• il y a 9 mois
Sébastien Leroy, maire LR de Mandelieu-la-Napoule, est l'invité de L'Interview à la une

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00:00 [Musique]
00:10 Bonjour à tous, bienvenue dans l'interview à la une, l'émission de la rédaction de Nice Matin.
00:15 Une émission que j'ai le plaisir de présenter avec Frédéric Morisse, c'est le chef de l'édition de Nice, de Nice Matin.
00:20 Bonjour Frédéric. Bonjour Denis.
00:22 Notre invité, Sébastien Leroy. Bonjour Sébastien Leroy. Bonjour.
00:25 Vous êtes maire Lé républicain de Montdelieu-Lanapoule.
00:28 Alors on va commencer par une question d'actualité.
00:31 Le gouvernement multiplie des opérations place nette contre les trafics de drogue.
00:35 C'était le cas cette semaine dans les Alpes-Maritimes.
00:38 On a vu aussi Emmanuel Macron venir en personne soutenir une opération dite XXL à Marseille.
00:44 Est-ce que le gouvernement a pris la mesure de ce problème, les trafics de drogue, qui concernent toutes les villes aujourd'hui ?
00:53 Est-ce que le gouvernement a pris la mesure de l'ampleur de ce qu'est le trafic de drogue en France ?
00:59 Je pense qu'il commence à le faire.
01:01 Il y a un travail qui est mené par les forces de l'ordre depuis maintenant plusieurs années sur le terrain.
01:07 Mais la difficulté, c'est qu'aujourd'hui, le défi est bien plus important pour se limiter à des opérations de communication telles que celles à laquelle on a assisté à Marseille.
01:16 Aujourd'hui, d'ailleurs, c'est ce que disaient les magistrats quand ils sont passés en audition devant les parlementaires,
01:21 c'est qu'eux sont sur le point de perdre la bataille.
01:23 Non pas parce qu'il y a un manque de force de l'ordre sur le terrain,
01:27 mais simplement parce qu'au niveau du traitement judiciaire, ils n'ont pas les moyens.
01:30 C'est ce que réfutent complètement Emmanuel Macron et Éric Dupond-Moretti.
01:33 Pour eux, la bataille n'est pas perdue.
01:35 Alors, eux le réfutent, mais quand des magistrats sous serment, y compris le procureur,
01:40 qui, par définition, on aurait pu attendre de sa part un langage beaucoup plus réservé,
01:45 vous dit qu'on est en train de perdre la bataille, notamment au niveau de la corruption qui est en train de se diffuser de partout,
01:49 parce que le chiffre d'affaires qui est créé par le trafic de stupéfiants en France,
01:53 qui s'est réparti de partout sur le territoire, tout cela a dérivé depuis bien longtemps.
01:57 Je pense que le gouvernement a malheureusement extrêmement tardé,
02:02 après presque une décennie de pouvoir, pour déclarer la guerre véritablement au narcotrafic.
02:07 Et il ne suffira pas de faire des opérations de nettoyage ponctuelle où on va descendre sur le terrain
02:12 et dans trois semaines, tout va repartir comme avant.
02:14 Il faut s'attaquer au réseau en profondeur, mais ça nécessite de réformer notre droit.
02:18 Aujourd'hui, le droit français, comme dans bien d'autres domaines,
02:21 n'est pas du tout calibré pour s'attaquer à des réseaux aussi puissants,
02:25 tout simplement parce que les procédures sont trop complexes,
02:28 tout simplement parce que la réponse pénale n'est pas possible, vu le manque de place de prison notamment,
02:33 mais aussi parce qu'on a trop d'exceptions et des lois qui ne sont pas assez fermes.
02:38 Et on ne peut plus, avec le droit tel qu'il est aujourd'hui en France, encore une fois, le droit commun, s'attaquer à cela.
02:42 Il faut avoir une politique bien plus profonde et générale que de se contenter de mettre des moyens
02:48 et de faire des pseudo opérations de nettoyage.
02:51 - Les stupéfiants, c'est un problème aussi dans votre ville ?
02:53 Est-ce que c'est quelque chose que vous percevez ? Est-ce qu'il y a des points de deal à démanteler ?
02:56 - À Mandelieu, non, de manière extrêmement précise, mais on sait qu'il y en a.
03:01 On a une surveillance constante du territoire.
03:04 On sait qu'on a des bandes qui sont de passage, qui essaient parfois de s'implanter,
03:08 et on essaie de les éradiquer dès qu'ils se manifestent.
03:11 Mais aujourd'hui, ce que l'on constate, c'est que même sur notre territoire, dans les Alpes-Maritimes,
03:15 on a des réseaux qui viennent des Bouches-du-Rhône, voire parfois de Lyon ou de Paris.
03:19 Et on a de la présence, on a du passage, du trafic.
03:22 Donc naturellement, aujourd'hui, cette problématique touche tout le territoire national.
03:26 Et d'une ampleur sans précédent.
03:29 - L'actualité de ces dernières semaines dans les Alpes-Maritimes, c'est les intempéries.
03:33 Comment avez-vous géré les derniers épisodes à Mandelieu ?
03:38 - Alors à Mandelieu, nous avons géré cela comme les crises précédentes.
03:42 C'est-à-dire que nous avons activé tous les systèmes d'alerte.
03:44 Nous avons mis en place la cellule de crise.
03:45 Nous avons averti la population.
03:47 Et nous avons eu de la chance.
03:49 Parce que ces deux phénomènes qui se sont répercutés à quelques jours d'intervalle
03:53 n'ont pas été aussi puissants que ce que les prévisions laissaient entendre.
03:57 Donc on a eu quand même des débordements limités, pour être très clair.
04:01 Mais aujourd'hui, nos territoires qui restent très exposés,
04:04 même s'ils ont reçu plus de 600 mm de précipitation depuis le 1er janvier,
04:08 ont bien réagi parce que les quantités d'eau qui sont tombées ont été assez modestes.
04:12 - Vous avez procédé à des évacuations préventives le 9 mars.
04:16 Pourquoi cette décision ?
04:18 Et est-ce que c'est des situations qui peuvent être amenées à se répéter ?
04:22 - Alors nous avons effectivement procédé à des évacuations,
04:25 à la fois de tout ce qui était camping, résidence touristique près des cours d'eau
04:29 et de certains quartiers de population.
