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00:00 7h46, vous avez la parole, voilà, ce matin, dix ans après l'élection d'Éric Piolle à Grenoble. Quel bilan retenez-vous ?
00:06 - Oui, on vous pose la question venant discuter avec nous et avec notre invité. Bonjour Éric Piolle.
00:11 - Bonjour. - Merci d'être avec nous ce matin. Alors, j'ai avec moi trois images.
00:15 D'abord un vélo, une autoroute à vélo. Ensuite, une place aux enfants. Et puis, hop, un panneau publicitaire JC Decaux.
00:26 Une ancienneté, voilà, une archive désormais. Qu'est-ce que vous retenez de ces trois images ?
00:33 Une réalisation que vous aimeriez qu'on retienne de vos dix ans à Grenoble ?
00:38 - Je ne sais pas une réalisation en particulier. Ce que nous avons essayé de montrer collectivement,
00:45 c'est qu'on pouvait sortir de ce chemin tout tracé où c'était la compétitivité à tout prix,
00:50 comme s'il fallait toujours plus gros, toujours plus rapide, toujours plus high-tech, pour prendre soin de nous,
00:57 pour être à la hauteur des défis du temps présent.
01:00 - Vous pensez qu'il y a un modèle grenoblois du CAIR, c'est peut-être ce que vous dites ?
01:03 - Oui, et c'était effectivement la première équipe choisie par les grenobloises et les grenoblois,
01:09 la première équipe en France à se décaler un peu de ce leitmotiv de la croissance du PIB,
01:15 à être un peu plus alignés sur les objectifs du GIEC, et à se dire qu'on peut se protéger nous-mêmes,
01:21 prendre soin de nous, de nos enfants aussi, et être à la hauteur de nos vies, se réapproprier un peu nos vies.
01:30 - Ce qui est le plus visible, sans doute, c'est quand même la mobilité cyclable qui a beaucoup augmenté.
01:35 Grenoble est aujourd'hui la première ville cyclable de France.
01:38 Quand on interroge les personnes agrenoblois ailleurs sur ce qui les a marquées devant votre mandat,
01:43 la première chose qu'ils citent c'est le vélo. Ça vous en êtes fier j'imagine ?
01:48 Est-ce que vous craignez pas que ça masque le reste ?
01:53 - Ça ne masque pas, mais c'est vrai que nous vivons dans l'espace public.
01:57 Nous avions en arrivant cette volonté de se dire "nous allons nous réapproprier l'espace public",
02:03 et pour cela nous avons à la fois supprimé la pub de l'espace municipal, élargi les trottoirs, planté des arbres,
02:09 piétonnisé des rues, fait des places aux enfants, végétalisé des cours d'école et fait des autoroutes à vélo.
02:16 C'était comme ça que ça s'appelait. C'était les premières en France.
02:19 Maintenant c'est un petit peu généralisé dans toutes les villes,
02:22 comme les places aux enfants c'est généralisé un peu dans toutes les villes.
02:26 Donc c'est vrai qu'on peut se dire que les grenoblois, nous restons pionniers.
02:31 Nous le sommes depuis des générations et des générations, et nous le restons aujourd'hui.
02:36 - Et on a des appels au Standard de France Bleue, Iser Mathieu.
02:39 - Tout à fait, on vous rappelle que vous pouvez bien sûr nous appeler pour venir échanger, poser vos questions,
02:43 avec notre invité, Rik Piolle, le maire de Grenoble.
02:45 Et Jean-Paul est avec nous, d'Echirol. Bonjour Jean-Paul.
02:48 - Bonjour.
02:49 - Jean-Paul, vous vouliez revenir sur Alpexpo et sur les parkings d'Alpexpo. Quelle est votre question ?
02:55 - Oui, eh bien nous sommes embêtés depuis de trop nombreuses années par des rodéos nocturnes, voire dillurnes.
03:05 - Sur les parkings d'Alpexpo, c'est ça ?
03:07 - Oui, voilà.
03:09 - Est-ce qu'il y a quelque chose qui va être fait ? C'est ça votre question ?
03:11 - Non, ce sont les échirolois qui sont embêtés.
03:14 - D'accord, très bien.
03:15 - Alors Alpexpo, il me semble être à cheval entre Grenoble et Echirol, ou c'est uniquement Echirol ?
03:20 - Non, c'est Grenoble, mais effectivement, comme le dit cet auditeur, les parkings font l'objet de nuisances fortes.
03:28 - Et nous y travaillons depuis longtemps, nous y travaillons main dans la main à la fois avec Echirol et aussi d'ailleurs avec les forces de sécurité.
03:35 - Par moment, on y arrive, on régule un peu mieux, par moment c'est plus compliqué.
