• il y a 7 mois
Ils ont plus de capacités intellectuelles que les autres enfants, et pourtant, paradoxalement, ils sont aussi souvent victimes de décrochage scolaire. Il s'agit des enfants HPI, enfants à haut potentiel intellectuel.
Ceux qu'on appelait avant "les surdoués".
A Montpellier, l'AEHPI, l'Association pour l'Epanouissement des Hauts Potentiels Intellectuels organise une après-midi portes ouvertes demain.
Cette association dispense des cours pour aider ces enfants à réussir dans leur parcours scolaire,et accompagne aussi les parents.

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Transcription
00:00 France 3, soyez les bienvenus, l'accompagnement des jeunes à haut potentiel intellectuel au programme Guillaume Rouland.
00:06 - Avec nos deux invités ce matin, bonjour à tous les deux, Véronique Gaillard, bonjour Véronique Gaillard.
00:10 - Bonjour.
00:11 - Présidente de l'AEHPI, Association pour l'épanouissement des hauts potentiels intellectuels, c'est une association de Montpellier, on va en parler dans un instant avec vous.
00:19 Et bonjour à Jean-Pierre Delanois qui vous accompagne.
00:21 En signant au sein de cette association, ça pourrait surprendre mais on va également évoquer avec vous cette question.
00:28 D'abord, votre association que vous présidez, Véronique Gaillard, vous organisez demain un après-midi porte ouverte au siège de votre association à Montpellier pour mieux vous faire connaître.
00:37 - Voilà, tout à fait. Donc demain de 14h à 18h on organise une porte ouverte en fait pour présenter notre dispositif de scolarisation pour des collégiens et des lycéens à haut potentiel intellectuel.
00:51 Donc ce dispositif maintenant à 3 ans, voilà. Donc on fait une porte ouverte pour présenter un petit peu ce dispositif qui n'est pas très connu encore sur Montpellier.
00:59 - Oui, et ce qui pourrait surprendre de prime abord Véronique Gaillard, c'est de voir qu'une association, vous n'êtes pas la seule en France, vous n'êtes pas la seule à Montpellier en revanche à le faire,
01:07 fait de l'accompagnement scolaire pour des enfants qu'on appelait avant. Alors ces mots-là on les entend plus, enfants surdoués, enfants précoces, maintenant on parle d'enfants d'HPI, ils ont besoin d'accompagnement scolaire.
01:18 - Oui, tout à fait. Paradoxalement ce sont des enfants qui sont très intelligents, qui sont très curieux, qui ont une forme d'intensité au niveau de leur intelligence, et on les retrouve en grandes difficultés.
01:31 Des difficultés scolaires, des difficultés aussi d'habilité sociale, on les retrouve avec des phobies scolaires très tôt dans leur parcours, dès la maternelle ou plus tard au collège et au lycée.
01:42 On va revenir sur les difficultés qu'ils peuvent rencontrer et du coup les difficultés que peuvent rencontrer aussi leur entourage, leurs parents.
01:50 - Tout à fait, parents et enseignants. - Oui, qui sont parfois un petit peu démunis.
01:53 Jean-Pierre Delannoye, c'est là que vous vous intervenez. - Absolument.
01:56 - Puisque vous êtes enseignant au sein de cette association. Alors, pas enseignant de profession, vous avez fait plein de métiers, peu importe lesquels, c'est pas le plus important.
02:04 En revanche, vous enseignez beaucoup de matières au sein de cette association. - Toutes les matières littéraires et artistiques peut-on dire.
02:10 - Donc cet accompagnement, il se fait dans quelles proportions d'abord ?
02:15 - Alors, il y a trois différentes choses dans ce que nous proposons. Déjà, il y a des cours uniquement le samedi après-midi où les élèves...
02:24 - Vous ne vous substituez évidemment pas à l'éducation nationale. - Pas du tout, d'ailleurs nous sommes agréés par l'éducation nationale.
02:29 - Alors oui, il faut le dire, c'est important, votre association est agréée à l'éducation nationale.
02:33 - Donc le samedi après-midi, on reçoit des gens qui ne sont pas forcément au décrochage scolaire, mais ce sont des jeunes qui comme ça vont rencontrer leur père.
02:39 - Ils passent leur vie à rencontrer des gens avec qui ils s'entendent difficilement, là ils vont rencontrer leurs égaux.
02:44 - Nous les aidons à faire le devoir. - Déjà ça c'est important. - C'est très important.
02:47 - Ensuite, il y a un dispositif qui peut se mettre en place en liaison avec les établissements scolaires.
02:52 - On va recevoir pendant six semaines un élève, soit pour toute sa scolarité, soit pour les matières pour lesquelles il a une phobie ou il s'entend très mal avec le professeur.
