Lutte contre les discriminations, impacts des écrans sur la santé, pouvoir des réseaux sociaux, changement climatique, importance du collectif... Les défis qui attendent les enfants d’aujourd’hui et de demain sont nombreux. Trois spécialistes de l’enfance posent des priorités et ouvrent des pistes de réflexion et d’actions possibles. Avec : Virginie Houadec, ancienne inspectrice de l’Éducation nationale et sociologue à Artémisia, réseau ARPEGE, Université Toulouse Jean Jaurès
Virginie Houadec a coordonné les "50 activités pour l'égalité filles/garçons à l'école". Ses travaux portent le genre et les modèles amoureux dans la littérature de jeunesse. Elle travaille en ce moment sur "comment lire les classiques et les œuvres du patrimoine aux enfants d'aujourd'hui ?"Laelia Benoît,pédopsychiatre et chercheuse associée au Yale Child Study Center et au Centre de Recherche en Epidémiologie et Santé des Populations (CESP) de l'Inserm
Laelia Benoit est pédopsychiatre pour les enfants et les adolescents, dans ses recherches elle privilégie les approches citoyennes et participatives, impliquant les adolescents, leurs familles, les professionnels, et les associations. Ses travaux les plus récents portent sur l'anxiété climatique (éco-anxiété) des enfants et adolescents. Philip Jaffé, professeur ordinaire au Centre interfacultaire en droits de l'enfant (CIDE), rapporteur à l’ONU pour les droits de l’enfant ; spécialiste de la participation de l’enfant au sein du système judiciaire, civil et pénal.
Philip Jaffé est professeur à l’Université de Genève. Il a cofondé son Centre interfacultaire en droits de l’enfant et l’a dirigé de 2008 à 2019. En 2018 à New York, il est élu membre du Comité des droits de l’enfant aux Nations Unies et réélu en 2022. Formé en Suisse et aux Etats-Unis comme psychologue clinicien et forensique, il exerce encore comme psychothérapeute et expert aux tribunaux. Au-delà des missions traditionnelles requises par une université de haut niveau -enseignement, recherche, «publier ou périr»-, sa vision académique a toujours été de servir la société civile comme scientifique praticien.Naïlem Gambaye, citoyenne de Paris, intervenante à la COP 21 et co-rédactrice de la Charte parisienne des droits de l’enfant
Virginie Houadec a coordonné les "50 activités pour l'égalité filles/garçons à l'école". Ses travaux portent le genre et les modèles amoureux dans la littérature de jeunesse. Elle travaille en ce moment sur "comment lire les classiques et les œuvres du patrimoine aux enfants d'aujourd'hui ?"Laelia Benoît,pédopsychiatre et chercheuse associée au Yale Child Study Center et au Centre de Recherche en Epidémiologie et Santé des Populations (CESP) de l'Inserm
Laelia Benoit est pédopsychiatre pour les enfants et les adolescents, dans ses recherches elle privilégie les approches citoyennes et participatives, impliquant les adolescents, leurs familles, les professionnels, et les associations. Ses travaux les plus récents portent sur l'anxiété climatique (éco-anxiété) des enfants et adolescents. Philip Jaffé, professeur ordinaire au Centre interfacultaire en droits de l'enfant (CIDE), rapporteur à l’ONU pour les droits de l’enfant ; spécialiste de la participation de l’enfant au sein du système judiciaire, civil et pénal.
Philip Jaffé est professeur à l’Université de Genève. Il a cofondé son Centre interfacultaire en droits de l’enfant et l’a dirigé de 2008 à 2019. En 2018 à New York, il est élu membre du Comité des droits de l’enfant aux Nations Unies et réélu en 2022. Formé en Suisse et aux Etats-Unis comme psychologue clinicien et forensique, il exerce encore comme psychothérapeute et expert aux tribunaux. Au-delà des missions traditionnelles requises par une université de haut niveau -enseignement, recherche, «publier ou périr»-, sa vision académique a toujours été de servir la société civile comme scientifique praticien.Naïlem Gambaye, citoyenne de Paris, intervenante à la COP 21 et co-rédactrice de la Charte parisienne des droits de l’enfant
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00:00:00 Soins de la nature dehors.
00:00:02 Dans...
00:00:05 Comment ça s'appelle ?
00:00:08 Ah non, je ne sais plus comment ça s'appelle.
00:00:11 C'est pas juste.
00:00:12 On va pouvoir reprendre.
00:00:17 C'est la dernière table ronde de la journée,
00:00:21 la dernière table ronde du coloc.
00:00:25 Je vais récupérer de l'eau pour nos intervenantes.
00:00:30 Merci.
00:00:31 Je vais accueillir sur scène pour cette dernière table ronde
00:00:45 Virginie Ouadek et Naïlem Gambaye.
00:00:48 Et je vais accueillir sur cet écran,
00:00:53 pour cette dernière table ronde,
00:00:55 Lélia Benoît et Philippe Jaffé.
00:00:57 Bonjour à tous et à toutes.
00:01:01 Alors, Naïlem Gambaye,
00:01:18 vous êtes élève dans un lycée d'excellence en seconde.
00:01:22 Vous avez participé il y a trois ans à la rédaction
00:01:25 de la charte parisienne des droits de l'enfant.
00:01:26 Vous aviez 11 ans.
00:01:28 Pour ceux qui étaient là hier,
00:01:30 vous avez vu la chargée de mission
00:01:34 de la charte parisienne des droits de l'enfant.
00:01:38 Vous avez aussi participé à l'Académie du climat,
00:01:40 fait un discours sur le droit des enfants handicapés à la COP21
00:01:43 et vous continuez à porter la voix des enfants
00:01:46 sur des sujets d'actualité fort.
00:01:51 Lélia Benoît, vous êtes...
00:01:52 Alors, je vous regarde ici, plutôt.
00:01:55 Vous êtes pédopsychiatre et chercheuse associée
00:01:57 au Yale Child Study Center,
00:02:00 pardon pour mon anglais,
00:02:02 et au CESP,
00:02:04 Centre de recherche en épidémiologie
00:02:06 et santé des populations de l'INSERM.
00:02:09 Vous travaillez en ce moment sur la question de l'éco-anxiété
00:02:12 des enfants et des adolescents
00:02:14 et vous avez publié fin 2023 le livre "Infantisme au seuil".
00:02:18 Bonjour.
00:02:20 Bonjour.
00:02:21 Virginie Ouadek,
00:02:23 vous avez été inspectrice de l'Education nationale
00:02:25 et vous êtes docteur en sociologie de l'éducation.
00:02:28 Vous avez coordonné le projet 50 activités
00:02:30 pour l'égalité filles-garçons à l'école.
00:02:33 Et Philippe Jaffé,
00:02:35 vous êtes psychologue clinicien, professeur à l'Université de Genève.
00:02:38 Vous avez cofondé le Centre interfacultaire
00:02:41 en droits de l'enfant
00:02:42 et depuis 2018, vous êtes membre du Comité
00:02:44 des droits de l'enfant aux Nations unies.
00:02:47 La première question s'adressera à vous, Philippe.
00:02:50 Est-ce que vous voulez bien nous donner la définition,
00:02:53 votre définition, rapide, du mot "enfant" ?
00:02:57 Oui, volontiers. Bonjour à toutes et à tous.
00:03:01 Si vous m'entendez bien, un enfant, d'un point de vue légal,
00:03:04 c'est tout un être humain de moins de 18 ans,
00:03:07 mais je dirais qu'avant tout, c'est un être humain,
00:03:10 c'est une personne qui est digne de considération
00:03:13 et c'est une période tellement particulière et merveilleuse
00:03:16 de l'existence humaine.
00:03:18 On a entendu des enfants, en tout cas en attendant cette table ronde,
00:03:23 dire des choses absolument merveilleuses.
00:03:26 Ce sont les êtres les plus curieux, les plus altruistes
00:03:29 et les plus passionnants à observer,
00:03:32 avec lesquels interagir.
00:03:34 On est d'accord.
00:03:37 Lélia Benoît, Philippe Jaffé et Virginie Ouadek,
00:03:41 vous témoignez tous les trois dans vos professions
00:03:42 d'un fort engagement pour des causes
00:03:45 qui sont de grands défis pour l'avenir des enfants.
00:03:48 Alors, une question qui s'adresse à tous les trois.
00:03:51 Pourquoi l'enfance ?
00:03:53 Et pourquoi cet engagement ?
00:03:55 Je ne sais pas qui veut commencer.
00:03:57 Lélia, vous vouliez... Allez-y.
00:04:04 Oui, j'y vais. Pourquoi l'enfance ?
00:04:06 Pourquoi l'enfant ?
00:04:08 Je pense que c'est l'envie de miser sur l'avenir, en fait.
00:04:11 Je pense que c'est une marque d'optimisme
00:04:15 de voir qu'on a parmi nous des personnes
00:04:17 qui ont l'avenir devant eux
00:04:19 et qu'on peut avoir envie de transmettre ce qu'on a de meilleur
00:04:23 dans un espoir d'optimisme pour l'humanité.
00:04:26 Très bien.
00:04:29 - Virginie ? - Je vais.
00:04:31 Philippe, allez-y.
00:04:33 Non, je n'allais pas laisser passer le silence.
00:04:35 Donc, dans mon cas, je prendrai un autre biais.
00:04:40 C'est le sentiment d'indignation qui m'a animé beaucoup.
00:04:44 Celui de...
00:04:45 L'enfant taitoie et mange sa soupe.
00:04:49 On n'a pas le droit à la parole.
00:04:51 Et dans mon esprit, m'engager auprès de l'enfant,
00:04:55 c'était aussi tenter de le libérer
00:04:58 dans une société qu'il considère plus.
00:05:01 Et puis, d'un point de vue très personnel,
00:05:04 j'ai vécu de près une certaine souffrance
00:05:08 dans une famille dont les parents, tous deux des êtres extraordinaires,
00:05:11 s'entredéchiraient.
00:05:13 Je sais qu'il y a beaucoup d'enfants qui souffrent en silence.
00:05:17 Donc, il y a vraiment un besoin d'être à leur côté,
00:05:21 de les soutenir, de les propulser dans la vie
00:05:23 sur des rails plus harmonieux.
00:05:26 Voilà.
00:05:27 Virginie ?
00:05:30 Moi, je suis une bienheureuse retraitée maintenant,
00:05:34 mais j'ai exercé...
00:05:36 D'abord, j'ai été institutrice de l'école publique,
00:05:40 ensuite, conserve pédagogique, puis inspectrice.
00:05:43 Parallèlement, j'ai fait cette thèse sur les modèles amoureux
00:05:48 dans la littérature de jeunesse.
00:05:50 Mais moi, ce qui me passionne, c'est écouter les enfants.
00:05:54 Même aujourd'hui,
00:05:56 quand je vois un petit groupe d'enfants dans un parc,
00:06:00 je me mets à côté et j'écoute ce qu'ils racontent.
00:06:03 Je trouve adorables leur vision du monde,
00:06:09 les questions qu'ils se posent,
00:06:12 la manière dont ils élaborent des stratégies.
00:06:17 Tout ça, à chaque fois, m'émeut
00:06:19 et je les trouve vraiment diablement intelligents, souvent.
00:06:24 Cette table ronde va s'intéresser à demain, donc l'avenir.
00:06:32 Je pense que c'est quelque chose d'assez...
00:06:35 Quand on dit "l'avenir" et "enfant" dans la même phrase,
00:06:38 souvent, tout le monde se crispe un peu.
00:06:40 -Moi, je voudrais vous entendre, Naëlem.
00:06:42 Est-ce que vous avez confiance dans l'avenir ?
00:06:45 -Oui et non.
00:06:48 J'ai confiance parce que les adolescents de mon âge
00:06:52 ou un peu plus grand, je vois qu'ils sont engagés,
00:06:55 je vois qu'ils mènent des actions fortes.
00:06:58 Donc je me dis que comme c'est les adultes de demain,
00:07:01 peut-être on va changer les choses plus vite ou mieux.
00:07:04 Mais par contre, j'ai pas confiance en les adultes d'aujourd'hui
00:07:07 parce qu'ils font n'importe quoi.
00:07:09 Ils disent plein de choses, ils font des grandes réunions,
00:07:14 mais nous, on voit pas grand-chose à notre échelle.
00:07:16 Donc j'ai pas confiance en eux, mais j'ai confiance en nous.
00:07:20 -Alors, on va essayer de faire cette table ronde
00:07:29 avec toute l'humilité possible
00:07:32 et de faire en sorte que ce soit pas une autre grande réunion
00:07:34 qui sert à rien.
00:07:36 C'est une promesse, on va essayer.
00:07:39 Est-ce qu'à titre personnel, vous aussi, vous avez peur
00:07:42 pour l'avenir ?
00:07:43 Est-ce que vous êtes aussi incertains, tous les trois, peut-être ?
00:07:47 Vous, adultes.
00:07:48 Lélia, vous vouliez parler ?
00:07:52 -Oui, moi, je travaille beaucoup sur la question du changement climatique
00:07:57 et de l'impact sur les enfants et adolescents.
00:08:00 Et c'est vrai que l'état de la planète,
00:08:04 l'état environnemental est un sujet inquiétant en soi
00:08:07 et une urgence qui est réelle.
00:08:09 Mais c'est vrai que la manière dont on entend
00:08:12 ou surtout on n'entend pas les besoins des enfants
00:08:14 dans ce cadre-là est quelque chose qui m'inquiète.
00:08:17 Peut-être encore plus que la situation environnementale
00:08:20 telle qu'elle est, puisqu'en fait, on peut faire plein de choses
00:08:22 face à un défi.
00:08:24 Je trouve que la difficulté à entendre
00:08:27 la détresse des enfants et des adolescents du monde
00:08:30 par rapport à ça, le fait qu'on ait tendance
00:08:32 à les ridiculiser, à les humilier quand ils prennent la parole
00:08:36 sur ce sujet, le fait que ce soit pas notre priorité ad fus
00:08:39 de leur assurer un avenir qui soit correct,
00:08:43 et donc pour la planète,
00:08:45 ça, ça m'inquiète, en fait.
00:08:47 Donc je dirais, peut-être un peu comme Hélène,
00:08:52 la réaction des adultes par rapport aux besoins des ados
00:08:55 et des enfants est quelque chose qui m'inquiète.
00:08:57 -Philippe ou Virginie, sur votre confiance, vos inquiétudes ?
00:09:04 -Alors, moi, je dois dire que je suis assez d'accord avec Naila.
00:09:07 Étant aux Nations unies,
00:09:10 je participe à beaucoup de grandes réunions
00:09:13 qui n'accouchent pas de grand-chose,
00:09:15 et elle a certainement observé certaines de ces réunions.
00:09:19 Mais j'ai aussi une chance extraordinaire,
00:09:21 dans la droite ligne de ce que tu as exprimé,
00:09:25 c'est de rencontrer beaucoup d'enfants exceptionnels
00:09:29 et qui, non seulement m'inspirent,
00:09:32 mais qui, dans une large mesure,
00:09:36 me poussent à essayer de changer les choses à la marge,
00:09:41 de faire évoluer un peu les pratiques, les politiques publiques,
00:09:45 et puis soutenir les enfants et les jeunes dans la mesure du possible.
00:09:49 Ce n'est pas simple.
00:09:50 Effectivement, les enfants n'ont souvent pas une place à la table.
00:09:54 On se bat beaucoup pour cela.
00:09:56 Je donne un exemple tout bête.
00:09:58 Il y a quelques années, il y avait une grande conférence
00:10:01 sur l'éradication du travail des enfants dans le monde.
00:10:04 Il n'y avait pas un enfant qui était invité.
00:10:06 C'est absolument extraordinaire
00:10:09 qu'on puisse parler d'une chose qui les concerne directement
00:10:12 et ne pas les avoir comme les spécialistes, finalement,
00:10:16 qui peuvent nous renseigner.
00:10:18 Alors, ces enfants extraordinaires, ils existent, il y en a beaucoup.
00:10:21 En ce sens-là, j'ai plutôt confiance,
00:10:25 et j'ai de plus en plus confiance
00:10:27 à mesure que les adultes qui sont devenus vieux et bêtes
00:10:32 vont disparaître petit à petit vers la retraite.
00:10:36 -Oui, voilà.
00:10:40 Moi, je voudrais parler des jeunes adultes.
00:10:43 J'en ai beaucoup dans mon entourage.
00:10:47 Et eux, je leur fais plus confiance, finalement,
00:10:51 qu'à ma génération.
