"Demain l'Europe" avec Manon Aubry

  • il y a 5 mois
La tête de liste LFI aux élections européennes était l'invitée de "Demain l'Europe", mercredi 3 avril 2024.

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00:00 *Générique*
00:12 Et bienvenue dans Demain l'Europe, l'émission spéciale de France Info consacrée aux élections européennes.
00:17 Bonjour Manon Aubry.
00:18 Bonjour.
00:19 Nous allons vous interroger avec Jérôme Chapuis sur les questions d'actualité.
00:22 Et puis deux de nos confrères européens prendront le relais, bonjour Anna Kowalska, de la télévision publique polonaise.
00:29 Anna vous interrogera sur la guerre en Ukraine, sur ses conséquences.
00:32 Et bonjour à vous Henrikh Bonnet.
00:34 Bonjour.
00:34 Correspondant à Paris pour le journal El Periodico, Henrikh vous parlera de la gauche au pouvoir en prenant l'exemple espagnol.
00:42 Et puis Renaud Delis nous rejoindra comme toujours à la fin de l'émission pour faire préciser certains points.
00:47 Mais d'abord Manon Aubry, c'est devenu une tradition dans cette émission, on commence par le portrait de l'invité
00:52 et c'est Victoria Koussa du service politique de France Info qui s'en charge.
00:56 Pour vous connaître un peu mieux Manon Aubry, il faut savoir ce que vous faites trois fois par semaine,
00:59 peu importe l'agenda politique, campagne ou pas campagne, du water polo.
01:04 Si j'en parle, c'est parce que vous comparez cette passion, votre sport, à la politique, je vous cite.
01:09 Dans les deux cas, il y a des coups bas et il faut sauter dans le grand bain.
01:12 Un cadre de LFI vous qualifie de puncheuse.
01:15 Vous êtes parvenu à 34 ans à vous hisser à la tête du petit groupe de la gauche radicale au Parlement européen,
01:20 militante purjue, ancienne porte-parole de l'ONG Oxfam contre l'évasion fiscale.
01:24 Vous avez longuement hésité avant d'accepter de plonger justement dans ce grand bain il y a cinq ans,
01:30 à prendre la tête de liste.
01:31 Vous aimez rappeler depuis votre palmarès 4 000 amendements quand le RN Jordan Bardella n'en a déposé qu'une vingtaine.
01:38 Des combats également, comme la protection des travailleurs ubérisés.
01:42 Pour une amie, vous êtes un vent de fraîcheur, mais un écologiste vous qualifie plutôt de visage souriant,
01:48 de la brutalité, tenante d'une ligne verrouillée en interne chez LFI.
01:52 Et alors que la présidentielle, les 22% de Jean-Luc Mélenchon, devraient vous offrir un boulevard pour ces européennes,
01:58 vous voilà patiné dans les sondages qui vous créditent de 6 à 7%,
02:01 c'est-à-dire exactement votre score de 2019 où vous aviez réussi à réunir 6,3% des voix.
02:08 D'où cette question Manon Aubry.
02:10 Payez-vous la stratégie de votre leader omniprésent dans cette campagne, qui fait même parfois des meetings sans vous,
02:16 aujourd'hui mis au banc de la gauche après ces ambiguïtés sur les attaques du Hamas du 7 octobre ?
02:21 Alors votre réponse ?
02:22 D'abord merci d'avoir parlé du water polo, un sport qui mérite à heure de grande écoute beaucoup plus d'audience.
02:29 Et pour répondre sur le fond de votre question politique, l'enjeu de cette élection européenne, ça va être la mobilisation.
02:37 Donc je ne nie pas les sondages, ce que mesurent les sondages,
02:40 à l'heure où on commence tout juste cette campagne où les Français et les Françaises n'ont pas encore la tête aux élections européennes,
02:46 c'est quel va être le taux de participation.
02:47 Et oui, si les jeunes, si les quartiers populaires, si toutes celles et tous ceux qui refusent le duo entre Jordan Bardella, Marine Le Pen d'un côté,
02:55 et Emmanuel Macron de l'autre ne se mobilisent pas, alors on sera davantage en difficulté.
03:00 À l'inverse, si toutes celles et tous ceux qui ont cru au programme de la NUPES,
03:03 qui croient à la création d'une alternative et qui ne veulent pas être condamnés à ce qu'on nous prédit,
03:11 l'extrême droite au pouvoir demain, alors oui, on pourra faire mieux.
03:15 – La question c'est, est-ce que Jean-Luc Mélenchon est trop encombrant dans cette campagne ?
03:19 – Vous savez, Jean-Luc Mélenchon a fait 22% à l'élection présidentielle,
03:22 il a permis la création de la NUPES.
03:24 Je sais qu'un autre homme de gauche, Raphaël Luguzman, pour ne le pas citer,
03:29 est venu sur votre antenne pour dire qu'il fallait créer une union,
03:32 débarrasser de la ligne de Jean-Luc Mélenchon,
03:35 mais aujourd'hui, ça veut dire être en rupture avec une grande partie des classes populaires
03:40 et ce qui a fait la force de la gauche.
03:42 – Pardon, mais c'est Jean-Luc Mélenchon qui a permis à la gauche française de relever la tête,
03:46 qui a fait le meilleur score de la gauche de ces dernières années.
03:50 – Au lieu de parler du passé, Manon Ombri, parlons du présent.
