• il y a 9 mois
Grand témoin : Sophie Binet, secrétaire générale de la CGT

GRAND DÉBAT / Rejet du Ceta : faut-il renoncer au libre-échange ?

« Le récap » par Bruno Donnet

Jeudi 21 mars 2024, les sénateurs ont rejeté à 211 voix contre 44 le projet de ratification du CETA, accord de libre-échange conclu en 2017 entre l'Union Européenne et le Canada. Le fruit d'une alliance de circonstance entre LR, PS et PCF qui se sont unis pour voter contre ce traité. Pourtant, les premiers bilans effectués montraient un impact positif du CETA sur les échanges, avec des exportations françaises vers le Canada en hausse de 33% depuis son entrée en vigueur. Pas assez visiblement pour convaincre la chambre haute : la gauche a critiqué un texte en contradiction avec les engagements environnementaux de l'UE, tandis que la droite a insisté sur la menace posée par l'accord sur certaines de nos filières agricoles. Alors s'agit-il d'un simple jeu de posture politicien en pleine campagne pour les élections européennes, ou d'un véritablement avertissement pour le futur du libre-échange ?

Invités :
- Ilana Cicurel, eurodéputée Renew,
- Max Brisson, sénateur LR des Pyrénées-Atlantiques,
- Jean-Christophe Bureau, professeur d'économie à AgroParisTech,
- Maxime Combes, économiste à l'Aitec, membre du collectif « Stop CETA/Mercosur ».

GRAND ENTRETIEN / Sophie Binet : CGT sur tous les fronts, le « style Binet » à l'épreuve !

80 ans après l'adoption du programme du Conseil National de la Résistance (CNR) titré « Les Jours Heureux », Sophie Binet, aujourd'hui secrétaire générale de la Confédération générale du travail (CGT), redonne vie à ce document historique en l'accompagnant d'une préface nommée « Il est minuit moins le quart ». En revenant sur les mesures phares du papier de la Résistance telles que la sécurité sociale, les nationalisations ou encore le syndicalisme, elle dresse un bilan critique sur l'évolution de ces mesures depuis 1944. Face à l'influence grandissante des multinationales, aux conflits armés de plus en plus nombreux ou encore à la montée de l'extrême droite, l'autrice rappelle l'importance de l'esprit de résistance. Quel regard la secrétaire générale de la CGT porte-t-elle sur la politique actuelle d'Emmanuel Macron ?

Grand témoin : Sophie Binet, secrétaire générale de la CGT

LES AFFRANCHIS

- Yaël Goosz, éditorialiste et chef du service politique à France Inter,
- Vincent Hugeux, enseignant à Sciences Po et ancien grand reporter,
- « Bourbon express » : Stéphanie Dépierre, journaliste LCP.

Ça vous regarde, votre rendez-vous quotidien qui prend le pouls de la société : un débat, animé par Myriam Encaoua, en prise directe avec l'actualité politique, parlementaire, sociale ou économique.
Un carrefour d'opinions où ministres, députés, élus locaux, experts et personnalités de la société civile font entendre leur voix.

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Transcription
00:00 [Générique]
00:06 Bonsoir et bienvenue, très heureuse de vous retrouver dans Savourgarde.
00:09 Ce soir, la patronne de la CGT, bonsoir Sophie Binet.
00:12 Bonsoir.
00:12 Et merci d'être notre grand témoin ce soir.
00:14 Beaucoup de sujets dans l'actualité des syndicats,
00:17 la réforme de l'assurance chômage que Gabriel Attal veut à nouveau réformer,
00:22 les dépenses sociales que le gouvernement veut réduire drastiquement pour faire des économies,
00:26 et puis cet état Providence qui, selon Bruno Le Maire, coûte trop cher.
00:30 Vous nous parlerez de tous ces sujets tout à l'heure dans la deuxième partie.
00:34 Mais on va commencer ce soir par le CETA,
00:37 qui aurait pu imaginer que la droite sénatoriale allait rejeter cet accord commercial
00:41 conclu en 2017 entre l'Union Européenne et le Canada,
00:45 accord en vigueur depuis 7 ans,
00:47 mais qui n'avait toujours pas été ratifié par la Haute Assemblée.
00:50 Alors, jeu de posture, politiciens,
00:53 ou sérieux avertissements sur les dangers du libre-échange ?
00:56 Question de notre grand débat.
00:58 Dans un instant.
00:59 Sur ce plateau, enfin, nous a franchi ce soir
01:02 le parti pré-politique de Yael Ghose,
01:04 l'international Vincent Hugeux,
01:06 et puis Bourbon Express avec Stéphanie Despierre.
01:08 Voilà pour le sommaire.
01:10 On y va, Sophie Bidet ?
01:11 Ça vous regarde.
01:12 Top générique.
01:13 Générique
01:23 Est-ce un coup purement politique dont le Sénat est peu familier ?
01:29 Ou y a-t-il des raisons de fond pour rejeter,
01:31 7 ans après sa signature, le traité du CETA ?
01:34 On va donc revenir ce soir sur cet accord commercial
01:36 conclu entre les 27, l'Europe d'un côté, le Canada de l'autre.
01:41 C'était en 2017, il a été négocié par Nicolas Sarkozy,
01:44 puis par François Hollande, signé par Emmanuel Macron.
01:46 Il prévoit de supprimer les droits de douane
01:48 entre ces deux pays dans le secteur de l'industrie et de l'agriculture.
01:53 C'est un rejet surprise, ou pas, on verra ça.
01:56 En tout cas, il intervient en pleine crise agricole
01:58 et sur fond de fronde contre tous les traités de libre-échange.
02:02 Bonsoir, Ilana Sikurel.
02:03 Bonsoir.
02:04 Merci d'être avec nous.
02:05 Vous êtes eurodéputée Renew,
02:06 c'est le groupe macroniste au Parlement européen de Bruxelles.
02:10 Vous débattez ce soir avec Max Brisson.
02:12 Bonsoir.
02:13 Bienvenue.
02:14 Vous êtes sénateur LR des Pyrénées-Atlantiques.
02:16 Vous avez voté contre la ratification de ce traité.
02:19 Bonsoir, Jean-Christophe Bureau.
02:21 Bienvenue à vous.
02:22 Vous êtes professeur d'économie à Agrotech,
02:24 Agro-ParisTech, chercheur associé au CEPI,
02:27 le Centre d'études prospectives et d'information internationale.
02:30 Enfin, bonsoir, Maxime Combe.
02:32 Bonsoir.
02:33 Bienvenue à vous également.
02:34 Vous êtes économiste à l'ETEC.
02:35 C'est un collectif de chercheurs et d'experts,
02:38 membre du collectif Stop CETA Mercosur.
02:42 Sophie Binet, n'hésitez pas à intervenir quand vous le souhaitez.
02:45 On va commencer par planter le décor.
02:48 Le CETA, c'est quoi et pourquoi ce rejet au Sénat ?
02:51 C'est dans le récap de Bruno Dedeck qu'on accueille tout de suite.
02:54 Bonsoir, Bruno.
03:04 Bonsoir, Myriam. Bonsoir à tous.
03:05 Dans votre récap ce soir,
03:07 un effet boeuf au Sénat.
03:09 Exactement, car les sénateurs ont donc dit non, non au CETA
03:14 qu'ils ont encorné dans les grandes largeurs cet après-midi.
03:17 Pour 44, contre 211.
03:21 Le Sénat n'a pas adopté.
03:23 Il faut dire que ça faisait longtemps, très longtemps même,
03:26 que les sénateurs attendaient d'être consultés.
03:28 Voilà pourquoi Bruno Retailleau l'a dit sans embâche à Franck Riester,
03:32 il fumait par les nasons.
03:35 Si le Parlement, le Sénat avaient été respecté aujourd'hui,
03:38 nous n'en serions pas là.
03:40 Alors pour bien comprendre pourquoi les sénateurs ont autant ruminé,
03:44 il faut d'abord évoquer la chronologie.
03:46 Car ce traité a d'abord été adopté par le Parlement européen en 2017.
03:51 L'Assemblée nationale a ensuite voté pour.
03:53 En 2019, le CETA est donc appliqué en France depuis plus de sept ans
03:58 sans que jamais le Sénat n'ait été consulté.
04:01 Une incongruité qui n'effrayait pas le gouvernement ce matin,
04:04 qui s'abritait derrière des résultats.
04:06 Les faits sont indiscutables, indiscutables.
04:10 L'accord CETA est un bon accord utile à notre économie.
04:14 Les chiffres parlent d'eux-mêmes.
04:16 Alors s'agissant des chiffres, Franck Riester a raison,
04:19 ils sont bons.
04:20 Depuis six ans, les exportations françaises vers le Canada
04:24 ont augmenté en moyenne de 33%.
04:27 Le vin, par exemple, a fait un bond de 24%.
04:30 Les fromages ont progressé de 60%.
04:32 Et pour ce qui concerne les vêtements,
04:34 l'évolution est XXL puisqu'elle atteint 142%.
04:38 Côté importations, maintenant, elles sont restées plus que limitées.
04:42 Puisque pour ce qui concerne le bœuf,
04:44 qui est une grosse source d'inquiétude,
04:46 notamment pour les agriculteurs,
04:48 nous n'avons reçu que 52 tonnes de beefsteak canadiens l'an dernier,
04:52 ce qui représente, Myriam, 0,0034% de la consommation annuelle en France.
04:58 Alors pourquoi, si les chiffres sont si bons pour la France,
05:01 les opposants au CETA s'inquiètent à ce point ?
05:05 Ce qui les contrarie, Myriam,
05:07 c'est ce que ces chiffres pourraient devenir demain.
05:10 Car pour le bœuf, notamment,
05:12 le CETA prévoit d'autoriser le Canada à en exporter jusqu'à 650 000 tonnes.
05:18 Ça fait 1250 fois plus qu'aujourd'hui.
05:21 Mais ce qui préoccupe surtout les défenseurs de l'environnement,
05:24 c'est que les normes sanitaires auxquelles obéissent les produits canadiens
05:28 sont extrêmement différentes des nôtres.
05:30 Ecoutez.
05:31 Au Canada, plus de 40 pesticides sont toujours autorisés.
05:35 Au Canada, le bétail peut toujours être nourri avec une certaine farine animale,
05:39 pas toutes, mais certaines,
05:41 ce qui est totalement interdit en Europe depuis le scandale de la vache folle.
05:44 Au Canada, le bétail est toujours nourri,
05:46 aussi traité avec des antibiotiques activateurs de croissance.
05:50 Bref, avec le CETA, la grenouille canadienne
05:53 pourrait bien devenir le bœuf dans le magasin de porcelaine environnemental.
05:58 Et si je vous dis que c'est encore une possibilité,
06:01 c'est parce que les opposants au CETA ne sont pas forcément rassurés ce soir.
06:05 Figurez-vous que le vote du Sénat peut parfaitement ne rien changer du tout.
