Pamela B. danseuse, met en scène ses deux fillettes en situation de handicap.

  • il y a 6 mois
Elle est à la fois danseuse et chorégraphe, mais aussi maman de deux fillettes en situation de handicap, et donc aidante.
Samedi, elle présentera à Montbazin son spectacle "Aidante familiale: je ne me chuterai plus". Pamela B. met en scène ses deux fillettes, toutes deux en situation de handicap.
Transcript
00:00 - Voilà ! - Vous pensez que ça va la détendre de vous voir danser ?
00:03 - Moi je pensais que j'allais pas danser aujourd'hui donc j'avais pas pris mon tutu.
00:07 - Oui, ah bah oui, je t'attends. - Sinon je l'aurais évidemment apporté.
00:10 Pamela B, danseuse et maman de deux enfants en situation de handicap pour un spectacle à Montbazin samedi.
00:16 C'est notre invité Guillaume.
00:17 - Bonjour Pamela. - Bonjour.
00:18 - Merci d'être venue nous rejoindre. - Alors, alors ?
00:20 - Merci de nous avoir accueillis. - C'est une petite danse.
00:22 - Parfait, j'aime bien. - C'est vous qui devriez...
00:23 - C'était libre, j'aime. - C'est vous qui devriez danser pour vous détendre.
00:26 - Comment ? - C'est vous qui devriez nous faire quelque chose pour vous détendre.
00:29 - Hors émission, je vous prends au mot.
00:31 - Vous êtes un peu angoissée, vous allez voir on est très gentils, Pamela.
00:35 - Oui, je t'avais dit. - On est ravis de vous accueillir pour parler de ce spectacle
00:37 que vous avez déjà joué une bonne dizaine de fois je crois.
00:42 - Une petite dizaine de fois, oui. - Une petite dizaine de fois,
00:44 qui s'appelle "Edente familiale". J'avais oublié de dire, je suis désolé.
00:47 "Edente familiale, je ne me chuterai plus".
00:50 Spectacle que vous avez créé, que vous mettez en scène, que vous interprétez
00:53 et que vous interprétez avec vos deux filles en plus.
00:56 Qui sont Liberty et Naomi, on va parler d'elles.
01:00 Ce spectacle d'abord, comment vous est venue l'idée Pamela ?
01:03 - M'est venue l'idée de besoin de libérer la parole et d'écoute sur un sujet
01:07 qui n'est pas qu'intime mais sociétal aussi.
01:09 La parentalité d'enfants handicapés est vraiment une parentalité à part,
01:13 une parentalité très dure.
01:15 Quand on est enceinte, on fait le test de la trisomie.
01:19 Passé ce test, s'il est négatif, on se dit que c'est bon,
01:22 l'enfant ne craint plus rien.
01:24 Et c'est très étonnant d'accoucher d'enfants rares de part des maladies génétiques rares.
01:28 - Et c'est ce que vous avez vécu, puisque toutes les deux,
01:32 Liberty et Naomi sont atteintes de maladies rares et invalidantes, handicapantes.
01:38 On peut le dire ? - Oui, complètement.
01:40 Le mot est juste.
01:42 Elles ont un syndrome, le syndrome Schorr, qui fait partie des 7000 maladies rares,
01:47 qui rend malentendants et plus tard aveugles.
01:50 C'est quelque chose qui est dur, puisqu'on est déjà passé par des moments très difficiles,
01:57 des émotions perturbatrices.
02:00 Moi, clairement, j'ai été psychotraumatisé plus d'une fois.
02:03 Un diagnostic, c'est traumatique, il faut du temps pour s'en remettre.
02:07 Ça fait un peu l'équivalent d'un uppercut Tyson.
02:10 On se ramasse, la chute est très rapide,
02:14 et se remettre en équilibre, c'est beaucoup plus long.
02:16 La temporalité n'est pas la même, de passer de sol à debout.
02:20 Je suis très heureuse d'avoir la danse à la maison,
02:24 et d'avoir ça pour justement trouver la résilience,
02:27 et voir le handicap autrement qu'un diagnostic.
02:30 - Si Guillaume vous a posé la question, j'ai raté la réponse.
02:33 Elles ont quel âge ? - Je n'ai pas posé la question.