04:31 Parce qu'il faut bien savoir que sur la ville de Mandelieu notamment,
04:34 il y a des quartiers où il faut prendre les décisions en amont.
04:37 On ne peut pas réagir à postériorité,
04:39 tout simplement parce que le temps d'alerte si la crise se vérifie,
04:42 n'est pas suffisant pour évacuer.
04:43 Donc aujourd'hui on a cette politique de prévention,
04:45 dès qu'on a des données qui sont suffisamment concordantes
04:48 et mises par les services de météo pour craindre des précipitations très fortes,
04:53 même si on a fait déjà quand même des travaux assez conséquents,
04:56 notamment sur les copropriétés,
04:57 on a investi près de 8 millions d'euros pour les protéger,
05:00 on ne prend pas le risque, on préfère évacuer les rues de chaussée.
05:04 Il faut aujourd'hui anticiper, le maître mot est là,
05:07 et toujours s'attendre à ce qui n'est pas prévu.
05:10 Parce que la nature est par définition imprévisible,
05:12 elle frappera toujours de manière inattendue.
05:15 Et pour vous donner une illustration de ce propos,
05:18 sur trois épisodes majeurs d'inondations que nous avons vécu au cours des cinq dernières années,
05:22 trois fois le scénario a été totalement différent.
05:25 - Est-ce que la population est aujourd'hui totalement préparée, sensibilisée ?
05:31 - Alors la population à Montdelieu naturellement est préparée, sensibilisée,
05:35 mais on ne l'est jamais assez.
05:37 Encore une fois parce que plus le temps passe, plus on a tendance à l'oublier,
05:41 et on ne peut jamais savoir ce qui va survenir.
05:44 Et c'est en cela que moi j'essaie de porter ce message auprès de mes collègues,
05:48 et que j'essaie de le faire entendre,
05:50 non pas aux services locaux de l'État qui l'ont parfaitement compris,
05:52 mais à nos gouvernants et législateurs qui eux ne le comprennent pas,
05:56 c'est que la nature va de plus en plus être extrêmement intense et violente,
06:01 que nos territoires ne sont absolument pas préparés face à ces crises qui s'annoncent,
06:05 et qu'aujourd'hui on prend du retard.
06:06 - Alors justement vous avez accumulé une telle expérience que vous êtes devenu co-président
06:10 de la mission "Gestion des risques" à l'Association des maires de France.
06:14 Ça consiste en quoi exactement ?
06:16 - Alors ce groupe de travail sur les risques qui a été institué par David Hisslin
06:20 quand il a pris la présidence de l'AMF, elle vise, avec Éric Ménatie qui est le maire de Trèbes,
06:24 qui lui a été confronté aussi aux risques naturels, mais également aux attentats de Trèbes,
06:29 vise à en fait plusieurs choses.
06:31 Premièrement, aller à la rencontre de nos collègues dans toute la France.
06:34 Les sensibiliser sur cette situation.
06:37 Discuter avec eux sur les blocages qu'ils rencontrent pour faire un constat du terrain
06:40 et voir si ça rejoint notre expérience.
06:43 Et faire remonter ces problématiques à Paris pour que Paris se décide enfin
06:47 à traiter le sujet sérieusement et non pas à faire comme ils font par exemple
06:51 sur le trafic de stupéfiants, des opérations de communication a posteriori.
06:55 C'est-à-dire qu'aujourd'hui la grande mode en France c'est que vous avez une catastrophe,
06:59 une fois que la catastrophe est survenue, tout le gouvernement arrive,
07:02 on vous explique qu'on va mettre en place des procédures d'exception,
07:05 qu'on va faire en trois mois ce qu'on n'a pas fait en 50 ans.
07:07 L'émotion passe, tout le monde repart et il ne se passe plus rien.
07:12 On l'a vu, tempête Alex, les incendies de Girond, le Nord-Pascalet.
07:15 Et entre les deux c'est difficile de faire vivre l'état d'esprit de vigilance contre les crises
07:21 parce qu'on voit bien que les gens reprennent vite leurs habitudes.
07:23 Si on n'arrive pas à entretenir cet état d'esprit qu'il faut se préparer aux crises,
07:27 c'est quelque chose qu'on a du mal à maintenir.
07:30 De moins en moins, aujourd'hui très sincèrement tous les élus avec lesquels on discute
07:36 sont conscients de la problématique.
07:39 C'est très disparate parce que vous avez le maire du tout petit village
07:42 comme le maire de la grande métropole,
07:44 il y a ceux qui n'ont pas encore été frappés, ceux qui l'ont déjà été plusieurs fois.
07:47 Mais aujourd'hui il y a quand même une prise de conscience qui se fait de manière générale
07:50 parce qu'on le voit dans l'actualité dans le monde entier.
07:53 La difficulté très clairement c'est que ce discours de terrain,
07:56 ce discours de réalité aujourd'hui est totalement inaudible
08:01 par un certain milieu parisien qui lui est enfermé dans ses blocages démagogiques
08:07 et n'est pas prêt à en sortir parce que ce n'est pas dans leur logiciel.
08:10 Donc vous avez les élus sur le terrain, les acteurs de l'état sur le terrain
08:13 qui partagent tous le même constat.
08:15 Vous avez les grandes directions à Paris qui sont aussi offées
08:18 et qui constatent que ça ne marche pas.
08:20 Mais malgré cela, à l'heure où on parle, il n'y a aucune réforme de fonds,
08:25 de profondeur réelle pour lever tout ce qui paralyse l'action publique sur ce secteur.
08:31 Lors des dernières intempéries, vous avez poussé un énorme coup de gueule
08:36 concernant la loi SRU sur les logements sociaux.
08:39 Pourquoi cette réaction ?
08:41 Parce que cette réaction, ça fait des années que je dénonce l'aberration de la loi SRU,
08:48 en particulier de son application sur Mendeleïev.
08:51 Cette aberration, elle a même été confirmée et reprise par les services locaux de l'État.
08:56 En 2020, la préfecture et la DDTM des Alpes-Maritimes
08:59 avaient demandé à ce que Mendeleïev sorte de l'application de la loi SRU.
09:03 Ça a été balayé d'un revers de main par Paris,
09:05 sur instruction du ministère du Logement de l'époque, de Mme Wargon.