03:01 - Et enfin, depuis trois ans, on a mis sur place une école. Donc on reçoit les élèves pendant un an, éventuellement deux, mais le but c'est quoi ?
03:08 - Pour ceux qui sont en terminale, c'est de leur faire réussir le bac, leur permettre d'accéder à l'université.
03:15 - Et pour ceux qui sont dans les classes plus petites, de réintégrer leur établissement scolaire au bout de cette année. C'est ça notre but.
03:22 - Parce que certains n'y sont plus ? - Certains n'y sont plus, ils sont totalement en phobie scolaire.
03:26 - Alors comment on explique cette phobie scolaire, Véronique Gaillard, alors qu'on a un haut potentiel intellectuel justement,
03:32 et qu'on se dirait, à première vue comme ça, que psychologiquement les conditions sont plutôt réunies pour que ça se passe bien ?
03:39 - Oui. - Mais en fait ça ne se passe pas bien. - Non ça ne se passe pas bien. - Pas toujours bien en tout cas pour certains, oui, mais pas pour tout le monde.
03:44 - Oui voilà, c'est vrai que c'est bien de le préciser, il y a certains élèves pour lesquels ça se passe bien,
03:49 mais en tout cas pour ceux que nous on rencontre, ce sont des enfants qui très tôt, dans leur parcours scolaire, se sont ennuyés.
03:55 - On l'a souvent entendu. - Voilà. - L'école ne leur apporte rien en fait.
04:01 - Voilà. Alors c'est vrai, c'est-à-dire qu'elle ne leur apporte rien au moment donné où ils en ont besoin.
04:07 Elle est en décalage en fait cette école, c'est-à-dire que quand ils rentrent à l'école, ils ont déjà des connaissances et des acquis assez élevés,
04:14 et très rapidement ils cherchent à s'occuper. Voilà, donc ils vont chercher à s'occuper, ils vont faire de l'hypervigilance,
04:20 ils vont essayer de s'occuper pour pouvoir passer le temps, parce que cette école ne va pas assez vite pour eux,
04:25 ne leur donne pas de la connaissance nécessaire, et donc ils vont s'ennuyer, ils vont bavarder, ils vont rêver,
04:31 ils vont développer en fait des décalages au niveau des autres enfants, puisque souvent très jeunes, ils parlent très bien,
04:39 ils ont des réflexions d'adultes, ils ont des connaissances aussi des fois de 2, 3, 4 ans.
04:45 Par exemple dernièrement on a un petit garçon qui est en moyenne section, qui parle 6 langues, qui sait écrire et qui sait lire,
04:53 il écrit sur la dictée, et c'est un enfant qu'on a maintenu en moyenne section, donc forcément cet enfant,
04:58 soit par rapport à ses propres caractéristiques, va développer soit des difficultés associées aux habiletés sociales,
05:06 soit des difficultés au niveau du trouble du comportement, soit au niveau des difficultés des apprentissages.
05:11 Ce sont quand même des enfants qui ont une grande capacité de s'adapter dans le milieu scolaire,
05:18 mais quand on pense qu'ils vont passer 5 ou 6 ans avec des décalages aussi importants,
05:23 à un moment donné ça va impacter leur développement psychologique, et on les retrouve plus tardivement avec des échecs scolaires,
05:28 de la phobie sociale, et parfois des problématiques psychologiques assez graves,
05:33 puisqu'on a accompagné nous dans notre dispositif des jeunes gens qui se scarifiaient,
05:38 et voilà, on va sur des choses assez lourdes parfois, pas tout le temps.
05:42 - Jean-Pierre Deloye, on y gaillardisait, l'école ne va pas assez vite pour eux, du coup vous en tant qu'enseignant au sein de cette association,
05:48 ça vous incite, ça vous oblige à aller très vite. - C'est ça, ça m'oblige à le faire.
05:51 Mais bon, moi j'ai appris que j'étais HPI à 60 ans, donc plus tôt que jamais,
05:55 mais si j'avais été avant, ma vie aurait totalement changé.
05:58 - D'accord. - Donc un exemple...
06:00 - Parce que vous, vous avez vous-même rencontré de difficultés d'apprentissage dans votre parcours ?
06:05 - Absolument, si le professeur ou la matière ne m'intéressait pas, je ne sais rien, tout simplement.
06:11 C'était la seule manifestation.
06:13 - Comment vous, vous arrivez, par rapport à votre intervention spécifique à vous en tant qu'enseignant,
06:17 comment vous arrivez à combler, je ne sais pas comment les appeler, ces vides, ces trous, ces carences,
06:22 que l'éducation nationale, parce que le système n'est pas adapté pour cela, ne peut pas faire ?
06:27 Comment vous y prenez compte ? - Avant tout, il faut stimuler leur curiosité intellectuelle.
06:31 L'éducation nationale ne stimule pas du tout la curiosité.
