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Le 4 avril 2014, Eric Piolle devenait le premier écologiste à diriger une grande ville française. Pour marquer ce dixième anniversaire, le maire de Grenoble revient sur son bilan et les dossiers d'actualité concernant la capitale iséroise.

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00:00:00 (Générique)
00:00:18 Bonjour à tous. Bienvenue dans le QG, le rendez-vous politique de Télé-Grenoble, avec chaque semaine un élu du territoire
00:00:24 dont les décisions impactent directement notre vie quotidienne. Aujourd'hui, je reçois Éric Piolle. Bonjour.
00:00:29 — Bonjour. — Bienvenue. Vous êtes le maire écologiste de Grenoble. Vous avez été élu le 4 avril 2014.
00:00:35 Comme je compte bien, ça fait 10 ans jour pour jour pratiquement que vous dirigez la ville de Grenoble.
00:00:41 Vous les avez vus passer, ces 10 années ? — Ah, c'est amusant, parce qu'on se posait la question avec des copains, là,
00:00:46 comment on se rapporte au temps. Et à la fois, c'est passé extrêmement vite. Et à la fois, quand on regarde l'ensemble
00:00:52 des choses que l'on a faites, si on reprend plein d'événements marquants, c'est vrai que c'est long. Donc c'est une tranche de vie,
00:00:59 quand même, 10 ans, ouais. — Une décennie qui est conforme à ce que vous aviez imaginé avant d'arriver à la mairie de Grenoble ?
00:01:07 — Oui. Je crois que nous avons réussi à créer une culture un peu qui montre qu'une ville n'est pas forcément obligée de se développer
00:01:14 avec comme mantra l'attractivité, la croissance du PIB, la fuite en avant. Nous pouvons prendre soin, nous protéger,
00:01:23 prendre soin de notre alimentation, de notre façon de nous déplacer, de notre façon de nous loger, la santé, notre énergie,
00:01:30 et donc faire des projets très concrets, le faire avec des valeurs, avec un esprit de solidarité, d'hospitalité.
00:01:37 Donc je crois que c'était une rupture sans doute dans le paysage politique municipaliste d'avant 2014.
00:01:44 — Dans la philosophie qu'avaient les précédents maires à la tête de Grenoble. Quelles sont les réalisations aujourd'hui dont vous êtes le plus fier ?
00:01:53 — Je peux pas faire une liste, parce qu'il y a plein de choses. Je crois que le fil rouge de notre mandat et de notre action politique,
00:01:59 mais aussi de ce que j'ai dans les tripes et d'ailleurs de ce qu'avaient beaucoup de militants qui se sont engagés en 2014, c'est les enfants.
00:02:10 Nous avons fait le plan École, plus de 60 millions d'investissements dans le premier mandat. On en remet pas loin d'autant.
00:02:17 Le plan crèche, le travail sur la pollution, le travail sur l'alimentation à la cantine, presque 100 % de bio dans les crèches.
00:02:26 On est à 95 %, plus de 65 % dans les écoles, avec presque la moitié de repas végétariens.
00:02:33 La façon de penser une ville dépolluée aussi. La pollution de l'air a baissé de 30 à 50 % en 10 ans. Voilà.
00:02:42 Donc on peut dire que je suis peut-être le maire du quotidien et le maire du lendemain.
00:02:47 Mais en tout cas, ce maire du lendemain m'importe autant que le maire du quotidien.
00:02:51 Et penser vers ces enfants, la réduction des inégalités, c'est ça qui m'anime toujours.
00:02:57 – On voit quelques images, notamment de l'opération Place aux enfants que vous avez menée.
00:03:01 Enfin, vous menée, parce que je crois qu'elle n'est pas encore complètement...
00:03:03 – Tout à fait, ça continue. On végétalise toutes les rues devant les écoles.
00:03:06 Je me rappelle qu'en 2019, quand nous avons lancé la première opération, avec un travail avec les enfants,
00:03:11 pour penser aussi quels espaces dans la cour, végétalisation des cours d'école, ça avait fait des scandales nationales,
00:03:19 parce que c'était le walkisme et la question du genre qui rentraient à l'école,
00:03:23 alors qu'on discutait avec les enfants pour dire qui fait quoi et comment se répartit la place dans la cour.
00:03:29 Donc on voit que les choses ont changé.
00:03:31 Maintenant, même des maires de droite végétalisent des cours d'école.
00:03:37 Et j'espère que le concept de Place aux enfants se répandra aussi partout.
00:03:43 – Les JO de 68 ont marqué la ville de Grenoble.
00:03:47 Sur votre mandat, il y a eu l'année Grenoble-Capitale-Verte européenne.
00:03:52 Qu'est-ce qu'il en reste aujourd'hui, deux ans après cet événement ?
00:03:57 – Il en reste une capacité à nous fédérer.
00:04:00 C'était le projet de Capitale-Verte, c'est-à-dire comment nous arrivons à fédérer derrière un cap commun
00:04:05 le monde institutionnel et pas que la ville de Grenoble.
00:04:08 Nous avons associé le département de l'Isère, la métropole, le parc du Vercors, le parc de Chartreuse,
00:04:14 mais aussi comment on fait adhérer à ce projet et faire participer à ce projet
00:04:18 le monde économique, le monde académique, le monde de l'université et de la recherche,
00:04:22 le monde du sport, le monde de la culture.
00:04:25 Et je crois que c'est ça, Capitale-Verte, c'est de se dire qu'on peut être fier,
00:04:28 choisi par l'Union européenne, seul en Europe.
00:04:32 Ce n'est pas le même concept que les capitales de la culture qui tournent de façon organisée.
00:04:38 Là, nous avons été choisis par l'Union européenne.
00:04:40 Et je crois qu'il faut être un petit peu fier pour prendre confiance dans notre capacité de changement.
00:04:45 Donc à la fois, on est fier, mais on est humble et on est tourné vers l'avenir.
00:04:49 C'est ça, en fait, Capitale-Verte, c'est de se dire que nous pouvons, ici sur le territoire,
00:04:53 rejoindre la trajectoire qui a été décidée à Paris lors de la COP 21,
00:04:57 qui reste un moment important de l'histoire de l'humanité,
00:05:00 puisque c'est la première fois que l'humanité se donnait des objectifs communs,
00:05:06 même si ce n'était pas contraignant, même si beaucoup de choses à dire.
00:05:08 Il n'empêche que cette année 2015 restera un jalon dans l'histoire de l'humanité.
00:05:14 – Grenoble a accueilli la semaine dernière le congrès national
00:05:17 de la Fédération des usagers de la bicyclette, la FUB.
00:05:21 Alors ce n'était pas un hasard qu'ils aient choisi Grenoble.
00:05:23 Je pense que personne, même vos opposants, ne vous contesteront le fait que sous votre mandat,
00:05:28 le vélo, la pratique du vélo, en tout cas, a explosé dans la capitale des Alpes.
00:05:32 – Oui, effectivement, à la fois dans Grenoble-Ville, mais aussi dans tout le territoire.
00:05:38 En ce moment, je vais tous les matins à Échirol, j'y vais en vélo, c'est très rapide.
00:05:42 Vous pouvez aller dans les quartiers populaires de Grenoble en vélo,
00:05:46 vous pouvez aller dans d'autres communes pour aller à Sainte-et-Grève,
00:05:48 j'y vais souvent en vélo, vous pouvez aller à Montbonneau en une demi-heure,
00:05:53 même pas depuis l'hôtel de ville de Grenoble par exemple.
00:05:56 Donc il y a cette logique qui est de dire, nous sommes réappropriés l'espace public.
00:06:02 Donc suppression de la pub, mais aussi élargissement des trottoirs,
00:06:06 plantation d'arbres et des axes vélos.
00:06:10 Oui, ça réduit l'espace de la voiture,
00:06:12 mais juste ça fait que l'espace public est à nouveau un lieu où on peut se sentir bien,
00:06:17 et je crois que c'est un succès.
00:06:19 – Réduire la voiture dans le centre-ville,
00:06:20 c'est de toute façon quelque chose que vous assumez depuis le début.
00:06:23 – Oui, bien sûr, ça ne veut pas dire supprimer la voiture,
00:06:26 mais nous ne pouvons pas juste suivre la tendance qui fait que,
00:06:29 entre 1980 et 2020, la France est passée de 20 millions de voitures à 40 millions de voitures.
00:06:35 Des voitures qui sont 300 kg plus lourdes qu'avant, plus larges, plus longues,
00:06:40 et qui sont encore plus puissantes.
00:06:42 Non, quand nous avons passé, d'ailleurs quasiment toutes les communes de la métropole à 30 km/h,
00:06:50 nous avons baissé le nombre de blessés en matière de sécurité routière,
00:06:55 baissé le nombre de blessés d'un tiers.
00:06:57 Donc là aussi, ça amène de la protection et juste, on vit plus agréablement.
00:07:02 – Le monde n'étant pas idéal, qu'est-ce qui n'a pas marché,
00:07:04 comme vous l'auriez souhaité pendant ces 10 premières années à la tête de Grenoble ?
00:07:08 – La politique est une affaire de frustration.
00:07:11 Donc vous avez des projets à ne plus savoir qu'en faire,
00:07:16 et il faut d'abord choisir, et puis après, dans ces projets,
00:07:19 il y en a qui n'aboutissent pas ou qui aboutissent lentement.
00:07:22 Donc je pourrais citer quelque chose qui me tient vraiment à cœur,
00:07:25 les berges de l'Isère sur la rive gauche.
00:07:29 C'est un projet qui me tenait à cœur déjà quand je suis arrivé en 2014.
00:07:33 – Vous les avez aménagées pour un public plus grand ?
00:07:35 – Oui, pour qu'on puisse avoir quelque chose de plus grand public,
00:07:37 qu'on puisse tourner comme ça a été fait à Bordeaux,
00:07:41 entre les deux rives de l'Isère de façon agréable.
00:07:45 Bon, on n'en est pas encore là, je ne désespère pas,
00:07:48 et j'espère que d'ici la fin du mandat, nous pourrons lancer des études
00:07:52 qui permettront de poser des jalons de cet aménagement pour le mandat suivant.
00:07:55 – Qu'est-ce qui coince dans des projets comme ça ?
00:07:57 – Là, en l'occurrence, c'était plutôt l'articulation ville-métropole qui a été compliquée.
00:08:03 C'est aussi des priorités,
00:08:04 puisque nous avons travaillé sur d'autres choses dans le premier mandat.
00:08:07 Donc, vous faites des choix, c'est le temps qui est limité,
00:08:11 ce n'est pas le nombre d'idées que vous avez en tête.
00:08:13 Donc vous faites des choix, et puis, voilà, tout ça prend un peu de retard.
00:08:17 Donc c'est effectivement assez frustrant, mais on reste déterminés,
00:08:21 parce que nous sommes toutes et tous animés par le sens de l'intérêt général.
00:08:25 – Parmi les points négatifs, il y a cette condamnation pour favoritisme
00:08:30 dans l'attribution du marché de la fête des tuiles.
00:08:33 Alors, même si la peine est minime,
00:08:34 vous avez été condamné à 8 000 euros d'amende avec sursis,
00:08:37 le tribunal a reconnu votre culpabilité.
00:08:39 C'est une tâche sur votre mandat ?
00:08:41 – C'est désagréable, c'est désagréable.
00:08:44 Vous savez, dans toute ma vie professionnelle,
00:08:45 quand on faisait des évaluations, ce qui ressortait en premier, c'était l'éthique.
00:08:49 Et dans ma vie politique, c'est aussi ce que j'ai cherché à faire,
00:08:52 aussi en cassant le mur entre les élus et les citoyens.
00:08:57 Tout le monde ricanait quand j'ai arrêté de porter la cravate,
00:08:59 mais c'était aussi le signe qu'un élu, on pouvait se projeter,
00:09:03 on pouvait permuter, on pouvait avoir ce contact avec tout le monde,
00:09:08 abandonner les voitures avec chauffeur, réduire ses anonymités de 25%.
00:09:11 Tout ça, c'était une sobriété de la vie publique et une éthique de la vie publique.
00:09:15 Et là, il faut rappeler…
00:09:17 – C'est paradoxal de se retrouver…
00:09:18 – Mais il faut rappeler quand même le fond de l'affaire.
00:09:20 C'est que le fond de l'affaire, nous avons été mis en cause
00:09:23 parce qu'on considérait que nous avions des liens avec cette association
00:09:27 et que ce n'était pas une prestation artistique.
00:09:30 Donc il aurait dû y avoir un appel d'offre classique,
00:09:32 comme si vous achetiez des fournitures.
00:09:35 Et le jugement, les deux jugements,
00:09:38 ont montré qu'il n'y avait pas de lien avec l'association.
00:09:41 Il n'y a pas de favorisé.
00:09:43 Nous sommes condamnés pour faute technique, mais il n'y a pas de favorisé.
00:09:47 Et que c'était une prestation artistique.
00:09:50 Donc en première instance, nous avons été relaxés.
00:09:54 Il y a eu une chose étrange, c'est que le procureur général
00:09:57 qui venait d'être nommé a décidé de faire appel.
00:09:59 Des réquisitions de son propre parquet.
00:10:01 Je n'ai pas d'autres exemples en France.
00:10:03 Comme si c'était plongé dans ce dossier,
00:10:05 que c'était LE truc majeur de son arrivée.
00:10:08 Bon, vous savez ce que je pense de l'indépendance des procureurs généraux.
00:10:11 Ils dépendent du ministère de la Justice.
00:10:13 Je trouve ça gênant.
00:10:15 Je le redis comme je le disais avant.
00:10:17 Et là, les trois fonctionnaires, moi j'ai eu une peine
00:10:21 parce qu'on a considéré que je n'avais pas surveillé assez les fonctionnaires.
00:10:26 C'est ça, il faut lire le jugement.
00:10:28 Les trois fonctionnaires font appel en cassation.
00:10:31 Donc nous verrons ce que donne la cassation.
00:10:34 Je crois que c'est important aussi pour le monde de la culture.
00:10:36 Parce que vous savez que pour les achats de prestations artistiques,
00:10:39 et là c'en est un, ça a été reconnu par les deux tribunaux.