06:10 En effet, un État membre de l'Union européenne peut tout à fait dire non à l'accord,
06:15 mais ne pas notifier Bruxelles et donc continuer à appliquer le CETA
06:19 sur son propre territoire, où l'on comprend, cher Myriam,
06:23 qu'aussi gros que soit le bœuf, il n'est jamais à l'abri
06:26 d'un petit coup de pied de l'âne institutionnel.
06:28 -Magnifique métaphore animale.
06:30 Merci beaucoup, Bruno Deneb, pour ce récap.
06:33 Ilenna Sécurel, vous allez corriger, j'ai entendu quelques sourcils se lever
06:37 pendant cette chronique, et vous allez le faire dans un instant.
06:39 Mais déjà, quel est votre sentiment sur ce qui s'est passé au Sénat ?
06:43 Les communistes, qui étaient à l'initiative de cette niche parlementaire et de ce vote,
06:47 parlent de coup de tonnerre politique.
06:49 C'est vrai que c'est une alliance droite-gauche rarissime,
06:52 à la haute assemblée, pour dire non à ce traité de libre-échange.
06:56 Comment vous regardez ce qui s'est passé ?
06:58 -D'abord, ce n'est pas un traité de libre-échange,
07:00 c'est un accord commercial, c'est important, le vocabulaire.
07:03 -C'est quoi, la différence ?
07:05 -La différence est importante. Revenons en arrière.
07:07 Pendant longtemps, et c'est peut-être pour ça, d'ailleurs,
07:10 qu'il y a une résistance de certains,
07:12 on avait tendance, à l'Union européenne,
07:15 à, justement, ne pas considérer qu'il fallait imposer
07:19 des normes environnementales, des normes sociales,
07:23 et de plus en plus, et nous avons commencé en 2019
07:26 à le faire de manière très systématique,
07:28 c'est la raison pour laquelle nous refusons le Mercosur,
07:31 nous imposons des règles, qui sont les règles européennes.
07:34 -Accord commercial, c'est deux pays, traité, c'est plusieurs pays ?
07:37 -Ce qu'il faut avoir en tête, c'est que nous avons un accord
07:41 entre l'Union européenne et le Canada, ça a été rappelé,
07:44 cet accord est appliqué depuis maintenant presque sept ans,
07:48 donc nous avons un peu de recul,
07:50 et il est absolument incontestable qu'il est extrêmement positif,
07:54 à la fois pour l'économie française dans le secteur de la production,
07:58 produits et... produits comme... comme service,
08:02 c'est extrêmement impressionnant.
08:04 -Vous me répondez sur le fond, mais je voulais avoir votre regard
08:07 sur ce qui s'est passé au Sénat, pour vous, c'est quoi ?
08:10 C'est un coup politique ? Le fond n'a pas lieu d'être ?
08:13 Ou au contraire, il y a des inquiétudes
08:15 sur l'alliance rare au Sénat quant à l'avenir de cet accord ?
08:19 -Ecoutez, pour moi, c'est vraiment...
08:22 un cas d'école de politique politicienne
08:26 qui vient contredire un accord qui a été non seulement conclu
08:31 par un président de droite,
08:33 qui a été initié par Sarkozy,
08:37 conclu par Hollande,
08:40 et c'est un accord qui s'avère maintenant depuis sept ans,
08:44 un accord qui est dans l'intérêt de l'économie française
08:47 et du secteur agroalimentaire.
08:49 -C'est un coup de menton des sénateurs.
08:51 -C'est cet accord.
08:52 Je trouve que cette alliance pourrait être cocasse
08:55 si les effets n'étaient pas aussi dramatiques, potentiellement,
08:58 et je ne comprends pas.
09:00 Je trouve que c'est une alliance que je trouve totalement...
09:03 -Contre nature ? -Contre nature et irrationnelle.
09:06 -Quand vous dites "effets dramatiques",
09:08 ça va être compliqué en termes d'image de défendre ce rejet.
09:11 On est devant la représentation nationale, les élus de la nation.
09:15 Vous reconnaissez peut-être que le gouvernement,
09:18 sur la méthode à trop tarder, a voulu contourner,
09:21 court-circuiter le Sénat en ne soumettant pas ce vote
09:24 à la ratification de la haute assemblée ?
09:26 -N'oublions pas que cet accord a été négocié au niveau européen.
09:29 Les parlementaires européens ont donné leur accord en breton.
09:32 -Oui, à Bruxelles.
09:33 -L'Assemblée nationale a donné son accord en 2019.
09:36 -Mais le Sénat a été oublié. -Est-ce qu'il a été oublié ?
09:39 De toute façon, on pourra toujours faire de la cuisine politicienne.
09:43 Je suis intéressée d'avoir votre regard, monsieur le sénateur.
09:46 Ce que je vois, c'est que nous avons un accord
09:49 qui est bon pour l'économie française,
09:52 qui est au vert sur tout,
09:54 avec, pour ce qui est de l'importation des bovins,
09:58 ça a été rappelé, 0,034 % de notre production...
10:02 -Donc c'est un accord gagnant pour la France et pour l'Europe.
10:05 -C'est un accord gagnant pour la France.
10:07 -C'est un accord qui a été appliqué, monsieur le sénateur.
10:10 -Max Brisson, alliance contre nature politicienne.
10:13 -Le respect de la navette parlementaire,
10:15 ce n'est pas de la politique politicienne,
10:17 c'est le respect des institutions et de la Constitution.
10:20 Je suis surpris qu'un député européen parle de magouille politicienne,
10:24 de mesures politiciennes.
10:26 Le gouvernement a mis cinq ans
10:28 pour que le Sénat puisse discuter d'un projet de loi.
10:32 Cinq ans.
10:33 C'est une navette omnibus.
10:35 Ca, c'est de la magouille politicienne.
10:37 Ca, c'est de l'attitude politicienne.
10:39 A l'Assemblée nationale, alors qu'à l'époque,
10:42 le gouvernement avait une large majorité, nous sommes en 2019,
10:46 le score avait été très serré.
10:48 Si ce traité était aussi consensuel et formidable,
10:51 dans votre famille politique, il y a eu déjà des réticences.
10:55 Donc ce texte pose problème.
10:57 Il a posé problème à l'Assemblée nationale.
10:59 -Ce n'est pas qu'un point de méthode.
11:01 C'est pas simplement un irrespect du Sénat.
11:03 -C'est d'abord une question de méthode.
11:05 Si vos collègues communistes n'avaient pas inscrit sur leur niche,
11:09 ils ont fait le sacrifice de leur niche.
11:11 Ils ont deux niches par an.
11:13 Une niche, c'est un temps
11:15 où c'est un groupe politique
11:17 qui propose l'ordre du jour du Sénat.
11:19 Les sénateurs communistes ont deux temps à eux,
11:22 deux quatre heures et quatre heures.
11:24 Donc ils ont accepté de consacrer quatre heures
11:27 à ce que l'on débatte.
11:29 Parce que voilà le véritable problème.
11:31 C'est qu'on a aujourd'hui un accord commercial qui s'exerce.
11:35 Le Parlement français n'avait pas été consulté,
11:38 n'avait pas pu délibérer.
11:40 Nous avons pu enfin en discuter.
11:42 -Sur le fond, accord gagnant pour la France.
11:45 -Il me semble que cet accord, certes,
11:47 initié sous Sarkozy, négocié sous Hollande
11:50 et appliqué sous Macron, appartient au monde ancien.
11:53 C'est un accord qu'on ne veut plus.
11:55 Rien sur la souveraineté alimentaire.
11:57 Le président de la République n'arrête pas
11:59 de parler de souveraineté alimentaire.
12:01 Le président dit que ce type d'accord n'est plus possible.
12:04 C'est un accord du passé. Nous avons débattu.
12:07 -Il faut bien des mots concrets derrière
12:09 les expressions "souveraineté alimentaire".
12:11 On n'importe plus de boeuf canadien ?
12:13 -Ca veut dire... D'abord, rassurez-vous,
12:15 au petit déjeuner des petits Français,
12:17 demain, il y aura toujours du sirop d'érable.
12:19 Arrêtons de créer des peurs aussi inutiles.
12:22 Mais il empêche que ce débat,
12:24 si ce traité avait été discuté au Sénat
12:27 dans la foulée de l'Assemblée nationale,
12:30 il est possible que les attitudes eussent été très différentes.
12:33 -Donc la forme l'emporte quand même un peu sur le fond.
12:36 -La souveraineté alimentaire,
12:38 c'est devenu un sujet important.
12:40 Le fait qu'on ne va pas continuer d'exporter,
12:43 d'importer de plus en plus loin
12:45 des produits venus de plus en plus loin
12:47 et fabriquer avec des méthodes
12:49 qui sont interdites en France,
12:51 avec des produits qui sont interdits en France,
12:54 il y a un vrai sujet aujourd'hui.
12:56 La souveraineté alimentaire, de climat, excusez-moi,
12:59 les temps ont changé.
13:01 La problématique climatique,
13:03 la problématique de la souveraineté alimentaire,
13:06 le fait que pourquoi importer ce que l'on peut fabriquer
13:09 en France et en Europe, c'est un vrai sujet.
13:12 Les temps ont changé, donc explique aussi ce vote.
13:15 C'est la faute du gouvernement
13:17 s'il a mis tant de temps à revenir vers le Sénat.
13:20 -Jean-Christophe Bureau, il y a trois sujets.
13:23 -Il y a le Sénat qui a été mis en place de mauvaise manière,
13:26 qui a mal été pris par le Sénat.
13:28 Le Sénat s'est cabré, mais après, il y a des arguments de fond.
13:31 On entend souveraineté alimentaire.
13:33 Est-ce qu'on a changé dans les négociations,
13:35 les accords commerciaux sur ces sujets ?
13:37 On entend farine animale.
13:39 Est-ce qu'on est sûrs que le bœuf aux hormones,
13:42 les farines animales qui sont utilisées
13:44 dans l'élevage canadien,
13:46 n'arrivent jamais dans nos assiettes ?
13:48 Et votre dernier point, c'était le climat.
13:50 Il y a des milliers de kilomètres
13:52 entre le Sénat et la France.
13:54 Est-ce qu'au fond, la manière de négocier le commerce
13:57 a changé et donc ça mérite d'être re-regardé, le Sénat, aujourd'hui ?
14:01 -La manière de négocier le commerce doit changer et a changé.
14:05 Il y a beaucoup d'accords, duquel je vous dirais beaucoup de mal,
14:08 des projets d'accords. -On y reviendra.
14:10 Mercosur, Chili... -Il se trouve que le Sénat,
14:12 c'est quand même plutôt un bon accord
14:14 sur à peu près tous ses plans.
14:16 Déjà, en termes de souveraineté,
14:18 je crois que le Sénat n'a pas vu une image plus globale
14:21 que maintenant, il faut que la mondialisation
14:23 soit réorientée vers des accords avec des pays fiables et amis.
