• il y a 8 mois
Raphaël, l'artiste au 2,5 millions d'albums vendus, 2 disques de diamant, 3 victoires de la musique et un prix Goncourt est le grand invité de RTl pour la sortie de son nouvel album "Une autre vie" : 10 titres très élégants, poétiques, entre pop, folk, sonorités jazzys et expérimentales.
Regardez L'invité de RTL Soir du 11 mars 2024 avec Julien Sellier.

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Transcription
00:00 Vous êtes sur RTL.
00:02 Julia Selier, Isabelle Choquet et Cyprien Sini.
00:08 RTL, bonsoir.
00:09 La deuxième heure avec la fine équipe autour de la table.
00:12 Cyprien, Isabelle, Alex Vizorek, Louis Baudin, mais aussi notre monsieur musique, Steven Bellery.
00:18 Salut Steven.
00:19 Salut à tous.
00:20 Et tous ensemble, nous accueillons notre grand invité, c'est le chanteur Raphaël.
00:23 Ce soir, rebonsoir Raphaël.
00:24 Rebonsoir.
00:25 Dans quelques minutes, vous allez chanter ici en live dans ce studio avec votre guitare,
00:30 puisque votre nouvel album Une Autre Vie vient de sortir.
00:33 Dix titres sur cet album, très élégant, très poétique comme celui-ci,
00:47 L'Espoir entre pop, folk, sonorité jazzy et expérimental.
00:51 C'est un album qui est très cohérent.
00:52 Vous y chantez la quête du bonheur, la nostalgie, l'amour comme remède aux mots de ce monde.
00:57 Le bonheur, parlons-en, c'est du vol.
00:59 C'est ce que vous écrivez à un moment donné, ce que vous chantez.
01:02 Pourquoi c'est du vol le bonheur ?
01:03 Je ne sais pas, parce que déjà, j'aime bien cette phrase.
01:07 Ça veut dire que c'est cette idée du verre à moitié vide ou à moitié plein.
01:11 Je me dis souvent que j'ai beaucoup de chance.
01:16 Je vois les choses d'une...
01:18 Je ne sais pas si je suis très clair.
01:20 Je commence très mal mon interview.
01:22 Je me dis souvent que je n'arrive pas à finir une phrase.
01:25 C'est de pire en pire.
01:27 Dites-moi, c'était pas clair.
01:29 Le bonheur, c'est du vol.
01:30 Ça se comprend, non ?
01:32 Oui, ça se comprend bien.
01:34 Les nouvelles du jour ne sont pas bonnes, chantez-vous dans Airsub.
01:37 C'est du temps échappé au malheur.
01:38 C'est du temps dérobé au malheur.
01:41 Vous dites dans Airsub, je reprends moi aussi,
01:43 les nouvelles du jour ne sont pas bonnes.
01:44 Dieu s'est retiré du monde il y a déjà longtemps.
01:46 Ça, c'est dans un autre morceau.
01:48 Et pourtant, vous chantez cet espoir qu'on entend.
01:50 Il dit, Dieu s'est retiré du monde il y a déjà longtemps.
01:53 Il n'a laissé que des lumières allumées et une facture jamais payée.
01:55 J'aime bien l'idée que ça coûte cher tout ça.
01:59 Pourquoi vous penchez toujours au final du côté de l'espoir,
02:02 de l'optimisme, de la lumière ?
02:04 Je ne sais pas.
02:05 Je pense qu'il n'y a pas le choix.
02:07 Et puis, c'est...
02:09 Je ne sais pas.
02:10 J'ai l'impression que c'est essentiel de garder de l'espoir.
02:12 Si on ne commence plus à avoir envie de se lever le matin,
02:14 il faut consulter.
02:15 Ça veut dire que ça va vraiment mal.
02:17 On doit rester dans son plume.
02:18 Non, non.
02:19 Il y a mille raisons d'espérer, en fait.
02:21 C'est sûr que si on écoute les informations en permanence,
02:25 il y a quelque chose de très anxiogène.
02:26 Si on a la tête sur un écran en permanence,
02:28 ou sur deux écrans comme on le voit maintenant.
02:30 Je vois les gens qui regardent la télé, puis un écran,
02:32 puis un deuxième truc.
