Marc Prikazsky, PDG de Ceva santé animale et président du club des ETI de Nouvelle-Aquitaine
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00:00 Et il est 7h15, est-ce que vous savez ce que c'est qu'une ETI ?
00:04 Et bien c'est une entreprise de taille intermédiaire, le maillon de la chaîne entre la start-up et la grosse multinationale.
00:10 Pour les représenter chez nous, il y a un club des ETI de Nouvelle Aquitaine,
00:14 présidé par Marc Pricaski, aussi PDG de Ceva Santé Animal à Libourne.
00:19 Et il est notre invité ce matin dans l'écho d'ici Laetitia Eveline.
00:21 Bonjour Marc et Prikaski.
00:23 Bonjour.
00:24 Alors déjà, est-ce qu'on peut expliquer à nos auditeurs clairement ce qu'est une ETI ?
00:27 Alors une ETI, entreprise de taille intermédiaire, c'est une entreprise avec 250 à 5000 salariés,
00:34 et un chiffre d'affaires entre 50 millions et 1,5 milliard.
00:37 C'est quel type d'entreprise généralement ?
00:39 Tout type d'entreprise, mais elle joue un rôle absolument majeur parce qu'elle est ancrée sur nos territoires.
00:44 75% de ces ETI sont situées dans des villes moyennes ou dans le monde rural.
00:49 Et puis autour de toutes ces ETI, vous avez des grappes de petites entreprises
00:53 et elles sont là pour nourrir ces grappes d'entreprises.
00:56 Elles ont une taille suffisante pour exporter,
00:58 et donc elles contribuent très fortement à ces emplois industriels.
01:03 36% des emplois industriels en France, beaucoup d'exportations.
01:06 Vous voyez, elles ont cette taille qui fait qu'elles sont régionales,
01:09 proches de leurs racines, proches de la société.
01:12 Elles contribuent à beaucoup de choses dans cette société, soutenir des clubs sportifs par exemple.
01:17 Et en même temps, elles sont ancrées dans ce territoire
01:20 et elles nourrissent toutes ces entreprises qui sont autour d'elles.
01:22 En général, on appelle ça des champions cachés
01:24 parce qu'elles sont dans des domaines très pointus
01:27 et elles sont très fortes dans ces domaines très pointus.
01:29 - Et en Gironde, est-ce qu'on a des chiffres ? Ça représente quoi ?
01:32 - En Gironde, alors vous voyez, si vous prenez notre club par exemple,
01:36 on a 44 ETI, ça représente quasiment 10 milliards et 50 000 emplois.
01:42 Donc c'est une force vive.
01:44 Mais autour de ça, à chaque fois qu'une ETI dépense un million d'euros,
01:48 en fait, elle nourrit 11 emplois à l'extérieur.
01:50 Donc si une ETI disparaît, c'est toujours un drame
01:54 parce que tout autour, toutes les entreprises autour disparaissent aussi.
01:57 - Un autre invité ce matin, Marc Prickazki,
01:59 aussi PDG de Seva Santé Animal à Liban.
02:01 On en parle donc des ETI sur France Bleu Gironde.
02:04 Nous sommes avec le président du club des ETI Nouvelle Aquitaine.
02:06 - Alors vous êtes allé à Paris cette semaine pour voir plusieurs députés de la région,
02:09 pour voir Thomas Cazenave aussi, le ministre des Comptes Publics,
02:13 pour lui demander un réarmement industriel.
02:16 Alors bon, c'est un petit peu un mot à la mode, mais qu'est-ce que ça veut dire ?
02:21 - Ça veut dire que, je crois que, et puis le gouvernant a pris conscience depuis plusieurs années,
02:25 que tout démarre par l'industrie.
02:27 À une époque où on disait, finalement, ce sont les services qui sont importants,
02:30 on n'a pas besoin d'avoir d'industrie.
02:32 Et pourtant, quand vous avez de l'industrie,
02:34 après vous avez des services et puis après vous avez du social.