00:10:43 Vous avez le droit de faire un appel d'un marché spécial.
00:10:46 Un marché spécial de prestations artistiques.
00:10:48 Or là, le tribunal dit, même si c'est une prestation artistique,
00:10:52 il faut quand même faire un appel d'offre.
00:10:53 – Ça crée une joie d'experience.
00:10:54 – C'est gênant parce que vous n'achetez pas un Picasso
00:10:57 comme si vous achetiez une statue de Rodin.
00:11:00 Donc là, il y a quelque chose qui ne colle pas.
00:11:02 Donc j'espère aussi pour le milieu culturel
00:11:04 que la cassation redira le code des marchés publics
00:11:09 et l'interprétation qui nous semble toujours correcte,
00:11:12 qui me semble, je considère que les services ont fait un travail correct
00:11:15 du code des marchés publics.
00:11:17 – Au chapitre des regrets, avec le recul,
00:11:20 est-ce que la volonté d'autoriser le port du Burkini,
00:11:23 qui a fait beaucoup parler en 2022,
00:11:25 aujourd'hui vous dites que c'était une connerie,
00:11:27 ça a fracturé votre majorité et puis ça aboutit sur rien finalement.
00:11:31 – Comment ça, ça aboutit sur rien ?
00:11:33 – Ça a été retoqué par…
00:11:34 – Non, non, non, non, non, non, non, non,
00:11:36 les maillots couvrants sont autorisés dans les piscines de Grenoble.
00:11:39 – D'accord.
00:11:40 – Maintenant, ça avait été, donc ça c'était l'ancienne équipe,
00:11:43 comme d'ailleurs dans pas mal d'endroits en France,
00:11:45 qui en 2012 avait décidé d'interdire les maillots couvrants,
00:11:49 et vous pouvez le faire.
00:11:50 Ce que le Conseil d'État a retoqué,
00:11:53 c'est que vous ne pouvez pas avoir de jupettes qui descendent sous les jambes
00:11:56 et leur argumentaire n'est pas un argumentaire lié à la religion,
00:12:00 leur argumentaire est dit, comme vous avez interdit les shorts,
00:12:04 et bien vous ne pouvez pas autoriser les jupettes.
00:12:07 Ça me semble un argument un peu fallacieux, je l'aurais dit d'ailleurs,
00:12:10 puisque j'ai été auditionné sur un autre sujet récemment,
00:12:13 mais à Grenoble, vous pouvez venir avec des maillots pour vous protéger du soleil,
00:12:19 si vous n'avez pas envie de montrer vos formes,
00:12:21 vous pouvez venir avec un maillot couvrant, il est important de redire le droit.
00:12:25 Alors après, c'est vrai que le sujet est extrêmement polémique,
00:12:29 moi je ne crois pas qu'on lutte contre l'islam politique
00:12:32 en faisant des discriminations sur les femmes,
00:12:35 en disant aux femmes "Vous ne pourrez pas vous interdire comme ça".
00:12:38 Et je crois que les femmes doivent pouvoir porter n'importe quelle même tenue que les hommes,
00:12:43 vous avez vu dans le monde du sport, les handballeuses et les volleyeuses
00:12:46 à qui on oblige, elles, d'être dévêtues, on leur dit "Non, il faut que vous montriez la moitié de vos fesses",
00:12:51 elles ont commencé à dire "Non, en fait nous on a envie de s'habiller comme on veut,
00:12:55 donc on n'est pas obligés de montrer nos culs pour jouer au handball et au volleyball".
00:12:59 Et bien dans l'autre sens, ça marche pareil, les femmes doivent pouvoir être libres,
00:13:03 et je crois que cette façon de tordre nos principes fondamentaux
00:13:08 pour lutter contre l'islam politique, un combat contre l'islam politique que je partage, n'est pas sain.
00:13:14 Ça me rappelle la phrase d'Aimé Césaire dans son discours sur le colonialisme,
00:13:18 il disait "Une civilisation qui ruse avec ses principes est une civilisation moribonde".
00:13:23 J'ai gardé ça, je suis devenu malgré moi, on va dire l'étendard du burkini partout en France,
00:13:28 mais j'ai eu aussi des remerciements partout en France,
00:13:31 j'ai été reconnu aussi pour ça, de gens qui n'en ont rien à faire du burkini,
00:13:36 mais qui disent "Ça nous fait du bien parce qu'on a l'impression d'être discriminés partout,
00:13:40 et vous vous dites égalité pour tout le monde".
00:13:43 Donc voilà, je continue de le porter avec fierté.
00:13:46 – Je ne sais pas ce que retiendront les grenoblois de votre mandat,
00:13:50 ces 10 ans plus les deux qui restent, mais vous resterez pour certains comme le maire
00:13:55 qui a le plus augmenté les impôts locaux, près de 30% d'augmentation,
00:13:58 c'était l'an dernier en 2023, ce qui place Grenoble dans la catégorie des villes françaises
00:14:02 où la taxe foncière est la plus élevée.
00:14:04 Pourquoi ne pas l'avoir fait plus tôt dans le mandat, dès l'année 2020 ?
00:14:08 Le taux aurait peut-être été plus faible et plus facile à faire passer ?
00:14:11 – Alors deux choses là-dessus.
00:14:13 2014-2020, nous étions engagés à ne pas augmenter les impôts
00:14:17 et nous avons rationalisé l'action publique,
00:14:20 ça a été le plan de sauvegarde des services publics locaux
00:14:23 qui a créé beaucoup de débats, mais qui a quand même permis 20 millions d'économies.
00:14:27 – Avec la fermeture de bibliothèques…
00:14:29 – Donc nous avons redessiné là où le service public municipal devait être.
00:14:33 Deuxième mandat, nous avons attendu les élections présidentielles
00:14:37 pour voir à quelle sauce nous allions être mangés,
00:14:39 en espérant que quelqu'un de notre espace politique allait gagner
00:14:44 et ainsi redonnerait des moyens à cette action locale
00:14:47 puisque les trois quarts de l'investissement en France, c'est les collectivités locales.
00:14:51 Ça n'a pas été le cas et donc après 2022, on a dit bon, ok,
00:14:56 en fait nous voulons aller plus vite, plus vite sur la transition,
00:15:00 donc c'est 11 millions des 44 millions d'augmentation,
00:15:03 protéger les services publics de l'inflation, c'est la moitié,
00:15:06 22 millions de ces 44 millions, et un bouclier social et climatique
00:15:10 pour protéger ceux qui en ont le plus besoin, les milieux populaires et les classes moyennes
00:15:14 de cette transition qui doit permettre à chacun de pouvoir se déplacer,
00:15:20 s'alimenter, prendre soin de sa santé, se loger correctement.
00:15:23 Donc nous assumons ce choix, c'est un choix de solidarité,
00:15:26 évidemment nous sommes conscients que c'est lourd parfois ce que nous demandons aux propriétaires.
00:15:31 – C'est pas très populaire non plus.
00:15:32 – Nous n'oublions pas, ah c'est pas très populaire,
00:15:34 mais des décisions pas très populaires, j'en ai pris quelques-unes,
00:15:36 donc ça fait partie du courage politique, d'une volonté d'une équipe
00:15:40 qui voulait révolutionner la ville et je crois que nous avons changé la vie
00:15:44 et nous avons changé la ville, ça on ne peut pas nous enlever,
00:15:46 après on est d'accord, pas d'accord, c'est autre chose, mais je crois que nous avons fait ça.
00:15:50 – Sur ce sujet, j'ai relevé une chose surprenante,
00:15:52 la cotisation foncière des entreprises a moins augmenté à Grenoble,
00:15:54 18,4% que la taxe foncière des particuliers,
00:15:57 ça va un peu à l'encontre de ce que la gauche et les écologistes demandent au gouvernement
00:16:02 d'aller plus taxer les entreprises que les citoyens ?
00:16:05 – On a eu un débat à l'échelle métropolitaine, oui,
00:16:07 parce que de fait c'est un impôt qui est métropolitain,
00:16:11 et voilà, nous avons eu ce débat-là au sein de la métropole
00:16:15 et c'est les arbitrages qui ont été faits par le conseil métropolitain.
00:16:18 Gardons en tête peut-être une chose pour montrer la lutte contre les inégalités en France
00:16:22 et quels sont les choix qui sont faits par le gouvernement.
00:16:25 Ces 44 millions d'augmentation, ces 25% d'augmentation de taxe foncière,
00:16:29 c'est l'équivalent d'une taxe d'un quart seulement des dividendes des entreprises du CAC 40,
00:16:36 c'est-à-dire des 40 plus grosses entreprises françaises.
00:16:38 Vous taxez leurs dividendes d'un quart, vous le répartissez à la population,
00:16:41 ça fait 44 millions pour Grenoble.
00:16:43 Ça vous donne une idée des choix qui sont faits par le gouvernement,
00:16:48 enrichir les plus riches par rapport à s'occuper de la vie quotidienne des habitantes et des habitants.
00:16:55 – Alors, j'évoquais les échecs ou les déceptions que vous pouvez avoir.
00:17:00 Est-ce que la gestion du Palais d'espoir en fait partie ?
00:17:03 Au début de votre mandat, il y a 10 ans, vous aviez voulu reprendre la main sur l'équipement,
00:17:08 vous aviez viré son directeur, les événements qu'il organisait,
00:17:11 3 jours cyclistes, super-cross moto ou le festival du cirque.
00:17:15 Vous vouliez transformer ce lieu, l'ouvrir à plus de monde et plus d'événements,
00:17:18 c'est parti d'une bonne intention.
00:17:20 10 ans plus tard, le vélo, le cirque et même la moto sont revenus par la grande porte
00:17:24 avec le même organisateur qu'en 2014, Guy Chanal.
00:17:27 C'est une sorte de retour au point de départ qui fait mal quand on se retourne sur ces 7 décennies ?
00:17:31 – Non, non, au contraire.
00:17:33 C'est étonnant en fait que vous ayez ce regard-là, mais c'est intéressant.
00:17:37 Non, nous notre regard c'est quand nous sommes arrivés,
00:17:40 il y avait pour les finances municipales, c'était un coût d'1,7 million, le pays des sports.
00:17:45 1,7 million d'euros pour 10 événements dans l'année.
00:17:48 Aujourd'hui, ça nous coûte 700 000 euros, donc on a gagné 1 million d'euros,
00:17:52 juste sur un bâtiment, 1 million d'euros, c'est colossal.
00:17:55 Et le pays des sports est maintenant investi par beaucoup plus d'événements.
00:17:59 Donc il y a les rencontres du Ciel Madmontagne que vous connaissez bien,
00:18:02 mais il y a aussi le forum des associations, il y a des entreprises qui les utilisent,
00:18:05 il y a des étudiants qui les utilisent.
00:18:08 Ici passe plein de choses, des concerts, des grands concerts,
00:18:11 et l'organisateur d'avant, il revient, mais maintenant en louant, voilà.
00:18:15 Il paye comme tout le monde.
00:18:17 – Symboliquement, le retour par exemple de la moto, j'ai mis ces images-là…
00:18:20 – Quand vous louez un équipement, c'est comme ça, vous ne choisissez pas les concerts,
00:18:23 en disant "tiens, ça je n'aime pas, ça j'aime, ça je prends, ça je ne prends pas".
00:18:26 Il y a quelqu'un qui vient, c'est une salle qui se loue,
00:18:30 et donc vous arrivez avec un projet, vous louez la salle, point.
00:18:34 La ville de Grenoble ne regarde pas ce qui est produit en matière culturelle.
00:18:40 – On a vu des maires refuser de louer des équipements, se mettre en la loi…
00:18:43 – Ah non, mais ce n'est pas possible de se mettre en la loi, pas là-dessus, c'est absurde.
00:18:47 – Il y avait les spectacles de Dieudonné par exemple…
00:18:50 – Ah non, mais c'est différent, Dieudonné a été accusé et condamné
00:18:54 pour incitation à la haine raciale.
00:18:58 Donc effectivement, d'ailleurs j'ai pris un arrêté pour interdire le spectacle de Dieudonné,
00:19:03 et j'ai perdu, logiquement d'ailleurs,
00:19:06 puisque ça dépend de ce qu'il allait raconter là, dans son spectacle.
00:19:11 – De ce qu'il avait dit avant.
00:19:12 – Oui, mais ça ce n'est pas les goûts et les couleurs,
00:19:15 c'est le racisme et l'antisémitisme de Dieudonné, c'est autre chose.
00:19:20 Après, les gens, ils aiment la musique qu'ils veulent, les spectacles qu'ils veulent,
00:19:23 je suis ravi que le Palais des Sports soit un lieu populaire
00:19:26 qui est maintenant fréquenté par beaucoup plus de monde qu'avant,
00:19:29 et je trouve que c'est une réussite, et c'est une réussite pour les finances publiques.
00:19:32 – Mais, alors là j'ai bien compris l'aspect financier,
00:19:34 mais en tant que maire écolo, quand le Palais des Sports accueille en février dernier
00:19:37 une patinoire éphémère pour deux représentations de l'idée en AS,
00:19:40 alors qu'on a une patinoire permanente à quelques kilomètres,
00:19:42 et qu'on sait bien que fabriquer de la glace hors sol, c'est pour le moins énergivore,
00:19:46 j'imagine que ça vous ne pouvez pas être en phase ?
00:19:50 – Il loue la salle.
00:19:52 – Après, à partir du moment où il loue, et que vous touchez l'argent…
00:19:55 – Non mais tout ne va pas changer d'un coup,
00:19:58 donc qu'il y ait des spectacles aujourd'hui, d'ailleurs nous avions remis de la glace,
00:20:01 nous-mêmes, dans le Palais des Sports en 2018, pour les 50 ans des Jeux Olympiques,
00:20:05 pour un merveilleux galas dont on a un très bon souvenir.
00:20:07 – Elle était restée un peu plus longtemps que deux jours.
00:20:09 – Elle était restée plus longtemps, effectivement,
00:20:11 elle avait accueilli plein de publics, etc.
00:20:13 Le monde de la culture est en train de travailler, d'ailleurs,
00:20:15 sur ces questions de transition, combien de temps il reste,
00:20:17 combien de temps il tourne, parce que ça fait partie de leurs émissions de gaz à effet de serre.
