Le président des Engagés et bourgmestre de Namur Maxime Prévot était l'invité de Vincent Liévin pour la grande interview politique de 7Dimanche dans les studios de Sudinfo.
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00:00 Bonjour ! Alors ce dimanche c'est un événement un peu particulier, les fêtes de Pâques ça reste quelque chose d'important pour l'ensemble de la Belgique ?
00:09 Oh écoutez j'avoue que personnellement c'est pas un événement que j'accroche au calendrier mais je pense que c'est toujours un moment qui est concilié
00:19 avant que le calendrier scolaire ne soit modifié avec un moment en famille. Alors c'est vrai que maintenant c'est plus compliqué de pouvoir articuler les envies professionnelles, les envies de vacances avec ce que les possibilités du calendrier offrent.
00:34 Après c'est l'occasion pour ce qui me concerne d'avoir un jour off où je peux enfin prendre un peu de recul et en général c'est un moment où on se réunit en famille.
00:44 C'est vrai que les engagés depuis le début de la campagne c'est assez engagé ?
00:48 Oui mais je pense qu'on a veillé à faire ce que l'on a dit et à expliquer et à dire ce que l'on fait. Je pense que ce côté parler vrai, agir juste c'est quelque chose que nous revendiquons
01:02 et que j'essaye d'incarner avec l'ensemble de mes candidats. Ne pas être dans les brouffes, dans le blabla, vraiment être orienté solution et résultat et rester au-dessus de la mêlée par rapport à celles et ceux dans les autres formations politiques
01:14 qui prennent parfois un plaisir mystérieux à se manger le nez. Franchement moi je sens autour de moi une grande lassitude des citoyens face à ces combats de coque stérile,
01:26 à ces parties qui finalement essayent de se convaincre l'un de l'autre en se regardant le nombril plutôt qu'en ayant une grande oreille attentive aux préoccupations exprimées par le terrain.
01:36 Et ça c'est quelque chose que les engagés revendiquent.
01:39 C'est la meilleure façon de lutter contre les extrêmes ? Et la petite phrase facile ?
01:43 Je pense aujourd'hui que face à la montée des populismes, à la montée des simplismes, à la montée des extrémismes, on a plus que jamais besoin de retrouver de la sérénité, de la crédibilité et de l'efficacité dans l'action publique.
01:59 Et je crois que la formation centriste que je préside offre toutes les garanties pour ça. Aujourd'hui face à tous ces excès de langage qui sont amplifiés par les réseaux sociaux,
02:14 défendre la nuance c'est un acte de résistance. Je le crois profondément. Et comme il n'y a aucune réponse simpliste à des problèmes complexes, ça ne sert à rien de vouloir se réfugier derrière les populistes.
02:29 Ça ne fera pas avancer le schmilblick, ça n'améliorera pas le quotidien de chacun. Et donc la force de stabilité, de crédibilité, d'efficacité que les centristes incarnent,
02:38 plus que jamais on a vu qu'elle a manqué durant les années qui se sont écoulées. Nous avions fait le choix de l'opposition de manière volontaire en 2019.
02:46 Pas de regret par rapport à ça ?
02:47 Non. Jamais de regret d'effectuer les électeurs.
02:51 Ça fonctionne vous croyez ?
02:52 Je pense qu'on n'aurait pas pu offrir à la politique belge un processus de refondation aussi profond et sincère si nous avions été dans les gouvernements.
03:04 Vous le conseillez aux autres parties ?
03:05 Je pense qu'il y en a certains à qui ça ferait du bien d'arriver à être dans une posture moins arrogante, à quitter parfois leur certitude et accepter de se remettre un peu en doute et en écoute par rapport à leur certitude.
03:19 Je pense sincèrement que ce processus de refondation a pu être réalisé avec autant de profondeur, bien loin du façadisme de certains, parce que nous étions dans l'opposition.
03:30 Mais maintenant ma détermination est forte de vouloir revenir dans tous les gouvernements pour que cette force centriste, ce gage de stabilité, d'efficacité, de crédibilité, puisse à nouveau peser sur le cours des choses.
03:45 Et vous ne rasez pas gratis ?
03:47 Non, vous savez, tout le monde est conscient aujourd'hui que les gouvernements vivent au-dessus de leurs moyens, que nous avons des problèmes de déficit et d'endettement importants.
03:57 Personne ne peut être crédible en voulant faire du gratuit partout, tout le temps.
04:02 Alors bien sûr qu'il y a des choix politiques qui doivent se faire.
04:05 Nous, par exemple, on souhaite qu'à terme, il puisse y avoir le double de places en crèche et que progressivement, celles-ci, dans la foulée du sacro-saint principe de la gratuité de l'enseignement, puissent aussi être des places de crèche progressivement gratuites.
04:22 Parce que les mille premiers jours de vie d'un enfant sont les plus essentiels à son développement et sa prise en charge.
04:29 Par contre, on est conscient que pour permettre cette accessibilité financière, il faudra faire des choix ailleurs.
04:35 On ne pourra pas dépenser l'argent deux fois ?
04:37 Évidemment. Or, quand j'entends la manière dont la gauche semble vouloir, à tout craint, vouloir tout rendre gratuit en permanence, tantôt les transports publics, tantôt les cantines scolaires, tantôt ceci, tantôt cela,
04:51 je pense que ce n'est pas rendre service ni à la démocratie, ni aux partis raisonnables, parce que ça ne fait que susciter des espoirs qui ne seront jamais rencontrés, et donc susciter de l'amertume qui va nourrir les extrêmes de gauche comme de droite.
05:06 Et donc, moi je rêve de partis politiques qui arrêtent cette course au slogan, et qui, plutôt que de penser systématiquement aux prochaines élections, pensent peut-être davantage aux prochaines générations, inscrivent leur action dans le temps long.
05:22 Pourtant tous les partis, et même à travers le monde, Donald Trump, c'est les slogans aujourd'hui.
05:26 Oui, c'est justement ce que nous voulons combattre.
05:28 Donc c'est un peu anachronique ?
05:30 Je le revendique. Moi je ne fais pas de la politique juste pour hurler avec les loups, je ne fais pas de la politique juste pour brosser les gens dans le sens du poil, leur dire ce qu'ils ont envie d'entendre, je fais de la politique parce qu'il faut assumer des responsabilités.
05:42 Et les responsabilités c'est parfois dire aussi aux citoyens des vérités qu'ils n'ont pas envie d'entendre, mais qui sont nécessaires pour qu'à terme il y ait un bien-être collectif qui progresse.
05:52 Parce qu'on a trop tendance à être dans la posture conjoncturelle, celle du moment, en oubliant qu'on doit inscrire l'action politique dans le temps long, les 10-15 ans qui viennent.
06:03 On devrait être capable, en matière de réforme fiscale, en matière de réforme des pensions, en matière de transition écologique, en matière de bien-être au travail, en matière de soutien au secteur de la santé, de la justice ou de la police,
06:16 de pouvoir se serrer les coudes et communément convenir de la meilleure des politiques à mettre en oeuvre pour 15 ans. En sachant que pendant 15 ans il y aura donc 3 élections.
06:25 - Et vous serez plus nécessairement au pouvoir. - Voilà. Ceux qui sont aujourd'hui au gouvernement ne le seront peut-être pas demain et inversement, mais ce n'est pas grave.
06:33 Dès lors qu'on aura eu au moins la capacité de s'élever par rapport aux seuls enjeux du moment, pour pouvoir donner une perspective de long terme à nos concitoyens, et ce pays en a besoin.
06:45 Vous parliez tout à l'heure des 1000 premiers jours. Je ne vais pas vous demander si vous vous souvenez de vos 1000 premiers jours. Rares sont ceux qui s'en souviennent.
