On revient ce matin sur l'opération organisée le week end dernier par le collectif Robin des Toits à Montpellier, cette association qui vient en aide aux sans-abris. Le collectif rencontrait la mairie de Montpellier hier après-midi...
Le week-end dernier, des membres du collectif Robin des Toits ont squatté la cour extérieure de l'ancienne auberge de jeunesse municipale de Montpellier, à l'abandon depuis quatre ans.
Samedi, une cantine populaire était aussi organisée devant l'auberge.
Ils demandent à ce que cette grande bâtisse serve de lieu d'accueil pour les sans-abris.
Le week-end dernier, des membres du collectif Robin des Toits ont squatté la cour extérieure de l'ancienne auberge de jeunesse municipale de Montpellier, à l'abandon depuis quatre ans.
Samedi, une cantine populaire était aussi organisée devant l'auberge.
Ils demandent à ce que cette grande bâtisse serve de lieu d'accueil pour les sans-abris.
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00:00 - Vous avez votre question chaque matin, une petite question comme ça, qui concerne l'actualité.
00:04 Faut-il réquisitionner les bâtiments publics vacants pour loger les personnes à la rue ?
00:08 C'est la question qu'on vous pose ce matin et même depuis hier sur les réseaux sociaux, sur l'appli France Bleu ici.
00:13 Il n'y a pas photo au niveau des résultats, Guillaume, là aujourd'hui.
00:15 - Non, non, c'est très clair. Vous êtes 150 à avoir voté. Vous répondez oui.
00:18 Il faut réquisitionner les bâtiments publics vides, vacants, pour loger des personnes qui sont à la rue.
00:24 À 74%, vous dites non à 26%. Alors vous, vous attendez la question. Nous, on attend vos appels.
00:30 - Oui, oui. 04 67 58 6000. On n'a pas changé le numéro de téléphone, justement, pour que vous ne soyez pas perdus.
00:36 C'est toujours le même numéro et ça fait 40 ans que c'est comme ça.
00:38 04 67 58 6000, vous nous appelez donc, on vous attend.
00:41 L'invité du jour, c'est Cécile Casagrande, du collectif Robin des Toits.
00:45 - Bonjour Cécile Casagrande. - Bonjour.
00:47 - Merci d'être venue nous rejoindre en studio, le collectif Robin des Toits.
00:51 Il fait beaucoup parler de lui en ce moment et pourtant c'est un tout jeune collectif, puisqu'il a été créé la semaine dernière.
00:56 - Oui, oui, on a trouvé le nom la semaine dernière. Après, on est issus d'autres collectifs, d'autres mouvements
01:06 et ça fait longtemps qu'on prépare cette mobilisation.
01:11 - Mobilisation autour d'une ancienne auberge de jeunesse municipale à l'abandon depuis un certain nombre d'années.
01:16 Alors, il y a polémique sur les chiffres, vous vous dites 4 ans, la ville dit à l'abandon depuis 6 ans, peu importe.
01:21 On n'est pas là pour savoir depuis combien de temps.
01:23 La réalité, aujourd'hui, le constat, c'est que c'est un endroit qui est totalement inoccupé
01:27 et que vous, vous souhaiteriez voir réquisitionné pour loger des personnes qui sont à la rue, c'est ça ?
01:33 - Oui, alors nous, ce qu'on demande, c'est une réquisition pour que ça soit habité et géré par le collectif Robin des Toits
01:45 où on ait à la fois des personnes qui sont à la rue, des personnes qui sont dans des situations très vulnérables
01:52 et des soutiens et qu'on puisse justement créer un collectif pour l'habiter d'une manière
01:59 où les personnes qui seront résidentes soient impliquées dans la gestion, qu'on soit en soutien.
02:07 Et donc, en même temps, ça c'est une proposition face à la situation dans laquelle on est qui est absolument dramatique.
02:17 Mais bien évidemment, le problème, il est beaucoup plus large.
02:20 - Alors vous occupez, on va en parler évidemment, vous occupez depuis ce week-end la cour extérieure de cette ancienne auberge de jeunesse
02:27 et vous avez même organisé samedi une cantine populaire. Vous y êtes toujours, ce matin ?
02:32 - Oui, on reprend ce matin, oui.
02:34 - Et vous comptez y rester le temps qu'il faudra ?
02:37 - Le temps qu'il faudra, le temps qu'on ait aussi plus de précision sur le projet par rapport à ce bâtiment.
02:46 Donc on a été reçu hier par la ville de Montpellier.
02:51 On a appris qu'il y a effectivement un projet qui est en cours. Il y a des études à l'heure actuelle.
02:58 - Un projet de quoi exactement ? Qu'est-ce qu'on vous a dit ?
03:00 Vous avez été reçu par Michel Calvo, président de l'ACM Habitat, qui est également élu à la ville et en charge du logement.
03:07 Que vous a-t-il dit ?
