Le maire LR de Montélimar est inquiet à l'approche des Jeux Olympiques de Paris. Il va perdre des policiers nationaux mobilisés dans la capitale et veut donner davantage de pouvoirs à la police municipale.
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00:00 Il est 8h45, les villes moyennes auront moins de force de l'ordre pendant les Jeux Olympiques.
00:05 Ça inquiète le maire de Montélimar qui est avec nous ce matin, Emmanuel Champal.
00:08 Bonjour Julien Cornier.
00:09 Bonjour à vous.
00:10 Avant de parler sécurité, on en parle ce matin sur France Bleu de Remardèche, la grève à l'hôpital de Montélimar.
00:16 Aujourd'hui, vous êtes président du conseil de surveillance.
00:19 Est-ce que le déficit de cet établissement vous inquiète ?
00:23 Je pense que vous devez le mettre au niveau national.
00:25 L'ensemble des hôpitaux publics sont en déficit.
00:27 Ce qui ne rassure pas, mais quand on se compare, ça nous montre les marges de progression que nous devons faire sur l'hôpital de Montélimar,
00:33 mais comme dans l'ensemble des hôpitaux publics en France.
00:35 Et oui, aujourd'hui, il y a eu des changements d'organisation.
00:38 Avec la Covid, on est passé d'une période de 8h par jour à 12h.
00:41 Il y a des réglages à remettre en cours.
00:43 Il y a un discours et un dialogue social qui sont en cours avec le directeur de l'hôpital.
00:47 Vendredi dernier, il y avait encore une instance.
00:49 J'ai bon espoir qu'on puisse aller dedans.
00:51 La chose prioritaire, c'est de ne pas supprimer de postes.
00:54 Et ça, c'est important.
00:56 Réellement, en tant que président du conseil de surveillance, je souhaite qu'on puisse conserver le nombre de postes que nous avons à l'hôpital de Montélimar.
01:01 Les syndicats rôlent fort hors CFDT en disant "on fait des économies sur le dos des aides-soignants, sur le dos des infirmiers".
01:09 Est-ce que c'est acceptable, ça ?
01:10 Il faut faire attention aussi.
01:11 Moi, je ne me permettrais pas de rentrer dans ce dialogue entre les syndicats.
01:15 Vous parlez de la CFDT.
01:16 Il ne faut pas écarter du retour de la main, tout simplement.
01:20 C'est les économies sur les aides-soignants et les infirmiers.
01:22 Vous venez dire, quand vous parlez des différentes organisations syndicales,
01:24 parce que la CFDT, c'est le syndicat représentatif majoritaire aux soins de l'hôpital.
01:28 Ce qui pose la question, pourquoi le représentatif majoritaire se désengage des autres ?
01:33 Peut-être parce que la vérité n'est pas que dans une seule déversion donnée par des syndicats,
01:37 mais il faut voir la chose de façon globale.
01:38 Il n'y a pas de suppression de postes.
01:40 Est-ce qu'il y a des économies ?
01:42 Ah oui, mais bien sûr, quand vous avez un hôpital qui a...
01:45 Cette demi-heure de repas, par exemple, dont on parle ce matin, le personnel râle, il dit que c'est pas de la peine.
01:50 Si vous nous laissiez un peu plus de deux minutes pour vous expliquer, je pourrais tout,
01:53 mais là, on va rester très synthétique.
01:54 Aujourd'hui, il y a un cadre de loi qui est "vous ne pouvez pas travailler plus de 12 heures".
01:58 Nous demandons aujourd'hui à nos agents de travailler 12h15.
02:01 Donc nous sommes déjà au-delà d'un tarif dérogatoire.
02:04 Donc il y a une remise à plat qui n'avait pas pu être faite avec l'ancienne direction
02:08 pendant qu'il y a eu la Covid.
02:09 C'est en train de se mettre.
02:10 Et vous savez, demander et permettre à nos agents d'avoir une vraie demi-heure,
02:13 sanctuarisée, pour qu'ils puissent se reposer.
02:15 Quand vous faites 12 heures de travail au quotidien, auprès de personnes qui sont malades,
02:19 je pense que c'est même de la responsabilité, et le directeur de l'hôpital a raison d'aller dans ce sens-là,
02:23 d'améliorer les conditions de travail de nos agents.
02:25 Même si ce n'est pas payé ? En tout cas, c'est ce qui est dénoncé par...
02:28 Attendez, il faut faire quelque chose de différent.
02:29 Le nombre d'heures est annualisé, ce qui va avoir comme conséquence de rajouter certains jours.
02:34 On ne peut pas dire que ce n'est pas payé, parce que toutes les heures sont payées,
02:37 elles sont annualisées en nombre d'heures.
02:39 La question, c'est que ça va augmenter.