03:40 - Et donc ça fait partie de cette vie quotidienne. Vous savez, les élus sont au service de la vie quotidienne.
03:46 - Et tous ces problèmes de régulation font partie de notre quotidien.
03:49 - Donc on a mis des barrières, on a fait de la sensibilisation, on a fait de la verbalisation, des opérations de police.
03:55 - Ça marche, parfois bien, parfois c'est plus compliqué.
03:59 - Et évidemment, notre vie collective reste une source de nuisance pour certains d'entre nous.
04:03 - Est-ce que vous estimez que la sécurité, c'est peut-être votre point noir, votre regret ?
04:09 - En tout cas, on a vu qu'il y a eu encore des gros problèmes à Saint-Bruno avec des règlements de comptes, le trafic de drogue est encore très présent.
04:16 - Est-ce que là-dessus, vous avez des regrets de ne pas avoir fait plus en matière de sécurité ?
04:20 - Des regrets non, parce que la coordination des forces de l'ordre, de l'activité municipale est très bonne, et des forces de justice.
04:31 - Donc nous utilisons nos moyens au mieux, avec un souci de coopération.
04:35 - Mais les résultats ne sont pas forcément là ?
04:37 - Les résultats, je crois, partout en France, aujourd'hui, la drogue depuis les années 90 a explosé.
04:42 - C'est la demande de drogue qui a explosé. Cette demande de drogue génère un trafic qui est puissant.
04:48 - Et nous le voyons, malgré les coups de menton des différents ministres de l'Intérieur, M. Sarkozy, M. Valls, maintenant M. Darmanin,
04:55 - qui disent "Allez, on va éradiquer le trafic de drogue". Rien n'y fait, évidemment.
04:59 - Il n'y a pas de travail en France sur la prévention, sur pourquoi est-ce que les gens se droguent.
05:04 - Et donc, évidemment, face à cette demande très forte, le deal continue, et est une vraie plaie pour les habitantes et les habitants qui ont le deal là, sous leur fenêtre.
05:14 - J'ai encore pu le constater, et je constate ça depuis toujours, mais j'ai encore pu le constater après les grosses opérations de police qui ont été faites ces dernières semaines.
05:22 - Quelques heures après, c'est reparti comme avant.
05:25 - Les placenets, effectivement, vous êtes assez sceptique là-dessus. On va y revenir.
05:28 - Éric Piolle est notre invité ce matin, et vous êtes invité à participer à la discussion.
05:33 - 04 76 46 45 45, merci à Jean-Paul d'être venu pour poser sa question.
05:38 - Et on va continuer avec Josiane, qui nous appelle de Sassnach. Bonjour Josiane.
05:41 - Oui, bonjour.
05:43 - Vous vouliez parler justement des places de stationnement.
05:46 - Des places de stationnement pour handicapés.
05:49 - D'accord, qui ont été supprimées, c'est ça que vous dites ?
05:51 - Oh, il y en a beaucoup de supprimées, et c'est une vraie galère pour aller à Grenoble quand on vient de l'extérieur.
05:57 - Donc, ce que vous dites, c'est... Est-ce que vous avez une question à poser à M. Piolle en particulier ?
06:02 - Non, je voudrais savoir pourquoi il a supprimé autant de places d'handicapés, c'est tout.
06:07 - D'accord, très bien. Bon, on va lui poser la question. Josiane, alors.
06:09 - Le stationnement, on entend, alors là on entend Josiane, le stationnement, il y a eu, ça a été assumé de votre part,
06:18 un certain nombre de places qui sont devenues payantes, notamment à l'Île-Verte récemment.
06:21 Là, ce que nous dit Josiane, c'est que visiblement il y a des places de stationnement pour handicapés qui ont été supprimées, ou en tout cas manquent.
06:29 Est-ce que vous pouvez lui répondre ?
06:30 - Non, là c'est l'inverse. Nous avons augmenté le nombre de places handicapées, et nous continuons de le faire.
06:36 Chaque fois que nous avons des demandes particulières, notamment d'habitantes et d'habitants qui ont un besoin en bas de chez eux, nous le faisons.
06:42 Et donc sur ces places handicapées, elles ont augmenté dans Grenoble, de même que les places de stationnement livraison,
06:48 donc là c'est plutôt à destination des artisans ou pour la vie des commerces, ont augmenté aujourd'hui.
06:55 Et donc effectivement, nous avons réduit la place des stationnements en voirie, mais je rappelle, pour les véhicules lambda,
07:03 mais je rappelle que dans les parkings en ouvrage, c'est-à-dire les parkings officiels couverts, ceux-là, il y a toujours de la place.
07:10 Et notre message reste le même, c'est allez vous garer dans ces 8 ou 9 parkings qui sont en corps urbain et qui ont de la place.