14:27 Si le Canada ne rentre pas dans la catégorie,
14:30 je ne sais pas qui va y rentrer
14:32 et avec quel pays on pourrait imaginer de signer un accord.
14:35 -Ils sont très friands de nos produits,
14:37 de nos fromages, de notre vin, de notre luxe.
14:39 -Il y a le lien culturel, il y a tout ça.
14:41 C'est un aveuglement en termes de souveraineté.
14:43 Là, il faut replier le commerce
14:45 qui a sans doute été trop mondialisé.
14:47 Notre agriculture dépend complètement
14:49 d'importations de pays non fiables,
14:51 que ce soit de la Russie pour du gaz,
14:53 qui passe aux Etats-Unis,
14:55 mais Biden veut restreindre les exportations de gaz
14:58 pour faire de l'azote, de l'engrais azoté, je parle,
15:01 des néonicotinoïdes qui viennent de Chine, de tout.
15:04 Il y a une dépendance très forte.
15:06 -N'empêche que le Canada, et là, répondez-moi,
15:08 sur la question des farines animales,
15:10 n'a pas les mêmes normes sanitaires.
15:12 -Le deuxième point, c'est sur les normes sanitaires.
15:15 Il y a quand même eu beaucoup de fake news qui ont été utilisées,
15:18 en particulier sur les hormones bovines,
15:20 puisque là, il y a vraiment un engagement,
15:22 et qui est tout à fait respecté,
15:24 de ne pas exporter de viande avec des hormones,
15:27 produites avec des activateurs de croissance.
15:29 -Comment c'est contrôlé ?
15:31 -C'est contrôlé parce qu'on peut voir les résidus.
15:34 Après, il y aura vraiment des sanctions.
15:36 Il y a tout un groupe de discussion,
15:38 il y a des comités SPS, sanitaires et phytosanitaires.
15:41 Je prends un exemple de fake news,
15:43 c'est quand même le scandale
15:45 que les Canadiens peuvent laver leur carcasse de bœuf
15:48 avec de l'acide lactique.
15:50 On n'a pas le droit.
15:52 L'acide lactique, C3H6O3, je crois,
15:56 c'est quand même quelque chose qui se produit
15:59 quand on transforme du chou en choucroute,
16:01 qui acidifie le vin dans la fermentation malolactique.
16:04 C'est le vinaigre, C2H4O2, c'est à peu près pareil.
16:07 -On a fait peur avec ça ?
16:09 -On fait peur avec des termes comme ça.
16:11 L'institut Veblen, qui a mis ça en avant,
16:15 une étude qui est citée partout,
16:17 nous sort des chiffres, autres fake news sur le climat,
16:20 que les exportations de pétrole canadien à cause du CETA
16:24 vers l'Union européenne ont augmenté.
16:27 Le pétrole n'est pas du tout taxé
16:29 de quel pays il vient dans l'Union européenne.
16:33 Comment est-ce qu'on peut attribuer ça au CETA ?
16:36 C'est une imposture,
16:38 c'est vraiment de la désinformation trumpienne.
16:41 -Désinformation trumpienne, c'est un bon accord.
16:44 Les chiffres parlent d'eux-mêmes.
16:46 En tout cas, pour aujourd'hui, peut-être que demain,
16:49 vous n'êtes pas de l'avis de l'économiste Jean-Christophe Bureau ?
16:53 -Non, pas vraiment. Il faut reprendre un peu de recul
16:56 et un peu de sérieux sur la question.
16:58 La question qui nous est posée,
17:00 ce que traduit le vote au sein du Sénat,
17:02 qui n'est pas de nature différente du vote à l'Assemblée nationale
17:06 et qui n'est pas de nature différente
17:08 pour les députés européens français...
17:10 -C'est une question de majorité à l'Assemblée.
17:13 -Mais les oppositions s'étaient manifestées extrêmement fortement
17:17 à la fois au sein du groupe majoritaire macroniste
17:20 à l'Assemblée nationale,
17:22 et les oppositions avaient également toutes contribué...
17:25 -Les résultats sont différents.
17:27 -Et lors du vote du CETA au sein du Parlement européen,
17:31 vous aviez également à la fois des députés européens de gauche,
17:35 et de droite, qui avaient voté contre la ratification du CETA.
17:38 -Qu'est-ce qui vous inquiète le plus ?
17:40 -Ce que je veux vous dire, c'est qu'aujourd'hui,
17:43 il n'y a pas de majorité politique en France
17:45 pour la ratification d'un accord tel que le CETA,
17:48 et il n'y a pas de majorité dans la population...
17:51 -On ne sait pas ce que donnerait le vote à l'Assemblée.
17:54 -Si il y avait une majorité, Emmanuel Macron aurait inscrit
17:57 ce texte-là au Sénat depuis le début.
17:59 La preuve en est que le Sénat a été inscrit à l'Assemblée nationale
18:03 en procédure accélérée en 2019 pour que le vote ait lieu
18:06 après le 14 juillet, en plein été.
18:08 -Donc il a forcé le peuple, c'est ce que vous nous dites,
18:11 à l'intermédiaire de ses représentants.
18:13 -Oui, et réduit le temps de discussion au Parlement.
18:16 La procédure accélérée a mis 5 ans avant de déboucher,
18:20 et par une voie, par la fenêtre, et pas par la porte, au Sénat.
18:24 Il n'y a pas de majorité politique pour cet accord-là.
18:27 Comme il n'y en aurait pas pour un accord avec le Mercosur,
18:30 il y a une transformation extrêmement puissante
18:33 dans la population qui ne veut plus étendre la mondialisation.
18:36 -Pour vous, c'est la même chose ?
18:38 -Bien entendu, il n'y a pas de différence de nature fondamentale
18:43 entre l'ensemble des accords de libre-échange
18:46 qui ont été négociés, signés, mis en oeuvre
18:49 depuis qu'Emmanuel Macron est au pouvoir,
18:52 qui est la période où on n'en a jamais signé et mis en oeuvre.
18:55 -Pour bien comprendre, c'est le libre-échange en tant que tel
18:58 que vous dénoncez en général ?
19:00 -Qu'est-ce que le libre-échange ?
19:02 C'est la mise en compétition sur un marché
19:05 de secteur d'activité aux compétitivités
19:08 nécessairement différenciées,
19:10 parce qu'ils ne sont pas soumis aux mêmes normes sociales,
19:13 aux mêmes règles environnementales,
19:15 parce que pour les modèles agricoles,
19:17 ils ne sont pas soumis à la même réalité climatique
19:20 ou à la même réalité des sols.
19:22 -Si le libre-échange est vicié en lui-même,
19:25 c'est-à-dire qu'on est au tarsi ?
19:27 -Là, vous faites une erreur,
19:29 c'est de considérer que le libre-échange,
19:31 c'est le commerce international.
19:33 Il y en a toujours eu et il y en aura toujours.
19:36 La question, c'est de savoir si ce commerce international
19:39 est mal organisé à travers le libre-échange,
19:42 qui est la suppression de l'ensemble des règles publiques
19:45 pour encadrer le commerce,
19:47 ou est-ce qu'on réorganise le commerce international
19:50 au nom de principes un peu plus ambitieux,
19:52 la lutte contre le réchauffement climatique,
19:54 le maintien des bons emplois, la lutte contre les inégalités,
19:57 que la lutte entre les acteurs économiques
19:59 pour ne garder que les plus compétitifs.
20:01 -Je comprends bien.
20:02 Il n'y a aucun accord aujourd'hui
20:04 qui est trouvé grâce à vos yeux tel qu'il est ?
20:07 -Le libre-échange, c'est une chose très simple.
20:10 C'est mettre en compétition des secteurs économiques
20:13 aux compétitivités différentes
20:15 et qu'à la fin, seul le meilleur gagne.
20:17 Tous les petits, les moins compétitifs, disparaissent.
20:20 Voilà ce qu'est le libre-échange
20:22 et ce dont on ne veut plus.
20:24 -C'est intéressant, car on voit bien
20:26 qu'il y a plusieurs niveaux dans ce débat.
20:28 Il y a le CETA en tant que tel,
20:30 et ce que suscite, et ça doit vous parler,
20:32 c'est la question de libre-échange,
20:34 parce qu'il y a évidemment le réchauffement climatique
20:37 et puis il y a ces normes
20:39 qui font qu'on n'interdit pas toujours
20:42 des choses en France
20:44 qui sont interdites dans notre pays,
20:46 en termes d'importation.
20:48 Pour vous, le débat,
20:50 il faut le poser dans sa globalité
20:52 ou il faut regarder séparément chaque traité ?
20:54 -Non, moi, je me félicite de ce débat et de ce vote,
20:57 parce que d'abord, ça permet de dépasser des caricatures.
21:00 L'enjeu, c'est pas ceux qui veulent fermer les frontières.
21:03 C'est la question du juste échange.
21:05 C'est pas supprimer les échanges,
21:07 mais faire en sorte que les échanges soient conditionnés
21:10 au respect des normes sociales et environnementales.
21:13 Et puis, cette question du CETA,
21:15 elle symbolise plus globalement
21:17 que jamais, ce CETA organisé
21:19 pour tirer vers le bas les droits sociaux et environnementaux.
21:22 Ce grand hold-up démocratique est à l'oeuvre,
21:24 qui conduit à ce qu'aujourd'hui,
21:26 ce ne sont plus les gouvernements élus
21:28 qui dirigent le monde, mais les multinationales
21:30 et les agences de notation.
21:32 Le fait qu'à chaque fois, sur les accords de libre-échange,
21:35 on contourne les parlements pour imposer ces accords-là
21:38 par voie technocratique, et que ces accords conduisent
21:41 systématiquement à tirer les normes sociales et environnementales
21:44 et à mettre en concurrence les travailleurs dans le monde,
21:47 c'est révélateur. Comment est-ce qu'on argumente
21:49 toujours la fin des droits sociaux pour les travailleurs ?
21:52 On leur dit de coûter trop cher par rapport
21:54 aux travailleurs et travailleuses brésiliens, canadiens, etc.
21:57 C'est cette mise en concurrence au plan international
22:00 qui tire nos droits vers le bas. -Il est quasiment économique,
22:03 global, philosophique, c'est la mondialisation.
22:05 -Je voudrais m'inscrire totalement en faux
22:07 avec ce que vous venez de dire, madame Binet.
22:10 Au contraire, on est en train de rentrer
22:12 dans une nouvelle ère du commerce international.
22:15 Je voudrais revenir sur les faits, car les téléspectateurs
22:18 ont le droit d'être informés, ensuite ils jugeront.
22:21 Mais sur les faits, on est obligés d'être rigoureux.
22:24 Sur les accords de Paris, ils n'étaient pas encore signés
22:28 au moment du CETA, mais le CETA a prévu,
22:31 et c'est sans ambiguïté, que les accords de Paris
22:34 s'appliquent au CETA. Ca devient l'un des premiers
22:37 accords internationaux où les accords de Paris,
22:40 qui sont les normes environnementales,
22:42 s'appliqueront. -Ceci est inexact.