06:36 Les professeurs... - Il y a un programme, on prend un programme, point barre.
06:40 - On n'en sort pas, puis il y a quand même encore quelques enseignants qui disent que le haut potentiel n'existe pas.
06:45 Donc quand on a un tel constat devant soi, on ne peut que s'inquiéter.
06:49 Donc l'exemple le plus frappant que je donne, déjà il faudrait que tout le monde soit diagnostiqué beaucoup plus tôt,
06:55 mais l'exemple le plus frappant, c'est que en 1920 en Algérie, un jeune garçon qui avait perdu son père,
07:02 dont la mère était analfabète, si son professeur, M. Germain, n'avait pas imposé à sa famille...
07:07 - On va savoir de qui vous allez parler. - ...de poursuivre ses études, Albert Camus l'aurait peut-être fini balayeur.
07:13 - Et les prix Nobel de littérature. - Oui, les prix Nobel de littérature.
07:16 - Oui, on pensait tout de suite à Albert Camus, que vous avez dit à Algérie.
07:20 Donc, stimuler leur curiosité, ça c'est important. - Stimuler leur curiosité.
07:25 Comme je suis également au potentiel, ils disent tous que "toi tu nous comprends".
07:29 Oui, je les comprends parce que j'étais comme eux.
07:31 - Parce que le gros problème, Véronique Gaillard, c'est qu'effectivement ces enfants ont le sentiment de ne pas être compris, d'être à part.
07:36 - Tout à fait, oui.
07:38 Oui, c'est vrai, ce sont des enfants qui ressentent un fort décalage par rapport à leur père, surtout.
07:46 C'est-à-dire souvent, ils ont tendance à vouloir soit être dans le maternage d'enfants plus jeunes, parce qu'ils se sentent responsables,
07:53 soit d'être en contact avec des personnes plus grandes pour pouvoir échanger.
07:57 Ils adorent leur premier jeu, c'est la discussion.
07:59 Donc c'est quand même un jeu d'adultes, de discuter, et c'est quelque chose qui les intéresse énormément.
08:03 Je voulais, si vous pouvez me le permettre, prendre un bémol sur l'éducation nationale.
08:10 Alors nous, on travaille avec l'éducation nationale, et du coup l'association est agréée de l'académie de Montpellier.
08:18 Aujourd'hui, ce qui pose problème chez les enfants au potentiel, c'est que dans cette école-là, par rapport à notre société,
08:25 ils apprennent pas grand-chose, et eux, ils ont envie d'apprendre énormément de choses.
08:30 Il faut vraiment très tôt que les parents comprennent qu'à l'école, ils vont pas apprendre énormément,
08:34 mais ils vont apprendre suffisamment de choses, pour ce qu'ils vont apprendre, c'est d'être capables de le restituer de manière cohérente.
08:41 Avec des codes bien précis pour pouvoir après se mêler aux autres par la suite.
08:50 - Pour terminer, Jean-Pierre Delenoy, vous accompagnez combien d'enfants aujourd'hui au sein de l'association ?
08:53 - Cette année, une dizaine.
08:54 - Une dizaine.
08:55 - Une dernière, une quinzaine.
08:56 - Si vous organisez cette opération porte ouverte demain après-midi, c'est parce que vous êtes en capacité d'en accueillir plus ?
09:01 - C'est que nous sommes en capacité d'en accueillir.
09:03 - C'est-à-dire ? Ça peut aller jusqu'à combien ?
09:05 - Actuellement, ça peut aller jusqu'à plus de 20.
09:08 - Oui, une trentaine d'élèves.
09:10 - Il ne faut pas oublier de dire que l'association est 20 Rue du Carré du Roi.
09:13 - De toute façon, je comptais bien sur vous pour le dire. Je l'ai noté quelque part.
09:16 Mon intention, c'était bien de vous demander où on pouvait venir vous rencontrer demain.
09:20 - 20 Rue du Carré du Roi, de 14 à 18h.
09:23 - Demain après-midi, à Montpellier.
09:25 - Il ne faut pas que les gens de Montpellier nous écoutent.
09:27 - Et j'ai oublié de dire aussi que le samedi, nous accueillons logiquement les enfants,
09:33 mais que nous accueillons aussi les parents qui souvent ont des problèmes.
09:36 - Oui, parce qu'on n'a pas eu le temps trop d'en parler, le temps passe vite,
09:39 mais vous faites aussi de l'accompagnement aux parents qui se retrouvent parfois en difficulté face à leur enfant HPI, comme on dit.
09:44 Merci Véronique Gaillard, merci Thomas Delanois, tous les deux de l'AEHPI,
09:49 l'Association pour l'épanouissement des hauts potentiels intellectuels.
09:52 Et bonne porte ouverte demain après-midi.
09:54 - Merci à vous.
09:55 - C'est ça.

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