06:53 - Est-ce qu'ils ont été fondateurs pour vous ? - Je pense qu'ils le sont pour tous les enfants.
06:58 Vous savez comme moi que certains ont plus de difficultés dans les 1000 premiers jours que d'autres.
07:02 Bien sûr. Après vous me demandez si je m'en souviens. Je ne me souviens pas nécessairement de mes 1000 premiers jours, même si j'ai quelques flashs souvenirs de ma maternelle au Grand-Duché du Luxembourg à l'époque, ou bien de la garderie, le kindergarten comme on disait à l'époque.
07:23 - Vous avez gardé un peu le Luxembourgeois ? - Honnêtement, je ne suis plus capable de le parler. Par contre, j'en ai conservé quand même l'oreille.
07:31 Et quand dans une pièce, il y en a un qui parle allemand, un autre néerlandais, un autre luxembourgeois, j'arrive à reconnaître qui est qui, et d'entendre quelques petites phrases.
07:40 "Viens, c'est toi, au revoir, et blablabla". Mais c'est plus, hélas, un bagage que j'ai conservé, parce que je n'en ai plus guère eu l'usage après les maternelles.
07:50 Ce qui est dommage, parce qu'avec le recul, c'est quand même un des atouts aussi de ce petit pays, c'est son multilinguisme, et donc je suis sûr que ça aurait été très sympa de pouvoir passer d'une langue à l'autre.
08:01 - Et vous en gardez quelque chose de votre jeunesse ? Dans ce que vous faites aujourd'hui, dans ce que vous êtes aujourd'hui ?
08:07 - On est toujours le fruit de son parcours et de sa jeunesse, avec ce qui nous permet de nous développer, avec parfois les coups durs qui nous forcent à prendre plutôt que prévu de la maturité.
08:20 Et donc oui, je pense que je suis ce que je suis aujourd'hui, avec mes qualités et mes défauts, parce que comme tout le monde, j'ai eu un cheminement qui s'est confronté à la réalité de nos familles respectives.
08:31 Une famille qui a été aussi, comme beaucoup, éclatée. Moi, je suis un enfant divorcé, j'avais 7 ans quand ça s'est passé, et c'est la raison pour laquelle j'ai quitté Harlon et le Grand-Duché de Luxembourg.
08:43 Parce que moi, je suis né à Mons. - De Mons à Harlon, c'est pas vraiment la route !
08:48 - Je suis né à Mons... - Vous auriez pu combattre Elio Diripo et Georges Fouillboucher ?
08:53 - Oui, peut-être, mais en fait, je suis né à Mons d'un papa qui était carolo et d'une maman qui était d'Amuroise.
09:00 Ma mère travaillait à l'ONEM comme fonctionnaire, mon père était diplômé de l'Université du Travail de Charleroi, il avait fait un graduat en informatique,
09:10 et à l'époque, c'était le début de l'informatique, donc tout le monde s'arrachait les informaticiens, y compris la Commission européenne,
09:16 et c'est comme ça qu'ayant décroché un emploi au Grand-Duché, avec Arles et Bagages, toute la famille est partie vivre là-bas.
09:23 J'y ai fait mes maternelles, et puis comme souvent, les Belges travaillant au Grand-Duché, il a fait construire près d'Harlon,
09:29 dans un petit village qui s'appelle Torniche. Et donc j'ai commencé à faire mes primaires à Harlon, et puis mon père a demandé le divorce,
09:37 j'avais 7 ans, mon frère 5, et donc c'est là que ma mère, évidemment, déboussolée et pleurée, est revenue se réfugier près de ses parents.
09:45 Qui habitaient en Terre-Namuroise, et c'est comme ça que le petit Maxime et Arnaud, son frère, débarquent dans un village périphérique de Namur,
09:54 sans connaître personne. - C'était quel village ? - Dave. - Ah ! - Alors là, vous me demandez si je garde un lien entre mon enfance et maintenant,
10:02 probablement que comme Dave est connu pour abriter un hôpital psychiatrique, et que je fais de la politique, c'est que je dois avoir un trouble de santé mentale, probablement.
10:11 - On ne peut l'exclure ! Mais bon, c'est aussi un magnifique petit village avec un château au bord de l'eau, c'est pas que un hôpital psychiatrique.
10:18 - Non, bien sûr, c'est un village de la vallée Mozanne qui a beaucoup de charme, et donc oui, on est évidemment le fruit de nos histoires,
10:26 des difficultés auxquelles on a été confrontés, mais d'autres en ont connu des bien plus délicates encore.
10:32 - Et donc à ce moment-là, c'est évidemment une prise en compte aussi du combat quotidien. On sait qu'il y a 800 000 familles monoparentales.
10:39 - C'est une des raisons pour lesquelles je suis si sensible à la question des familles monoparentales, parce que j'ai vu ma mère aussi être parfois un peu dans la galère,
10:47 même si objectivement on n'a manqué de rien, parce qu'heureusement mes grands-parents...
10:51 - Qui faisaient quoi ? Ils travaillaient tous les deux.
10:54 - Alors mon grand-père était directeur aux ASSEC à Charlevoix, comme certains plus âgés s'en souviendront.
11:02 - Société réputée à l'époque, hein !
11:03 - Et ma grand-mère était prof de maths. C'était déjà pour moi une chance d'avoir des grands-parents qui travaillaient tous les deux.
11:08 - Ce qui est rare pour l'époque, hein !
11:10 - Exact. Et ils nous ont permis de faire les études secondaires. Je suis allé en internat à Saint-Bertoin, à Ballone, dès l'âge de mes 12 ans.
11:20 J'y ai vécu des années extraordinaires qui ont consolidé des amitiés très fortes, qui m'ont aussi amené à développer, plutôt que peut-être beaucoup d'autres, l'autonomie.
11:31 - C'est une époque où on revenait tous les week-ends ?
11:32 - Oui, heureusement.
11:33 - Parce qu'il y a eu une époque où avant on revenait moins, hein !
11:35 - Non, non, non, je n'avais pas la messe tous les jours et je revenais les week-ends, effectivement.
11:37 - Vous n'avez pas eu la messe tous les jours ?
11:39 - Non, non, non, non, non. Et donc, en l'occurrence, c'était de belles années pendant lesquelles il a fallu gérer les réalités,
11:48 puisque, autant maintenant la garde alternée est la mesure qui s'impose partout, autant moi, à l'époque, c'était encore le régime du papa qui avait la garde des enfants un week-end sur deux.
12:01 - Et vous retourniez sur Marlon un week-end sur deux ?
12:03 - Eh oui, en reprenant le train régulièrement.
12:06 - Donc la ligne Namur-Arlon, vous la connaissez bien, hein !
12:08 - Par cœur ! Et donc, avec mon frère, j'avais dix ans, il en avait huit, on prenait le train tous les deux, autonome, de manière autonome,
12:16 quelque chose qu'on n'oserait pas imaginer aujourd'hui depuis l'affaire du trou.
12:19 Mais à l'époque, mettre de jeunes enfants dans le train jusqu'à Luxembourg même, ça ne choquait pas.
12:27 - Ça vous a appris une autonomie aussi ?
12:29 - Oui, ça, et l'internat. Après, j'ai eu des relations qui ont parfois été plus compliquées avec mon père.
12:35 Ça aussi, ça forge les caractères et les tempéraments.
12:39 Et puis après, on essaye de voir vers quoi on a envie de s'orienter.
12:45 Moi, je n'ai jamais imaginé faire de la politique.
12:47 - Pourquoi est-ce que vous êtes rentré en politique un jour ?
12:49 - Des concours de circonstances, probablement.
12:54 - Des rencontres ?
12:55 - Oui, certainement. En fait, on ne parlait jamais de politique à la maison.