00:20:22 Mais je crois qu'il faut accepter, je suis le maire de tous les Grenoble-Bois,
00:20:26 et donc il faut accepter aussi tous les goûts et les couleurs.
00:20:29 Donc moi j'ai toujours plaisir, je vais voir parfois des artistes
00:20:32 que, ou bien je ne connaissais pas, ou bien que je n'apprécie pas particulièrement,
00:20:36 mais j'y vais parce que je suis là, au milieu des gens,
00:20:40 et que ça c'est important, amener ce partage, c'est important.
00:20:43 – Il vous reste deux ans de mandat, Éric Piolle,
00:20:46 dans quel état d'esprit vous attaquez ces deux dernières années ?
00:20:48 Il y a encore des projets que vous voulez voir aboutir,
00:20:51 ou vous allez dérouler, on va dire, jusqu'au bout ?
00:20:53 – Non, non, il y en a plein, en fait nous sommes dans une phase là,
00:20:55 qui est au contraire très excitante, parce qu'il se passe beaucoup de choses,
00:20:58 beaucoup de choses sur "Place aux enfants",
00:21:00 beaucoup de choses sur la Tour Péret,
00:21:02 que nous espérons rouvrir pour le centenaire en 1925,
00:21:05 elle a été fermée depuis 1960,
00:21:07 beaucoup de choses parce que nous avons lancé
00:21:09 la Sécurité sociale de l'alimentation, et que j'espère bien qu'elle sera en place…
00:21:12 – Ça ce sera à la rentrée de septembre.
00:21:14 – J'espère bien que ça va se mettre en place là,
00:21:17 et ça sera une innovation importante de la démocratie, de l'universalisme,
00:21:21 de la réflexion sur la connexion entre l'agriculture et l'alimentation.
00:21:25 Bref, il y a énormément de projets aujourd'hui,
00:21:29 donc voilà, c'est plutôt une phase qui est très enthousiasmante,
00:21:33 de se dire qu'il y a encore tout ça à faire,
00:21:35 et puis se dire que ça va continuer derrière, j'espère bien.
00:21:38 – Alors, vu que vous êtes encore enthousiaste,
00:21:40 après 10 ans de mandat, pourquoi ne pas continuer après 2026 ?
00:21:43 Vous avez annoncé il y a quelques années
00:21:45 que vous ne seriez pas candidat à un troisième mandat,
00:21:48 est-ce que c'est toujours le cas ?
00:21:49 – Oui, oui, j'avais annoncé avant 2014 même,
00:21:53 que je m'engageais en essayant de gagner, regagner, faire gagner.
00:21:57 C'étaient mes mots, et donc je reste là-dessus.
00:22:01 C'est une responsabilité importante et une charge importante,
00:22:05 ce n'est pas ça qui me fait peur,
00:22:07 ni la charge de travail, ni les responsabilités,
00:22:09 mais je crois que c'est important de montrer
00:22:12 que ce n'est pas la configuration particulière d'une personne en particulier,
00:22:17 mais que c'est vraiment un projet politique,
00:22:20 et donc je me dis que ça vaut la peine,
00:22:23 là je reste avec cette conviction que ça vaut la peine
00:22:27 de montrer que nous aussi écologistes,
00:22:29 quand on arrive au pouvoir,
00:22:31 ce non-cumul des mandats dans le temps,
00:22:34 on se l'applique à nous-mêmes.
00:22:35 C'est la première fois que les écologistes gagnaient une préfecture,
00:22:38 donc ça a fait du bruit, à la fois en France et même ailleurs.
00:22:41 Beaucoup de monde nous ont vu nous voir,
00:22:43 on a été très exposés, dès qu'on bougeait une oreille,
00:22:45 il y avait des réactions.
00:22:46 Je crois que c'est aussi notre responsabilité
00:22:50 de montrer que quand nous sommes aux manettes,
00:22:52 on continue à faire ce qu'on a dit.
00:22:54 Et donc voilà, il y aura une nouvelle équipe,
00:22:57 avec une nouvelle tête de liste,
00:22:58 je soutiendrai cette équipe et cette tête de liste,
00:23:00 elle émanera d'un collectif,
00:23:03 et je crois que les Grenoblois et les Grenoblois le montrent à chaque élection,
00:23:07 ils ont plutôt envie d'aller dans cette direction,
00:23:10 même si ça les bouscule, ça nous bouscule, ça nous bouscule aussi.
00:23:13 La conduite du changement c'est facile pour personne,
00:23:15 on est tous un peu résistants au changement,
00:23:17 mais nous savons que nous allons dans la bonne direction,
00:23:19 que c'est bien pour tout de suite,
00:23:20 et que c'est bien aussi pour nous demain,
00:23:22 et c'est bien pour nos enfants.
00:23:23 – On pourrait vous retrouver dans cette nouvelle équipe
00:23:25 en tant que simple conseiller municipal ?
00:23:27 – Je ne vois pas trop, a priori, l'intérêt,
00:23:30 après vous devenez encombrant aussi.
00:23:34 – Je vous pose la question,
00:23:36 parce que qui va fixer la feuille de route pour ce troisième mandat ?
00:23:39 – Il y aura un collectif, ce ne sera pas un troisième mandat,
00:23:41 ce sera un premier mandat d'une nouvelle équipe,
00:23:43 avec une nouvelle tête de liste, un nouveau style.
00:23:46 – J'imagine que l'objectif pour vous, même si vous êtes plus maire en 2026,
00:23:49 c'est que Grenoble reste une ville dirigée par des écologistes.
00:23:52 – L'espace politique que nous avons créé,
00:23:55 nous avons préfiguré en quelque part la nuppes.
00:23:58 Et quand je me suis engagé en politique en 2010,
00:24:01 après toutes ces années dans l'industrie,
00:24:04 je me suis dit bon ok, je fais un peu de côté,
00:24:06 je me suis dit voilà, le paysage politique,
00:24:08 il va y avoir les néolibéraux qui vont aller toujours plus loin,
00:24:11 et qui vont aller toujours plus loin dans les inégalités,
00:24:14 toujours plus loin dans les émissions de gaz à effet de serre,
00:24:16 toujours plus loin dans le conservatisme.
00:24:18 Il va y avoir une proposition sur cette base qui est malsaine,
00:24:21 une proposition réactionnaire d'extrême droite,
00:24:24 et nous, nous avons à pousser une proposition humaniste.
00:24:27 J'ai mis toute mon énergie là-dedans,
00:24:29 et j'y crois encore avec énormément de détermination,
00:24:32 et toute mon énergie.
00:24:34 C'est ce que nous avons fait à Grenoble.
00:24:36 C'est ce que nous devons faire en 2026 à Grenoble.
00:24:39 Et je crois que nous sommes bien partis pour le faire.
00:24:42 Et c'est ce que nous devons travailler à faire pour 2027
00:24:45 à l'échelle nationale, pour ne pas nous retrouver explosés
00:24:48 façon Peul's comme on l'a été dans les dernières élections présidentielles.
00:24:51 – Alors même s'il y a un travail collectif,
00:24:53 une élection municipale, on élit un maire ou une maire,
00:24:56 aujourd'hui à deux ans de l'échéance,
00:24:58 est-ce que vous avez en tête, je sais que vous ne me le direz pas aujourd'hui,
00:25:01 mais est-ce que vous connaissez la personne qui essaiera de vous succéder ?
00:25:04 – Je crois que vous avez répondu vous-même à la question,
00:25:06 je ne vous le dirai pas aujourd'hui.
00:25:07 – Non mais je vous demande simplement si vous…
00:25:09 – Non mais c'est toujours un collectif, voilà, c'est pas…
00:25:11 – Je m'imagine que vous n'y allez… ça ne s'improvise pas non plus, vous avez fiché.
00:25:14 – Le leader qui transmet le sceptre comme ça, là, non,
00:25:17 d'ailleurs on a vu ce que ça a donné la dernière fois,
00:25:19 la transition Michel Destau, Jérôme Safard,
00:25:22 je ne crois pas que ce soit resté dans le souvenir des socialistes
00:25:25 comme un très bon moment et une très grande réussite.
00:25:28 Ça émane du collectif.
00:25:29 – Mais vous, vous avez votre idée, personnelle ?
00:25:32 – Je serai au service du collectif, j'ai un poids, évidemment,
00:25:35 j'ai une parole, j'ai des convictions,
00:25:38 mais nous travaillons ça collectivement et puis en plus on ne le fait pas maintenant.
00:25:41 Maintenant nous sommes là sur tous les projets que nous avons,
00:25:44 comment nous allons plus vite sur nos réhabilitations d'équipements publics.
00:25:49 On a réduit déjà de 40% les consommations d'énergie,
00:25:51 de 70% les émissions de gaz à effet de serre.
00:25:55 Nous disons comment aller plus loin ?
00:25:56 Nous avons, grâce au plan d'investissement à travers GEG,
00:26:00 nous produisons maintenant une électricité ni fossile ni nucléaire
00:26:05 qui est l'équivalent de la consommation de l'ensemble des ménages Grenoble-Bois.
00:26:09 C'est une belle étape, mais ce n'est pas le point final,
00:26:12 donc on doit continuer tout ça.
00:26:14 Et puis les problèmes du quotidien, la gestion des déchets,
00:26:18 la propreté dans la rue, les questions de sécurité,
00:26:21 toute cette vie quotidienne, elle continue et elle nous mobilise pleinement.
00:26:24 Le reste, nous avons le temps.
00:26:26 – Vous avez vu quand même que dans votre équipe,
00:26:27 il y en a qui demandent à ce que le Cancanida soit désigné dès 2024.
00:26:30 C'est le Parti communiste qui a fait un appel en ce sens.
00:26:33 Qu'est-ce que vous leur avez répondu ?
00:26:35 – Je n'étais pas à la Réunion, je ne leur ai pas répondu.
00:26:38 – Mais vous avez vu passer l'info.
00:26:39 – Il y a une équipe…
00:26:40 – Votre premier adjoint est communiste, c'est le Parti du PC.
00:26:42 – C'est vraiment pas l'heure.
00:26:43 Ma première adjointe est communiste,
00:26:44 j'ai un autre élu avec des responsabilités en matière de logement,
00:26:49 qui a été aussi un très bon vice-président logement à la Métropole,
00:26:52 avec beaucoup de convictions.
00:26:53 Je suis très heureux de travailler avec les communistes.
00:26:56 – Vous leur avez dit que ce n'est pas l'heure pareil ?
00:26:58 – Ce n'est pas l'heure.
00:26:59 – Ça sera quand l'heure ? La bonne heure ?
00:27:01 – Ça sera quand sera la bonne heure.
00:27:03 – Vous évoquiez la passation de pouvoir ratée entre Michel Desto et Jérôme Safar,
00:27:08 son premier adjoint en 2014, vous en avez profité puisque vous avez…
00:27:11 – Je ne sais pas si la passation de pouvoir était ratée,
00:27:13 je pense que ce n'est pas un bon souvenir pour eux.
00:27:15 Après je ne sais pas, chacun fait comme il veut,
00:27:17 ce n'est pas une critique de ce qu'ils ont fait.
00:27:19 – Il y a eu une passation de pouvoir il y a quelques semaines
00:27:21 dans l'agglomération grenoise, dans une ville importante,
00:27:23 où Félicite Renzo Sully a arrêté son mandat en cours
00:27:25 pour laisser la place à sa première adjointe, Amandine Demors.
00:27:28 Est-ce que ce ne serait pas la meilleure façon de l'emporter en 2006,
00:27:32 de laisser votre successeur ou votre successeuse en première ligne dès maintenant ?
00:27:37 – Ça pourrait effectivement être la meilleure solution d'un point de vue juste,
00:27:42 pour rendre quelqu'un connu.
00:27:44 – C'est important dans une élection, d'avoir une notoriété.
00:27:47 – Mais je crois que pour la ville d'Échirol c'est très réussi,
00:27:49 Félicite Renzo Sully, cette passation.
00:27:51 – On verra en 2026.
00:27:52 – Non mais déjà, il faut se repositionner, c'est pas facile.
00:27:54 Quand vous avez été maire pendant 20 ans, de rester là,
00:27:56 il reste vice-président à la politique de la ville, à la métropole.
00:28:00 Mais pour une ville de la taille de Grenoble, c'est impensable.
00:28:04 Les gens ont besoin d'avoir un projet, ils ont besoin d'avoir une incarnation.
00:28:08 Et ce n'est pas un hauché qu'on transmet, c'est un projet qui est choisi par les gens.
00:28:14 Donc voilà, les gens, ils pourront trancher en 2026.
00:28:18 En 2014, ils se sont révélés à eux-mêmes qu'ils étaient écologistes,
00:28:22 qu'ils étaient prêts à sortir de cette logique du surdéveloppement.
00:28:27 En 2020, ils ont confirmé ça.
00:28:29 Nous avons eu 30% de voix de plus au premier tour.
00:28:31 On est la seule des 25 premières villes de France à gagner des voix dans les équipes sortantes.
00:28:35 Moi c'est plutôt une fierté, un beau souvenir en tout cas.
00:28:38 Et en plus de voir plein de copains gagner partout en France, c'était vraiment réjouissant.
00:28:43 – On a perdu au deuxième par contre.
00:28:45 – Oui mais on avait 30 points d'avance au premier tour.
00:28:47 Donc la mobilisation est compliquée quand même au deuxième.
00:28:49 Quand vous avez 30 points d'avance, allez dire "si, si, on a besoin que vous ayez voté".
00:28:52 Ils disent "oui d'accord mais pourquoi, vous avez 30 points d'avance".
00:28:54 "Oui d'accord mais quand même".
00:28:56 Bon voilà, c'est la vie.
00:28:58 Mais je garde en tête ce premier tour qui était effectivement marquant.
00:29:02 Et ils pourront choisir.
00:29:04 Ils créent et aussi je les invite à s'investir pour créer ce projet, ce plaisir à construire.
00:29:12 Moi j'ai eu beaucoup de plaisir en 2013-2014 à faire campagne, rassembler des gens,
00:29:16 aller à la rencontre des habitants des habitants.