03:08 - Alors, donc, ils nous ont dit que pour l'instant ils sont sur des études,
03:14 qu'il y a un certain nombre d'études qui ont déjà été réalisées, qu'il y en a d'autres, enfin il y en a encore une dont ils attendent les résultats.
03:21 Et que derrière ça, il y aura un projet qui est proposé, que la mairie n'est pas obligée d'accepter.
03:28 Nous, on n'est pas là pour faire de la concurrence des publics si le projet...
03:33 - Mais un projet, on est bien d'accord, de foyer ou de centre d'accueil d'urgence.
03:35 - Alors, un projet, dans un premier temps, d'habitat intercalaire.
03:40 C'est-à-dire que tant qu'il y a un bâtiment qui est vide, il y a la possibilité d'héberger des gens sur une période temporaire,
03:48 jusqu'à ce que le bâtiment ait une autre destination.
03:51 - Habitat intercalaire, on découvre un peu le terme. Enfin moi je le découvre ce matin.
03:55 - Sur la ville de Montpellier, ça a déjà été réalisé avec différents acteurs.
04:01 Donc c'est tout à fait possible. Ça dépend de la loi Elan.
04:07 Et il y a aussi la possibilité de faire une convention d'occupation temporaire.
04:13 Donc c'est ce que nous, on souhaite dans un premier temps sur ce bâtiment-là.
04:19 Ou si ce bâtiment, il y a véritablement un projet qui est socialement intéressant, sur un autre.
04:26 - Oui, parce que ce projet dont vous parle la ville, il ne va pas avoir le jour en quelques semaines, en quelques mois.
04:30 J'imagine que c'est à l'échéance de quelques années, parce qu'il faut réhabiliter le bâtiment.
04:34 Il y a des travaux sans doute à faire un petit peu en urgence.
04:37 Donc ça ne va pas régler le problème là, aujourd'hui, demain.
04:40 Or, vous, vous souhaitez que, on va parler de cette population de personnes sans-abri à Montpellier, ce qu'elle peut représenter.
04:46 Mais vous, vous souhaitez quelque chose de beaucoup plus rapide, en fait, c'est ça ?
04:50 - Oui, tout à fait. Voilà. On souhaite qu'il y ait des solutions qui soient apportées à des personnes
04:58 que nous, on connaît dans le cadre d'autres mobilisations.
05:03 Et pour certaines qui sont malades.
05:07 Et à l'heure actuelle, le 115 est complètement saturé.
05:13 Et au-delà d'être saturé, il est aussi, comment dire, les gens ne sont pas respectés.
05:21 Un jour, on est hébergé, le lendemain, on n'est plus hébergé.
05:27 Et puis, il y a aussi une politique qui est discriminatoire.
05:30 C'est-à-dire qu'à l'heure actuelle, on va dire heureusement, les femmes, les enfants sont plus facilement logés.
05:39 Mais du coup, qu'est-ce qu'on fait des hommes seuls ?
05:42 - On va parler de toutes les personnes qui peuvent être concernées par ce problème
05:48 et par votre mobilisation dans un instant, Cécile Casagrande.
05:51 - Dites-nous ce que vous en pensez.
05:53 Est-ce qu'il faut réquisitionner les bâtiments publics vacants, vides, pour loger les personnes qui vivent dans la rue ?
05:58 Vous nous appelez au 04 67 58 6000 pour donner votre avis, pour vous exprimer,
06:02 pour prendre la parole sur France Bleu, Héros, Guillaume.
06:04 - La préfecture de l'Héros estime à entre 1000 et 1500 le nombre de personnes qui dorment dans la rue à Montpellier.
06:10 Vous êtes d'accord avec ce chiffre, Cécile Casagrande ?
06:12 - Nous, on a repris effectivement les propos du préfet qui s'est exprimé dans le Midi Libre
06:18 et qui a, je pense que c'est sous-évalué maintenant.
06:22 - Oui, parce qu'il y a eu ce recensement effectué dans le cadre des Nuits de la Solidarité dont tu es venue nous parler.
06:28 D'ailleurs, une chercheuse de l'université, Paul Valéry, qui travaillait sur cette question,
06:32 on était plus proche des 3000 que des 1500.
06:34 - Oui, alors les 3000, nous aussi, on a eu ces informations.
06:38 Les 3000, c'est les personnes qui sont sans domicile fixe.
06:42 Et tout le monde n'est pas à la rue.
06:44 Il y a des personnes qui sont en hébergement d'urgence,
06:47 il y a des personnes qui sont dans des bidonvilles.
06:49 Et justement, le...
06:51 - C'est ça, il faut arriver à faire la distinction entre les deux, quoi.
06:54 Les personnes qui n'ont pas de domicile fixe mais qui ne dorment pas forcément à la rue.
06:58 - Pas tous les soirs, en tout cas.
07:00 - Et voilà, qui peuvent être hébergées aussi par le 115.
07:09 Ça, c'est pas avoir un logement, c'est être sans domicile fixe.