09:09 Pas d'exception.
09:10 Parce qu'il fallait faire du chiffre, et que les inondations ne les concernaient pas.
09:13 Ça m'a été clairement dit par son cabinet que les zones inondables, pour eux, n'étaient pas un sujet.
09:17 Et pourquoi ? Parce que, alors qu'on leur explique qu'on est totalement dans l'impossibilité de le faire,
09:23 il ne s'agit pas d'être contre le logement social.
09:25 On en a besoin, comme tout le monde, et d'ailleurs comme tous les élus de France.
09:27 Il n'y a pas un élu aujourd'hui qui vous dit "moi je suis contre le logement social".
09:29 C'est délirant.
09:31 Malgré le fait qu'on leur dise que ce n'est pas possible,
09:33 quelle a été la conséquence ?
09:35 Ils nous ont doublé l'amende.
09:36 On est passé de 800 000 euros à 1,8 million.
09:38 Et ces 1,8 million qui vont être prélevés sur les caisses de la ville,
09:43 de manière autoritaire et automatique,
09:45 la ville ne peut pas s'y opposer,
09:47 c'est 1,8 million de moins que ce qu'on investit pour protéger le territoire.
09:50 Parce qu'il faut bien se rendre compte aussi d'une chose en France,
09:53 c'est que quand une ville veut se protéger notamment des inondations,
09:56 c'est la ville qui paie et l'État qui assiste.
09:58 Donc ce que vous nous dites, c'est que ce 1,8 million,
10:00 il aurait servi notamment à protéger Mandeleuil des inondations.
10:04 Aujourd'hui, pour être clair, depuis 2019,
10:08 on a déjà investi plus de 35 millions d'euros, la ville de Mandeleuil,
10:11 sur la résilience, que ce soit dans les achats de fonciers,
10:14 la mise en place de systèmes de protection,
10:16 de faire des bassins de rétention,
10:18 on a réussi à en faire un seul compte tenu du délire des procédures administratives dans ce pays.
10:22 Et aujourd'hui l'État, sa seule réponse, c'est de vous dire,
10:25 "Moi je vous enlève de l'argent, débrouillez-vous".
10:27 Alors je vous augmente les indices des fonctionnaires,
10:29 ça vous fait de la masse arrière en plus, débrouillez-vous.
10:32 Je vous ai supprimé la taxe d'habitation, je vous laisse la taxe foncière,
10:35 mais je ne la fais pas évoluer pour compenser, débrouillez-vous.
10:38 Je vous multiplie les fonds de péréquation pour prélever sur vos finances,
10:41 pour donner, soit disant, aux villes qui ont moins d'argent, débrouillez-vous.
10:45 Et maintenant la SRU joue la place de 800 000 euros à 1,8 million,
10:48 en m'annonçant bientôt qu'elle passera à 3 millions d'euros.
10:50 Sur la loi SRU, on compromet qu'effectivement,
10:52 l'objectif annuel qui est fixé paraît inatteignable.
10:55 Mais on peut se dire aussi que depuis l'instauration de cette loi en 2000,
10:58 est-ce que Mandelieu a profité de toutes les occasions
11:01 pour pouvoir faire autant de logements sociaux que nécessaire ?
11:03 Alors oui, et je vous... Pourquoi ?
11:06 Parce qu'en fait la loi SRU, contrairement à ce qui est dit par ceux qui d'ailleurs ne la maîtrisent pas,
11:10 elle ne se base pas sur la construction de logements,
11:13 elle se base sur l'existence.
11:14 C'est-à-dire que la loi SRU, si on l'avait conçue de manière à dire
11:18 "quand vous faites un programme, vous devez tout faire pour maximiser
11:21 tant que possible les logements sociaux et on vous aide à le faire",
11:23 elle aurait été extrêmement vertueuse.
11:24 Mais cette loi, elle est devenue diabolique. Pourquoi ?
11:26 Parce qu'au lieu de faire ça, ils ont pris la photo des villes
11:29 au moment où ils ont voté la loi, pour dire "vous devez avoir 25% de la totalité en logement social".
11:33 Moi, ils me demandent de faire, en 15 mois,
11:36 l'équivalent en logement social de 15 ans de permis de construire.
11:41 C'est-à-dire que je dois, en l'espace d'un an, faire plus de constructions
11:45 qui n'ont été faites en 15 ans,
11:47 et pour atteindre l'objectif final, je dois avoir une urbanisation supérieure
11:51 sur ma ville qui n'a plus un terrain, à ce qui a été fait depuis 50 ans.
11:54 Donc vous voyez bien que c'est totalement démagogique.
11:57 Mais depuis 2000 au moins, vous n'avez manqué aucune opportunité
12:00 de créer des logements sociaux ?
12:01 Non, on le fait, mais de toute manière, aucun permis de construire
12:05 ne peut être délivré sur des bâtiments de type immeubles
12:09 sans qu'il y ait, à minima, 25 ou 30% de logements sociaux.
12:12 C'est impossible. Vous ne pouvez pas faire un immeuble
12:14 sans qu'il y ait 25% ou 30% de logements sociaux.
12:17 Et c'est ce que vous faites depuis 25 ans, et vous n'arrivez pas à atteindre le potable.
12:21 Parce qu'on ne peut pas atteindre ces chiffres, c'est impossible.
12:23 Rendez-vous compte, moi, on me demande de faire 2200 logements sociaux.
12:26 Pas parce que j'ai un besoin de 2200 logements sociaux,
12:28 mais parce que quelqu'un à Paris a écrit une loi
12:30 en disant "il me faut 2200 logements sociaux".
12:33 Pour les financer, il faut que je fasse presque 7000 logements en tout.
12:37 Sinon, ils sont infaisables.
12:39 Pour vous en donner une illustration, quand l'État, il y a quelques années,
12:41 m'avait retiré toutes les prérogatives pendant trois ans pour lui,
12:44 faire les logements sociaux à ma place,
12:46 il n'a pas été capable de faire un appartement.
12:48 Parce qu'il n'y a pas de terrain, parce que quand il y en a un,
12:51 il est tellement cher qu'il est infinançable pour faire uniquement des logements sociaux.
12:54 Et la perversion de cette loi, SRU, que tout le monde présente
12:58 comme étant la loi magnifique, il devrait peut-être se demander
13:02 pourquoi la France est le seul pays au monde à avoir une législation aussi inepte.