00:29:18 J'avais fait plus de 150 réunions d'appartements, ce que j'ai refait en 2020.
00:29:22 Tout ça c'est une expérience vraiment superbe.
00:29:24 C'est des rencontres extraordinaires.
00:29:26 Ça transforme et après les gens votent.
00:29:30 Et donc ils voteront pour la prochaine tête de liste.
00:29:33 – Vous n'avez pas entendu l'appel des communistes à désigner le candidat dès cette année.
00:29:37 Est-ce que vous avez entendu leur appel à l'union de la gauche pour ces municipales ?
00:29:42 Ça semble un peu mal engagé à Grenoble.
00:29:44 Il y a des tensions avec la France insoumise et les écologistes au Niveau National.
00:29:48 – Oui à Grenoble ça va très bien.
00:29:50 – Il y a eu des démissions au sein de votre conseil municipal dans votre majorité.
00:29:53 Les 7 élus qui…
00:29:54 – Ah non, ils n'ont pas démissionné, c'est le groupe qui a décidé.
00:29:57 – Ils sont sortis du groupe, voilà.
00:29:58 – C'est le groupe qui a décidé qu'ils ne faisaient plus partie du groupe.
00:30:00 Ils ne sont pas partis d'eux-mêmes, je le rappelle.
00:30:03 – Derrière, je me demandais votre démission.
00:30:05 L'union de la gauche, ça ne le semble pas aussi évident qu'en 2014 ou qu'en 2020.
00:30:08 – Ça va plutôt bien.
00:30:09 – Ça ne vous inquiète pas ?
00:30:10 – Non, avec la France insoumise, les écologistes, les citoyens, le parti communiste
00:30:14 et d'autres partis d'ailleurs de peut-être moins grande notoriété
00:30:18 mais qui sont présents autour de la table, ça se passe plutôt bien.
00:30:21 Donc j'ai l'impression que ça avance bien.
00:30:22 – Et si la France insoumise revendique la tête de l'ISP en disant "c'est notre tour"
00:30:25 après deux mandats écolo ?
00:30:26 – Je ne crois pas que ce soit leur logique, leur état d'esprit.
00:30:29 Elisa Martin, mon ancienne première adjointe, a été élue députée
00:30:33 grâce, je crois, au travail que nous avons fait, qu'elle a fait à Grenoble.
00:30:37 Et nous sommes bien conscients de cette responsabilité.
00:30:40 Déjà que nous la portons, là, tous ceux qui sont au Grenoble,
00:30:43 ils la portent à l'échelle nationale.
00:30:45 Je ne vois pas pourquoi ils ne la porteraient pas à l'échelle locale
00:30:47 alors que nous étions précurseurs, nous resterons, je crois, précurseurs.
00:30:50 – Il y a une chose qui est sûre, c'est que le prochain maire de Grenoble
00:30:53 ce ne sera pas Olivier Véran.
00:30:54 On avait des rumeurs sur ses intentions à venir vous titiller.
00:30:59 Éric Piolle, l'ancien ministre de la Santé, a annoncé récemment dans la presse
00:31:02 que ça ne l'intéressait pas, ce qui ne l'a pas empêché de donner sa stratégie
00:31:06 pour l'alternance.
00:31:07 Qu'est-ce que vous en pensez ?
00:31:09 Lui, il rêve d'une union qui irait de la gauche à la droite,
00:31:12 sans passer par vous, évidemment, pour pouvoir faire tomber la ville.
00:31:15 – C'est leur problème, c'est leur vie.
00:31:17 – Pas plus de commentaires que ça.
00:31:19 – Qu'est-ce que vous voulez que je vous dise ?
00:31:21 C'est à eux de choisir leur stratégie, leur logique, leur leader.
00:31:24 Pour l'instant, je vois plein de têtes de liste potentielles
00:31:27 qui se débrouillent.
00:31:30 C'est leur vie, moi, je ne commande pas la campagne des autres.
00:31:32 Nous ferons, et je serai derrière ce projet de rassemblement,
00:31:37 un projet de transformation, un projet écologiste, un projet solidaire.
00:31:40 J'ai aucun doute sur notre capacité à nous rassembler.
00:31:46 Et après, les autres formations politiques feront ce qu'elles veulent.
00:31:49 – Est-ce que vous rejoignez au moins sur sa volonté affichée
00:31:51 de lutter coûte que coûte contre l'extrême droite ?
00:31:54 – Oui, ça nous fait un point commun.
00:31:56 – Un point de partage ?
00:31:57 – Oui, ça nous fait un point commun, effectivement.
00:31:59 Cette banalisation du RN, il y a des gens qui ont d'ailleurs contribué,
00:32:03 lui-même, puisqu'il était à la fois dans ce combat,
00:32:06 mais pas un mot sur la loi immigration et sa députée suppléante
00:32:11 a voté à sa demande, elle l'a bien spécifié.
00:32:15 – La panique.
00:32:16 – Oui, et donc ce jeu depuis 2020, ça a vraiment commencé en 2020,
00:32:21 le jeu d'Emmanuel Macron avec les valeurs de l'extrême droite,
00:32:24 quand ils ont commencé à aller à la fois chercher les islamo-gauchistes,
00:32:28 les éco-terroristes, tout en jouant sur les thématiques de l'immigration,
00:32:32 en disant que l'immigré et l'étranger étaient quand même un peu responsables de tout.
00:32:36 Ils jouent avec le feu.
00:32:38 Macron s'était posé en 2017 comme le grand combattant face au RN.
00:32:43 Bilan, moi j'ai eu peur, je vous le dis, en 2022 entre les deux tours,
00:32:47 je me disais si jamais il y a un événement extérieur, on n'est jamais à l'abri,
00:32:52 si jamais le débat d'entre deux tours se passe mal,
00:32:55 qu'est-ce qui peut se passer ?
00:32:56 Il n'y a plus assez de marge et nous n'oublions pas,
00:32:59 moi qui suis pétri d'histoire, qui suis cette année président de l'ordre de la libération,
00:33:03 cet ordre qui rassemble 1038 compagnons de la libération choisis par De Gaulle,
00:33:10 5 villes, dont Grenoble, je suis épris d'histoire
00:33:14 et je n'oublie jamais que l'extrême droite arrive au pouvoir,
00:33:17 un, par les urnes, deux, sur la faim, en éliminant tout ce qui pourrait faire peur
00:33:23 de façon pour caricaturer et faire peur aux bourgeois,
00:33:26 faire peur aux gens bien qui n'ont pas envie de voir l'extrême droite arriver,
00:33:29 ils enlèvent tout ça, ils arrivent au pouvoir et après on voit ce que c'est, dédiabolisé.
00:33:33 Et l'extrême droite aujourd'hui bénéficie grandement à la fois des politiques de fond
00:33:39 qui sont menées par le président de la République,
00:33:42 cette accentuation des inégalités, toujours plus pour les plus riches,
00:33:45 ce mépris des gilets jaunes, ce mépris sur les retraites,
00:33:50 ce mépris sur la loi travail, ce mépris sur la réforme du chômage, encore qui vient,
00:33:55 et bénéficie de cette confusion sur les valeurs,
00:33:59 où il dit une fois, quand Borne dit "le parti de Pétain",
00:34:03 il dit "ah non non, vous ne pouvez pas dire ça",
00:34:05 puis après "ah ben non, mais ils sont quand même dans le large républicain ou pas, on ne sait pas",
00:34:08 cette paralysation permanente entre LFI et l'extrême droite,
00:34:13 tout ça est indécent, tout ça est dangereux,
00:34:16 je n'oublie pas le message de Claude Alfandéry, résistant, qui vient de mourir,
00:34:21 décédé cette semaine, son dernier message, qui est tout frais, il y a quelques semaines,
00:34:26 c'était vraiment pour nous dire "n'oubliez pas, n'oubliez pas que l'extrême droite est arrivée au pouvoir,
00:34:32 partout, par les urnes, n'oubliez pas les conséquences que cela a eues,
00:34:38 ne refaites pas les bêtises qui ont été faites dans les années 30,
00:34:43 je garderai ça toujours, et je suis content de pouvoir le faire aujourd'hui avec Olivier Véran,
00:34:49 j'étais un peu blasé de ces jeux et ces confusions.
00:34:56 – En 2026, Eric Piolle, vous aurez 53 ans, grâce à la…
00:35:00 – C'est vieux, je me dis que mes enfants régulièrement, c'est vieux.
00:35:04 – Grâce à la réforme des retraites, vous avez encore plus de 10 ans à travailler devant vous.
00:35:08 – 14, même, j'en ai encore 14, mais je vais m'arrêter à 67 pour l'instant.
00:35:11 – Emmanuel Macron, c'est quoi la suite pour vous ? Comment vous vous projetez ?
00:35:15 – Je n'y pense pas.
00:35:16 – Vous n'y pensez pas du tout ?
00:35:17 – Non, mon énergie d'abord là, elle est dans le mandat, plein et entier,
00:35:23 mon énergie, elle sera ensuite pour qu'il y ait une dynamique collective.
00:35:28 – Dans la succession.
00:35:29 – Voilà, une dynamique collective que je soutiendrai.
00:35:31 Mon énergie, elle est aussi en tant que leader national,
00:35:34 pour que nous ayons une équipe au service de cet intérêt général,
00:35:39 au service de cet arc humaniste, et je mets mon énergie là-dedans,
00:35:42 le reste, je ne m'en occupe pas.
00:35:45 – Vous n'avez pas de projet de reconversion dans la médecine esthétique ?
00:35:48 – Non.
00:35:49 – Pas de votre côté ?
00:35:50 – Non.
00:35:51 – En décembre dernier, vous avez réalisé un stage dans un Ehpad,
00:35:54 pendant plusieurs semaines, à Eibnz, si je me souviens bien.
00:35:57 Ça n'a pas éveillé une vocation particulière ?
00:36:00 – Ça a éveillé en tout cas un plaisir de partager le quotidien de collectif de travail,
00:36:06 très engagé, de découvrir de l'intérieur ce que c'est qu'un Ehpad,
00:36:10 trois semaines à temps plein, à temps complet.
00:36:13 J'avais quand même ma vie de mère à côté, mais à temps complet,
00:36:17 c'est très fort comme expérience.
00:36:19 Je n'avais une expérience de l'Ehpad que pour y avoir accompagné mon père pendant sept ans,
00:36:23 ce qui était une expérience lourde, avoir accompagné mon beau-père,
00:36:26 également pendant moins d'un an.
00:36:28 De l'intérieur, c'était extrêmement riche, extrêmement humain,
00:36:32 avec les résidents, avec les agentes et les agents qui se donnent à plein
00:36:37 et qui créent des liens extraordinaires, avec les familles de résidents aussi.
00:36:41 Donc voilà, ça se décante encore dans mon état d'esprit,
00:36:45 mais je suis très heureux de ce partage de la vie quotidienne des travailleurs
00:36:50 qui sont souvent invisibilisés et qui pourtant sont les piliers de la société.
00:36:55 C'était vrai pendant le Covid, c'est toujours vrai dans ma tête
00:36:57 et je suis très heureux de faire ça.
00:36:59 – Vous aviez annoncé au moment de ce stage que vous en feriez d'autres
00:37:02 d'ici la fin de votre mandat, vous en êtes où alors ?
00:37:05 – Ce matin, j'étais en train de nettoyer l'espace public,
00:37:12 de balayer dans une commune à côté de Grenoble, dans un quartier compliqué
00:37:18 où il y a eu des opérations de police cette semaine.
00:37:22 Et ça permet de voir la réalité des choses, de partager là aussi la fierté de tous ceux
00:37:28 qui en fait nettoient tout ce qui est sali par d'autres et qui le font avec énergie.
00:37:35 J'ai été extrêmement bien accueilli, vraiment merci à eux de cette chaleur humaine,
00:37:40 de ce partage, de cette confiance intégrée comme n'importe qui.
00:37:44 – Ils savent que vous êtes le maire de Grenoble quand même, vos collègues.
00:37:46 – Oui, effectivement, certains me disent "vous ressemblez".
00:37:49 Alors pas les gens avec qui je travaille, mais dans la rue, vous ressemblez.
00:37:54 Et je dis "oui, on me le dit souvent".
00:37:56 Mais c'est extrêmement chaleureux, humain, de parcours de vie et de métiers
00:38:03 dont ils peuvent être fiers, qui sont compliqués.
00:38:06 Cette semaine, il y a eu la neige, par exemple.
00:38:09 Vous êtes mouillé, vous êtes sous la neige, mais vous êtes dehors,
00:38:12 pour la vie collective, vraiment la vie collective.
00:38:16 Et je suis très heureux de cette expérience.
00:38:18 Pendant tout mon premier mandat, tous les jeudis matins,
00:38:21 j'étais avec les services de la ville de Grenoble.
00:38:23 Ces trois heures, une sorte de vie ma vie, on fait partager un peu ce qu'ils font.
00:38:27 C'était très riche, mais c'était pour rencontrer les équipes de la ville de Grenoble.
00:38:31 Là, je ne suis plus maire, mais quand je suis là, je suis avec eux,
00:38:35 en partageant ce quotidien, et ça m'inspire beaucoup.
00:38:39 Et je pense que ça se décantera aussi dans mon cerveau,
00:38:42 à la fois pour les politiques locales, et aussi, je pense, pour ce rapport à la société
00:38:48 et comment nous pouvons nous adresser pour nous fédérer les Françaises et les Français.
00:38:52 – Quand on fait un stage de longue durée, on est obligé d'être rémunéré, c'est le cas pour vous ?
00:38:56 – Non, trois semaines, à chaque fois, c'est des temps complets, trois semaines.
00:38:59 – Vous pouvez vous étendre en dessous des 8, obligatoirement.
00:39:01 – Donc je suis collaborateur bénévole, ou stagiaire à l'EHPAD, collaborateur bénévole.
00:39:05 Mais non, il n'y a pas de rémunération, ce n'est pas l'objet.
00:39:08 – Il y en a encore d'autres de prévues ?
00:39:10 – J'espère, il faut… j'ai encore quelques projets,
00:39:15 j'aimerais bien travailler dans le monde agricole.