02:37 Et donc notre message, et d'ailleurs c'est une grande fierté,
02:40 parce que le club des ETI reçu par Thomas Cazenave,
02:43 d'une certaine façon, il nous dit "vous êtes important".
02:45 Et pour nous, patrons d'entreprises, d'entendre ce message,
02:48 ça nous booste, ça nous pousse à continuer à nous battre,
02:51 parce que ce n'est pas très facile dans un monde français, européen,
02:55 où vous avez beaucoup de normes.
02:57 Tout est compliqué.
02:59 Il faut savoir que sur nos entreprises, on a 400 000 normes, textes, qui s'appliquent à nous.
03:03 Donc c'est une sorte de système, je dirais presque kafkaïen.
03:08 Notre premier message, ça a été de dire "il faut simplifier".
03:10 On ne peut pas continuer comme ça.
03:12 On est dans une course mondiale, on est dans une course européenne.
03:15 On ne peut pas courir, on va bientôt avoir les Jeux Olympiques, avec des boulets au pied.
03:18 - Et qu'est-ce qu'on vous a répondu à cette demande de simplification ?
03:22 - Alors, il y a un projet gouvernemental, où l'idée c'est effectivement de simplifier les choses.
03:27 Vous voyez que c'est compliqué, parce qu'à un moment, vous rajoutez des textes à des textes.
03:30 Donc comment vous pouvez faire ? Il y a quand même 720 textes nouveaux qui arrivent chaque année.
03:35 Donc en fait, le premier élément pour nous, il y a des textes européens, c'est de dire
03:39 "ne surtransposons pas", parce que les textes européens sont écrits,
03:42 mais la façon dont vous allez les passer dans le droit français,
03:45 peut faire que ça va être un texte finalement assez facile à utiliser,
03:49 ou un texte extrêmement compliqué, qui va d'ailleurs compliquer le travail de l'administration,
03:53 et compliquer le travail de l'entreprise.
03:55 Ce qui fait que bien souvent, par exemple, quand vous avez besoin d'implanter un nouveau bâtiment,
04:01 ça peut prendre 2 à 3 ans.
04:03 C'est complètement fou dans cette course économique.
04:05 Voyons, on a des concurrents mondiaux, eux en 2 mois c'est fait.
04:07 - Et justement, vous avez demandé aussi des accompagnements économiques à Thomas Cazeneuve,
04:11 qui est plutôt là, en penchant pour les économies en ce moment.
04:15 - Oui, mais je pense que, vous voyez, nous on est capable d'entendre ça,
04:20 et on dit "aidez-nous à simplifier les choses",
04:22 on ne demande pas de l'argent, donnez-nous de la visibilité sur la fiscalité.
04:27 Vous voyez, il y a un moment qui est extrêmement dangereux pour l'entreprise,
04:31 c'est le moment où vous transmettez, il y a beaucoup d'ETI qui sont familiales,
04:34 vous transmettez l'entreprise à la génération future.
04:37 Et là, évidemment, ça coûte très cher.
04:39 Ça coûte très cher, et là vous utilisez les fonds de l'entreprise,
04:43 les résultats, les dividendes, pour payer cette transmission.
04:47 C'est une erreur.
04:48 Cet argent serait bien mieux employé à passer dans des usines,
04:52 à embaucher des personnes et tout.
04:53 Donc, vous voyez, il y a des petites choses.
04:55 Évidemment, tout le monde arrive aujourd'hui,
04:58 je dirais que c'est presque très français,
04:59 on arrive, on dit avec la liste de commission, on a besoin d'argent.
05:02 Nous, ce n'est pas notre message.
05:04 - Très bien. Merci beaucoup Marc Prikafski d'avoir été avec nous ce matin
05:08 sur France Bleu Gironde pour parler des ETI,
05:11 les entreprises de taille intermédiaire.
05:12 - Merci beaucoup.
05:13 - Et Véco, d'ici vous la retrouvez dans son intégralité en vidéo,
05:16 cette interview sur francebleu.fr.
05:17 Il est 7h20, 7h45 tout à l'heure.