• l’année dernière
Xerfi Canal a reçu Laurent Cappeletti, professeur titulaire de la chaire Comptabilité et Contrôle de Gestion du Conservatoire National des Arts et Métiers (CNAM, Paris) et au LIRSA, Directeur à l'Institut de Socio-Economie ISEOR, pour parler du management qui regroupe l'économie et le social.
Une interview menée par Jean-Philippe Denis.

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Transcription
00:00 Bonjour Laurent Capeletti.
00:10 Bonjour Jean-Philippe Denis.
00:11 Laurent Capeletti, professeur titulaire de la chaire Contrôle de gestion au Conservatoire
00:15 national des arts et métiers, directeur de recherche au IRSA et à l'Iseor.
00:20 L'Iseor qui produit, dirigé par Henri Saval et Véronique Zardet, un traité du
00:26 management socio-économique est une somme considérable de plus de 1000 pages qui revient
00:32 sur l'ensemble des études de cas longitudinales qui ont été faites par l'Iseor avec un
00:37 nombre très impressionnant de collègues qui viennent témoigner de cette place de
00:44 l'investissement immatériel et de ce qu'a apporté cette vision socio-économique.
00:50 Parce que c'est ça la grande thèse, le management c'est conjugué l'économique
00:54 et le social.
00:55 Exactement.
00:56 Alors social au sens large, c'est-à-dire satisfaction sociale au travail humain, satisfaction
01:03 de ce qui se passe dans l'entreprise et également satisfaction de ce que fait l'entreprise
01:09 sur son environnement.
01:10 C'est pour ça qu'on n'a pas rajouté socio-écolo-économie, on parle de socio-économie
01:17 avec cette définition large de social, c'est-à-dire social et sociétal.
01:20 Alors en effet, qu'est-ce qu'on a découvert en intervenant dans les entreprises ? Et bien
01:25 c'est que la plupart des, allez 50% en fait des phénomènes humains étaient cachés,
01:33 soit pas enregistrés, soit très mal enregistrés, très imparfaitement par les comptabilités
01:39 classiques.
01:40 Alors à la fois en termes de dysfonctionnement et à la fois en termes de performance.
01:44 Quand par exemple en termes de management, j'anime correctement une réunion d'une
01:52 heure, c'est-à-dire je vais donner du sens, je vais motiver, je vais répondre aux questions,
01:56 je vais faire de l'interactivité, je crée de la performance, c'est-à-dire qu'à
02:01 la sortie, les personnes en fait vont être plus engagées, plus motivées, ça va réduire
02:07 les défauts de qualité, ça va améliorer la productivité.
02:10 Cette performance est invisible dans la comptabilité.
02:14 Et c'est la même chose pour les coûts.
02:16 Lorsque par un mauvais management de type faillot l'eau t'es le rien, je vais créer
02:21 en fait de la démotivation, je vais créer donc des défauts de qualité par manque de
02:28 formation, par manque d'explication, par manque de pédagogie, et bien ces coûts ne
02:33 sont pas reflétés, enregistrés ou très imparfaitement par la comptabilité.
02:39 Donc effectivement la première étape en fait de la conversion des coûts en performance,
02:44 la première étape de l'investissement immatériel en management du potentiel humain, ça va
02:48 consister d'abord à rendre visibles tous ces phénomènes cachés.
02:53 Évidemment la grande question et c'est ça qui a fait la force de ce management socio-économique,
02:58 c'est comment on rend visible, par quelle méthode, est-ce que vous pouvez nous en dire
03:02 deux mots sur la méthode déployée ?
03:04 Donc de la même façon que ce concept de coûts performances cachés est en rupture
03:09 avec celui classique de coûts performances visibles, en rupture et complémentaire parce
03:14 qu'en réalité pour prendre des bonnes décisions l'intérêt c'est d'avoir accès aux deux,
03:19 coûts visibles plus coûts cachés versus performances visibles plus performances cachées.
03:23 Et bien ça ne se fait pas selon une méthodologie donc j'allais dire en laboratoire, comme
03:30 un auditeur à distance des personnes, ça se fait par l'interaction, c'est-à-dire
03:35 que c'est en allant interroger les personnes qui vivent les situations de travail que je
03:40 vais accéder en fait à ce qui dysfonctionne ou au contraire ce qui marche bien pour eux
03:45 concrètement dans leur travail, que je vais accéder d'abord qualitativement à ces performances
03:51 ou à ces coûts et ensuite au travers d'entretiens, toujours pareil, que je vais mesurer les coûts
03:58 en termes d'activité humaine et de consommation de ressources que ça entraîne pour eux ou
04:03 inversement les gains en termes d'activité et de consommation de ressources.
04:07 Donc c'est une méthodologie qui est très interactive et ensuite dans la recherche
04:12 de solutions, toujours pareil, ça va se faire par la négociation.
04:16 Donc on n'est pas sur une méthode j'allais dire de cost killing ou de performance développeur
04:23 classique où ça se fait avec les comptes de résultats et les bilans, je coupe dans
04:26 tel coup, c'est une décision à prendre, etc.
04:29 Non, ça se fait de façon systématiquement interactive et ça aussi c'est positif parce
04:36 que finalement elle est très fondée sur ce qu'on a de plus précieux, ce que démontrent
04:42 également très bien les sciences cognitives, l'interactivité, l'interaction humaine.
04:49 Rappelons que la coordination c'est la mise en ordre, étymologiquement la coopération
04:53 c'est la contribution à une oeuvre commune.
04:55 Là on est vraiment dans l'oeuvre commune, ça suppose de conjuguer l'économique et
04:59 le social.
05:00 Merci Laurent Capeletti.
05:01 Merci.
05:02 Merci à vous.
05:04 [Musique]

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