00:39:18 Ça se cale longtemps avant, ça s'espace, évidemment, et ça fait des temps de ressources,
00:39:31 y compris d'ailleurs parce qu'on pense à autre chose, parce qu'on est pleinement dans son activité.
00:39:35 D'habitude, de 7h du matin à 23h ou minuit, j'ai la tête pleine de projets municipaux,
00:39:41 là je me concentre sur ce que je fais, mais je ne doute pas que ça m'aide à décanter plein d'autres choses aussi.
00:39:46 – Alors en 2020, juste après votre réélection, vous étiez lancé dans la campagne des présidentielles,
00:39:52 est-ce que ça fait partie toujours de vos ambitions de devenir un jour président de la République ?
00:39:57 – Ambition, je ne sais pas si c'est le bon terme.
00:39:59 – On s'en vive !
00:40:01 – Mais nous avons besoin de construire une équipe, aujourd'hui nous sommes dans cette phase.
00:40:05 Et je fais partie de ceux avec un certain nombre de gens d'un peu partout en France,
00:40:11 à l'échelle locale et à l'échelle nationale,
00:40:13 ce n'est pas non plus des dizaines et des dizaines de personnes,
00:40:16 mais il y a quand même des envies de construire une équipe large,
00:40:21 qui aille de ceux qui, au Parti Socialiste, ont rompu avec le productivisme,
00:40:24 donc c'est sûr que ce n'est pas ceux qui prônent les nouvelles autoroutes,
00:40:28 qui prônent toujours le projet de plus, le dernier pour la route, comme les alcooliques,
00:40:33 et jusqu'à la France Insoumise, ceux qui ont envie de travailler,
00:40:37 en tout cas au sein de la France Insoumise, dans cet espace collectif.
00:40:40 Nous avons envie de faire une équipe, pour se dire qu'il y a une alternative en France,
00:40:47 au niveau du néolibéralisme, et que cette alternative, ce n'est pas l'extrême droite.
00:40:51 C'est une vraie alternance politique sur un projet qui part du quotidien des gens.
00:40:56 – Mais ce n'est pas la même chose d'avoir envie de travailler collectivement
00:40:58 et puis de se présenter à la présidence de la République,
00:41:00 là vous êtes un candidat au primaire avec cette ambition.
00:41:02 – Bien sûr, mais parce que je pensais en 2022 que j'étais le plus à même
00:41:06 de pouvoir rassembler cet espace politique.
00:41:09 Aujourd'hui je ne sais pas du tout qui sera la bonne personne et on n'en est pas là.
00:41:13 – Ça pourrait encore être vous en 2027.
00:41:15 – Pour l'instant l'important c'est l'équipe,
00:41:17 et donc ce travail-là est déjà un travail qui est important et qui est compliqué.
00:41:24 Tout le monde voit bien que l'Union de la Gauche et les écologistes,
00:41:27 ça a été possible en 2022, ça a été possible à Grenoble deux fois,
00:41:30 que c'est aujourd'hui un petit peu compliqué.
00:41:32 Donc il faut un peu de détermination et de sens du collectif.
00:41:35 – Un peu ou beaucoup, ça dépend des scrutins,
00:41:38 puisque si 2027 ou 2026 c'est encore un petit peu loin pour se prononcer,
00:41:41 il y a un scrutin qui se profile et pour lequel les sondages
00:41:45 concernant les écologistes ne sont pas bons, ce sont les européennes au mois de juin.
00:41:50 La gauche qui, contrairement aux législatives ou même aux cantonales ici en Isère,
00:41:56 a choisi cette fois de partir en ordre dispersé pour les européennes.
00:42:00 Les écologistes ont d'ailleurs été les premiers à faire un peu sécession
00:42:04 et sonner le glas de la nupèce.
00:42:06 Résultat, aucune liste de gauche ne semble en mesure
00:42:09 de venir challenger le RN ou les macronistes.
00:42:12 Est-ce que c'est une erreur de stratégie de partir comme ça,
00:42:14 en ordre dispersé, alors qu'on a joué l'Union, sur une élection à un seul tour ?
00:42:18 – Non, parce que justement c'est une élection à un seul tour.
00:42:20 – Mais on ne peut plus se rassembler derrière, donc…
00:42:22 – Donc il y a… c'est un scrutin proportionnel.
00:42:25 La question c'est qui seront les à peu près 80 députés européens français
00:42:31 et qui réuniront d'autres députés européens de partout sur des couleurs politiques.
00:42:37 Et donc la spécificité du projet écologiste, elle est très forte.
00:42:41 Nous sommes pro-européens résolument.
00:42:43 Ça ne veut pas dire qu'on aime tout dans l'Europe d'aujourd'hui, loin sans faux.
00:42:46 Vous entendez souvent les critiques sur ce modèle néolibéral.
00:42:49 À Grenoble, comme au Parlement européen, les écologistes sont contre le TAFTA,
00:42:53 contre le CETA, contre ces traités de libre-échange
00:42:56 que d'aucuns nous vantaient comme la panacée.
00:42:58 Et donc certains d'ailleurs, maintenant, ils ont fait demi-tour.
00:43:01 Vous l'avez vu au Sénat récemment, où même la droite a voté contre le CETA,
00:43:06 le traité transatlantique avec le Canada, revirement…
00:43:10 – Il y a peut-être un peu de stratégie politique aussi là-dedans.
00:43:12 – Oui, oui, bien sûr.
00:43:14 Mais n'empêche que nous voyons que ce que nous prenons depuis longtemps,
00:43:17 certains y viennent, peut-être par tactique, mais il n'empêche que c'est le cas.
00:43:22 Donc il y a un projet spécifique qui est porté par Marie Toussaint
00:43:25 et toute sa liste que je soutiens fortement.
00:43:28 J'étais au premier meeting, je serai au dernier en mai à Paris également.
00:43:32 Nous sommes pleinement investis là-dedans.
00:43:34 Il y a une liste socialiste, on ne sait pas trop ce qu'il y a dedans en fait.
00:43:40 Évidemment, Raphaël Glucksmann nous avait soutenus d'ailleurs
00:43:42 pour les municipales en 2020.
00:43:44 Et il peut avoir des votes, parfois, ça a été analysé,
00:43:47 qui sont plus proches que le Parti socialiste global européen,
00:43:52 plus proches des écologistes.
00:43:54 Mais derrière, on voit bien le retour de François Hollande,
00:43:57 le retour de Carole Delga, le retour de tous les productivistes du PS.
00:44:01 Et donc, voter pour eux, on se dit, on vote pour quoi en fait ?
00:44:04 On vote pour le retour de ce qui nous a vraiment fait mal,
00:44:08 le mandat de François Hollande et ce productivisme socialiste.
00:44:12 Je ne crois pas que ce soit la solution.
00:44:14 Et puis il y a une vraie divergence avec Jean-Luc Mélenchon
00:44:19 sur les questions internationales, ça je crois que tout le monde le comprend.
00:44:22 – Vous évoquez la liste de Raphaël Glucksmann.
00:44:25 Aujourd'hui, s'il y a une dynamique sur une des listes de gauche,
00:44:28 ça semble être la sienne.
00:44:30 Dans les sondages, il fait à peu près le double
00:44:32 de ce que sa liste avait obtenu en 2019.
00:44:34 Alors qu'inversement, la liste écolo, qui avait pratiquement fait 14%,
00:44:37 est plutôt donnée à 7%.
00:44:40 Si ça se confirme dans les semaines qui viennent,
00:44:43 est-ce que pour aller quand même contrebalancer le score FLEV annoncé pour le RN,
00:44:48 il faudra avoir un vote utile à gauche, aller vers la liste qui sera...
00:44:51 – De toute façon, il n'y a pas de vote utile,
00:44:53 puisque c'est un vote proportionnel.
00:44:54 Donc vous avez le nombre de députés...
00:44:56 Il n'y a pas de vainqueur.
00:44:57 Ceux qui disent, tiens, il faut gagner les élections européennes,
00:44:59 vous ne pouvez pas gagner une élection européenne,
00:45:00 il y aura ceux qui seront en tête, malheureusement probablement le RN.
00:45:04 – Mais les résultats seront analysés aussi pour la politique nationale.
00:45:08 – Mais derrière, sur la question des sondages,
00:45:11 vous m'avez toujours entendu dire de façon constante que je m'en foutais.
00:45:15 C'était vrai en 2014 quand on nous donnait 10 points derrière le Parti socialiste.
00:45:18 Tout le monde disait, bon alors qu'est-ce que vous ferez quand vous serez second ?
00:45:20 Je me dis, moi je m'en fiche, j'ai envie qu'on soit premier.
00:45:23 On me dit, oui d'accord, mais vous ferez quoi ?
00:45:24 Je me dis, je m'en fiche, je me bats pour qu'on soit premier, nous verrons.
00:45:28 Et finalement, nous avons été devant, largement.
00:45:30 En 2020, rebelote, on nous donnait aux alentours des 30%,
00:45:32 nous avons fait 47% au premier tour.
00:45:35 Donc, même quand les sondages nous étaient favorables et plus favorables en 2020,
00:45:39 je n'ai jamais dit, youpi, ça marche dans les sondages.
00:45:42 Je pense que c'est malsain.
00:45:45 Les dernières européennes, Yannick Jadot était à 7.
00:45:48 Du coup, quand il a fait 13, tout le monde a dit, victoire.
00:45:50 Moi je disais, victoire, what ? C'est un bon score, 13%.
00:45:54 Mais on ne peut pas se réjouir de faire 13% quand nous avons envie de faire 20.
00:45:58 C'est un super score qu'ils avaient fait, la liste de Yannick Jadot en 2019.
00:46:02 Mais ce n'est pas parce que vous êtes annoncé à 7, finalement vous faites 13.
00:46:06 Si en fait, vous pensez, vous conditionnez pour dire,
00:46:10 nous pouvons proposer un projet aux Françaises et aux Français
00:46:13 qui est une vocation majoritaire, vous ne pouvez pas vous satisfaire de ça.
00:46:16 Donc, les 7 des sondages de 2019 se sont transformés en 13.
00:46:20 Les sondages d'aujourd'hui, je pense que la liste du Parti Socialiste
00:46:24 restera plombée à la fin par François Hollande, Carol Delga
00:46:29 et tous ceux qui rôdent autour et qui sont là, qui attendent en disant,
00:46:32 que la balle revienne, s'il vous plaît, que le monde soit comme avant.
00:46:35 À l'époque, on s'en foutait de l'environnement
00:46:37 et on pouvait faire du bon productivisme comme on l'a fait.
00:46:40 Mais ils n'attendent que ça. Je pense que c'est mauvais pour le pays.
00:46:43 Je pense qu'ils sont dans le passé et je défends l'état d'esprit,
00:46:48 la candidature, mais aussi les votes et les propositions
00:46:52 que fait la liste écologiste, la liste guidée par Marie Toussaint.
00:46:55 Je le fais fortement.
00:46:57 Il y a une candidature, en tout cas, qui a le vent aux poupes en ce moment,
00:46:59 c'est celle du Rassemblement national. Vous l'avez dit,
00:47:01 il surfe sur les politiques de ces dernières années pour attiser les peurs.
00:47:05 Il surfe aussi sur l'actualité.
00:47:07 La semaine dernière, à Grenoble, il y a eu une fusillade en fin de journée
00:47:10 sur le cours Berriac, qui a renforcé le sentiment d'insécurité
00:47:13 que ressentent certains habitants.
00:47:16 On était en plein centre-ville à 18h30 avec beaucoup de passants.
00:47:20 L'an dernier, ce type de fusillade a tué plusieurs personnes à Marseille,
00:47:24 des gens qui ont eu malheur d'être sur les trajectoires de balles perdues.
00:47:27 Ça pourrait très bien arriver un jour à Grenoble.
00:47:29 C'est quelque chose, j'imagine, que vous avez en tête.
00:47:32 Oui, c'est quelque chose qui hante en permanence.
00:47:34 Je me suis retrouvé d'ailleurs une fois en vélo sur le cours Berriac.
00:47:37 En arrivant, j'ai croisé le scooter qui venait de tirer.
00:47:40 Ce jour-là ? Sur une autre fusillade ?
00:47:43 Une autre fusillade.
00:47:44 Oui, parce qu'il y en a régulièrement.
00:47:46 Malheureusement, il y en a dans le quartier Saint-Bruno régulièrement.
00:47:49 Donc évidemment qu'en tant que maire, j'ai ça en tête.
00:47:53 On a tous la peur de la balle perdue.
00:47:56 On est tous déjà vraiment consternés de voir des gens
00:48:00 qui perdent la vie pour du trafic de drogue.
00:48:02 Le trafic de drogue, maintenant, c'est une entreprise comme une autre.
00:48:05 Hier soir, grosse opération, vous l'avez vu, avec le préfet, le procureur.
00:48:09 Sur les Chirols.
00:48:10 Un endroit dont je m'occupe du nettoyage cette semaine.
00:48:14 Ce matin, à 8h du mat', je le dis avec le sourire,
00:48:18 mais je ne devrais pas parce qu'en fait, ça fout les boules.
00:48:21 On est vraiment en colère devant ça.
00:48:23 À la fois, je trouve que le procureur a les bons mots.
00:48:26 Il dit "notre travail, celui des forces de l'ordre, de la préfecture, de la justice,
00:48:31 c'est de contrarier le plus possible les trafics
00:48:34 pour permettre que la vie des gens soit le plus agréable,
00:48:37 soit le plus agréable ou au moins le plus supportable.
00:48:40 C'est les mots du procureur Vaillant.
00:48:42 Et je rejoins ces mots.
00:48:44 On ne doit rien lâcher.
00:48:46 Mais c'est totalement, aujourd'hui, inefficace.
00:48:49 C'est-à-dire que la stratégie globale du ministre de l'Intérieur,
00:48:51 M. Darmanin, est inefficace.
00:48:53 Il m'avait reçu, Place Beauvau, quand il a été nommé ministre de l'Intérieur.
00:48:56 Il dit "il n'y a jamais eu en France de politique de fermeté".