22:44 -Ceci est tout à fait exact. -L'accord de Paris
22:46 n'est pas mentionné dans le contenu.
22:48 -A côté de moi, un professeur va peut-être trancher.
22:50 -Avez-vous lu les 2 000 pages ? -C'est la vérité factuelle.
22:52 -Dans les 2 000 pages, l'accord de Paris n'est pas mentionné.
22:54 -On va laisser Ilana Sécurel, de toute façon,
22:56 ça sera factuel. -On est en train
22:58 d'imposer des normes miroirs.
23:01 On est en train, justement, d'imposer les normes européennes
23:04 en ce qui concerne ce traité en particulier.
23:06 Moi, je plaide, je plaide pas du tout pour le tout laisser passer,
23:09 mais je plaide pour l'analyse pragmatique,
23:12 accord par accord, pour voir où est-ce qu'on en est.
23:14 Le CETA est un bon accord.
23:16 Le CETA est un accord qui respecte les accords de Paris.
23:19 Le CETA est un accord qui permet l'application
23:21 des normes européennes et donc des normes françaises
23:23 en ce qui concerne l'interdiction des antibiotiques,
23:26 l'interdiction du buff aux hormones, etc.
23:29 Oui, ça s'applique. Il faut que les téléspectateurs
23:31 puissent savoir de ce qu'il en est.
23:33 -Dans le CETA, où sont les normes miroirs ?
23:35 -Je ne vois pas pourquoi... -Il n'y a pas de normes miroirs.
23:37 -En France et en Europe, où sont les normes miroirs ?
23:39 -Il n'y a pas de clauses de réciprocité.
23:41 -Vous avez des mesures miroirs qui s'appliquent
23:43 à l'ensemble des traités,
23:46 et vous avez parfois des clauses miroirs propres.
23:48 Dans ce cas-là, je peux vous dire que le buff
23:51 auquel on aurait donné des antibiotiques
23:54 ne serait pas conforme à nos normes,
23:56 et de même que le buff aux hormones ne rentrera pas,
23:59 et ça, c'est tout à fait clair.
24:01 -Avec des certificats sur l'honneur,
24:04 avec des certificats de vétérinaire canadien
24:07 sur l'honneur, des simples déclarations sur l'honneur,
24:09 avec un système qui n'est même pas un système étatisé.
24:11 -Le système, il se trouve,
24:13 on va rentrer dans le détail, mais je ne voudrais pas qu'on rentre,
24:15 c'est que le système qui est appliqué par les Canadiens
24:18 a été évalué par la commission
24:21 et est tout à fait fiable, et comme le disait le professeur,
24:23 on est quand même avec un partenaire plutôt fiable.
24:28 Donc pourquoi priver, monsieur le sénateur, la France ?
24:31 Parce que vous parlez de souveraineté alimentaire,
24:33 un, il y a un plafond, c'est-à-dire que,
24:36 par exemple, pour la viande bovine,
24:38 vous ne pouvez pas dépasser 0,7%.
24:40 -Il y a un modèle d'exploitation agricole française aussi à défendre.
24:44 -Mais pourquoi, monsieur, je voudrais juste terminer,
24:46 je voulais que vous me répondiez,
24:48 pourquoi voulez-vous priver nos agriculteurs
24:50 et le secteur de l'agroalimentaire,
24:52 mais aussi de l'agriculture,
24:54 qui a augmenté les exportations de 21 % dans le cadre,
24:56 grâce à cet accord,
24:58 pourquoi voulez-vous les priver de cela ?
25:00 Parce qu'il n'y a pas seulement nourrir les Français,
25:02 c'est formidable que les agriculteurs
25:04 puissent aussi nourrir d'autres pays.
25:06 -Il y a un mot qu'on n'a pas prononcé,
25:08 c'est le mot de compétitivité.
25:10 Et c'est un mot qui n'est pas tabou,
25:12 qui n'est pas un gros mot, j'imagine,
25:14 dans ce débat. On a aussi,
25:16 voilà, des industries, des entreprises,
25:18 des agriculteurs à défendre,
25:20 +33 % en moyenne d'exportation française vers le Canada,
25:24 +60 pour les fromages, +142 pour le textile,
25:27 +24 pour le vin.
25:29 -Et +237 % d'investissement des Canadiens en France.
25:31 -Est-ce que vous avez fact-checké ces chiffres ?
25:33 -Bah, évidemment. -Vous les avez fact-checkés.
25:35 Donc très bien. Vous savez que ces chiffres
25:37 donnés par le gouvernement
25:39 le sont en valeur
25:41 et non en volume.
25:43 C'est-à-dire qu'ils n'ont pas été défalqués de l'inflation.
25:45 -240 % de l'inflation...
25:47 -Ce que signifie, quand vous avez +30 %
25:49 et que vous avez 6, 8, 10 %
25:51 d'inflation par an,
25:53 que si vous défalquez le résultat
25:55 en valeur par l'inflation,
25:57 vous avez un résultat en volume qui devient insignifiant.
25:59 C'est la même chose que de dire
26:01 à un salarié qui aurait été augmenté
26:03 ces deux ou trois dernières années
26:05 en période d'inflation de 4 % par an.
26:07 -Oui, j'ai bien compris. -C'est formidable.
26:09 Vous avez gagné 10 % de plus sur votre volume.
26:11 -Le relatif est l'absolu. -Et non, il a perdu à cause de l'inflation.
26:13 La deuxième chose, les mesures miroirs.
26:15 Il faut arrêter de rigoler
26:17 sur cette affaire.
26:19 Il y a une clause miroir dans l'accord
26:21 UE-Nouvelle-Zélande.
26:23 On ne peut pas importer de Nouvelle-Zélande
26:25 du bœuf qui aurait été élevé
26:27 en feedlots, c'est-à-dire en centre d'engraissement.
26:29 Très bien.
26:31 Il n'y a pas de feedlots
26:33 en Nouvelle-Zélande.
26:35 Il y a des feedlots au Canada.
26:37 Cette mesure miroir ne figure pas
26:39 dans l'accord UE-Canada.
26:41 -Jean-Christophe Bureau.
26:43 La parole à la défense du CETA.
26:45 Ensuite, on va élargir ce débat.
26:47 C'est vrai que très vite, vous allez sur les traités
26:49 qui sont en cours de négociation.
26:51 La France s'oppose au Mercosur.
26:53 Vous avez un dernier mot pour le défendre,
26:55 avec cet accord ?
26:57 -Je suis surpris de la position de Madame Binet.
26:59 Quand on parle aux entreprises,
27:01 elles vous disent... J'ai plus travaillé
27:03 sur l'accord Chili que CETA.
27:05 Là, il y a des droits de douane de 5 %,
27:07 j'exporte des turbines, des matériaux de transport.
27:09 Les Coréens ont un accord, ils ont 0 %.
27:11 Moi, je ne passe plus et, du coup,
27:13 je perds absolument tous les marchés.
27:15 Si on fait ça sur tous les pays,
27:17 ça veut dire que l'industrie,
27:19 avec quand même des ouvriers,
27:21 va vraiment se casser la fiture.
27:23 -Vous avez parlé de la globalisation
27:25 et de ce que la globalisation a fait à notre industrie.
27:27 -Dans un cas comme ça, on n'est pas en concurrence
27:29 avec les Chinois. On est sur l'ouverture
27:31 d'un marché où les Coréens vont prendre
27:33 le marché des turbines parce qu'ils ont
27:35 0 % de droits de douane
27:37 et le fabricant français ne pourra pas accéder
27:39 parce que 5 %,
27:41 ça ne passe plus.
27:43 Si vous défendez l'industrie française...
27:45 -Il faut des règles commerciales.
27:47 -Il faut équilibrer avec des pays
27:49 au standard.
27:51 -Je voudrais quand même qu'on fasse honneur
27:53 au travail de nos reporters.
27:55 C'est un sujet de Clément Perreault,
27:57 "Tour d'horizon", Mercosur, la France dit non.
27:59 En revanche, c'est plus compliqué.
28:01 Côté Nouvelle-Zélande et Chili,
28:03 les écologistes sont vendebous.
28:05 Regardez.
28:07 ...
28:09 -Le Mercosur
28:11 est une zone de libre-échange
28:13 qui ne concerne pas toute l'Amérique du Sud,
28:15 mais seulement 4 pays,
28:17 l'Argentine, le Brésil, le Paraguay
28:19 et l'Italie.
28:21 Programmé depuis 2019,
28:23 ce deal avec l'Union européenne
28:25 prévoit chaque année,
28:27 pour les 4 Etats sud-américains,
28:29 une suppression des droits de douane
28:31 sur 180 000 tonnes de sucre,
28:33 180 000 tonnes de volaille,
28:35 60 000 tonnes de riz,
28:37 45 000 tonnes de miel,
28:39 25 000 tonnes de viande porcine
28:41 et des taxes réduites
28:43 sur 100 000 tonnes de viande bovine.
28:45 C'est ce point précis
28:47 qui est le plus controversé.
28:49 Les grosses exploitations d'élevage sud-américaines
28:51 sont une concurrence redoutée.
28:53 Elles bénéficient de surfaces considérables
28:55 et sont soumises à moins de normes sanitaires
28:57 et environnementales.
28:59 La France, sous la pression de ses agriculteurs,
29:01 bloque aujourd'hui les négociations
29:03 et réclame des clauses miroir
29:05 pour imposer une réciprocité des normes.
29:07 -On vous demande simplement
29:09 que les règles environnementales et sanitaires
29:11 qu'on impose à nos agriculteurs
29:13 et à plusieurs autres pays,
29:15 soit les mêmes du côté des pays
29:17 à qui on est en train d'ouvrir nos portes.
29:19 Sinon, ce n'est pas juste.
29:21 -Il n'est pas question pour la France
29:23 d'accepter ce traité.
29:25 C'est clair, c'est net et c'est ferme.
29:27 -La France aurait pourtant aussi
29:29 des intérêts avec le Mercosur.
29:31 L'accord fascinerait
29:33 les exportations de lait,
29:35 de fromage et de vin.
29:37 Les députés européens
29:39 relèveront la loi
29:41 pour la réduction des taxes sur les agriculteurs.
29:43 Les députés européens renaissants
29:45 se sont en revanche montrés
29:47 bien plus ouverts sur d'autres
29:49 accords de libre-échange ratifiés
29:51 ces derniers mois.
29:53 Ils ont voté le 29 février
29:55 deux accords commerciaux avec le Chili et le Kenya.
29:57 Pour le Chili,
29:59 le but est d'accéder plus facilement
30:01 à des ressources de lithium, cuivre et hydrogène.
30:03 L'accord avec le Kenya
30:05 a lui pour objectif de contrer
30:07 la présence chinoise en Afrique.
30:09 Le 22 novembre,
30:11 les députés ont aussi validé
30:13 un accord de libre-échange avec la Nouvelle-Zélande.