07:13 Et donc, pour ce qu'on en sait, nous, on va rencontrer d'autres personnes,
07:18 pour ce qu'on en sait, il y aura peut-être un projet justement d'habitat intercalaire
07:22 avec des personnes pour résorber les bidonvilles de Montpellier.
07:28 Donc c'est un travail de longue haleine.
07:30 Mais on nous dit, voilà, ce lieu, il n'est pas disponible,
07:35 trouvez-en d'autres.
07:37 Non, on se dit, alors on est face à cette détresse qui est immense,
07:42 et on finit par se dire, il va falloir qu'on crée un bidonville
07:45 pour après rentrer dans les dispositifs de résorption des bidonvilles.
07:49 - Vous vous déclarez très inquiète et très inquiète au collectif
07:53 parce que la situation ne devrait pas s'arranger dans les semaines ou les mois qui viennent.
07:56 D'ailleurs, je crois qu'à la mairie de Montpellier, on le reconnaît,
07:59 il pourrait y avoir demain encore plus de personnes dans cette situation.
08:02 À cause de certains Jeux Olympiques, apparemment.
08:06 C'est quand même fou, il faut expliquer, mais c'est quand même assez fou cette histoire.
08:09 - Oui, oui, oui.
08:11 Au-delà de la mairie, c'est le directeur départemental de la DET,
08:17 donc la Direction Départementale de l'Emploi, du Travail et de la Solidarité.
08:21 Il chapeaute beaucoup de choses, mais notamment l'hébergement d'urgence, le 115.
08:28 Et donc ce monsieur, il explique très simplement que la situation, elle est catastrophique
08:33 parce qu'il y a un marché de l'immobilier qui est extrêmement tendu,
08:37 parce que, de façon générale en France, la Fondation Abbé Pierre aussi,
08:42 elle publie des rapports où on sait que ça se dégrade de manière générale.
08:46 À Montpellier, ça se dégrade encore plus parce qu'il y a une attractivité particulière.
08:50 - Le soleil, la chaleur, oui.
08:52 - Plus un taux de pauvreté aussi qui est supérieur.
08:56 Et face à ça, on nous dit qu'on va réduire les places.
09:03 Donc la Direction Départementale, elle explique les places d'hébergement d'urgence.
09:08 C'est incompréhensible.
09:10 Il y a de plus en plus, ils disent, le marché est embolisé par un effet de cascade.
09:16 On finit par avoir les gens les plus précaires qui se retrouvent à la rue sans plus aucune solution.
09:22 Parmi ces personnes-là, des personnes étrangères qui sont sans papier,
09:26 à qui on refuse une existence administrative sur le territoire,
09:31 et qui, même pour ceux qui travaillent, et il y en a beaucoup,
09:35 et la France elle tourne sur plein de sujets avec ces personnes-là,
09:40 c'est extrêmement compliqué de trouver un logement.
09:45 Et donc on a demandé, parce que c'est effectivement quelque chose qu'on avait entendu,
09:51 qu'il y a des personnes...
09:53 À l'heure actuelle, on nettoie un petit peu Paris, la région parisienne, des "indésirables".
09:58 Le Directeur Départemental ne l'a pas dit avec ces termes-là,
10:02 mais il a confirmé qu'effectivement, on est en train de renvoyer
10:06 des populations vulnérables dans l'ensemble de la France.
10:10 - À cause des jeux ? - Oui, à cause des jeux.
10:13 Et donc voilà, on sait que la situation, elle est à l'heure actuelle, dramatique,
10:16 il n'y a pas assez de places, elle va s'aggraver,
10:19 et on va faire avec moins de places et avec plus de personnes.
10:23 Et nous on dit, en réalité c'est criminel,
10:26 on ne peut même pas dire que c'est injuste, c'est criminel.
10:28 Les gens qui sont dans la rue, ils ont 30 à 40 ans d'espérance de vie en moins.
10:34 Donc ça veut dire qu'on n'y reste pas longtemps en fait dans la rue.
10:38 On meurt de plein de façons différentes,
10:41 mais il n'y a aucune raison que dans notre pays, on n'ait pas les moyens de faire ça.
10:46 - Merci Cécile Casagrande du collectif Robin des Toits,
10:49 qui continue donc à occuper depuis 4 jours maintenant
10:52 la cour extérieure de l'ancienne auberge municipale à l'abandon à Montpellier,
10:58 en attendant de pouvoir avoir une réponse que vous jugerez satisfaisante
11:03 par rapport à l'hébergement de personnes qui en ont un besoin urgentement.
11:07 Merci d'être venue nous en parler ce matin en tout cas, bonne journée à vous.
11:10 - Merci à vous.
11:11 - Et vous pouvez réécouter cette interview, ce moment que vous venez d'entendre sur France Blaireau,
11:16 en allant sur notre site internet francebleu.fr.
11:19 Dans quelques instants, vos infos vous seraient informées grâce à Sébastien Garnier.
11:23 Les infos d'huit heures arrivent dans une minute.