03:52 On vous pose la question parce que lors de votre meeting de lancement de campagne il y a quelques jours,
03:56 Jean-Luc Mélenchon a déclaré "Monsieur Poutine est un chef d'État dangereux,
04:00 il fait dans son domaine ce qu'il croit être son devoir,
04:03 comme nous faisons ce que nous croyons être de notre devoir".
04:06 Est-ce que vous êtes d'accord avec sa formule ?
04:08 Est-ce que ce n'est pas une manière de renvoyer dos à dos les deux camps ?
04:11 – Qu'est-ce qu'il faut dans cette affirmation ?
04:13 Il dit qu'il est dangereux, donc il dit qu'il n'est pas d'accord avec Vladimir Poutine
04:16 et je le redis, nous ne sommes pas d'accord avec Vladimir Poutine.
04:19 Nos amis en Russie ont été emprisonnés par le régime de Vladimir Poutine
04:24 mais bien entendu que Vladimir Poutine croit ce qu'il pense être dans son devoir,
04:28 ça ne veut pas dire qu'on est d'accord avec ce qu'il dit.
04:30 – Son devoir, son intérêt.
04:30 – Mais parce que chacun croit faire ce qu'il pense être dans son devoir.
04:35 Mais en rien nous ne partageons ni la ligne politique de Vladimir Poutine,
04:40 ni évidemment la guerre qu'il a provoquée en Ukraine en relation du droit international.
04:43 – Ça ne témoigne pas d'une forme d'indulgence de la part de Jean-Luc Mélenchon
04:46 à l'égard de celui qui a envahi l'Ukraine ?
04:48 – Absolument pas, je veux dire, je vous le redis,
04:51 qui aujourd'hui a protégé, défendu des opposants à Vladimir Poutine ?
04:57 C'est la France Insoumise.
04:59 Je veux dire, nous on n'a pas reçu Vladimir Poutine en grande pompe,
05:01 y compris comme l'a fait déjà François Hollande en son temps,
05:05 alors qu'il avait déjà envahi la Crimée.
05:08 Non, il n'y a aucune complaisance avec Vladimir Poutine,
05:11 et je vais même plus loin que ça.
05:12 Toutes celles et tous ceux qui finalement consisteraient à dire
05:17 qu'il y aurait soi-disant une ambiguïté dans la France Insoumise.
05:20 Ils font mal à la politique.
05:22 Ils font mal à la politique parce qu'ils disent des choses qui sont fausses
05:26 et qui jettent l'opprobre sur l'ensemble d'un mouvement politique.
05:29 – On écoute ce que dit Jean-Luc Mélenchon, Manon Aubry.
05:32 – Mais écoutez-le exactement ce qu'il vient de dire, il ne partage pas.
05:35 – Lors de votre meeting de campagne, je recite également Jean-Luc Mélenchon
05:40 qui dit "la paix, la paix, la paix".
05:43 Est-ce qu'il faut comprendre aux conditions de Vladimir Poutine ?
05:46 – Jamais, jamais nous n'avons dit aux conditions de Vladimir Poutine,
05:49 on en parlera après, mais nous disons qu'il faut trouver le chemin de la paix.
05:52 Et c'est le rôle et la responsabilité de la France,
05:55 comme une puissance nucléaire, comme un pays moteur,
06:00 comme un pays qui a été non-aligné aussi dans son histoire,
06:02 de trouver ce chemin qui est si vieux, si difficile.
06:05 – Vous comprenez l'ambiguïté qui réside dans les déclarations de Jean-Luc Mélenchon ?
06:08 – Non, je ne la comprends pas.
06:09 – Là encore, pardon, je me permets de rester.
06:11 – Je ne la comprends pas et vraiment, je vous le dis sincèrement, j'en ai marre.
06:17 J'en ai marre qu'on nous dise qu'il y a une ambiguïté ceci ou cela.
06:20 En faisant cela, en réalité, vous détruisez la force des artisans de la paix,
06:24 de celles et ceux qui se battent d'abord pour aider l'Ukraine,
06:28 qui se battent pour annuler la dette en Ukraine par exemple,
06:31 on est les seuls à proposer cela, qui se battent aussi…
06:34 – Mais les mots ont un sens aussi, Manon Aubry,
06:36 quand Jean-Luc Mélenchon dit "il ne peut y avoir d'autres issues
06:39 que celles où il n'y a ni vainqueur ni vaincu".
06:42 – Mais dans une guerre, soit on marche jusqu'à Moscou,
06:46 et là vous allez me dire…
06:47 – Non, là pendant le moment, il ne s'agit pas de marcher jusqu'à Moscou,
06:49 il s'agit de venir en aide à un pays qui a été envahi.
06:52 – Mais est-ce qu'on est contre venir en aide à un pays qui a été envahi ?
06:54 On est pour une aide financière, on est pour une aide militaire,
06:57 on est pour une aide logistique.
06:58 À quel moment nous avons été contre ?
07:00 Vous savez, Monsieur Chapuis, vous savez combien de textes
07:03 j'ai voté au Parlement européen au soutien à l'Ukraine ?
07:05 Vous le savez ? – Non, allez-y.
07:07 – 32. Et d'ailleurs, je m'étonne, on en parlera sûrement après,
07:10 du deux poids deux mesures du Parlement européen sur l'Ukraine vis-à-vis de Gaza,
07:15 parce qu'il n'y a pas eu tant de discussions sur Gaza.