12:59 Je ne sais pas du tout ce que mes parents votaient, je n'aurais jamais demandé.
13:01 Ça m'évite d'être déçu.
13:03 On ne parlait pas de politique, je ne suis pas fils d'eux.
13:06 Moi, je voulais être officier de gendarmerie à l'époque.
13:08 - Et pourquoi ? Ne pas arrêter jusqu'au bout ?
13:11 - J'en aurais rêvé, mais à l'époque, avant l'affaire du trou,
13:15 puisque j'ai quitté l'Areto en 96 précisément, la gendarmerie dépendait encore de l'armée.
13:22 Donc, on devait, pour être officier, passer par l'école royale militaire.
13:26 Et il fallait, à l'époque, répondre à minimum trois critères pour pouvoir postuler
13:32 et prétendre passer les examens.
13:34 Il fallait une certaine taille minimale, ça, ça allait.
13:38 Un certain poids maximum, à l'époque, ça allait.
13:41 - Ça a vraiment changé, ça ?
13:43 - C'est pour le clin d'œil.
13:44 Et en parlant de clin d'œil, justement, il fallait une certaine acuité visuelle.
13:47 J'étais trop myope.
13:49 Et comme j'étais trop myope, je n'étais pas dans les critères qui permettaient de rentrer.
13:52 Et donc, du coup, je me suis dit, à défaut de pouvoir, dès mes 18 ans,
13:56 rentrer à l'école royale militaire, je vais faire ce qu'on appelait une licence à l'époque,
14:00 un master aujourd'hui, et puis je me ferais opérer des yeux et je rentrerais à l'ERM.
14:05 Oui, sans mauvais jeu de mots, j'ai perdu ça de vue.
14:08 Après ma licence en Sciences Po, j'ai fait une spécialisation en droit des nouvelles technologies.
14:14 Et pendant cette année d'études, j'ai été débauché directement à l'école, à l'UNIF,
14:20 par PUC, PricewaterhouseCoopers,
14:23 et c'est comme ça que j'ai commencé ma vie professionnelle dans le secteur privé,
14:27 dans une grosse boîte américaine,
14:30 où j'étais chargé de faire du consulting sur la performance des organisations publiques.
14:34 Comme quoi, on n'est jamais très loin.
14:36 - Vous avez été biberonné très tôt.
14:37 - Et puis c'est en 2004, quand le CDH à l'époque de Joël Milquet est revenu au gouvernement,
14:44 qu'elle a souhaité s'entourer alors d'une jeune garde universitaire
14:50 qui pouvait reprendre des responsabilités dans le parti, dans les cabinets,
14:55 que je l'ai accompagnée comme directeur politique du parti,
14:59 puisque je militais depuis l'âge de 18 ans, mais un peu par passion,
15:03 parce que c'était le fruit d'un engagement d'abord associatif.
15:06 Moi j'ai été arbitre de foot, belle manière peut-être de se préparer à la vie politique.
15:11 - Oui, l'occasion d'en reparler aussi, aujourd'hui ils sont maltraités les arbitres de foot bien souvent.
15:15 - Tout à fait, c'était d'ailleurs un des premiers textes de loi que j'ai déposé,
15:18 c'est pour que les sanctions à leur égard,
15:21 en tout cas à l'égard de ceux qui les dénigrent ou les violentent, soient plus fortes.
15:26 - Est-ce que c'est un lien avec l'évolution de la société ?
15:29 Vous qui avez pensé à ça à l'époque, qui voyez ça aujourd'hui, qui êtes sportif, à vos heures ?
15:35 - La violence gagne du terrain, qu'elle soit verbale, qu'elle soit physique,
15:39 on sent maintenant que les gens sont de plus en plus décomplexés,
15:42 et c'est pour ça que j'ai du mal avec le fait que les colos préconisent la désobéissance civique,
15:50 parce qu'au motif que l'urgence climatique devrait s'imposer à tous,
15:57 ils semblent apporter leur caution à des actes qui sont hors des clous de la légalité.
16:03 - Mais alors pourquoi considérer que c'est possible pour ceux qui sont mus par le débat climatique,
16:09 et que ça ne le serait pas pour d'autres citoyens qui ont peut-être d'autres combats ?
16:13 - C'est une inégalité envers les citoyens.
16:15 - Mais c'est surtout le risque finalement de la chien en lit,
16:18 parce que si demain tout le monde considère que son combat est légitime,
16:24 et qu'il est prioritaire, qu'il est urgent,
16:27 et qu'il justifie dès lors qu'on s'assoie sur les règlements et les lois,
16:31 alors il n'y a plus de cohésion sociale.
16:34 Et ça je trouve que comme parti politique, ce n'est pas un message que l'on peut se permettre d'adresser.
16:38 - Surtout que c'est un des fondements de votre programme.
16:40 - Mais c'est le respect.
16:42 Comment peut-on demain avoir une société plus apaisée,
16:45 si on ne réhabilite pas l'enjeu du respect ?
16:49 Alors après, les urgences des uns et des autres,
16:52 elles doivent être rencontrées par l'action politique.
16:55 Mais pas par le fait de faire systématiquement des révolutions en rue,
16:58 qui vont mettre le feu à tout.
17:01 - Donc il faut de l'ordre ? On n'a pas assez d'ordre aujourd'hui ?
17:05 - Il ne faut pas tomber dans l'autre excès.
17:07 Je ne suis pas en train de plaider pour un état autoritaire qui donne des coups de macaque.
17:10 - Remarque des règles.
17:11 - Je trouve simplement que des règles de vivre ensemble existent,
17:14 qu'on doit pouvoir les respecter,
17:17 qu'il faut pouvoir faire entendre ces aspirations,
17:20 notamment par le biais des élections,
17:22 notamment par le biais des consultations publiques,
17:25 des concertations citoyennes.
17:27 Mais si demain chacun estime que son combat étant noble,
17:30 il a le droit décomplexé de le mener en se frottant les pieds sur toutes les législations,
17:36 ça va devenir compliqué de garder alors une certaine cohésion.
17:40 Donc voilà, j'ai aussi, pour revenir à mon parcours,
17:44 été dans le scoutisme comme animateur louveteau et comme responsable.
17:49 J'ai fait de la danse folklorique,
17:51 donc j'ai eu un engagement associatif assez éclectique.
17:54 - Quel type de danse folklorique ?
17:55 - La danse folklorique Wallonne du Namurois, voilà.
17:58 - Vous avez été chasseur aussi ou pas ?
18:00 - Non, ça va pas. J'ai pas eu à mon avis assez d'agilité.
18:03 Mais ce qui m'a permis aussi de découvrir d'autres réalités, d'autres contrées,
18:07 d'être très sensible à la culture.
18:09 Et je pense que la culture c'est du biftec pour les neurones,
18:12 et qu'on en a besoin comme de pain dans toutes ces formes, dans toutes les disciplines.
18:16 - On parle peu de culture dans les différents programmes politiques.
18:18 - Et c'est d'ailleurs un tort. Dans le manifeste que j'ai fait avec Laure en mars 2022,
18:22 il y a tout un pan qui est lié à la régénération de la culture et de l'éducation.
18:27 Parce qu'il y a des valeurs qui me semblent importantes de réhabiliter,
18:30 comme celles notamment de l'effort et du travail.
18:32 Raison pour laquelle je trouve que c'est une ineptie de vouloir prorouner,
18:36 comme les socialistes le font, les 32 heures semaine payées 38 heures.
18:40 - Est-ce que ça, ça n'est pas vraiment détruire le mot travail ?
18:44 - En tout cas, c'est envoyer un signal qui me semble très négatif.