00:48:59 Bon, allez, ça rappelle, dans son temps, Charles Pasquoie,
00:49:04 ça rappelle Nicolas Sarkozy, ça rappelle Manuel Valls,
00:49:06 qui faisait le tour de France avec des coups de menton,
00:49:08 en disant "plus jamais ça, maintenant c'est tolérance zéro".
00:49:10 Comme si avant, on avait envie d'un peu de tolérance, s'il vous plaît.
00:49:13 C'est absurde.
00:49:16 Ils mettent toutes les forces de police contre le trafic sans aucun résultat.
00:49:22 Il y a des résultats parce qu'on condamne des gens.
00:49:24 Mais si vous regardez, nous, ce qu'on pense, élus locaux,
00:49:26 nous avons fait une tribune transpartisane là-dessus, à l'automne dernier,
00:49:29 avec France Urbaine, l'association des maires des grandes villes de France.
00:49:32 Nous disons, nous, on regarde le niveau de la mer.
00:49:34 Est-ce que le trafic a baissé ? Non.
00:49:36 Ce matin, il y avait encore 25 chouffes et vendeurs de drogue.
00:49:42 Ce matin, à 8h, c'est tôt.
00:49:44 Avant, on disait "ça arrive, ils dorment".
00:49:46 Maintenant, c'est H24.
00:49:49 Et pour la population, c'est effectivement insupportable.
00:49:51 Il y a un moment, c'est un échec en matière de santé.
00:49:55 C'est un échec en matière de sécurité.
00:49:57 C'est un échec en matière d'image de la République
00:49:59 et d'image de nos forces de l'ordre.
00:50:01 C'est très dur à vivre pour eux, de voir des gens faire des choses interdites devant eux
00:50:06 ou attendre de faire des choses interdites devant eux.
00:50:08 – En restant impuissants.
00:50:09 – En restant impuissants, c'est très violent.
00:50:11 Ils voient les habitants et ils leur disent "mais qu'est-ce que vous faites là ? Pourquoi ?"
00:50:15 C'est un échec complet.
00:50:17 Et l'échec en matière de santé, il est premier.
00:50:21 La consommation de drogue a explosé en France.
00:50:24 Et je ne parle même pas du protoxyde d'azote qui est arrivé.
00:50:26 J'en ramasse toute la journée, des bouteilles de gaz
00:50:29 avec lesquelles les gens se défoncent le cerveau.
00:50:31 Ça les fait rire.
00:50:32 Ça a émergé, la boîte a été créée en 2019.
00:50:34 Ces espèces de bonbonnes de gaz qui…
00:50:37 – Gazient la ronde.
00:50:39 – Oui mais en fait, ça ne fait pas rire du tout.
00:50:42 Donc nous avons ça, nous avons les médicaments, les psychotropes, l'ego.
00:50:45 Mais la France est là aussi championne en la matière.
00:50:49 Et la consommation de drogue, nous avons notamment le record
00:50:51 de consommation de cannabis pour les jeunes.
00:50:53 Nous devrions vraiment avoir une politique de santé publique d'abord.
00:50:57 Le ministre de l'Intérieur, il proposait la semaine dernière à Lyon, il disait
00:51:01 il faudrait pouvoir faire des contrôles salivaires sur la voie publique
00:51:03 pour cibler les consommateurs.
00:51:05 Déjà c'est bien, il commence à penser aux consommateurs.
00:51:07 Nous ce que nous faisons ici, nous faisons des vidéos aussi
00:51:10 pour montrer aux consommateurs les conséquences de leur acte.
00:51:12 – Pour les responsabiliser.
00:51:13 – Oui, juste leur montrer, ok vous achetez votre truc,
00:51:15 vous allez fumer avec vos potes, ça rigolo.
00:51:17 Mais en fait c'est ça l'avis des gens, vous êtes complices de ça.
00:51:21 Lui il proposait de faire des tests salivaires dans la rue.
00:51:23 Moi je dis, pour parler de drogue aujourd'hui, faisons des tests salivaires
00:51:27 et des tests capillaires pour le haut sommet de l'État,
00:51:31 pour les membres du gouvernement et des cabinets ministériels,
00:51:33 pour les parlementaires.
00:51:35 Et nous aurons peut-être un regard un peu plus complexe.
00:51:39 Vous avez vu cette députée de La République en marche
00:51:42 qui a dit, qui a été effarée par la consommation de drogue à l'Assemblée.
00:51:45 Elle s'est fait reprendre par son groupe, elle a dit
00:51:47 "Ah non, je me suis mal fait comprendre".
00:51:49 Vous avez vu cette histoire au Sénat, ce sénateur qui a drogué,
00:51:54 qui a essayé de droguer une députée, une sénatrice, je ne sais plus, une députée.
00:51:58 Bon, il y a un moment, il faut faire tomber le voile.
00:52:00 Moi ce qui me tord les tripes, c'est de voir des jeunes fumer devant les collèges et les lycées.
00:52:06 Le matin avant de démarrer les cours, ça n'est pas possible.
00:52:09 Ce n'est pas ludique, je veux dire, on n'est pas en train de se dire
00:52:11 "Tiens, on fait la fête, on boit un coup".
00:52:14 Et puis on est un petit peu différent de d'habitude.
00:52:17 Non, en fait c'est qu'il y a un problème.
00:52:19 – Et comment le régler ce problème ?
00:52:21 – Il y a un moment, c'est pour ça que je pose,
00:52:23 moi vous savez je n'ai jamais fumé, ni de cigarette,
00:52:25 même j'avais eu de fumée dans ma bouche, ni de cannabis.
00:52:28 J'étais contre, en tant que citoyen, je disais,
00:52:30 contre non pas la consommation de drogue pour moi-même,
00:52:32 évidemment, mais contre la légalisation.
00:52:35 Je suis devenu acteur et décideur public, j'ai lu les rapports des Américains
00:52:41 qui avaient fait la lutte contre le trafic de drogue dans les années 80,
00:52:44 qui ont dit "Ok, on s'est planté, il faut arrêter".
00:52:46 J'ai lu les rapports des anciens ministres de l'Intérieur,
00:52:48 comme Michel Vaillant, qui une fois qu'ils ne sont plus en fonction,
00:52:50 disent "Ok, on s'est planté, il faut légaliser".
00:52:53 Je vois les rapports sur les expériences au Portugal,
00:52:55 où ça amenait vraiment une baisse de ceux qui consommaient des drogues dures,
00:52:59 et une amélioration de la santé globale.
00:53:02 J'ai changé d'avis, je me suis dit "Ok, en fait, il faut légaliser,
00:53:06 donc il faut que nous ayons un discours sur la légalisation, un débat aussi".
00:53:10 Parce qu'il y a le problème des consommateurs et de santé publique,
00:53:13 et il y a le problème du niveau de vie dans les quartiers populaires aujourd'hui.
00:53:16 – Qui fait ça ?
00:53:18 – Qui fait qu'un certain nombre vivent de cela, évidemment.
00:53:22 Et que c'est une espèce d'économie de braconnage.
00:53:25 Et maintenant, en plus, c'est comme des entreprises.
00:53:27 C'est-à-dire que les sièges sociaux sont délocalisés.
00:53:29 Vous voyez les chefs, il y en a un au Maroc, un au Dubai, etc.
00:53:32 Donc ils ont fait comme les multinationales, en fait.
00:53:34 On délocalise le siège, et puis sur place, on a des gens qui sont exploités.
00:53:39 On a une boîte d'intérim, voilà, j'ai découvert ça,
00:53:41 maintenant il y a une boîte d'intérim, ils en parlent.
00:53:44 Donc si vous faites rafler des chouffes, vous pouvez aller chercher d'autres chouffes ailleurs
00:53:49 pour que le lendemain matin, ni vu ni connu.
00:53:52 Bon, c'est insupportable, en fait.
00:53:54 Insupportable pour les habitants qui vivent au milieu de ça.
00:53:57 Là, j'en croise des habitants, c'est pas drôle.
00:54:00 De ma vie de maire depuis 10 ans, je ne fais que ça,
00:54:02 croiser des habitants qui…
00:54:04 C'est des endroits très limités dans la ville, à Grenoble.
00:54:08 Mais n'empêche que, à ces endroits-là, ceux qui vivent là,
00:54:11 ceux qui ont des dealers dans leur cage d'escalier,
00:54:13 ceux qui, parfois, ils partent en vacances, ils reviennent,
00:54:16 les clés de leur appartement ont changé, et ils sont devenus nourris de force.
00:54:20 Ces jeunes qui, parfois, veulent sortir, mais non,
00:54:22 ils se font casser la gueule par le réseau, et ils restent dedans.
00:54:26 Parce qu'en fait, il n'y a pas d'avenir.
00:54:28 On ne vit pas bien quand on est dealer.
00:54:30 On vit en permanence sous la menace.
00:54:32 La menace, on a peur des flics, on a peur de l'entreprise d'à côté,
00:54:36 puisque maintenant, en fait, c'est comme des entreprises commerciales,
00:54:38 mais sauf que, pour régler les différents commerciaux,
00:54:41 ils n'utilisent pas du marketing ou de la pêche au consommateur.
00:54:45 Non, ils se tirent dessus.
00:54:47 Et effectivement, en tant que maire, j'ai aussi peur pour l'environnement global
00:54:52 et la balle perdue.
00:54:53 Et puis, même un dealer, il ne mérite pas de mourir à 20 ans ou 25 ans
00:54:57 cramé dans une bagnole.
00:54:58 J'en ai vu un, je l'avais rencontré, il était mineur.
00:55:01 Sa mère appelait à l'aide déjà, en disant "je ne m'en sors pas".
00:55:05 La société n'a pas su l'aider.
00:55:07 Il y a, je crois, un problème majeur.
00:55:10 Et la politique du tout-répression se plante.
00:55:12 Donc nous, on fait à côté.
00:55:14 D'abord, il y a un bon niveau de coopération à l'échelle locale.
00:55:17 Les policiers font du bon boulot, le préfet fait ce qu'il peut.
00:55:20 La justice et le procureur de la République sont très pragmatiques.
00:55:22 Donc nous arrivons à travailler ensemble.
00:55:24 Nous, on fait notre travail en matière de prévention,
00:55:26 en matière de...
00:55:27 On a des médiateurs qui reviennent sur l'espace public à Saint-Bruno.
00:55:33 On fait ce travail quand des collégiens qui se font exclure temporairement
00:55:39 ont maintenant une convention pour pouvoir les accueillir au sein de la police municipale
00:55:43 pour que cette exclusion temporaire ne soit pas un moment où ils sont fragilisés.
00:55:47 Parce que je rencontre aussi ces pères de famille et ces mères de famille qui ont peur.
00:55:53 Quand leur gamin, il dit "tiens, je vais jouer au foot".
00:55:56 Ils disent "il va vraiment jouer au foot ou il va faire quoi ?"
00:55:59 Moi, quand mes enfants me disent "tiens, j'allais rencontrer des copains, des machins,
00:56:03 je reste deux heures dehors, après les cours, on va chez machin faire des jeux",
00:56:07 je n'avais pas de soucis.
00:56:09 Quand vous vivez avec 10 là-en-dessous, là, vous êtes en permanence en train de vous dire
00:56:12 "attention, mes enfants, est-ce qu'ils vont basculer là-dedans ?"
00:56:14 Et vous avez beau avoir tout l'engagement nécessaire,
00:56:17 parfois vous lâchez un peu prise, parfois vous êtes vous-même en situation de fragilité,
00:56:20 de détresse, vous avez des problèmes financiers, vous avez des problèmes de couple.
00:56:25 Tout ça, je crois que nous nous y prenons vraiment mal et moi je suis très en colère,
00:56:30 très en colère de cette posture d'agitation, c'est que des coups de menton
00:56:33 de la part du ministre de l'Intérieur et je suis très en colère.
00:56:36 Le président de la République avait dit qu'en 2017, il ouvrirait le débat.
00:56:40 Ça démarre en Allemagne, on va voir peut-être Strasbourg,
00:56:44 là, ils sont frontaliers, donc on va faire comment pour vivre ?
00:56:48 La ville de Bègle souhaite une expérimentation territoriale.
00:56:52 Il faut changer de fusil en tout cas, d'épaule parce que c'est un échec complet.
00:56:57 La semaine dernière, Eric Piolle, à votre place, on recevait Christophe Ferrari,
00:57:00 président de la Métropole.
00:57:02 Comme c'est la tradition dans cette émission, je vais vous demander de vous poser une question.
00:57:06 On l'écoute tout de suite.
00:57:08 Monsieur le maire de Grenoble, cher Eric, comment expliquez-vous, expliques-tu,
00:57:13 la décélération de la production de logements, notamment social, sur Grenoble, sur Vaud, sur tes deux mandats ?
00:57:21 Comparativement aux mandats antérieurs de Michel Destau,
00:57:24 est-il eu égard aux valeurs que nous défendons à gauche,
00:57:28 que d'autres ont défendu et porté bien avant nous,
00:57:33 comme Jean-Philippe Mott, élu de Grenoble et vice-président de la Métropole,
00:57:37 et étant rappelé que la question du logement ne relève pas que de la Métropole ?
00:57:42 Donc voilà, la question que je souhaite adresser,
00:57:45 c'est qu'on a eu une division par plus de trois, voire plus, de la production de logements sociaux entre ces périodes.
00:57:52 Vous, tu, je ne sais pas comment vous... Vous parlez dans la vie ?
00:57:57 Dans la vie, on tutoie, mais dans la vie, soyons clairs, je tutoie aussi des élus de droite,
00:58:02 je tutoie énormément de personnes.
00:58:05 On se demande des nouvelles des uns des autres.
00:58:08 Après, quand on est dans l'espace public, c'est pareil avec mes adjoints, nous vous voyons.
00:58:14 Ça me semble être la moindre dépolitesse, parce que ça évite de penser qu'il y a des connivences.
00:58:22 Nous travaillons au quotidien ensemble, vous voyez, je pense que vous voyez également vos collègues de travail,
00:58:27 mais s'il y en a un qui arrive ici, vous ne le tutoyez pas.
00:58:30 À l'antenne, on se voit aussi.
00:58:32 Alors Grenoble, mauvais élève des constructions de logements sociaux.
00:58:35 Ça fait un peu sourire.
