Guerre en Ukraine : "aucune ligne rouge" selon Emmanuel Macron

  • il y a 7 mois

Chaque jour, Céline Géraud et ses invités font un point complet sur l'actualité.
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Transcription
00:00 - 13h36, Paul Melun, Jean-Claude Dassier, mes débatteurs du jour avec nous dans le studio d'Europe.
00:05 Un 13h jusqu'à 14h si vous nous rejoignez.
00:07 Évidemment, on redécortique l'actualité, elle est riche aujourd'hui.
00:11 Vous êtes nombreux à réagir, on vous entendra dans quelques instants.
00:14 On va parler d'Emmanuel Macron justement, qui poursuit sa stratégie,
00:18 assurant hier au chef de parti réuni à l'Elysée qu'il n'y avait aucune limite,
00:22 aucune ligne rouge au soutien en Ukraine.
00:25 Et ce matin, le ministre des armées Sébastien Lecornu est venu faire le service après-vente en quelque sorte,
00:30 annonçant notamment que trois entreprises françaises installées en Ukraine allaient produire des armes.
00:35 Paul Melun, Macron, plus que jamais, va-t-on en guerre ?
00:38 - En tout cas, si vous voulez, un président de la République qui nous dit qu'il n'y a pas de ligne rouge,
00:42 moi je pense qu'on peut interpréter ça de plusieurs façons.
00:44 D'abord se dire qu'il est peut-être dans une forme de, je dirais pas toute puissance, ce serait exagéré,
00:49 mais en tout cas dans un rapport au réel qui est quand même assez particulier.
00:52 Parce que les lignes rouges, c'est quand même beaucoup Washington qui les fixe,
00:55 Joe Biden, l'OTAN, et l'OTAN c'est Joe Biden,
00:58 c'est aussi quand même beaucoup un certain nombre de pays tiers qui ont,
01:03 comment dirais-je, des rôles très importants dans le conflit.
01:06 Là je voyais que les Chinois se proposent d'organiser un forum pour la paix,
01:10 pour organiser une forme de désescalade,
01:14 et mettre tous les partis prenant autour de la table pour faire baisser la pression.
01:18 Je ne suis pas habitué à saluer une initiative chinoise,
01:20 mais là en l'occurrence c'est quand même un peu de bon sens de dire cela.
01:24 Lorsqu'Emmanuel Macron nous dit qu'il n'y a pas de lignes rouges,
01:27 alors effectivement que fait-il de l'ONU, que fait-il de Washington,
01:30 que fait-il des prétentions territoriales de Zelensky ou de Poutine,
01:36 il est dans une forme, si vous voulez, de, comment dirais-je, de course à l'échalote dans son soutien.
01:40 Que nous soutenions l'Ukraine, bien sûr,
01:42 que l'invasion de l'Ukraine par Vladimir Poutine soit terrible, bien sûr aussi,
01:47 mais de grâce réfléchissons à la paix.
01:49 Là nous ne jouons pas, si vous voulez, avec des petits chevaux,
01:53 nous jouons avec des vies humaines,
01:55 nous jouons avec des pays qui sont dotés de l'arme atomique,
01:58 avec un risque de troisième guerre mondiale,
02:01 avec l'anéantissement d'une civilisation.
02:03 Il faut, je pense, savoir raison garder,
02:05 et je trouve que les dernières déclarations d'Emmanuel Macron sont assez inquiétantes.
02:08 - Alors avant de vous entendre Jean-Claude Asselineau, on va prendre un auditeur qui nous appelle.
02:12 C'est Charles. Bonjour Charles.
02:14 - Oui bonjour. - Merci de nous appeler Europe 1.13.1. Vous vouliez réagir ?
02:18 - Oui, écoutez, oui, moi je trouve, enfin,
02:22 mon opinion c'est que c'est une déclaration du président de la République complètement irresponsable,
02:27 enfin, à croire que, enfin moi j'ai l'impression, je suis désolé de vous le dire comme ça,
02:31 mais de voir un gosse qui joue avec ses petits chars sur un tapis,
02:34 avec des petites cartes de pays quoi.
02:36 Enfin, je connais bien la relation internationale,
02:40 c'est pour travailler à l'étranger,
02:41 c'est pour travailler avec les zones Russie et les pays à côté.
02:45 Enfin, il voudrait nous déclencher une guerre avec la Russie,
02:49 il ne s'y prendrait pas autrement, en fait.
02:50 C'est provocation sur provocation.
02:52 Ça ne retire rien au fait que les Russes ont été effectivement,
02:56 c'est extrêmement méchant et vilain,
02:59 parce qu'il faut utiliser des termes compréhensibles par Emmanuel Macron,
03:03 d'attaquer la Russie.
03:05 Maintenant, il faut aussi voir, se regarder un peu dans un miroir,
03:10 parce qu'un certain nombre de choses, nous n'avons pas tenu,
03:13 et l'Europe n'a pas non plus tenu ses engagements dans les protocoles de mines.