18:48 Et à la fois vis-à-vis des Flamands, qui vont renforcer le sentiment
18:52 que les Wallons cherchent à toujours moins travailler possible,
18:56 et vis-à-vis même des jeunes générations, ou des autres travailleurs,
19:01 il ne faut pas brader la valeur du travail.
19:03 À un moment donné, les choses se méritent,
19:06 elles ne se font pas juste en attendant que les choses vous tombent dans la main ou dans la bouche.
19:12 Et en plus, c'est une ineptie opérationnelle.
19:15 Vous avez déjà plein de petites PME, j'en ai discuté il n'y a pas longtemps,
19:19 avec un indépendant qui me dit "Mais attendez Maxime, moi j'ai 5-6 employés,
19:25 demain, si je leur demande de garder la même productivité,
19:28 en travaillant 4 jours au lieu de 5,
19:30 ça veut dire que pour le cinquième jour, afin d'avoir la même productivité,
19:33 je vais devoir embaucher.
19:34 Mais si ça tombe, je ne trouverai pas la main d'œuvre,
19:37 parce que mon métier est en pénurie.
19:39 Ou à côté de ça, ça veut dire que si je ne trouve personne,
19:41 je vais devoir alors exiger la même productivité sur 4 jours,
19:44 ce qui va épuiser plus rapidement les gens.
19:46 Et donc c'est pas sain non plus, puisqu'on va accroître les burn-out.
19:49 Donc je trouve qu'on est, avec ce message,
19:52 dans quelque chose qui est aux antipodes de ce que devrait être la revalorisation du travail,
20:00 le fait d'avoir un salaire poche quand on bosse,
20:03 qui soit largement supérieur à l'allocation de chômage.
20:07 Aujourd'hui, combien y a-t-il pas de personnes qui font le choix ?
20:11 Pas toutes, je le sais.
20:13 Mais certaines, manifestement, font le choix de rester au chômage
20:17 plutôt que d'aller travailler, vu le faible différentiel.
20:20 Parce qu'en plus, ils ont des avantages sociaux, alors qu'ils perdraient.
20:24 Et donc c'est une des raisons pour lesquelles on veut créer ce bonus bosseur
20:27 qui créera 450 euros net au moins de différence avec l'allocation de chômage.
20:33 Qui sera plus égalitaire pour les femmes aussi.
20:35 Parce qu'on sait aussi les différentiels, les familles non-parentales et autant-partielles.
20:40 Bien sûr, nous souhaitons aussi, comme les familles non-parentales,
20:43 je le disais tout à l'heure, ont quatre fois plus de risques de pauvreté que les autres,
20:48 qu'il y ait un statut spécifique qui leur soit reconnu.
20:51 Avec des avantages fiscaux, on reconnaît bien le statut des familles nombreuses.
20:54 Pourquoi est-ce qu'aujourd'hui, on n'adapte pas la réalité à notre temps,
20:59 en reconnaissant aussi celle des familles monoparentales ?
21:02 Nous souhaitons que les 1 000 premiers euros qui sont gagnés chaque mois par un travailleur
21:05 soient exonérés de toute imposition et de toute taxe
21:09 pour pouvoir donner de la respiration.
21:12 Nous souhaitons limiter à deux ans les allocations de chômage
21:15 en nous référant au modèle scandinave.
21:17 Parce qu'en fait, on est un des rares pays à ne pas le faire.
21:20 Mais effectivement, on a aujourd'hui en Scandinavie la capacité,
21:28 quand on... je vais le redire autrement.
21:31 On a en fait aujourd'hui la capacité pour chacun et chacune d'être confronté à un moment donné
21:36 d'un ennui de santé, un parcours de vie problématique.
21:39 Donc, tomber au chômage, ça peut arriver à tout le monde.
21:41 Moi, je ne blâme pas cette situation.
21:43 Je ne suis pas en phase avec ceux qui s'en satisfont et estiment avoir un CDI au chômage.
21:50 Ça, ce n'est plus possible, ce n'est plus audible
21:52 par tous ceux qui travaillent et contribuent par leurs impôts à la sécurité sociale.
21:57 Par contre, il ne faut pas rajouter de la précarité à la fragilité quand on perd son job.
22:02 Parce qu'il faut continuer de remplir le frigo,
22:04 il faut continuer de payer la scolarité des enfants,
22:06 il faut continuer de rembourser ses emprunts.
22:08 C'est pour ça que nous nous souhaitons maintenir, par exemple,
22:10 75-80% du dernier salaire pour amortir le choc sur le plan financier,
22:15 de la perte de l'emploi.
22:16 Donc, mieux gagner sa vie entre guillemets que si on était au chômage tout de suite, pour traduire ?
22:20 Non, c'est mieux gagner, c'est-à-dire revoir à la hausse la location de chômage
22:25 pour que la chute soit moins douloureuse, mais sur un temps plus court.
22:28 Pour obliger à retravailler.
22:29 Exactement.
22:30 Deux ans maximum pour obliger à se réactiver, à suivre des formations,
22:35 à pouvoir être coaché adéquatement,
22:37 être orienté, si c'est possible, vers les filières en pénurie.
22:40 Et au terme de cette période, si vous n'êtes pas parvenu à rebondir professionnellement,
22:44 s'ouvre alors un droit à l'emploi, où l'État vous fait une proposition de travail,
22:48 y compris dans le secteur associatif, par exemple.
22:50 Et seulement si vous le refusez, alors vous avez le bénéfice du CPS.
22:54 Mais on ne peut plus rester dans un mécanisme d'allocation illimité dans le temps,
22:59 qui ne permet pas la réactivation d'une série de personnes.
23:03 On a un vrai problème aujourd'hui de moindre qualification
23:06 de nos demandeurs d'emploi en Wallonie.
23:08 Et donc on doit vraiment travailler aussi sur cet enjeu de la formation.
23:11 Justement, vous, vous vous formez, vous continuez à vous former tout le temps ?
23:15 Alors, j'aurais envie de dire que la politique c'est presque de la formation continuée.
23:19 Puisque chaque jour, en fonction de l'actualité,
23:21 en fonction des débats auxquels nous sommes conviés,
23:24 on doit se plonger dans la matière.
23:25 Alors heureusement, on n'a pas un cerveau atrophié,
23:28 on est aussi entouré de collaborateurs de qualité.
23:31 Moi je dis souvent, pour pouvoir bien travailler en politique,
23:34 il faut être bien entouré et bien organisé.
23:36 J'essaie modestement d'être bien entouré et bien organisé.
23:40 Mais ce sont aussi nos expériences de vie qui nous marquent.
23:43 Vous savez, quelqu'un m'a demandé il y a peu de temps,
23:45 pourquoi est-ce que tu es si sensible à la cause du handicap ?
23:48 Pourquoi est-ce que tu en as fait une priorité pour les engager ?
23:51 Alors bien sûr, parce qu'il y a 15% des familles belges
23:55 qui d'une manière ou d'une autre sont confrontées
23:58 au handicap dans leur quotidien.
24:00 Et rien que ça, ça nécessiterait que ce soit une cause nationale
24:04 beaucoup plus prioritaire que ce qu'elle naît aujourd'hui.
24:07 Et impliquée dans le quotidien aussi.
24:08 Bien sûr, on a le sentiment que c'est une thématique parfois marginalisée,
24:12 alors qu'elle est essentielle pour le vécu de chacun.
24:14 Surtout que vous l'aimez difficilement dans le monde du travail, notamment.
24:16 Bien sûr.
24:17 Et donc moi c'est aussi lié à mon parcours de vie,
24:19 parce que j'ai grandi dans une famille où le handicap était présent.
24:23 Mon oncle est profondément handicapé mental et physique.
24:27 Et donc quand vous connaissez ces réalités,
24:29 quand vous avez vu vos grands-parents pleurer
24:32 parce qu'on le changeait de pavillon et qu'on allait le mettre dans une petite maison
24:35 avec la crainte qu'il ne s'y adapte pas.