30:15 Le pays pourra exporter plus facilement
30:17 vers l'UE de la viande aux vignes,
30:19 plusieurs fruits et légumes et des produits laitiers.
30:21 Pour les Européens,
30:23 cet accord permettra de mieux protéger
30:25 près de 2000 vins espiritueux
30:27 ainsi que des produits traditionnels bénéficiant
30:29 d'AOP comme le comté ou la feta.
30:31 Pour terminer ce débat,
30:35 il y a une dernière table.
30:37 La France sera ferme
30:39 sur les Mercosur, ses noms.
30:41 Qu'est-ce que vous dites à ceux qui nous regardent ?
30:43 Les négociations sont toujours en cours.
30:45 On entend très bien les Allemands dire
30:47 qu'ils veulent cet accord, qu'ils veulent exporter nos voitures.
30:49 - Vous avez entendu la fermeté
30:51 de l'engagement pris par le président
30:53 de la République et par le Premier ministre.
30:55 "Oui, nous tiendrons bon."
30:57 - Il y a tellement de discours à Paris.
30:59 - Je peux témoigner, monsieur Ferrer.
31:01 - Je vous ai beaucoup écouté, je peux parler.
31:03 - Un dernier tour de table.
31:05 - Je n'étais pas au tour de table précédent.
31:07 - Je vois que vous êtes passionné.
31:09 Vous avez très envie de participer.
31:11 - Je suis très à l'aise.
31:13 C'est vous qui avez pris le coup sur la tête.
31:15 - Monsieur Brisson,
31:17 le sénateur que vous êtes,
31:19 je suis sûr qu'on va réussir un peu d'apaisement.
31:21 - Vous avez du mal avec le débat.
31:23 - Non, madame, je n'ai pas de mal.
31:25 C'est vous qui avez du mal avec le débat.
31:27 Lorsqu'on soutient un gouvernement qui a mis 5 ans
31:29 pour qu'un traité soit débattu au Sénat,
31:31 on ne donne pas de l'autodémocratie.
31:33 - Il est un insécuritaire.
31:35 - Monsieur Brisson, vous réponds.
31:37 - Pour moi, ce qu'on vient d'entendre,
31:39 c'est-à-dire que notre nouvelle approche,
31:41 et c'est vraiment pour moi
31:43 une nouvelle ère qui s'ouvre,
31:45 et le Mercosur, nous serons fermes.
31:47 Le président Macron l'a toujours été,
31:49 il continuera à l'être.
31:51 - Double discours permanent.
31:53 - Oui, mais j'y suis.
31:55 - Double discours permanent.
31:57 - Pour moi, c'est une nouvelle ère,
31:59 parce que nous, oui,
32:01 aux échanges,
32:03 mais non si c'est pour faire
32:05 de la concurrence déloyale
32:07 à nos agriculteurs,
32:09 donc il faut que le même norme s'applique,
32:11 et c'est ça qui se produit.
32:13 - On change d'air dans les négociations,
32:15 des accords commerciaux.
32:17 - Vous êtes convaincu d'évoluer vers cela ?
32:19 - Vous ne faites pas confiance au président de la République
32:21 quand il dit qu'il s'opposera au Mercosur ?
32:23 - D'abord, je voudrais dire,
32:25 parce que le Sénat est attaqué tout à l'heure,
32:27 j'ai entendu parler de trumpisme et d'aveuglement.
32:29 Il n'y a ni aveuglement,
32:31 ni particulièrement de coups trumpistes au Sénat.
32:33 J'avoue que j'ai été un peu choqué
32:35 d'avoir entendu cela.
32:37 - Vous parlez plutôt des fake news autour du Sénat,
32:39 pas du Sénat en tant que tel.
32:41 - N'ayant pas pu passer dans le deuxième tour de table,
32:43 je vous tenais à le remarquer.
32:45 - Je vous en prie, monsieur le président.
32:47 - Je vais vous dire quelque chose, madame Macavoy.
32:49 Moi, j'étais très favorable au libre-échange.
32:51 Et puis je constate aujourd'hui que le président de la République
32:53 parle de nécessité de réindustrialiser le pays,
32:55 de réarmer le pays.
32:57 Si le libre-échange, la dérégulation
32:59 et la mondialisation de tout azimut
33:01 avaient été si bénéfiques à l'industrie française,
33:03 nous n'aurions pas besoin de parler de réindustrialisation.
33:05 - C'est dit.
33:07 - J'avoue que j'ai changé.
33:09 - Oui, mais on l'a bien vu.
33:11 - Ces débats ont traversé ma famille politique.
33:13 Rappelez-vous les affrontements entre Philippe Seguer
33:15 et Alain Juppé ou Jacques Chirac.
33:17 - Oui, il y a une mutation de la droite en France.
33:19 - J'étais plutôt du côté d'Alain Juppé et de Jacques Chirac.
33:21 - Et là, vous êtes redevenu plus souverainiste.
33:23 - Je me suis peut-être trompé.
33:25 - C'est dit.
33:27 - On pense aussi aux exploitations agricoles françaises.
33:29 - Allez.
33:31 - Le modèle canadien dont on parle
33:33 ressemble beaucoup sur le plan de l'organisation agricole
33:35 au modèle du Mercosur.
33:37 Les très grosses exploitations canadiennes
33:39 n'ont rien à voir avec le modèle agricole français.
33:41 - On va laisser les spectateurs se faire leur idée.
33:43 Vous avez eu le temps d'échanger vos arguments.
33:45 On s'arrête là, malheureusement,
33:47 parce que notre temps est arrivé à son terme.
33:49 Merci d'être venu débattre.
33:51 Vous restez avec moi, Sophie Binet.
33:53 Dans une dizaine de minutes,
33:55 on va parler de nos affranchis ce soir.
33:57 "Rigueur avant élection, cocktail explosif",
33:59 nous dira Yael Ghose
34:01 dans son parti pris politique.
34:03 Le chaos en Haïti au bord de la guerre civile,
34:05 ce sera avec Vincent Eugeux.
34:07 Et puis, de quoi nous parlez-vous dans Bourbon Express ce soir,
34:09 Stéphanie Despierre ?
34:11 - Du bras de fer entre la ministre de la Culture,
34:13 Rachida Dati, et un député insoumis cet après-midi
34:15 lors de la commission d'enquête sur les fréquences TNT.
34:17 - Très bien. Hâte de vous entendre, les amis.
34:19 Mais d'abord, on va parler avec vous, Sophie Binet,
34:21 de l'agenda social très chargé.
34:23 Travail, protection sociale, assurance chômage,
34:25 déficit public, Etat-providence
34:27 étant en train de changer,
34:29 tout simplement, de modèle social.
34:31 Le tout gratuit, pour tous, tout le temps,
34:33 n'est plus tenable.
34:35 Vous reconnaissez les mots de Bruno Le Maire.
34:37 Vous réagissez juste après l'invitation signée ce soir par Marco Moli.
34:39 - Si on vous invite, Sophie Binet,
34:41 c'est parce que l'heure des économies a sonné.
34:43 Situation alarmante de nos finances publiques.
34:45 3 000 milliards d'euros de dettes.
34:47 Alors le gouvernement veut puiser dans les dépenses sociales,
34:49 en durcissant, par exemple,
34:51 les règles de l'assurance chômage.
34:53 - Si nous avions le plein emploi, aujourd'hui,
34:55 5% que toutes les autres grandes nations développées ont,
34:57 j'aurais même pas besoin de m'occuper des finances publiques.
34:59 - Vous avez raison.
35:01 - Je suis d'accord avec vous.
35:03 - Je suis d'accord avec vous.
35:05 - Je suis d'accord avec vous.
35:07 - J'aurais même pas besoin de m'occuper des finances publiques.
35:09 Sophie Binet, il y a un an,
35:11 vous tourniez la page de l'ère Martinez
35:13 en devenant la première femme
35:15 à diriger la CGT.
35:17 Mandat que vous entamez en chantant.
35:19 Menacer le chef de l'Etat
35:33 de lui couper l'électricité.
35:35 Dès le début, le ton se veut offensif.
35:37 Vous imposez rapidement votre style.
35:39 De la moustache au chapeau
35:41 et un certain sens de la formule.
35:43 - Qu'est-ce que vous répondez à Emmanuel Macron
35:45 qui veut vous recevoir,
35:47 après la décision du Conseil constitutionnel,
35:49 dans la Concorde, dans un esprit de Concorde ?
35:51 - J'avais envie de dire lol.
35:53 - Un franc parlé et une opposition
35:55 qui ne faiblit pas depuis le débat des retraites.
35:57 Votre nouveau combat, aujourd'hui,
35:59 l'assurance chômage.
36:01 Vous demandez au gouvernement
36:03 de renoncer à sa réforme.
36:05 Triplement des contrôles,
36:07 dégressivité des allocations,
36:09 réduction de la durée d'indemnisation
36:11 déjà passée de 24 à 18 mois.
36:13 Tour de vie sans vue aussi
36:15 pour les plus de 55 ans,
36:17 eux qui bénéficient actuellement
36:19 de 27 mois d'indemnisation.
36:21 - Il faut continuer à inciter au travail
36:23 et assumer de chercher un modèle social
36:25 qui est moins coûteux et plus efficace.
36:27 Ça fait partie des pistes de travail.
36:29 - Scandaleux, selon vous,
36:31 le gouvernement ne s'arrête pas là.
36:33 Pas d'augmentation générale pour les fonctionnaires cette année,
36:35 suppression de l'allocation
36:37 pour les chômeurs en fin de droit,
36:39 réforme du RSA.
36:41 Ce soir, Sophie Binet,
36:43 nous avons une question pour vous.
36:45 Avez-vous encore les moyens de négocier
36:47 quoi que ce soit avec ce gouvernement ?
36:49 - Réponse, Sophie Binet.
36:51 - La question, c'est est-ce que le gouvernement
36:53 veut négocier ?
36:55 Pour l'instant, nous découvrons des annonces
36:57 distillées dans la presse, mais le gouvernement
36:59 a l'intention de nous donner une information.
37:01 - Est-ce qu'il vous écoute ?
37:03 - Non, je pense que le gouvernement n'en a strictement rien à faire,
37:05 ni du Parlement, ni des organisations syndicales.
37:07 Emmanuel Macron a une vision autoritaire du pouvoir.
37:09 Jamais la Ve République n'a été aussi verticale
37:11 et aussi centralisée,
37:13 et on a un vrai problème démocratique dans le pays.
37:15 - Pourtant, il y a des négociations sociales en cours,
37:17 une conférence sociale,
37:19 peut-être un accord ou pas, sans doute,
37:21 sur l'assurance chômage.
37:23 On va y venir en fin de mois.
37:25 L'actualité de la CGT, c'était la grève.
37:27 C'était mardi dernier,
37:29 à l'appel rare d'une unité intersyndicale,
37:31 des 8 syndicats.
