• il y a 9 mois
HÔPITAL - « On y tient à notre hôpital. C’est notre vie. » À Remiremont, petite ville vosgienne de 7.700 habitants, au moins un millier de manifestants sont descendus dans les rues, samedi 9 mars, afin de « défendre et maintenir » leur hôpital de proximité, dont les urgences sont fermés la nuit depuis le début de l’année, en plus de voir l’avenir de sa maternité menacé. L’image de l’établissement est aussi ternie par une douzaine de plaintes après des décès suspects.

Selon les médias locaux, la police avait décompté 1.500 participants, et les organisateurs 3.000. L’Association pour la défense le maintien et l’amélioration de la maternité (ADEMAT-H) de Remiremont, qui a lancé cet appel à la mobilisation, tenait à marquer le coup pour dénoncer un hôpital public « qui se désintègre jour après jour ».

Comme vous pouvez le voir dans notre reportage vidéo, Le HuffPost a suivi sur place cette nouvelle mobilisation pour défendre le service public de santé dans une zone rurale, après plusieurs manifestations importantes pour la même cause dans des villes de taille modeste ces derniers mois aux quatre coins de la France. En septembre dernier, nous avions filmé la révolte des habitants de Carhaix, en Bretagne, contre la fermeture des urgences la nuit.

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Transcription
00:00 Une autre fronde pour défendre l'hôpital public.
00:03 A Romièrement dans les Vosges, on se mobilise en ombre aujourd'hui
00:05 pour défendre un meilleur accès aux soins,
00:07 à l'instar d'autres manifestations du même type
00:09 dans les zones rurales ces derniers mois.
00:11 Ici aussi, les urgences sont fermées la nuit
00:13 et des services sont menacés.
00:15 Et comme ailleurs, la population fait bloc derrière son hôpital.
00:18 Nous voulons montrer au pouvoir public,
00:20 c'est-à-dire au président de la République,
00:23 au gouvernement,
00:24 aux hauts fonctionnaires du pays,
00:26 que ce territoire de montagne vit, résiste
00:30 et refuse le déclin qui n'a que trop duré.
00:33 Depuis le début de l'année, les urgences ici sont régulées
00:35 entre 20h30 et 8h30 le matin.
00:38 Il faut composer le 15
00:39 avant d'être possiblement redirigé vers des hôpitaux plus éloignés.
00:42 L'avenir de la maternité serait aussi en jeu.
00:44 La direction de l'hôpital pointe une pénurie de médecins,
00:47 surtout les pédiatres.
00:48 On y tient notre hôpital, c'est notre vie,
00:50 c'est une question de vie ou des morts.
00:53 Quand on a un problème le soir après 19h,
00:55 on ne peut plus aller aux urgences à Armiremont,
00:57 il faut aller à Épinal.
00:59 On a tout ce qu'il faut tout près,
01:00 je ne vois pas pourquoi aller ailleurs.
01:04 Il y en a d'autres qui sont plus haut dans la vallée,
01:06 ça leur fait 50 km pour y aller.
01:08 On n'a le temps de mourir d'ici là.
01:11 On parle en ce moment de réarmement démographique,
01:14 il faut faire des enfants,
01:16 mais en fait si on n'a pas de maternité,
01:18 elle est où la sécurité ?
01:19 Pour beaucoup de personnes, l'hôpital c'est hyper primordial
01:22 et là on est en train de perdre tout ça par ici,
01:23 donc c'est super grave.
01:25 On a un bassin de vie de 100 000 habitants,
01:27 ça fait beaucoup de monde,
01:27 ça fait la taille d'une grande ville.
01:29 Aujourd'hui on est confronté à un problème de démographie médicale,
01:32 il n'y a pas suffisamment de médecins,
01:34 et en particulier il nous manque un ou deux pédiatres
01:36 pour pouvoir maintenir la maternité dans les prochains mois.
01:38 Maintenant trouver un médecin traitant dans le coin déjà c'est impossible.
01:50 Dès qu'il faut aller voir un spécialiste,
01:52 on va en Alsace, on va dans le Doubs.
01:54 Donc ouais, c'est compliqué dans le coin.
01:56 C'est rassurant d'avoir un hôpital pas trop loin.
01:57 Très rassurant.