00:10:53 Tout à l'heure, dans la précédente table ronde,
00:10:56 où on parlait des fake news et tout ça,
00:10:58 je trouve qu'il y a vraiment un esprit critique
00:11:02 qui est très aiguisé chez ces jeunes adultes
00:11:07 et qui est vraiment très intéressant.
00:11:10 Et ça, ça m'engage quand même à une certaine confiance.
00:11:15 J'ai confiance en eux, oui, et en leur vision de l'avenir.
00:11:20 On a eu le débat, il y a quelques semaines,
00:11:26 sur l'intelligence artificielle et sur Tchadjibété et tout ça.
00:11:33 Et je me rends compte que les gens de ma génération
00:11:37 ont du mal un peu à se représenter ce que c'est,
00:11:40 alors que les jeunes adultes savent beaucoup mieux,
00:11:45 y compris comment s'en servir, comment l'utiliser,
00:11:49 et sont beaucoup plus attentifs, finalement,
00:11:54 aux fausses informations.
00:11:58 Et en tout cas, ont une connaissance
00:12:00 beaucoup plus fine que la nôtre là-dessus.
00:12:03 Voilà.
00:12:05 -Je suis heureuse d'entendre un peu d'optimisme.
00:12:07 On va essayer d'en trouver.
00:12:09 Mais d'abord, on va écouter...
00:12:11 Je vous explique, Philippe et Lélia,
00:12:13 parce que vous arrivez dans le colloque,
00:12:15 mais depuis deux jours, on parle d'enfance.
00:12:18 Et hormis pour cette table ronde où Nylem nous a fait le plaisir
00:12:22 de nous rejoindre, on n'a pas entendu d'enfant.
00:12:24 On fait aussi partie de ces événements
00:12:26 qui parlent des enfants et qui ne font pas entendre des enfants.
00:12:29 On a juste trois petites invitées qui ne sont pas là avec nous
00:12:32 sur la scène, qui sont à l'école à l'heure qu'il est,
00:12:35 et qui nous ont répondu à des questions,
00:12:37 qui ont répondu à nos questions au micro
00:12:40 et qu'on fait entendre comme ça.
00:12:41 Donc on va les écouter nous parler un petit peu
00:12:43 de comment elles voient l'avenir de la planète.
00:12:49 -Moi, je me demande pourquoi on a besoin d'une Terre
00:12:52 pour exister.
00:12:53 Est-ce que plus tard, la Terre, elle va s'arranger ou pas ?
00:12:58 Ou alors est-ce que les présidents, la politique,
00:13:01 ils vont pas en faire attention ?
00:13:02 Et ça va être de pire en pire ou pas ?
00:13:06 C'est ça, ma question, parce que je me demande
00:13:08 si les gens vont prendre en compte un peu tout ça.
00:13:12 -Qu'est-ce que vous en pensez de la planète ?
00:13:14 Comment elle va être dans le futur ?
00:13:15 -Dans le futur, elle sera pire.
00:13:20 -Moi, je pense qu'elle sera pire parce que les humains,
00:13:24 ils font de plus en plus attention à la nature,
00:13:28 ils mettent de plus en plus des déchets dans la nature.
00:13:31 C'est pour ça que je pense ça.
00:13:34 -Moi, je pense qu'elle serait beaucoup mieux
00:13:36 parce qu'il y a de plus en plus d'enfants
00:13:43 qui prennent soin de la nature à cause de la manifestation.
00:13:48 -Moi aussi, je trouve que quand même,
00:13:50 elle sera un peu mieux parce qu'on s'occupe bien.
00:13:54 Moi, je m'occupe bien de la nature
00:13:57 parce que je ramasse souvent les déchets qu'il y a.
00:14:00 -Peut-être que les adultes, maintenant,
00:14:01 quand ils étaient petits, on leur a pas dit
00:14:03 de faire attention à la nature, donc ils font peut-être pas attention,
00:14:07 mais nous, on nous dit qu'il faut faire attention,
00:14:09 on nous explique un peu pourquoi.
00:14:11 Donc quand on sera grands, on fera attention,
00:14:13 on dira pareil à nos enfants, à nos petits-enfants et tout.
00:14:16 Donc j'espère que ça va s'arranger.
00:14:18 -On espère.
00:14:19 On espère aussi.
00:14:22 Naëlem, est-ce que ces sujets vous parlent ?
00:14:25 Est-ce que vous vous sentez concernée par l'éco-anxiété ?
00:14:29 Est-ce que l'avenir de la planète, c'est quelque chose qui vous préoccupe ?
00:14:33 -Oui.
00:14:34 Déjà parce qu'on nous parle souvent des pays riches, des pays pauvres,
00:14:39 et les pays riches, on voit qu'ils polluent beaucoup
00:14:42 et que c'est pas forcément sur eux
00:14:45 que le réchauffement climatique va agir,
00:14:47 mais aussi sur les îles où il y a des inondations,
00:14:49 où il y a la sécheresse.
00:14:51 Donc forcément, j'en entends parler à l'école,
00:14:54 avec mes amis qui le vivent ou qui ont des...
00:14:57 de la famille qui le vive.
00:14:59 Donc forcément, je me sens concernée,
00:15:01 surtout que maintenant, il y a des actions dans les écoles
00:15:03 qui sont menées pour replanter des arbres ou d'autres choses.
00:15:07 Mais c'est vrai que ça m'inquiète forcément.
00:15:10 Voilà.
00:15:12 -Donc voilà, ce sentiment d'éco-anxiété
00:15:16 sur lequel Lélia Benoît, vous travaillez,
00:15:18 là, a été un petit peu abordé.
00:15:20 Est-ce que vous pouvez nous décrire un petit peu,
00:15:23 nous donner quelques pistes pour comprendre
00:15:26 ce mot qui est tout nouveau, "éco-anxiété",
00:15:29 mais qu'on entend de plus en plus ?
00:15:31 -Oui. Déjà, l'éco-anxiété, c'est pas que de l'anxiété.
00:15:35 C'est l'ensemble des émotions qu'on peut ressentir
00:15:38 face aux dégradations environnementales.
00:15:41 Donc ça peut être de l'anxiété, ça peut être de la colère,
00:15:45 de l'indignation, dont parlait Philippe tout à l'heure,
00:15:47 mais aussi de la honte,
00:15:51 de ne pas agir autant qu'on voudrait,
00:15:53 de ne pas en faire autant que ce qu'on voudrait faire,
00:15:55 et parfois même des émotions positives,
00:15:57 comme l'envie d'agir ou l'espoir.
00:15:59 C'est un mot un peu mal nommé, l'éco-anxiété,
00:16:02 mais c'est tous les bouleversements émotionnels
00:16:04 que nous fait vivre la situation climatique.
00:16:06 Autre chose à rajouter, c'est que c'est pas une maladie du tout.
00:16:10 C'est plutôt une réaction humaine saine
00:16:13 et qui montre qu'on a compris la situation,
00:16:16 qu'on est en empathie avec le monde qui nous entoure.
00:16:19 Et en fait, ça doit nous pousser à agir, à faire des choses.
00:16:22 Et enfin, la dernière chose,
00:16:25 c'est aussi que l'éco-anxiété est augmentée
00:16:27 quand les gouvernements ne prennent pas la mesure
00:16:31 de l'urgence climatique.
00:16:32 Ça a été montré dans des études scientifiques,
00:16:35 notamment une publiée dans le Lancet.
00:16:37 Plus les gens ont l'impression
00:16:40 que leur gouvernement ne prend pas la mesure du problème,
00:16:43 plus ils se sentent éco-anxieux.
00:16:45 Donc voilà, disons que l'éco-anxiété,
00:16:47 c'est une réaction saine, collective face à un vrai problème
00:16:50 et que plus on s'en occupe ensemble,
00:16:52 moins on est éco-anxieux et surtout, moins la planète se réchauffe.
00:16:56 Est-ce que vous voulez réagir à cette notion d'éco-anxiété, Philippe ?
00:17:02 Je crois que Lélia a extrêmement bien décrit ce que c'est.
00:17:08 J'apprécie beaucoup qu'elle ajoute cette dimension positive
00:17:12 parce qu'effectivement, dans l'esprit populaire,
00:17:14 anxiété signifie pathologie,
00:17:16 ça signifie des dysfonctionnements et ce n'est vraiment pas ça.
00:17:20 Peut-être que j'abuse un peu, mais en parlant d'éco-empathie,
00:17:24 c'est vraiment une notion de ressenti,
00:17:29 de sensibilité à ce qui se déroule sous nos yeux,
00:17:34 d'une certaine manière.
00:17:35 C'est l'expression d'un réalisme
00:17:37 de la part de jeunes gens et d'enfants.
00:17:41 Maintenant, l'aspect pervers qui, moi, me préoccupe,
00:17:46 peut-être mes collègues dans cette table ronde également,
00:17:51 c'est que finalement, les enfants développent cette empathie
00:17:56 et cette sensibilité
00:17:59 parce qu'ils ont l'impression qu'il y a un manque d'action,
00:18:04 un manque de conscience de la part des adultes,
00:18:07 de nos dirigeants, du système au sens large du terme.
00:18:11 Et en ce sens-là, ils sont responsabilisés
00:18:14 à penser qu'ils doivent, eux,
00:18:17 se mettre les mains dans le cambouis,
00:18:20 alors que, dans un certain sens,
00:18:24 on est un peu en train de leur voler une sorte de période d'innocence
00:18:28 et de pouvoir pleinement vivre leur enfance.
00:18:31 Je ne sais pas vous, moi, je n'ai jamais grandi avec l'idée
00:18:36 que si je n'étais pas plus responsable plus rapidement,
00:18:43 ma vie serait éventuellement écourtée.
00:18:46 J'ai toujours eu cette idée que ma vie sera rallongée
00:18:50 autant que je pouvais l'imaginer,
00:18:53 et pas amputée
00:18:57 plutôt parce que le monde, effectivement,
00:19:01 est en train d'être pollué à un rythme effréné qui est insoutenable.
00:19:07 Et NLM a bien rappelé
00:19:09 que ce n'est pas dans nos sociétés
00:19:12 que les choses se vivent le plus difficilement.
00:19:17 Il y a des îles entières qui sont en train de disparaître,
00:19:19 il y a des populations indigènes
00:19:21 qui sont en train de disparaître et de souffrir terriblement.
00:19:27 Et beaucoup d'enfants à travers le monde
00:19:29 vivent au quotidien les affres, j'ai envie de dire,
00:19:32 de notre mode de vie occidentale.
00:19:35 Ce n'est pas pour nous culpabiliser que je dis ça,
00:19:37 mais l'empathie, ce n'est pas simplement envers la planète,
00:19:42 c'est aussi des pays riches envers les pays pauvres.
00:19:45 Et comme vous le savez, il y a un mouvement
00:19:47 pour essayer de mobiliser des ressources,
00:19:53 comment dirais-je, en faveur du bien planétaire commun,
00:19:58 mais NLM me rétorquera que ce sont des grandes réunions
00:20:01 qui ne servent à rien.
00:20:03 Moi, je pense qu'il faut quand même garder un peu espoir.
00:20:05 Oui, moi, ce que je trouve intéressant
00:20:09 dans les témoignages que nous venons d'entendre des enfants,
00:20:13 c'est qu'effectivement, ils se sentent déjà responsables
00:20:18 et d'une certaine manière, on leur vole leur enfance
00:20:21 en les responsabilisant de la sorte.
00:20:25 Et ce que j'ai trouvé intéressant,
00:20:28 c'est à un moment, il y a un enfant qui dit
00:20:31 qu'ils ont entendu les manifestations.
00:20:35 Et donc, je trouve ça intéressant
00:20:37 parce que cet enfant a l'idée de la nécessité d'un collectif aussi
00:20:44 pour réagir.
00:20:45 Et cette phrase me fait vraiment...
00:20:49 Oui, je crois que cet enfant parle de manifestations
00:20:52 comme d'une solution.
00:20:53 C'est peut-être un peu utopique.
00:20:55 Tout va aller bien parce qu'il va y avoir des manifestations.
00:20:58 Elle a l'idée du collectif, en fait.
00:20:59 Oui, c'est déjà pas mal.
00:21:02 Alors là, on est sur une première partie de table ronde
00:21:06 qui va plutôt faire des constats qui ne sont pas forcément très joyeux,
00:21:10 qui sont un petit peu rudes.
00:21:11 Après, on parlera de toutes les solutions
00:21:14 et de toute l'énergie qu'on peut mettre dans du positif.
00:21:19 Mais je voulais vous faire écouter aussi ces trois petites invitées
00:21:23 et nous parler à qui j'ai demandé si, selon elles,
00:21:27 les filles et les garçons sont à égalité.
00:21:30 Avant, non, c'était pas égal.
00:21:37 Mais ça commence à être de plus en plus de l'égalité,
00:21:40 mais je trouve pas encore assez.
00:21:42 Et vous, les filles ?
00:21:45 Moi ?
00:21:47 Attends, je vois les yeux, là.
00:21:49 Oui, c'est ça.
00:21:51 Est-ce que tu trouves que les filles et les garçons sont à égalité ?
00:21:54 Moi, je trouve pas trop,
00:21:56 parce qu'ils ont un peu des différences.
00:21:58 C'est quoi, les différences ?
00:22:00 Euh...
00:22:02 Je sais plus.
00:22:03 Toi, tu saurais dire c'est quoi, les différences entre les filles et les garçons ?
00:22:06 Aucune. Et je pense qu'ils ont l'égalité.
00:22:09 Parce que je pense qu'ils ont le droit d'avoir ce qu'ils veulent,
00:22:13 de choisir ce qu'ils veulent.
00:22:15 Avant...
00:22:18 Avant...
00:22:20 Ben...
00:22:21 Les garçons, ils avaient pas le droit de mettre des robes et des jupes.
00:22:25 Et les filles, elles avaient pas le droit de mettre des pantalons.
00:22:28 Elles étaient obligées de mettre des robes et des jupes.
00:22:31 Et maintenant ?
00:22:33 Euh... On a le droit.
00:22:35 Et c'est bien ?
00:22:37 D'avoir le droit ?
00:22:40 Oui, c'est bien, parce que moi, j'aime pas trop les jupes...
00:22:44 J'aime pas trop trop les jupes et les robes.
00:22:47 C'est pour ça.
00:22:50 Virginie Ouadek,
00:22:51 vous travaillez sur la question de l'égalité fille-garçon.
00:22:53 Les stéréotypes de genre étant extrêmement présents dans nos sociétés,
00:22:57 et donc fatalement dans le quotidien des enfants, notamment à l'école,
00:23:00 est-ce que vous observez, vous, des améliorations
00:23:03 depuis le début de votre engagement ?
00:23:05 Et quels constats vous pouvez faire aujourd'hui sur l'état de cette égalité ?
00:23:10 Est-ce que ces petites filles ont raison ?
00:23:12 Alors, il y en a une qui dit que oui,
00:23:16 il y a l'égalité entre les filles et les garçons.
00:23:18 Et il y a aussi une qui dit que oui,
00:23:20 il y a l'égalité entre les filles et les garçons.
00:23:22 Et c'est ça qui est très intéressant.
00:23:24 C'est que, dans le cadre de la question de l'égalité fille-garçon,
00:23:27 il y a une question de l'égalité entre les filles et les garçons.
00:23:30 Et c'est ça qui est très intéressant.
00:23:32 Et c'est ça qui est très intéressant.
00:23:34 Et c'est ça qui est très intéressant.
00:23:36 Et c'est ça qui est très intéressant.
00:23:38 Et c'est ça qui est très intéressant.
00:23:40 Et c'est ça qui est très intéressant.
00:23:42 Et c'est ça qui est très intéressant.
00:23:44 Et c'est ça qui est très intéressant.
00:23:46 -Mathématiques, en classe de cours préparatoire, notamment,
00:23:51 mais aussi dans les autres classes,
00:23:53 là, on est en plein dans les stéréotypes,
00:23:56 dans ce que je vais vous raconter.
00:23:58 C'est que quand un enseignant a besoin
00:24:02 d'une émission d'hypothèses,
00:24:04 par exemple, quand on apprend à faire la division,
00:24:09 l'enseignant apporte un sachet de bonbons
00:24:12 et il dit combien de bonbons je vais donner
00:24:14 à chaque enfant de la classe.
00:24:16 Il va spontanément, mais sans y réfléchir,
00:24:20 sans en avoir conscience, interroger un garçon.
00:24:24 Et quand un enseignant ou une enseignante
00:24:28 a besoin d'un rappel, d'une synthèse,
00:24:31 il va plus volontiers aller interroger une fille.