02:33 Ça génère énormément de stress.
02:36 Mais après, il y a beaucoup de belles choses aussi.
02:39 Vous évoquez dans plusieurs chansons les guerres de l'Est.
02:42 Votre arrière-grand-père était ukrainien.
02:44 Votre grand-mère, Wallah, aussi.
02:46 La guerre en Ukraine, c'était un immense choc pour vous, il y a deux ans.
02:50 Oui, bien sûr que c'était un grand choc.
02:53 Je dirais que je ne suis pas très légitime pour parler de la guerre en Ukraine.
02:58 Mais par contre, ce qui est sûr, c'est qu'on sent que la guerre frappe à nos portes.
03:01 On le voit en permanence avec l'idée de se réarmer,
03:05 l'idée qu'on est déjà partie prenante,
03:09 que les démocraties vacillent,
03:12 que les réseaux sociaux remettent en question la notion de vérité, de réalité.
03:17 Il n'y a plus que des faits divers et variés qu'on n'arrive plus à classer.
03:21 C'est très inquiétant, bien sûr.
03:23 C'est très anxiogène.
03:24 Donc, face à ce fracas du monde permanent,
03:27 je me concentre sur les choses sur lesquelles je peux avoir un impact.
03:30 Le monde a beaucoup d'impact sur moi,
03:31 mais je n'ai aucun impact sur lui, il faut être très clair.
03:33 J'essaie de me concentrer sur l'intime, sur l'histoire d'amour,
03:37 sur des souvenirs éblouissants sur les épaules de mon père,
03:40 sur ce que c'est que le bonheur.
03:43 Et puis, peut-être que c'est le plus important,
03:45 parce que toutes ces choses géopolitiques passeront aussi,
03:48 alors que notre identité ou nos aspirations en tant qu'humains,
03:54 c'était les mêmes il y a cinq siècles, ce sera les mêmes probablement plus tard.
03:57 Sauf si l'AI nous change profondément.
04:00 J'ai l'impression que je vous parle tout seul, non ?
04:04 D'habitude, il y a toujours de la musique,
04:06 et là, on a coupé la musique et on me laisse déraper en solitaire.
04:10 Justement, ouvert du bien, comment vous vous protégez de tout ça ?
04:12 Vous dites que quand vous avez le cafard, vous écoutez Nina Simone
04:15 ou alors ce titre de David Bowie.
04:17 Ça, ça refuse, la musique ?
04:24 Oui, je dirais qu'à...
04:26 Ah, là, on me laisse la petite musique derrière ça, j'aime bien ça, merci.
04:28 Ça fait plaisir.
04:30 C'est DJ Boris.
04:31 Je dirais que tous ces musiciens magnifiques,
04:34 alors moi, c'est effectivement David Bowie ou Nina Simone
04:37 pour des raisons liées à l'enfance, des choses comme ça.
04:39 Pour d'autres personnes, ça peut être Ravel,
04:41 mais je trouve que la puissance de la musique ou de la poésie,
04:44 elle est essentielle dans nos vies.
04:46 Je ne sais pas, quand on est dans une situation de stress ou de violence,
04:52 c'est souvent ces choses-là qui nous sauvent.
04:54 Ça a un effet immédiat sur vous ?
04:56 Là, je ne sais pas, je ne saurais pas dire.
04:58 Ce n'est pas une transformation comme dans un taxabri, mais en tout cas, ça me sent bien.
05:02 Et alors, la quête du bonheur, on va devoir dire au revoir à David Bowie.
05:06 Cette quête du bonheur, on la retrouve dans une superbe chanson,
05:09 "Un oiseau invisible", c'est avec votre fils Aljosha, qui a 9 ans.
05:13 Raphaël, pourquoi vous chantez avec votre petit garçon ?
05:28 Vous êtes comme tous les parents, quand vous le regardez, vous vous dites
05:31 "C'est tellement plus facile d'être heureux à leur âge".
05:34 Il y a de ça. Au début, je ne pensais pas du tout la chanter avec lui.
05:39 J'avais écrit cette chanson parce que c'est vrai que le bonheur,
05:42 c'est quelque chose de très impalpable.
