Dans toutes les entreprises de plus de 20 salariés, il y a un quota d'au moins 6% de travailleurs handicapés. Est-ce qu'il faut par exemple augmenter ce quota ? On en discute à l'occasion de la journée internationale de la Trisomie 21 avec Cécile Philit, membre de l'association Prisme 21 Loire.
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00:00 Très bon début de journée, 7h45, on vous écoute ce matin sur l'intégration des personnes handicapées dans le monde du travail.
00:06 Est-ce qu'on en fait assez ? Voilà la question qu'on vous pose. Prenez la parole, appelez-nous 04 77 10 00 10.
00:12 Et dans toutes les entreprises de plus de 20 salariés, il y a un quota d'au moins 6% de travailleurs handicapés.
00:17 Est-ce qu'il faut par exemple augmenter ce quota ? On vous attend sur ce sujet-là. C'est la journée internationale de la Trisomie 21.
00:23 Bonjour Cécile Philippe.
00:24 Bonjour.
00:25 Vous êtes membre de l'association Prisme 21 Loire. Une autre association, Maison Parma Saint-Etienne, va ouvrir en septembre prochain un restaurant d'application.
00:33 On en parle ce matin sur l'antenne de France Bleue Saint-Etienne Loire.
00:36 Pour que les résidents handicapés puissent travailler, ils seront soit cuisiniers, soit serveurs en salle selon leurs capacités.
00:42 Quel regard vous vous portez d'abord sur ce projet-là ?
00:46 Alors je trouve ça intéressant comme démarche.
00:49 Moi ce que je trouve dommage c'est qu'aujourd'hui, c'est ce qu'on échangeait tout à l'heure, il n'y ait pas assez d'intégration de personnes dans le milieu ordinaire comme tout à chacun.
00:58 Et qu'on soit obligé de créer des structures dédiées qu'à des personnes handicapées.
01:03 C'est le seul bémol. Après l'initiative est très chouette et effectivement je pense qu'il y a des gens qui vont s'y retrouver.
01:08 Mais effectivement ça vient sans doute aussi pallier un manque d'embauche de ces personnes-là dans le milieu ordinaire.
01:13 Vous préféreriez finalement que celles et ceux qui vont travailler dans ce restaurant puissent aller travailler chacun dans des restaurants traditionnels ?
01:21 Oui. Après moi je porte aussi l'essence de notre association qui est vraiment portée sur le milieu ordinaire.
01:28 Que chacun trouve sa place là où il a envie d'aller.
01:32 6% de travailleurs handicapés dans les entreprises de plus de 20 salariés, c'est trop peu.
01:36 Aujourd'hui on n'est pas assez ambitieux ?
01:39 Oui, clairement.
01:40 Il faudrait quoi ? Il faudrait combien ?
01:43 Est-ce qu'il faudrait un quota déjà ? Je ne suis pas sûre.
01:46 C'est contraignant le quota. Au moins ça force celles et ceux qui n'iraient pas tout seuls à le faire.
01:51 Bien sûr. Mais c'est dommage d'embaucher aussi des personnes juste parce qu'elles ont un handicap.
01:58 C'est ce qu'on a échangé tout à l'heure. Les gens ont des compétences et effectivement le quota permet d'avoir des aides,
02:04 permet d'avoir aussi des compensations pour faciliter.
02:07 Mais effectivement on voit aujourd'hui que ce n'est pas évident que les gens accèdent à ces emplois-là.
02:13 Alors tout le travail c'est de changer l'image, sans doute naturellement.
02:17 C'est à quoi s'attèle votre association.
02:20 Comment on change l'image des travailleurs handicapés pour dire aux employeurs
02:24 qu'ils sont tout autant compétents que les travailleurs traditionnels ?
02:29 C'est en faisant.
02:31 C'est vrai que nous au niveau de l'association on a un service d'aide par le travail,
02:35 donc un ESAT, mais qui a la spécificité de travailler uniquement en mi-ordinaire, il n'y a pas d'atelier.
02:42 Et c'est le pari de placer les personnes en entreprise pour que finalement on découvre leurs compétences.
02:48 Et le travail des collègues c'est plutôt finalement de travailler sur les environnements,
02:53 plutôt que sur les personnes qui ont les compétences.
02:55 Elles se sont formées, elles montent en compétence, mais c'est aussi tout le travail de sensibilisation,
03:00 d'ajustement aussi de l'environnement pour que les personnes puissent trouver leur place.