00:24:35 Au point qu'on a fait l'expérience avec certains de mes stagiaires,
00:24:41 quand on rédigeait les questions, justement,
00:24:44 pour inverser le stéréotype,
00:24:47 il y avait un moment où les filles
00:24:49 à qui on posait une question d'émission d'hypothèses
00:24:52 avaient un petit temps de latence avant de répondre
00:24:57 parce qu'elles pensaient que la question s'adressait pas à elles.
00:25:00 Et au bout d'une treize ans de scolarité obligatoire,
00:25:05 et puis après l'âge de 16 ans,
00:25:10 eh bien, ça enclenche des apprentissages
00:25:13 et effectivement, on avait fait ce travail
00:25:18 avec mon précédent groupe de recherche
00:25:21 à l'Université de Toulouse qui s'appelait Genre et éducation.
00:25:26 On avait vu avec Véronique Lisange, Josette Coste,
00:25:29 qu'en mathématiques, par exemple,
00:25:34 les statisticiens étaient plutôt des statisticiennes
00:25:38 parce qu'effectivement, il y avait ces compétences-là
00:25:41 en mathématiques qui étaient beaucoup plus fortes
00:25:44 et que chez les garçons,
00:25:46 on avait plutôt des garçons
00:25:50 qui allaient vers ce qu'on appelait à mon époque les maths pures.
00:25:54 Donc vraiment, ça, je le vois encore dans les classes.
00:25:59 Et je reviens à la table ronde précédente
00:26:02 où Laurence Le Guin disait que les enseignants
00:26:06 n'ont pas de formation en photographie.
00:26:10 Là aussi, on peut dire que la formation des enseignants,
00:26:15 la formation initiale,
00:26:17 elle n'est pas assez pointue sur ce genre d'observation
00:26:22 qui commence à être ancienne,
00:26:24 puisqu'on observe...
00:26:26 Des observations universitaires ont été faites
00:26:28 dans les années 90 déjà là-dessus.
00:26:32 Donc au moment où on veut que les filles investissent les sciences,
00:26:36 eh bien, apprenons aussi,
00:26:38 formons les enseignants sur ces sujets.
00:26:43 Après, là où je trouve que ça évolue bien,
00:26:46 on a, par exemple, toujours à l'école élémentaire,
00:26:50 la fameuse liste de références de littérature de jeunesse,
00:26:55 où la toute première liste de 2002
00:26:58 était vraiment farcie de stéréotypes.
00:27:02 On avait 70 % de personnages masculins
00:27:06 contre 30 % de personnages féminins.
00:27:09 Les personnages féminins ne passaient pas
00:27:12 le fameux test de Bechtel,
00:27:14 puisqu'elle n'était jamais plus de deux dans un livre
00:27:20 et elle parlait d'un garçon à chaque fois.
00:27:23 Là, c'est vrai qu'il y a eu
00:27:27 une prise en compte massive de ce problème
00:27:31 et on a dans la liste de références
00:27:33 du ministère de l'Éducation nationale,
00:27:35 maintenant, des personnages féminins,
00:27:38 je pense à Ruby Tête-Haute, à Brindy,
00:27:41 qui sont valeureuses
00:27:45 et qui donnent une belle idée
00:27:49 de ce qu'on peut faire quand on est une fille.
00:27:54 Et alors, sur les reculs,
00:27:58 je trouve que les enseignants,
00:28:03 je parle de ceux que je connais,
00:28:06 ont des programmes.
00:28:09 Et je trouve que les programmes
00:28:11 se sont vraiment étiolés sur cette question.
00:28:15 Je rappelle que, par exemple, en 2007,
00:28:18 dans les programmes de l'Éducation nationale,
00:28:21 il était écrit...
00:28:23 Je ne vais pas retrouver la formule.
00:28:28 "Faire de l'égalité entre les sexes,
00:28:32 "l'objectif principal..."
00:28:35 C'était pas exactement ça, la phrase,
00:28:38 mais tel était le sens.
00:28:41 Maintenant, on a l'impression, dans les programmes,
00:28:44 que c'est de l'ordre du cosmétique,
00:28:46 c'est-à-dire qu'on a rajouté à certains endroits
00:28:50 "On fera attention à l'égalité fille-garçon."
00:28:53 Point.
00:28:55 Qu'est-ce que ça veut dire, en éducation physique et sportive,
00:28:58 de faire attention à l'égalité fille-garçon ?
00:29:00 Les enseignants ont besoin d'outils.
00:29:03 Il n'y a qu'une seule partie du programme de l'école primaire
00:29:07 où, effectivement, les enseignants ont des indications
00:29:12 et, du coup, ils font la classe en ce sens,
00:29:16 c'est le programme d'histoire
00:29:18 où on demande aux enseignants de parler des femmes de pouvoir
00:29:22 et on leur cite Anne de Bretagne, Isabaud de Bavière, Marine Médicis,
00:29:27 et donc, effectivement, c'est écrit dans le programme,
00:29:30 donc les enseignants le font.
00:29:32 Et donc, ça, je trouve que c'est un vrai recul
00:29:35 sur la formation des enseignants et les programmes,
00:29:38 et ce sont quand même les deux points centraux du métier.
00:29:44 Qui, en plus, ne semblerait pas très compliqué à changer.
00:29:48 Naëlème, qu'est-ce que vous en pensez ?
00:29:51 Est-ce que cette question de l'égalité fille-garçon,
00:29:53 ça vous préoccupe, vous aussi ?
00:29:54 Oui, ça me préoccupe,
00:29:56 parce que, par exemple, nous, au lycée,
00:29:59 on est en train de choisir vers quel métier on veut aller.
00:30:03 Et déjà, quand on nous présente les métiers,
00:30:07 par exemple dans la médecine,
00:30:10 on a tendance, même si on ne va pas le dire,
00:30:13 à penser que les infirmières, c'est des femmes
00:30:16 et que les sages-femmes aussi.
00:30:18 Et juste le mot "sage-femme", un homme, si on lui dit
00:30:21 "oui, t'es sage-femme", ça est bizarre,
00:30:23 comme si c'était une femme,
00:30:25 et les garçons, ils n'ont pas forcément envie.
00:30:27 Et puis, tout ce qui va à une métier de l'ingénieur,
00:30:30 même si t'y vas et qu'on te dit "oui, non,
00:30:33 "mais c'est pour les filles aussi",
00:30:35 quand il y a 20 garçons et que toi, t'es toute seule
00:30:37 avec une autre fille, tu ne te sens pas à ta place,
00:30:40 on va te regarder bizarrement.
00:30:41 Donc, c'est vrai que même si on a l'impression
00:30:44 que ça va beaucoup mieux, qu'on est plus égaux,
00:30:48 on s'en rend compte que non,
00:30:50 il y a toujours beaucoup trop de différences
00:30:52 entre les filles et les garçons.
00:30:53 -Et alors, entre les filles et les garçons,
00:30:58 effectivement, c'est bien observé,
00:31:00 mais plus généralement aussi,
00:31:03 on en parlait tout à l'heure, entre les adultes et les enfants.
00:31:07 Lélia Benoît, est-ce que vous pouvez nous expliquer
00:31:10 ce qu'est l'infantisme ?
00:31:12 C'est le titre de votre dernier livre.
00:31:14 -Oui, merci.
00:31:18 Il y aurait beaucoup de choses à dire,
00:31:19 surtout ce qui est déjà dit, donc c'est passionnant.
00:31:22 L'infantisme, c'est l'ensemble des préjugés
00:31:26 et discriminations systématiques à l'encontre des enfants,
00:31:29 enfants étant considérés comme mineurs,
00:31:32 comme le disait Philippe tout à l'heure,
00:31:34 donc à la fois les enfants et les adolescents.
00:31:37 Et donc, l'infantisme, c'est une forme d'agéisme,
00:31:41 l'agéisme, c'est la discrimination
00:31:43 et les préjugés liés à l'âge de la personne.
00:31:47 Mais c'est important de pouvoir utiliser
00:31:50 la notion d'infantisme en tant que telle,
00:31:52 parce que souvent, quand on parle d'agéisme,
00:31:53 en France en tout cas,
00:31:55 on pense à l'opposition jeunes adultes
00:31:57 versus personnes âgées.
00:31:59 Les jeunes adultes, on les considère mal,
00:32:02 ils ont du mal à avoir accès à l'emploi,
00:32:03 ou alors, dans l'autre sens,
00:32:05 on éprise les personnes âgées,
00:32:08 on ne supporte pas l'idée du corps qui vieillit, etc.
00:32:11 Et en fait, on est tellement infantistes,
00:32:14 on a tellement de mal à considérer
00:32:18 les enfants et les adolescents
00:32:19 qu'on ne les considère même pas dans l'agéisme,
00:32:21 si vous voulez.
00:32:22 Donc, l'infantisme, c'est ces discriminations-là.
00:32:26 Ça peut être à la fois lié
00:32:31 à des motivations un peu individuelles, inconscientes,
00:32:34 c'est-à-dire, si j'ai été humiliée en tant qu'enfant,
00:32:37 alors, une fois devenue adulte,
00:32:39 j'aurais gardé en tête l'idée que l'enfance,
00:32:41 c'est une période un peu honteuse,
00:32:44 un peu inférieure,
00:32:45 et je vais avoir tendance à répéter ces comportements
00:32:49 envers les enfants qui m'entourent.
00:32:50 Donc, ça, c'est les aspects un peu intimes, individuels
00:32:53 de cette répétition.
00:32:55 Et puis, il y a les aspects plus collectifs,
00:32:58 plus sociologiques,
00:32:59 et de considérer, à travers l'infantisme,
00:33:01 que le groupe des enfants,
00:33:03 c'est un groupe social, comme un autre,
00:33:05 et que c'est un groupe social qui est une minorité,
00:33:08 au sens, c'est un groupe social qui a moins de droits que les autres,
00:33:10 qui est plus opprimé, qui a moins de pouvoir,
00:33:14 et donc, de finalement le considérer un peu un groupe
00:33:17 comme les femmes, on parlait d'égalité hommes-femmes,
00:33:20 qui, même si les femmes représentent
00:33:22 la moitié de la population en nombre,
00:33:23 on considère quand même en sociologique
00:33:25 que c'est une minorité,
00:33:26 puisque c'est un groupe qui a moins de pouvoir,
00:33:28 mais on pourrait considérer aussi les minorités ethniques,
00:33:31 les minorités sexuelles, etc.,
00:33:34 et de dire, en fait, voilà, l'enfance,
00:33:35 donc les moins de 18 ans, c'est une minorité,
00:33:38 ils sont à risque, et le plus souvent,
00:33:40 c'est le cas d'être dominés par d'autres groupes,
00:33:43 et il faut qu'on regarde ça de près,
00:33:44 qu'on se rende compte comment, à travers notre quotidien,
00:33:47 à travers nos petits comportements,
00:33:49 des choses dont on ne se rend pas compte du tout,
00:33:51 on vient cautionner cette culture de la domination
00:33:54 envers les enfants,
00:33:56 et maintenir le statut quo.
00:33:58 Est-ce que vous diriez qu'on est dans un...
00:34:01 Parce que vous parlez de comportement individuel,
00:34:03 est-ce que vous diriez qu'on est dans un infantisme systémique ?
00:34:07 Tout à fait. C'est le propre des cultures,
00:34:10 c'est-à-dire que c'est à la fois systémique, collectif,
00:34:14 on a des politiques qui sont néfastes pour les enfants,
00:34:18 je pourrais en citer plein,
00:34:20 et puis c'est aussi individuel, comme dans toute culture,
00:34:22 c'est répété au quotidien par nos comportements,
00:34:24 les uns avec les autres.
00:34:26 Dans les politiques qui n'aident pas les enfants,
00:34:28 c'est toutes les politiques qui ne vont pas permettre
00:34:29 à la génération d'enfants actuelles
00:34:31 de devenir des adultes jouissants de leur plein potentiel,
00:34:34 donc c'est ne pas investir suffisamment dans l'éducation,
00:34:37 dans la santé,
00:34:38 ne pas valoriser les métiers de l'enfance dans leur ensemble,
00:34:42 enseignant, professionnel de santé de l'enfance,
00:34:45 mais aussi ne pas valoriser le métier qu'est être parent,
00:34:49 c'est-à-dire le travail de parentalité,
00:34:52 donc ne pas donner assez de congés, etc.
00:34:54 Et puis ne pas s'intéresser à l'environnement,
00:34:59 c'est ne pas laisser une planète vivable pour les enfants.
00:35:03 Donc tout ça, c'est des choix politiques un peu systémiques.
00:35:06 Et puis les choix individuels,
00:35:08 ça va être quotidiennement de soumettre les enfants
00:35:12 à un lot d'humiliation.
00:35:13 Et c'est ça la perspective de comprendre ce que c'est que l'infantisme,
00:35:18 c'est de voir qu'il n'y a pas d'un côté des enfants heureux,
00:35:21 choyés, gâtés, voire des enfants rois,
00:35:23 et puis de l'autre côté, une toute petite minorité d'enfants
00:35:26 qui seraient maltraitées.
00:35:28 Parler d'infantisme, c'est de voir que tous les enfants
00:35:31 sont soumis à un lot plus ou moins important d'humiliation.
00:35:35 C'est un peu comme si, en prenant l'analogie du sexisme,
00:35:39 on disait, non, mais il y a quelques femmes maltraitées et battues,
00:35:43 mais toutes les autres vont très bien,
00:35:45 il n'y a pas de problème pour les autres, tout va bien.
00:35:47 Alors là, il y aurait plein de gens pour dire,
00:35:48 ben non, en fait, tout ne va pas bien,
00:35:49 il y a les salaires, il y a la manière de parler,
00:35:51 il y a les comportements dans l'espace public,
00:35:54 la manière d'interpeller, il y a plein de choses qui doivent changer.
00:35:57 Et pour les enfants, c'est pareil,
00:35:59 il n'y a pas d'un côté des enfants battus et maltraités,
00:36:00 et de l'autre côté, des enfants pour qui tout va bien
00:36:03 et qui seraient des enfants rois, absolument pas.
00:36:05 L'immense majorité des enfants subit plus ou moins
00:36:08 d'humiliation quotidienne du simple fait de leur âge,
00:36:12 et c'est plus le cas en France que dans d'autres pays,
00:36:15 donc on a du progrès.
00:36:17 Il y a d'autres pays qui vont encore moins bien,
00:36:18 mais si vous voulez, on a des pays qui sont proches des nôtres
00:36:20 dont on pourrait s'inspirer pour faire mieux.
00:36:24 -Philippe, vous en pensez quoi ?
00:36:30 -Je suis un petit peu...
00:36:32 Je m'aventure un peu en territoire miné,
00:36:34 puisque je suis le seul homme de ce panel,
00:36:37 mais en parlant de...
00:36:40 Je trouve ça bigoment intéressant.
00:36:43 Ces deux mots-clés de discrimination et de domination
00:36:47 qui s'entrecroisent dans différentes catégories sociales,
00:36:50 je pense que c'est l'une des clés qu'on doit résoudre
00:36:54 en tant que société
00:36:57 pour vivre de manière plus heureuse en groupe, finalement.
00:37:00 Alors, pour ce qui concerne la discrimination,
00:37:03 je voulais juste revenir un petit peu, une seconde, là-dessus.
00:37:06 Évidemment, il y en a garçon-fille.
00:37:09 On est encore esclave de beaucoup de biais historiques
00:37:13 et qui sont difficiles à extraire des fonctionnements quotidiens.
00:37:20 Le jour où on parlera des camions de Leïla
00:37:24 et des poupées de Philippe,
00:37:26 on sera dans un autre monde.
00:37:29 Mais je pense que les jeunes et les enfants
00:37:31 sont en train de nous envoyer des messages très intéressants.
00:37:35 Comme vous le savez, on est vraiment dans une période
00:37:38 où beaucoup d'adultes d'un certain bord politique
00:37:43 s'inquiètent de la notion de fluidité de genre, par exemple,
00:37:48 d'étranges genres.
00:37:51 J'ai un peu cette hypothèse que les enfants et les jeunes
00:37:54 sont en train de faire un immense pied de nez aux adultes
00:37:57 en disant que nous, on ne se conforme pas à ces catégories,
00:38:00 hommes, femmes.
00:38:02 On va aussi ouvrir un nouveau territoire, en quelque sorte,
00:38:05 et puis on est un peu dans la provocation,
00:38:07 dans la distorsion de l'ordre établi, ce qui est parfait.
00:38:12 C'est bien les adolescents qui font ça.
