• il y a 9 mois

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00:00 Edouard Bénard, les résultats d'une enquête réalisée auprès de 130 travailleurs de la protection de l'enfance.
00:05 La députée La France Insoumise de la 4e circonscription de Seine-Maritime répond à vos questions.
00:11 Marion Nacket.
00:11 Bonjour Emma Dufour.
00:12 Bonjour.
00:12 Quels sont les résultats de cette enquête ?
00:14 Les résultats c'est
00:17 une situation dans la protection de l'enfance en Seine-Maritime et en réalité au niveau national qui est absolument
00:24 très très inquiétante, très très inquiétante. Un effondrement, on est un peu au bord de l'effondrement
00:29 de ce secteur majeur qui est la protection de l'enfance dans notre pays.
00:33 Avec des situations de maltraitance notamment ?
00:35 Alors des situations de maltraitance à la fois évidemment envers
00:38 les bénéficiaires de cette politique, c'est-à-dire les enfants en premier lieu et je rappelle que ce questionnaire nous le révèle
00:45 fortement mais là aussi la défenseur des droits a claré dont on parle de violations graves des droits fondamentaux
00:49 des enfants placés en protection de l'enfance en France mais aussi envers les éducateurs qui effectivement peuvent être aussi
00:57 l'objet de violences. Ce qu'on découvre aussi
00:59 dans ce questionnaire c'est que les violations sont dans tous les sens. Il y a plus de la moitié des répondants qui disent avoir vu des
01:06 situations de violations graves ou très graves
01:08 des règles qui sont censées encadrer la protection de l'enfance.
01:11 Alors ce sont des enfants vous le disiez qui vivent de véritables drames. Vous avez recueilli plusieurs histoires terrifiants notamment celle de cet enfant
01:17 torturé à Oumal ?
01:18 Alors ça c'était effectivement en 2022, ça va
01:20 heureusement un peu défrayer la chronique. Effectivement c'est quatre jeunes qui ont fugué d'un foyer
01:26 et qui en fait, il y en a eu trois des quatre jeunes ont torturé le quatrième pendant toute une nuit.
01:32 Et il faut comprendre que si ce genre de situation arrive
01:35 c'est aussi parce qu'on a une situation d'effectifs à flux tendu dans les foyers qui fait que les éducateurs n'arrivent plus à encadrer
01:42 les jeunes qui leur sont confiés. Il peut y avoir des éducateurs qui se mettent en arrêt maladie parce que leur charge de travail
01:47 est beaucoup trop lourde. 87% des répondants disent qu'ils se sentent
01:51 que leurs horreurs ne sont pas respectées et 79% des répondants disent qu'ils se sentent dépassés par la charge de travail.
01:58 Ça plus des rémunérations très faibles qui n'augmentent pas, ça fait une situation où on a de moins en moins de présence.
02:04 Il y a beaucoup de postes qui ne sont pas pourvus dont des situations à flux tendu donc
02:08 quand il n'y a pas assez d'encadrement il y a des fugues voire aussi des jeunes qui se pendent comme c'est arrivé à Rouen.
02:13 Malheureusement en avril dernier une jeune fille dans un foyer s'est pendue parce qu'on était en sous-effectif d'encadrement ce jour là dans le foyer.
02:20 Et puis il y a aussi la question
02:22 de la prostitution des jeunes filles mineures. On l'a entendu dans le journal de 8 heures de France le Normandie.
02:27 Un phénomène en augmentation depuis cinq ans, vous l'avez aussi constaté vous dans votre enquête ?
02:31 On nous en a beaucoup parlé et apparemment c'est endémique donc c'est très inquiétant.
02:35 Les foyers effectivement c'est des réserves de recrutement on va dire pour des filières de prostitution qui peuvent concerner quand même
02:42 des jeunes notamment des jeunes femmes très très jeunes. On parle de 12 ans, 14 ans, des choses
02:48 effrayantes. Donc voilà c'est à ce point de gravité où on en est
02:51 dans la protection de l'enfance et c'est pour ça qu'on doit tirer la sonnette d'alarme aujourd'hui et voter
02:56 le budget du département de Seine-Maritime et on demande évidemment au président Bélanger
03:01 qui a déjà un peu rallongé la mise l'année dernière de prendre conscience de la gravité de la situation et de mettre vraiment
03:07 beaucoup plus d'argent sur la table.