07:17 – Justement, Manon, on va avoir l'occasion dans quelques minutes,
07:20 avec notre consœur polonaise, ce sera intéressant d'avoir le point de vue polonais,
07:23 dans quelques minutes, de revenir sur l'Ukraine,
07:24 mais on a quelques questions d'actualité sur Gaza avant le Fil info.
07:30 Benjamin Netanyahou reconnaît ce qu'il appelle un incident tragique
07:34 à l'occasion d'une frappe israélienne non intentionnelle,
07:38 dit le Premier ministre israélien, qui a touché des innocents,
07:40 des travailleurs humanitaires, sept morts avant hier soir.
07:44 Quelle est votre réaction ?
07:46 – Un incident tragique, vous vous rendez compte de ces mots ?
07:49 Un incident tragique qui a tué des humanitaires,
07:51 mais qui en a déjà tué 200,
07:54 mais un incident tragique qui a surtout tué 33 000 civils.
07:58 Il est mort à Gaza en quatre mois, plus d'enfants
08:01 que dans l'ensemble des conflits internationaux en quatre ans.
08:05 Voilà aujourd'hui le bilan, et ce sont des chiffres de l'ONU,
08:09 voilà aujourd'hui le bilan du gouvernement d'extrême droite,
08:11 de Benjamin Netanyahou, ce à quoi on assiste dans la bande de Gaza
08:16 est un carnage sans nom.
08:18 – Vous parlez de génocide vous aussi ?
08:20 – Oui, j'en parle puisque la Cour internationale de justice
08:23 a pris une décision il y a quelques mois en disant
08:26 que le risque de génocide est imminent,
08:28 depuis il y a eu plusieurs milliers de morts,
08:30 et d'ailleurs la Cour internationale de justice a enjoint Israël
08:33 à des mesures conservatoires, ce que Israël n'a pas appliqué,
08:36 et je vais plus loin, la France et l'Union européenne
08:38 portent une responsabilité particulière.
08:41 La France, tenez-vous bien, a envoyé 100 000 munitions,
08:44 100 000 outils, qui ceux qui ont été utilisés…
08:48 – Qui visent à être ré-exportés, ce sont des armes défensives,
08:51 c'est ce qu'a dit Sébastien Lecornu en ministre des armées.
08:53 – 100 000 pièces de munitions, de fusils mitrailleurs,
08:55 pour être très exact, qui ont été utilisées pour massacrer le peuple gazaoui.
09:00 Oui, la France porte une responsabilité majeure,
09:02 c'est pourquoi moi je me bats au niveau européen…
09:04 – Parce que là c'est important, parce que vous parlez de génocide,
09:06 et vous dites que la France a une responsabilité…
09:09 – Ecoutez…
09:10 – Si ce sont des activations qui sont graves…
09:13 – Oui, et je les confirme à votre micro, quand la France envoie des armes
09:17 qui sont directement utilisées pour massacrer un peuple
09:20 qui a fait, je le redis, 33 000 morts depuis le début du conflit,
09:25 en à peine 4 morts, oui c'est une responsabilité majeure,
09:28 c'est pourquoi moi je me bats au Parlement européen
09:30 pour un embargo sur les armes,
09:32 que la France et l'Union Européenne arrêtent d'envoyer des armes à Israël,
09:36 d'une part, on va parler de l'Ukraine après,
09:38 il manque des armes en Ukraine, et on en envoie en Israël
09:41 pour massacrer le peuple gazaoui,
09:43 et je me bats juste pour une deuxième chose en termes de sanctions,
09:46 pour la suspension de l'accord d'association entre l'Union Européenne et Israël.
09:50 Vous voyez, le massacre à Gaza n'est pas un crime contre lequel on ne peut rien.
09:54 Oui on peut agir, et la France et l'Union Européenne doivent prendre leur responsabilité.
09:57 C'est intéressant ce que vous dites, vous parlez de génocide à Gaza,
10:00 mais vous Insoumis, vous avez refusé de qualifier le génocide, les violences,
10:03 les crimes dont sont victimes les Ouïghours en Chine,
10:06 lors du vote d'une résolution en janvier 2022.
10:08 L'argument évoqué à l'époque par Jean-Luc Mélenchon, c'était de dire,
10:11 si on qualifie de génocide, il faut intervenir militairement sur le terrain,
10:15 si on suit donc votre logique, il faut intervenir à Gaza.
10:17 Alors d'abord, s'agissant des Ouïghours, en réalité,
10:22 le terme de génocide pour les Ouïghours n'a jamais été utilisé,
10:26 ni par les Nations Unies, ni par les ONG.
10:28 Mais en France, c'est le cas.
10:30 Ce qui se déroule en Chine est insupportable,
10:33 et j'ai soutenu au Parlement européen des résolutions
10:36 qui dénoncent les crimes commis par le gouvernement chinois.
10:39 Maintenant, qu'est-ce qu'il faut faire dans la bande de Gaza ?
10:41 Il est évident que la France doit agir et utiliser l'ensemble de ses outils,
10:46 de ses moyens diplomatiques, et que non seulement elle ne le fait pas,
10:50 mais quand on apprend en plus qu'elle livre des armes,
10:52 oui, elle porte une responsabilité.