05:44 Autant la joie, on peut la contrôler, être joyeux,
05:47 mais cette sensation de bonheur, elle est très complexe.
05:50 Aussitôt qu'on le ressent, il s'échappe, il s'enfuit.
05:54 Et donc, ça me faisait penser à ces oiseaux.
05:56 J'aime bien regarder les oiseaux, j'ai une maison à la campagne comme ça,
05:58 et je les observe tout le temps et je ne vois rien.
06:00 Je pense que je ne vois rien d'un oeil, et même si je voyais,
06:02 je ne pense pas que je pourrais les reconnaître.
06:04 J'ai acheté une application très chère, genre 30 euros par mois pour voir des oiseaux.
06:08 Je mets mon téléphone en permanence en face des oiseaux.
06:11 Et l'application ne voit rien non plus.
06:14 Elle me ment, lamentablement, en me disant "ça c'est une maisonge".
06:20 En règle générale, ils ont des noms beaucoup plus...
06:23 un pipi de défouré ou un truc comme ça, ou un courlit ravageur.
06:27 Et ils m'intoxiquent comme ça.
06:29 Et du coup, je me suis dit que j'acceptais que ce soit un oiseau invisible,
06:32 qu'on ne le voit jamais, qu'on entende juste son chant.
06:34 Et puis, j'avais enregistré la chanson,
06:37 et puis mon petit garçon aimait bien, il chantonnait un peu par-dessus.
06:42 Et puis je me suis dit "oui, après tout, une chanson sur le bonheur,
06:45 probablement il a beaucoup plus à m'en raconter sur le bonheur que moi".
06:49 Je ne sais pas lequel des deux peut expliquer à l'autre ce que c'est.
06:53 Ou peut-être c'est des visions différentes du bonheur,
06:55 mais c'est simplement être ensemble, c'est ça le bonheur.
06:57 Donc on la chante ensemble, et puis après, plus égoïstement,
07:00 c'est un souvenir merveilleux de me dire "voilà, dans dix ans,
07:02 je réécouterai cette petite voix, je lui parlerai comme ça".
07:05 Tu m'as vraiment foutu la honte sur ce coup-là.
07:08 - Il paraît que vous avez enregistré en dix minutes seulement.
07:11 - C'est-à-dire que tout était déjà fait,
07:13 et lui ensuite il est arrivé en studio, il a posé sa voix.
07:16 Les enfants, il ne faut pas les emmerder longtemps,
07:18 au bout de trois minutes, ils savent très bien chanter, les enfants même.
07:22 Par exemple, quand on prend des cours de chant,
07:24 on essaye de travailler pendant des années
07:26 pour retrouver la manière de chanter qu'on les gosse de sept ans, huit ans,
07:29 un chant qui vient de très loin.
07:32 - Vous m'aviez raconté, quand "L'Espoir" était sorti,
07:35 le premier extrait de cet album, que vos enfants avaient influencé
07:37 même cette chanson qui vous avait dit "tu chantes trop papa".
07:39 - Oui, c'est vrai.
07:40 - On se souvient que sur "Anticyclone", vous aviez chanté avec votre femme,
07:43 sur "Somme d'ambules", c'est Romane qui avait écrit les paroles de la chanson.
07:46 C'est vraiment une affaire de famille, la musique ?
07:48 - Non, je ne crois vraiment pas.
07:50 - Parce qu'ils sont là ?
07:51 - Voilà, c'est parce que je suis tout le temps là,
07:54 à traîner sur mon piano, ma guitare,
07:57 et puis c'est la vie de...
08:00 Je suis vraiment à la maison, j'ai pas de studio.
08:02 En plus, souvent je travaille la nuit,
08:04 donc je fais des siestes l'après-midi et j'ai honte,
08:06 quand il y a l'enfant qui rentre de l'école à 16 ans,
08:08 je me dis "oh putain, je suis en train de faire une sieste,
08:10 je me réveille en catastrophe, je prends un livre,
08:12 les lunettes au bout du nez, qu'est-ce que tu fais ? Rien, j'étudie, je sais pas quoi".
08:16 Alors que vraiment, j'étais en train de rêver de moto,
08:18 il y a trois minutes, dans un rêve profond.
