La réaction du maire écologiste de Grenoble, Éric Piolle, après la mort d'un agent municipal

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Le maire écologiste de Grenoble, Éric Piolle, s'est exprimé en direct ce dimanche en fin d'après-midi, à la suite de la mort d'un agent municipal, tué par balle alors qu'il tentait d'empêcher la fuite d'un chauffard qui venait de causer un accident de la route.

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Transcript
00:00Aujourd'hui le service public est en deuil. Nous avons eu une tristesse infinie d'avoir perdu un agent du service public dans l'exercice de ses missions.
00:13Je pense à sa famille en premier lieu, ses collègues que nous avons été rencontrés en début d'après-midi avec le directeur général des services et des membres de la direction générale et des élus.
00:25Puis j'ai aussi une colère évidemment devant cette violence totalement débridée pour un geste citoyen, un geste citoyen que vous pourriez faire aussi, qui m'est arrivé encore très récemment de faire,
00:42se porter sur un accident parce qu'on est là et qu'on peut aider, porter secours. C'est intolérable et les mots manquent.
00:56Je crois que l'ensemble du service public aujourd'hui en France est en deuil. Nous avons ouvert une cellule psychologique pour ses collègues aussi parce qu'évidemment il faut d'abord de l'écoute qu'on puisse exprimer notre colère, notre tristesse.
01:16C'est important et puis aussi nous serons évidemment aux côtés de la famille à qui j'ai écrit quand ils en auront besoin. Voilà ce que nous pouvons dire aujourd'hui.
01:33Je sais, d'abord je veux remercier aussi les services de secours et l'hôpital. Ils se sont portés rapidement sur les lieux. Je sais qu'à l'hôpital, ils ont fait tout ce qu'ils pouvaient. Ils sont face aussi, eux, il ne faut pas l'oublier, au réceptacle des conséquences de cette violence débridée.
01:55Merci à eux. Et puis je sais, pour être en contact depuis ce matin avec M. le préfet, M. le procureur, le directeur de la police, que tout est fait pour arrêter l'auteur de ce crime atroce.
02:08Qu'est-ce qu'ils ont dit, ses collègues ? Dans quel état ils sont et qu'est-ce qu'ils retiennent de cet homme ?
02:15C'était une figure de la propriété urbaine, quelqu'un que je connaissais personnellement parce que c'était un homme de dialogue très respecté et donc ils sont marqués évidemment avec ce mélange de colère et de tristesse.
02:31Il faut bien être conscient que les agents du service public, aujourd'hui, sont le réceptacle aussi de cette violence qui monte dans la société. Ils sont souvent dans des situations compliquées.
02:46Là, il se trouve que c'est un accident de la circulation et que vous auriez pu faire la même chose et vous retrouver dans la même situation. Mais évidemment, il y a tout ce mélange de sentiments qui est là. C'est important que nous le voyons dès aujourd'hui.
03:06Est-ce que ces collègues vont reprendre le travail demain ?
03:09Ce n'est pas notre objectif. Je crois qu'on n'est pas dans cet état d'esprit-là. On est plutôt dans une logique de se dire comment marquer ce deuil du service public, comment se retrouver.
03:21Nous avons la cellule psychologique, mais nous avons aussi proposé en un temps pour nos agents. Mais je sais que ça débordera ce cas. Je sais que M. le préfet m'a déjà dit qu'il souhaitait y participer et que sans doute beaucoup de gens y participeront parce qu'il y a un besoin d'être ensemble face à ce drame.
03:43Vous pouvez nous dire un mot sur lui ? Vous le connaissez depuis longtemps. Vous dites qui était-il ?
03:48Je n'ai pas envie de m'exprimer. J'ai une pensée profonde pour sa famille. Ce que je peux vous dire, c'est qu'il était extrêmement engagé dans le dialogue avec un souci du service public local très fort et qu'il était éminemment respecté dans son cadre professionnel et j'en doute pas à l'extérieur aussi. C'est une figure. Il est vraiment connu de beaucoup, beaucoup de monde.
04:17Il est responsable du service de propreté ?
04:48Il y a beaucoup de faits divers à Grenoble, notamment dans les cités, les règlements de comptes, même si on ne sait pas si la personne est connue des services de justice. Là, cette fois, c'est un civil. Par rapport à ça, comment vous voulez réagir ?
05:01D'abord, encore une fois, ça peut vous arriver. Au début de l'été, je me suis porté sur les lieux de deux accidents et on ne sait jamais ce qui peut arriver quand on se porte comme ça et cet acte citoyen.
05:20Donc là, il se trouve que ça n'a à la fois rien à voir avec les règlements de comptes au sein du trafic et à la fois, ça a tout à voir parce que comment se fait-il qu'on soit armé dans la rue et qu'on soit suffisamment décérébré pour tirer à 7 heures du matin
05:47sur quelqu'un qui est venu vous porter secours ?