02:40 Mais il faudrait aller un peu plus loin, voir le nombre de jours que le passage de 8 à 12 heures a permis.
02:45 De mémoire, c'est un peu plus d'une cinquantaine de jours qui ont été permis.
02:48 Donc là, aujourd'hui, oui, il y a peut-être un rééquilibrage,
02:50 mais je fais confiance à la direction de l'hôpital pour continuer ce dialogue qui est essentiel.
02:54 On suivra ça, évidemment.
02:55 Julien Cornier, maire de Montémart aujourd'hui, et on le disait, donc, inquiet,
02:59 un peu plus de trois mois maintenant du début des Jeux Olympiques de Paris.
03:03 Inquiet pour votre ville, pourquoi ?
03:05 De la même façon, oui, je suis maire de Montémart, j'en suis très fier,
03:09 mais là, il faut voir de façon globale.
03:10 C'est la France, le problème que je viens de vous montrer aujourd'hui,
03:13 n'est pas que pour Montémart, il est sur l'ensemble de nos communes.
03:15 Problème de police municipale, enfin de police, de force de l'ordre en tout cas.
03:18 La question qui doit se poser, nos auditeurs doivent le savoir,
03:21 c'est qu'on va devoir envoyer des forces de police supplémentaires à Paris pour les Jeux Olympiques.
03:26 Donc, de la période du mois de juin à septembre,
03:28 nous allons demander un effort à l'ensemble du pays
03:30 de diminuer le nombre de forces de police qu'ils ont,
03:32 la police nationale et la gendarmerie, pour aller à Paris.
03:36 Imaginez, le maire de Montémart que je suis demande depuis quatre ans des efforts
03:39 en effectif supplémentaire à mon commissariat.
03:41 Mais la même chose à Romand ou à Valence.
03:43 Et on va nous expliquer qu'il faut enlever jusqu'à 30% ou 40% de nos effectifs
03:47 pour les envoyer à Paris.
03:49 Comment ça tient ?
03:50 - C'est chiffré chez vous ?
03:51 - Non, c'est pas encore chiffré.
03:52 Nous allons avoir une réunion avec Monsieur le Préfet
03:55 pour pouvoir parler de cette coordination.
03:57 Mais la question que je me pose, c'est
03:58 "mais n'attendons pas d'y arriver, essayons tout de suite".
04:01 Nous avons eu un Premier ministre qui a proposé,
04:03 lors de son discours de politique générale,
04:05 de déverrouiller, déréglementer, débureaucratiser,
04:08 afin de permettre une efficacité de l'action publique.
04:10 Je lui ai dit "ok, faisons-le,
04:12 permettez-nous d'avoir une meilleure coordination
04:14 entre la police municipale et la police nationale".
04:17 - Ce que vous dites, c'est qu'à l'occasion de ces Jeux Olympiques,
04:20 pourquoi ne pas donner davantage de préarrogatives
04:22 aux policiers municipaux ?
04:24 Qu'est-ce que vous voulez qu'ils puissent faire de plus ?
04:26 - J'ai clairement identifié que, juin-septembre,
04:29 il va y avoir une tension au nombre d'effectifs de police nationale.
04:32 Permettons sur cette période une expérimentation.
04:35 Permettons trois propositions concrètes, simples et pragmatiques.
04:38 La première, permettre à la police municipale
04:40 d'avoir un accès élargi aux fichiers.
04:42 Quand je parle des fichiers de la police nationale,
04:44 je parle tout simplement de pouvoir avoir
04:46 le fichier des immatriculations des véhicules.
04:49 Permettre de savoir également si vous avez le permis de conduire.
04:52 Aujourd'hui, vos auditeurs doivent savoir
04:54 que c'est 770 000 personnes qui conduisent sans permis de conduire.
04:57 C'est aussi permettre de savoir les assurances.
04:59 Vous avez fait un très beau reportage depuis le 1er avril,
05:01 on n'est plus obligé d'avoir la vignette.
05:03 - Ça c'est déjà le cas, on a accès à ce fichier assurances.
05:06 - Oui, mais dans l'ensemble des fichiers que je suis en train de vous parler,
05:08 et deux derniers que sont les personnes recherchées
05:10 ou les objets ou véhicules recherchés,
05:12 la police municipale est obligée de passer par la police nationale.
05:15 C'est-à-dire que votre police municipale arrête quelqu'un
05:18 et se trouve obligatoirement en train d'appeler le commissariat
05:20 pour avoir ce type d'informations.
05:22 La question c'est que la police nationale va être en tension
05:24 pendant cette période.
05:25 Permettons à la police municipale d'y avoir accès directement.
05:27 - Julien Cornier, vous dites aussi
05:29 que la police municipale doit pouvoir dresser
05:32 des amendes forfaitaires délictuelles.