10:54 Donc la France doit agir, elle doit agir aux côtés de l'Union européenne,
10:57 elle doit agir pour cesser d'envoyer des armes,
10:59 elle doit agir pour suspendre l'accord d'association,
11:01 elle doit agir pour œuvrer pour un qui fait le feu dans la bande de Gaza.
11:04 Est-ce qu'il faut intervenir, si on suit votre logique,
11:05 est-ce qu'il faut intervenir à Gaza ?
11:07 Condamner, ça doit être fait avec des mots qui permettent d'intervenir,
11:10 sinon c'est irresponsable, c'est ce que disait Jean-Luc Mélenchon encore.
11:13 La première intervention qui doit être faite,
11:14 c'est une intervention diplomatique pour faire en sorte que l'appel
11:17 du Conseil de sécurité des Nations unies et du Parlement européen
11:21 que j'ai obtenu, que cet appel soit traduit par des faits.
11:23 Vous voyez, quand on parlait de cesser le feu au mois de novembre ou de décembre,
11:27 on nous prenait pour des fous.
11:29 Et la vérité, c'est qu'aujourd'hui, quasiment tout le monde,
11:32 mis à part l'extrême droite qui continue à soutenir aveuglément
11:35 le gouvernement d'extrême droite,
11:36 aujourd'hui, quasiment tout le monde s'est rallié à l'opposition.
11:39 Mais le fait est qu'aujourd'hui, dire c'est une chose,
11:42 agir en est une autre et que cette demande de cesser le feu
11:45 doit se traduire par des sanctions à l'égard du gouvernement israélien.
11:48 Le Premier ministre espagnol, hier, Pedro Sánchez,
11:50 a annoncé vouloir reconnaître l'état de Palestine avant l'été.
11:53 Est-ce que la France doit faire pareil ?
11:54 Oui, la France doit faire pareil.
11:57 Aujourd'hui, l'état de Palestine est reconnu par plus de 130 états dans le monde.
12:02 Neuf pays sur les 27 européens.
12:04 Et seulement neuf pays sur les 27 européens.
12:06 Et l'Espagne a raison de relancer le débat au sein de l'Union européenne.
12:10 Je l'ai demandé à plusieurs reprises au Parlement européen également.
12:15 Et je regrette que, finalement, la France fasse preuve d'un depoids de mesure
12:20 quand il s'agit de défendre la paix au niveau international,
12:22 quand il s'agit de défendre la souveraineté des états
12:25 et la souveraineté des frontières.
12:26 Et donc, oui, je demande formellement,
12:29 est-ce que la France reconnaisse dans les plus brefs délais
12:32 l'état de Palestine ?
12:33 Il ne faut pas sous-estimer le poids diplomatique de la France.
12:37 Je le rappelle, je suis membre du Conseil permanent du Conseil de sécurité des Nations unies,
12:42 membre aussi fondateur de l'Union européenne.
12:45 Et je m'étonne que la France n'ait pas encore choisi cette voie.
12:48 Manon Aubry, on va vous retrouver dans une minute.
12:50 Notre consoeur Anna Kowalska, polonaise, vous a écoutée avec attention tout à l'heure
12:53 quand vous parliez de l'Ukraine.
12:54 Elle a beaucoup de questions à vous poser.
12:55 Juste après le Fil info, 8h46, Mathilde Romagnan.
13:00 L'Australie demande des explications à Israël après une frappe qui a fait sept morts,
13:04 dont une Australienne, sept travailleurs humanitaires de l'ONG World Central Kitchen
13:09 tués avant-hier dans la bande de Gaza.
13:11 L'armée israélienne reconnaît une grave erreur,
13:13 le président israélien présente ses excuses.
13:16 Les ossements retrouvés ce week-end ne permettent pas de dire
13:19 quelle est la cause de la mort d'Émile.
13:21 Le petit garçon de 2 ans et demi avait disparu il y a 9 mois au Haut-Vernay.
13:26 Les investigations se poursuivent donc dans ce hameau des Alpes de Haute-Provence.
13:30 4 personnes sont mortes et plus de 700 ont été blessées selon un dernier bilan
13:35 dans un séisme à Taïwan, le plus puissant à frapper l'île depuis 25 ans.
13:40 Le risque de tsunami en revanche est écarté à Taïwan,
13:43 mais aussi au Japon et aux Philippines.
13:45 Dernière ligne droite pour finaliser votre dossier sur Parcoursup.
13:50 La plateforme dédiée aux lycéens pour leurs études supérieures ferme ce soir à minuit.
13:55 Après, vous ne pourrez plus modifier votre dossier.
13:57 *Générique*
14:07 Et demain, l'Europe continue avec la tête de liste, la France insoumise aux élections européennes.
14:11 Manon Aubry, Anna Kowalska, notre conseillère de la télévision publique polonaise,
14:16 souhaite vous interroger sur le conflit en Ukraine et ses conséquences.
14:19 Je voudrais commencer Manon Aubry par la menace russe.
14:22 Vendredi dernier, le Premier ministre polonais, Donald Tusk,
14:25 a clairement mis en garde les Européens contre l'apathie face à Vladimir Poutine.
14:32 Donald Tusk a dit exactement "je ne veux effrayer personne,
14:34 mais la guerre n'est plus un concept de passé".
14:37 Est-ce que vous êtes d'accord ? Est-ce que Vladimir Poutine peut attaquer l'Europe ?
14:40 Vladimir Poutine est évidemment dangereux et menaçant.