02:35 - Liberty a 11 ans, depuis pleu, et Naomi a 13 ans.
02:38 - Vous répondez à la deuxième question que j'allais vous poser,
02:40 est-ce qu'elles sont jumelles ? Mais non, elles ne sont pas jumelles.
02:42 - Elles le sont de par une maladie génétique rare, commune.
02:45 D'ailleurs vous dites souvent, on les appelait les jumelles.
02:47 - Ah oui, parce qu'elles ont appris à commun, c'est ça.
02:50 - Alors ce spectacle, au début vous le créez sans vos filles,
02:53 et après elles ont intégré le spectacle.
02:56 - Exactement, la première fois, la sortie de résidence,
03:00 ça avait été vu comme ça, je fais mon spectacle.
03:04 Je finissais par un duos avec un danseur de la compagnie
03:07 de danse immersive, vous n'oubliez pas de sourire, Isaac,
03:10 pour montrer ce qu'est la technique du fauteuil roulant,
03:13 qui est une vraie technique de danse.
03:15 Pour moi le fauteuil roulant est ce que sont les pointes
03:17 à la danseuse classique.
03:19 Après avoir expérimenté plusieurs fois ce spectacle,
03:23 on trouvait avec mon conjoint Laurent Besson,
03:26 très à propos de commencer cette histoire et ce récit scénique
03:31 par des solos de Liberty Dapport et de Naomi ensuite.
03:35 - Des solos, c'est comme les solos en musique, c'est pareil ?
03:38 - Oui c'est solo, mais parce qu'on ose, c'est de la danse libre,
03:40 donc il faut vraiment oser dans la danse libre.
03:43 Voilà pourquoi j'appelle le solo, solo, le duo, duos, et ainsi de suite.
03:47 - Donc Liberty et Naomi intègrent le spectacle,
03:50 comment ça se passe au début ?
03:52 - C'est Liberty qui commence par un solo dont elle est l'auteur.
03:59 Parce qu'en fait la danse libre c'est vraiment laisser l'interprète
04:02 être l'auteur de sa danse, oser l'écriture chorégraphique
04:05 au temps du moment présent.
04:06 Donc c'est une chorégraphie composée par l'improvisation.
04:11 S'en suit ensuite Naomi, pareil, donc elle qui va être différente
04:15 parce qu'elle est ambassadrice de deux handicaps,
04:17 le handicap sensoriel, de par ce syndrome Hoesher dont on parlait,
04:21 et puis aussi par cet handicap physique qu'elle a du fait qu'elle soit née deux fois
04:26 puisque l'accouchement s'est très très mal passé.
04:29 Donc la première fois elle est née morte et sans handicap,
04:33 et la deuxième fois elle est née vivante et avec un handicap.
04:36 C'est l'égalité de l'anoxie néonatale.
04:40 Naomi est une petite fille qui cumule plusieurs handicaps de différentes origines,
04:44 et c'est une petite fille qui va venir exprimer ce qu'est qu'un corps,
04:48 qui ose la danse peu importe son état.
04:51 - Comment vive-t-elle ça ?
04:52 - Bien, je n'en parle plus que d'elle.
04:55 - J'imagine.
04:56 - Non, elle le vive bien parce que moi c'est un sujet que je ne voulais pas tabou,
04:59 c'est un sujet que je ne voulais pas misérabiliste.
05:01 Je leur dirais que maman a trimé avec les diagnostics,
05:04 sans vouloir les faire culpabiliser de quoi que ce soit,
05:06 mais oser oser l'émotion parentale.
05:08 On est très axé sur l'émotion de l'enfant, l'émotion de l'enfant,
05:10 mais pareil à la maison il y a des grands, il y a des parents.
05:13 J'aime parler de mes émotions à moi aussi.
05:15 Donc elles savent la chance qu'elles ont de plus en plus d'avoir la danse,
05:19 parce que Naomi si elle n'avait pas eu de la danse,
05:22 je ne pense pas qu'elle aurait le corps qu'elle a aujourd'hui.
05:24 C'est une petite fille qui est impressionnante.
05:27 Et je ne dis pas ça parce que je suis maman,
05:28 je suis plus dure avec mes filles qu'avec les autres, les enfants des autres.
05:31 - Ce qu'ils trouvent en cas d'ailleurs.