00:38:14 Après, il y en a qui vivent des choses difficiles aussi.
00:38:17 Puis au niveau du pouvoir,
00:38:21 c'est vrai que c'est le nerf de la guerre, le pouvoir,
00:38:24 avec l'argent, évidemment,
00:38:26 mais on voit quand même que les enfants,
00:38:28 on en a très, très peu dans notre société.
00:38:32 Et ces changements-là sont difficiles à introduire.
00:38:39 Dans notre jargon des droits de l'enfant,
00:38:45 on parle de compétence évolutive des enfants.
00:38:48 C'est-à-dire que dès qu'ils naissent,
00:38:50 petit à petit, ils acquièrent des compétences,
00:38:53 et beaucoup d'enfants acquièrent des fois
00:38:56 des compétences beaucoup plus importantes
00:38:59 que des adultes plus âgés qu'eux,
00:39:01 mais toujours est-il qu'ils vont du moins vers le plus.
00:39:04 Et le défi pour une société,
00:39:07 c'est de reconnaître ces compétences
00:39:10 et de manière progressive,
00:39:14 que les adultes se mettent un peu en retrait
00:39:17 par rapport à ces enfants qui, finalement,
00:39:20 détiennent les clés de leur propre existence
00:39:22 et qui peuvent nous en faire plein de leçons également.
00:39:25 Et ça, c'est difficile à changer.
00:39:28 Ces mentalités-là sont difficiles à changer.
00:39:30 Évidemment, il y a l'aspect politique.
00:39:32 Et peut-être juste terminé avec ça,
00:39:35 on voit dans les pays scandinaves
00:39:38 où la place de la femme a énormément évolué.
00:39:42 Je parlerai de mon pays, la Suisse,
00:39:44 puisqu'on est aux Îles-Parades.
00:39:49 Mais malgré tout, on ne peut pas parler d'égalité.
00:39:52 Et si on veut même parler d'égalité de salaire,
00:39:55 les femmes sont plus vulnérables
00:39:57 et les atteintes à leur intégrité physique
00:39:59 sont tout aussi importantes que dans d'autres pays.
00:40:02 Donc voilà, on est dans des paradoxes,
00:40:04 mais j'espère qu'on est sur le bon chemin.
00:40:07 -J'espère aussi. Virginie, vous voulez réagir ?
00:40:12 -Je voulais réagir à ce que disait Leïla
00:40:15 sur les zones de pouvoir des enfants.
00:40:19 Moi, quand j'ai été conseillère pédagogique à Toulouse,
00:40:26 au Mirail, qui est un quartier difficile,
00:40:29 on avait décidé d'installer dans toutes les écoles
00:40:32 des conseils d'enfants,
00:40:34 où les enfants pouvaient discuter de choses
00:40:37 qui leur importaient sur l'organisation de l'école.
00:40:42 Et donc j'avais suivi l'installation
00:40:45 de ces conseils d'enfants, où il y avait donc un président
00:40:49 ou une présidente qui était un enfant.
00:40:51 Il n'y avait que le secrétaire, en fait, qui était un adulte,
00:40:56 qui prenait note de tout ce qui se disait.
00:40:59 Et les premières réunions, c'était toujours un peu...
00:41:03 Les enfants ne comprenaient pas, en fait,
00:41:07 qu'on leur donne du pouvoir
00:41:10 sur la manière dont ils avaient envie
00:41:13 de gérer la cour de récréation,
00:41:15 les jeux qu'ils pouvaient acheter, etc.
00:41:19 Et la deuxième réunion, dans toutes les écoles,
00:41:24 les enfants avaient compris, ils avaient discuté entre eux
00:41:28 et ils avaient compris
00:41:30 à quoi pouvait leur servir ce fameux conseil d'enfants.
00:41:36 Et dans toutes les écoles, il y a deux sujets qui ont été abordés.
00:41:40 Si on était moins nombreux, je vous laisserais deviner lesquels.
00:41:45 Le premier sujet, c'était le partage du territoire de la cour
00:41:49 entre les filles et les garçons,
00:41:51 parce que les garçons jouaient au foot sur tout le territoire de la cour
00:41:55 et les filles étaient à la lisière, en fait,
00:41:59 et ne pouvaient que discuter.
00:42:02 Et la deuxième question qui arrive tout de suite après,
00:42:07 c'est la question de la propreté des toilettes.
00:42:09 Voilà.
00:42:10 Et dans tous les conseils d'enfants,
00:42:13 j'en ai fait d'autres après dans ma carrière,
00:42:17 et en 30 ans, à chaque fois, quand on donne le pouvoir aux enfants,
00:42:21 c'est la répartition territoriale de la cour
00:42:25 et la question de la propreté des toilettes qui arrivent en tête.
00:42:30 Je crois que là, on parle de...
00:42:32 C'est des demandes, mais c'est des droits aussi, je crois, quand même.
00:42:36 Des droits fondamentaux, probablement,
00:42:40 qui sont soulevés, qui sont demandés.
00:42:42 Naïlem, qu'est-ce que vous pensez qu'il faudrait changer
00:42:46 aujourd'hui dans la société ?
00:42:48 J'imagine que la liste, elle est longue.
00:42:50 Mais qu'est-ce qu'il faudrait changer en priorité
00:42:52 pour vous sentir plus considérée, plus écoutée
00:42:55 et pour avoir plus confiance dans le futur ?
00:42:57 Déjà, que quand on nous appelle pour participer
00:43:01 ou pour nous demander notre avis,
00:43:03 de ne pas juste nous donner des réponses sur le moment,
00:43:06 nous dire "oui, on va le faire", mais de le faire vraiment,
00:43:09 de nous montrer que notre avis, il est pris en compte,
00:43:12 qu'on est des enfants, mais qu'on a des bonnes idées
00:43:15 et qu'on peut changer le monde, nous aussi,
00:43:18 même si ce n'est pas forcément à l'échelle mondiale,
00:43:21 mais juste à l'échelle de notre arrondissement, par exemple.
00:43:25 Et dans les écoles aussi,
00:43:28 prendre plus en compte les différences,
00:43:30 parce que c'est vrai que souvent, dans les écoles,
00:43:35 on dit "oui, c'est fait pour les enfants handicapés
00:43:38 "ou pour les enfants qui sont précoces ou d'autres choses",
00:43:44 mais en fait, quand on regarde bien l'établissement,
00:43:47 c'est pas du tout adapté.
00:43:49 Par exemple, dans mon collège, ils ont mis un ascenseur,
00:43:51 mais on peut pas monter au premier étage.
00:43:53 On peut monter qu'au milieu, l'entre-deux.
00:43:57 Donc ça sert à rien, parce que si l'enfant est en fauteuil roulant,
00:43:59 il faut qu'il puisse monter partout,
00:44:01 donc aménager à moitié, voilà.
00:44:04 Donc vraiment prendre en compte chaque personne
00:44:08 et surtout les enfants, parce qu'on est plus vulnérables.
00:44:12 -Est-ce que cette notion d'infantisme
00:44:14 dont Lélia et Benoît ont parlé,
00:44:16 vous avez l'impression que vous le vivez, vous ?
00:44:18 -Oui, parce qu'on est moins bien pris en compte.
00:44:22 Souvent, les adultes, même s'ils le font pas ouvertement,
00:44:25 dans leur tête, ils se moquent de nous
00:44:27 quand on propose des choses.
00:44:29 Ils se disent "oui", mais ils comprennent pas les enjeux,
00:44:31 ils comprennent pas la politique,
00:44:33 du coup, ils peuvent pas nous proposer des idées
00:44:36 pour changer les choses,
00:44:37 et pourtant, nous, on voit les choses,
00:44:41 et puis surtout, on les vit,
00:44:42 plus que les adultes qui sont au pouvoir,
00:44:44 parce que bon, le président, dans sa maison,
00:44:47 il voit pas ce que nous, on vit dans les quartiers,
00:44:50 il voit pas la misère, il voit pas tout ça,
00:44:53 et donc, écoutez les gens qui vivent dans ces conditions,
00:44:57 écoutez la voix des enfants, mais aussi des adultes,
00:45:01 même s'ils paraissent comme ça,
00:45:03 on nous met des mots, on dit qu'on est des racailles,
00:45:06 mais on n'est pas des racailles,
00:45:07 on est juste des enfants qui ont besoin d'aide.
00:45:09 (Applaudissements)
00:45:11 (...)
00:45:19 -On dit souvent, entre adultes,
00:45:22 qu'on met beaucoup de poids sur les épaules des enfants,
00:45:25 avec tout l'espoir qu'on a,
00:45:28 qu'on a en se disant "ils vont faire mieux que nous".
00:45:33 Est-ce que vous le sentez, ce poids, vous, Naëlem ?
00:45:35 -Oui, on a l'impression de, comme vous le disiez,
00:45:38 de grandir trop vite,
00:45:40 de devoir se mettre à la place des adultes,
00:45:42 de devoir tout comprendre,
00:45:44 et c'est vrai que ça nous enlève une part d'innocence,
00:45:46 parce que c'est vrai que pendant les récréations,
00:45:49 au lieu de parler de choses, de dessins animés,
00:45:52 on parle politique,
00:45:54 on parle de ce que le président pourrait faire pour nous,
00:45:57 mais en fait, on en parle, mais on n'a pas de réponse,
00:45:59 on est là, mais c'est comme si on n'était pas là, en fait.
00:46:03 On est des invisibles dans la société,
00:46:06 alors que nous, on comprend bien les choses,
00:46:09 et surtout, plus on grandit, plus on se pose des questions,
00:46:12 et des fois, on n'a pas de réponse.
00:46:16 -Alors, j'avais prévu plein de choses,
00:46:18 plein de sujets de discussion, parce que c'est vraiment passionnant,
00:46:20 il y a plein de choses à dire, le temps file,
00:46:22 du coup, je vais aller directement à une solution,
00:46:27 une proposition possible,
00:46:29 dont Lélia Benoît, vous parlez dans votre livre "Infantisme",
00:46:32 vous parlez très sérieusement d'un droit de vote pour les enfants.
00:46:37 Est-ce que vous pouvez développer ?
00:46:38 -Oui, et puis je vais essayer de faire le lien
00:46:42 avec ce qui vient d'être dit.
00:46:44 En fait, cette peur de mettre trop de responsabilité
00:46:48 sur les épaules des enfants,
00:46:49 des fois, on se dit, on va leur voler leur enfance, etc.,
00:46:52 c'est qu'en fait, souvent, quand on les responsabilise,
00:46:54 on ne leur donne pas plus de pouvoir,
00:46:56 on leur donne juste plus de responsabilité.
00:46:58 Et en fait, quand on a plus de responsabilité,
00:47:01 parce qu'il faut faire bien, mais qu'en plus,
00:47:02 on n'a pas le pouvoir de changer les choses,
00:47:04 on se retrouve dans l'impuissance.
00:47:06 Et en fait, ce qui est terrible, ce n'est pas la responsabilité,
00:47:09 c'est l'impuissance, c'est de devoir être responsable
00:47:11 de quelque chose sur lequel on ne peut pas agir, en fait.
00:47:14 Donc en fait, si on donne un peu plus de pouvoir aux enfants,
00:47:18 la question de la responsabilité sera moins pesante, en fait,
00:47:23 puisqu'ils pourront agir en fonction de ce qu'ils veulent.
00:47:26 Je rappelle, par exemple, moi, dans le livre,
00:47:29 que moi, j'aurais voulu voter à l'âge de 7 ans.
00:47:31 J'étais intéressée, j'avais regardé tous les débats présidentiels,
00:47:35 je m'étais intéressée, mais je me disais,
00:47:37 "En fait, je pourrais voter, puisque je m'y suis intéressée."
00:47:41 Est-ce que je m'y suis moins intéressée qu'un adulte ?
00:47:43 Est-ce que tous les adultes ont aussi bien compris que moi ?
00:47:45 Vous voyez, c'est toute la difficulté à saisir.
00:47:47 Qu'est-ce que c'est que le développement d'intelligence ?
00:47:50 Est-ce qu'un adulte qui a le droit de vote a forcément mieux compris que moi ?
00:47:53 Pas sûr, pas tous les adultes, en tout cas.
00:47:55 Ce n'est pas quelque chose qu'on mesure.
00:47:57 Personne ne passe des tests de capacité à pouvoir voter.
00:48:01 Une fois qu'on a l'âge de 18 ans,
00:48:03 personne ne nous demande de capacité à voter.
00:48:05 Donc ça me mène à ce sujet-là dont je parle dans le livre,
00:48:09 qui est de pouvoir donner le droit de vote à tous les enfants dès la naissance.
00:48:14 Alors, ça paraît un peu extrême, dès la naissance,
00:48:16 mais c'est fait exprès, c'est pour inviter tout le monde
00:48:20 à réfléchir à ce sujet-là, pourquoi pas, dès la naissance ?
00:48:24 Quels seraient les barrières par rapport à ça ?
00:48:27 Alors, on pourrait dire, "Oui, mais les enfants,
00:48:29 "ils ne sont pas encore suffisamment matures,
00:48:32 "ils ne comprennent pas les choses,
00:48:33 "donc quelqu'un va devoir voter pour eux."
00:48:35 Oui, c'est vrai.
00:48:36 C'est vrai que jusqu'à l'âge de 6 ou 7 ans,
00:48:39 c'est quasiment le vote des parents,
00:48:41 et puis ensuite, ce serait quand même un vote très accompagné,
00:48:45 qui peut bien sûr être soumis à des influences
00:48:48 dont on essaie qu'elles soient constructives pour l'enfant.
00:48:53 Mais pourquoi pas ?
00:48:54 Par exemple, si on regarde les personnes âgées,
00:48:57 à l'autre bout de la vie,
00:48:58 il y a des personnes âgées en France, aujourd'hui,
00:49:01 qui votent par procuration jusqu'à la fin de leur vie,
00:49:04 même si elles sont très diminuées physiquement,
00:49:06 qu'elles ne sont plus capables de se rendre dans un bureau de vote,
00:49:08 et même si leurs capacités cognitives sont très diminuées,
00:49:11 même si elles ont une démence, une maladie d'Alzheimer,
00:49:14 on va considérer qu'on ne va pas les priver de leur droit de vote,
00:49:18 on va considérer que ça reste des personnes, des citoyens,
00:49:21 et que quelqu'un qui les entoure, par exemple, quelqu'un de leur famille,
00:49:24 va pouvoir voter pour ces personnes dans les dernières années de leur vie,
00:49:28 en se disant, "A priori, la majorité du temps,
00:49:31 "cette personne qui s'occupe d'elles,
00:49:33 "que ce soit des enfants ou des aidants,
00:49:35 "c'est quelqu'un qui va avoir à cœur
00:49:38 "de promouvoir des choses qui sont bénéfiques pour cette personne âgée.
00:49:42 "C'est quelqu'un qui va défendre ses intérêts."
00:49:44 Peut-être que ce sera plus de places en maison de retraite,
00:49:46 plus de soutien financier aux aidants familiaux, tout ça.
00:49:50 Eh bien, on ne se pose pas du tout la question pour les enfants.
00:49:52 Donc, ça veut dire que de zéro à 18 ans,
00:49:55 tous les gens qui peuvent aider les enfants à faire valoir leur voix,
00:49:59 y compris les enfants eux-mêmes quand ils grandissent,
00:50:01 n'ont aucune voix.
00:50:03 Et donc, ça peut expliquer aussi le fait qu'on ait assez peu de politiques
00:50:06 qui soient soutenantes pour les enfants,
00:50:08 notamment une vraie éducation,
00:50:11 une vraie rémunération des gens qui s'occupent de l'éducation des enfants,
00:50:14 toutes ces choses dont je vous parlais.
00:50:16 Et voilà. Donc, on pourrait imaginer un droit de vote comme ça
00:50:20 qui serait l'inverse de ce qu'on a maintenant,
00:50:23 c'est-à-dire pas à partir de 18 ans que j'ai le droit de vote,
00:50:26 mais plutôt à partir de 18 ans,
00:50:28 plus personne n'a le droit de voter pour moi.
00:50:30 Vous voyez ? Et ça, c'est différent.
00:50:33 Et petit à petit,
00:50:35 au fil de 6 ans, 7 ans, 10 ans, à l'adolescence,
00:50:40 cet enfant qui grandit aurait de plus en plus de liberté dans son choix
00:50:45 à mesure qu'il gagne en compétence, ce dont parlait Philippe.
00:50:48 Voilà. Donc, à accompagner, avec le rôle de l'école,
00:50:51 avec les parents, etc., pour soutenir cette voix
00:50:55 et faire entendre cette tranche de la population
00:50:57 qui est en fait totalement muette et invisible pour l'instant.