24:37 Quand vous avez vu vos grands-parents angoissés
24:40 dans les dernières années de leur vie,
24:42 il y a l'idée de se dire "mais qui va s'occuper du gamin ?"
24:45 Parce que même s'il a 65 ans aujourd'hui, ça reste le gamin.
24:49 Et c'est d'ailleurs une vraie problématique,
24:51 la prise en charge des personnes handicapées plus âgées
24:53 n'est pas du tout adaptée dans notre société aujourd'hui.
24:55 Effectivement, et ça je crois que c'est un élément sur lequel on doit pouvoir travailler.
25:01 On doit être dans une démarche où l'inclusion de la différence,
25:05 que ce soit liée au handicap, que ce soit liée au parcours de vie,
25:09 que ce soit liée aux conditions socio-économiques, aux origines,
25:13 aux orientations sexuelles, quelles qu'elles soient,
25:15 toutes ces discriminations doivent être combattues.
25:18 Et c'est une des raisons pour lesquelles nous en faisons aussi un cheval de bataille.
25:23 Vous parliez tout à l'heure de vos parents,
25:25 ils ne vous ont pas découragé de faire de la politique ?
25:27 Ils ne m'ont pas encouragé à en faire en tout cas.
25:30 En fait, mon père ne m'a jamais connu en politique
25:34 puisqu'il est décédé de manière accidentelle quand je venais d'avoir 18 ans.
25:40 Est-ce qu'il a fait un choc ?
25:42 Oui, ça je ne m'y attendais pas.
25:45 Il est décédé du jour au lendemain dans un crash d'avion.
25:49 C'est vrai qu'on ne se prépare pas à ça,
25:52 mais après je n'en ai jamais fait grand cas non plus
25:56 puisqu'il y a des situations plus délicates et plus douloureuses
25:59 qui sont vécues dans bien des familles.
26:01 Mais ça contribue incontestablement à forger...
26:03 Surtout à un virage, 18 ans c'est pas...
26:05 Ça constitue évidemment un événement qui forge un caractère et un tempérament.
26:09 Et j'en suis aussi le fruit, avec ses bons aspects,
26:12 comme peut-être parfois ses moins bons.
26:14 Par contre, mes grands-parents, au départ, étaient un peu désespérés
26:19 de voir que je m'engageais dans la voie politique
26:22 et après avoir fait mes études,
26:24 un peu comme si le fait d'avoir payé des études
26:27 avait été jeté par la fenêtre.
26:29 Je pense que comme beaucoup de citoyens,
26:31 ils avaient peut-être une opinion plus relative de l'engagement politique.
26:35 Alors heureusement, au fil du temps, ça a changé
26:38 et le doute qu'ils ont pu avoir a été transformé en fierté
26:42 parce qu'ils étaient très honorés, très fiers.
26:46 Ma mère l'aide encore aujourd'hui.
26:48 Elle découpe les articles dans les journaux quand elle le peut.
26:52 Voilà, elle me suit avec discrétion, mais avec un soutien certain.
26:58 - Elle n'hésite pas à vous dire parfois, peut-être pas qu'elle n'est pas d'accord,
27:01 mais à avoir un mini-débat avec vous sur certains aspects ?
27:04 - C'est davantage la discussion que j'ai avec ma femme,
27:07 qui a effectivement du tempérament
27:10 et qui n'a jamais eu tendance à me dire uniquement ce que j'avais envie d'entendre
27:15 ou de me brosser dans le sens du poil.
27:17 C'est un bon indicateur pour moi
27:19 de ce que peut être aussi le ressenti des citoyens
27:23 en fonction de leur prisme et réalité de terrain, évidemment.
27:27 Mais c'est bien d'avoir des gens dans son entourage proche
27:30 qui continuent de vous mettre des coups de pied au cul
27:32 et de secouer le cocotier
27:34 parce que ça permet de garder les pieds dans la glaise.
27:36 - Aujourd'hui, elle vous suit, vous dites, votre maman vous suit encore,
27:39 elle garde un oeil, j'imagine, bienveillant sur vous ?
27:41 - Oui, tout à fait.
27:43 Le plus compliqué pour elle, comme pour mes proches,
27:45 c'est les réseaux sociaux.
27:47 Parce que là, maintenant, il y a forcé au riz d'ailleurs des comptes anonymes,
27:50 il n'y a plus de pudeur.
27:51 Les gens sont d'une agressivité terrible, insultants à souhait.
27:55 Et franchement, parfois, ça suscite du découragement.
27:58 - Il faudrait une certaine régulation.
28:00 - Je suis convaincu.
28:01 Il n'y a pas de raison qu'on accepte dans l'univers virtuel
28:04 ce qui est punissable dans l'univers réel, si je puis dire.
28:08 Et donc, il y a effectivement une révision à devoir faire,
28:11 à correctionnaliser une série de délits,
28:15 pour ne pas à chaque fois considérer que ça relève du délit de presse
28:18 et donc de la cour de cassation.
28:20 Il y en a qui s'en tirent à trop bon compte,
28:22 derrière leur écran d'ordinateur,
28:24 alors que ce sont des excès qui, finalement, confèrent parfois au harcèlement.
28:28 Alors quand c'est un élu calcuitre tanné comme moi, ça passe.
28:31 Quand ce sont des jeunes ados qui commencent alors à se renfermer sur eux-mêmes,
28:36 à être victimes de dépression,
28:38 et puis à décider, finalement, de mettre fin à leur jour,
28:42 c'est dramatique.
28:44 - Qu'est-ce qu'on pourrait faire pour eux, à ce niveau-là ?
28:46 - Nous, nous sommes demandeurs que la question de la santé mentale
28:50 devienne un vrai enjeu national.
28:52 Pas seulement parce qu'on a remarqué que, depuis la crise Covid,
28:56 les difficultés se sont accélérées,
28:58 mais quand vous voyez que ces cinq dernières années,
29:00 on a 92% de décrochage scolaire en plus,
29:02 qu'on a un étudiant du supérieur sur deux
29:04 qui se déclare en situation d'anxiété ou de dépression,
29:08 qu'on a un bel sur quatre qui prend des anxiolytiques ou des antidépresseurs,
29:12 que l'explosion des burn-out a été très forte chez les femmes,
29:16 et singulièrement chez les indépendants.
29:19 Ce sont tous des signaux du tableau de bord
29:22 de l'état de bien-être d'une population
29:24 qui sont en train de clignoter en même temps.
29:26 Et donc il faut, à un moment donné, qu'on en fasse une priorité.
29:28 Et nous, les engagés, qui sommes le parti de la santé et du bien-être,
29:31 c'est effectivement une priorité que nous voulons faire.
29:33 Et on doit revaloriser les métiers du soin.
29:35 Je pense singulièrement aux infirmiers et infirmières.
29:37 Mais il faudra les convaincre, parce qu'aujourd'hui,
29:39 ils font les études et puis ils n'y vont pas.
29:41 Il y en a beaucoup trop qui changent d'orientation.
29:44 Mais pourquoi ?
29:45 Parce qu'on n'a pas reconnu suffisamment leur pénibilité,
29:47 qu'elle n'a pas été valorisée dans leur horaire de travail,
29:50 qu'elle n'a pas été revalorisée financièrement,
29:52 qu'on n'a pas pensé à l'aménagement des fins de carrière.
29:54 Les médecins, on pleure pour en trouver aujourd'hui
29:57 dans bien des villages ou des communes.
30:00 On n'a pas de sens de continuer de garder
30:02 un goulot d'étranglement aux études
30:04 avec ces fameux quotas in amis,
30:06 empêchant nos propres étudiants de réussir un cursus de médecine.
