• il y a 8 mois
Vidéo réalisée en partenariat avec le Printemps de l’économie 2024 « Quelle Europe dans un monde fragmenté ? »
1/ La course technologique s’est-elle accélérée ?
Depuis l’Agenda de Lisbonne lancé en 2000, l’UE court derrière les Etats-Unis et s’est vu rattraper par la Chine qui, non contente d’être devenue l’usine du monde, a fortement accéléré son insertion dans les productions du 21ème siècle : énergies vertes, économies des plateformes, micro-électronique, intelligence artificielle. De leur côté, les américains ont continué de capitaliser sur leur avance dans l’économie numérique. Comme le modèle productif sous-jacent donne une énorme prime aux premiers entrants, l’avance américaine s’est transformée en domination. C’est vrai notamment dans les infrastructures de cloud, les plateformes de réseaux sociaux ou la production de semi-conducteurs. [...]

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Transcription
00:00 La course technologique s'est accélérée depuis l'agenda de Lisbonne.
00:16 Lancée en 2000, ça fait 24 ans, l'Union européenne court derrière les États-Unis
00:21 et elle s'est vue même rattrapée par la Chine, qui, non contente d'être devenue
00:25 l'usine du monde, a fortement accéléré son insertion dans les productions de
00:29 hautes technologies, que ce soit les énergies vertes, les énergies renouvelables,
00:34 l'économie de plateforme, la microélectronique, l'intelligence artificielle.
00:39 Et de leur côté, les Américains, ils ont continué de capitaliser sur leur avance
00:43 dans l'économie numérique et comme le modèle productif de cette économie
00:47 donne une énorme prime aux premiers entrants, l'avance américaine s'est transformée
00:52 en domination. C'est vrai notamment dans les infrastructures de cloud,
00:57 les plateformes de réseau, la production de semi-conducteurs et donc la course
01:02 s'accélère pour deux raisons, le caractère cumulatif de l'avance technologique
01:06 et l'entrée de nouveaux acteurs. Il apparaît pourtant nécessaire que
01:11 l'Union européenne figure sur ce podium. C'est une question de niveau de vie,
01:16 de croissance, mais aussi un impératif politique, car la maîtrise technologique
01:21 confère un poids politique et d'influence de l'ordre économique et géopolitique mondial.
01:26 Mais il se trouve que la position de l'Union européenne dans cette course
01:30 s'est indéniablement affaiblie au cours des 20 dernières années.
01:34 L'Union européenne a encore une spécialisation productive qui est ancrée
01:38 dans le XXe siècle, énergie, acier, automobiles, pharmacie, banque finance,
01:44 chimie, agriculture et elle est plus tardivement entrée dans la spécialisation
01:50 du XXIe siècle autour de l'économie numérique, celle de la microélectronique,
01:55 des activités de plateforme ou des technologies computationnelles.
02:00 Or ce sont ces secteurs qui ont été le lieu des innovations de rupture
02:04 de ces 40 dernières années. Et de plus, les vieux secteurs européens
02:08 sont bousculés par des ruptures technologiques comme l'automobile,
02:12 par l'électrification, le spatial, par le modèle SpaceX, la pharmacie,
02:16 par les biotech ou encore l'énergie par les renouvelables.
02:19 L'Europe est donc doublement bousculée. Sa dépense en recherche et développement
02:24 se monte à 352 milliards d'euros en 2022. C'est énorme mais c'est seulement
02:30 2,22% du PIB de l'Europe. C'est moins que le Japon, la Corée du Sud ou les Etats-Unis.
02:36 Et dans le classement des 2500 premiers plus grands investisseurs en recherche
02:40 et développement, la présence des entreprises européennes recule
02:44 au bénéfice des entreprises chinoises. De même, en nombre de brevets déposés,
02:49 les Etats-Unis, l'Allemagne, le Japon, la Chine et la République de Corée
02:52 sont les premiers pays. Et on voit que les demandes de brevets en provenance
02:57 de la Chine ont plus que doublé depuis 2018. Et même quand on se concentre
03:01 sur les brevets liés à l'innovation de rupture, Chine et Etats-Unis
03:06 dominent les classements. Et l'Union européenne ne maintient son niveau
03:09 dans ces classements que grâce aux entreprises allemandes.
03:11 Ce qui veut dire que l'innovation est un comportement très inéquitablement
03:14 réparti en Europe. L'Union européenne a pourtant les moyens de rester dans la course.
03:20 Les entreprises européennes sont présentes dans tous les segments
03:22 des activités technologiques de pointe. Le nucléaire, les énergies renouvelables,
03:27 la fibre optique, le spatial, l'aéronautique, les biotech, les supercalculateurs,
03:31 les semi-conducteurs, mais aussi l'intelligence artificielle.
03:34 Les entreprises européennes y dominent rarement, mais elles y sont.
03:38 Par ailleurs, l'Union européenne concentre aussi un potentiel de chercheurs
03:42 considérable que seule la Chine égale aujourd'hui en nombre.
03:45 Elle est aussi à la pointe de la régulation numérique et de bien d'autres régulations
03:49 également. Elle défend une politique de la concurrence très protectrice des petits acteurs.
03:54 Et puis, elle dispose d'un marché de plus de 400 millions de consommateurs
03:58 au niveau de revenus et d'éducation élevés.
04:01 Donc, il y a en matière, il y a la possibilité de relever le défi de ce rattrapage.
04:07 Mais il faudra pour cela contrer le sous-investissement privé dans la recherche et l'innovation.
04:12 Et c'est la seule voie de rattrapage. Et la difficulté réside dans ce que cet objectif
04:17 est en partie hors d'atteinte d'une seule et unique politique publique.
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