00:51:01 -Philippe Jaffé,
00:51:02 est-ce que vous êtes favorable au droit de vote pour les enfants ?
00:51:06 -Alors, non seulement favorable,
00:51:11 mais je pourrais répéter mot pour mot ce qu'il y a
00:51:15 et souffrir exactement à ce qu'elle a dit.
00:51:18 Donc, je prône tout à fait la même chose en Suisse.
00:51:21 L'avantage en Suisse, c'est qu'on vote tout le temps,
00:51:24 qu'il n'y a pas de raison d'exclure les enfants.
00:51:26 C'est pas une présidentielle tous les 5 ans.
00:51:28 C'est tous les 3 mois, on vote sur plusieurs objets,
00:51:32 fédéraux, cantonaux, municipaux.
00:51:35 Et ce serait un vivier extraordinaire pour la démocratie
00:51:39 que toutes les personnes qui vivent dans une communauté
00:51:42 puissent participer.
00:51:43 Et puis, effectivement,
00:51:45 il y a tout à fait mille doigts sur le principal.
00:51:47 C'est qu'au fond, les personnes qui sont chargées
00:51:51 de gérer une famille, en quelque sorte,
00:51:57 gagneraient à avoir une voix en plus, d'une certaine manière,
00:52:00 avec les enfants qui votent
00:52:02 et progressivement, leur accorder directement ce droit,
00:52:07 non seulement à exprimer leur opinion,
00:52:10 et je reviens à l'aspect légal,
00:52:12 c'est un droit fondamental des enfants
00:52:15 d'exprimer leur opinion.
00:52:17 C'est la Convention relative aux droits de l'enfant
00:52:20 qui l'inscrit dans la loi française et européenne.
00:52:24 Mais non seulement d'exprimer leur opinion,
00:52:27 mais oblige les adultes à en tenir compte.
00:52:30 Et c'est ce pas-là qui est un peu plus compliqué.
00:52:33 Est-ce que c'est le mécanisme du droit de vote,
00:52:36 du berceau au cercueil qui va nous obliger à le faire ?
00:52:39 Je pense qu'il y a aussi d'autres moyens de contourner ça,
00:52:43 mais on revient à la question de pouvoir,
00:52:46 et je pense que les adultes ont beaucoup de peine
00:52:48 à abandonner ce sentiment
00:52:50 qu'ils doivent dominer dans une certaine mesure
00:52:53 et que c'est à eux seuls de prendre les responsabilités.
00:52:57 Mais je crois fermement que là, on évolue aussi vers...
00:53:01 Plus de...
00:53:03 Tout à l'heure, les enfants parlaient de manifestations.
00:53:07 Je crois qu'on se met un peu les oeillères
00:53:12 si on croit que les enfants vont rester bras ballants,
00:53:16 comme ça, dans un coin, pour des décennies à venir.
00:53:19 Ils sont en train de s'exprimer, de se mobiliser,
00:53:23 de créer des mouvements, de nous bousculer,
00:53:26 de devenir révolutionnaires.
00:53:28 Et je pense qu'on devrait un petit peu anticiper
00:53:33 qu'ils voudraient mieux évoluer
00:53:35 avant d'être emportés par une lame de fond.
00:53:38 Je parle peut-être de manière un peu impressionniste,
00:53:41 mais je crois vraiment qu'il y a un fond des mouvements sociaux
00:53:45 qui commence à percer de manière extrêmement convaincante.
00:53:50 Voilà.
00:53:53 Virginie Ouadek ?
00:53:54 Oui, alors moi, je pense que sur...
00:53:57 La question du droit de vote,
00:53:58 c'est pas une question que j'ai réfléchie,
00:54:01 mais je pense que l'école a un rôle à jouer par rapport à ça,
00:54:05 et les enfants, ils ont des tas de choses à exprimer
00:54:08 sur le fonctionnement de l'école, du collège,
00:54:11 et que ça pourrait être un territoire d'apprentissage.
00:54:15 Je dis souvent qu'en petite section,
00:54:17 être capable de choisir entre une crêpe au sucre
00:54:19 et une crêpe au chocolat,
00:54:21 c'est exprimer un choix et c'est déjà extrêmement important.
00:54:26 Après, sur quelle pourrait être l'organisation, en fait,
00:54:30 moi, il me semble que le fait de naître
00:54:34 devrait donner droit à une place en crèche.
00:54:38 Voilà, on naît, on a droit à une place en crèche.
00:54:41 Et ensuite, avoir un véritable service public
00:54:45 de la petite enfance
00:54:47 avec des personnels correctement formés
00:54:51 et correctement rémunérés,
00:54:53 ce serait aussi quelque chose
00:54:57 qui me paraîtrait pas du tout utopique,
00:55:02 mais une vraie nécessité.
00:55:05 Et donc, je pense que si on avait déjà ça,
00:55:08 le fait de naître devrait donner droit à une place en crèche.
00:55:12 Ça permettrait aussi aux femmes
00:55:15 de mieux se projeter dans un avenir professionnel,
00:55:20 ça permettrait, à mon avis,
00:55:23 de réduire les inégalités salariales à terme,
00:55:27 enfin bon,
00:55:28 et d'avoir un vrai service public de la petite enfance.
00:55:33 -Oui, parce que vous...
00:55:34 (Applaudissements)
00:55:39 On parlait, en préparant cette table ronde,
00:55:43 vous m'aviez parlé de l'expression "fin de vie"
00:55:46 qui est beaucoup utilisée,
00:55:48 et en fait, on n'utilise pas beaucoup dans les médias,
00:55:53 on n'entend pas beaucoup le début de vie,
00:55:56 c'est pas une période de vie qui est très considérée.
00:56:00 Donc, ça serait intéressant de la placer,
00:56:03 pas forcément avant, en priorité,
00:56:07 mais au moins de la placer, qu'elle existe,
00:56:10 enfin, si, puis en priorité, en fait, si, complètement.
00:56:13 Naïlem, est-ce que vous voulez avoir le droit de vote ?
00:56:18 -Alors, je pense qu'il faudra avoir plusieurs catégories de vote,
00:56:22 parce que, déjà, le vote pour les élections présidentielles,
00:56:27 je pense que, pour nous, ça sert pas à grand-chose,
00:56:30 parce que ça nous ferait grandir encore plus vite,
00:56:33 il faudrait qu'on se fasse une idée,
00:56:35 est-ce qu'on est droite, de gauche, du milieu ?
00:56:38 On irait juste vers ce que nos parents, ils veulent,
00:56:40 et puis, du coup, ce serait pas forcément
00:56:42 un vote très intéressant,
00:56:44 puisque ce sera celui des parents ou celui du copain,
00:56:46 et pas notre idée à nous.
00:56:48 Par contre, ce qui pourrait être intéressant pour nous,
00:56:52 c'est voter des actions
00:56:55 que, peu importe le président qui sera élu,
00:56:57 il devra mettre en place, ces actions,
00:57:00 peu importe ses idées, peu importe de quel côté il est.
00:57:03 Par exemple, des actions pour avoir plus de sécurité
00:57:07 dans certains quartiers, des actions comme ça,
00:57:09 qui nous concernent plus,
00:57:11 mais qui seront appliquées par les présidents,
00:57:13 ou par le président.
00:57:15 Par contre, je pense qu'on pourrait avoir aussi
00:57:18 un droit de consultation,
00:57:20 c'est-à-dire que pour tout ce qui va être,
00:57:23 comme Virginie le disait, dans les écoles,
00:57:27 par exemple, les budgets ou une nouvelle zone de jeu,
00:57:31 ça, on vote, mais pas forcément ce que nous,
00:57:34 on a décidé qu'il va être pris à la fin,
00:57:36 mais en tout cas, ça va être écouté,
00:57:38 et après, par rapport au plus de votes,
00:57:40 le choix final sera redirigé.
00:57:44 Voilà. Mais pour les votes et les présidentielles,
00:57:47 je trouve que ce serait non, ça sert à rien.
00:57:50 -Je veux juste revenir sur ce que Nélamé a dit.
00:57:54 Hop là ! L'image a disparu, je sais pas si vous m'entendez.
00:57:59 -On vous entend, Philippe. -Oui.
00:58:01 Non, tout simplement, elle a mis le doigt sur quelque chose.
00:58:04 C'est vrai que les adultes sont très bons pour écouter,
00:58:06 mais ça leur sort de l'autre oreille,
00:58:08 une fois qu'ils ont entendu.
00:58:09 Donc la question, c'est consulter les enfants,
00:58:12 mais on en fait, quoi.
00:58:14 Et alors, je crois que la notion de consultation,
00:58:18 il faut la décortiquer,
00:58:21 et puis, comme on n'a pas beaucoup de temps,
00:58:22 je vais juste donner un exemple.
00:58:24 La ville d'Amsterdam,
00:58:26 qui est une ville qui a plus d'un million d'habitants,
00:58:29 ils ont institué des conseils d'enfants,
00:58:33 et ces enfants élisent un vice-maire.
00:58:36 Et ce vice-maire, il a un programme
00:58:39 qui est dédié aux enfants avec un budget,
00:58:42 qui peut dépenser avec le conseil des enfants qu'il appuie.
00:58:47 Et donc, on voit cette notion de pouvoir
00:58:50 qui est dédiée aux enfants,
00:58:51 et qui peut faire des choix avec cela.
00:58:53 Et le maire doit aussi consulter assez régulièrement
00:58:58 les enfants de cette ville,
00:59:00 et tenir compte de leurs demandes.
00:59:03 Alors après, forcément, il y a encore des inégalités,
00:59:06 mais je trouve que ce sont des approches pragmatiques
00:59:10 intéressantes, et voir comment ça se passe.
00:59:13 Alors, encore une fois, en Suisse, on a aussi...
00:59:16 Je le disais tout à l'heure, on vote tout le temps.
00:59:18 On vote, est-ce qu'on aura une heure d'été ?
00:59:21 Est-ce qu'on augmente le montant de la retraite ?
00:59:28 Est-ce que les magasins seront ouverts
00:59:29 de 5 h à 6 h le dimanche ?
00:59:31 Ou pas du tout.
00:59:33 Des choses qui comptent beaucoup,
00:59:35 mais que beaucoup d'enfants ne s'identifient pas à ces questions.
00:59:39 Et ce qui est surtout important,
00:59:41 c'est d'amener les questions sur le monde
00:59:44 sur lequel ils s'intéressent,
00:59:47 et sur lequel ils voudraient avoir une emprise
00:59:50 pour améliorer leur propre vie,
00:59:52 et puis de tout le reste de leurs concitoyens.
00:59:55 Voilà, j'en finis là.
00:59:59 -Alors, pour... -Et je voulais juste répondre
01:00:00 aussi très rapidement sur la question
01:00:02 de quelles sont les bonnes élections
01:00:05 pour lesquelles les enfants pourraient voter.
01:00:08 Je pense qu'on a tendance à prendre le problème
01:00:10 un peu par le mauvais goût,
01:00:12 c'est-à-dire que le système des élections présidentielles,
01:00:15 en tout cas en France, est assez mal fait.
01:00:17 C'est-à-dire que beaucoup de gens sont malheureux
01:00:19 de devoir choisir un candidat ou une candidate,
01:00:21 alors qu'en fait, ils préfèrent voter pour des mesures.
01:00:24 Et c'est très rare qu'ils aient un candidat
01:00:26 pour lequel ils sont d'accord avec tout.
01:00:27 Et en fait, ils préfèrent pouvoir voter,
01:00:29 telle chose, je suis d'accord, telle chose, je ne suis pas d'accord.
01:00:31 Donc un système beaucoup plus comme la Suisse.
01:00:34 Voilà, mais ce n'est pas parce qu'il faut réformer
01:00:36 notre système de vote en France
01:00:38 qu'on ne peut pas penser aussi
01:00:40 le fait que les enfants pourraient voter,
01:00:42 surtout si c'est sur des mesures qui les concernent directement.
01:00:45 Et puis en plus, on a plein d'autres types d'élections.
01:00:48 Il y a les élections municipales, les régionales.
01:00:51 Bon, malheureusement, il y a encore cette idée
01:00:53 qu'on vote pour une personne plutôt que pour une proposition,
01:00:56 mais ce sont des choses qui peuvent évoluer.
01:00:58 Et je crois que tu en parlais tout à l'heure, Maylène,
01:01:02 l'échelle locale, même d'un arrondissement,
01:01:05 ça peut être déjà un bon début.
01:01:07 Et donc pourquoi pas commencer par des échelles locales
01:01:10 où on se représente l'impact de notre choix ?
01:01:13 Alors, on va terminer en écoutant nos trois petites invitées
01:01:19 nous donner leur avis.
01:01:20 Je leur ai demandé si elles étaient favorables ou pas
01:01:23 au droit de vote pour les enfants.
01:01:25 Moi, je ne pense pas.
01:01:27 Je pense que c'est que les adultes, mais peut-être.
01:01:30 En fait, je ne sais pas trop.
01:01:33 Moi, je me doute que oui,
01:01:36 parce que s'ils votent dans les classes,
01:01:38 ils peuvent aussi voter au président, non ?
01:01:41 Moi, je pense que oui,
01:01:44 parce que je trouve que c'est bien que les enfants aussi,
01:01:47 ils aient leur choix.
01:01:48 Ils aient leur...
01:01:51 Il y a leur choix qui compte,
01:01:52 parce que la plupart du temps,
01:01:55 on ne sait pas du tout ce qui se passe,
01:01:58 on ne sait pas trop ce que le président, il va dire et tout,
01:02:03 alors que si les enfants aient voté,
01:02:04 il y aurait peut-être quelque chose de mieux.
01:02:06 -Il y aurait peut-être quelque chose de mieux.
01:02:10 On finit là-dessus.
01:02:11 Je vais... Merci, déjà.
01:02:14 Merci.
01:02:15 Merci, Lélia.
01:02:16 Merci, Philippe.
01:02:18 Merci, Virginie.
01:02:20 Merci, Naëlem.
01:02:21 On va prendre...
01:02:24 On va prendre un petit temps pour des questions dans le public.
01:02:28 (Propos en anglais inaudibles)
01:02:34 Est-ce qu'il y a des questions ?
01:02:35 Il y en a une là-haut.
01:02:38 -Oui. Bonjour.
01:02:39 Il y a une question qui va être posée en anglais
01:02:42 et je vais faire de mon mieux pour la traduire
01:02:44 avec mon niveau d'anglais de française.
01:02:47 -On a les casques aussi, mais...
01:02:49 -Ah, alors vous pouvez mettre les casques.
01:02:51 -Allez-y.
01:02:57 Hier, on a parlé du processus de co-création
01:03:00 dans les musées,
01:03:02 de co-conception avec les enfants
01:03:04 qui aident à co-concevoir les installations.
01:03:08 Et je sais que certains des arguments qui s'y opposent
01:03:10 dans les écoles, c'est qu'on n'a pas assez de temps
01:03:13 pour permettre aux enfants
01:03:16 de s'impliquer dans ce processus de co-création
01:03:18 parce que ça les écarte ensuite de leurs études.
01:03:21 C'est intéressant parce qu'en fait, pour moi,
01:03:23 il n'y a rien de plus important
01:03:26 que les enfants co-créent.
01:03:28 Et donc je me demandais,
01:03:32 est-ce qu'il pourrait y avoir un moment
01:03:35 où la co-création entre les générations
01:03:38 pourrait faire partie des programmes scolaires ?
01:03:42 -Il y avait les casques, mais je pense que les gens
01:03:48 ne s'étaient pas forcément équipés à l'avance.
01:03:51 Est-ce qu'il y a besoin d'une traduction ?
01:03:53 Alors Lélia va nous faire le plaisir de traduire.
01:03:55 -Merci, Lélia.
01:03:56 -Donc c'était une question relative
01:03:59 aux aménagements du musée,
01:04:02 de la Villette, de la cité des enfants, je suppose,
01:04:05 disant qu'une partie du travail de muséographie
01:04:08 pourrait être d'inviter les enfants
01:04:10 à co-construire la muséographie du musée avec les adultes,
01:04:15 et qu'un des arguments qui avait été opposé
01:04:17 par rapport à cette activité-là,
01:04:19 ce serait que ça retire du temps d'apprentissage à l'école,
01:04:25 qu'ils auraient moins de temps pour faire le programme scolaire.
01:04:28 D'ailleurs, on voit que c'est la même raison
01:04:31 pour laquelle les intervenantes qui ont été enregistrées
01:04:34 n'ont pas pu être là aujourd'hui.