07:18 Ne cherchez pas à vous garer juste devant le commerce devant lequel vous allez.
07:22 Le plaisir d'un centre-ville, c'est de pouvoir s'y balader à pied, de pouvoir à la fois s'asseoir sur une place, faire ses achats,
07:30 et être dans un environnement sécurisé pour les piétons.
07:33 Et c'est l'occasion de rappeler aussi que le 30 km/h, nous étions la première grande ville à mettre le 30 km/h en place.
07:39 C'est telle une des premières réalisations, effectivement.
07:40 Ça a permis de baisser d'environ 30% le nombre de blessés, donc vous parliez de sécurité tout à l'heure, il y a la sécurité liée au trafic,
07:47 il y a aussi plein d'autres formes de sécurité, et cette sécurité routière s'est grandement améliorée à Grenoble par les choix que nous avons faits.
07:54 J'avais en début d'entretien avec Piol des images plutôt positives, j'ai trois autres images qui vont peut-être moins vous plaire.
07:59 La première, c'est le niveau de taxes foncières, un avis de taxes foncières qui a augmenté de 25% récemment à Grenoble.
08:07 La deuxième, c'est l'affiche de la fête des Tuiles de 2015.
08:11 Et puis la troisième, c'est des femmes en burkini dans une piscine.
08:15 Qu'est-ce que, parmi ces trois images, est-ce que vous avez un regret ?
08:21 Un regret ? Non, c'est des choix assumés.
08:22 C'est des choix assumés.
08:23 La hausse d'impôts, je le redis, c'est un choix assumé.
08:25 Nous savons que ça vient peser sur les propriétaires.
08:29 Nous savons aussi que nous préférerions que cet argent vienne de la taxation des plus riches.
08:35 Nous avons augmenté de 44 millions les impôts.
08:37 C'est très important, nous en sommes bien conscients.
08:40 Ces 44 millions, c'est l'équivalent d'une taxe de 25% sur les dividendes du CAC 40,
08:46 une dividende annuelle du CAC 40, donc des 40 premières entreprises françaises.
08:50 Si le gouvernement choisissait une taxe de 25% sur ses super profits, ça ferait le même montant.
08:57 Nous, ce que nous disons, c'est que nous avons besoin de moyens pour transformer la vie de la cité.
09:04 Donc ces 44 millions, c'est la moitié pour l'inflation, protéger le service public,
09:08 de façon à ce qu'on continue à avoir un service public de qualité.
09:10 Un quart pour aller plus vite dans la transition, investir pour économiser de l'énergie.
09:15 On a déjà économisé 40% d'énergie sur les bâtiments publics, 70% de gaz à effet de serre.
09:21 Et un quart pour un bouclier social et climatique, pour permettre de faire de la tarification sur la cantine scolaire,
09:27 sur le péri-scolaire, sur les gratuités pour la culture.
09:30 Et donc nous assumons ce choix très clairement, même si nous en mesurons évidemment le poids.
09:36 Et peut-être élément de solidarité, parce que je sais que les Grenoblois et les Grenobloises sont solidaires,
09:41 mais la moitié des propriétaires, aujourd'hui il y a 38% à peu près de propriétaires résident à Grenoble,
09:46 la moitié payent encore une taxe d'habitation.
09:48 Et donc en fait, ils n'ont juste pas vu cette baisse, ils ont changé la destination de ce chèque,
09:54 ils n'ont pas vu cette dernière baisse, mais ça n'est pas une hausse pour la moitié d'entre eux.
09:59 Et nous, je le redis ici, nous aidons les locataires et les propriétaires qui ont des difficultés.
10:04 Nous avons rajouté un million d'euros pour le centre communal d'action sociale,
10:07 pour accompagner tous ceux qui en ont besoin, il y en a de plus en plus.
10:10 - Éric Piolle qui assume ses choix, Éric Piolle qui est en place depuis 10 ans quasiment jour pour jour,
10:14 et on a des appels au standard pour faire le bilan avec nous ce matin.
10:18 - Oui, on vous a encouragé à venir échanger avec Éric Piolle, le maire de Grenoble.
10:21 Jean-Louis Etafontaine, bonjour Jean-Louis.
10:23 - Oui, bonjour.
10:24 - Et vous voulez revenir sur l'un des sujets principaux, ça reste les transports.
10:28 Alors, vous avez quelques reproches de ce que j'ai pu voir sur les transports, expliquez-nous.
10:34 - Le reproche est simple, c'est vrai que le fédéral mis le stationnement payant,
10:38 notamment dans le quartier Gare, Béria, et tout ce qui relie la gare au côté de RAC,
10:46 pose de grosses difficultés.
10:48 On n'a pas le réseau de transports en commun suffisant pour pouvoir prendre le train tôt le matin ou tard le soir,
10:55 hormis le tram, mais toutes les rues transversales ne sont pas déchireuses.
