Catégorie
🗞
NewsTranscription
00:00C'est le moment de recevoir notre invité de ce vendredi.
00:03Être maire, on le sait, devient de plus en plus compliqué et parfois même dangereux, Léonie Cornet.
00:08On en parle ce matin avec Jean-Pierre Ricot. Bonjour.
00:11Bonjour.
00:12Vous êtes le maire de Pérolle, vous avez été agressé il y a une dizaine de jours dans votre mairie.
00:17Racontez-nous ce qui s'est passé exactement.
00:20Donc, c'est un vendredi matin, il est 10h, je suis à mon bureau en train de travailler.
00:25J'ai une secrétaire qui se précipite dans mon bureau, toute blanche d'ailleurs,
00:27en précisant qu'un individu est rentré dans le bureau du service financier et s'est enfermé avec une collaboratrice.
00:35Donc, je fais un peu d'immédiatement la police municipale, je me précipite au bureau en question,
00:39j'ouvre la porte et je trouve l'individu qui était en train de demander des documents,
00:42notamment les comptes du club Touraine au service financier.
00:46Donc, je lui ai précisé qu'il n'avait pas s'introduire de cette façon dans la mairie,
00:50qu'il n'avait pas s'enfermé avec une collaboratrice et que s'il avait des besoins, je lui fournirais,
00:54il m'écrivait et je lui fournirais par écrit.
00:57De là, je lui dis je t'en raccompagne, je le connais, c'est un Péroulien, je le connais de très longue date,
01:01avec qui j'ai, la ville ou moi-même, nous n'avons aucun problème.
01:05Je l'accompagne jusqu'à la sortie, il sort, il traverse la place de la mairie
01:09et lorsqu'il est complètement de l'autre côté de la place, la police arrive avec des girofards,
01:13en voyant ça, il fait demi-tour, il vient, m'interpelle pour me dire c'est quoi ça ?
01:17Donc, je lui dis c'est pour toi, j'ai appelé la police municipale,
01:19parce que je ne savais pas qui s'était introduit dans le bureau avec une collaboratrice
01:23et à partir de là, il a pété un câble, il n'y a pas d'autre mot.
01:27Donc, ça a été toute une volée d'injures.
01:29La police a cherché à nous séparer, à partir de là, il m'a attrapé par le col,
01:33a priori sans me prendre physiquement, ou en tout cas essayer de me donner un coup de poing.
01:37La police l'a immédiatement saisie et expulsée de la mairie,
01:43avec des injures dont je vous passerai les termes, mais extrêmement, extrêmement choquantes.
01:49Et je leur ai demandé de le laisser partir, puisque je ne voulais pas que ça dégénère,
01:52puisque c'est un personnage qui est quand même assez particulier.
01:56– Vous avez dû avoir très peur ?
01:58– Pas spécialement, parce que, hélas, ce n'est pas la première fois.
02:00Donc, j'ai déjà eu ce type d'altercation, c'était avec un scooter qui roulait à vive allure
02:05dans les rues piétonnes en 2021, en juillet 2021, où j'avais porté plainte aussi.
02:11Donc, c'est la deuxième fois que je porte plainte.
02:13– Oui, là, vous avez déposé plainte, effectivement.
02:15– Et donc, en 2021, juillet 2021, le jugement est enfin tombé en janvier 2025,
02:21c'est-à-dire quatre ans plus tard, où cette personne-là a été condamnée
02:25à 70 jours de travaux d'intérêts généraux, 600 euros de dommages
02:32et 800 euros pour le remboursement des frais de justice.
02:36– Pour cette agression-ci, qu'est-ce que vous attendez de la plainte que vous allez déposer ?
02:40– Moi, ce que j'attends, la loi a changé, et je salue les services de police
02:44et également les services de justice, en tout cas la justice,
02:47puisque l'affaire a été très rapidement traitée, j'évoquais le sujet tout à l'heure,
02:51il a fallu quatre ans pour arriver au terme d'une condamnation.
02:54Là, dans la semaine, il a été mis en garde à vue, c'était le 11 février,
03:01le 12 février, il a été présent déféré devant le procureur,
03:04puis devant le juge d'application, enfin, le juge de liberté,
03:09et donc il a été mis sous contrôle judiciaire avec interdiction de s'approcher de moi,
03:13interdiction de s'approcher de la mairie, et il sera jugé...
03:18– Au mois de mai ?
03:19– Il comparaîtra au tribunal correctionnel, au 21 mai,
03:23donc effectivement, la loi a été modifiée, et aujourd'hui...