14:43 J'observe néanmoins qu'il devait marcher en deux jours sur Kiev et qu'il n'a pas encore réussi.
14:49 C'est plutôt une bonne nouvelle de ce point de vue-là.
14:51 C'est aussi une des raisons pour lesquelles il faut continuer à soutenir l'Ukraine dans sa résistance,
14:58 mais aussi à essayer de trouver l'issue d'un tunnel qui est bien sombre et bien noir.
15:04 C'est une des raisons pour lesquelles je me bats pour défendre une issue diplomatique,
15:09 parce qu'à ce jour, je ne vois pas d'autre issue.
15:11 L'autre issue consisterait à monter dans l'escalade militaire,
15:15 comme l'a insinué le président de la République française, Emmanuel Macron,
15:18 qui n'a pas exclu d'envoyer des troupes au sol en Ukraine.
15:25 Et ça, c'est la ligne rouge ?
15:27 Oui, c'est une ligne rouge. Je pense que c'est à la fois inefficace et irresponsable.
15:30 C'est inefficace parce qu'il a été désavoué par une grande partie de ses alliés européens.
15:34 Donc ça affaiblit la parole diplomatique de la France sur la scène européenne.
15:38 Et c'est aussi irresponsable, parce que si demain, on envoie des troupes en Ukraine,
15:41 qu'est-ce qui se passe ?
15:42 Ça devient l'affrontement de deux puissances nucléaires,
15:46 entre la Russie d'un côté et la France de l'autre.
15:48 Même pendant la guerre froide, on a réussi à éviter ça.
15:52 Et donc oui, la France doit prendre le leadership du camp de la paix
15:55 et trouver une issue diplomatique en continuant sa pression sur Vladimir Poutine,
16:00 en continuant la pression sur ses alliés, je pense à l'Iran, à la Chine,
16:03 qui fournissent des armes, par exemple, à la Russie,
16:07 en prenant une initiative diplomatique pour protéger, par exemple,
16:11 les centrales nucléaires en Ukraine, puisque ce conflit se déroule
16:14 sur une zone minée au sens propre, comme figureaient 15 centrales nucléaires
16:18 qui pourraient être protégées.
16:19 Voilà des moyens d'ouvrir un canal diplomatique pour trouver une issue à ce conflit.
16:24 Donc pour vous, Vladimir Poutine est un partenaire fiable.
16:26 Il y avait des discussions ici, même à Paris, entre Vladimir Poutine et Vladimir Zelensky.
16:29 Vous savez, quand vous faites la paix, vous faites toujours la paix avec votre ennemi.
16:32 Donc Vladimir Poutine ne sera jamais un ami. Jamais.
16:35 Mais il y a la question du moment aussi, quand même, Manon Aubry.
16:37 Vous voyez bien que les troupes russes, elles occupent aujourd'hui
16:40 entre 18 et 20% du territoire ukrainien.
16:42 Vous pensez qu'il va dire "Ok, on recule".
16:44 Quand sera le bon moment ? Dans un an, quand il y aura eu...
16:46 Il y a déjà eu 200 000 morts à cause de ce conflit.
16:48 Dans un an, peut-être que Vladimir Poutine occupera 30-40%.
16:52 Je ne dis pas qu'il faut abandonner ces territoires, mais vous savez,
16:54 je n'ai pas l'habitude de citer le pape sur ce plateau.
16:57 Le pape a dit "Une des manières de commencer, c'est un échange de prisonniers".
17:00 Il a dit, je cite ces termes exacts, "Il faut avoir le courage de négocier".
17:04 Oui, il faut avoir le courage de négocier, parce que dans un an,
17:07 il y aura eu combien de morts en plus ?
17:09 Les jeunes russes et les jeunes ukrainiens ne veulent pas les combattre.
17:11 Vous avez peut-être vu ce sondage, près de la moitié des jeunes ukrainiens
17:15 ne veulent pas aller au front.
17:16 Et je peux les comprendre, qui a envie ?
17:17 Moi, j'ai 34 ans, je suis une femme, je ne sais pas si j'aurais été mobilisée
17:20 si j'étais en Ukraine, mais qui a envie, dans la force de l'âge,
17:24 à 20 ans, 25 ans, d'aller combattre ? On les comprend ?
17:26 - Continuons peut-être sur cette menace.
17:27 Dimanche 24 mars, pour la troisième fois depuis le début de la guerre,
17:30 un missile russe a traversé, volé l'espace aérien polonais.
17:34 L'armée polonaise a décidé de ne pas la battre.
17:36 Il s'agit probablement d'un accident.
17:39 Mais un jour, peut-être, un missile russe tombera en Pologne.
17:42 Et qu'est-ce qu'il faut faire dans ces cas-là ?
17:43 - D'abord, je salue le sang-froid du gouvernement polonais,
17:46 qui n'a pas répliqué pour ne pas aller dans l'escalade.
17:49 Mais je tiens à le dire, si demain, la Pologne est attaquée,
17:52 la Pologne est non seulement membre de l'OTAN, elle est membre de l'Union européenne,
17:55 et nous avons un devoir d'assistance mutuelle.
17:57 Et c'est précisément parce que je prends au sérieux ce devoir d'assistance mutuelle
18:01 et l'engagement de la France, que nous devrions porter assistance à la Pologne,
18:05 si demain, la Pologne est attaquée.