30:09 C'est quand même l'opération de griller nos talents comme ça.
30:12 Mais évidemment, alors que dans le même temps,
30:13 on va chercher des médecins dans les pays de l'Est
30:15 pour combler les trous.
30:16 Mais enfin, on marche sur la tête.
30:18 Surtout que vous êtes bourgeoise de Namur.
30:19 Vous voyez bien que la province,
30:21 celle-ci, mais surtout la province de Luxembourg,
30:22 manque de médecins.
30:23 Mais bien sûr.
30:24 Et donc, on a plus de 50% des communes wallonnes
30:26 qui manquent de médecins.
30:27 Et donc, il est plus que temps qu'à un moment donné,
30:29 on réhabilite une notion, et je le regrette,
30:31 qui semble avoir disparu de la classe politique.
30:34 C'est celle du bon sens.
30:36 Il faut réhabiliter...
30:37 Pourquoi est-ce qu'ils ont perdu le bon sens,
30:38 ces politiques, un jour ?
30:39 Parce que beaucoup trop de partis sont allés dans les calculs.
30:42 Quel genre de calcul ?
30:44 Électoraux, l'opportunisme de circonstance,
30:47 qu'est-ce qui va permettre de mettre une peau de balle
30:49 l'un à l'autre,
30:50 en quoi, en disant ceci ou cela,
30:52 je vais me glorifier pendant 48 heures.
30:54 Moi, ce court-termisme et ce nombrilisme des partis politiques,
30:58 ils me gavent.
30:59 Qu'est-ce que vous faites, vous, sur Instagram, par exemple ?
31:01 Et c'est la raison pour laquelle
31:03 j'ai lancé ce processus de refondation puissant.
31:06 Parce que je pense, et les citoyens savent le comprendre,
31:09 qu'on n'obtiendra jamais des résultats différents
31:11 si on continue de faire toujours la même chose.
31:13 Vous revendiquez cette différence ?
31:15 Mais je la revendique.
31:16 Aujourd'hui, les engagés ont le programme politique
31:18 le plus contemporain du paysage politique.
31:20 Les autres continuent de défendre leur doctrine,
31:22 héritée parfois d'il y a un siècle.
31:24 Moi, je ne me suis pas mis dans une démarche de déni
31:27 par rapport au passé.
31:29 Mais je n'ai pas voulu considérer
31:31 que mon devoir était uniquement d'assumer un héritage.
31:33 Ce n'est pas qu'une rénovation de façade ?
31:35 Sûrement pas.
31:36 En quoi c'est différent ?
31:37 On l'a travaillé avec les citoyens
31:39 dans une démarche participative pendant plus de deux ans.
31:41 On ne s'est pas juste réuni au coin d'une table
31:43 pour dire "on change un nom, un logo et une couleur".
31:46 C'est un processus de fond.
31:48 C'est d'ailleurs le caractère novateur de ce processus de fond
31:52 qui a amené des personnalités
31:54 issues du monde économique, académique,
31:56 du monde de la santé, à nous rejoindre.
31:59 Alors que je suis dans l'opposition,
32:00 que je n'ai pas de succès ou de mandats à leur offrir.
32:02 Simplement parce qu'ils se sont dit
32:04 "là, vous nous avez convaincus
32:06 qu'il y avait une autre manière d'aborder la politique".
32:10 Je note d'ailleurs que même les idéautas réalistes flamands
32:13 ont souligné, début de cette semaine,
32:15 que face à la montée des populismes extrêmes,
32:17 les engagés étaient en train d'amener la démonstration
32:20 qu'on pouvait faire de la politique autrement,
32:22 de manière positive et constructive.
32:24 Vous allez conseiller le CDNV ?
32:26 Je ne vais pas le conseiller.
32:28 J'ai l'humilité de considérer que chacun mène sa barque
32:31 comme il l'entend et de surcroît,
32:32 avec des opinions publiques qui sont différentes.
32:34 Le ressenti et les attentes des flamands
32:37 ne sont pas nécessairement celles des francophones
32:39 et vice-versa.
32:40 Par contre, je pense qu'il est vertueux
32:42 que les deux formations centristes
32:44 qui aient des ponts entre les deux
32:45 renouent une certaine complicité
32:47 pour pouvoir, effectivement,
32:49 demain avoir un axe centriste
32:51 qui soit pesant, gage de stabilité
32:54 et d'efficacité dans l'action publique des gouvernements.
32:57 Et être le centre, ce n'est pas être mou ?
32:59 Ou c'est être mou ?
33:00 Parce que c'est ce qu'on vous renvoie souvent.
33:01 On vous dit "le centre, c'est facile, c'est le milieu".
33:03 Aujourd'hui, le centre, c'est tout sauf facile.
33:06 C'est un acte de courage de plaider la nuance.
33:09 Face à un climat où chacun voudrait juste
33:12 résumer sa pensée en trois phrases,
33:14 au moment où on vous dit
33:16 "attention, pour une vidéo, il faut maximum 7 secondes,
33:19 après les gens ne vous écoutent plus".
33:21 Attention, 10 mots maximum sur un post Facebook,
33:23 sinon ils ne lisent plus.
33:24 Et vous faites comment sur les réseaux sociaux aujourd'hui ?
33:26 On combat en faisant les choses différemment
33:29 et en revendiquant.
33:30 Vous faites des vidéos de 5 minutes s'il faut ?
33:32 On essaye de ne pas en faire de trop,
33:34 parce qu'on est conscient aussi que les gens zappent, sinon.
33:36 Mais on essaie de faire des vidéos.
33:37 On ne peut pas ne pas y être.
33:38 On fait effectivement des vidéos avec de la pédagogie,
33:41 avec de la nuance.
33:42 Je le disais, être nuancé aujourd'hui,
33:44 c'est un acte de résistance.
33:46 Et ça, je le revendique.
33:48 Parce que si on veut à un moment donné
33:50 faire progresser tout le monde,
33:52 ne pas tomber dans l'antipolitisme,
33:54 ne pas tomber sur l'incapacité
33:57 de faire progresser le bien-être de chacun,
33:59 on doit pouvoir décortiquer les problèmes,
34:01 expliquer ce qu'ils sont,
34:02 et comment les résoudre.
34:04 Et je pense que ça nécessite parfois un temps d'attention
34:07 qui est un petit peu plus long
34:09 que les microsecondes sur son pouce quand on swag.
34:12 Pourquoi est-ce que vous êtes entré dans la nuance ?
34:14 Vous l'avez appris depuis toujours ?
34:16 Ou c'est quelque chose que vous vous êtes nourri politiquement
34:19 au fil du temps ?
34:20 Ou c'est votre enfance, votre jeunesse,
34:22 les mouvements de jeunesse ?
34:24 Je ne sais pas si durant mon enfance,
34:26 il y a quelque chose de particulier
34:27 qui m'a amené à vouloir être nuancé.
34:29 Parce que ce n'est pas dans l'air du temps ?
34:31 Non, mais j'ai toujours voulu adopter
34:33 cette posture intellectuelle
34:35 de ne pas faire de la caricature.
34:37 Finalement, vous savez,
34:39 le bon coup politique du moment,
34:40 en ayant mis une tarte à l'adversaire,
34:42 en se réjouissant d'un bon article,
34:44 mais ça fait "pshit"
34:46 et au final ça ne fait pas avancer le schmilblick
34:48 pour le quotidien des citoyens.
34:50 Et ça, cette politique-là, elle ne m'intéresse pas.
34:52 Et donc je préfère rester ce que je suis,
34:54 quitte à ce que ce soit plus compliqué
34:56 d'expliquer les choses,
34:57 plutôt que de me travestir
34:59 pour aller prôner des simplismes.