13:06 Tout simplement parce que, contrairement à ce qu'on vous dit,
13:08 la loi SRU organise la pénurie de logements,
13:11 notamment pour les jeunes actifs.
13:13 Parce que quand vous faites un immeuble avec 25% de logements dissociés,
13:16 les 75% qui restent, qui doivent payer cette construction,
13:20 sont inaccessibles pour les jeunes ménages.
13:22 Et les 25% de logements sociaux que vous faites, par définition,
13:25 ils sont insuffisants pour répondre à la demande.
13:28 Donc vous avez en gros une loi qui ne fait que des mécontents.
13:32 Pas assez de logements sociaux, les jeunes actifs ne peuvent pas se loger,
13:35 et vous ne faites que des appartements qui sont vendus à des gens qui ont des moyens,
13:39 mais qui ne veulent pas après les louer, tout simplement parce que le droit
13:42 est devenu tellement protecteur du locataire que si jamais ils ont désempaillé,
13:45 ils restent parfois 5 ans sans loyer.
13:46 Moi je l'ai vécu en tant qu'avocat,
13:48 même pour des personnes qui avaient très peu de revenus,
13:50 qui avaient voulu investir dans l'immobilier et le louer,
13:52 ces gens-là se sont retrouvés presque à la rue
13:54 parce que leur locataire avait décidé de ne plus payer.
13:56 Donc vous voyez, il faut reprendre le système dans sa totalité,
13:58 on n'est pas contre le logement social.
14:00 Moi j'ai besoin de logement social, je vous le dis très clairement.
14:02 - Il y a besoin parce que les gens qui ont moins de 2 000 euros net par mois
14:06 ont besoin de logement social, ils ne peuvent pas se loger dans la région.
14:08 - Oui mais c'est le problème, c'est qu'aujourd'hui vous avez en France
14:11 quasiment 70% de la population qui est éligible au logement social.
14:15 Donc déjà vous ne pouvez pas répondre à cette demande.
14:17 Vous avez aujourd'hui près de 500 000 entrées sur le territoire
14:21 qui sont aussi éligibles au logement social.
14:23 Donc de toute manière vous n'y arriverez pas non plus.
14:25 Et en imposant des lois aussi ridicules, aussi délirantes que la loi ESRU,
14:29 qui en plus s'appliquent aussi bien à des villes qui ont des terrains constructibles
14:33 que celles qui n'en ont plus aucune,
14:35 à des villes comme la mienne qui sont immondables à 80%,
14:37 c'est criminel.
14:39 Parce que moi, l'argent qu'on m'enlève de manière autoritaire,
14:42 en sachant très bien que je n'y arriverai jamais,
14:44 même les responsables de l'État me disant "c'est très bien que vous n'y arriverez pas,
14:46 c'est impossible",
14:48 cet argent qu'ils m'enlèvent en connaissance de cause,
14:50 c'est de l'argent en moins pour la protection du territoire,
14:52 donc pour la protection des biens et des personnes,
14:54 et c'est les mêmes qui font ça,
14:56 qui dès que demain il y aura une catastrophe,
14:58 viendront me dire "mais pourquoi vous avez urbanisé,
15:00 mais c'est scandaleux, pourquoi l'avez-vous fait,
15:02 les maires n'auraient pas dû construire".
15:04 Vous voyez, on est dans ce cercle totalement vicieux,
15:07 qui n'a aucun avantage,
15:09 qui n'a que des inconvénients,
15:11 et qui n'est tout simplement pas réformé,
15:13 parce que ceux qui sont dans l'exécutif ou dans le législatif aujourd'hui
15:17 n'ont jamais eu le courage de le faire.
15:19 Et c'est pour ça que j'ai écrit à Grebelyata,
15:21 quand il est devenu Premier ministre en janvier,
15:23 je lui ai demandé, puisqu'il a déclaré qu'il voulait être révolutionnaire,
15:26 d'avoir le courage,
15:28 d'avoir le courage que ses prédécesseurs, tout parti confondu,
15:30 de droite comme de gauche, n'ont jamais eu,
15:32 c'est de mettre sur la table
15:34 comment la loi SRU peut devenir une loi vertueuse,
15:36 et non pas aujourd'hui ce qu'elle est,
15:38 c'est-à-dire une loi pernicieuse.
15:40 Un mot sur la sécurité, vous avez participé il y a quelques jours
15:42 à une table ronde à Paris sur la sécurité du territoire national,
15:45 quels ont été les enseignements de ces échanges ?
15:49 Alors, ça a été une table ronde très intéressante,
15:51 puisqu'elle nous faisait participer à la fois
15:54 avec le ministère de la Défense,
15:56 les représentants de la gestion de crise,
15:58 qu'ils soient militaires ou civils,
16:00 à un constat général,
16:02 et ce que je vous disais en introduction,
16:04 aujourd'hui est partagé à tous les niveaux.
16:06 Et c'est ça qui est aujourd'hui très intéressant.
16:08 C'est que vous avez dans ce pays, deux mondes.
16:10 Vous avez le terrain et la réalité,
16:13 face à la démagogie et la philosophie.
16:16 Plus le terrain et la réalité sont dans des situations
16:20 de blocage et d'inefficacité,
16:23 plus ça remonte dans le monde de la philosophie.
16:26 Et le monde de la philosophie, sa seule réponse,
16:28 c'est d'être dans la surenchère démagogique.
16:31 Aujourd'hui, le constat, c'est quoi ?
16:33 C'est qu'il n'y a plus d'autorité de l'État sur le terrain
16:35 parce qu'elle a été dispersée
16:37 entre plusieurs acteurs et plusieurs services.
16:39 Moi, je suis un grand militant
16:41 du responsable de l'État sur le terrain,
16:43 qui est le préfet,
16:44 qui doit être en duo avec l'élu, qui est le maire,
16:46 et ce sont ces deux entités
16:48 qui doivent avoir le pouvoir de décider et d'agir.
16:51 Et que le contrôle général de l'État ne doit plus se refaire
16:53 a priori, mais a posteriori.
16:55 C'est le fameux principe de subsidiarité
16:57 dont on parle beaucoup à l'AMF
16:59 et qui est d'ailleurs cher à David Lyssena.