00:58:37 C'est comme si la politique du logement a été transférée à la métropole en 2015,
00:58:44 avec beaucoup d'autres choses, des politiques économiques, c'était la loi,
00:58:48 et nous l'avons fait avec élan et enthousiasme, parce que je crois aux faits métropolitains.
00:58:53 Donc c'est un peu comme si le président de l'intercommunalité venait me dire,
00:58:58 alors Éric, les chronovélos, ça n'avance pas.
00:59:01 Qu'est-ce que tu en penses, là ? Qu'est-ce que tu fais pour tes chronovélos à Grenoble ?
00:59:04 Ou tiens, les places, les bornes, place Notre-Dame,
00:59:08 les bornes qui doivent protéger les piétons, elles ne marchent pas.
00:59:12 Qu'est-ce que tu fais ? C'est un peu ça que j'entends.
00:59:15 Donc il y a un petit côté rigolo.
00:59:17 – C'est quand même les pères qui signent les permis de construire aujourd'hui.
00:59:19 – Oui, mais nous, nous signons…
00:59:20 Il y a des communes, effectivement, qui freinent volontairement.
00:59:24 À Grenoble, c'est l'inverse. À Grenoble, c'est l'inverse.
00:59:27 À Grenoble, nous poussons le logement social.
00:59:30 À Grenoble, nous sommes passés, depuis que je suis élu,
00:59:33 de 21% de logements sociaux à 24,9%, donc 25% de logements.
00:59:38 – Oui, mais en 10 ans, vous aviez l'ambition d'aller même au-delà de 30% ?
00:59:41 – Mais nous continuons à avoir l'ambition.
00:59:43 – Mais ce qui vous proche, c'est peut-être là.
00:59:45 – D'une politique métropolitaine.
00:59:47 Nous, nous y mettons d'ailleurs des millions et des millions,
00:59:49 alors que ce n'est pas notre responsabilité, c'est une responsabilité métropolitaine.
00:59:53 Mais nous le faisons parce que nous voulons aller plus loin.
00:59:55 Parce que je pense que le logement social,
00:59:57 ce n'est pas pour, comme je l'entends parfois, pour les cas sociaux.
01:00:00 Non, c'est juste ce qui protège et qui permet à chacun d'avoir un toit.
01:00:04 Et même dans les constructions, dans les chiffres invoqués là,
01:00:08 à l'exception de la période 2005-2010,
01:00:11 qui a été une période d'extrême construction, privée et publique,
01:00:15 parfois d'ailleurs au détriment du temps long de l'aménagement urbain,
01:00:19 mais ça a été le cas entre 2005 et 2010.
01:00:21 Sinon, avant et après, nous avons le même niveau de construction
01:00:25 que les mandats de Michel Destau,
01:00:27 qui faisait en la matière une bonne politique.
01:00:30 Je l'avais souligné dans la campagne de 2014.
01:00:33 Donc rien que factuellement, en fait, ce qui est dit là ne colle pas.
01:00:38 Mais surtout, ce qui...
01:00:40 Évidemment, il y a un petit côté taquin, mais ça n'est pas que ça.
01:00:45 Je crois que les gens ont l'impression que c'est une bataille de coques.
01:00:49 Ils voient ça de loin, ils disent "bataille de coques, Piole-Ferrari".
01:00:52 Mais on n'est pas dans une basse-cour.
01:00:54 Il est maire de Pont-de-Clé, je suis maire de Grenoble.
01:00:57 Je suis membre d'un parti, les écologistes.
01:00:59 Il a été membre du Parti Socialiste pendant tout le mandat de François Hollande.
01:01:02 Au moment de la loi Travail, la déchéance de nationalité, etc.
01:01:04 Il en est sorti en 2018.
01:01:06 Depuis, il n'a plus de parti.
01:01:07 Moi, je continue d'être dans un parti.
01:01:10 Depuis, il nous a fait perdre, à la gauche et aux écologistes,
01:01:13 deux cantons en présentant ses propres candidats.
01:01:16 Chez lui, son premier adjoint qui a échoué,
01:01:18 le président du SMAG qui a échoué 15%,
01:01:20 alors que notre candidat d'union faisait 45%.
01:01:23 Il nous a fait perdre un poste de sénateur
01:01:25 en présentant une liste séparée, là aussi,
01:01:27 du rassemblement de la gauche et des écologistes.
01:01:29 Et en fait, ce n'est pas une bataille de coques.
01:01:31 Il y a des enjeux politiques.
01:01:34 Il y a une partie qui s'impose à lui et à moi,
01:01:37 et qui s'impose partout en France.
01:01:39 C'est que, pour les métropoles,
01:01:41 il n'y a pas de suffrage universel direct.
01:01:43 Donc, il n'y a pas une liste qui fait un programme
01:01:45 qui est choisi par les habitantes et les habitants.
01:01:47 C'est un problème majeur,
01:01:48 parce que la métropole est en charge de l'énergie,
01:01:50 des déchets, du logement, etc.
01:01:52 Et qu'il se passe plein de choses de positifs.
01:01:55 Si vous regardez ce qui a été fait dans les déchets,
01:01:57 si vous regardez ce qui a été fait sur les mobilités
01:01:59 dans le mandat précédent,
01:02:00 si vous regardez ce qui est fait sur l'insertion
01:02:02 et l'accueil des réfugiés dans ce mandat-ci,
01:02:05 il se passe plein de choses de positifs.
01:02:06 La tarification sociale de l'eau.
01:02:09 Donc, il se passe beaucoup de choses.
01:02:11 Mais, je crois que nous ne pouvons pas
01:02:15 avoir cette culture de la fracture
01:02:17 et toujours du truc anti-Grenoble, anti-écolo,
01:02:19 les petits trucs...
01:02:20 – Est-ce que vous ne l'entretenez pas aussi,
01:02:21 cette culture de la fracture avec la métropole ?
01:02:23 – Non, nous avons parfois des divergences politiques.
01:02:26 – Souvent ?
01:02:27 – Sur les moyens financiers, typiquement, nous avons proposé,
01:02:29 nous pensons que la métropole ne met pas assez de moyens,
01:02:32 justement, sur la politique du logement.
01:02:33 Nous avons proposé un amendement budgétaire
01:02:35 pour mettre plus de moyens.
01:02:36 Parce que la métropole de Grenoble
01:02:37 accompagne ses bailleurs moins que d'autres métropoles,
01:02:41 en euros par habitant.
01:02:42 Donc, on considère qu'elle ne met pas assez.
01:02:45 Et nous voudrions qu'elle mette plus.
01:02:47 Mais, elle fait aussi des choses positives.
01:02:49 L'encadrement des loyers, qui a été porté
01:02:51 par le vice-président Nicolas Béan-Pérez,
01:02:53 qui est aussi élu de mon équipe,
01:02:54 mais ça a été porté aussi par le président Ferrari.
01:02:56 Donc, il se passe des choses positives.
01:02:58 Mais sur le logement social, nous avons d'abord progressé.
01:03:02 Nous construisons autant que les mandats d'avant,
01:03:05 à l'exception du créneau 2005-2010.
01:03:07 Le logement social a été rincé partout en France,
01:03:09 rincé par le gouvernement Macron depuis 2018,
01:03:12 pour Actiz, que je présidais dans le mandat précédent.
01:03:14 C'est 4 millions d'euros qui ont été ponctionnés.
01:03:16 4 millions d'euros sur 55 millions de recettes de loyers.
01:03:19 C'est absolument monstrueux.
01:03:20 Donc, les bailleurs n'ont plus les moyens de construire.
01:03:23 Et nous, nous continuons.
01:03:24 Et nous avons changé d'ailleurs les règlements
01:03:26 du plan local d'urbanisme.
01:03:27 Nous avons demandé à la métropole de les changer,
01:03:29 puisque c'est son règlement local d'urbanisme.
01:03:31 Elle est en charge du foncier de l'urbanisme.
01:03:33 Pour qu'à Grenoble, dans tous les quartiers
01:03:36 où il n'y a pas aujourd'hui suffisamment de logements sociaux,
01:03:39 chaque nouveau projet de construction
01:03:41 intègre 45% de logements sociaux.
01:03:44 Parce que nous pensons qu'il faudrait du logement social
01:03:46 un peu partout dans Grenoble.
01:03:48 C'était déjà ce qu'essayaient de faire nos prédécesseurs.
01:03:50 Mais nous montons les curseurs encore.
01:03:53 Donc, nous avons une détermination sans faille sur le logement,
01:03:56 sur une politique qui est une politique métropolitaine,
01:03:58 mais que nous soutenons.
01:03:59 Nous avons dit au Conseil municipal, d'ailleurs lundi,
01:04:01 nous avons voté un avis positif sur le plan métropolitain.
01:04:05 On espère, on dit attention, c'est ambitieux,
01:04:07 il faudra y mettre les moyens pour que vous réussissiez
01:04:09 à atteindre ce résultat sur Grenoble.
01:04:11 Mais c'est bien une politique métropolitaine sur Grenoble,
01:04:13 comme la politique des chronovélos
01:04:15 est une politique métropolitaine sur Grenoble.
01:04:17 – Il y a près de 900 logements qui sont prévus par an.
01:04:19 – Oui, c'est ça, 880, dont un peu plus de la moitié
01:04:22 de logements sociaux, plus une cinquantaine d'acquisitions sociales.
01:04:27 Voilà, donc ce côté un peu basse-cour, bataille de coque, est frustrant.
01:04:31 Il y a une partie qui est liée au mode de scrutin, je le regrette.
01:04:34 Je crois qu'il faudrait que ce soit comme à Lyon,
01:04:36 des listes qui soient sur un projet.
01:04:39 Il y a une partie qui est liée à ceux qui ont voulu conserver le pouvoir,
01:04:42 se faire élire avec la droite, avec En Marche,
01:04:46 ce qui n'a jamais été fait ailleurs.
01:04:49 D'habitude, on fait à l'intérieur des majorités,
01:04:51 on choisit qui sera le président.
01:04:53 Évidemment, ça laisse des petites bisbilles,
01:04:56 mais ça n'est pas des bisbilles de personne.
01:04:59 Et il se passe des choses positives et des choses négatives.
01:05:02 Je pense que la métropole a un grand défi,
01:05:05 et ça, tous les maires du territoire le sauront,
01:05:08 y compris le maire de Pont-de-Clay sûrement,
01:05:10 qui est aussi président, je le dis pour nos téléspectateurs,
01:05:13 de l'intercommunalité.
01:05:16 Intercommunalité, c'est coopération,
01:05:18 établissement public de coopération intercommunale.
01:05:21 Donc cette coopération métropole-commune,
01:05:24 elle est importante, et la proximité,
01:05:27 deuxième enjeu, c'est la proximité.
01:05:29 La métropole doit être au service de ses communes,
01:05:31 mais en proximité avec les habitants.
01:05:33 Et là, je peux le dire, je le vis tous les jours en tant que maire,
01:05:36 et puis là, je le vis ces trois dernières semaines
01:05:38 en tant que membre de la propriété urbaine
01:05:43 sur une autre commune.
01:05:45 La proximité entre les services métropolitains et les habitants,
01:05:48 pour l'instant, elle n'est pas là,
01:05:50 et là-dessus, nous devons progresser.
01:05:52 C'est là-dessus que nous devons avancer.
01:05:54 - Pour revenir sur l'habitat,
01:05:56 la Ville a décidé de vendre la structure
01:06:00 qu'elle avait créée il y a une cinquantaine d'années,
01:06:02 c'est-à-dire sociale, qui construit et gère des logements sociaux.
01:06:06 Elle avait trouvé un acquéreur,
01:06:08 une filiale de la Caisse des dépôts et consignations.
01:06:10 Vous aviez même dealé 37 millions d'euros plus 15 dans le capital
01:06:14 pour construire des logements.
01:06:16 La métro s'y est opposée à cette vente.
01:06:19 Finalement, aujourd'hui, la métro s'est portée candidate
01:06:22 pour acquérir Grenoble Habitat.
01:06:24 C'en est où, ce dossier dont on parle depuis plusieurs années ?
01:06:27 - C'est un bon exemple.
01:06:29 C'est un dossier dont on parle depuis 2018, six ans.
01:06:31 Six ans pour une entreprise, pour ses salariés, pour les familles.
01:06:34 C'est long, sans savoir vraiment où vous allez.
01:06:38 - Il y a six ans, vous n'auriez pu aller voir directement la métro.
01:06:41 - C'est ce que nous avons fait. Nous avons été voir la métro.
01:06:44 Il nous a écrit pour dire "OK, nous sommes acheteurs".
01:06:47 Et puis plus tard, non.
01:06:49 Tout en dans cette logique de dire "si on peut jouer un peu anti-Grenoble,
01:06:51 tout ça, ça nous aidera toujours pour se faire des amis
01:06:54 dans les autres communes".
01:06:56 Côté Amphitivie-le-Centre, c'est vrai à Grenoble, c'est vrai ailleurs.
01:06:58 C'est normal, on a toujours peur du gros.
01:07:01 Il y a une certaine logique.
01:07:03 Derrière, c'est 52 millions d'euros qui arrivaient sur le logement,
01:07:07 pour le logement de l'extérieur du territoire.
01:07:09 52 millions d'euros.
01:07:10 Et là, toute l'énergie a été mise, parce que la métropole ne voulait pas acheter,
01:07:13 qui était notre première direction.
01:07:15 Il a mis beaucoup d'énergie pour faire planter ce projet,
01:07:18 qui est donc maintenant suspendu.
01:07:20 Il n'est pas planté, mais il est suspendu.
01:07:22 Maintenant, ce que nous demandons, c'est des discussions en franchise
01:07:25 et en sincérité.
01:07:26 Si oui, effectivement, ils veulent reprendre Grenoble Habitat,
01:07:29 et j'y suis favorable, à ce moment-là, il faut qu'ils le fassent,
01:07:32 comme il l'a dit en novembre, lors de son passage sur France 3,
01:07:35 en ayant un prix...
01:07:38 À l'époque, ils disaient qu'on va enrichir l'État en lui vendant Grenoble Habitat.
01:07:42 C'était ça, ces mots.