01:58 On a eu l'exemple il y a trois semaines,
02:01 avec notre grand-mère, qu'on a dû amener l'épinal.
02:03 Donc oui, si on a une situation compliquée,
02:06 ça peut faire la différence.
02:07 Le système de santé français est un des meilleurs de la planète.
02:12 Maintenant, il est vers le bas.
02:17 À Remermont, il y a la question de l'offre,
02:18 mais aussi de la qualité des soins.
02:20 Parallèlement à cette manifestation,
02:22 l'hôpital est visé par une douzaine de plaintes
02:24 pour homicides ou blessures involontaires.
02:26 J'ai rencontré Angélique Souk et sa sœur Céline,
02:29 qui ont lancé une association de victimes.
02:31 En juillet 2022, leur mère de 67 ans est décédée
02:34 alors qu'elle était hospitalisée pour une opération du fémur.
02:37 Le matin de sa mort, ses appels à l'aide
02:38 n'auraient pas été suffisamment pris au sérieux, selon sa famille.
02:42 Elle a rappelé à 4 heures,
02:43 l'infirmière dit qu'elle se sent vraiment pas bien
02:46 et que cette fois la douleur est montée au thorax.
02:47 Mais pour autant, cette infirmière-là la réinstalle dans son lit et repart.
02:52 Et personne ne revient avant 7 heures, ou là, il la trouve inanimée.
02:55 Donc notre intime conviction, c'est que finalement,
02:57 quand ils l'ont laissée dans sa chambre,
02:59 elle a dû décéder dans la foulée.
03:01 Nous, ce qu'on a remarqué à travers notre histoire
03:03 et l'histoire d'autres personnes,
03:06 c'est qu'il y a déjà beaucoup de négligence.
03:08 On a aussi des gens qui restent des heures et des heures
03:12 sur un brancard, aux urgences ou dans une chambre d'hôpital
03:16 et pour qui on ne fait rien.
03:17 L'automne dernier, l'Agence régionale de santé a relevé ici des dysfonctionnements,
03:21 c'est-à-dire une mauvaise tenue des dossiers médicaux,
03:23 trop peu de visites post-opératoires
03:25 et un manque de médecins aguerris pour superviser les internes.
03:28 Le service de chirurgie orthopédique a été suspendu pendant un mois,
03:32 le temps de faire des ajustements.
03:33 Bien sûr que le personnel soignant, normalement, c'est une vocation,
03:37 il fait ça parce qu'il y croit, il croit en l'être humain,
03:40 il a des valeurs humaines.
03:42 Mais en tous les cas, force est de constater
03:44 qu'il y a quand même des négligences, des dysfonctionnements notoires.
03:47 Donc oui, un hôpital de proximité, pas de souci, mais de qualité.
03:50 On a le droit à ça en fait, en tant que citoyen,
03:52 on paye des impôts, on a le droit à un hôpital public de qualité.
03:56 Le comité de défense de l'hôpital et les élus ne voient pas d'un bon oeil ces plaintes
04:07 qui mettent à mal, selon eux, l'attractivité de l'hôpital.
04:10 Pour eux, l'heure est au soutien, sans faille des soignants
04:12 qui ont surtout besoin de bonnes conditions de travail pour exercer leur mission.
04:15 La mauvaise réputation faite à cet hôpital,
04:18 les difficultés actuelles sont d'abord de la responsabilité
04:23 de ceux qui ne lui ont pas donné les moyens de fonctionner correctement.
04:27 Les médecins ne sont pas parfaits, ce n'est pas des surhommes.
04:29 Il peut y avoir des accidents, il peut y avoir des erreurs.
04:33 C'est à la justice de le dire.
04:35 Il faut surtout rendre l'hôpital public attractif
04:38 parce qu'aujourd'hui, les soignants en ont marre et quittent l'hôpital public.
04:43 Vous, vous avez une histoire personnelle avec cet hôpital ?
04:45 Oui, j'ai fait une pré-eclampsie.
04:47 Si je n'avais pas été prise en urgence et qu'ils n'avaient pas sorti mon bébé
04:51 grâce à une césarienne, ce petit bébé de deux ans ne serait pas là.
04:55 Il fallait que je sois prise en charge en moins de 45 minutes.
04:58 Et voilà, c'est ce qui a été fait.
04:59 Donc, ça a été juste parfait.
05:02 Et on a besoin de cet hôpital.
05:04 [Musique]

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