03:04 Ça veut dire qu'il faut repenser les postes parfois quand on emploie une personne handicapée, c'est ça ?
03:10 Quand vous parlez d'environnement ?
03:12 Oui, parce que souvent le poste...
03:15 Enfin nous les personnes c'est très rare qu'elles répondent à des offres d'emploi,
03:19 parce qu'elles ne sont jamais retenues.
03:21 Donc le pari c'est plutôt d'aller démarcher l'entreprise dans le secteur qui intéresse la personne,
03:26 pour pouvoir ensuite démarrer sur le forme d'un stage pour un peu découvrir,
03:32 et puis de trouver quelles tâches va pouvoir effectuer la personne,
03:37 et ce qui va pouvoir aussi décharger l'entreprise.
03:40 Donc c'est un peu du gagnant-gagnant j'ai envie de dire.
03:42 Et c'est vraiment l'idée de construire sur mesure en fonction de l'entreprise.
03:46 Donc chaque projet est différent.
03:48 Et c'est tout le travail des professionnels de pouvoir aménager le poste s'il y a besoin,
03:53 et puis aussi former les tuteurs en entreprise,
03:56 former les collègues sur comment accueillir cette personne,
03:59 comment travailler avec elle.
04:00 Donc il y a aussi tout ce travail-là sur les futurs collègues,
04:04 qui vont pouvoir accueillir, échanger leurs regards,
04:07 et puis on espère que ça fasse boule de neige.
04:09 Vous vous dites qu'il faut aller chercher les entreprises.
04:11 Est-ce qu'à l'inverse il y a des entreprises qui sont proactives,
04:14 qui vraiment sont modèle, moteur sur cette question-là ?
04:19 Ou ça reste encore le travail des associations d'impulser ?
04:23 Ça reste quand même le travail des associations d'impulser je trouve.
04:26 En tout cas sur la trisomie 21, qui fait peur,
04:32 effectivement on sent qu'il y a quand même plein de freins,
04:37 et c'est pas évident.
04:38 Après, quand on a aussi travaillé avec certaines entreprises
04:42 et qu'ils connaissent un petit peu,
04:44 leur regard change et ils sont plutôt partants pour accueillir.
04:47 Mais effectivement, c'est rare qu'on vienne proposer des postes.
04:51 L'enjeu principal, on le répète, c'est aussi de faire tomber les préjugés.
04:57 Ça, ça reste au cœur de tout ce que vous faites finalement ?
05:02 Oui, dans tous les domaines. Enfin pas que dans le travail.
05:05 Oui, mais naturellement, là en l'occurrence dans le travail,
05:09 parce que ça permet à ces personnes handicapées de s'émanciper.
05:13 Aujourd'hui, on le dit, il y a plus de travailleurs handicapés au chômage
05:18 que de travailleurs traditionnels.
05:20 Ça leur apporte quoi de travailler et de sortir un petit peu de leurs conditions ?
05:27 Qu'est-ce que ça vous apporte de travailler ?
05:29 D'avoir une vie sociale, d'avoir...
05:32 Tout le monde aspire à aussi apporter ça, à être utile.
05:38 Il y a aussi un sentiment d'accomplissement, de relation sociale aussi.
05:45 Se lever le matin, aller au travail, c'est aussi retrouver des collègues,
05:49 gagner de l'argent, avoir aussi une vie comme toute à chacun,
05:54 trouver sa place. On est sur les mêmes désirs de vie.
06:00 Ces messages-là, ils doivent passer dès l'école, dès le plus jeune âge ?
06:05 C'est le cas aujourd'hui ?
06:07 C'est aussi compliqué. La question de l'école, elle est aussi compliquée.
06:12 C'est pour ça que la place de chacun n'est pas forcément toujours acquise.
06:18 On voit bien que dès l'école, la place de ces personnes-là sont compliquées.
06:22 C'est aussi là qu'il faut intervenir, changer les regards.
06:25 On parle d'école inclusive, on n'y est pas tout à fait encore.
06:30 Il y a encore beaucoup de travail, effectivement.
06:33 C'est ce à quoi vous travaillez avec votre association Prisme 21 Loire.
06:38 Merci Cécile Fillitte d'avoir été avec nous ce matin.
06:41 Merci beaucoup et bonne journée.
06:42 et bonne journée. Interview à retrouver sur francebleu.fr