01:04:35 C'est moi qui rajoute ça.
01:04:37 C'est de dire, elles sont à l'école en ce moment même.
01:04:41 Je me pose la question, est-ce que ça n'aurait pas été
01:04:44 aussi intéressant pour leur apprentissage
01:04:45 d'être là avec nous en direct plutôt que d'être enregistrée ?
01:04:49 Moi, je pense que oui.
01:04:50 Donc voilà, c'est déjà mon début de réponse
01:04:52 par rapport à la question.
01:04:53 Et cette question, c'est aussi la question de notre culture.
01:04:58 Qu'est-ce qu'on voit comme étant un apprentissage ?
01:05:00 Et qu'est-ce qu'on voit comme étant du temps
01:05:03 qui prend sur l'apprentissage ?
01:05:04 Donc, je réponds dans la foulée que oui, évidemment.
01:05:07 Apprendre à faire des projets collectifs,
01:05:10 ça devrait faire partie de l'enseignement,
01:05:13 puisque c'est comme ça qu'on apprend à collaborer ensemble,
01:05:17 à travailler en équipe.
01:05:18 C'est comme ça qu'on sera un professionnel,
01:05:20 un adulte efficace à la fois dans ses rôles au travail
01:05:23 et puis dans sa communauté, dans sa société,
01:05:26 dans son quartier, dans sa famille,
01:05:28 de pouvoir travailler ensemble.
01:05:29 Donc, moi, je suis 100 % d'accord.
01:05:31 Le petit bémol que je dirais, c'est...
01:05:34 Enfin, qui n'est pas...
01:05:37 Juste pour expliquer, pour répondre,
01:05:38 je pense qu'en France, on a encore beaucoup la croyance
01:05:41 que l'enseignement, c'est du contenu théorique
01:05:45 et pas du contenu pratique, même si ça évolue.
01:05:47 On a encore beaucoup l'idée qu'on doit suivre le programme
01:05:49 et apprendre de manière très verticale,
01:05:51 enseigner à un enfant qui écoute et qui doit apprendre par cœur,
01:05:55 plutôt que de partir de quelque chose de créatif.
01:05:59 Donc, on est beaucoup top-down plutôt que bottom-up,
01:06:02 comme ils disent en anglais.
01:06:04 Et la deuxième chose, c'est que le temps, c'est l'argent.
01:06:07 Le temps, c'est du temps d'encadrement,
01:06:10 des professionnels qui vont pouvoir être avec les enfants,
01:06:13 proposer un encadrement plus fourni en adulte,
01:06:19 parce que plus il y a de liberté pour les enfants,
01:06:22 pour s'exprimer, pour créer, pour penser,
01:06:24 plus on a besoin d'adultes aussi pour assurer
01:06:26 qu'il y ait un cadre qui soit quand même...
01:06:28 sécurisant pour l'apprentissage, qui fonctionne bien.
01:06:33 Donc, c'est du temps de préparation.
01:06:34 Et le temps, c'est de l'argent, c'est des professionnels qu'on paye,
01:06:37 c'est plus d'enseignants, c'est des enseignants mieux payés.
01:06:39 Et ça, on en revient aux politiques qui sont infantistes,
01:06:43 c'est-à-dire qui ne placent pas en priorité les enfants
01:06:45 dans notre société.
01:06:48 -Merci, Lélia. Est-ce que quelqu'un veut ajouter quelque chose
01:06:51 par rapport à cette question ?
01:06:52 -Oui, moi, j'ajoute très bien une chose.
01:06:54 C'est l'article 1 du Code de l'éducation.
01:07:00 Alors, je l'ai là.
01:07:02 Il dit que l'école est une priorité nationale
01:07:06 et que tous les enfants partagent la capacité d'apprendre
01:07:09 et de progresser en coopération.
01:07:12 Et je crois qu'on oublie beaucoup ce mot, beaucoup trop,
01:07:16 dans l'école française,
01:07:17 et qu'on conceptualise beaucoup trop vite
01:07:21 pour les jeunes enfants.
01:07:23 Voilà.
01:07:24 -Est-ce qu'il y a d'autres questions ?
01:07:28 J'en vois en bas.
01:07:29 Ah, il y en a une ici.
01:07:31 -Bonjour, j'avais une question.
01:07:34 C'était très intéressant, le volet solution.
01:07:36 J'ai trouvé que tous vos éléments sur le droit de vote des enfants,
01:07:41 c'était quelque chose... En tout cas, personnellement,
01:07:42 je n'y avais jamais vraiment pensé
01:07:44 et j'ai trouvé ça vraiment très intéressant.
01:07:46 Je voulais rebondir par rapport à ce que vous aviez dit
01:07:49 sur le fait qu'il y a un mépris des adultes,
01:07:54 tout ce qu'on a dit autour de l'infantisme.
01:07:57 Je voulais savoir si vous aviez des préconisations
01:08:00 un peu en termes de solutions qui ne soient pas adressées aux enfants,
01:08:04 pas qu'est-ce qu'on peut donner de plus comme pouvoir,
01:08:07 comme moyen d'agir aux enfants,
01:08:08 mais plutôt de dire comment on peut changer les adultes là-dessus.
01:08:11 Qu'est-ce qu'on peut mettre en place
01:08:13 pour que les adultes soient moins infantistes ?
01:08:17 -Délia ?
01:08:18 -Alors, il y a des solutions détaillées dans le livre,
01:08:22 mais quelques pistes.
01:08:24 Déjà, c'est l'alphabétisation émotionnelle,
01:08:26 c'est-à-dire aider les adultes
01:08:27 à pouvoir reconnaître leurs émotions sur le moment.
01:08:31 C'est-à-dire quand on est face à un enfant
01:08:34 qui demande à prendre sa place.
01:08:36 C'est un enfant qui va avoir une opinion,
01:08:38 mais qui ne va pas très bien l'exprimer,
01:08:40 qui, parfois, va être mélangé avec plein d'émotions,
01:08:44 de la colère, de la frustration, etc.
01:08:46 Et donc, le message ne va pas être très clair pour nous
01:08:50 à interpréter au début, en tant qu'adulte.
01:08:52 Et ce qui se passe très souvent au jour d'aujourd'hui,
01:08:55 c'est que, comme nous, adultes,
01:08:57 on a été éduqués à être silencieux,
01:09:02 se taire, attendre son tour, ne pas parler, etc.,
01:09:05 on va être très gênés par l'enfant qui parle,
01:09:09 qui s'exprime, qui fait du bruit,
01:09:11 qui mélange une demande à une émotion de détresse
01:09:14 qu'il n'a pas encore très bien digérée.
01:09:16 Notre tendance par rapport à ça,
01:09:18 c'est d'être très inconfortable et de vouloir que ça s'arrête.
01:09:21 Vite, du silence, du calme, la paix.
01:09:24 Et donc, on a beaucoup de succès.
01:09:26 On a encore vu des débats l'année dernière,
01:09:28 de gens qui disent qu'on envoie les enfants dans leur chambre,
01:09:30 on leur fait du time-out, comme ça, on respire.
01:09:34 La réalité, c'est que si on arrivait à mieux gérer notre inconfort,
01:09:39 on pourrait se dire, "Attends, là, c'est un enfant qui est en détresse,
01:09:43 "qui s'embrouille un petit peu, qui a plein d'émotions qui lui viennent,
01:09:46 "on va essayer de l'aider à identifier ce qui se passe.
01:09:49 "Tiens, peut-être que tu es frustré à cause de ça,
01:09:52 "peut-être que tu es en colère,
01:09:54 "on va prendre du temps, on va respirer et souffler,
01:09:57 "et ensuite, on va discuter ensemble de qu'est-ce que tu voudrais.
01:10:00 "Et puis, parmi ce que tu voudrais, il y a peut-être des choses qui sont possibles,
01:10:04 "et puis, il y a peut-être des choses qui ne sont pas possibles,
01:10:05 "qui seraient possibles, mais qui ne seraient pas souhaitables.
01:10:08 "Pourquoi ?" etc. On va prendre le temps d'échanger.
01:10:11 Ça ne veut pas dire que l'enfant va forcément obtenir ce qu'il veut à chaque fois,
01:10:15 mais ça veut dire que nous, adultes,
01:10:17 comme on a identifié notre émotion, notre inconfort,
01:10:21 le fait qu'on est mal à l'aise, qu'on a eu le temps de respirer, de souffler,
01:10:24 on ne va pas être dans la réaction immédiate de réprimer cet enfant.
01:10:28 Et donc, plus nous, on connaît nos émotions,
01:10:30 et plus on les accueille et plus on les régule,
01:10:32 plus on enseigne à l'enfant à co-réguler ses émotions,
01:10:35 à pouvoir s'exprimer et à pouvoir dialoguer de manière constructive.
01:10:39 Ça, c'est un des éléments.
01:10:41 L'autre élément, c'est de...
01:10:44 Pour nous, les adultes, pour pouvoir mieux aider les enfants,
01:10:47 c'est de reconnaître ce travail d'adulte.
01:10:50 Donc, reconnaître ce travail de parentalité,
01:10:52 ce travail d'éducation,
01:10:54 et savoir que c'est très fatigant, en fait.
01:10:57 Une des raisons pour lesquelles les gens se chamaillent toujours en disant
01:11:01 "Ah, mais ça, c'est l'éducation trop bienveillante,
01:11:04 il faudrait réprimer les enfants à nouveau",
01:11:06 c'est que, en fait, c'est fatigant.
01:11:08 Donc, en fait, on a un problème.
01:11:10 Mais le problème, c'est pas à cause des enfants,
01:11:14 c'est pas les enfants qui en sont responsables,
01:11:16 ils sont juste des enfants, ils sont en train de grandir.
01:11:19 Et donc, le problème, c'est qu'éduquer un enfant,
01:11:22 l'accompagner, ça prend du temps, ça prend de l'énergie.
01:11:25 Et donc, il y a plein de solutions dans le livre
01:11:27 dont je parle autour de reconnaître ce travail
01:11:30 et puis le soutenir, l'accompagner,
01:11:32 et arrêter de l'imposer, c'est-à-dire, si on ne veut pas avoir d'enfants,
01:11:35 on n'est pas obligé d'avoir des enfants
01:11:38 et d'être tout seul pour s'en occuper jusqu'au burn-out.
01:11:41 Donc, toutes ces choses-là autour de...
01:11:43 sortir de l'invisibilisation le travail parental,
01:11:48 le travail d'éducation,
01:11:49 et puis faire ce travail d'alphabétisation émotionnelle,
01:11:52 c'est deux pistes pour que les adultes puissent mieux accompagner les enfants.
01:11:56 -Je précise que le livre de Lélia Benoît, "Infantisme",
01:12:01 se trouve à la boutique de la Cité des sciences et de l'industrie.
01:12:06 On va passer à une question suivante.
01:12:09 -Oui. Bonjour. Merci pour vos interventions.
01:12:14 Et tout particulièrement pour Nailen.
01:12:16 J'ai trouvé très juste et ça m'a beaucoup touchée.
01:12:20 Et ça m'a fait changer après sur les autres interventions,
01:12:23 sur mes lignes, sur ce qui est enraciné chez moi,
01:12:26 sur la question des droits des enfants, notamment du vote.
01:12:28 Pourtant, je pensais que j'étais ouverte,
01:12:30 mais en fait, je me suis rendue compte que pas trop.
01:12:33 Donc, voilà, je me suis bien sentie chamboulée
01:12:36 par vos interventions.
01:12:39 Et j'avais une question pour Virginie,
01:12:41 qui a passé beaucoup de temps dans l'éducation nationale.
01:12:44 Bravo.
01:12:46 Il y a...
01:12:47 (Rires)
01:12:49 Il y a des pédagogies qui existent,
01:12:51 comme Montessori, comme Freinet.
01:12:54 Montessori, ça a plus de 100 ans aujourd'hui.
01:12:57 Et c'est une pédagogie qui donne de la liberté,
01:13:01 de l'autonomie, du choix aux enfants dans leurs activités,
01:13:06 qui met en avant l'autocorrection,
01:13:10 que moi, je trouve très intéressante.
01:13:11 Pourtant, cette pédagogie, on la trouve souvent
01:13:14 dans des écoles privées hors contrat,
01:13:17 qui sont hors de prix,
01:13:18 qui sont inaccessibles pour les citoyens.
01:13:23 Et on sait aujourd'hui le débat qu'il y a sur privé-public,
01:13:27 et je ne ferai pas de commentaire sur ce dont je parle.
01:13:32 Plus précisément, tout le monde en a entendu parler.
01:13:34 Donc je me demandais pourquoi ces pédagogies,
01:13:37 en fait, elles ne sont pas plus présentes
01:13:40 dans les écoles publiques.
01:13:42 -Alors, il y a des écoles publiques Freinet,
01:13:49 Montessori, pas à ma connaissance,
01:13:51 mais des écoles publiques Freinet.
01:13:54 Moi, j'ai enseigné les cinq premières années de ma carrière
01:13:59 dans une école Freinet publique.
01:14:01 Il faut savoir que Freinet détestait Maria Montessori.
01:14:07 Il la détestait.
01:14:09 Il y a des textes de Freinet
01:14:11 où il étrie la pédagogie de Montessori
01:14:15 dans la revue de l'École émancipée,
01:14:17 notamment, vraiment, il disait que c'était
01:14:22 une manière d'éduquer les enfants du peuple
01:14:26 pour en faire des bonnes servantes
01:14:29 et des bons serviteurs.
01:14:33 Donc, moi, effectivement,
01:14:39 on retombe là sur la question
01:14:42 d'une réelle formation des enseignants.
01:14:47 Moi, j'ai eu la chance, quand j'ai commencé à enseigner,
01:14:51 nous avions une formation de trois ans.
01:14:54 Pour faire un enseignant, on donnait trois ans.
01:14:57 Nous avions des cours à l'école normale
01:15:04 et puis des stages,
01:15:06 des stages avec des enseignants et des enseignantes chevronnées,
01:15:12 des stages où nous étions en autonomie,
01:15:15 donc avec une classe,
01:15:16 mais suivie par le regard d'un enseignant
01:15:20 ou d'une enseignante chevronnée.
01:15:23 Et on sortait de là.
01:15:25 Effectivement, on n'avait pu aller voir.
01:15:27 Moi, j'ai été stagiaire dans une école freinet,
01:15:30 ça m'a donné envie,
01:15:32 donc j'ai demandé à être nommée dans cette école.
01:15:36 C'est vrai que...
01:15:37 Moi, j'en reviens, vous allez dire que je radote,
01:15:42 mais à la question de la formation,
01:15:44 je pense qu'aujourd'hui, en insp. dans la formation,
01:15:49 les jeunes enseignants
01:15:51 n'entendent pas parler de Célestin Freinet.
01:15:56 Voilà. Ils n'en entendent pas parler.
01:15:58 Ils entendent peut-être un peu plus parler de Maria Montessori
01:16:02 parce qu'il y a tout cet aspect...
01:16:06 Comment tous ces outils qui sont vendus en magasin,
01:16:11 je ne sais plus quelle maison d'édition fait ça,
01:16:14 donc ils entendent un peu plus parler.
01:16:17 Mais moi, j'ai récupéré, alors quand j'étais inspectrice,
01:16:22 dans ma circonscription,
01:16:24 des élèves qui avaient été scolarisés
01:16:27 dans des écoles Montessori du sud-ouest.
01:16:31 Quand j'entendais qu'au bout de trois ans,
01:16:34 l'enfant n'avait pas encore appris à lire,
01:16:37 je me disais quand même qu'il y a peut-être des écueils
01:16:41 qu'il faudrait travailler sur ce type de pédagogie aussi.
01:16:47 Après, au-delà de ça,
01:16:49 il y a la question de la liberté pédagogique des enseignants.
01:16:54 Et cette liberté pédagogique des enseignants,
01:16:58 je pense qu'il faut vraiment la garder
01:17:01 comme la prunelle de ses yeux,
01:17:05 que les enseignants puissent choisir leur méthode,
01:17:10 puissent choisir leur manuel scolaire
01:17:13 et puissent choisir leur métier.
01:17:16 Et je pense que c'est vraiment une question
01:17:19 qui est très importante.
01:17:20 Et je pense que c'est une question
01:17:23 qui est très importante pour les enseignants.
01:17:25 Et je pense que c'est une question
01:17:28 qui est très importante pour les enseignants.
01:17:30 Et je pense que c'est une question
01:17:33 qui est très importante pour les enseignants.
