je me déguise en tache de vin,
00:58 et le mec me recouvre de sel, ça m'excite.
01:00 Il m'appelle Jean-Luc Reichman, c'est incroyable.
01:02 Enfin bref, les ennuis de santé de nos mamans laissent donc des traces.
01:06 Mais évidemment, la bipolarité est un trouble bien plus sérieux.
01:09 Être maniaco-dépressif, ça veut dire avoir des hauts très hauts et des bas très bas.
01:12 Vous voyez quand on redescend de vacances en montagne et que ça fait péter et t'entends ?
01:16 Redescendre d'une phase maniaque, ça fait ça, mais à ton cerveau, quoi.
01:18 Tu ne suis pas de mâcher du chewing-gum.
01:20 Mais en vrai, la relation mère-fils dans le film, elle est assez universelle.
01:23 Je trouve que votre personnage, William, il n'a plus vu sa mère,
01:26 jouée par vous, Anne Esdraoui, depuis deux ans.
01:28 Et moi, je le comprends.
01:29 Moi, ma mère, c'est la personne que j'aime le plus au monde,
01:31 mais c'est celle qui me casse le plus les couilles.
01:33 Apparemment, c'est parce que quand on est avec notre mère,
01:36 il y a la partie de nous qui a dû se battre à l'adolescence pour prendre son indépendance,
01:39 qui se réveille.
01:40 C'est en mode stress post-traumatique.
01:42 C'est notre Vietnam, en gros.
01:44 Je sais que la guerre est finie avec ma mère.
01:46 Je suis adulte, mais rien n'y fait.
01:47 Je vais à Madarone, je creuse une tranchée.
01:49 Ça ne sent pas le napalm, mais juste la bouffe pas salée.
01:51 On a du mal à devenir adulte, et on a du mal à accepter l'adulte chez nos parents aussi.
01:55 Parce que le fils dans le film, il a du mal à accepter la maladie de sa mère,
01:58 et ça, c'est bien spécifique.
01:59 Mais il a aussi du mal à juste accepter l'adulte,
02:01 la femme qu'elle est, avec sa fantaisie, sa féminité, sa sexualité.
02:05 Et ça, c'est universel.
02:06 Le jour où tu comprends que ta mère est une meuf,
02:08 c'est comme quand tu croises ton prof au supermarché.
02:10 Attends, mais t'es un humain, en fait ?
02:12 Mais si t'acceptes, la relation n'en est que plus riche,
02:15 parce que vous pouvez échanger d'adulte à adulte.
02:17 D'ailleurs, je trouve ça très touchant les conseils que vous donnez à votre fils Agnès dans le film,
02:21 en matière de relation.
02:22 Parce que son plan cul au fiston lui demande, au début du film, s'ils sont en couple.
02:26 Et il... Quoi ?
02:28 Je passe sous un pont qui bégait, je te rappelle.
02:30 C'est fou, quand même.
02:31 Tu veux savoir comment faire taire un homme ?
02:33 Inutile de lui dire "ta gueule" ou de lui demander ce qu'il pense du "me too" au cinéma.
02:36 Juste coucher avec lui, puis lui dire "mais du coup, on est quoi ?"
02:39 Alors, pfff, y'a plus rien.
02:41 Y'a plus rien qui sort.
02:43 C'est finalement sa mère, je le rappelle, atteinte d'un trouble bipolaire,
02:46 qui explique comment on vit une relation saine.
02:48 Je veux pas faire dans les clichés, mais enfin, tu vois quand même la différence de maturité émotionnelle
02:51 entre les hommes et les femmes quand c'est ta mère échappée de l'hôpital psychiatrique, la voie de la raison.
02:56 En mettant en question, normalement les gens qui ont des troubles de l'humeur,
02:58 ils font des bons artistes, mais ils sont pas censés être plus raisonnables que toi.
03:01 Comme je dis toujours, si un aveugle t'aide à traverser la route,
03:03 il est peut-être temps de passer Génove Talmo.
03:06 Je dis ça, je suis pas une experte en relation saine,
03:08 mais tout ce que je sais, c'est que si je veux que celle-là et ma mère restent au beau fixe
03:11 après l'avoir traité de casse-couille, il vaut mieux que j'arrête la chronique ici.
03:14 Et on l'embrasse ta maman !
03:16 On l'embrasse !
03:19 Elle nous a fait une jolie Lisa Delmoitié qui sera sur scène où et quand ?
03:24 À la nouvelle scène, le jeudi, c'est à Paris. Allez-y !