17:01 Ce principe-là a deux vertus.
17:03 Un, vous avez de l'action
17:05 et vous avez des responsables qui doivent rendre des comptes.
17:07 Le préfet par rapport à l'État
17:09 et le maire par rapport à ses citoyens.
17:11 La situation en France, aujourd'hui, ce n'est pas ça.
17:13 Le préfet n'a plus vraiment d'autorité
17:15 parce qu'elle a été dispersée entre 40 services.
17:17 Vous avez des services de l'État
17:19 qui ont été régionalisés, qui n'obéissent plus à personne,
17:21 ni au préfet, ni à l'État.
17:23 Vous avez une multiplication,
17:25 voire une explosion des règles
17:27 réglementaires et procédurales,
17:29 tant en interne que même sous influence européenne.
17:31 Donc aujourd'hui, en réalité, il n'y a plus de décision,
17:33 il n'y a plus de possibilité d'agir,
17:35 il n'y a plus de possibilité de faire vite
17:37 et on en arrive à une impossibilité d'anticiper.
17:40 Et moi, c'est aujourd'hui le mal français,
17:42 c'est cette paralysie systémique,
17:44 c'est presque quelque part
17:46 une nécrose générale
17:48 qui se répand de manière de plus en plus importante.
17:50 Il faut en être conscient quand on vous dit
17:52 aujourd'hui qu'on va faire, qu'on va faire, qu'on va simplifier.
17:54 Le pays n'a jamais été aussi peu décentralisé,
17:56 les règles n'ont jamais été aussi complexes
17:58 et l'action publique n'a jamais été aussi inefficace.
18:01 On est toujours le bureaucrate de quelqu'un.
18:03 Est-ce que vous, à votre niveau, vous estimez faire
18:05 tout ce que vous pouvez faire pour simplifier ?
18:07 Parce que souvent les élus qui se plaignent de la bureaucratie,
18:09 quand on va voir chez eux et qu'on demande, par exemple,
18:11 aux entrepreneurs chez eux, est-ce que vraiment, ici,
18:13 c'est beaucoup plus simple qu'ailleurs, ils disent "franchement pas".
18:15 Mais dans votre sens de lieu, vous avez le sentiment de faire
18:17 tout ce que vous pouvez pour simplifier les procédures
18:19 et rendre la vie la plus simple possible ?
18:21 Alors il faut savoir que les villes ne sont pas
18:23 responsables des normes qu'on leur impose.
18:26 Moi, en termes d'urbanisme,
18:28 les normes ce n'est pas moi qui les impose, on me les impose.
18:30 Moi ce que j'essaie de faire,
18:32 c'est dans mes documents d'urbanisme,
18:34 de resimplifier la règle,
18:36 de la rendre compréhensible
18:38 et d'avoir en quelque chose
18:40 qui préserve le territoire par rapport à son évolution naturelle.
18:43 Aujourd'hui, nous, on essaie d'être dans l'efficacité et le résultat.
18:46 Aujourd'hui, vous savez, moi je suis aussi un fervent partisan
18:49 de "on rend des comptes sur ce qu'on a dit".
18:51 Quand on fait un programme, on doit expliquer ce qu'on a fait,
18:53 ce qu'on n'a pas fait, et pourquoi on ne l'a pas fait,
18:55 et si on peut le faire ou pas.
18:57 Mais il ne faut pas arrêter les grands discours,
18:59 les grandes promesses, et puis de l'un à l'autre faire autre chose.
19:01 Donc les villes, aujourd'hui, elles sont dans un étau.
19:03 Vous avez les explosions de normes,
19:06 vous avez de moins en moins de pouvoirs.
19:08 Il faut savoir qu'un maire, aujourd'hui, n'est plus maître de grand chose.
19:11 Votre urbanisme, ce n'est pas le maire qui fait son urbanisme.
19:13 Il est soumis à tous les niveaux, au contrôle de l'égalité,
19:16 donc à l'État, qui vous impose parfois des choses totalement différentes.
19:20 Et là, j'en veux la dernière idée en date qu'ils ont eue sur un comptable,
19:23 c'est le zéro artificiation net, le fameux ZAN.
19:26 On vous dit aujourd'hui qu'il ne faut plus construire,
19:28 en même temps on vous dit qu'il faut faire de la SRU,
19:30 ou on vous dit qu'il faut aller sur, vous voyez notre illustration,
19:33 pour vous donner une anecdote.
19:34 On nous fait faire des zones pour accélérer les nouvelles énergies.
19:37 On nous fait faire des grands trucs,
19:39 il faut déterminer des zones avec des potentiels pour faire de la nouvelle énergie,
19:42 soit disant pour avoir des règles plus simples.
19:44 On a posé la question à l'État,
19:46 quelle est la différence entre une zone identifiée
19:49 comme pour accélération des nouvelles énergies et une zone normale ?
19:53 Personne n'a pu vous répondre.
19:55 En fait, encore là, aucune différence, c'est de la com'.
19:59 Donc on fait des grands dessins, mais il n'y a rien derrière.
20:01 - Vous soyez favorable à davantage de décentralisation ?
20:04 - Non seulement j'y suis favorable, mais aujourd'hui,
20:06 ces décentralisations, elles sont en train d'être complètement démantelées
20:11 de plus en plus.
20:12 Vous voyez, quand on parle de logement social,
20:14 ils ont fait une loi, soit disant, de simplification, la 3DS.
20:17 C'était un grand discours, on va vous rendre le pouvoir au territoire.
20:21 Aujourd'hui, pour donner un logement social,
20:23 ils ont inventé une grille de notation avec 50 critères,
20:26 avec des points à donner sur les 50 critères,
20:29 pour savoir si le dossier a plus ou moins de points que son voisin.
20:32 En fait, aujourd'hui, le délire aussi pour attribuer un logement,
20:36 c'est presque devenu l'équivalent du protocole pour lancer une fusée Ariane.
20:40 Donc on prend beaucoup plus de temps, ça consomme une énergie énorme,
20:45 et le citoyen n'y comprend plus rien.
20:48 Et ça, malheureusement, c'est généralisé.
20:51 Il n'y a pas un secteur aujourd'hui où on a quelque chose de simple,
20:54 basé sur le résultat et l'efficacité.
20:56 Tout n'est que usine à gaz, complexification, etc.