18:07 - Concrètement, vous qui êtes contre-envoi de troupes en Ukraine,
18:10 vous les enverrez en Pologne, s'il faut ?
18:11 - Non, ce que je dis, c'est que si demain, la Pologne est attaquée,
18:15 oui, nous devrions les aider à se défendre.
18:18 Nous aidons par ailleurs les Ukrainiens à se défendre.
18:20 Et je tiens à dire que...
18:22 - Vous ne portez pas de troupes en Pologne, alors qu'ils sont effectivement
18:24 membres de l'Union européenne et de l'OTAN, surtout.
18:27 - Mais attendez, nos engagements ne sont pas les mêmes vis-à-vis d'un État comme la Pologne,
18:30 qui est membre de l'Union européenne et qui est membre de l'OTAN.
18:33 - Mais sa question concerne la Pologne.
18:35 - Oui, et donc... - Donc on envoie des troupes pour défendre la Pologne.
18:39 - La question ne se pose pas à ce jour.
18:41 Mais oui, nous devons dire, parce que c'est de la diplomatie,
18:45 que oui, si demain, un pays de l'Union européenne est attaqué,
18:48 bien sûr qu'il faudra faire preuve de solidarité.
18:50 Et c'est précisément pour éviter qu'on en arrive là,
18:53 que je me bats pour une solution diplomatique.
18:55 Parce que sinon, c'est quoi ? On va laisser Poutine avancer encore plus ?
19:00 On va laisser mourir 200 000 personnes de plus, comme c'est le cas déjà depuis le début du conflit ?
19:05 Il faut trouver une issue diplomatique.
19:07 Il n'y a pas d'autre possibilité.
19:09 - Cette crainte, elle est vraiment réelle en Pologne, c'est la raison pour laquelle...
19:11 - Je comprends qu'elle soit ressentie comme telle par le peuple polonais,
19:13 et c'est pour ça que je veux dire ma solidarité au peuple polonais.
19:16 Maintenant, il faut raison garder et garder son sang froid dans un conflit.
19:20 Aujourd'hui, il n'y a pas de frontière entre la Pologne et la Russie,
19:24 de manière directe sur le conflit, même s'il y a une frontière avec la Russie au nord de la Pologne.
19:29 Et la Pologne n'est pas, à ce jour, directement menacée par le dire.
19:32 - La crainte, la défense européenne, qui est une question très importante aussi,
19:36 du point de vue de la Pologne, mais aussi d'autres pays baltes.
19:38 Est-ce que vous, vous êtes pour l'armée européenne et pour le commissaire européen de la défense,
19:42 comme l'a promis Madame von der Leyen ?
19:44 - Le président de la Commission européenne.
19:46 - À ce stade, la question est pourquoi faire ?
19:49 La vérité, c'est qu'aujourd'hui, vous avez 27 États membres
19:52 et vous avez autant de stratégies différentes en matière de politique étrangère.
19:55 S'il y a une relative, et encore relative, unité sur le front ukrainien,
19:59 ce n'est pas vrai, par exemple, on parlait de Gaza à l'instant,
20:02 où vous avez eu autant de positions différentes des États membres de l'Union européenne
20:05 que vous aviez quasiment d'États.
20:07 Un tiers est en faveur du cessez-le-feu, un tiers contre,
20:09 et un tiers s'abstenait à l'Assemblée générale des Nations unies.
20:12 Donc, pour moi, la priorité à ce stade, c'est plutôt de relancer une coordination
20:16 en matière de production militaire, parce que c'est ça l'enjeu.
20:19 Je sais que la Pologne a réinvesti massivement,
20:21 je crois que vous dépensez jusqu'à 4% de votre PIB en dépenses militaires.
20:26 Et aujourd'hui, c'est ça l'enjeu, c'est une coordination de la production industrielle,
20:30 et c'est ma proposition de commencer par cela,
20:33 et de ne pas faire des promesses qu'on ne tiendrait pas,
20:35 alors qu'il y a des politiques très différentes.
20:37 Pourquoi la France insoumise s'est-elle opposée aux accords
20:39 qui unissent l'Ukraine et la France depuis quelques jours ?
20:42 Parce que cet accord ne portait pas sur...
20:44 Ça porte notamment sur...
20:46 L'accord ne portait pas sur un soutien à l'Ukraine,
20:48 je vous l'ai dit, au Parlement européen, j'ai voté plus de 30 textes en soutien à l'Ukraine,
20:51 y compris le dernier plan financier de 50 milliards d'euros d'aide.
20:55 En réalité, on s'y est opposé pour deux raisons.
20:57 Un, parce qu'il portait sur la stratégie aussi du président de la République
21:01 qui n'a pas exclu l'envoi d'armes,
21:03 et parce qu'il portait aussi sur l'entrée de l'Ukraine dans l'Union européenne.
21:06 Et je le dis, je suis en désaccord avec cela,
21:08 je sais que c'est un débat qui fait rage aussi en Pologne.
21:11 Faire entrer aujourd'hui l'Ukraine dans l'Union européenne...
21:13 La plupart des Polonais sont d'accord pour que l'Ukraine rentre en Europe.
21:16 Mais allez dire aux agriculteurs polonais que l'Ukraine doit entrer dans l'Union européenne.
21:21 C'est un dumping social, environnemental,
21:25 absolument insupportable,
21:28 parce qu'en Ukraine, le salaire minimum, il est de moins de 200 euros.