01:17:36 Et je pense que c'est une question
01:17:38 qui est très importante pour les enseignants.
01:17:41 Il y a aussi la question des moyens derrière.
01:17:43 Alors, évidemment, même avec les meilleurs moyens du monde,
01:17:47 un budget infini, si on n'a pas la formation,
01:17:50 si on ne porte pas un regard sur l'enfant
01:17:52 qui est celui de ce regard de confiance,
01:17:54 de construction, de se dire
01:17:56 "C'est un enfant qui grandit, on va l'aider",
01:17:59 même avec un budget infini,
01:18:01 on ferait toujours les mêmes choses,
01:18:03 on ferait toujours la même recette qui ne marche pas.
01:18:06 Il faut voir aussi
01:18:08 qu'une des choses communes
01:18:09 aux pédagogies Freyda et Montessori,
01:18:12 c'est aussi de respecter les besoins de l'enfant et son rythme.
01:18:15 On parlait tout à l'heure des toilettes.
01:18:18 Vous avez une classe de 30 élèves,
01:18:20 il n'y en a aucun qui a besoin d'aller aux toilettes.
01:18:23 C'est une des premières choses, en tout cas,
01:18:26 à l'école française ou à partir du CP,
01:18:28 on ne peut plus aller aux toilettes
01:18:30 quand on en a besoin.
01:18:32 Et avec l'idée derrière que la classe ne pourrait pas fonctionner
01:18:36 si jamais les élèves se levaient, y allaient, retournaient, etc.
01:18:40 Les pédagogies alternatives,
01:18:41 vous direz si, en fait, c'est possible,
01:18:44 et même c'est respecter aussi les besoins physiologiques de l'enfant.
01:18:48 Est-ce que vous vous sentiriez bien en tant qu'adulte dans votre travail
01:18:51 si on vous disait "Tu n'as pas le droit de te lever de la réunion
01:18:55 "pour aller aux toilettes si tu as besoin ?"
01:18:57 C'est quand même un environnement assez coercitif.
01:19:00 Il y a des choses où on pourrait assouplir
01:19:03 en faisant gagner en autonomie aux enfants
01:19:05 et en leur permettant de circuler davantage.
01:19:08 Mais même avec l'enseignant le mieux formé du monde,
01:19:11 avec des enfants qui sont réceptifs,
01:19:13 qui comprennent qu'ils peuvent circuler,
01:19:15 mais qu'au même temps, après, ils vont revenir se rasseoir,
01:19:19 on a un seuil critique, une masse critique d'enfants par adulte,
01:19:22 au-delà duquel c'est plus vraiment réaliste.
01:19:25 Quand vous avez 30 enfants de CP que vous devez encadrer,
01:19:28 il y a peu de chances que vous réussissiez,
01:19:31 même si vous êtes l'enseignant le mieux formé du monde.
01:19:34 Il y a un équilibre entre les deux,
01:19:36 à la fois la formation et le regard qu'on porte sur l'enfant,
01:19:40 et au même temps, les moyens qu'on a,
01:19:42 le ratio d'adultes par enfant,
01:19:44 et ça, c'est encore une question de priorité budgétaire.
01:19:47 -Oui, je suis entièrement d'accord avec vous.
01:19:51 Alors, les classes à 30 élèves,
01:19:58 on en trouve quand même plus tellement.
01:20:00 La moyenne française, je crois que c'est 19,
01:20:03 mais bon, ça peut aller.
01:20:05 C'est vrai que ce n'est qu'une moyenne.
01:20:08 Après, moi, j'ai vu quand même cette question évoluer,
01:20:12 et je peux vous dire que dans les écoles que j'ai visitées,
01:20:16 quand même un certain nombre,
01:20:19 ce que font les enseignants, c'est qu'ils laissent les enfants,
01:20:23 à partir du CP, aller aux toilettes,
01:20:25 mais il y a une règle,
01:20:26 c'est qu'il n'y a qu'un enfant qui peut aller aux toilettes.
01:20:30 C'est-à-dire qu'un enfant qui a envie d'aller aux toilettes,
01:20:33 dans ses classes,
01:20:34 il regarde si tous ses camarades sont assis à leur pupitre,
01:20:39 et si c'est le cas, il peut y aller.
01:20:42 Et c'est vrai que nous avons eu énormément de lois
01:20:48 qui ont modifié les programmes,
01:20:51 et il me semble que c'est la loi de refondation 2013
01:20:57 de Vincent Peyon qui nous autorise à accueillir,
01:21:00 maintenant, à l'école maternelle,
01:21:02 des enfants qui ne sont pas propres.
01:21:05 Avant, il fallait que les enfants aient acquis la propreté,
01:21:09 et on accepte maintenant, à la maternelle,
01:21:11 c'est dans les textes,
01:21:12 des enfants qui portent des couches et qui vont apprendre très vite.
01:21:16 En 15 jours, c'est en général une affaire réglée,
01:21:21 la propreté, parce qu'ils sont dans un collectif
01:21:24 et qu'ils apprennent les toilettes.
01:21:32 Donc quand même, par rapport à votre représentation,
01:21:36 Laila, je trouve que ça a un peu évolué positivement, là, pour le coup.
01:21:42 Tant mieux si ma représentation est datée
01:21:44 et qu'elle ne correspond plus à la réalité.
01:21:47 Je pense que c'est une question de formation et de moyens aussi.
01:21:51 Je n'ai pas les chiffres exacts, mais je pense qu'on est d'accord.
01:21:55 Oui, voilà, c'est ça.
01:21:56 On va passer à la question suivante.
01:22:01 -On a le temps pour combien de questions ?
01:22:03 -On a deux ou trois questions, grand max.
01:22:07 Si c'est des questions rapides et des réponses pas trop longues.
01:22:10 -On en a eu là et après, il y aura une dernière.
01:22:13 -Très bien.
01:22:14 -Il y a toute une petite organisation de questions.
01:22:17 Je vous explique pour Laila et Philippe,
01:22:19 qui ne voyaient pas forcément.
01:22:20 On répartit les questions dans le public.
01:22:23 -Bonjour et merci beaucoup pour cet échange extrêmement enrichissant.
01:22:28 Qui me questionne beaucoup, puisqu'on a catégorisé
01:22:32 les jeunes et les enfants d'un côté, les adultes de l'autre.
01:22:36 Il y a une première question justement sur la co-création,
01:22:39 le faire ensemble.
01:22:41 On a très peu bruit de toutes les instances jeunesse qui existent.
01:22:47 En ce moment, il y a la consultation nationale
01:22:50 de l'UNICEF pour les 6-18 ans.
01:22:53 Je crois que ça a commencé en décembre
01:22:55 et c'est jusque au début de l'année.
01:22:57 C'est jusque au mois de mars.
01:22:59 Il y a les conseils de vie scolaire,
01:23:02 les conseils de jeunes en lycée et à différents niveaux,
01:23:06 que ce soit à l'échelle d'une ville
01:23:08 jusqu'aux conseils régionaux des jeunes.
01:23:10 Et c'est ces instances où la jeunesse est consultée,
01:23:13 s'exprime et écoutée à certains niveaux.
01:23:17 Mais le reste de la population,
01:23:19 si on ne travaille pas dans des organisations de jeunesse,
01:23:21 si on n'est pas parent ou accompagnant,
01:23:24 on n'a aucune idée des propositions
01:23:26 qui émergent de ces systèmes de consultation.
01:23:30 On n'a aucune idée de ce qui est mis en place après
01:23:34 pour y répondre, des solutions qui sont apportées.
01:23:37 On a l'impression qu'il y a deux mondes qui se construisent
01:23:40 entre les adultes qui s'inquiètent
01:23:42 et la question de cet échange, de quel défi pour les jeunes,
01:23:46 et de propositions qui émergent,
01:23:48 sans qu'il y ait vraiment de faire ensemble
01:23:50 et de dialogue commun.
01:23:52 Je pense que cette rupture de dialogue existe
01:23:54 entre plusieurs générations,
01:23:55 même entre jeunes adultes et adultes un peu plus âgés.
01:23:58 Et la question du "créer" et du "penser ensemble"
01:24:03 a moins de place que cette consultation et discussion
01:24:06 qui est en vase clos.
01:24:08 Et j'aimerais même ajouter que les adultes
01:24:11 ont beaucoup à apprendre des enfants ou des plus jeunes,
01:24:14 qui feraient émerger des idées
01:24:16 qui nous sembleraient ridicules dans notre esprit d'adultes,
01:24:19 mais qui ont une capacité transformatrice
01:24:21 bien plus forte que notre imaginaire d'adulte
01:24:24 peut l'apporter aujourd'hui.
01:24:26 -Merci pour cette intervention. Est-ce que quelqu'un veut réagir ?
01:24:33 -Moi, je veux bien.
01:24:36 -Naëllem ?
01:24:37 -Je me souviens que quand j'étais pour le projet
01:24:41 de la rédaction de la Chaire parisienne des droits de l'enfant,
01:24:44 ce qui nous était venu à l'esprit,
01:24:47 ce serait peut-être faire un conseil un peu plus haut,
01:24:50 c'est-à-dire un conseil de députés, mais d'enfants.
01:24:53 Donc ce seraient des enfants que nous, on élit,
01:24:56 peu importe le quartier d'où on vient.
01:24:58 On élit pour chaque arrondissement, par exemple, un enfant
01:25:02 qui se présente, comme les adultes, avec des actions et tout ça.
01:25:06 Et donc pour tout ce qui va être les lois pour nous,
01:25:09 que les adultes votent généralement entre eux,
01:25:11 justement, ce soit ce conseil de députés d'enfants
01:25:15 qui soit à qui on demande,
01:25:18 et après, on va essayer de...
01:25:20 Enfin, on n'a pas vraiment approfondi,
01:25:22 mais on s'était dit que ce conseil réfléchira ensemble
01:25:25 et peut-être on referait voter tous les enfants
01:25:29 et ainsi, on pourrait vraiment participer à une échelle plus haute
01:25:32 et là, tout le monde serait au courant des décisions prises.
01:25:34 Parce que c'est vrai que la plupart du temps,
01:25:36 quand on entend parler de ces conseils régionaux,
01:25:38 on ne sait pas ce qu'ils votent,
01:25:40 on ne sait pas trop ce qu'ils font en soi.
01:25:42 Donc c'est vrai que c'est une très bonne idée,
01:25:44 c'est déjà super bien qu'il y ait ça,
01:25:46 mais c'est vrai que si nous, on n'en entend pas parler
01:25:48 dans nos quartiers, ça ne sert pas à grand-chose non plus.
01:25:52 Voilà.
01:25:53 -Une question, juste devant.
01:26:02 -Une remarque avant la question,
01:26:04 c'est que dans tous ces ateliers d'enfants
01:26:07 auxquels j'ai pu assister en tant qu'observatrice,
01:26:11 il y a quand même une grande frustration qui revient.
01:26:15 Il y a quand même quelques enfants précoces
01:26:17 et du fait de leur âge trop jeune,
01:26:20 ils ne peuvent pas participer à certains ateliers ou instances
01:26:24 alors qu'ils sont tout à fait qualifiés
01:26:26 pour donner leur avis.
01:26:28 Et là, j'ai une question pour la citoyenne Nailum.
01:26:32 Alors, je sais que vous consacrez une dizaine de jours
01:26:38 sur le temps scolaire chaque année à différentes actions,
01:26:43 sans demander la permission, mais en informant votre établissement.
01:26:47 Donc je voulais savoir pourquoi c'est si important pour vous
01:26:51 de participer à tout cela.
01:26:53 Et c'est votre choix personnel à chaque fois, je le précise,
01:26:56 puisque je suis la maman.
01:26:59 Je ne suis que la secrétaire et l'accompagnante.
01:27:02 -C'est important pour moi de participer à tous ces projets
01:27:07 parce que souvent, on colle des étiquettes aux enfants
01:27:11 qui ne sont pas capables, qui ne sont pas assez intelligents.
01:27:13 Et justement, moi, j'aimerais briser ces préjugés qu'on nous met
01:27:17 et montrer que les enfants, on est autant capables
01:27:20 qu'on a des meilleures idées que les adultes parfois
01:27:23 et que justement, c'est en nous écoutant
01:27:26 et que peut-être que si les adultes
01:27:27 apprenaient à dialoguer avec nous, à nous écouter, à se poser,
01:27:32 on pourrait faire de réels débats
01:27:34 parce qu'on fait des débats à l'école,
01:27:36 mais je ne trouve pas ça assez...
01:27:38 Je trouve qu'il faudrait faire des débats avec des adultes
01:27:41 où on mélange enfants et adultes parce que juste entre nous,
01:27:44 la plupart des débats qu'on fait,
01:27:46 c'est "chocolatine ou pain au chocolat ?"
01:27:49 Mais on s'en fout de ça.
01:27:50 Du coup, quand les profs, ils nous disent
01:27:52 "Allez, on va faire ça comme débat,
01:27:54 "mais nous, ça ne nous intéresse pas,
01:27:55 "tu mets le lait avant les céréales ou l'inverse."
01:27:57 Mais qui s'intéresse à ça ?
01:27:59 Même si on a 12 ans, nous, franchement,
01:28:02 ce ne sont pas des débats qu'on ferait de notre plein gré.
01:28:04 Donc des meilleurs sujets ou de réels débats
01:28:08 où on ne se moque pas de nous,
01:28:09 parce que ça, c'est clairement...
01:28:10 On se moque de nous ouvertement, quoi.
01:28:13 Donc c'est vrai que ça me tient à coeur
01:28:15 parce que souvent, même si on n'en parle pas,
01:28:19 les enfants, ils voient et ils vivent les choses.
01:28:22 Et ces activités, ça me permet
01:28:27 d'avoir le point de vue de d'autres enfants.
01:28:29 Parce que quand j'ai participé à l'Académie du Cléma,
01:28:32 donc c'était des délégations de 22 pays différents,
01:28:37 c'était des enfants à chaque fois,
01:28:38 donc il y en a eu de Russie, d'Ukraine.
01:28:40 On a vu qu'en fait, malgré tout ce qui se passe dans le monde,
01:28:43 les guerres, ça ne nous attend pas, nous,
01:28:46 parce que les enfants qui venaient d'Ukraine et de Russie,
01:28:48 ils étaient meilleurs amis alors que dans leur pays,
01:28:51 ils sont en guerre.
01:28:52 Et eux, ils s'en fichent.
01:28:53 Il n'y a aucune...
01:28:54 Ces barrières que nous, les enfants, on ne voit pas,
01:28:58 vous, les adultes, vous les voyez.
01:29:00 Vous avez coupé la terre en plein de pays,
01:29:03 mais en fait, nous, ces frontières,
01:29:05 ces lignes qu'il y a sur les globes,
01:29:08 nous, on s'en fiche, on ne les voit pas.
01:29:10 On est tous amis et on est tous êtres pareils.
01:29:13 Donc c'est vrai qu'apprendre des autres enfants,
01:29:16 ça me fait du bien,
01:29:17 parce que je vois que je ne suis pas la seule à avoir des idées,
01:29:19 qu'il y a plein d'enfants, même de 6 ans,
01:29:22 qui, des fois, me corrigent, me clashent,
01:29:25 en me disant "Ce que tu dis, c'est n'importe quoi."
01:29:27 Et je me dis "Non, mais il est grand comme ça,
01:29:30 il me contredit."
01:29:31 Et puis en fait, je me rends compte que oui,
01:29:33 il y a totalement le droit de me contredire à 6 ans.
01:29:36 Et c'est vrai que c'est magnifique de voir ces rencontres,
01:29:39 de voir des enfants qui vivent la guerre,
01:29:41 mais qui ont le sourire et qui viennent me voir
01:29:42 et qui me disent "Je vais bien."
01:29:44 Et je me dis "Comment tu peux aller bien ?"
01:29:46 Genre moi, je vais bien, parce que dans mon pays, il n'y a rien.
01:29:49 Toi, tu vas bien, pourtant,
01:29:50 ta famille, elle est peut-être dans la guerre,
01:29:52 là, en train de mourir, et tu me dis que tu vas bien.
01:29:55 Et franchement, je ne peux qu'avoir le sourire aux lèvres
01:29:58 et du baume dans le coeur
01:29:59 en entendant ces expériences et ces histoires.
01:30:03 Merci.
01:30:04 Je crois qu'on a débordé.
01:30:13 Il y avait une dernière question,
01:30:15 mais j'ai un peu envie de dire
01:30:17 que c'était la plus belle conclusion possible.
01:30:19 Alors à part si c'était une question vraiment essentielle,
01:30:22 on peut y aller, mais très rapidement.
