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Pour l’écrivain Nathan Devers, la violence liée aux trafics de drogue en France est «normale». Selon lui, «quand vous voyez les masses d’argent brassées par ces mafias, c’est tout à fait logique qu’elles prennent une autorité qui imite l’autorité étatique».

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Transcription
00:00 - Il y a un mot qui n'a pas été prononcé depuis tout à l'heure,
00:02 c'est le mot de mafia.
00:04 - Ah oui, mais on l'a tout senté.
00:06 Il y a deux mafias qui règnent sur Marseille,
00:08 la DZ mafia et la Yoda mafia.
00:09 - Oui, bien sûr, mais même plus généralement,
00:11 on a affaire à un phénomène mafieux.
00:13 Ça veut dire, quand on parle de guerre asymétrique,
00:15 c'est ça fondamentalement.
00:16 Et une mafia, que ce soit en Italie,
00:18 que ce soit en Amérique du Sud,
00:20 ça ne se combat pas par des moyens habituels.
00:22 Sinon, c'est un travail de saisie.
00:24 C'est des policiers qui vont démanteler un point de deal.
00:26 Le lendemain matin, il est reconstitué.
00:28 Vous prenez des gens, vous les mettez en prison.
00:31 Ils peuvent tout à fait continuer à diriger leur trafic de deal.
00:33 - Surtout au Bomet, où apparemment,
00:34 ça se passe plutôt bien pour les dealers.
00:36 - Oui, c'est connu tout ça.
00:38 Enfin, vraiment, on peut...
00:40 Ce n'est pas du tout des remèdes, en quelque sorte, à la situation.
00:42 Donc, je filerais la métaphore médicale
00:45 qui était employée dans votre premier sujet.
00:46 C'est que quand vous avez quelqu'un qui est malade,
00:49 vous n'allez pas seulement donner des médicaments
00:51 pour guérir ses symptômes.
00:52 Vous n'allez pas seulement lui donner du Doliprane,
00:53 s'il a un cancer.
00:54 Vous essayez de faire un diagnostic
00:55 et de guérir le mal à la racine.
00:58 Alors, face à cela, tout à l'heure,
00:59 Marc Lamolage parlait de la paupérisation
01:02 des quartiers nord de Marseille
01:04 sur les 40 dernières années, qu'il avait constaté.
01:06 Et ça, à mon avis, c'est aussi un élément important de diagnostic.
01:09 Il y a un deuxième élément de diagnostic.
01:11 C'est de voir aussi que, en quelque sorte,
01:13 cette violence, c'est terrible, ce que je vais dire,
01:14 mais c'est vrai, elle est normale.
01:16 Ça veut dire, quand vous regardez les masses d'argent
01:18 qui sont brassées par ces mafias,
01:19 c'est tout à fait logique que elles prennent une autorité
01:22 qui imite l'autorité étatique.
01:23 Ça veut dire qu'elles se chargent de faire la police
01:25 dans certains quartiers,
01:26 qui se chargent, en quelque sorte,
01:27 de gérer la sanction sociale des jeunes,
01:29 de remplacer la justice sociale, c'est ça ?
01:31 Quand vous recrutez quelqu'un qui a 15 ans
01:33 et que vous lui donnez 3 000 euros par mois, c'est ça ?
01:35 Et puis, il y a ce dernier sujet du diagnostic qui est central.
01:38 C'est celui que disait Régis.
01:39 Je suis désolé, nous sommes un des plus grands pays
01:41 consommateurs d'Europe de drogue.
01:43 Ce n'est pas en durcissant la législation,
01:46 ce n'est pas en mettant la CRS 8 ou n'importe quoi dans les cités,
01:49 ce n'est pas même en mettant des amendes supplémentaires
01:51 aux consommateurs qu'on va régler le sujet.
01:53 Donc je pense qu'il faut un vrai débat global, démocratique,
01:57 sur la place des drogues dans notre cité.
01:58 Mais sachant que la guerre est perdue,
01:59 on ne changera pas cette situation.
02:00 Ajoutez du débat au débat, il y a un moment, il faudrait...
02:01 [Musique]

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