21:33 Le kilo de poulet, il se produit à 3 euros du kilo quand c'est 7 euros.
21:37 Vous savez, Manon Brie, que l'entrée dans l'Union européenne, non seulement c'est progressif,
21:40 et puis voilà, il faut que ça change les règles, les standards augmentent,
21:42 puisqu'ils sont alignés.
21:44 Quel est le salaire minimum en Hongrie, vous savez ?
21:46 C'est à peine plus de 350 euros.
21:47 Et qu'est-ce qui s'est passé au moment où il y a eu le dernier élargissement de l'Union européenne ?
21:51 C'est que la moitié des usines qui ont fermé en France et qui ont été délocalisées,
21:54 c'est au sein même de l'Union européenne.
21:56 On s'est un peu éloigné de la question qui portait sur l'armement et sur l'aide.
22:02 Mais ce n'est pas vrai, elle ne portait pas sur l'aide,
22:04 elle portait notamment sur l'entrée dans l'Union européenne.
22:06 Et je viens de vous expliquer pourquoi je suis en désaccord avec cela,
22:09 parce que les agriculteurs polonais, mais aussi les agriculteurs français et européens,
22:14 subissent la concurrence déloyale.
22:15 On a déjà libéralisé, et ça a été multiplié par deux, l'importation de poulet,
22:19 par 20 l'importation de sucre.
22:21 Et vous savez à qui ça profite ?
22:23 Ça ne profite pas aux Ukrainiens, ça profite à un oligarque ukrainien
22:27 qui possède 60% des terres et la production de volailles.
22:32 L'Union européenne a dourci certains règles par rapport à ça la semaine dernière.
22:36 Mais pas suffisamment, vous le savez,
22:37 et c'est pour ça que la colère n'est pas éteinte ni en Pologne ni ailleurs.
22:41 En Hongrie, en Ukraine, le terrain moyen de production est de 1000 hectares
22:47 quand il est de 70 hectares.
22:48 Si on a le temps, on reviendra aux questions agricoles,
22:50 mais je voudrais continuer sur la défense.
22:52 Notamment sur le parapluie nucléaire.
22:55 Aujourd'hui, toute l'Europe est couverte par le parapluie américain, nucléaire.
23:00 Mais la question se posera, la question de son utilité.
23:02 Peut-être si Donald Trump est réélu à la Maison-Blanche,
23:05 la Pologne, les pays baltes, d'autres pays de l'Europe de l'Est,
23:08 voudraient que la France mette sa dissuasion au profit de la défense européenne.
23:12 Vous en pensez quoi de cette idée ?
23:14 Je pense que la France a toujours eu une histoire en matière de défense qui est non-alignée.
23:20 Depuis le général de Gaulle, j'ai des désaccords avec la famille politique de droite.
23:24 Mais c'est aussi ça qui a fait la force et la singularité de la France,
23:27 c'est de pouvoir porter assistance à des États,
23:32 dans le cadre de l'assistance mutuelle qui existe déjà dans les traités européens,
23:36 sans pour autant mettre l'ensemble des États européens sous la défense nucléaire,
23:44 qui voudrait dire que demain, on pourrait cautionner,
23:47 je pense à monsieur Orban en Hongrie,
23:51 tout ce que monsieur Orban en Hongrie va faire.
23:53 Et demain, je ne peux pas dire qu'en toute hypothèse,
23:55 je serais d'accord avec la politique étrangère de monsieur Orban.
23:58 Mais il est vrai aujourd'hui que la France a un rôle singulier,
24:00 et c'est pour ça que je continuerai à défendre ce non-alignement.
24:02 C'est le seul pays, je rappelle, à l'Union européenne,
24:04 qui possède aujourd'hui l'assistance nucléaire.
24:06 C'est vrai, vous avez raison.
24:07 Et c'est pour ça que la France a un devoir d'assistance mutuelle vis-à-vis des États européens,
24:10 que je ne le remets pas en cause.
24:12 Mais on ne pourra pas dire qu'en toute hypothèse,
24:14 on sera d'accord avec ce que fera demain Victor Orban,
24:17 qui, je le rappelle, est un autocrate à la tête de la Hongrie.
24:20 Une dernière question, Anna, sur la conséquence de cette guerre en Ukraine,
24:23 la question des réfugiés.
24:25 Aujourd'hui, en Pologne, il y a à peu près 1,2 million de réfugiés ukrainiens.
24:29 La France est le pays qui en héberge le moins en Europe,
24:31 78 000, soit 17 fois moins qu'en Pologne.
24:35 Est-ce qu'il faut faire plus ?
24:36 Est-ce qu'il faut intensifier les efforts en France ?
24:38 Oui, il faut faire plus.
24:39 J'observe que d'ailleurs, pour la première fois au niveau européen,
24:41 a été déclenché le mécanisme de protection temporaire des réfugiés.
24:45 Là aussi, je pointe un deux points, deux mesures.
24:47 C'est bien qu'on ait pu le faire pour les Ukrainiens,
24:49 mais on ne l'a jamais fait pour des crises auparavant,
24:51 y compris des crises d'afflux migratoires liées à des conflits internationaux.
24:56 Et bien entendu qu'il faut faire davantage pour aider le peuple polonais,
24:59 qui a déjà fait preuve d'une solidarité incroyable,
25:02 au vu à la fois du nombre de réfugiés, mais aussi de l'aide matérielle.