37:33 A l'arrivée, une mobilisation,
37:35 mais pas gigantesque,
37:37 vous le reconnaissez,
37:39 plutôt faible dans l'éducation nationale,
37:41 10 %, moins dans la territoriale.
37:43 C'était quoi ?
37:45 Je rappelle quand même que c'était pour le pouvoir d'achat
37:47 et parce que les rémunérations n'ont pas augmenté,
37:49 et évidemment, l'inflation ne rattrape
37:51 bien plus haut que les salaires.
37:53 - Vous avez dit que vous n'étiez pas
37:55 dans un secteur bien plus haut que les salaires.
37:57 Mais comment vous avez vécu cette journée ?
37:59 Est-ce que c'est un tour de chauffe
38:01 avant les JO ?
38:03 Est-ce que ça reste, cette période des JO,
38:05 pour vous, les moyens d'obtenir, par des préalbites grèves,
38:07 ce que vous souhaitez sur les rémunérations ?
38:09 - Cette mobilisation, c'est un double cri d'alarme.
38:11 Le premier, c'est sur la question des salaires
38:13 des fonctionnaires, puisqu'en deux ans,
38:15 les fonctionnaires ont perdu 5 % de salaire
38:17 face à l'inflation.
38:19 On a les fonctionnaires les moins bien payés
38:21 des pays de l'OCDE,
38:23 les infirmières, les chercheuses,
38:25 les enseignants et enseignantes sont très mal payés.
38:27 Et comme par hasard, vous noterez
38:29 que ce sont majoritairement des femmes.
38:31 Donc le gouvernement est responsable
38:33 de la dévalorisation des métiers féminisés.
38:35 - Année blanche en perspective en 2024,
38:37 parce que le gouvernement vous dit
38:39 qu'on a déjà augmenté le point d'indice
38:41 par deux fois les deux années précédentes.
38:43 - C'est la moindre des choses. Il y a eu une inflation très forte.
38:45 Malgré cela, nous avons perdu 5 % de salaire
38:47 chez les fonctionnaires.
38:49 Donc il faut augmenter les salaires en 2024.
38:51 Et puis le deuxième cri d'alarme,
38:53 c'est sur l'état de nos services publics,
38:55 où on arrive à un point de bascule et de rupture.
38:57 Nous savons maintenant que l'on meurt
38:59 dans nos hôpitaux,
39:01 faute de ne pas pouvoir être prise en charge à temps.
39:03 Nous savons qu'il y a des milliers d'enfants
39:05 en danger qui ne sont pas pris en charge
39:07 par l'aide sociale à l'enfance,
39:09 parce qu'il n'y a pas assez d'éducateurs et d'éducatrices.
39:11 Nous savons qu'il y a des dizaines de milliers de personnes
39:13 qui attendent pendant des années un jugement
39:15 parce que la justice est totalement engorgée.
39:17 Bref, tous nos services publics...
39:19 -Il faut les augmenter, ces rémunérations.
39:21 Sinon quoi ?
39:23 Sinon, ce sera la grève, dans les transports,
39:25 pendant les JO, dans les hôpitaux...
39:27 -La mobilisation continuera.
39:29 C'est ce qui se passe dans l'éducation nationale,
39:31 avec une mobilisation très forte depuis 3 semaines
39:33 en Seine-Saint-Denis, qui fait tâche d'huile
39:35 dans de nombreux territoires,
39:37 avec des professionnels qui s'organisent
39:39 avec les usagers, des parents d'élèves
39:41 qui sont très présents, pour dire
39:43 que ce n'est plus possible que nos enfants soient sacrifiés
39:45 de cette manière-là.
39:47 -Ce qui se passe dans l'enseignement supérieur
39:49 et dans la recherche est gravissime.
39:51 C'est honteux, la façon dont on traite nos étudiants.
39:53 -Vous attendez des primes, pendant cette période ?
39:55 Une meilleure organisation
39:57 de ceux qui seront contraints
39:59 à travailler ?
40:01 -Il y a deux questions différentes.
40:03 La question de la fonction publique,
40:05 pour laquelle on attend des augmentations de salaires
40:07 et la fin des politiques d'austérité,
40:09 notamment dans la santé et dans l'éducation nationale,
40:11 dans la justice.
40:13 Et la question particulière des Jeux Olympiques,
40:15 c'est que le gouvernement fait preuve
40:17 d'un amateurisme crasse.
40:19 -Malgré les annonces de primes ?
40:21 Il y en a quelques-unes, notamment les policiers.
40:23 -Vous noterez que ces annonces sont centrées
40:25 sur le ministère de l'Intérieur,
40:27 le seul ministère où il y a un vrai dialogue social.
40:29 Par contre, pour les autres,
40:31 c'est très compliqué.
40:33 -C'est primes pour tout le monde,
40:35 sur les 1 900 euros des policiers, sinon la grève.
40:37 -Les exigences, elles sont claires.
40:39 Il faut que,
40:41 face au surplus de travail
40:43 qui est demandé à tous les salariés,
40:45 il y a les fonctionnaires, mais aussi les autres,
40:47 tous les salariés du privé, il faut des contreparties.
40:49 Renoncer à ces congés payés, ce n'est pas rien.
40:51 Il faut qu'il y ait des primes.
40:53 Ce n'est pas normal que tous les fonctionnaires
40:55 ne soient pas traités à la même enseigne.
40:57 Pourquoi un policier aurait une prime plus importante
40:59 qu'une soignante ? Je vous le demande.
41:01 Et puis, nous demandons
41:03 à ce qu'il y ait des réponses sur le chômage partiel.
41:05 Il y a plein de salariés qui ne vont pas pouvoir travailler
41:07 parce qu'ils sont dans des zones de sécurité.
41:09 Nous demandons des réponses sur la question
41:11 de la sécurité. Nous demandons des réponses
41:13 en matière de logement. Il y a beaucoup de salariés
41:15 qui vont venir en renfort
41:17 en Ile-de-France. On ne sait pas où les loger.
41:19 Pareil, des questions sur la garde d'enfants.
41:21 Bref, il y a plein de questions très concrètes.
41:23 Mais pour le gouvernement... -Si vous obtenez
41:25 des réponses sur ces questions très concrètes,
41:27 qui concernent d'ailleurs aussi bien le public que le privé,
41:29 vous ne ferez pas le grève ?
41:31 -Oui, bien sûr. Les salariés
41:33 attendent des réponses. Je demande
41:35 à Gabriel Attal de réunir une table
41:37 de ronde pour garantir
41:39 la préparation sociale. Il est encore temps,
41:41 mais vraiment, ça urge. -Oui, on l'entend.
41:43 Et vous avez un levier de négociation
41:45 parce que quelque chose me dit
41:47 que personne au gouvernement ne souhaite
41:49 ces grèves pendant cette période.
41:51 -Oui, sauf que le Premier ministre, en fait,
41:53 est un Premier ministre de campagne.
41:55 Il passe son temps sur la campagne des élections européennes.
41:57 Il oublie de gérer le pays des Jeux olympiques.
41:59 C'est une manifestation majeure. Ca s'organise.
42:01 -Et il va falloir
42:03 financer tout ça.
42:05 Évidemment, les rémunérations,
42:07 c'est une des questions ponctuelles
42:09 pour les JO. 5,6 %
42:11 de déficit
42:13 du PIB. Le chiffre a été donné
42:15 par la Commission des finances du Sénat.
42:17 3088 milliards de dettes
42:19 fin 2023.
42:21 Nous devons remplacer l'Etat-providence
42:23 par l'Etat-protecteur, concentré sur les plus vulnérables.
42:25 Si nous voulons faire
42:27 des urgences à l'hôpital, une priorité,
42:29 alors, renonçons à d'autres dépenses
42:31 moins prioritaires.
42:33 C'est signé Bruno Le Maire.
42:35 Le maire des choix, vous le reconnaissez ?
42:37 -D'abord, je pense qu'on peut le rebaptiser
42:39 Bruno Thatcher, parce que l'horizon
42:41 qu'il nous propose, c'est celui de l'Angleterre
42:43 thatcherienne, qui a très violemment
42:45 et de façon très autoritaire sabré dans tous
42:47 les droits sociaux des Britanniques,
42:49 issus notamment de la Seconde Guerre mondiale.
42:51 Là, c'est ce que veut faire Bruno Le Maire
42:53 en France, en mettant fin
42:55 à notre Etat social,
42:57 pour de très mauvaises raisons, parce que
42:59 d'où vient le déficit des cadeaux fiscaux
43:01 que le gouvernement a multipliés en direction
43:03 des riches ? Je rappelle qu'ils ont supprimé
43:05 l'impôt sur les grandes fortunes, je rappelle qu'ils ont baissé
43:07 très fortement la fiscalité des entreprises
43:09 et notamment des plus grosses. -Donc c'est sur ces politiques-là
43:11 qu'il faudrait revenir. Il y a eu le bouclier
43:13 tarifaire pour tout le monde aussi, sur l'énergie,
43:15 le quoi qu'il en coûte. -On a bien noté que les prix
43:17 de l'énergie augmentent de façon très forte,
43:19 et c'est d'ailleurs ça qui met en difficulté
43:21 beaucoup de nos entreprises aujourd'hui.
43:23 Les aides aux entreprises explosent,
43:25 elles atteignent quasiment 200 milliards,
43:27 on est à 170 milliards à peu près,
43:29 sans contrepartie ni condition,
43:31 il faut arrêter cette politique du carnet de chèques
43:33 et avoir une vraie stratégie industrielle.
43:35 -Donc ça, c'est les propositions de la CGT
43:37 pour trouver des économies, on arrête
43:39 la fameuse politique de l'offre
43:41 avec les aides aux entreprises. Il y a une petite
43:43 musique au sein de la majorité qui monte
43:45 et qui revient à chaque fois qu'on discute des déficits,
43:47 c'est taxer les superdividendes,
43:49 le Modem est en pointe sur ces sujets-là,
43:51 les superprofits également.
43:53 Vous croyez que c'est possible
43:55 que ce gouvernement revienne sur ces lignes-là ?
43:57 Même quand on voit bien qu'il y a des divisions
43:59 en interne, vous n'y croyez pas ?
44:01 -Il faut qu'il le fasse, oui,
44:03 c'est ce que font les Américains qui sont en train
44:05 de taxer les dividendes, les rachats d'actions
44:07 et augmenter la fiscalité des entreprises,
44:09 et effectivement, c'est là où se situent
44:11 les richesses qui sont issues de notre travail.
44:13 On atteint des records en matière
44:15 de dividendes versés aux entreprises,
44:17 c'est plus de 100 milliards qui ont été versés
44:19 aux actionnaires des entreprises du CAC 40,
44:21 c'est un record, avec en plus
44:23 des rachats d'actions, 30 milliards de rachats d'actions,
44:25 ça, c'est juste 30 milliards qui partent
44:27 en fumée, que l'argent détruit.
44:29 -C'est faire monter le cours d'une action
44:31 en la rachetant sur les marchés, c'est ça ?