08:20 Maintenant, il a appris, quand il me voit,
08:25 il me dit "bon sommeil paradoxal, papa".
08:27 C'est vrai qu'il sort ça, je sais pas d'où ça sort.
08:30 - Cette musique, je trahis pas de secret,
08:33 Mélanie Thierry, votre épouse, est enceinte de votre troisième enfant.
08:36 Vous lui chantez déjà des chansons à ce futur enfant ?
08:39 - Euh... non, non, non, j'y ai pas pensé,
08:43 mais maintenant peut-être qu'elle va me donner une idée.
08:46 - Votre femme, l'actrice Mélanie Thierry,
08:49 c'est elle qui est la femme blonde sur la pochette de l'album ?
08:52 - Oui, oui.
08:54 - Vous les mettez en scène, c'est quoi, c'est naturellement que ça s'est fait ?
08:58 - Ouais, je sais pas, déjà je cherchais à faire une pochette,
09:01 et puis j'aimais bien l'idée de...
09:03 Il y a une chanson qui s'appelle "Une autre vie",
09:05 et qui parle vraiment de cette expérience de regarder,
09:07 de la regarder jouer dans un film,
09:08 et de voir l'immensité des sentiments, ce vertige-là, quoi,
09:11 elle a une autre vie, elle a d'autres enfants,
09:13 parfois elle meurt dans un film,
09:14 enfin c'est quelque chose de bouleversant, quoi,
09:16 c'est une expérience étonnante.
09:18 Et j'avais envie de...
09:20 C'était une photo que j'ai prise à Cuba, en fait,
09:22 il y a longtemps, derrière une vide de taxi,
09:24 et j'aimais bien l'idée d'être entre ses mains,
09:26 d'être entre les mains de quelqu'un,
09:27 ça veut dire à la fois qu'on est une marionnette,
09:29 dont quelqu'un tire les fils, c'est un peu ça l'amour aussi,
09:32 et puis les fils s'en mêlent,
09:33 et puis on est aussi entre les mains de quelqu'un
09:35 parce qu'on est protégé par quelqu'un.
09:37 Donc il y a tout ce sens-là,
09:38 je me sens plus protégé qu'une marionnette
09:40 dont on tire les fils qui s'en mêlent, à vrai dire,
09:42 mais ça dépend des périodes, peut-être.
09:45 - Alors, Mélanie Thierry, vous dites que vous avez écrit
09:47 une cinquantaine de chansons pour elle,
09:49 et vous chantez encore l'album,
09:50 l'amour d'ailleurs, sur cet album-là,
09:52 c'est une source d'inspiration permanente, votre femme ?
09:55 (rires)
09:57 Vous avez le droit de dire non.
09:59 - Elle ne nous écoute pas, elle ne nous écoute pas.
10:01 Elle dit beaucoup de mal de vous.
10:03 - Quand elle est venue il y a quelques semaines, voilà, exactement.
10:06 - Oui, je dirais que les chansons d'amour,
10:09 en règle générale, sans parler de mon cas particulier,
10:12 je dirais que les chansons d'amour,
10:13 c'est l'essence même de la musique.
10:15 Dans une chanson, on peut raconter autant du sentiment amoureux
10:18 que dans, je ne sais pas, Anna Karenin, il me semble,
10:21 que c'est la grande force de la musique.
10:24 Si vous avez le cœur brisé, si vous vous êtes fait plaquer,
10:28 toute votre intelligence et tout ce que vous avez lu de philosophie,
10:31 en règle générale, ne peut pas vous servir à grand-chose,
10:33 mais par contre, écouter un morceau de Nina Simone,
10:36 ou je ne sais pas, pour moi,
10:37 ou une chanson d'amour comme ça, de Lee Parton,
10:40 ça va ou bien vous faire toucher le fond, ou bien vous faire remonter,
10:43 et ça va être d'une aide précieuse.
10:45 Donc, il me semble que notre métier de faire des chansons,
10:50 il a très, au sentiment amoureux, c'est un lien très puissant.
10:53 - Il y a des chansons d'amour qui ont été des leçons pour vous ?
