• il y a 8 mois
"Quand les femmes s'arrêtent, tout s'arrête": une cinquantaine d'organisations appellent à la grève du travail et des tâches domestiques, aujourd'hui 8 mars, à l'occasion de la journée internationale des droits des femmes, pour réclamer des mesures en faveur de l'égalité entre les sexes.

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Transcription
00:00 Restons connectés.
00:02 7h46, que reste-t-il à faire pour les droits des femmes dans notre société ?
00:07 C'est la question qu'on vous pose ce matin.
00:09 Vous pouvez nous appeler 0477 10 0010.
00:12 Et vous faites comme Evelyne de Saint-Chamond qui nous a parlé ce matin des inégalités salariales.
00:16 Lorsque j'étais en activité, oui, je l'ai constatée.
00:21 C'est désolant pour les personnes qui sont concernées.
00:25 Et bonjour Agathe Rocher.
00:26 Bonjour.
00:27 Vous êtes doctorante en sociologie rattachée à l'université Jean Monnet au labo Max Weber.
00:31 Vous êtes spécialisée dans les questions de genre, dans le milieu de la culture.
00:34 Aujourd'hui, comme vient de le dire Evelyne de Saint-Chamond,
00:38 la plus grande inégalité qui subsiste, c'est l'inégalité salariale ?
00:43 Je pense que c'est l'une des choses effectivement qui reste à régler.
00:50 Mais ce ne sera pas forcément la seule.
00:53 Il reste encore beaucoup de violences sexuelles aussi,
00:57 qui sont rattachées à une forme de patriarcat qui subsiste.
01:03 Oui, par contre, les inégalités salariales, c'est encore un gros problème effectivement.
01:08 C'est la cause, une des causes du problème ou une des conséquences du problème de l'inégalité salariale ?
01:15 Les inégalités salariales, je pense que c'est une des conséquences du patriarcat, oui.
01:20 Plus que la cause, parce qu'il en découle pas mal de choses ensuite.
01:24 L'inégalité salariale, c'est aussi le manque d'accès aux responsabilités pour les femmes dans le monde du travail.
01:30 Du coup, le statut, tout ça en découle, c'est aussi important ?
01:33 Oui, je pense que dans tous les corps de métier, et majoritairement dans la culture.
01:38 Moi, je suis plutôt spécialisée dans la culture, donc je parle de ce que je connais.
01:42 Mais dans la culture, effectivement, on voit qu'il y a des grosses inégalités salariales.
01:48 Ça découle plutôt d'une part, effectivement, de la problématique du plafond de verre,
01:53 qui fait que c'est une vraie ségrégation verticale pour les femmes et pour les minérités de genre d'ailleurs,
02:00 qui fait qu'on accepte très peu au poste la responsabilité, au poste les mieux valorisés et les mieux rémunérés.
02:08 Et puis, on observe aussi une division vraiment sexuée du travail,
02:12 qui fait que les femmes n'ont pas accès à certains corps de métier.
02:16 Donc là, dans la culture, ça fait plutôt référence à tous les postes de composition, production, technique, etc.
02:23 Cette journée Agathe Rochelle existe depuis des années,
02:26 elle permet avec des chiffres, des témoignages aussi bien sûr, de définir une situation.
02:30 Est-ce que c'est aussi, chaque année, un marqueur des évolutions ?
02:34 Est-ce qu'on avance après chaque 8 mars ?
02:37 Je ne sais pas si on avance après chaque 8 mars,
02:41 mais en tout cas, c'est une journée qui permet de rappeler qu'effectivement, l'égalité n'est pas encore là.
02:45 Et ce qu'on peut noter, c'est que quand même, j'ai l'impression que c'est une journée qui mobilise de plus en plus les personnes.
02:54 Peut-être qu'il y a quelques années, on observait des manifestations avec moins de monde, etc.
02:59 Alors que là, j'ai l'impression quand même qu'aujourd'hui, c'est une vraie journée de mobilisation intersyndicale, interprofessionnelle, etc.
03:07 On pourrait le constater à Rouen ce matin, à Saint-Etienne également,
03:10 et puis au Puy-en-Velay, ce sera en fin de journée.
03:12 Votre spécialisation, c'est la culture. Vous nous le rappeliez avec, bien sûr, tous ces scandales dans le monde du cinéma depuis des mois,
03:19 notamment l'affaire Depardieu. Judith Godrech a beaucoup pris la parole, on l'a entendu.