11:01 Ce qui veut dire qu'en fait on n'a pas la possibilité de prendre le train,
11:04 hormis de se faire déposer en gare s'il y en a des bagages ou autre chose,
11:08 puisqu'il n'y a plus de stationnement, donc gratuit autour de la gare.
11:12 Vous ne pouvez pas stationner votre véhicule plus de 24 heures,
11:16 sauf dans les parkings, on va dire parkings relais,
11:19 ou les parkings qui sont assez distants de la gare,
11:23 et ça pose de grosses difficultés.
11:25 On ne peut pas partir une semaine par exemple en laissant son véhicule à proximité de la gare de Rouen.
11:29 - Ce que je veux dire Jean-Louis, c'est que finalement vous avez l'impression
11:31 qu'il n'y a pas une assez bonne synergie entre tous les transports en commun.
11:35 - Tout à fait, on a fait de l'argent tout autour de Grenoble avec les stationnements,
11:41 sans penser réellement à la pratique.
11:43 - On va laisser M. Pire répondre, en tout cas merci de votre appel et de votre point de vue.
11:47 - La question de la mobilité et des transports, ça se discute aussi avec la métropole,
11:52 vous avez des rapports compliqués avec Christophe Ferrari, le président de la métropole,
11:56 est-ce que ça joue sur la qualité des transports à Grenoble ?
11:59 - Ce n'est pas des rapports entre lui et moi, c'est des rapports entre institutions,
12:03 puisque les électeurs ont voté un peu partout et votent pour des projets plutôt écolos et citoyens,
12:10 et la gouvernance de la métropole est faite autrement,
12:14 ça c'est le mode de scrutin aujourd'hui, et fait qu'on ne s'y retrouve pas.
12:18 Et donc les électeurs ne s'y retrouvent pas, les projets ne s'y retrouvent pas.
12:21 Mais en ce qui concerne la question de notre auditeur, c'est très intéressant,
12:25 il dit "je veux pouvoir poser ma voiture une semaine quand je vais prendre le train à côté de la gare",
12:29 non, à côté de la gare c'est un quartier où il y a environ 25 000 habitants au kilomètre carré,
12:35 donc de fait il ne peut pas venir poser sa voiture et pendant une semaine partir en vacances,
12:41 et pendant que tous ceux qui utilisent la ville au quotidien ne peuvent pas le faire.
12:46 Donc les places sur la voirie doivent être réservées, un, aux résidents,
12:50 puisque nous les invitons à laisser leur voiture à utiliser le vélo,
12:53 et au traitement de courte durée pour le commerce.
12:56 Donc il peut, comme il l'a dit lui-même, aller se mettre dans un parking relais,
12:59 et je rappelle que nous avons étendu quand nous sommes arrivés en 2014,
13:02 les horaires de tramway qui marchent maintenant plus de 20 heures sur 24,
13:06 donc nous avons un vrai réseau qui permet cela,
13:09 et de fait nous voulons des places que les gens aillent dans des parkings en ouvrage dédiés à cela.
13:15 Très rapidement Eric Piolle, il vous reste deux ans de mandat, on ne l'oublie pas,
13:18 qu'est-ce que vous espérez encore vous aboutir ?
13:21 Il y a beaucoup de projets, on est dans une phase extrêmement importante,
13:24 à la fois sur le patrimoine, Grenoble, Rénov' la Tour Péret,
13:28 elle a été fermée depuis 1960, on espère la rouvrir pour le centenaire en 2025.
13:33 Nous mettons en place la sécurité sociale de l'alimentation,
13:36 là aussi ça va sortir avant la fin du mandat,
13:39 et c'est une nouvelle étape pour connecter l'agriculture et l'alimentation,
13:43 pour avoir plus de démocratie et d'approche de santé,
13:46 mais aussi d'approche de rémunération des agriculteurs,
13:48 nous avons tous en tête ces manifestations des agriculteurs,
13:51 et ce tiers d'agriculteurs qui vivent sous le seuil de pauvreté,
13:54 donc c'est des gros projets, les places aux enfants continuent,
13:57 nous sommes là dans une phase qui est riche,
14:00 et riche aussi en matière d'énergie,
14:02 vous savez qu'un de nos succès, c'est que nous avons réussi à produire assez d'électricité,
14:06 ni fossiles ni nucléaires, pour couvrir l'équivalent de la consommation des ménages de Gourdelbois,
14:11 là aussi c'est une étape dont l'ensemble du territoire peut être fier.
14:14 Éric Piolle, bilan après 10 ans et perspective, donc il en reste.
14:18 Merci beaucoup Éric Piolle de Bretagne d'être invité ce matin.