21:01 - Alors, on va parler plus précisément de Mendeleuil.
21:04 Les travaux de métamorphose du bord de mer ont débuté en janvier.
21:07 Pourquoi ce chantier, qui a nécessité 8 ans de procédure, est-il si compliqué ?
21:12 - L'élargissement des berges, cette première phase,
21:14 moi, elle me tient particulièrement à cœur,
21:16 parce que c'est un dossier sur lequel, comme vous le disiez,
21:18 on a travaillé pendant 8 ans,
21:20 et 8 ans pour avoir les autorisations.
21:22 Parce qu'on touche à l'eau.
21:23 Il faut savoir qu'en France, dès qu'on touche un milieu aquatique,
21:26 on est face à un mur énorme.
21:28 Moi, quand j'ai voulu lancer ce projet, on m'avait dit à l'époque,
21:30 c'est même pas la peine d'y penser, ne perdez pas votre temps,
21:32 vous n'aurez jamais le droit de le faire.
21:34 Donc, on s'est entêtés.
21:35 Pourquoi on le fait ?
21:36 Tout simplement parce qu'on a une voie départementale
21:39 qui a été construite sur une berge,
21:40 qui passe sous un viaduc ferroviaire.
21:42 Cette berge s'est fondrée dans la mer, très très simplement.
21:46 On a dû faire des travaux en urgence
21:47 qui nous ont quand même coûté 1 million d'euros en 2018.
21:49 Parce que quand la SNCF est venue changer le viaduc ferroviaire,
21:52 ils ont mis une des plus grandes grues d'Europe sur ce site,
21:54 et si on n'osait pas ces travaux, elles tombaient dans l'eau.
21:56 Donc après, l'idée, c'était quoi ?
21:58 C'est de conforter la berge pour sécuriser la voie,
22:01 élargir pour les piétons et les vélos,
22:03 parce qu'il y a l'Euro Vélo 8 qui va passer,
22:04 mais c'est surtout aussi de régler un problème hydraulique.
22:06 Parce que la cyane à cet endroit faisait un ventre,
22:10 ce qui cassait le courant quand il sortait,
22:12 créait un tourbillon et empêchait l'eau de s'écouler en mer.
22:15 Donc en faisant ça, c'est un petit peu comme de la plomberie,
22:18 on réduit le flux et on accélère le courant pour qu'on ait une...
22:23 Donc c'est très vertueux, mais il nous a fallu 8 ans
22:26 pour réaliser toutes les épreuves, on va dire, réglementaires.
22:30 - Alors à propos des épreuves réglementaires
22:32 et quelque chose qui concerne notre milieu,
22:34 Mandeleux, est-ce que c'est toujours favorable à accueillir Canoe Island,
22:37 donc cette plage flottante qui a tant fait polémique l'été dernier ?
22:41 - Alors ça aussi, c'est un dossier qui m'a quand même sidéré l'année dernière,
22:45 parce que je ne pouvais pas imaginer qu'en France,
22:47 on soit capable de vivre des situations pareilles.
22:50 Il faut savoir que le projet de Canoe Island,
22:52 ce n'est pas un projet de la ville de Mandeleux.
22:54 C'est un projet de l'État et de la région, qui l'ont financé.
22:58 Mandeleux n'a pas mis un euro dedans.
23:00 Nous, le principe, la discussion qu'on a eue avec les services de l'État,
23:03 c'était qu'on leur avait expliqué que vu qu'ils faisaient ce projet,
23:05 on était favorable pour l'expérimenter au large de Mandeleux,
23:07 parce qu'on avait un rivage qui s'y prêtait.
23:09 On avait mis des conditions de préservation un petit peu du rivage,
23:14 on ne voulait pas de bruit la nuit, ni tard en soirée,
23:16 on voulait avoir toutes les garanties environnementales qu'on avait.
23:19 Ce navire, puisque c'est un navire,
23:21 c'est peut-être un des plus écolos de Méditerranée.
23:24 Ce qui s'est passé, c'est qu'on a eu un combat politique
23:26 qui a été mené par le président de région,
23:28 qui pour taper Mandeleux, parce qu'il ne peut pas supporter Mandeleux,
23:30 a été faire tout un scandale politique en disant que c'était inacceptable.
23:33 Oubliant au passage que c'est lui qui l'avait garanti et financé.
23:36 Parce que la région est quand même garante d'un million d'euros.
23:39 Donc, comme il n'y est pas arrivé, qu'est-ce qu'il a fait ?
23:41 Il a été à Paris pour se plaindre,
23:44 et Paris a donné instruction aux services de l'État en local
23:47 de violer la loi et de bloquer le projet sans fondement juridique.
23:51 Donc, les services de l'État ont violé la loi pour bloquer Canyon Island.
23:55 Et on en est où aujourd'hui ?
23:56 Eh bien, l'État a été condamné deux fois en justice.
23:59 Ce qu'il veut dire derrière, et je vous le dis en passant,
24:01 c'est que comme ils n'ont pas pu travailler,
24:03 ils vont faire un recours indemnitaire et que c'est le contribuable qui va payer,
24:05 ça va coûter plusieurs millions d'euros aux contribuables français
24:08 pour faire un caprice au président de région.
24:10 Aujourd'hui, quel est le sujet ?
24:12 L'année dernière, on avait un projet qui était intéressant pour la ville,
24:15 ouvert au grand public, des garanties de ne pas avoir de bruit le soir,
24:19 on avait un zone de mouillage qui était identifié,
24:22 où il n'y a que du sable et pas d'agres.
24:24 Donc, on avait toutes les garanties, c'était intéressant pour la ville,
24:26 il y avait des rentrées financières et ça développait le territoire.
24:29 À ce stade, pour cette année, Canyon a donc ses autorisations,
24:33 mais je n'ai pas eu aujourd'hui de projet sur lequel travailler
24:38 pour la ville de Montpellier en termes d'attractivité,
24:40 d'ouverture au public, etc.
24:42 C'est-à-dire qu'ils ne sont plus candidats ?
24:44 Alors, aujourd'hui, je pense qu'ils ont compris que l'État français n'était plus fiable,
24:47 donc je pense qu'ils vont vouloir quand même essayer de travailler,
24:50 mais moi, à Montpellier, j'ai posé des conditions,
24:52 c'est que s'ils veulent venir, il faudra qu'ils remplissent les critères.