03:28– Oui, puisqu'aujourd'hui, le fait d'agresser un maire est une circonstance aggravante.
03:32– Oui, alors le maire est tout détenteur de l'autorité,
03:34donc que ce soit les policiers, les pompiers,
03:37voilà, toutes les autorités qui exercent une émission de service public.
03:41Effectivement, le maire aussi.
03:43– Bien sûr, est-ce que vous diriez que les choses ont changé aujourd'hui,
03:45que le respect à l'égard du maire n'existe plus,
03:48ou en tout cas s'est étiolé au fil du temps ?
03:50– Vous l'avez souvent entendu dire,
03:52on dit que le maire est élu à portée d'un gueulade,
03:55et je pense que c'est effectivement ça qui a changé,
03:57aujourd'hui, il est élu et à portée d'agression.
04:00Et aujourd'hui, le ton monte très vite, très vite, on se fait insulter.
04:05Dès que vous intervenez, alors si vous dites oui à tout,
04:08vous n'avez aucun problème, mais dès que vous commencez à dire non,
04:10ne serait-ce que non, parce qu'il faut respecter la loi,
04:13c'est vrai qu'effectivement, aujourd'hui,
04:16on sent qu'il y a beaucoup d'animosité, beaucoup d'agressivité.
04:19– Le dialogue est devenu vraiment compliqué aujourd'hui.
04:21Vous cristallisez, vous cristallisez toutes les colères,
04:23je suppose, toutes les frustrations.
04:24– Oui, mais c'est la société qui a tourné.
04:26– C'est que vous représentez tout ce qui ne va pas.
04:27– La société a tourné ainsi, alors on n'a pas les statistiques de 2024,
04:30mais en 2023, il y a 2300 élus qui ont porté plainte
04:35pour avoir été agressés dans leur fonction.
04:372300 élus, ça fait 6 élus par jour, c'est colossal, c'est colossal.
04:43On n'est pas élu pour être agressé, on est là, on est passionné,
04:47on est au service de notre territoire, au service de nos populations,
04:50dans le plus grand respect des règles de la République,
04:53on n'est pas là pour se faire agresser.
04:54– D'ailleurs, il y a un rassemblement qui est prévu ce matin dans votre commune,
04:58qu'est-ce que vous en attendez ?
04:59– Alors, d'abord, j'ai reçu des centaines de messages,
05:03je crois que j'ai même reçu plus de messages que pour les vœux de début d'année,
05:06donc c'est de soutien, donc c'est assez extraordinaire.
05:09Et effectivement, toute une série d'élus m'ont dit
05:10que ce serait bien de marquer le coup,
05:12donc voilà, j'ai programmé ce rendez-vous avec mes équipes ce jour à 11h,
05:18où à priori, il y aura un petit peu d'hommage,
05:20je serai le seul à prendre la parole, donc je ne suis pas dans l'animosité,
05:22mais voilà, c'est d'être solidaire, solidaire de l'ensemble des élus
05:26qui exercent un mandat qui est passionnant,
05:30mais voilà, qui devient de plus en plus tendu.
05:32– Est-ce qu'il devient tellement tendu que ça empêche de se dire
05:36que là, vous êtes dans la dernière année de mandat ?
05:38Est-ce que ça empêche de se dire, on y retourne, c'est trop dur ?
05:40– Bon, moi, pour ce qui me concerne, je vais y retourner,
05:44mais quelquefois, on se pose la question,
05:48le mandat d'élus, c'est 7 jours sur 7, 24h sur 24,
05:51il n'y a pas de samedi, il n'y a pas de dimanche,
05:54et on se dit, tout ça...
05:55– Et en plus, il y a des petites volées d'un jour de temps.
05:57– Voilà, tout ça, pour se prendre ça,
05:58et l'anonymat des réseaux sociaux,
06:01ou sur les réseaux sociaux, pareil, sous le prétexte d'anonymat,
06:04on se prend des volées de bois verts et de fake news,
06:08c'est vrai que c'est rageant.
06:09– C'est encore plus facile de devenir agressif,
06:11et heureusement, il y a des rassemblements aussi,
06:13pour justement apporter son soutien.
06:16– Voilà, de la motivation et de la solidarité entre élus.
06:18– Merci beaucoup, monsieur le maire Jean-Pierre Récaud,
06:21je rappelle que vous êtes le maire de Pérolle,
06:23merci beaucoup, bonne journée à vous.
06:25– Merci.
06:25– Tous ceux qui font l'actu de votre département,
06:27vous les entendez sur votre téléphone ?