05:52Évidemment que la colère, elle est énorme et que cette diffusion des armes dans la société française génère des accidents dramatiques comme celui-là et la mort de quelqu'un qui était au service de l'intérêt général.
06:19En France, c'est beaucoup avancé ?
06:22Partout. Vous savez, nous avons tous, en tant que maire, et je sais, j'ai reçu plein de messages de plein de maires de partout en France. J'ai reçu aussi un message du président de la République qui me témoignait de son soutien dans ce service public en deuil.
06:40Nous savons que personne n'est à l'abri d'une balle perdue et c'est notre peur quotidienne dans les règlements de comptes. Il n'y a évidemment personne de mérite de mourir, y compris pour le trafic de drogue. Il faut que la justice passe.
06:55Mais c'est notre peur. Vous avez vu ailleurs en France qu'il y a eu parfois dans ces règlements de comptes des balles perdues. Mais là, il se trouve que c'est un sujet totalement déplacé, décalé puisqu'il s'agit d'un accident de la circulation.
07:09Qu'en pensez-vous d'ici, justement, les forces de police par rapport à cet événement ?
07:12Je ne diffuse pas ce que, depuis le début de la matinée évidemment, j'ai été informé d'abord par nos canaux internes d'astreinte, puis par l'astreinte de la préfecture. Nous sommes en lien, comme nous le sommes toujours.
07:24Lorsqu'il y a des situations pas gérées, je ne divulguerai pas. Je sais juste que la police et la justice font ce qu'il faut avec toute l'énergie nécessaire pour attraper la personne qui a fait cet acte terrible.
07:45Justement, vous êtes inquiet que ce tireur armé soit en fuite ?
07:48Non. Je suis terrifié qu'il ait tiré comme ça, à 7h du matin. C'est indicible. Et je suis convaincu que la police et la justice vont l'attraper. En tout cas, j'ai une grande confiance dans leur capacité à l'identifier et à l'attraper.
08:14La victime était bien en service ce matin ? Quelle était sa mission au moment de l'accident ?
08:17Elle était en service, effectivement. C'est un agent de la propriété urbaine. Il faut le rappeler, le service public marche 7 jours sur 7. Une grande partie du service public, 24 heures sur 24.
08:30C'est un agent qui est passé là devant parce qu'il faisait une tournée et qui s'est arrêté parce qu'il est venu, un, voir s'il pouvait porter secours et deux, après voir ce qu'il y avait à faire pour la propriété urbaine.
08:45C'est peut-être des missions qui sont invisibles pour nos concitoyens mais qui, en fait, sont là partout, depuis le nettoyage des marchés jusqu'au nettoyage des rues jusqu'au nettoyage de tous les incidents. Et c'est dans ce cadre-là qu'il est intervenu.
09:02Il a voulu s'interposer, votre connaissance ?
09:04Je n'irai pas là-dessus.
09:05Le fait qu'il soit venu pour porter secours, ça montre un peu sa personnalité. Tous les gens qu'on a pu contacter nous disent que c'était quelqu'un d'assez engagé et d'assez exceptionnel.
09:12Très engagé, très attaché au service public, toujours dans le dialogue. Oui, tout à fait.
09:19Vous n'avez pas des collègues, justement ? Qu'est-ce qu'ils vous disent ?
09:25C'est un mélange de colère et de tristesse. Comment on pourrait... Stupéfaction, aussi.
09:34Ça inquiète, justement, que ça puisse leur arriver ?
09:37Forcément. Tout le monde, y compris moi, on se retrouve... Enfin, ça peut vous arriver encore une fois.
09:44Mais ce n'est pas la question. On sait qu'ils sont au service de leur mission.
09:52Mais évidemment qu'on se projette tous. On a à la fois ce deuil infini pour cet agent et pour sa famille.
10:01Et puis on se dit qu'on aurait pu être à sa place, oui.
10:05Est-ce que les signes de dommages sont prévus par la Ville ?
10:08Oui. C'est ce que j'ai indiqué. Ce sera à 14 heures pour nos agents en premier lieu.
10:13Mais je sais que beaucoup de gens sont à l'arrière de l'hôtel de Ville, comme on le fait dans ces cas-là.
10:20Et je sais que nombreuses personnes seront là pour manifester ce deuil du service public.
10:28Partout en France, je crois qu'il faut le dire.
10:31Merci.
10:34Fort longtemps. Je n'ai pas envie de m'étendre là-dessus.
10:40On peut juste vous dire qu'il était là depuis très longtemps, très reconnu, encadrant, formateur.
10:48Le fait qu'un homme sorte une arme et tire en pleine rue, est-ce que c'est la conséquence de la guerre des gangs intenses par les procureurs au mois d'août ?
10:57Non. C'est la conséquence d'une diffusion des armes à feu.
11:01Là, il n'a pas tiré sur un dealer. Il a tiré sur quelqu'un qui est venu lui porter secours.
11:06C'est la conséquence. Ils sont décérébrés ou drogués.
11:14On en saura plus quand on le rattraper.
11:17Cette absence totale de règles de vie, de quoi que ce soit, qui conduit à des actes tellement aberrants, tellement tristes,
11:34et qui ont des conséquences terribles pour toute une famille, pour tous ses collègues, pour nous tous et toutes.
11:42Merci.

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