01:07:43 Il ne faut pas le vendre à l'extérieur, puisqu'on va enrichir l'État,
01:07:46 puisque vraiment, 37 millions d'euros, c'est rien,
01:07:48 vu la valeur de l'entreprise.
01:07:50 Juste qu'ils mettent un peu de sous sur la politique du logement
01:07:53 et un peu de cohérence.
01:07:55 Pour l'instant, ça discute.
01:07:57 Donc, je ne dis pas que rien ne se passe.
01:07:59 Nous nous sommes vus avec le président en décembre.
01:08:01 Nous avons réouvert des discussions.
01:08:03 Je dis juste, comme je l'ai rappelé au dernier Conseil métropolitain,
01:08:07 que ces discussions doivent avoir lieu en toute franchise
01:08:10 et en toute sincérité.
01:08:11 Voilà.
01:08:12 Maintenant, il faut que nous sachions, pour l'entreprise
01:08:15 et pour la politique du logement sur le territoire,
01:08:18 où la métropole veut aller.
01:08:20 Je soutiens le vice-président Jérôme Rubès,
01:08:22 nouveau vice-président au logement,
01:08:24 qui veut faire aboutir une position sur ce dossier
01:08:28 dans les prochaines...
01:08:29 – Vous n'êtes pas encore tombé d'accord sur un prix de vente, en tout cas.
01:08:31 – On n'a même pas encore discuté de cela pour l'instant.
01:08:33 Il relance des études, des AMO, des machins, ça fait 6 ans.
01:08:36 Moi, je dis juste, attention, il ne faut pas que le truc soit juste,
01:08:40 on plante les 52 millions qui arrivaient de l'extérieur
01:08:42 et puis on embourbe le dossier,
01:08:44 parce que finalement, on n'a pas envie de dépenser des sous.
01:08:46 Non, je crois en la sincérité de ce qui a été dit par le président Ferrari,
01:08:50 que finalement, il pense que la métropole doit racheter.
01:08:52 Eh bien là, nous avons jusqu'à l'été pour nous mettre d'accord.
01:08:56 Et nous mettre d'accord à l'été,
01:08:58 ça veut dire qu'on tranche les choses très rapidement
01:09:01 pour qu'on se dise, ok, il y a un prix qui a été fixé,
01:09:05 le prix, il est à peu près connu,
01:09:07 donc l'ordre de grandeur, c'est celle-là.
01:09:09 Est-ce que la métropole est d'accord ou pas
01:09:11 pour mettre quelques dizaines de millions d'euros ?
01:09:13 Ce n'est pas rien, quand même, évidemment.
01:09:15 Mais quelques dizaines de millions d'euros pour avoir cet outil.
01:09:19 Sinon, ok, on se retourne vers la Caisse des dépôts et consignations,
01:09:23 qui est, je le rappelle, un acteur public.
01:09:25 – Qui est toujours acheteur.
01:09:27 – Ils ont suspendu, ils ont accepté de suspendre le projet
01:09:29 en disant, ok, si vous trouvez une solution locale,
01:09:31 nous, on n'a pas envie de s'engueuler avec les territoires.
01:09:34 On agit partout en France,
01:09:35 on est là pour respecter la volonté des élus locaux.
01:09:37 Donc faisons cette discussion en sincérité
01:09:41 et c'est ça qui nous permettra de trouver une solution
01:09:44 qui soit bonne pour le logement sur le territoire grenoblois,
01:09:47 c'est pas que Grenoble,
01:09:49 et aussi qui soit clair pour les salariés et leurs familles
01:09:52 avec qui on ne peut pas jouer.
01:09:55 – Sur les 52 millions que vous évoquez,
01:09:57 il y en a quand même 37 qui étaient fléchées
01:09:59 pour renflouer les caisses de la ville.
01:10:00 – Non, ce n'est pas renflouer, c'est un plan d'investissement.
01:10:02 – Abonder alors.
01:10:03 – Mais oui, mais si vous regardez l'argent qu'on met aujourd'hui
01:10:05 dans le logement, que ce soit parce qu'on abonde
01:10:07 le programme Murmure de la métropole,
01:10:09 il y a encore quelque chose qui marche bien de la métropole,
01:10:11 le programme Murmure, on y met des sous,
01:10:13 on met des sous dans les zones d'aménagement
01:10:16 comme la Presqu'île pour construire du logement,
01:10:18 on met des sous, donc nous avons une politique de logement qui…
01:10:21 – Quelle que soit l'affectation…
01:10:23 – Et donc ce n'est pas de l'argent pour construire
01:10:25 un nouveau bowling ou un terrain de golf.
01:10:27 – C'est un montant qui vous manque aujourd'hui, c'est 37 millions.
01:10:29 Vous l'aviez budgété, ils n'y sont pas…
01:10:31 – C'est sûr que ça dépend de notre volume d'investissement,
01:10:34 je crois que nous devons amplifier nos investissements.
01:10:37 Nous avons réduit déjà de 40% nos consommations d'énergie
01:10:40 grâce à des investissements, nous avons fait le plan École
01:10:42 grâce à des investissements, nous plantons des arbres
01:10:44 grâce à des investissements, nous végétalisation les cours d'école
01:10:47 grâce à des investissements, nous devons continuer
01:10:50 et nous voulons continuer à soutenir les politiques
01:10:52 du logement métropolitaine, mais nous allons continuer
01:10:55 à abonder ces budgets et après on le fait
01:10:57 avec les sous qu'on a. Donc les sous, ou bien ils viennent,
01:11:00 là il y a une certaine logique, nous ne sommes plus en charge
01:11:02 du logement, donc il y a une logique que soit la métropole
01:11:04 qui reprenne ou un acteur du logement,
01:11:07 et sinon c'est de l'emprunt et sinon c'est des projets
01:11:10 qui ne sortent pas. Voilà, il n'y a que trois choix.
01:11:13 Donc je pense que le temps est à la vitesse de l'action
01:11:16 parce que c'est une action qui est bonne pour tout de suite
01:11:18 et qui est bonne pour demain.
01:11:19 - Pour finir sur un dernier sujet, puisque vous évoquez
01:11:22 des projets qui ne sortent pas, on a appris cette semaine
01:11:24 que la préfecture avait rendu un avis défavorable
01:11:27 sur le projet de câble entre Saint-Martin-le-Vinou,
01:11:30 Grenoble et Fontaine, ça faisait suite à l'enquête publique
01:11:34 qui s'était déroulée au mois de décembre.
01:11:36 Vous ne souteniez plus ce projet que vous aviez pourtant initié
01:11:39 il y a une dizaine d'années.
01:11:41 Vous êtes satisfait de cet avis défavorable ?
01:11:44 - On ne peut pas être satisfait d'un avis, d'un projet
01:11:47 qui se termine comme ça. D'abord, moi j'ai une pensée
01:11:49 pour Pomagatski. Pomagatski c'est un fleuron
01:11:51 depuis des décennies.
01:11:52 - C'est eux qui avaient été choisis pour construire ce câble ?
01:11:54 - Oui, c'est pas avec eux qu'il avait été initié,
01:11:56 mais c'est eux qui avaient été choisis.
01:11:57 - Vous avez choisi le meilleur ?
01:11:58 - C'est un fleuron du territoire, une entreprise qui rayonne
01:12:02 partout dans le monde et qui fait des projets partout dans le monde,
01:12:04 qui fait des projets sur les déplacements urbains.
01:12:06 Donc j'ai vraiment une pensée pour eux parce que ça fout un peu
01:12:11 les boules de chez soi. Tout le monde dit "nul n'est prophète
01:12:14 dans son pays", mais là effectivement c'est à nouveau le cas.
01:12:18 Sur le fond, beaucoup de choses ont changé depuis qu'on a initié
01:12:21 ce projet il y a dix ans. Les portes du Vercors,
01:12:24 le projet d'aménagement urbain s'est arrêté.
01:12:27 - Le projet d'aménagement urbain, le projet de la licence nage.
01:12:29 - Le plan de déplacement urbain qui était à un milliard
01:12:31 a pris autant de retard que Dané depuis le début de ce mandat.
01:12:35 Donc effectivement les choses ont changé.
01:12:38 Il y a eu un certain entêtement. Il vit là une conclusion
01:12:42 qui est très directe, les mots sont très directs.
01:12:45 Ce que je demande maintenant c'est que ces sous,
01:12:48 qui ne seront pas dépensés là, soient réinvestis très vite
01:12:51 dans les déplacements pour le bus à haut niveau de service
01:12:54 pour qu'il puisse aller du Grésivaudan jusqu'à la Presqu'Île,
01:12:57 pour le tram-train jusqu'à Vizil, pour la prolongation de la ligne E.
01:13:04 Bref, des projets de mobilité, il y en a plein.
01:13:07 Il y en avait plein qui étaient dans les tuyaux qui sont un peu
01:13:09 brinque-ballant depuis. Nous mettons à peu près
01:13:12 moitié moins d'argent par habitant que la métropole lyonnaise
01:13:17 sur les déplacements. Donc c'est sûr qu'en termes
01:13:20 de vitesse, nous perdons un peu en vitesse.
01:13:23 Alors que ça fait partie de l'ADN de notre territoire historique
01:13:26 que nous ont légué nos anciens.
01:13:28 Donc on peut accélérer des plans chrono-vélo.
01:13:30 Donc ce que je dis c'est vite, prenons ces sous pour les réinvestir
01:13:33 dans les politiques de déplacement.
01:13:35 La pollution de l'air en a besoin. Les grenoblois et les grenoblois
01:13:37 en ont besoin. Quand je dis grenoblois et grenoblois,
01:13:39 c'est au sens large. C'est les habitants du territoire.
01:13:41 Quand vous allez à Paris, que vous soyez d'ici,
01:13:43 le domaine de Saint-Égrève ou même parfois d'un peu plus loin,
01:13:47 vous dites que vous venez de Grenoble.
01:13:49 Et c'est bien parce que nous sommes dans un seul et même bassin de vie.
01:13:51 - Il y a quand même des millions et des millions d'euros
01:13:53 qui ont été dépensés depuis 10 ans dans les études,
01:13:55 dans les achats de terrain, dans les expropriations.
01:13:57 Peut-être qu'il y aura des anémonités pour Poma,
01:13:59 qui depuis 4 ans attend de construire ce transport par câble.
01:14:03 À qui la faute au final de tout cet argent public qui est gaspillé ?
01:14:07 - Oui, il y a eu effectivement un entêtement.
01:14:10 Il faut se rappeler de la rocate nord.
01:14:13 Rien à voir en termes de projet.
01:14:15 Mais en termes d'études, c'était 40 millions
01:14:17 qui avaient été dépensés pour un projet qui a été abandonné.
01:14:20 - C'est André Vadigny, le président du département,
01:14:22 qui le portait à l'époque. - On n'en est pas du tout là.
01:14:24 Mais effectivement, un peu d'argent a été gaspillé finalement.
01:14:28 Mais aussi beaucoup de temps et donc d'argent ont été gaspillés
01:14:34 en n'allant pas plus vite sur les projets de déplacement.
01:14:36 Et donc voilà, accélérons les projets de bus à haut niveau de service,
01:14:40 le travail sur le train de train vers Vizil,
01:14:44 les chronovélos qui sont bonnes pour tout le monde.
01:14:47 Maintenant, c'est de 3 à 103 ans le vélo.
01:14:50 Et c'est bon pour la santé.
01:14:52 Je rappelle que les scientifiques à qui nous avions demandé
01:14:55 une étude sur la qualité de l'air nous ont dit que nous pouvions,
01:14:59 en atteignant les seuils de l'OMS et par la pratique du vélo,
01:15:02 c'est eux qui ont défini qui a été le meilleur scénario,
01:15:05 économiser 8 milliards d'euros sur le territoire grenoblois d'ici 2045.
01:15:09 Ça vaut la peine financièrement, ça vaut la peine pour la santé,
01:15:11 ça vaut la peine pour l'aménagement du territoire.
01:15:13 On peut continuer à y aller, même si nous sommes capitale du vélo
01:15:16 depuis 3 ans, ok. Mais en pratique, nous pouvons aller beaucoup plus loin.
01:15:19 - Je ne sais pas s'il y a beaucoup de centenaires qui font du vélo
01:15:21 dans l'agglomération. - Il y en a un, il y en a un.
01:15:23 - Il y en a sûrement un, je vous fais confiance.
01:15:25 Dernière mission, Éric Piolle posait une question à notre invité
01:15:27 de la semaine prochaine, vous la connaissez bien puisqu'elle fait partie,
01:15:29 même partie que le vôtre, des écologistes.
01:15:31 C'est Gwendoline Delbos-Corpfitz qui est la seule députée européenne en Isère,
01:15:36 tout parti confondu. Elle sera à votre place et je vous laisse
01:15:39 regarder la caméra en face de vous pour lui poser une question.
01:15:42 - Alors chère Gwendoline, nous avons un lien très particulier
01:15:45 puisque nous avons, j'ai commencé ma vie politique à vos côtés,
01:15:50 au Conseil régional et la question que je veux vous poser,
01:15:53 c'est que vous avez fait un travail, je le sais, de simulation
01:15:59 de qu'est-ce qui se passerait dans nos systèmes juridiques,
01:16:02 notamment en cas d'arrivée au pouvoir de régime autoritaire
01:16:06 et qu'est-ce qui se passerait en matière de liberté publique.
01:16:10 En France, je serais intéressé pour que vous partagiez
01:16:14 les conclusions de ces travaux et qu'on puisse remettre
01:16:19 au centre qu'est-ce qui risque de se passer si l'extrême droite
01:16:23 arrivait au pouvoir.
01:16:25 - Merci Eric Piolle de Gwendoline Delbos-Corpfitz.
01:16:29 On vous répondra sur la prochaine émission.
01:16:31 J'imagine que dans la vie privée, vous vous tutoyez tous les deux.
01:16:34 - Tout à fait, dans la vie privée, nous nous tutoyons.
01:16:36 - Merci en tout cas d'être venu célébrer ces 10 ans à la tête de Grenoble.
01:16:41 On vous retrouvera de toute façon avant la fin du mandat
01:16:43 dans le QG politique. - Merci beaucoup.
01:16:46 (Générique)
01:16:49 ---
01:16:54 [Musique]

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