44:33 -Exactement, c'est des richesses
44:35 que nous créons par notre travail,
44:37 au lieu de les réinvestir dans l'entreprise
44:39 pour, par exemple, au hasard,
44:41 préparer la transition environnementale,
44:43 petit sujet, eh bien, on le redonne
44:45 aux actionnaires en rachetant des actions,
44:47 ce qui permet en plus aux actionnaires
44:49 de ne pas payer de fiscalité.
44:51 -Dernier sujet, l'assurance chômage.
44:53 Normalement, les partenaires sociaux
44:55 vont se positionner sur les seniors
44:57 d'ici la fin du mois, mais il va y avoir
44:59 peut-être une réforme beaucoup plus large
45:01 dans les mois à venir. La porte est
45:03 complètement fermée de la CGT
45:05 sur ramener le plein-emploi,
45:07 donc plus d'activités
45:09 pour financer la protection sociale
45:11 en réduisant l'indemnisation,
45:13 en tout cas la durée, pour les chômeurs.
45:15 -Non, mais là, on mélange tout.
45:17 Je demande à voir une étude économique
45:19 qui montre que quand on baisse les droits des chômeurs,
45:21 on augmente les créations d'emploi.
45:23 Il n'y a aucun lien. Par contre,
45:25 ce que le gouvernement nous avait expliqué
45:27 pour justifier ces quatre réformes violentes,
45:29 parce qu'il y a déjà eu quatre réformes violentes
45:31 imposées aux chômeurs, c'était que
45:33 quand l'activité redémarrait,
45:35 quand le chômage baissait, il fallait
45:37 baisser les droits des privés d'emploi.
45:39 Aujourd'hui, on est dans la situation inverse.
45:41 Les destructions d'entreprises se multiplient
45:43 parce que la politique économique du gouvernement
45:45 est un naufrage, et le gouvernement nous explique
45:47 qu'il faut encore supprimer les droits des privés d'emploi.
45:49 -Il revient sur cette philosophie.
45:51 -On peut réformer l'assurance-chômage
45:53 quand ça ne va pas.
45:55 -C'est quand ça les arrange.
45:57 Par contre, l'hype-motif, c'est que c'est toujours
45:59 les mêmes qui doivent faire des sacrifices.
46:01 Le disque est un peu rayé.
46:03 Menacer de revenir encore
46:05 sur les droits des chômeurs, c'est scandaleux.
46:07 Il n'y a aucune organisation syndicale
46:09 qui acceptera ça.
46:11 -Aucune n'acceptera non plus que l'Unédic
46:13 rebascule dans le contrôle de l'Etat.
46:15 Vous avez vu que Bruno Le Maire y est favorable.
46:17 -Oui, et pourquoi ?
46:19 -Parce que si l'assurance-chômage
46:21 passe dans les mains de l'Etat,
46:23 ça transforme sa nature.
46:25 On a une assurance-chômage
46:27 qui va ressembler au modèle britannique.
46:29 En Grande-Bretagne, on a des allocations chômage
46:31 qui durent six mois et qui ressemblent
46:33 à notre ERSA, puisque c'est autour de 500 euros.
46:35 Est-ce que c'est ça qu'on veut pour l'assurance-chômage en France ?
46:37 Non. Le principe issu du Conseil national de la résistance,
46:39 c'est de maintenir le niveau de vie
46:41 pour protéger les travailleuses et les travailleurs
46:43 des aléas de la vie en matière de retraite,
46:45 de chômage ou de retraite.
46:47 C'est notre sécurité sociale.
46:49 -Merci beaucoup, Sophie Binet.
46:51 Vous allez voir, la transition est toute faite.
46:53 Il est minuit moins quart.
46:55 C'est le titre de la préface
46:57 que vous publiez chez Grasset,
46:59 "Préface aux jours heureux",
47:01 le programme du Conseil national de la résistance.
47:03 C'est dire que l'heure est grave.
47:05 L'unité nationale devrait être au rendez-vous
47:07 des communistes, la gauche, peut-être,
47:09 et les gaullistes d'aujourd'hui, je ne sais pas,
47:11 pour éviter ce minuit moins quart.
47:13 Ça veut dire Marine Le Pen au pouvoir,
47:15 très clairement, pour vous.
47:17 -Oui, c'est ça.
47:19 Ce qui est très intéressant dans l'histoire
47:21 du programme du CNR, c'est que les résistantes
47:23 et les résistants aux heures les plus sombres
47:25 de l'histoire avaient écrit ce programme visionnaire
47:27 parce que leur objectif, c'était que plus jamais
47:29 le fascisme et la collaboration
47:31 ne puissent se produire en France.
47:33 Et comment gagner ça ? En ouvrant des perspectives
47:35 sociales, rassembleuses, collectives,
47:37 en refondant notre presse pour la protéger
47:39 des forces de l'argent.
47:41 On voit que c'est impossible,
47:43 comme le fait Emmanuel Macron, de prétendre
47:45 combattre l'extrême droite en détruisant
47:47 les droits sociaux. C'est tout l'inverse.
47:49 -Vous allez voir. On va continuer à en parler.
47:51 On est très en retard. On accueille les Affranchis
47:53 pour leur parti pris.
47:55 ...
48:03 Yael Ghoz, le chef du service politique
48:05 de France Inter. Bonsoir.
48:07 Et Vincent Hugeot, grand reporter
48:09 pour les questions internationales.
48:11 On commence avec vous, Yael.
48:13 C'est la commission des finances du Sénat qui l'a donnée.
48:15 On est à 5,6 %
48:17 de déficit,
48:19 5,6 % du PIB.
48:21 Les comptes dérapent
48:23 et la dette redevient un sujet de débat
48:25 et même un sujet de campagne. -T'as le point que le président...
48:27 On a fait une réunion de crise
48:29 hier soir à l'Elysée pour mettre tout le monde d'équerre,
48:31 ministre, responsable politique, et réfléchir
48:33 ensemble à des solutions. Quand le président
48:35 convoque, c'est vraiment que ça va mal.
48:37 La dernière fois que c'est arrivé, c'était juste après
48:39 le vote de la motion de rejet
48:41 sur la loi immigration, car ces chiffres
48:43 tombent au pire moment. La campagne a commencé
48:45 et ça pourrait avoir des conséquences en cascade.
48:47 Mardi prochain, publication
48:49 officielle du déficit. 26 avril,
48:51 les agences de notation
48:53 Fitch et Moody's pourraient dégrader
48:55 la France. Et le 31 mai,
48:57 à 10 jours du scrutin, ce sera au tour
48:59 de Standard & Poor's. Ce système
49:01 de notation, on peut le critiquer,
49:03 on peut le relativiser, mais c'est le référentiel
49:05 mondial de la capacité de la France à
49:07 rembourser sa dette. - Ça devient le sujet
49:09 central de nos politiques. - J'ai pas vu
49:11 ça, moi, de souvenir
49:13 d'observateur politique. Depuis Bayrou,
49:15 2007, candidat à la présidentielle, il avait
49:17 une passion pour la dette. Edouard Philippe,
49:19 aujourd'hui, dit que c'est son obsession. Marine Le Pen
49:21 fait des tribunes dans les échos, c'est rare, pour exposer
49:23 sa stratégie. Et Bruno Le Maire,
49:25 dans une position très inconfortable,
49:27 sort un livre pour dire qu'il faut
49:29 en finir avec l'Etat-providence. - Alors, pourquoi
49:31 inconfortable, vous dites ? - Inconfortable parce que
49:33 face au RN, il était
49:35 en mode de jouer la carte de la compétence, de l'expérience,
49:37 par rapport au saut dans l'inconnu,
49:39 le RN a beau jeu, maintenant,
49:41 de critiquer la mauvaise gestion d'Emmanuel Macron
49:43 et de se moquer de tous les faux
49:45 Mozart de la finance.
49:47 Alors oui, bien sûr, il y a eu un cumul de crises,
49:49 le Covid pèse pour près d'un tiers
49:51 de la dette accumulée, mais c'est
49:53 comme si la fin du "quoi qu'il en coûte",
49:55 décrétée il y a plus de deux ans, maintenant,
49:57 n'avait pas été suivie des faits, parce que
49:59 la guerre en Ukraine, parce que la colère agricole,
50:01 parce que les menaces de grève sur les JO,
50:03 donc les primes, parce que c'est
50:05 sans fin, au point qu'aujourd'hui, on s'attaque
50:07 aux droits des chômeurs. Il y aura toujours des
50:09 économistes pour dire que la dette n'est qu'une
50:11 écriture abstraite ou un investissement
50:13 différé dans le temps, mais
50:15 quand la croissance est trop molle, c'est le cas aujourd'hui,
50:17 que les taux d'intérêt remontent, vous
50:19 vous liez les mains au détriment des générations futures,
50:21 si on continue comme ça, en 2027,
50:23 juste le remboursement des intérêts,
50:25 ça sera égal au budget de l'armée
50:27 plus de la police réunie. - Oui, ça fait
50:29 peur, c'est vertigineux.
50:31 C'est un sujet qui est devenu complètement transpartisan,
50:33 c'est le sujet d'économie, de déficit. - Alors, Bercy
50:35 veut mouiller les oppositions,
50:37 le gouvernement de la maire va demander à ce que les oppositions
50:39 fassent des propositions
50:41 d'économie, de trouver 20 milliards, on le fait ensemble,
50:43 mais en campagne, ça paraît totalement
50:45 impossible, on ne se fait pas de cadeaux,
50:47 le plus probable est que le gouvernement se retrouve bien
50:49 seul lors d'un prochain 49-3
50:51 à l'été ou à l'automne, ça arrivera forcément
50:53 avec le risque de chuter
50:55 sur une motion de censure, de tomber.
50:57 - Merci beaucoup, Yael Ghos, ça fait écho,
50:59 comme vous le disiez tout à l'heure,
51:01 sur le risque, le risque
51:03 de dérapage de
51:05 notre dette et en même temps
51:07 la nécessité de protéger
51:09 nos services publics. On enchaîne avec vous.
51:11 Vincent Huges, je voulais revenir sur Haïti
51:13 ce soir, en plein chaos. - Et oui, suivez
51:15 le guide, loin de l'Ukraine et de Gaza,
51:17 je vous propose ce soir une visite d'Haïti,
51:19 musée vivant de l'anarchie,
51:21 du chaos et de la violence aveugle.
51:23 Si fier de son aura de première
51:25 République noire de l'Histoire, si fier
51:27 du cinglant revers infligé au corps expéditionnaire
51:29 d'un Bonaparte désireux
51:31 d'y rétablir l'esclavage,
51:33 cette moitié d'île des Caraïbes se voit
51:35 deux siècles plus tard livrée à la loi
51:37 des gangs. On en recense 23
51:39 sur le territoire de la seule capitale
51:41 port-au-prince, passée au 4/5 sous le joug
51:43 des Soudars. Ni chef d'État,
51:45 ni Parlement, pas la queue d'une élection
51:47 depuis 2016, les caïds de cette
51:49 débuleuse criminelle règnent sur un champ
51:51 de ruines institutionnelles par le meurtre,
51:53 le viol, la torture, le pillage,
51:55 l'extorsion, le kidnapping et le trafic
51:57 de cams. - Comment en est-on arrivés là ?