35:02 Et vous savez,
35:04 moi je pense qu'aujourd'hui,
35:05 la noblesse de la politique,
35:06 c'est de chercher à faire progresser tout le monde.
35:08 C'est pour ça que je me revendique centriste.
35:10 Pas par dépit ou par défaut,
35:13 simplement par conviction.
35:15 Par conviction que faire de la politique noble,
35:18 ce n'est pas servir les intérêts seulement
35:20 d'une partie de la population,
35:22 d'une classe de gauche ou d'une classe de droite.
35:24 C'est chercher à réhabiliter le bien commun,
35:26 à faire progresser tout le monde.
35:28 Et c'est pour ça que je me retrouve
35:30 comme centriste dans une démarche qui est puissante,
35:32 bien éloignée du centre mou,
35:34 avec des convictions qui sont radicales,
35:36 y compris dans l'expression de leurs nuances.
35:39 Mais avec cette incapacité de me retrouver
35:43 dans l'assistanat de la gauche,
35:45 dans le dogmatisme d'Ecolo,
35:47 et dans le repli conservateur du MR.
35:50 Et alors on pourrait vous dire que vous êtes dans l'opposition,
35:52 et donc finalement c'est facile,
35:53 puisque vous n'êtes pas en majorité,
35:54 mais vous appliquez, j'imagine ça, un amour aujourd'hui.
35:56 Ah mais nous nous sommes par essence
35:59 un parti appelé à devoir assumer des responsabilités.
36:02 Et vous n'en avez pas peur ?
36:03 Non, certainement pas.
36:05 Et on aspire d'ailleurs à en assumer à nouveau
36:08 après le scrutin de juin prochain.
36:10 Nous voulons revenir dans l'ensemble des gouvernements.
36:12 On n'est pas frileux comme le PTB,
36:15 qui va juste glaner des voix,
36:17 qui sera en fait un vote inutile,
36:19 puisque c'est un vote de coup de gueule.
36:22 C'est très bien, Raoul a une bonne bouille,
36:25 mais c'est pas avec ça que le bien-être des citoyens
36:27 va progresser.
36:29 Qu'est-ce que vous pouvez encore faire aujourd'hui
36:32 pour améliorer le quotidien des gens ?
36:34 Avoir d'abord un discours vrai.
36:37 Et pouvoir faire ce que vous dites.
36:40 Parce que finalement, c'est ce qu'on reproche actuellement
36:42 aux responsables politiques de tout parti,
36:43 c'est qu'ils disent et puis c'est pas toujours évident de l'appliquer.
36:46 Or on est à plusieurs,
36:48 donc c'est pas toujours évident d'appliquer son programme, évidemment.
36:50 Je souhaite parler vrai et agir juste.
36:53 Et être dans une démarche où
36:55 on va expliquer aux citoyens
36:58 que les années qui vont venir
36:59 vont pas être des années toutes roses.
37:01 Mais parce qu'on voit la dette !
37:03 Il va falloir faire des efforts.
37:04 Et on va devoir expliquer quels efforts.
37:06 Mais pour que les citoyens adhèrent à des efforts,
37:10 il faut que ces efforts leur paraissent justes.
37:12 Et donc on a à travers notamment la réforme fiscale
37:15 une grande remise à plat de notre fiscalité qui doit être faite.
37:18 Il y a des niches fiscales aujourd'hui
37:20 qui n'ont plus de sens.
37:22 Et oui, derrière chacune de ces niches,
37:24 il y a parfois un gros chien qui aboie
37:25 et qui ne veut pas qu'on y touche.
37:27 Mais si on ne met pas les mains dans le camp bouillie
37:29 pour à un moment donné rebattre les cartes,
37:31 pour avoir de la justice fiscale,
37:34 on n'obtiendra pas de justice sociale.
37:36 On n'obtiendra pas alors d'apaisement sociétal
37:39 qui permettra d'avoir moins de faits de violence dans les rues.
37:43 On doit...
37:44 - Vous inquiétez de la violence ?
37:45 Par exemple, vous qui êtes bourgmestre à Namur,
37:46 elle vous inquiète la violence à Bruxelles ?
37:48 Vous la craignez un jour arriver chez vous ?
37:50 - Elle m'inquiète partout.
37:52 À Namur comme ailleurs.
37:54 Parce qu'on est aujourd'hui face
37:56 à une œuvre de justice et de police
37:58 qui sont désargentées en moyens.
38:01 On doit, et c'est la volonté des engagés
38:03 à travers leur plan stratégique de justice police,
38:06 réengager 3600 policiers,
38:08 réengager 250 magistrats,
38:11 pour pouvoir effectivement faire en sorte que demain,
38:13 il ne faille plus attendre des années avant d'avoir un jugement,
38:16 que le citoyen puisse croire à nouveau dans l'œuvre de justice,
38:19 rendre celle-ci financièrement accessible,
38:21 faire en sorte que la police soit dotée des effectifs nécessaires
38:24 et suffisants pour être sur le terrain.
38:27 Vous savez, vous avez maintenant des mafias
38:29 et des narcotrafiquants qui ont des moyens colossaux.
38:33 Quand on se rend compte qu'en Belgique,
38:36 on arrive à peine à capter 10% de la drogue
38:39 qui transite par le port d'Anvers,
38:41 imaginez ce que ça représente en dizaines de milliards
38:44 de moyens financiers pour les narcotrafiquants.
38:47 Et à côté de ça, on a nous, une police désargentée
38:50 qui a du mal à lutter.
38:52 À un moment donné, on doit lui donner les moyens de son ambition.
38:54 - Vous criez pour certains comme la libéralisation du cannabis
38:56 ou quelque chose comme ça,
38:58 pour justement redonner de la force aux policiers
39:00 pour enlever des moyens aux trafiquants ?
39:02 - La dépénalisation du cannabis, oui.
39:05 Parce qu'aujourd'hui, c'est pas agréable
39:08 quand ça sent la beuh partout là où on se rend,
39:11 mais c'est devenu hélas le cadet des soucis,
39:15 des forces de l'ordre par rapport à la drogue douce
39:18 qui circule en masse, la cocaïne qui déferle partout.
39:21 Et donc, on doit à un moment donné mettre des priorités.
39:24 La lutte contre la toxicomanie est essentielle.
39:27 Donner des moyens à la police et à la justice
39:30 pour pouvoir lutter adéquatement contre, c'est indispensable.
39:33 Quand vous vous rendez compte qu'aujourd'hui,
39:35 outre le fait que les prisons soient surpeuplées,
39:38 on a un taux de récidive en sortie de prison de 50%.
39:44 Mais comment peut-on accepter qu'une personne sur deux,
39:46 au sortir de sa prison,
39:48 récidive parce qu'elle n'y aura rien appris,
39:50 pire, c'est peut-être là qu'elle aura appris
39:52 ce qu'elle ne va pas faire.
39:54 Donc il faut leur donner des moyens à ce moment-là.
39:56 Mais à nouveau, arrêtons de marcher sur la tête.
40:02 En matière de santé, on a asséché les politiques de prévention,
40:06 alors que chacun sait, les études le démontrent,
40:08 qu'un euro investi en prévention, c'est quatre euros de curatifs économisés.
40:11 Nous voulons un grand plan de prévention.
40:14 Vous ne désespérez pas de ramener à la raison, ou pas,
40:17 puisqu'elle a des tracteurs aussi, Catherine Fonck,
40:19 pour la faire rester en politique,
40:21 puisque votre axe est la santé, et que c'est une de vos figures de proue.
40:24 Bien sûr, j'ai tenté de la convaincre,
40:27 mais notamment avec la crise Covid,
40:29 là où elle a retrouvé du sens à aller vacciner dans les maisons de repos,
40:32 elle a expliqué qu'elle voulait, après 20 ans d'engagement en politique,
40:36 retourner à ses fondamentaux.