10:56 - Oui, bien sûr, bien sûr, il y en a plein.
10:59 Il y en a plein. Bien sûr, "Ne me quitte pas", c'est une leçon.
11:01 "Ne me quitte pas", chantée par Nina Simone,
11:03 qu'est-ce que je veux dire ?
11:05 C'est éblouissant, je trouvais.
11:07 Puis, c'est des leçons de courage.
11:09 Moi, si j'ai un trouble amoureux, je vais plus me réfugier dans du rock.
11:12 Je vais plus me dire "Allez, merde quoi !"
11:14 - Vénère !
11:15 - On va se donner de la valeur, on va écouter Iggy Pop,
11:17 et on va se mettre à poil.
11:19 Il y a un truc un peu de...
11:21 - Je suis plus comme ça aussi.
11:23 - Oui, c'est ça, mais chacun son truc.
11:25 - Raphaël, vous restez avec nous, vous êtes le grand invité de RTL.
11:28 Bonsoir, Alex, vous vouliez rajouter quelque chose ?
11:30 - On entend Nina Simone, je chante.
11:32 - C'est trop beau. - C'est trop beau.
11:33 - C'est inouï.
11:34 - On peut la laisser un petit peu.
11:36 - Vous nous montrez la réactivité de Boris à la régie.
11:38 - Oui, merci. - Bravo, Boris.
11:40 - On passe un joli moment avec vous, avec Nina Simone également.
11:59 Raphaël, vous restez avec nous, vous allez chanter ici, dans ce studio, dans quelques minutes.
12:03 Heure sub, extrait du "Notre Vie", votre nouvel album.
12:06 On se retrouve dans une seconde.
12:08 - RTL, bonsoir, jusqu'à 20h.
12:11 - RTL, bonsoir.
12:12 - Julien Selyé.
12:13 - Isabelle Choquet et Cyprien Signe.
12:15 - Et la deuxième heure avec notre grand invité ce soir, Raphaël, qui va chanter pour vous en live dans quelques minutes.
12:21 Heure sub, extrait du "Notre Vie", son nouvel album.
12:24 Album, on l'a dit, délicat, poétique et parfois drôle.
12:27 Exemple avec ce titre "Baby-Sitter".
12:29 - Elle me demande si je connais un bar ouvert.
12:33 Elle crève d'envie d'un verre.
12:36 Elle sort de son sac un parfum bon marché.
12:44 Elle me demande si j'ai déjà baisé sur la banquette arrière.
12:49 Et je ramène la Baby-Sitter chez elle.
12:52 Et je ramène la Baby-Sitter chez elle.
12:59 - Raphaël, vous vous mettez en scène, en voiture, en train de raccompagner cette jeune Baby-Sitter séductrice.
13:04 Elle me dit qu'elle n'a pas d'ami de son âge et pas d'amant en ce moment.
13:07 C'est du vécu cette chanson ?
13:10 - Non, c'est une fiction.
13:12 C'est une petite nouvelle.
13:14 C'est vraiment l'idée d'un type qui ramène la Baby-Sitter.
13:16 Et puis la Baby-Sitter est un peu entreprenante.
13:19 Et il est gêné, il est dérangé.
13:22 Et puis il met quand même un peu flatté parce qu'il regarde comme ça le ciel à travers ses boucles d'oreilles.
13:26 Il est très joli.
13:28 Et puis à la fin, elle lui dit "mais dis-moi, il paraît que toi tu faisais de la musique avant".
13:35 C'est une petite humiliation que les chanteurs connaissent souvent.
13:40 Des fois, il y a une jeune fille qui vient vous demander un autographe et qui dit "ce n'est pas pour moi, c'est pour mon arrière-grand-mère".
13:48 - Ça vous est arrivé ? Non, pas encore.
13:50 - Pas arrière-grand-mère.
13:52 - Non, mais pour ma mère.
13:54 - Très bien aussi.
13:56 - Cette chanson, Baby-Sitter, vous l'avez composée avec le prof de piano de vos fils, Marc Prior, qui vous donne aussi des cours.
14:03 - Très grand musicien, très grand jazzman.
14:05 - Comment ça s'est fait ?
14:07 - Je ne sais pas.