01:30:24 Ah ben non, on va rester là-dessus.
01:30:27 Alors merci, Naïlem. Merci beaucoup.
01:30:30 Merci à tous.
01:30:31 (Applaudissements)
01:30:34 Voilà, donc c'est la fin de ce colloque.
01:30:42 On va maintenant accueillir Michel Antoine,
01:30:45 directrice des expositions à l'univers science,
01:30:48 pour venir nous rejoindre et clôturer cette belle journée.
01:31:01 Je sais que vous êtes tous fatigués.
01:31:02 Je vais essayer d'être le plus brève possible.
01:31:05 De toute manière, l'exercice est impossible
01:31:07 après ce qui vient de s'être dit.
01:31:10 Je me sens un petit peu...
01:31:12 d'épourvue, en fait, et en manque de mots.
01:31:16 Alors je crois qu'on m'a demandé de faire un programme,
01:31:21 un mot de clôture.
01:31:23 On m'a aussi demandé de faire un mot de synthèse.
01:31:26 Les deux sont absolument impossibles.
01:31:29 Pour la synthèse, vous devriez voir mes feuilles.
01:31:32 C'est un torchon.
01:31:33 J'ai rajouté des mots toutes les cinq minutes
01:31:35 pour essayer de traduire tout ce qui s'est dit aujourd'hui.
01:31:39 Et puis surtout,
01:31:41 "clôture" était le mot qui convient,
01:31:43 enfin, c'est le mot qui convient le moins à ce qui s'est passé
01:31:45 ces deux jours, puisque la clôture, c'est une limite,
01:31:49 et la clôture, c'est une fin.
01:31:51 Alors une limite, on a vu que l'enfance,
01:31:55 le sujet enfant, justement, faisait éclater toutes les barrières.
01:32:00 On est vraiment dans une transversalité incroyable.
01:32:02 Et même vous, en fait, dans l'éditoire,
01:32:06 vous êtes d'une incroyable diversité.
01:32:09 On a autant des gens de création de performances et plasticiens,
01:32:14 des médiateurs, des gens de musées, des gens de bibliothèques,
01:32:18 des spécialistes de la petite enfance dans les villes.
01:32:20 Donc une très grande diversité
01:32:22 qui, déjà, nous invite à éviter toutes les barrières.
01:32:27 On a aussi eu toute cette invitation des sociologues,
01:32:31 et je vais quand même les citer,
01:32:33 il y avait Julien Vittoresse et Cora Cohen-Nazaria,
01:32:39 qui nous ont quand même vraiment invitées à la nuance,
01:32:43 à la subtilité, au fait de remettre en question
01:32:46 toutes les idées reçues que l'on a sur l'enfance
01:32:49 et qui souvent sont teintées de la nostalgie
01:32:51 de notre propre enfance.
01:32:53 On en a entendu aussi certains aspects
01:32:55 dans les conférences, dans les questions,
01:32:58 de remettre en question et de remettre en perspective
01:33:02 toutes ces idées reçues,
01:33:03 donc de nouveau pour multiplier les points de vue.
01:33:09 Donc, en fait, ces deux journées, pour moi,
01:33:13 pour nous, Universcience,
01:33:14 et j'espère pour vous aussi,
01:33:16 nos invités, en fait, de jour,
01:33:19 furent extraordinairement vivifiantes,
01:33:22 et je trouve qu'on nous a invitées à sortir des sentiers battus
01:33:27 et à questionner, mais de manière joyeuse,
01:33:30 et c'est ça qui, moi, m'a beaucoup marquée,
01:33:33 à questionner de manière joyeuse nos pratiques,
01:33:35 et il y a eu beaucoup d'exemples, et nos idées.
01:33:39 Alors, je vous ai dit que la synthèse était impossible,
01:33:43 alors je vais juste repartir de notre titre.
01:33:46 En fait, le colloque m'a montré que nous avions tout faux.
01:33:53 En fait, notre titre, il est nul.
01:33:55 Bon, c'est bien de s'en rendre compte à la fin,
01:33:58 ça ne vous a pas empêché de venir, donc ça, ça me rassure quand même,
01:34:01 mais ça va vous permettre de vous remémorer un petit peu
01:34:04 tout ce qu'on a pu dire.
01:34:06 Les enfants.
01:34:07 Alors là, d'emblée, dès la deuxième intervention,
01:34:11 nous avons compris que c'était extrêmement réducteur
01:34:15 et qu'en fait, il n'y avait pas les enfants,
01:34:17 qu'on était en face d'un ensemble, d'une multitude de singularités
01:34:23 qui réagissaient différemment selon les âges,
01:34:26 selon les lieux, selon les conditions
01:34:30 dans lesquelles on s'adresse ou on crée quelque chose avec eux,
01:34:34 et qu'il était donc nécessaire que l'on change la granularité
01:34:40 et la précision de notre regard
01:34:42 pour pouvoir multiplier les propositions
01:34:47 que nous leur faisons,
01:34:48 multiplier, on nous a dit, multiplier des approches authentiques
01:34:53 et cultiver la diversité des histoires.
01:34:56 J'ai évidemment adoré cette idée de diversité des histoires
01:35:00 que l'on peut raconter.
01:35:02 Alors, les enfants, on a encore tout faux,
01:35:04 en s'étant concentrés sur les enfants,
01:35:07 parce qu'il est avéré, mais dans toutes les discussions,
01:35:11 que quand on parle d'enfants, on parle des accompagnants,
01:35:15 quand on parle d'enfants, on parle des adultes,
01:35:18 et qu'il y a une nécessaire cofertilisation,
01:35:24 je vais dire, cofertilisation des uns par les autres
01:35:28 et sans que je puisse dire où est la source
01:35:32 et où est l'aval de ce mouvement, de cette dynamique.
01:35:38 Alors, toutefois, cette cofertilisation
01:35:43 ne doit pas nous faire oublier que nous avons une responsabilité.
01:35:46 Et là, de nouveau, on l'a encore entendu
01:35:49 dans la dernière intervention,
01:35:51 oui, il y a une responsabilité, je vais y revenir peut-être,
01:35:54 mais il y a...
01:35:55 Notre première responsabilité,
01:35:56 c'est de nous montrer dignes de confiance.
01:35:59 Et c'est en nous montrant dignes de confiance
01:36:02 en tant qu'accompagnants
01:36:03 qu'on pourra peut-être faire un travail correct
01:36:06 avec les enfants.
01:36:08 Alors, évidemment, je fais référence aussi
01:36:11 à tous les aspects de co-création qui ont été très développés,
01:36:14 et je crois que c'est quelque chose qui nous a fait grandir aujourd'hui.
01:36:18 Mais grandir, eh bien, un autre mot un peu vide,
01:36:21 un peu valise et surtout un peu, j'ai envie de dire, dirigé.
01:36:26 Quand on utilise le mot "grandir",
01:36:30 on a l'impression que c'est quelque chose qui se passe comme ça,
01:36:35 presque de nature,
01:36:37 comme la plante grandit quand on l'arrose.
01:36:40 Or, c'est pas ça qu'on veut, on ne se contente pas,
01:36:43 on n'a pas juste envie qu'il grandisse.
01:36:45 Et on a utilisé...
01:36:47 Alors, Brun a fait une traduction assez originale
01:36:52 du mot "empowerment" par "empouvoirment".
01:36:56 Et merci, parce qu'on utilise habituellement "capacitation",
01:36:59 qui est absolument pas joli.
01:37:01 Et donc "empouvoirment", tout à coup, ça a ajouté un peu de magie,
01:37:05 même si, en l'écoutant,
01:37:08 et de nouveau, la dernière intervention
01:37:11 nous a aussi mis un peu en alerte par rapport au mot "pouvoir".
01:37:15 Quand on a un pouvoir, il y a généralement un rapport de force
01:37:18 qui s'installe.
01:37:20 Et donc, moi, je préfère le mot "puissance".
01:37:23 Puissance, parce qu'une puissance,
01:37:25 j'ai l'impression que c'est une force qui jaillit,
01:37:27 c'est quelque chose qui met en mouvement,
01:37:29 c'est quelque chose qui met en dynamique.
01:37:31 Et donc, j'aurais envie de dire que notre rôle,
01:37:34 c'est de cultiver la puissance,
01:37:38 d'augmenter la puissance, j'ai envie de dire, de nos publics,
01:37:43 cultiver notre propre puissance aussi,
01:37:47 pour être plus présents dans le monde,
01:37:50 pour garder, pour développer une puissance d'étonnement,
01:37:54 d'étonnement à la place de curiosité,
01:37:55 c'était aussi un déplacement qui est assez intéressant pour nous
01:37:58 dans les musiciens, où curiosité a été un peu galvaudée,
01:38:02 mais développer cette puissance d'agir,
01:38:05 cette puissance d'être au monde,
01:38:06 cette puissance d'être en dynamique
01:38:09 et de créer notre présent et notre futur.
01:38:12 C'est bien là que je vois de plus en plus notre rôle,
01:38:15 bien ou là, de faire grandir.
01:38:18 Puis faire grandir, il y a quelque chose d'un peu normatif, en fait.
01:38:23 Il y a quelque chose d'un peu différent, en fait,
01:38:25 et c'est ce qu'on a pu voir dans le travail qu'on a fait,
01:38:28 et c'est ce qu'on a pu voir dans le travail qu'on a fait,
01:38:30 et c'est ce qu'on a pu voir dans le travail qu'on a fait,
01:38:32 et c'est ce qu'on a pu voir dans le travail qu'on a fait.
01:38:34 Et puis, il y a aussi le travail qu'on a fait,
01:38:36 et c'est ce qu'on a pu voir dans le travail qu'on a fait,
01:38:38 et c'est ce qu'on a pu voir dans le travail qu'on a fait.
01:38:40 Et puis, il y a aussi le travail qu'on a fait,
01:38:42 et c'est ce qu'on a pu voir dans le travail qu'on a fait,
01:38:44 et nous avons à cheminer à côté d'eux.
01:38:49 Alors, il ne vous a pas échappé,
01:38:50 je ne vais pas épiloguer sur le rôle de la culture,
01:38:52 il ne vous a pas échappé que les débats
01:38:55 ont vraiment dépassé le rôle de la culture,
01:38:58 qu'on est rentré dans la question de l'éducation,
01:39:01 de l'école, bien sûr, et de la politique,
01:39:04 et qu'en fait, les frontières sont beaucoup plus floues,
01:39:10 beaucoup plus perméables entre ces différents domaines
01:39:12 de la culture, de l'éducation, de la politique,
01:39:15 et que c'est sans doute beaucoup mieux ainsi.
01:39:19 Alors, je me suis risquée à un titre monstrueux,
01:39:22 mais qui peut-être résume mieux
01:39:26 ce que nous avons fait ou construit aujourd'hui.
01:39:30 Alors, ce titre monstrueux devient
01:39:33 "Comment enfants et adultes peuvent-ils co-développer
01:39:37 "leur ADN culturel pour décupler leur désir
01:39:41 "et leur puissance d'action ?"
01:39:44 Je crois que c'est le résumé,
01:39:45 mais évidemment, vous comprendrez que faire grandir les enfants,
01:39:48 c'est quand même un peu plus vendeur.
01:39:52 Alors, je vous ai dit que je ne voulais pas faire de mot de clôture
01:39:55 parce que je ne veux pas que ceci soit une fin.
01:39:58 Il n'y a pas de raison que ce soit une fin.
01:39:59 On a engagé une discussion,
01:40:02 on a engagé une discussion entre nous,
01:40:04 on a engagé une discussion avec vous,
01:40:07 mais peut-être trop peu.
01:40:09 Alors, vous avez là une adresse,
01:40:11 une adresse que je vous invite à utiliser
01:40:14 pour nous faire part de vos retours,
01:40:17 de vos impressions sur le colloque, de vos réflexions.
01:40:21 Vous allez être dans le métro, vous allez dire
01:40:22 "J'aurais dû poser cette question-là
01:40:24 "ou j'avais envie d'intervenir là-dessus."
01:40:26 Je crois que sans vous donner absolument la moindre idée
01:40:29 sur la forme, parce que je n'en ai pas
01:40:31 et parce que nous n'en avons pas avec les organisateurs TRIS,
01:40:35 mais on se dit qu'on a planté une petite graine là
01:40:39 et qu'il y aurait moyen de faire quelque chose ensemble.
01:40:45 D'ailleurs, vous pouvez retrouver les deux,
01:40:48 les enregistrements des deux grandes conférences,
01:40:51 on va les appeler comme ça, d'introduction des deux journées,
01:40:54 vous les retrouvez sur notre site,
01:40:57 mais sachez qu'on a en fait tout enregistré.
01:41:01 Alors, on l'a fait un peu à l'aveugle,
01:41:03 en se disant "On ne sait pas ce qu'on va en faire."
01:41:07 Mais c'est une matière, on était sûr,
01:41:09 étant donné les gens qu'on invitait,
01:41:12 on était sûr que ce serait passionnant,
01:41:14 donc on a cette matière brute.
01:41:16 Et puis, ceci est une invitation à réfléchir aussi,
01:41:21 je remonte l'adresse, donc vos idées sont les bienvenues,
01:41:24 à réfléchir sur une manière de tirer profit
01:41:27 de tout ce qui s'est dit aujourd'hui pour le faire durer,
01:41:30 le faire durer dans le temps et le faire grandir.
01:41:34 Et puis, puisque je vous ai dit que je serais brève, je serai brève,
01:41:37 mais avant de nous quitter, avant de vous dire au revoir,
01:41:41 je tiens à remercier quelques personnes, quand même.
01:41:44 Et tout d'abord, et vous serez d'accord avec moi,
01:41:47 je voudrais remercier, mais très, très chaleureusement,
01:41:50 du fond du cœur, Brune Bottero,
01:41:52 qui a fait un travail extraordinaire,
01:41:54 je vous invite à l'applaudir.
01:41:56 (Applaudissements)
01:41:57 Voilà, elle s'est investie corps et âme
01:42:01 dans ce qui, à mon avis, a dépassé un travail.
01:42:06 Elle nous a proposé plein d'idées,
01:42:08 c'est elle qui a donné du rythme à toutes ces journées,
01:42:11 les idées des petites visiteuses,
01:42:13 non pas des visiteuses, ça, c'est un biais professionnel,
01:42:17 des petites invitées,
01:42:20 des petites invitées, voilà, ça vient de Brune,
01:42:23 et elle a donné la cohérence et le rythme
01:42:26 à ces deux journées, et donc, merci, merci, merci,
01:42:30 encore infiniment.
01:42:31 Alors, je voudrais aussi remercier la régie.
01:42:34 On n'en parle jamais, mais quand même, si ça fonctionne,
01:42:37 tout ça a l'air très, très simple,
01:42:38 mais merci à la régie du CCV d'avoir été vraiment présente,
01:42:42 d'avoir fait le boulot, bravo.
01:42:44 (Applaudissements)
01:42:46 (...)
01:42:49 Bravo à vous.
01:42:50 Et puis, je voudrais aussi sortir de l'ombre
01:42:53 les chevilles ouvrières de ces deux journées.
01:42:56 Il y en a une qui va me détester, elle me fout droit du regard.
01:42:59 Donc, Lisa, j'aimerais bien que tu viennes ici.
01:43:03 (...)
01:43:04 Margot, pareil.
01:43:07 Et je ne sais pas si Flora est dans la salle.
01:43:10 (...)
01:43:12 Flora n'est pas dans la salle, mais elle mérite aussi...
01:43:15 Je veux que vous sortiez de votre ombre,
01:43:18 que vous soyez dans la lumière,
01:43:20 parce qu'en fait, elles ont passé le micro,
01:43:23 mais elles ont fait beaucoup plus que ça.
01:43:25 C'est grâce à elles
01:43:26 qu'elles ont vraiment construit intellectuellement
01:43:31 ces journées en proposant les problématiques,
01:43:34 en trouvant les intervenants, en les convainquant...
01:43:37 -C'est pas simple.
01:43:38 -Ils étaient d'accord, apparemment.
01:43:41 En les convainquant, et puis après ça,
01:43:42 en assurant la logistique
01:43:44 pour que tout cela vous paraisse extraordinairement simple.
01:43:47 C'est un travail de scie.
01:43:48 (...)
01:43:56 -Merci à vous.
01:43:58 J'espère que vous repartez plein d'idées.
01:44:00 Et puis visitez nos espaces et bienvenue chez nous.
01:44:04 Au revoir.
01:44:05 (...)
01:44:10 ---
01:44:20 ---