03:09 France Bleu Normandie 8h18 on parle donc ce matin de la protection de l'enfance
03:13 avec la députée de la France Insoumise de la Seine-Maritime Alma Dufour.
03:18 Justement Alma Dufour vous évoquiez l'augmentation du budget 2023 par le département l'année dernière
03:23 225 millions. Vous demandez encore plus cette année ?
03:26 Non pour l'instant vous répond Bertrand Bélanger ? Alors pour l'instant c'est non enfin on nous a
03:30 on nous a laissé entendre qu'il y aurait 5 millions de plus sur la table alors ça peut paraître beaucoup
03:35 pour nos auditeurs en fait c'est très peu. Nous on a chiffré
03:39 avec les moyens du bord parce qu'en plus on manque de données on nous donne pas accès aux données
03:43 les besoins vraiment pour arrêter l'hémorragie c'est à dire déjà
03:46 exécuter les mesures qui ne sont pas exécutées il y en a autour de 300 dans le département. Une mesure non exécutée c'est un
03:53 placement décidé par un juge qui met du temps à être réalisé parce qu'on manque de place.
03:57 Il faut savoir que par exemple on peut attendre un an à deux ans pour qu'une mesure décidée par la justice donc de protection d'un
04:02 enfant soit réellement exécutée ça veut dire des enfants qui peuvent rester dans des familles
04:06 qui sont ou dans lesquelles ils sont l'objet de violences par exemple très concrètement.
04:12 Donc ça c'est une première chose il y a aussi le sureffectif dont j'ai parlé qui crée des drames
04:15 effectivement des faits divers épouvantables voire voilà donc sinon de la prostitution ou au moins à minima des enfants qui sont accueillis dans des conditions
04:23 qui sont pas supportables, des enfants qui dorment dans des lits de camp, des enfants qui doivent partager leur chambre alors qu'ils ont déjà
04:29 assez de problèmes à gérer avec effectivement des enfants qui peuvent être plus violents qu'eux etc etc
04:34 et le fait de revaloriser ces métiers qui sont sous payés depuis des années.
04:39 Déjà la titularisation des agents contractuels qui sont précarisés,
04:43 l'extension du Ségur aux agents techniques etc tout ça fait quand même une enveloppe
04:47 entre 40 et 50 millions d'euros donc effectivement on est très loin du compte avec ces 5 millions proposés.
04:53 Et vous évoquez ces éducateurs qui travaillent avec ces enfants
04:57 ils vont se rassembler ce matin à 8h30 devant l'hôtel du département pour demander plus de budget est-ce qu'ils ont le sentiment
05:03 d'être dans une maltraitance institutionnelle ?
05:06 Oui parce que ça fait des années que ça dure et même si effectivement l'année dernière il y a eu un sursaut
05:11 de la part du président du département sur cette politique
05:14 ça fait des années qu'il tire la sonnette d'alarme et il faut attendre qu'il y ait des faits divers
05:19 épouvantables comme ceux dont on a parlé pour qu'enfin
05:22 le département et les autres départements et le gouvernement commencent à prendre conscience de la mesure du phénomène
05:29 alors qu'ils n'ont cessé d'aller et c'est ça qui est épuisant
05:33 95% des postes dans la prévention spécialisée ne sont plus pourvus parce qu'en fait aujourd'hui on est en situation où les éducateurs s'en vont
05:39 il y avait deux éducatrices hier qui sont venues à la conférence de presse les deux disaient qu'elles venaient de quitter leur métier après
05:46 dix ans d'avoir tiré la sonnette d'alarme d'avoir essayé d'alerter dans tous les sens et ne pas avoir été entendu
05:51 donc il faut vraiment éviter d'en arriver comme dans la santé comme dans les EHPAD
05:55 dans une situation où on a laissé tellement les professionnels seuls face aux difficultés
06:00 que même si vous augmentez de 100 euros le salaire à la fin du mois ce qui n'est pas le cas
06:04 malheureusement pour eux encore et ben ce sera peut-être trop tard
06:07 merci beaucoup Alma Dufour députée à la France Insoumise de la quatrième circonscription
06:11 de la Seine-Maritime bonne journée à vous merci beaucoup bonne journée 8h21
06:15 C'était une âme.

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