14:09 On travaille ensemble depuis 2-3 ans, comme ça, toutes les semaines.
14:12 C'est un musicien merveilleux.
14:14 Il fait des disques magnifiques.
14:16 Et il est très gentiment prof de piano aussi.
14:19 Mais ce n'est vraiment pas son activité principale.
14:22 Et puis on a essayé plein de choses.
14:25 Parfois, à la fin d'un cours, on bosse pendant une heure, on cherche des choses.
14:28 Et là, ce riff de piano qui était très beau, très jazz, j'adore.
14:33 - En tout cas, à 48 ans, vous serez bien plus enfant que moi à 43.
14:37 On va faire du combat.
14:39 Par exemple, dans le clip "L'Espoir", on vous voit faire du cheval, main attachée.
14:42 Pourquoi ? Vous aimez vous faire peur ?
14:44 - Ce n'était pas mon idée.
14:46 Je ne suis pas un cavalier du tout.
14:48 Je n'avais pas fait de cheval depuis l'âge de 12 ans.
14:50 Ou 13.
14:52 Et puis moi, je voulais juste faire du cheval.
14:54 Je trouvais ça beau.
14:56 Ça allait bien avec le rythme de la chanson "L'Espoir" qui était comme une cavalcade, une chevauchée.
14:58 Et puis le réalisateur m'a dit "C'est bien, mais je ne t'ai pas dit.
15:00 En fait, tu as les mains attachées dans le dos."
15:02 Donc je lui ai dit "Mais pourquoi ?"
15:04 Il me dit "Main comme ça."
15:06 Et puis, après, je me suis fait une raison.
15:08 Et je trouve qu'il y a quelque chose d'assez beau.
15:10 C'est un peu une métaphore de la vie.
15:12 On est au triple galop, on ne contrôle pas grand-chose.
15:14 Et on essaie de ne pas se péter la gueule.
15:16 C'est peut-être ça un peu.
15:18 Vous avez passé après une chute de cheval.
15:20 Parce qu'il paraît que vous jouez du piano tous les jours.
15:22 C'est un vrai besoin, ça c'est physique ?
15:24 Oui, oui.
15:26 J'adore le piano.
15:28 J'adore la guitare, le piano.
15:30 J'adore jouer de la musique. C'est merveilleux.
15:32 C'est fou.
15:34 C'est le quotidien.
15:36 Vous ne pouvez pas vous en passer ?
15:38 Si je pars en vacances, je m'en passe.
15:40 J'ai un piano très beau.
15:42 Vraiment, j'ai très peu de temps.
15:44 C'est comme une nouvelle histoire d'amour.
15:46 Si je pars, je m'en passe.
15:48 C'est pas si simple quand vous partez de s'en passer.
15:50 Oui, c'est pas si simple.
15:52 Pourtant, Christophe que vous avez connu,
15:54 il partait avec ses pianos,
15:56 tous ses appareils d'enregistrement sur ses bateaux en Méditerranée.
15:58 Vous ne faites pas ça encore ?
16:00 Avec son piano ? Moi j'étais sur son bateau, il n'y avait pas de piano.
16:02 Il mentait ?
16:04 Un piano à que sur un bateau ?
16:06 Non, mais des petits claviers.
16:08 Il faut avoir un très gros bateau.
16:10 Surtout le poids, ça compte sur un petit voilier.
16:12 Vous naviguez toujours ?
16:14 Non, j'ai un petit canot à moteur pour aller pêcher.
16:16 Mais je n'invite plus.
16:18 Vous écrivez tous les jours aussi ?
16:20 Vous dont le premier roman a été salué par la critique.
16:22 Vous qui avez obtenu le prix concours de la nouvelle.
16:24 Il y a ce besoin physique de jouer du piano ?
16:26 Est-ce qu'il y a le besoin physique d'écrire aussi ?
16:28 Je ne sais pas, j'ai plein de besoins physiques.
16:30 Mais je dirais que
16:32 j'aime, c'est merveilleux.
16:34 J'adore faire de la musique,
16:36 c'est mon premier amour, c'est ce que je préfère.
16:38 J'ai découvert il y a 6-7 ans les livres.
16:40 Maintenant, c'est un peu plus simple.
