Droits des femmes : "Si on continue à cette vitesse, on atteindra l'égalité salariale en 2186 !"

  • il y a 6 mois
En cette Journée internationale des droits des femmes ce vendredi, le collectif Droits des femmes des Pyrénées-Orientales, ainsi que plusieurs syndicats appellent à une manifestation à 10h30 place de Catalogne à Perpignan. Selon eux, l'égalité est loin d'être assurée en France.

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00:00 L'invité du 6/9
00:02 Et c'est donc aujourd'hui le 8 mars, vous le savez sûrement, la journée internationale des droits des femmes.
00:06 Suzanne Chojaï, vous recevez ce matin la co-responsable du collectif Droits des femmes dans les Pyrénées-Orientales.
00:11 Bonjour Monique Arnandez.
00:13 Bonjour à tous.
00:14 Un rassemblement est prévu ce matin à Perpignan, c'est à 10h30 au départ de la place de Catalogne.
00:19 Vous allez ensuite marcher jusqu'au Castillet, si je ne me trompe pas.
00:22 Qui appelle à manifester aujourd'hui ?
00:24 Alors aujourd'hui c'est un peu une première quand même,
00:27 puisque ça fait plusieurs années déjà que le collectif Droits des femmes 66 organise la manifestation du 8 mars.
00:32 En général on la faisait à 18h.
00:33 Cette année c'est à la suite d'une initiative nationale.
00:37 Le collectif Droits des femmes 66 est associé à une intersyndicale élargie.
00:42 Et donc on va manifester un jour de grève féministe, c'est à dire qu'un jour on décide d'arrêter de travailler.
00:49 Et ça c'est une première dans les P.O. ?
00:51 Alors c'est une première dans les P.O. et même au niveau national,
00:53 puisque c'est aujourd'hui une grève féministe un peu comme elle le font en Espagne.
00:58 On essaye de faire à peu près aussi bien qu'elle.
01:01 Est-ce que des partis politiques vous rejoignent aujourd'hui ?
01:04 Alors les partis politiques sont déjà dans le collectif Droits des femmes 66.
01:07 Il y a quelques partis politiques, donc il y a la France Insoumise, le Parti Communiste,
01:11 le NPA et Europe Écologie et les Verts.
01:14 Personne à droite ?
01:15 Personne à droite, mais il faut leur demander.
01:17 Nous on a une charte de base qui défend un certain nombre de positions.
01:21 Donc évidemment notre coeur de travail c'est la lutte contre les violences sexistes,
01:26 mais on est aussi pour la défense de l'avortement et de la contraception.
01:30 On est pour l'abrogation de la prostitution, l'abolition de la prostitution.
01:35 Et on est aussi pour la PMA mais contre la GPA.
01:38 Donc voilà, ça c'est notre gestation pour autrui.
01:41 Mais donc les partis de droite ne se reconnaissent pas dans ce que vous défendez en fait ?
01:45 Il faut leur demander, mais en tous les cas ce n'est pas un hasard si par exemple sur la dernière loi pour l'avortement,
01:49 dans la Constitution, ça a été déposé à l'Assemblée Nationale par Mathilde Panot de la FSA
01:54 et au Sénat par Mélanie Vaugelle qui est Europe Écologie et les Verts.
01:57 Deux partis qui sont au collectif droit des femmes.
02:00 Justement la liberté garantie d'accéder à l'IVG va être inscrite officiellement dans la Constitution à partir de midi.
02:06 La cérémonie de scellement a lieu à Paris pour la première fois en public d'ailleurs.
02:11 Vous, vous faites partie de ceux qui se réjouissent qu'elle soit dans la Constitution cette liberté
02:17 ou vous avez un petit regret sur le terme "liberté" et pas "droit" ?
02:20 Bon, alors il y a une petite polémique là-dessus.
02:23 Nous on ne va pas bouder notre plaisir parce qu'on revient de tellement loin et qu'on se dit que...
02:27 D'ailleurs vous parliez des partis de droite, mais les mêmes qui disaient "ce n'est pas la peine"
02:31 parce que l'avortement n'est pas menacé en France.