40:38 C'est ça, finalement ?
40:39 Oui, c'est ça.
40:40 Pour vous, par rapport à ce que vous dites ?
40:41 Et c'est pour ça que je ne la blâme pas.
40:43 Moi-même, je n'ai pas l'intention de faire de la politique toute ma vie.
40:45 Vous arrêtez un jour ?
40:46 Bien sûr, et peut-être plus vite que certains ne l'imaginent,
40:50 parce que je n'ai pas l'envie d'être moi-même un vieux baron à 65 ans,
40:55 tel que je le dénonçais quand j'en avais 20.
40:57 Oui, vous en avez connu, vous en avez dénoncé.
40:59 Et donc, voilà, moi j'ai 45 ans, pour quelques jours encore,
41:02 je compte pas faire de la politique toute ma vie,
41:05 c'est sain qu'il y ait des cycles,
41:07 mais pour le moment, j'ai encore l'énergie, la capacité,
41:10 et surtout une vision à partager, et à essayer de mettre en œuvre.
41:14 J'en arrive parfois à rêver que les prochains gouvernements
41:17 soient composés de personnes qui ne vont plus chercher à être réélus,
41:19 pour qu'elles aient ce sursaut de courage,
41:21 le courage de changer le système,
41:24 le courage de changer le cours des choses,
41:26 pour réellement être orientés sur les résultats pour les générations futures,
41:31 plutôt que les préoccupations pour les élections futures.
41:34 Vous avez prévu une fête d'anniversaire ?
41:36 Non, je peux être rarement mon anniversaire.
41:38 Je ne sais pas.
41:39 C'est dans quelques jours, mais non, j'ai fait une belle fête,
41:42 enfin, on m'a fait une belle fête pour mes 40 ans à l'époque.
41:45 Mais j'avoue que je me réveille le matin et je me couche le soir,
41:48 c'est une relative banalité par rapport à ma fête d'anniversaire.
41:51 Je ne suis pas un fétichiste en la matière.
41:54 Après, ça ne m'empêche pas de trouver bien d'autres prétextes
41:57 tout au long de l'année pour aimer faire la fête.
41:59 Dernière question, peut-être, vous êtes un papa ?
42:01 Oui.
42:02 L'avenir vous inquiète en tant que père par rapport à vos enfants ?
42:06 Je suis papa d'une famille recomposée,
42:08 et donc ça aussi, c'est une richesse de vécu
42:10 qui me permet de relayer toute une série de réalités.
42:13 Combien d'enfants en recomposée ?
42:14 Moi, j'ai une fille qui va sur ses 17 ans,
42:17 Valentine, pour ne pas la citer,
42:19 et mon épouse a deux enfants qui vont vers leurs 18 et 20 ans,
42:24 Lucie et Emilien, respectivement.
42:26 Voilà ce que c'est que le challenge d'une vie recomposée,
42:30 les difficultés parfois auxquelles on a été confrontés,
42:33 y compris dans la relation avec l'ex-conjoint,
42:35 la capacité de refaire une fratrie,
42:38 dans le respect aussi des parcours de vie de chacun.
42:41 C'est un beau challenge, mais quand il est réussi,
42:44 comme je pense que c'est notre cas,
42:46 ça fait évidemment chaud au cœur,
42:47 mais ce sont des réalités qui permettent aussi
42:50 d'être plus percutants quand il s'agit
42:52 d'en parler dans les enseignes parlementaires,
42:54 parce qu'on n'est pas dans la théorisation du vécu
42:57 d'une série de personnes,
42:58 on n'y est plus directement confronté.
43:00 Vous leur déconseilleriez de faire de la politique ?
43:03 Aussi triste que ça puisse paraître,
43:06 je n'ai pas envie d'inciter mes enfants à faire de la politique.
43:09 D'abord parce que j'estime qu'ils doivent choisir
43:11 leur propre trajectoire et ne pas nécessairement
43:13 être influencés par la mienne.
43:15 Combien n'y a-t-il pas d'ailleurs de parcours contrariés
43:19 d'enfants qui ont fait des études dont ils n'avaient que faire
43:22 parce qu'il fallait faire plaisir à papa ou à maman,
43:24 ils ne sont pas plus heureux pour autant.
43:26 Et puis dans le contexte actuel de violences
43:29 sur les réseaux sociaux,
43:31 alors moi c'est parce que j'ai déjà quelques années derrière moi
43:33 que j'arrive à le supporter,
43:34 même si parfois il y a des flèches qui passent
43:36 à travers la carapace et qui m'atteignent.
43:38 Mais c'est le paradoxe citoyen.
43:40 Ils n'arrêtent pas de dire, c'est toujours les mêmes qu'on voit,
43:43 quand les nouveaux visages arrivent avec plein d'idéaux,
43:45 ils tombent de leur chaise en voyant l'agressivité
43:48 dont ils font l'objet sur les réseaux sociaux
43:50 et donc finalement ils jettent le gant.
43:52 Et qui reste alors ?
43:53 Ceux qui ayant déjà le cuir tanné par de nombreuses années
43:55 arrivent à faire le gros dos
43:57 et donc on entretient finalement,
43:59 c'est toujours les mêmes.
44:01 Donc voilà, vous savez pour l'anecdote,
44:03 quand je vois la violence sur les réseaux sociaux,
44:05 singulièrement sur Facebook,
44:07 je me suis réjoui quand mes enfants m'ont expliqué
44:09 que pour eux c'était un truc un peu de vieux,
44:12 Facebook, et que dès lors ils n'étaient pas sur cette application,
44:15 ils sont sur d'autres réseaux.
44:17 Mais donc ils ne voient pas une partie de la violence
44:20 à laquelle je suis confronté
44:22 et c'est tant mieux, pourvu qu'ils en soient préservés.
44:24 Je n'ai jamais mis de photo de mes enfants
44:26 depuis que je fais de la politique
44:28 sur quelconque réseau social
44:30 et j'entends bien continuer comme tel.
44:32 C'est un conseil que vous pourriez donner aux autres parents aussi ?
44:34 Même si chacun fait ce qu'il veut évidemment.
44:36 Oui, qui suis-je pour donner des conseils aux parents ?
44:38 Honnêtement, on a tous ce vécu à la maison
44:41 d'enfants qui se jettent sur leurs écrans,
44:43 qu'on essaye de réguler en entendant...
44:45 Vous y êtes arrivé, modestement !
44:47 Oui, parfois oui, parfois non, ça dépend.
44:51 On a évité qu'ils soient intoxiqués exclusivement par les écrans
44:54 et puis à un moment donné, c'est une réalité aussi
44:57 qui s'est invitée dans tous les ménages,
44:59 dans le mien comme dans d'autres,
45:01 mais heureusement on essaye de trouver du temps encore
45:03 pour la lecture, pour les jeux de société.
45:05 Vous êtes un fervent aux jeux de société ?
45:07 Oui, j'aime bien les jeux de société.
45:09 Vous en conseilleriez l'un ou l'autre ?
45:11 Quand je vais en vacances en famille,
45:14 je place ça souvent sous le label "aventure et nature"
45:18 pour qu'on ait effectivement la capacité
45:20 de pouvoir en profiter largement.
45:22 Mais parlant des jeux de société,
45:24 je me retrouve maintenant à jouer aux enfants
45:26 Rummy Pickup qui était un jeu
45:28 avec lequel je jouais avec ma grand-mère.
45:30 Et donc voilà, il y a une sorte à mon avis
45:33 de Madeleine de Proust là derrière.
45:35 Merci à vous !
45:36 Merci beaucoup !
45:37 Merci beaucoup !
45:38 ♪ ♪ ♪