Marion du B', auteure de romans thérapeutiques, s'est confiée à la rédaction. Elle nous parle de son burn-out parental, une expérience malheureusement partagée souvent en silence, par de nombreux parents.
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00:00 Bonjour tout le monde, moi c'est Marion Dubé, je suis auteure de romans humoristiques à visée thérapeutique
00:05 et j'ai fait un burn-out parental.
00:06 Alors qu'est-ce que c'est le burn-out parental ?
00:08 Je pense que vraiment c'est quand on sent qu'on se perd et qu'on est dans une espèce de torrent,
00:16 d'une espèce de tourmente qui fait que tout nous envahit, tout nous immerge
00:21 et qu'en fait on se sent complètement dépassé mais aussi en plus complètement dévalorisé
00:26 dans ce qu'on est en tant qu'humain. On se perd, on ne sait plus pourquoi on est là sur cette terre
00:32 et en fait souvent on perd le goût de vivre.
00:35 Je pense que j'ai commencé à m'alarmer en fait quand je vivais des moments absolument extraordinaires avec mon bébé
00:40 mais parallèlement à ça j'avais juste envie de mourir et j'étais en plus quelque part convaincue
00:45 que mon enfant irait mieux si je ne faisais plus partie de sa vie parce que j'avais l'impression d'être complètement nulle
00:51 dans mon rôle de mère.
00:52 Je n'existais plus du tout en tant que femme, j'étais déconnectée de mon corps.
00:57 8 heures par jour j'allaitais et en fait j'avais l'impression d'être au service de tous et sans âme en fait.
01:03 J'avais vraiment l'impression de devenir une machine.
01:06 Ce qui a été vraiment l'élément déclencheur ça a été l'envie de me jeter par la fenêtre tout simplement
01:12 et du coup le point de départ ça a été de me présenter de mon propre chef à la porte des urgences psychiatriques
01:19 et demander de l'aide. Du coup j'y suis restée quasiment une semaine
01:22 et pendant cette semaine j'avais mon bébé seulement le soir pour pouvoir m'intolèrer à l'allaitement
01:27 et durant la journée en fait je ne faisais que me reposer, reprendre du temps pour moi, je me suis mise à la lecture.
01:32 J'étais tout le temps en train de ressasser le corps, se reposer, le cerveau, pas du tout.
01:37 J'ai pu découvrir que j'étais hyper sensible et j'ai pu comprendre pourquoi pour moi ça prenait des proportions aussi extraordinaires
01:45 et ce fossé en fait qui me séparait des réactions de mon conjoint qui ne comprenait pas du tout pourquoi j'étais autant submergée.
01:51 Ce que je sais c'est qu'on est complètement en décalage avec la société.
01:55 Après chaque histoire est unique et effectivement dans la mienne il y a eu en plus un truc en plus qu'il faut prendre en considération
02:00 c'est que je portais le deuil de ma mère qui était décédée cinq mois avant ma grossesse.
02:05 Donc je pense que le burn out c'est vraiment, je ne dirais pas une question de malchance,
02:09 je dirais juste que c'est une convergence de beaucoup d'éléments et ce n'est pas lié juste à la maternité,
02:14 ça peut être par la maternité, par le prisme de notre hypersensibilité ou pas,
02:20 à travers un travail qui déjà nous demande beaucoup trop, un conjoint qui n'est pas assez présent ou mal présent,
02:26 une famille, une belle famille qui vient poser des injonctions sur la mère que tu es.
02:31 C'est l'addition, c'est l'équation de tout ça qui donne ce résultat en fait.
02:34 Alors quand je suis rentrée à la maison après mon séjour en hôpital psychiatrique, douche froide en fait, rien n'avait changé
02:40 parce qu'en fait vous pensez que l'environnement va changer, sauf qu'en fait la réalité c'est que pas du tout,
02:45 puisqu'ils étaient convaincus que le premier m'était moi.
02:47 Donc tout le monde a continué à agir comme il le faisait avant.
02:51 J'ai dû me forcer à faire un travail sur moi-même et à trouver en moi toutes les clés, toutes les solutions,
02:56 parce que si on attend que la belle-mère elle soit bienveillante, si on attend que le conjoint il vienne nous aider,
03:00 je pense qu'on peut attendre longtemps et puis que c'est là qu'on va couler à pic.
03:03 Et je pense que c'est vraiment important au début quand on vient d'avoir un enfant de s'accorder des temps pour soi, sans l'enfant.
03:09 Et quand je dis ça, c'est vraiment se forcer parce que je sais que quand on est là-dedans,
03:14 en fait la seule chose qu'on veut c'est rester avec son bébé et surtout pas le quitter, surtout pas s'en éloigner.
03:20 Mais en fait je pense que c'est vital pour se reconnecter à soi-même.
03:24 Après quand je suis rentrée à la maison, j'étais un peu plus alarmée à peut-être aller boire juste un verre avec ses amis,
03:30 peut-être aller faire une heure de sport, enfin vraiment prendre du temps uniquement pour moi.
03:34 On a beau vouloir être la meilleure mère du monde, on est submergé par la vie, la société, les soucis, les tracas et nos pensées,
03:43 surtout quand on est hypersensible.
03:45 Le conjoint n'est pas censé être l'ennemi dans cet événement de vie,
03:50 mais c'est censé être un allié, un allié qui est ultra vigilant, un allié qui s'informe sur ce que va traverser sa femme,
03:57 que ce soit son corps, les changements de son corps, que ce soit l'émotivité, que ce soit ce qui se passe dans sa tête.
04:03 Et qu'en fait il soit en mesure de prendre des décisions pour la sauver d'elle-même et lui dire "là chérie je suis désolée,
04:09 mais là c'est moi qui prends bébé et tu vas faire une sieste, et là c'est moi qui fais à manger et tu vas prendre du temps pour toi,
04:15 tu vas prendre un bain, tu vas prendre une douche, parce que là c'est plus possible chérie les cheveux gras".
04:19 Non mais c'est vraiment d'être un soutien.
04:23 Alors il faut savoir qu'on est en lien normalement les premières semaines avec notre sage femme,
04:26 et qu'il ne faut surtout pas, mais à aucun moment, hésiter à lui demander de l'aide.
04:31 Demandez de l'aide à des gens qui ne sont pas impliqués émotionnellement, qui ne soient pas des proches, qui ne soient pas des membres de votre famille,
04:36 qui sont là pour prendre vos bébés, une heure, une demi-heure, vous accompagner, dialoguer avec vous, essayer de comprendre ce que vous traversez.
04:43 Mais je pense qu'en fait la clé de tout ça, c'est de sortir de l'isolement et de ne pas avoir honte de ne pas s'en sortir.
04:50 En fait pour moi le problème ce n'est pas nous, c'est la société qui entoure la maternité,
04:55 et des fois qui en vient même à diviser les deux parents parce que le père n'a pas conscience de ce que traverse la mère,
05:03 et en plus la société lui dit que toutes les mères sont censées s'en sortir.
05:07 Donc c'est vraiment de lâcher le regard de la société et d'aller demander de l'aide.
05:12 N'ayez pas honte et n'ayez pas peur.
05:14 !