02:34 Ce sont les mêmes quand même qui animent les comités anti-IVG et qui manifestent devant les cliniques qui les pratiquent.
02:41 Et oui, c'est quand même important.
02:46 Après, il y a une querelle de juristes actuellement.
02:50 On a suivi, je crois que le syndicat des avocats a signalé qu'il risquait d'y avoir un problème
02:55 entre le terme de droit et le terme de liberté.
02:58 Pour l'instant, on va se contenter de ça, mais ce sur quoi on travaille surtout c'est l'application de la loi,
03:04 y compris des anciennes lois qui ne sont toujours pas appliquées
03:06 et les différences d'accès, en particulier dans les périodes orientales, c'est assez flagrant.
03:10 - Et à ce propos, la ministre de la Santé a annoncé hier que les sages-femmes auraient droit,
03:14 dès la fin du mois de mars, de pratiquer les IVG chirurgicales
03:17 dès lors qu'il y a un seul médecin dans leur établissement et non plus quatre,
03:21 comme c'était le cas jusque-là.
03:23 C'était une demande de la profession et des associations à souplir l'accès.
03:26 Vous êtes satisfaite de cette décision, par exemple ?
03:29 - C'est toujours un pas en avant.
03:31 Et d'ailleurs, au collectif, on remercie les sages-femmes qui sont très engagées sur ce plan-là,
03:35 en particulier dans le département.
03:37 - On a dit sur France Bleu Roussillon, Suzanne Chojaï, notre invitée,
03:40 et Monique Hernández, co-responsable du 2 collectif Droits des femmes 66.
03:44 - L'un des gros enjeux, évidemment, c'est l'égalité femmes-hommes au travail.
03:48 On l'évoquait dans l'écho d'ici tout à l'heure.
03:50 Les évolutions de carrière, les écarts de salaire, l'accès à l'emploi aussi, tout simplement.
03:55 Selon vous, est-ce que la France est dans la moyenne par rapport à d'autres pays ?
03:58 Ou est-ce qu'elle est en retard ?
03:59 - Ecoutez, franchement, ce qui se passe ailleurs m'intéresse moyennement par rapport à ce problème-là.
04:04 Mais par contre, en France, je pense qu'il faut faire vraiment très vite beaucoup plus,
04:08 parce qu'on a fait travailler des économistes là-dessus.
04:11 Et si on continue à ce train-là, l'égalité salariale aura lieu en 2186.
04:15 - 2186 ?
04:16 - Quelque chose comme ça, oui.
04:17 Donc on travaille pour nos arrières, arrières, arrières, petites filles.
04:21 - Personne autour de cette table ne le verra.
04:23 - En tous les cas, moi non.
04:24 - Dans la région Occitanie, les hommes gagnent en moyenne 17% de plus que les femmes
04:29 à temps de travail égal.
04:31 Comment ça s'explique encore aujourd'hui ?
04:33 - Alors, comment ça s'explique ?
04:35 C'est toujours pareil, il faut leur demander, au patron, mais même dans la fonction publique.
04:39 On a calculé qu'il y a 400 euros d'écart en fin de carrière entre les hommes et les femmes,
04:43 même dans la fonction publique où tout le monde est censé être payé pareil.
04:46 Ça s'explique parce que les femmes ont des carrières plus hachées,
04:49 en particulier à cause de la maternité, mais pas que.
04:52 Parce qu'elles sont plus précaires, parce qu'elles sont dans des mi-temps imposés,
04:57 très souvent dans le privé.
04:59 Et parce qu'il y a aussi, si vous voulez, le patriarcat, c'est un système
05:03 qui met sa chape sur toutes les strates de la société.
05:09 Et donc voilà, voilà où on en est.
05:11 Si vous voulez, par rapport à ça, excusez-moi, mais on parle aussi du plafond de verre,
05:15 le terme employé pour dire qu'à un certain stade, les femmes ne peuvent pas aller plus loin.
05:21 Mais il y a aussi le plancher collant, c'est-à-dire les emplois précaires,
05:26 c'est pour elles, les mi-temps obligatoires, c'est pour elles,
05:29 les mi-temps fractionnés dans la journée, c'est aussi pour elles.