16:42 Je travaille tous les jours.
16:44 Je prends des notes.
16:46 Avant de se lancer dans un roman,
16:48 il faut avoir un peu de courage.
16:50 La musique, ça peut se faire d'une manière très légère.
16:52 Pour moi, la musique, ce n'est pas un effort.
16:54 Autant quand on travaille sur un livre,
16:56 il faut faire une structure,
16:58 il faut faire un plan,
17:00 et puis il faut se dire, à un moment donné,
17:02 je vais m'isoler pendant plusieurs semaines.
17:04 C'est une autre discipline
17:06 à laquelle je ne suis pas encore tout à fait habitué.
17:08 Mais j'adore ça.
17:10 C'est vraiment...
17:12 Peut-être que c'est les deux choses les plus hautes pour moi dans la vie,
17:14 c'est les livres et la musique.
17:16 - Est-ce que ça a influencé l'auteur de chansons,
17:18 cette activité parallèle d'auteur de livres ?
17:20 - Peut-être. Aller à la simplicité.
17:22 Peut-être que mes textes ont un peu changé.
17:24 Ils sont plus clairs, plus simples.
17:26 Vous savez, il y a un espèce de truc que font tous les éditeurs.
17:28 Vous arrivez avec un manuscrit de 300-400 pages,
17:30 et ils vous coupent des pages.
17:32 Ils vous enlèvent un tiers,
17:34 un quart, je ne sais pas quoi.
17:36 Ils taillent. Ça s'appelle aller à l'os.
17:38 Alors en règle générale, au bout d'un moment,
17:40 au bout de 2-3 mois de travail,
17:42 on commence à être un peu énervé en disant "Si tu veux aller à l'os,
17:44 on fait une quatrième de couve et on s'arrête là".
17:46 Ça c'est vraiment à l'os.
17:48 Mais dans l'ensemble,
17:50 moi je suis tout à fait d'accord avec ça.
17:52 C'est beau une écriture qui n'est pas sèche émotionnellement,
17:54 mais en tout cas qui n'a pas de gras.
17:56 - Qui est épurée.
17:58 - Moi c'est ce que j'aime.
18:00 J'adore ça. Et en musique, pareil.
18:02 Je trouve qu'aller comme ça, essayer d'aller à l'essentiel,
18:04 c'est beau.
18:06 - Et toi, tu prends des notes en gestation ?
18:08 - Oui, je prends des notes.
18:10 Activement, j'aimerais bien les écrire cette année.
18:12 C'est vrai.
18:14 Il y a un moment donné où je prends beaucoup de notes
18:16 et puis je me lance.
18:18 Après, je dirais que
18:20 j'espère l'année prochaine.
18:22 Mais c'est une grande aventure.
18:24 Et souvent, pour mon premier roman,
18:26 j'en ai jeté 4 avant d'en arriver à faire.
18:28 C'est une aventure plus sinueuse.
18:30 - Peut-être qu'il faudra en réécrire 4.
18:32 - Peut-être.
18:34 - Je vais reprendre un des 4 que j'ai jetés.
18:36 Il est prêt.
18:38 - Vous restez avec nous, Raphaël.
18:40 Vous êtes le grand invité de Vertiel.
18:42 Bonsoir. Vous allez chanter dans ce studio
18:44 pour nos auditeurs en live dans quelques secondes.
18:46 Heure Sup Extrait.
18:48 "D'une autre vie", votre nouvel album.
18:50 On va vous laisser vous installer tranquillement.
18:52 Et en attendant, on va faire un petit crochet en cuisine
18:54 avec la guinguette d'Angèle Ferromax.
18:56 - Ce soir, je vous fais manger des poireaux.
18:58 - Ah, j'adore la poireaux !
19:00 - Ah bon ?
19:02 - J'avais prévu de faire une sauce à la cacahuète
19:04 pour que ces poireaux...
19:06 Un peu comme des poireaux vinaigrettes,
19:08 mais avec une sauce crémeuse à la cacahuète.
19:10 C'est vraiment délicieux.
19:12 - Allez, la recette juste après ça, tout de suite.
19:14 RTL Bonsoir
19:16 Soir

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