24:54 À ce stade, et à l'heure où je vous parle,
24:56 je n'ai pas un dossier qui me permette de me prononcer.
24:59 Donc là, actuellement, je n'ai pas de projet qu'à nous annoncer,
25:04 peut-être que si maintenant, la semaine prochaine,
25:06 ils viennent avec quelque chose de détaillé, je vous en parlerai,
25:08 mais là, au moment où nous faisons cette interview,
25:10 je n'ai pas ces données.
25:12 La mandolossienne Louise Cervera est la première athlète tricolore
25:15 à être sélectionnée pour les Jeux Olympiques de Paris en dériveur solitaire.
25:19 C'est une vraie fierté pour Mandelieu ?
25:21 Complètement, parce que Louise est déjà une enfant du territoire,
25:27 mais c'est aussi une sportive qui est très engagée dans notre centre nautique,
25:30 auprès des jeunes, qui a fait toute sa formation à Mandelieu,
25:33 qui est vraiment une amoureuse de la mer,
25:37 et c'est la première athlète sélectionnée pour les Jeux Olympiques,
25:40 et elle représentera la France dans sa catégorie,
25:42 donc on la soutient, on est avec elle,
25:44 et d'ailleurs, j'espère qu'il y en aura bientôt d'autres qui vont suivre,
25:48 je pense notamment à Mickael Zezé, qui va concourir pour l'athlétisme.
25:52 À propos de Jeux Olympiques, mercredi, Marine Le Pen était invitée de France Inter,
25:56 si vous voulez bien, on écoute la présidente du groupe RN à l'Assemblée Nationale.
26:00 Ayanna Kamoura, qui chanterait Piaf en ouverture des JO, c'est un beau symbole pour vous ?
26:04 Non, non, pas du tout, c'est pas un beau symbole,
26:06 honnêtement, c'est une provocation supplémentaire d'Emmanuel Macron,
26:11 qui doit tous les matins se lever en se disant "comment est-ce que je vais réussir à humilier le peuple français,
26:16 comment je vais réussir à les indigner ce matin ?"
26:18 Et aujourd'hui, il est produit que s'il arrive à en trouver une par jour d'idées pour humilier et indigner les Français.
26:25 Pourquoi Ayanna Kamoura, qui est la chanteuse la plus écoutée dans le monde,
26:29 la chanteuse française la plus écoutée dans le monde,
26:31 qui chanterait du Piaf, ça humilierait le peuple français ?
26:34 Parce que Ayanna Kamoura est...
26:37 Honnêtement, je ne vais même pas vous parler de l'entourage.
26:43 Je vais vous parler de sa tenue, de sa vulgarité, du fait qu'elle ne chante pas français,
26:49 elle ne chante d'ailleurs pas étranger non plus, elle chante on ne sait pas quoi.
26:52 C'est du métissage ?
26:53 Non, c'est pas du métissage, c'est du n'importe quoi.
26:57 Regardez, lisez les paroles de ses chansons.
27:00 Est-ce que vous êtes d'accord avec Marine Le Pen ?
27:03 Écoutez, moi, est-ce que c'est un choix qui m'a enthousiasmé ?
27:07 À titre personnel, clairement non.
27:09 Je ne veux pas du tout rentrer dans ce débat aujourd'hui totalement grotesque,
27:14 ou dès qu'on critique, ou dès qu'on n'est pas d'accord, tout de suite ça sombre dans le "ah, vous êtes raciste", etc.
27:19 Non, pas du tout, il s'agit de juger une artiste.
27:21 Moi, ce n'est pas mes goûts musicaux.
27:24 Maintenant, je pense que ce qui est problématique dans cette situation,
27:28 c'est que c'est une décision unilatérale du Président de la République qui est tombée comme ça.
27:31 On a presque le sentiment que c'est un caprice qu'il fait.
27:34 Est-ce que c'était au Président de la République de choisir le chanteur qui va faire l'ouverture des Jeux Olympiques ?
27:38 Je n'en suis pas persuadé.
27:40 J'aurais aimé que les Jeux Olympiques, qui sont censés être une fête qui porte le peuple et la France,
27:43 soient quelque chose qui doivent se faire dans l'enthousiasme général,
27:47 et qui est quand même un choix qui aurait pu être peut-être plus consensuel ou plus général.
27:51 Peut-être que ce serait elle aussi à la fin qui aurait été choisie.
27:53 Mais au moins que ce n'est pas le sentiment que ça tombe encore par le haut,
27:56 parce qu'il y a aussi ça qui ne passe pas.
27:58 On vous impose, on vous décide, le plaisir du roi et d'avoir tel artiste.
28:02 - Ça on a bien compris que le tas Jacobin, ce n'était pas forcément votre tas de thé.
28:05 Par rapport au RN aujourd'hui, qu'est-ce qui distingue encore les Républicains du RN ?
28:09 Parce qu'on dit que le Républicain est souvent très très proche aujourd'hui du RN.
28:13 Quelle est la différence fondamentale entre les deux ?
28:15 - Mais quelle est la différence fondamentale des Républicains du RN ?
28:20 Très clairement, aujourd'hui, le parti des Républicains, auquel j'appartiens, vous le savez,
28:24 moi j'en attends aussi une profonde métamorphose.
28:27 C'est-à-dire qu'il y a des thèmes régaliens sur lesquels on a toujours été,
28:31 dans la théorie, ils forment, mais dans la pratique,
28:33 quand on a été au pouvoir, on n'a pas fait ce qu'il fallait faire.
28:36 Mais moi très clairement, je pense que le parti des Républicains, sa différence,
28:39 c'est qu'il n'a pas sombré dans un certain populisme économique,
28:42 notamment, qui aujourd'hui, quelque part, discrédite aussi ce que disait le RN.
28:48 D'ailleurs qui en revient, vous savez, aujourd'hui par exemple,
28:50 quand on reparle de l'Europe, ils ont complètement évolué sur le sujet.
28:52 Mais en ce qui me concerne personnellement,
28:54 moi je vous dirais que sur ce qui est sécurité régalien,
28:56 je peux être parfois beaucoup plus dur que ne serait même le RN.
29:00 Parce que c'est ma conviction.
29:01 Moi je pense que le parti des Républicains est un parti qui doit se réinventer.
