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Une enquête du Washington Post révèle comment les talibans parviennent à contourner les sanctions américaines et investir les réseaux sociaux pour y faire leur propagande.

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00:00 Voici à quoi ressemblerait Kaboul, la capitale de l'Afghanistan aujourd'hui.
00:04 Une ville moderne, aux infrastructures flambant neuves,
00:07 et où tout le monde semble s'amuser en toute liberté,
00:10 y compris les militaires qui arpentent les rues en roller.
00:12 Des vidéos comme celle-ci, il y en a des centaines sur YouTube,
00:16 alors que celles qui offrent une image moins glorieuse de l'Afghanistan
00:19 semblent au contraire avoir disparu des plateformes.
00:21 Selon une enquête du Washington Post, tout ça n'a rien d'anodin.
00:24 Depuis leur retour à la tête de l'Afghanistan en août 2021,
00:28 les talibans, un groupe de fondamentalistes islamistes ultra-conservateurs,
00:32 multiplient les initiatives pour redorer leur image à l'international
00:36 et paraître plus moderne.
00:37 Eux qui détruisaient des téléviseurs et brûlaient des films
00:39 lorsqu'ils dirigeaient le pays dans les années 90,
00:42 investissent désormais massivement les réseaux sociaux,
00:44 et en particulier YouTube, qu'ils voient comme un vecteur de propagande.
00:48 Pour ce faire, ils ont mis en place plusieurs stratégies,
00:50 explique le quotidien américain.
00:52 D'abord, l'instauration d'une censure de la population
00:55 en arrêtant, interrogeant et menaçant toute personne
00:58 qui ternirait l'image du pays sur les réseaux sociaux.
01:00 Ensuite, en attribuant des autorisations de diffusion sur YouTube
01:04 aux influenceurs dont le travail est considéré comme bénéfique au régime.
01:07 Ces licences sont très convoitées et érigent les comptes de ces influenceurs
01:11 au même rang que les chaînes de télévision officielles.
01:13 Cela leur permet de gagner en visibilité sur les réseaux sociaux
01:17 et donc de pouvoir éventuellement augmenter leurs recettes publicitaires.
01:20 Selon l'enquête du Washington Post,
01:22 les influenceurs les plus performants peuvent gagner des milliers de dollars par vidéo,
01:26 une somme astronomique en Afghanistan
01:28 où le salaire mensuel d'une centaine de dollars est considéré comme un bon revenu.
01:32 Pour recevoir cet argent et contourner les sanctions bancaires
01:35 mises en place par les Etats-Unis,
01:37 les youtubeurs afghans sont aidés par des associés
01:39 basés dans des pays occidentaux qui leur transfèrent les paiements.
01:42 Pour éviter également d'être censurés par YouTube,
01:44 les chaînes sont souvent domiciliées à l'étranger grâce à des VPN,
01:48 comme ici où l'on peut voir la mention "Australie" dans les informations du compte,
01:52 un système bien rodé contre lequel YouTube a surluté.
01:55 A ainsi affirmé un porte-parole du réseau américain au Washington Post.
02:03 Mais cette modération semble difficile à entreprendre.
02:06 Chaque mois, des nouveaux comptes de propagande afghans émergent sur YouTube.
02:10 Ces chaînes connaissent parfois un véritable succès
02:13 et sont suivies par plusieurs centaines de milliers d'abonnés,
02:16 d'entre eux, de nombreux réfugiés afghans,
02:18 curieux de connaître l'évolution de leur pays d'origine.
02:20 Ils représentent 90% des audiences.
02:23 Même si l'ensemble de ces vidéos s'efforcent de mettre en valeur
02:25 la modernité supposée des talibans,
02:27 les femmes afghanes y sont totalement absentes.
02:29 Il faut dire que ces dernières n'ont aucun droit dans le pays
02:32 et sont totalement exclues de l'espace public.
02:34 Selon le journal en exil 8IM Media, en février 2024,
02:38 les talibans ont même interdit à la presse de les interviewer,
02:41 une réalité bien loin de la modernité et de l'aquiétude prônée sur YouTube.
02:45 [Musique]
02:48 [SILENCE]

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