• il y a 9 mois
Interrogés par les sénateurs dans le cadre de la commission d'enquête sur le narcotrafic, les magistrats du tribunal judiciaire de Marseille ont mis en garde contre une "gangrène qui abîme le tissu social" et cause un "risque de délitement de l'État de droit" dans la cité phocéenne, qui serait devenue selon certains magistrats une "narco-ville"

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Transcription
00:00 On a l'impression que la dimension humaine du problème a été prise en compte par les sénatrices et les sénateurs cet après-midi.
00:06 Ils nous ont écoutés. On a pu se mettre à table sur une discussion franche et honnête.
00:12 Effectivement, il se passe des choses dans notre ville, des choses horribles.
00:16 Et je pense que les mots forts employés par le parquet décrivent bien ce qu'on vit dans nos cités,
00:20 face à des réseaux qui se modernisent, qui sont en mutation permanente.
00:25 Il y a une main d'œuvre de plus en plus jeune parce qu'on oublie de dire que l'auteur présumé
00:29 du tir mortel sur Kayna il a 15 ans. Donc c'est gravissime qu'à 15 ans on se rende coupable d'un tel acte.
00:36 On a pu dire nos inquiétudes. On a pu dire aussi que les politiques étaient inefficaces.
00:42 Et le procureur de la République a dit qu'effectivement on peut, en fait, ces affaires,
00:46 mettre à mal le lien social dans nos quartiers.
00:48 Ce qu'on demande aujourd'hui, ce qu'on a demandé fortement aux sénateurs et aux sénatrices,
00:53 c'est justement de revenir à un échelon municipal pour traiter ces affaires.
00:57 Parce que je pense qu'il faut remettre de la proximité dans l'efficacité de la lutte contre les régions de drogue.
01:02 Et c'est comme ça qu'on va y arriver.
01:03 – Et vous l'avez dit, Hassane Hammou, il y en a eu des renforts annoncés, des moyens mis en place,
01:09 il y en a eu des responsables politiques qui sont venus à Marseille.
01:12 Est-ce que vous avez le sentiment que cette fois, parce que vous pourriez travailler tous ensemble,
01:16 sénateurs, magistrats, associations, ça pourrait être différent ?
01:21 – Bien sûr, il a fallu déconstruire aussi un nombre de clichés face à la commission d'enquête parlementaire.
01:28 Mais effectivement, ce dialogue qui s'est engagé entre nous est inédit, ça ne s'est jamais produit.
01:33 Nous sommes les seules associations qui avons été auditionnées
01:36 de toute la commission d'enquête parlementaire, il faut le dire.
01:38 Et c'est alors honneur d'être venu à notre rencontre,
01:41 là où depuis des années on est plus ou moins ignorés et seuls face à ces phénomènes.
01:45 Pour une fois, on a la justice, les parlementaires, on est dans le même camp
01:49 et on se bat pour essayer d'améliorer la vie des habitants des quartiers parce qu'ils le méritent.
01:54 Et ces jeunes qui meurent aussi jeunes, justement, il faut que ça s'arrête
01:57 et qu'on puisse leur donner une alternative différente.
02:00 – Et lorsque vous dites "on doit revenir",
02:02 "on doit commencer par revenir à une échelle municipale",
02:05 ça veut dire quoi et en quoi ça changerait la lutte contre ce trafic ?
02:10 – D'abord parce qu'on a des collectivités qui ont des compétences particulières,
02:13 notamment sur la protection des mineurs, je pense au département,
02:16 mais qui est une collectivité qui est trop éloignée de nos territoires.
02:20 La politique efficace, c'est à l'échelon municipal
02:23 parce que c'est des équipements municipaux de proximité.
02:26 Le seul rempart qui reste dans nos cités, c'est les centres sociaux et les écoles publiques.
02:31 On n'a plus rien de présence et de signes de la République présents sur nos territoires.
02:34 Donc l'échelon municipal, c'est le meilleur échelon pour nous parler,
02:37 pour se parler et pour avoir des politiques publiques efficaces.
02:40 Et d'ailleurs, ce qu'on a dit aux parlementaires,
02:42 c'est que notre ville pourrait être une ville expérimentale
02:45 parce que, votre journaliste l'a rappelé, il y a un caractère particulier à cette ville
02:49 qu'on trouve nulle part ailleurs dans le pays.
02:51 Et que là, encore une fois, la modernisation des réseaux, l'ubérisation aussi,
02:56 parce qu'il faut savoir que le salaire que perçoivent les minots,
02:59 aujourd'hui, est de plus en plus bas.
03:02 On assiste à une ubérisation de la main d'œuvre et la main d'œuvre est de plus en plus jeune.
03:06 Donc il y a urgence à agir.

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