29:04 J'ai confiance dans Éric Ciotti, qui est quelqu'un de bien de parole et de valeur, surtout.
29:08 Mais on ne peut pas continuer à faire de l'entre-soi parisien.
29:13 Il faut avoir une action de terrain.
29:15 Moi aujourd'hui, c'est ça qui est important.
29:16 Je pense que ce qu'il doit remporter dans la politique française,
29:18 c'est la vision à la fois pour un pays, mais aussi pour un peuple,
29:22 pour des valeurs nationales, pour des valeurs universelles,
29:25 mais qu'on refasse de la France un grand puits et surtout un pays puissant.
29:29 Et pour ça, il ne s'agit plus de faire de la politique,
29:31 de savoir qui est de tel parti ou de tel parti.
29:33 La seule chose qui compte, c'est le terrain.
29:34 Moi je peux vous dire par exemple que à l'AMF,
29:36 quand je discute de ça, je m'entends très bien avec des gens de gauche comme de droite.
29:39 Vous voyez, ce n'est pas une question de parti.
29:41 C'est une question de vision.
29:42 – Et en parlant de l'AMF, David Lissnard,
29:44 c'est la personne idéale pour vous aujourd'hui
29:50 par rapport à tout ce que vous dites,
29:52 c'est vraiment le discours qu'on entend aussi de David Lissnard,
29:54 c'est celui que vous encouragez le plus à aller le plus loin possible ?
29:58 – Moi, David Lissnard, pour vous, très rapidement,
30:01 pour vous dire, moi c'est quelqu'un avec qui je travaille depuis maintenant plus d'une décennie.
30:05 Avec laquelle nous avions eu même des contentieux très puissants à l'époque.
30:08 Vous savez qu'entre Cannes et Montdelieu, quand on disait qu'il y avait une opposition,
30:13 c'était même plus que ça, c'était une guerre de tranchées, très clairement.
30:16 On a appris à se connaître, on a travaillé ensemble, on a mené des projets.
30:19 Et aujourd'hui, ce qui nous anime, c'est le résultat, encore une fois.
30:23 Mais c'est aussi le sens de la réalité.
30:25 Et moi, ce que j'apprécie en lui déjà, je pense être tout à fait d'accord
30:29 sur ce principe avec ses grandes lignes, c'est que ce qui compte, c'est de sauver la France.
30:33 On arrive à une croisée des chemins.
30:35 Et quand je vous dis ça, je pèse mes mots.
30:37 Aujourd'hui, la France est sur le point de basculer.
30:39 Ce qui se passera dans les années qui viennent va être déterminant pour l'avenir.
30:43 Vous savez, un pays, ce n'est pas quelque chose d'inné.
30:45 Quand je vois, souvent, je discute, j'ai l'impression que tout a toujours été acquis en France.
30:48 La liberté, la prospérité, la sécurité.
30:51 Il faut savoir que c'est faux.
30:53 On est dans un monde qui est extrêmement récent, extrêmement fragile
30:55 et qui n'est pas voué forcément à durer si on ne fait pas des efforts pour le faire.
30:58 - C'est extrêmement mobile.
30:59 - Donc moi, aujourd'hui, je pense que, très clairement,
31:02 l'AMF a cette puissance de faire un constat transpartisan.
31:06 On est sur ce qui marche pas à ce qui marche.
31:09 On écoute la sensibilité de chacun.
31:11 On a nos divergences, très clairement.
31:13 David Distan lui porte un discours qui est celui de la réalité aussi, ce que j'apprécie.
31:17 Et on a beaucoup de points communs sur ces sujets-là.
31:20 Mais moi, je vous le dis, si la France ne redevient pas un pays puissant, respecté à l'extérieur comme à l'intérieur,
31:26 nous allons avoir des moments extrêmement durs à vivre.
31:29 - Alors, avant de terminer, on passe à la question perso.
31:32 - On vous compare souvent à votre oncle Henri Leroy,
31:42 qui a été le maire de Mandelieu de 1995 à 2017,
31:47 auquel vous avez donc succédé en 2017.
31:50 Est-ce que ça vous flatte ou est-ce que ça vous agace ?
31:52 - Non, ça me flatte.
31:54 Vous savez, moi, j'ai toujours été très, très proche de mon oncle.
31:57 J'ai beaucoup de respect et d'admiration pour ce qu'il a incarné,
32:00 parce que c'était un officier de gendarmerie.
32:03 Il s'est retrouvé en politique.
32:05 Et c'est vraiment quelqu'un qui n'a toujours été animé que par une seule chose.
32:09 C'est le bien commun du citoyen et de la France.
32:12 Et il porte ses valeurs intrinsèquement.
32:14 Moi, je l'ai toujours connu comme ça.
32:16 C'est vraiment un soldat de la République.
32:18 Et aujourd'hui, au Sénat, d'ailleurs, il continue à mener ce combat.
32:20 Donc moi, je suis extrêmement fier qu'on me compare avec lui.
32:23 Maintenant, c'est vrai que quand on porte le même nom
32:26 et qu'on succède un exécutif, naturellement,
32:29 au début, tout le monde pense, se demande s'il va y avoir une vraie différence.
32:32 Et quelque part, moi, je suis dans la continuité avec mes différences.
32:36 Mais quand je parle de la ville, moi, quand je parle de la ville,
32:39 je dis très clairement que notre majorité, elle dirige la ville depuis 1995.
32:42 Vous voyez, je ne m'inscris pas dans une rupture.
32:45 Il y avait Henri Leroy et Sébastien Le Roy.
32:47 - Et c'est quoi la différence entre les deux ?
32:49 C'est quoi la différence entre Henri et Sébastien ?
32:51 - Quand moi-même le dis, c'est que je peux être parfois beaucoup plus dur que lui.
32:55 - Merci beaucoup Sébastien Leroy. - Merci à vous.
32:58 - Merci Frédéric. Merci à tous de nous avoir suivis.
33:00 Merci à Sophie Doncé et Philippe Bertigny pour la réalisation de cette émission.
33:05 À Christelle Benjamin pour sa préparation.
33:07 On se retrouve samedi prochain pour une nouvelle édition de l'Interview à la Une.
33:11 Bonne journée et bon week-end à tous.
33:13 [Musique]
33:20 [SILENCE]

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