51:59 - Le fléau vient de loin. Il y a eu bien sûr
52:01 les sinistres Tonton Macoute, les gardes
52:03 chûrmes de l'ère Duvalier, père et fils,
52:05 puis en 95, la dissolution
52:07 de l'armée nationale, dictée
52:09 par Washington et propice à l'éclosion
52:11 de myriades de milices.
52:13 Mais Haïti paie surtout, au prix fort,
52:15 les liaisons incestueuses, scellées
52:17 depuis des lustres entre gros bras et
52:19 politiciens retorts. Le patron du
52:21 G9, la clique la plus redoutée, l'ancien
52:23 officier de police Jimmy Chérisier,
52:25 alias Barbecue, peut bien,
52:27 via les réseaux sociaux, jouer les
52:29 révolutionnaires antisystèmes. Il incarne
52:31 à merveille ce pacte faustien.
52:33 Il fut ainsi, dès 2018, l'un des stratéges
52:35 du massacre du bidonville de la
52:37 Saline, carnage inspiré par l'entoige
52:39 du président de l'époque, Jovenel Moïse,
52:41 impatient de mater une insurrection
52:43 dirigée contre les élites corrompues.
52:45 - Haïti, oublié de tous, alors ?
52:47 Abandonné ? - Pas tout à fait.
52:49 En vertu d'un accord accouché au
52:51 Corseps, le 11 mars à Kingston,
52:53 sous l'égide de la Communauté des Caraïbes,
52:55 de l'ONU et des Etats-Unis,
52:57 un conseil présidentiel transitoire
52:59 de cette membre est censé désigner
53:01 un gouvernement provisoire appelé
53:03 à préparer un scrutin aussi
53:05 inclusif qu'hypothétique.
53:07 Initiative soutenue par la France, laquelle contribue
53:09 en outre à hauteur de 3 millions d'euros
53:11 au financement d'une mission multinationale
53:13 d'appui à la sécurité, emmenée par
53:15 un millier de policiers kényans.
53:17 Pourvu qu'il se déploie un jour, ce contingent
53:19 fera-t-il le poids face aux gangs rivaux
53:21 que l'ex-flic chérisier s'emploie
53:23 à Fédéresse n'est pas gagné, d'autant
53:25 que s'ils ont essuyé quelques revers
53:27 hors de leur fief, ces spadassins
53:29 disposent d'un arsenal de contrebandes venus
53:31 pour l'essentiel de Floride et plus performants
53:33 que celui des forces de l'ordre local.
53:35 Il en faudra davantage pour mettre
53:37 barbecue sur le grill. - Donc, on s'en
53:39 souvient aussi, les interventions
53:41 de l'extérieur n'ont pas laissé de très bons souvenirs.
53:43 - De fait, comment ignorer la méfiance
53:45 qu'inspire au sein de la société haïtienne
53:47 le fiasco sans fin des ingérences étrangères ?
53:49 A commencer par l'occupation américaine
53:51 entre 1915 et 1934
53:53 qui reléga le pays d'Haïti,
53:55 comme on dit en créole, au rang de "protectorat",
53:57 un stigmate que n'effaceront ni l'éviction
53:59 voilà 30 ans du putschiste
54:01 Raoul Cédras, ni le retour dans le sillage
54:03 de l'US Army de Jean-Bertrand Aristide,
54:05 un élu, un tantinet illuminé.
54:07 Deux épisodes ultérieurs auront
54:09 conforté la suspicion ambiante,
54:11 d'abord au lendemain du séisme ravageur
54:13 de 2010, l'échec cuisant
54:15 de la reconstruction, et ce malgré
54:17 la fortune engloutie, 12 milliards
54:19 de dollars au bas mot, et l'afflux
54:21 de missions d'experts, d'agences onusiennes ou d'ONG.
54:23 Ensuite, l'épidémie de choléra
54:25 déclenchée neuf fois plus tard par l'incurie
54:27 de casques bleus népalais, fatale à près
54:29 de 10 000 autochtones, comme à l'image
54:31 de l'ONU. On l'aura compris, Haïti
54:33 mettra du temps à s'arracher à la gang des gangs.
54:35 - Merci. Merci de nous avoir
54:37 parlé de ce qui se passe là-bas.
54:39 Allez, on enchaîne avec
54:41 les coulisses, la petite, la grande histoire
54:43 de l'Assemblée. C'est Bourbon Express, tout de suite.
54:45 (Générique)
54:52 - Et bonsoir Stéphanie Despierre. - Bonsoir.
54:54 - Alors, votre histoire du jour, à l'Assemblée, c'est quoi ?
54:56 - Je vous raconte un bras de fer entre
54:58 la ministre de la Culture, Rachida Dati, et le député
55:00 insoumis Aurélien Saint-Aoul. C'était cet
55:02 après-midi, nouveau round d'audition
55:04 de la commission d'enquête TNT, et bien c'est devenu
55:06 un ring. Le rapporteur insoumis
55:08 commence de manière assez étrange.
55:10 Il parle de Rima Abdoulmalak, la prédécesseure
55:12 de Rachida Dati.
55:14 - Que savez-vous des raisons
55:16 du départ de votre prédécesseur ?
55:18 - C'est une question curieuse.
55:20 C'est la vie politique.
55:22 - Quelle est la nouveauté de vos vues au
55:24 ministère ? Quelle décision politique
55:26 vous pourriez prendre que Mme Abdoulmalak
55:28 n'aurait pas été en mesure de prendre ?
55:30 - Très franchement, à la fois je ne comprends
55:32 pas votre question, et je vois où vous voulez en venir,
55:34 et je n'irai pas là où vous voulez en venir.
55:36 - Est-ce que Mme Abdoulmalak ou son
55:38 entourage vous auraient
55:40 évoqué avec vous le sujet du
55:42 renouvellement des autorisations TNT ?
55:44 - Quand je suis arrivée au ministère, je n'avais même pas
55:46 de dossier ministre, ni un papier sur le bureau.
55:48 Ma personne peut vous déplaire, ma nomination
55:50 peut vous déplaire, ça n'est pas le sens
55:52 et l'objet de cette commission.
55:54 - Et ça continue, le député insoumis demande à Rachida Dati
55:56 si elle a eu connaissance d'une rencontre
55:58 entre Vincent Bolloré et Emmanuel Macron
56:00 en septembre, avant que le journal
56:02 Le Monde ne révèle cette rencontre.
56:04 - Je n'étais pas ministre de la Culture.
56:06 - Ce n'était pas ma question.
56:08 Veuillez répondre à ma question, s'il vous plaît.
56:10 - Je n'étais pas ministre de la Culture,
56:12 donc je n'étais pas dans l'agenda
56:14 ni présidentiel, ni ministériel.
56:16 Voilà.
56:18 - Estimez-vous qu'il existerait un lien
56:20 entre cette rencontre et votre nomination ?
56:22 - Mais c'est...
56:26 Mais, enfin, moi, là, je...
56:28 Vous allez trop loin, M. le rapporteur,
56:30 je vous le dis, parce que là, c'est du soupçon.
56:32 Donc, vous mettez en cause
56:34 ma légitimité, M. le rapporteur.
56:36 Quelle est votre idée derrière la tête, M. le rapporteur ?
56:38 Ça serait quoi ? Qu'ils auraient quelque chose ?
56:40 Qu'ils auraient conclu ensemble ?
56:42 Et que je serais le prix de ce contrat ?
56:44 - Et alors, c'est comme ça, pendant plus de 30 minutes,
56:46 finalement, la ministre se plaint,
56:48 et le président de la Commission,
56:50 président Renaissance, perd patience.
56:52 - Je vais laisser au rapporteur le temps de regarder
56:54 ses questions de manière à ce qu'elle respecte bien
56:56 le cadre de la Commission, et nous allons prendre,
56:58 dans un premier temps, des questions des députés membres.
57:00 Je donne donc la parole. Je rappelle que, donc,
57:02 les questions doivent vraiment respecter
57:04 l'ordre et l'objet de cette commission d'enquête,
57:06 avant de redonner à nouveau la parole
57:08 à M. le rapporteur.
57:10 - Ah oui, ça flingue.
57:12 C'était très violent, effectivement.
57:14 Autre ambiance, après
57:16 cette audition de l'Arkom,
57:18 c'est ça, le nouveau patron
57:20 de l'Arkom, Roc Olivier Mestre ?
57:22 - Ambiance feutrée, à l'inverse, ce matin,
57:24 du directeur de l'Arkom.
57:26 Alors, vous le savez, le Conseil d'Etat a demandé
57:28 à l'Arkom de renforcer son contrôle de C News
57:30 et par récocher de toutes les télévisions
57:32 et les radios. Alors, comment
57:34 le président de l'Arkom va-t-il l'appliquer ?
57:36 Il a dit que ce n'était pas simple,
57:38 mais qu'il allait le faire, c'était obligatoire.
57:40 En revanche, il s'est voulu rassurant, on ne transposera
57:42 pas les règles pour les hommes et femmes politiques
57:44 à l'ensemble des intervenants.
57:46 A l'antenne, il n'y aura pas de catalogage
57:48 et pas de fichage pour les journalistes.
57:50 Alors, vous le savez, Myriam, cette commission
57:52 d'enquête a été demandée par la gauche,
57:54 par les Insoumis, qui pointent le manque
57:56 de pluralisme de C1 8 et de C News.
57:58 C'est pour cela qu'on a eu
58:00 l'anouna à Vincent Bolloré interrogé
58:02 par les députés. Eh bien, aujourd'hui,
58:04 le Rassemblement national a répliqué
58:06 dans une lettre au président de cette commission d'enquête.
58:08 Il demande à auditionner les journalistes
58:10 de quotidien, le présentateur,
58:12 Yann Barthès, et le journaliste Julien Belvert
58:14 qui a déclaré, il y a quelques jours,
58:16 qu'il ne voulait pas recevoir de personnalité
58:18 d'extrême droite.
58:20 L'audition devrait avoir lieu
58:22 mercredi matin. - On va suivre ça,
58:24 c'est devenu the place to be,
58:26 cette commission d'enquête. Merci beaucoup,
58:28 Stéphanie. On s'arrête là, vous l'avez compris,
58:30 on est légèrement en retard. Merci, Sophie Binet.
58:32 Les jours d'heureux, il est minuit moins de quart,
58:34 c'est la préface
58:36 du programme du Conseil national de la résistance
58:38 que vous publiez chez Grasset.
58:40 Merci d'avoir été notre invitée,
58:42 merci à vous, les Affranchis. Allez,
58:44 très belle soirée documentaire qui commence maintenant
58:46 avec Jean-Pierre Gracien. A demain.
58:48 ...

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