05:32 Et puis il y a aussi la boîte de verre avec les parois de côté.
05:36 C'est-à-dire qu'on cantonne les femmes en majorité dans des emplois hyper féminisés.
05:42 Et, est-ce que c'est pour ça ou pas, ils sont féminisés, donc ils sont moins bien payés.
05:47 Donc à la fin, on arrive à des différences de salaire.
05:50 Vous dites aussi que malgré les apparences, le gouvernement ne fait pas assez pour la cause des femmes.
05:54 Pourtant, Emmanuel Macron avait vraiment souligné, dès 2017, avant de devenir président,
06:00 que ce serait sa grande cause de son quinquennat.
06:04 Le gouvernement dit même que depuis 2017, le budget alloué à l'égalité femmes-hommes a augmenté de 95%.
06:11 Pourquoi vous dites alors que le gouvernement ne fait rien ?
06:13 Alors, ça c'était avant.
06:15 C'est vrai que le budget des droits des femmes partait de tellement bas
06:20 qu'effectivement, faire une grosse augmentation, c'était un signal.
06:23 On avait aussi en perspective, en 2017, le Grenelle qui a eu lieu en 2019.
06:27 Nous, on avait quantifié à l'époque à 1 milliard les besoins pour défendre les droits des femmes,
06:32 en particulier les problèmes de violence.
06:34 Et puis, là on en est maintenant à un budget qui est en régression totale.
06:39 Bon, monsieur le maire a annoncé ça en janvier, donc que tous les ministères allaient être touchés.
06:43 Je vous le donne en mille, celui qui est le plus touché proportionnellement,
06:46 c'est le ministère de l'égalité hommes-femmes, qui a perdu 9,1%.
06:50 Donc ça veut dire, moins de bracelets anti-rapprochement,
06:54 moins de formation dans les commissariats, dans les palais de justice,
06:57 moins de centres d'accueil pour les femmes en grande difficulté ou en grande précarité,
07:01 moins de formation pour les enseignants, et puis, sur la place par exemple,
07:07 de l'éducation à la sexualité dans les écoles, dans les collèges et dans les lycées.
07:13 Très rapidement pour terminer, sur les violences faites aux femmes,
07:15 il y a encore une femme qui meurt tous les 3 jours en France
07:18 sous les coups d'un conjoint ou d'un ex-conjoint.
07:20 Et la dernière enquête de France Victime montre que les victimes sont encore trop peu accompagnées,
07:25 notamment les enfants des femmes qui sont décédées.
07:28 7% de ces victimes collatérales sont suivies par des associations, seulement 7%.
07:32 Pourquoi ce n'est pas systématique ce suivi ?
07:35 Eh bien parce que c'est sur les associations que repose pratiquement tout,
07:38 et qu'elles n'ont pas assez de moyens pour faire face à toutes les demandes.
07:42 Alors il y a eu un progrès, c'est quand même l'inscription dans la loi
07:45 que les enfants étaient des victimes collatérales des violences conjugales,
07:49 donc ça c'était quand même un progrès.
07:51 Mais après, nous on attend vraiment que se mettent en place en France comme en Espagne
07:55 que ce soit les hommes qui quittent le domicile et pas les femmes et leurs enfants.
07:58 Parce que quand on quitte le domicile avec son enfant,
08:00 c'est souvent d'ailleurs un blocage pour dénoncer son conjoint violent,
08:04 la présence d'enfants.
08:05 Et ensuite il faut les changer d'école,
08:07 il faut les mettre dans un environnement complètement différent du leur,
08:10 dans un centre, même si tout est fait pour l'accueil,
08:13 il n'y en a pas assez et c'est quand même difficile pour eux.
08:17 Et vous appelez donc à manifester ce matin, 10h30, place de Catalogne à Perpignan
08:21 pour la journée internationale des droits des femmes.
08:24 Merci beaucoup Monique Arnandez d'avoir été avec nous,
08:26 vous êtes la co-responsable du collectif Droits des femmes 66.
08:29 Bonne journée !

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