C'est bien connu, les réseaux sont loin d’être des safe places pour les femmes. Il suffit de voir les chiffres pour s’en rendre compte, 84% des victimes de violence en ligne et de cyberharcèlement sont des femmes. Entre sexisme, grossophobie ordinaire, sexualisation des corps, tendance malsaine… Les femmes doivent redoubler de vigilance sur les plateformes, et elles en ont marre.
Du coup, certaines trouvent des solutions pour contrer la misogynie ambiante.
Retrouvez la chronique "Veille Sanitaire" de Manon Mariani sur https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/veille-sanitaire
Du coup, certaines trouvent des solutions pour contrer la misogynie ambiante.
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AmusantTranscription
00:00 Je sais Patrick que le doux fumet qui émane de sa personne vous donne envie d'ouvrir
00:03 une bouteille de vin du Jura, mais non, ce n'est pas encore l'heure de la raclette,
00:06 c'est l'heure de la veille sanitaire.
00:08 C'est goûtu aussi ! Manon, chaque après-midi, un point sur ce qui agite les réseaux sociaux.
00:12 Aujourd'hui, vous nous parlez de sororité.
00:14 Je vous le dis souvent dans cette chronique, mais les réseaux sont loin d'être des
00:16 safe places pour les femmes.
00:18 Il suffit de voir les chiffres pour s'en rendre compte.
00:20 84% des victimes de violences en ligne et de cyber-harcèlement sont des femmes.
00:25 Entre sexisme, grossophobie ordinaire, sexualisation des corps, tendance malsaine, les femmes
00:29 doivent redoubler de vigilance sur les plateformes et elles en ont marre.
00:33 Du coup, certaines trouvent des solutions pour contrer la misogynie ambiante.
00:37 C'est le cas de Claire Succot, 32 ans, qui est à la tête du compte Instagram Meuf Paris
00:41 au plus de 216 000 followers.
00:43 Elle y poste des contenus engagés qui parlent aux femmes.
00:47 Elle parle aussi bien de culottes de raie que de violences sexuelles, de contraception
00:50 et de leur corps.
00:51 Et vu le succès de son compte, Claire a voulu aller encore plus loin en créant un réseau
00:56 social 100% réservé aux femmes.
00:59 Son nom, Meuf, tout simplement.
01:01 Et comment ça se présente ?
01:02 Alors déjà, il faut passer par une liste d'attente.
01:04 En fait, il y a eu tellement de demandes pour s'inscrire sur le réseau que la créatrice
01:07 a dû créer cette liste pour ne pas être dépassée.
01:10 Parce que s'inscrire sur Meuf, ce n'est pas aussi facile que de se créer un compte
01:13 Facebook.
01:14 Chaque identité est minutieusement vérifiée avec une photo et une carte d'identité.
01:19 Et après, ça fonctionne comme un réseau social.
01:22 On a un profil, on peut y poster des photos, des vidéos et des messages vocaux.
01:26 Le but est vraiment de créer une safe place pour les femmes qui ne veulent parler qu'entre
01:30 femmes.
01:31 Claire Succot prend son exemple personnel pour justifier sa démarche.
01:34 Son avortement en 2017 qu'elle a mal vécu.
01:36 Elle dit qu'elle n'a pas trouvé l'endroit sur internet pour pouvoir en parler et y trouver
01:41 des conseils.
01:42 Là, avec Meuf, ça pourra donc être le cas.
01:44 Elle veut même créer une carte interactive où les femmes pourront trouver des ressources
01:48 pour elles.
01:49 Par exemple, un endroit où trouver un tampon en urgence sans passer par la case supermarché.
01:54 Vous avez l'air de valider le projet en tout cas.
01:55 Bien sûr, j'ai fait une demande pour m'inscrire car ça m'intrigue de voir à quoi ça ressemble
01:59 réellement.
02:00 Et je valide d'autant plus que le dernier rapport du Conseil d'égalité Hommes-Femmes
02:03 montre une réalité assez flippante sur ce qu'on trouve sur les réseaux.
02:07 Par exemple, sur Instagram, 69% des contenus partagent des stéréotypes de genre.
02:13 Et sur TikTok, 61% des vidéos présentent des comportements masculins stéréotypés.
02:18 Forcément, je comprends que ça ne donne pas envie à certaines femmes d'y rester.
02:21 Entre les masculinistes qui font la promo de leur misogynie, les tendances malsaines
02:26 qui dénigrent les corps des femmes et les antiféministes qui malheureusement prennent
02:29 de plus en plus de place, c'est quand même compliqué de s'y sentir bien.
02:33 C'est aussi pour ça qu'il y a des lieux qui sont créés par des femmes et pour les
02:37 femmes sur les réseaux.
02:38 Je pense par exemple au groupe dont je vous ai déjà parlé qui cartonne sur Facebook
02:42 « Are we dating ? » de Same Guy où des femmes s'échangent des informations sur
02:45 les hommes qu'elles datent pour éviter de tomber sur des harceleurs potentiels.
02:49 Alors, ça peut paraître assez rude comme démarche, ça a même un côté délation
02:52 qui me dérange un peu, mais elles partent du principe qu'il vaut mieux prévenir que
02:56 guérir.
02:57 Et puis sur Instagram, il y a quand même de plus en plus de comptes consacrés aux femmes.
03:00 Je vous parlais de celui de Meuf Paris en début de chronique, mais il y a aussi celui
03:03 de Camille au Mont-Carnel qu'on avait reçu ici, je m'en bats le cliteau, qui parle
03:07 de plaisir féminin.
03:08 Celui de l'association « Dis bonjour sale pute » qui parle de violences sexistes ou
03:11 de J't'aime qui fait passer des messages féministes à travers ses « dessins ».
03:15 Des comptes créés par des femmes engagées de 30 ans et qui sont devenues des véritables
03:19 refuges pour des centaines de milliers de femmes.
03:21 Et c'est la preuve qu'il y a quand même des bonnes choses sur les réseaux.
03:23 Évidemment, après c'est quand même très triste d'en arriver là.
03:27 On se réjouit quand même d'une femme qui a créé un réseau social rien que pour les
03:30 femmes car elles ne se sentent pas assez en sécurité sur les plateformes traditionnelles.
03:34 Et le problème c'est que même si ce genre d'initiative est top, elle reste à petite
03:38 échelle.
03:39 Donc la majorité des femmes resteront sur Instagram, sur TikTok et sur les autres, donc
03:43 dans des environnements parfois malsains.
03:45 Encore une fois, c'est la modération de ces réseaux qu'il faudrait remettre en
03:48 question et tout leur fonctionnement autour des stéréotypes de genre qu'ils ne font
03:52 que perdurer.
03:53 Ce n'est pas normal de voir qu'aujourd'hui même les femmes influentes se font cyber harceler.
03:57 J'ai l'impression par exemple d'avoir parlé des dizaines de fois dans cette VS
04:00 des vagues de haine en ligne que subit les namafouf.
04:02 En fait, ça devient tellement constant que pour beaucoup c'est devenu la norme.
04:06 En fait, il y a une forme de logique car ceux qui dirigent les réseaux sociaux les plus
04:09 mainstream sont majoritairement des hommes.
04:11 Je ne dis pas que c'est ça la cause principale, mais ça fait évidemment partie du problème.
04:17 Et il faudrait peut-être commencer par attaquer ce fameux problème à la source et donc mettre
04:22 plus de femmes à la tête de ces plateformes.
04:24 Vous par exemple.
04:25 Oui, pourquoi pas !
04:26 Oui, c'est comme vous poulencez comme candidature j'ai l'impression.