05:35 Concrètement, c'est quoi ces amendes ?
05:37 - C'est le fait d'avoir sur soi ou de consommer un produit stupéfiant.
05:41 Aujourd'hui, notre police municipale n'a pas cette capacité.
05:44 C'est le fait également de pouvoir constater
05:47 qu'il y a une conduite sans permis,
05:49 un défaut d'assurance de votre véhicule,
05:51 le fait de vendre ou d'avoir du tabac de contrebande,
05:55 c'est plus de 650 tonnes de tabac,
05:57 et c'est aussi le fait des occupations illégales des halls d'immeubles.
06:00 Aujourd'hui, notre police municipale, nous avons mis les moyens,
06:03 quand je dis "on", c'est Montélima, mais l'ensemble des maires de France.
06:06 Nous mettons des moyens.
06:07 Les premiers à investir aujourd'hui dans la sécurité,
06:09 ce sont vos maires aujourd'hui.
06:11 Ceux qui mettent dedans, la région aussi investit dedans.
06:13 Nous souhaitons pouvoir utiliser tous nos moyens
06:15 pour améliorer la sécurité de nos concitoyens.
06:17 - Julien Cornier, davantage de prérogatives pour la police municipale,
06:20 on peut l'entendre, est-ce que cette police a eu suffisamment de formation en amont
06:25 pour accéder aux fichiers dont vous parlez,
06:28 pour pouvoir dresser ces amendes-là ?
06:30 - Aujourd'hui, on permet à une police municipale d'interpeller quelqu'un,
06:33 de prendre ses papiers et d'appeler la police nationale
06:36 pour savoir si la personne est en règle.
06:38 Aujourd'hui, ce n'est qu'un accès d'un fichier.
06:40 Après, il faudra réglementer, bien évidemment, cet accès au fichier
06:43 qui est inhistorique de la personne qui a fait les recherches,
06:46 qu'elle soit réglementée.
06:47 - On attend de le faire, ça, avant les JO ?
06:49 - Attendez, les JO, ils n'ont pas été déclarés il y a deux mois.
06:52 J'ose espérer que notre État est en capacité d'anticiper ce type de problème.
06:56 Je suis simplement en train de vous dire,
06:58 on ne parle pas du problème, on est en train de se dire,
07:01 on y va tout droit et on ne se pose pas les questions.
07:03 Eh bien non, moi, je ne me résous pas juste au problème de se dire,
07:05 ça va être compliqué de jouer en septembre.
07:07 Je fais partie de ces élus qui se disent, il faut se donner les moyens
07:09 pour permettre d'assurer la sécurité de notre pays,
07:12 parce qu'il ne faut pas sous-estimer le risque d'attentat,
07:14 mais il faut aussi garantir la sécurité de nos concitoyens dans l'ensemble du pays.
07:18 - En deux mots, vos policiers municipaux sont prêts à faire un peu plus ?
07:21 - Oui, nos policiers municipaux sont prêts à pouvoir faire plus.
07:24 Ils sont formés.
07:25 Vous avez eu aussi une montée en formation de notre police municipale.
07:28 On le voit bien déjà sur le recrutement.
07:30 Nous avons un nombre important d'anciens policiers nationaux,
07:33 de gendarmes qui sont rentrés dans nos effectifs,
07:35 mais pour des façons très simples.
07:37 La police municipale Montémart, c'est plus de 33% de policiers municipaux
07:40 depuis le début de notre mandat.
07:41 Donc cette problématique de sécurité appartient à chacun des maires,
07:44 mais nous devons aller dans le bon sens.
07:46 Et je pense que nous sommes arrivés à un point
07:48 où l'État doit être dans la complémentarité
07:51 et je me refuserais d'être dans simplement la subdivisualité.
07:54 Nous ne sommes pas là pour nous remplacer l'État.
07:56 Le pouvoir régalien doit appartenir à l'État,
07:58 mais nous devons aussi faire notre effort.
08:00 - Et c'est pour cette raison que vous faites appel à l'État
08:03 par la voix du préfet que vous allez rencontrer aussi ?
08:05 - Oui, nous allons pouvoir rencontrer M. le préfet, c'est très bien,
08:08 pour parler des mesures concrètes au niveau local.
08:10 Mais ce que je suis en train de vous dire aujourd'hui,
08:12 c'est qu'on doit voir ça au niveau national.
08:14 C'est sur l'ensemble de notre territoire
08:15 où va se poser la question de comment garantir la sécurité de nos administrés.
08:19 - Vous vous attendez une réponse du gouvernement, bien entendu.
08:21 Merci à vous, Julien Cornier, maire de Montélimar.
08:23 - Merci, au revoir.
08:25 On retrouve l'interview dans quelques instants sur francebleu.fr, il est 7h53.