05:33 - Oui, c'est universel, c'est vrai.
05:35 Et donc vous voyez ces solos qu'on a fait sur la scène du Théâtre d'eau,
05:39 d'ailleurs je remercie encore l'équipe qui nous a fait un accueil,
05:43 mais émouvant et qui nous marquera pour la vie.
05:46 C'est ces solos-là qui ont été envoyés à la compagnie d'Elvin Ailey,
05:51 aux Etats-Unis, à New York, et puis au Boston Ballet aussi à Boston.
05:54 Et on avait des choses qui étaient déjà engagées,
05:56 mais quand ils ont vu ce que Liberty et Naomi faisaient au nom de la danse libre,
06:01 le projet a connu une ampleur différente.
06:04 Et là il y a quelque chose de magnifique qui nous attend sur le territoire américain.
06:07 - Parce que vous allez y aller bientôt, me disiez-vous tout à l'heure.
06:09 - On décolle vendredi de la semaine prochaine.
06:11 - Après avoir joué le spectacle à Montbazin, donc je rappelle que c'est samedi.
06:16 Par contre, je n'ai pas l'heure, c'était pas précisé l'heure.
06:18 - L'heure c'est 17h je crois.
06:20 Sur le site oublie pas de sourire.fr, il y a tout le programme.
06:23 - D'accord, donc 17h, dans le cadre du festival de danse Fada de Danse.
06:27 - Voilà, grâce à la mairie de Montbazin qui m'a laissé un espace pour m'exprimer en tant qu'artiste,
06:33 le Fada de Danse va connaître sa première édition le samedi qui arrive.
06:38 - Vous dites aussi Pamela, et on terminera par ça, que ce spectacle c'est aussi un pied de nez au handicap.
06:44 - Complètement. La danse m'a permis de changer de regard sur le handicap,
06:49 et m'a permis de voir que l'art avait un pouvoir incroyable d'élever les consciences,
06:58 de sensibiliser aussi les âmes et de faire changer les mentalités.
07:03 L'art ne doit pas connaître les limites d'un humain, l'art accueille tout le monde.
07:08 La danse pour tous, voilà mon petit combat à moi.
07:11 - Et vous, par rapport à ce parcours tellement difficile que vous avez traversé,
07:16 qu'est-ce que le fait d'avoir mis en scène vos deux fillettes, vos deux filles, a changé ?
07:23 Quelle bienfait ça a pu avoir dans ce parcours de maman aidante ?
07:27 Parce qu'on ne cessera de le rappeler, vous n'êtes pas seulement danseuse des Grands Eclats, vous êtes aidante aussi.
07:32 - Eh oui, c'est de voir que peu importe ce que l'on est, un humain a sa place.
07:37 Et que c'est grâce à l'altruisme, grâce à la compassion et l'empathie,
07:42 qu'on va trouver des solutions pour donner à un humain des moyens pour arriver à s'épanouir comme les autres.
07:49 Le handicap est handicapant.
07:51 On sait que dès le départ, les chances ne sont pas les mêmes que les autres
07:56 et qu'il va falloir faire preuve de force de vie et trouver des ressources intérieures
08:02 pour arriver à vivre avec le sourire.
08:06 - Et vous avez une force de vie incroyable, j'en crois même.
08:08 Le message d'accueil de votre téléphone portable qui se termine toujours, vous dites "Portez-vous bien".
08:13 "Prenez soin de vous".
08:15 "Prenez soin de vous plus", exactement.
08:17 Quel que soit l'interlocuteur qui vous appelle, même si vous ne le connaissez pas.
08:19 Ça veut tout dire.
08:20 Merci beaucoup Pamela d'être venue.
08:22 Je rappelle que c'est donc samedi à 17h à la salle Pau à Montbazin, ce spectacle aidante familiale.
08:29 Je ne me chuterai plus.
08:31 - Et Montbazin, c'est à mi-chemin entre Montpellier et Metz.
08:33 Vous avez Fabregue, Cordon Terral, Cordon Sec et hop, Montbazin.
08:36 On y est. Merci beaucoup.
08:37 - Merci à vous.
08:39 - Dans deux minutes, deux minutes, juste deux minutes, on aura la petite histoire du jour de Léopoldine Dufour.
08:43 Petite histoire, c'est tout.

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