03:24 Est-ce que c'est un milieu qui est plus propice à ces violences sexistes et sexuelles que les autres ?
03:30 Je ne sais pas si c'est un milieu qui est plus propice, mais en tout cas,
03:34 étant donné que c'est un milieu qui est très masculin,
03:37 obligatoirement, c'est des milieux dans lesquels on rencontre plus de problématiques.
03:42 Et effectivement, le cinéma, comme je l'expliquais tout à l'heure, c'est un milieu où on a très peu de femmes,
03:47 comme la musique par exemple, on a très peu de femmes.
03:49 Le ministère de la Culture sort chaque année, le 8 mars d'ailleurs, un observatoire
03:53 dans lequel on voit effectivement vraiment les chiffres qui prouvent qu'il y a très très peu de femmes
04:01 et très très peu de personnes en minorité de genre qui sont aujourd'hui dans les milieux de la culture
04:06 et qui occupent des postes à responsabilité.
04:08 Donc tant que ça, ça n'évoluera pas, je pense que la situation effectivement sur les violences sexistes et sexuelles,
04:13 ça aura du mal à évoluer, oui.
04:15 Et on en parle beaucoup, donc on le disait, vous vous faites une différence entre la libération de la parole
04:19 et la libération de l'écoute. Et vous dites qu'on est plutôt dans une libération de l'écoute.
04:23 Oui, en l'occurrence, vous parliez de Judith Godrech,
04:26 Judith Godrech, elle a dénoncé ce qu'elle avait subi il y a très longtemps.
04:31 Et il y a beaucoup de femmes qui ont toujours parlé en fait,
04:35 mais sauf que le système rendait la chose beaucoup plus difficile pour arriver à un stade d'écoute réellement,
04:43 parce que leur parole était vraiment minorisée.
04:46 Or aujourd'hui, effectivement, on a peut-être une libération de l'écoute
04:49 qui fait que la parole en tout cas est peut-être un peu plus entendue
04:55 et peut être un peu plus prise en considération.
04:58 Cette semaine, on a beaucoup parlé de la consolidation de l'IVG et de son inscription dans la Constitution.
05:05 C'est une vraie avancée, c'est incontestable pour les femmes.
05:08 Les choses avancent à petits pas.
05:10 Il y aura encore besoin d'une journée du droit des femmes en 2025 ?
05:13 Oui, alors la question de la Constitution qui arrive comme par hasard la semaine du 8 mars.
05:20 C'est un peu gros ?
05:22 Je ne sais pas si c'est un peu gros, mais en tout cas, ce qui est sûr,
05:25 c'est qu'aujourd'hui, on a effectivement une constitutionnalisation de l'IVG.
05:31 Est-ce que pour autant, ça permet aux médecins de ne pas la pratiquer ?
05:39 Oui, c'est encore le cas.
05:40 En fait, un médecin a le droit de refuser une IVG.
05:42 Du coup, je ne suis pas sûre que...
05:45 Enfin, ce qui reste à régler, c'est vraiment cette question-là,
05:47 plutôt que sa constitutionnalisation,
05:49 parce que le jour où personne comme médecin ne voudra pratiquer l'IVG,
05:53 du coup, il n'a pas besoin d'être marqué dans la constitution.
05:57 Ça ne réglera pas le problème.
05:58 C'est la question de l'accès.
05:59 On en a parlé ce matin.
06:00 On terminera là-dessus avec vous, Agathe Rocher.
06:02 Notamment, les sages-femmes qui, aujourd'hui, vont pouvoir,
06:05 dans les temps qui viennent, procéder à des IVG instrumentaux,
06:09 de manière plus autonome.
06:11 Voilà, on libère l'accès.
06:14 C'est ça qui est le plus important, finalement, c'est ce que vous nous dites.
06:16 Oui, c'est libérer l'accès.
06:18 Puis c'est surtout permettre aussi à toutes les personnes
06:21 qui ont besoin d'un IVG de pouvoir y avoir accès,
06:24 et notamment en zone rurale où on sait que c'est particulièrement compliqué.
06:28 Merci, Agathe Rocher, d'être venue partager votre sentiment,
06:31 votre expertise.
06:32 Vous êtes doctorante en sociologie,
06:33 rattachée à l'université Jean Monnet,
06:35 et donc au labo MaxVDA.
06:37 Merci beaucoup.

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