03:16 Ce sujet ne date pas de l'invasion de l'Ukraine par la Russie,
03:23 il date déjà bien avant, avec les tensions déjà à partir de 2012-2014,
03:31 quand dans le Donbass, les Ukrainiens commençaient à dénier
03:37 à des populations russophones le droit de parler russe,
03:40 le droit de s'exprimer dans la tradition russe des Zébéra.
03:42 On a signé des accords à cette époque-là,
03:46 avec la bénédiction de l'Europe,
03:49 et finalement, l'Europe n'a rien fait pour les garantir,
03:54 n'a rien fait pour faire en sorte de les faire exécuter par l'Ukraine.
03:59 Parce qu'en fait, l'Ukraine, maintenant, n'a jamais tenu sa promesse non plus,
04:03 et on ne sait pas, c'est un Poutine qui s'énerve de plus en plus.
04:06 Alors la conséquence, c'est que Poutine, effectivement, il a envahi l'Ukraine,
04:10 mais aussi, regardons-nous en face, ce qu'avons-nous fait, nous, pour préserver la paix ?
04:14 On n'a rien fait, on a fermé les yeux.
04:16 Et alors si en plus, on a un président de la République, maintenant,
04:19 qui joue au "Va-t'en guerre", comme disait, effectivement,
04:23 l'excellente intervention précédente,
04:28 ou "Va-t'en", c'est inquiétant même d'être dirigé par quelqu'un comme ça.
04:31 La chance qu'on avait avec les anciens dirigeants d'autrefois,
04:34 c'est qu'ils avaient connu la guerre.
04:35 Donc même du temps des communistes en Russie,
04:37 on savait qu'on avait même des Brezhnevs, des gens comme ça,
04:40 ils détestaient la guerre, ce n'est pas eux qui avaient déclenché une guerre mondiale.
04:43 Au moins les Russes, ils ont au moins la mémoire physique,
04:48 corporelle et géographique de ce que c'est qu'une guerre.
04:51 Donc nous, on commence à l'oublier,
04:54 mais surtout des petits journaux qui donnent des leçons comme ça,
04:56 à des pays comme ça, enfin je veux dire, c'est fou.
04:59 Moi je regrette qu'on n'ait pas un président plus mature.
05:02 - Merci beaucoup Charles.
05:03 On vous entend quand vous dites "il joue aux petits soldats",
05:06 ces propos totalement irresponsables.
05:08 Jean-Claude Dacier...
05:09 - J'ai peur d'être d'accord avec notre auditeur, je pense que...
05:13 - Est-ce qu'il ne faut pas parler comme ça pour être légitime auprès de Vladimir Poutine ?
05:16 - Je trouve que le président de la République est trop souvent incorrigible
05:19 par le choix de ses mots,
05:21 par le choix de ses formules, par le choix de ses phrases,
05:24 et là on est, je le crains, en plein dedans.
05:28 Je ne vais pas épiloguer sur la ligne rouge,
05:32 si ça démarre, pourquoi pas, etc.
05:36 Tout est envisageable.
05:38 Non, monsieur Lecornu, ministre de la Défense,
05:42 qui est très proche, c'est un proche très proche du président de la République,
05:46 était ce matin chez un concurrent aimable, l'EFM je crois,
05:50 pour dire la vérité du dossier.
05:52 Nous n'enverrons pas de soldats en Ukraine.
05:55 Nous n'enverrons pas de soldats en Ukraine.
05:58 Il l'a dit très clairement.
05:59 - Il dit "la France n'entend pas envoyer de troupes combattantes au sol".
06:01 - Où tout le monde en réalité est d'accord.
06:04 Il a, comment dire, remplacé cette alternative qui faisait peur un peu à tout le monde,
06:08 et qui ne recontrait aucune adhésion en Europe, même aux États-Unis,
06:12 il a remplacé ça par "nous allons développer les accords militaires"
06:19 avec des sociétés d'ailleurs qui peuvent être civiles,
06:21 pour essayer d'aider les Ukrainiens, chez eux ou chez nous,
06:25 à développer le matériel dit militaire, les drones et autres,
06:29 de manière à... Bon, toute l'Europe là-dessus est d'accord,
06:32 il faut en effet continuer d'aider l'Ukraine.
06:34 Sur le déclenchement de la guerre, nous aurons d'autres occasions.
06:38 C'est dommage parce que je pense que notre auditeur a bien saisi
06:41 qu'il y avait des choses pas claires là-dedans.
06:43 Si on aura l'occasion...
06:44 - Oui, on aura l'occasion, mais bien sûr, évidemment.
06:47 Europe 1/13h jusqu'à 14h, on reste ensemble dans quelques instants.
06:50 On va parler de cette journée internationale des droits des femmes,
06:54 et de cette grève, la CGT, EFCO, mais pas la CFDT,
06:58 qui font grève pendant la trêve olympique.
07:00 À tout de suite sur Europe 1.
07:01 - Europe 1, il est 13h43.
07:02 [Musique]

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