• il y a 7 mois
Elle a vécu l'enfer, elle s'en est sortie et a sauvé ses 7 enfants. Alice Davril a vécu près de 15 années sous l'emprise d'un homme qui a voué sa vie à Dieu. Elle nous raconte.

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Transcription
00:00 Je m'appelle Alice, j'ai 44 ans, je suis maman de 7 enfants et j'ai vécu pendant 15 ans
00:06 sous l'emprise d'un homme pour qui seule la religion compte.
00:09 J'ai rencontré mon ex-mari quand j'avais 15 ans.
00:16 J'ai été fascinée par un homme, il a 15 ans de plus que moi,
00:19 il avait une aura particulière, il parlait très très bien, j'ai été fascinée.
00:22 Et comme j'étais de la pâte à modeler, il a vraiment tout orienté, tout fait
00:27 pour qu'il devienne mon seul repère.
00:29 L'emprise était toute spirituelle, c'était une sur-spiritualisation de tout,
00:35 tout le quotidien était spiritualisé.
00:37 Et comme l'emprise était spirituelle, elle était d'autant plus totale
00:40 puisqu'elle imprègne toutes les strates de l'être humain.
00:43 Concrètement, les journées étaient toutes orientées vers Dieu.
00:47 J'étais vraiment une jeune fille très enjouée, très joyeuse,
00:53 avec une famille très aimante, un vrai cocon.
00:57 Malgré ça, je suis tombée sous l'emprise d'un homme.
00:59 L'arrivée des enfants a été phénoménale parce que j'étais extrêmement heureuse,
01:05 maman, pendant la grossesse, pendant l'allaitement,
01:07 mon bonheur était auprès des enfants, ils m'ont aidée à tenir.
01:11 Et quand je dépérissais et que j'en étais à frôler la mort,
01:14 c'est les enfants qui m'ont maintenue en vie, parce que je restais en vie pour eux.
01:17 On s'est sauvées ensemble.
01:19 Effectivement, il faut puiser sa force quelque part, je la puisais chez les enfants,
01:24 parce que vraiment, j'avais envie en tout cas de leur rendre la vie belle.
01:30 Et comme la vie était compliquée, tous les huit, les sept enfants et moi,
01:34 qui pouvions, dans un cocon, si possible quand ils n'étaient pas là,
01:39 rendre la vie joyeuse et belle.
01:41 C'est ce rôle de maman qui, aussi paradoxalement,
01:43 même s'il me maintenait en vie, a reculé mon départ,
01:47 puisque j'étais persuadée que je ne pouvais pas partir du foyer,
01:50 puisque en partant et en demandant une séparation ou un divorce,
01:53 forcément, j'allais à un moment ou à un autre devoir laisser les enfants à leur père.
01:57 J'ai dû arriver à un choix binaire, la vie ou la mort,
02:01 pour trouver la force de partir.
02:02 J'avais raison d'avoir peur, puisque j'ai laissé mes enfants à leur père un week-end sur deux.
02:08 Au début, c'était tous les week-ends.
02:09 J'avais le ventre noué et quand je retrouvais les enfants,
02:12 je m'apercevais avec terreur que j'avais eu raison d'avoir peur.
02:15 Et donc là, c'est des années de combat et de lutte acharnée
02:18 pour essayer de récupérer la garde des enfants.
02:21 La violence psychologiquement était permanente, quotidienne et omniprésente.
02:25 Il faisait vraiment sien l'adage "Qui aime bien châtie bien".
02:29 Et dans les yeux du juge, il pouvait dire vraiment droit dans ses bottes
02:33 que c'était parce qu'il aimait ses enfants,
02:36 parce qu'il voulait les mener à Dieu et les faire parfaits,
02:41 qu'il pouvait les violenter, y compris physiquement.
02:45 Et ça a été jusqu'à un jour où, en rentrant de week-end,
02:49 j'ai trouvé mon François cabossé de partout
02:53 avec un bras démis et les vertèbres tassés.
02:57 Suite à ça, il maintenait que c'était par amour.
03:00 J'ai su que j'allais partir au dernier moment.
03:04 J'allais de plus en plus mal et les pensées suicidaires se multipliaient.
03:08 Il a fallu que j'aille jusqu'à prendre conscience que vraiment j'allais mourir.
03:13 J'y étais, j'étais vraiment à deux doigts.
03:14 Il a fallu toucher la mort pour me rendre compte qu'il valait mieux vivre.
03:19 On ne sort pas indemne d'une telle situation.
03:21 J'ai toujours l'estomac qui se noue quand je sais qu'il n'est pas loin.
03:27 J'ai des peurs, j'ai peur du conflit, j'ai peur que mes enfants n'aillent pas bien,
03:32 qu'il y ait des blessures qui ressurgissent et qu'ils soient plus fortes que la vie.
03:37 Finalement, j'apprends aussi, au fur et à mesure des mois,
03:42 on est ressortis avec plein de force et plein d'optimisme.
03:46 Parce que même si, effectivement, on a nos blessures,
03:49 on sait maintenant se laisser accompagner.
03:52 On sait que l'entourage est présent et on sait aller chercher l'aide où elle se trouve.
03:57 Il les a à un rythme complètement aléatoire aujourd'hui
03:59 puisqu'il a le droit de les voir une journée tous les 15 jours,
04:03 mais il ne prend pas ce droit tout le temps.
04:06 Pour autant, à chaque fois que les enfants partent avec lui,
04:08 j'ai l'estomac noué dès le matin.
04:10 J'ai peur en fait, cette peur-là, on n'en guérit pas.
04:12 Eux appréhendent ces journées avec difficulté.
04:16 Mes grands ont beaucoup d'appréhension.
04:20 Certains manifestent des angoisses physiquement.
04:22 Ce n'est jamais très simple.
04:23 Donc effectivement, j'ai culpabilisé et je continue de culpabiliser
04:27 pour énormément de choses.
04:28 Le fait de ne pas être mariée avec lui, de ne pas avoir su partir à temps,
04:31 le fait d'avoir mis tant de temps à avoir la force toute seule
04:34 de me dire que non, stop, je ne remettais plus les enfants à leur père.
04:37 Plein, plein de choses me font culpabiliser.
04:39 Maintenant, je sais aussi que j'ai fait ce que je pouvais.
04:43 Le but de ce livre, c'était de prouver qu'on pouvait s'en sortir
04:47 et que la vie est belle.
04:48 Le message que je voulais faire passer est d'abord un message d'espoir.
04:51 Aujourd'hui, je vais bien et les enfants vont bien.
04:54 Et évidemment qu'il fallait faire le choix de partir.
04:57 C'était impossible de croire à un amour, un vrai cette fois-ci.
05:01 Et pourtant, j'ai cette chance d'avoir retrouvé l'amour.
05:04 C'est un bel amour et un homme qui a pris et la femme
05:10 et le package des sept enfants.
05:11 Donc oui, la vie est belle.
05:13 [Musique]

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