25:05 Mes collègues polonais me racontaient,
25:07 en fait, quasiment chaque Polonais a aidé d'une manière ou d'une autre
25:10 un réfugié ukrainien.
25:12 Oui, la France doit faire davantage.
25:14 Et je crois qu'elle n'a pas tenu toutes ses promesses en la matière,
25:18 à la fois dans sa solidarité vis-à-vis de la Pologne,
25:20 mais aussi derrière vis-à-vis de l'Ukraine.
25:21 Vous disiez que ce qui a été mis en œuvre pour les Ukrainiens,
25:24 il faudrait l'élargir.
25:25 En tout cas, vous le regrettiez qu'auparavant, on n'ait pas fait la même chose.
25:28 Est-ce qu'il faut le faire puisqu'il y a un autre conflit qui inquiète en Europe ?
25:31 Est-ce qu'il faut le faire aussi pour les Gaza ou les Palestiniens ?
25:33 La question se pose.
25:35 Et là, je me fais l'écho de nombreuses ONG qui travaillent sur les questions
25:40 de droit d'asile et d'immigration, qui n'ont de cesse de dénoncer,
25:43 par ailleurs, les violations des droits humains aux frontières de l'Union européenne.
25:48 Je vais me rendre à Calais ce vendredi,
25:50 et je pense à ce qu'il se passe dans la Manche,
25:53 qui sont des refoulements illégaux, où finalement,
25:56 l'agence aux frontières de l'Union européenne, Frontex,
25:59 se comporte comme des cow-boys.
26:01 Et on voit que cette nécessaire solidarité a toujours été faite
26:05 d'une manière un peu de deux poids, deux mesures.
26:07 J'observe d'ailleurs qu'on a eu sans difficulté pu accueillir
26:10 près de 100 000 réfugiés ukrainiens, et qu'on n'est pas capable de le faire
26:14 sur d'autres conflits internationaux, ce qui est la démonstration que,
26:17 parfois, ça dépend de la religion et de la couleur de peau.
26:20 Et ça m'interroge sur la politique de solidarité nécessaire,
26:24 et aussi de solidarité entre les États européens,
26:27 et d'un accueil digne pour des personnes qui fuient la guerre
26:30 et qui n'ont d'autre choix.
26:32 Demain, l'Europe revient dans quelques instants avec vous, Manon Aubry,
26:34 et Henrik Bonnet, notre confrère espagnol,
26:36 qui a eu lieu aussi, beaucoup de questions à vous poser.
26:38 Ce sera juste après l'info. Il est presque 9h.
26:40 [Musique]
26:53 Demain, l'Europe avec Manon Aubry, tête de liste,
26:56 elle affie aux élections européennes.
26:58 Et je donne tout de suite la parole à mon confrère,
27:00 Henrik Bonnet, journaliste espagnol du journal El Periodico.
27:04 Les sondages prédisent une forte montée de l'extrême droite
27:07 au futur Parlement européen.
27:09 Face à cette tendance, est-ce que le groupe de la rejeu européenne
27:12 ne devrait pas essayer d'améliorer ses relations avec les socios démocrates,
27:16 suivant le modèle de l'exemple espagnol,
27:19 où il y a un gouvernement de coalition entre les socialistes
27:21 et la gauche alternative ?
27:23 La question, c'est pour quoi faire ?
27:25 Dans le gouvernement européen, les socios et les démocrates,
27:27 ils font partie de la coalition qui gouverne,
27:29 avec les libéraux d'Emmanuel Macron,
27:32 et avec la droite, qui s'appelle le groupe du PPE.
27:36 Et ensemble, socialistes, macronistes et la droite,
27:38 gouvernent pour quoi faire ?
27:40 Pour adopter des accords de libre-échange,
27:42 pour adopter l'austérité budgétaire.
27:44 On parlera peut-être après des coupes budgétaires drastiques
27:47 que prévoit le gouvernement français dans nos services publics.
27:49 Ça vient de ces nouvelles règles budgétaires européennes.
27:52 Ils votent ensemble la politique agricole commune,
27:54 ils votent ensemble le pacte asile-immigration,
27:57 qui est une forme de loi immigration version européenne.
28:00 - Au niveau de la gauche, pourquoi ne vous alliez pas ?
28:03 - C'est pour ça que je vous réponds, ça dépend pour quoi faire.
28:06 Moi, je n'ai eu de cesse, comme présidente du groupe de la gauche
28:08 au Parlement européen, de discuter, dialoguer,
28:11 puisque c'est un peu la beauté du Parlement européen,
28:13 c'est un système proportionnel,
28:15 un groupe tout seul n'a pas la majorité.
28:17 Mais la réalité, c'est qu'aujourd'hui, le choix des socialistes européens,
28:19 et c'est ça qui m'oppose à Raphaël Glucksmann,
28:21 le choix des socialistes européens,
28:23 c'est de gouverner avec les macronistes à la droite.
28:25 C'est ça qu'ils font.
28:26 Et ils adoptent des accords de libre-échange ensemble.
28:28 Et ils adoptent l'austérité budgétaire ensemble.
28:31 Et c'est la différence, si je peux me permettre,
28:33 avec la gauche espagnole.
28:34 Parce que la gauche espagnole a fait le choix,
28:36 plutôt que de se tourner vers sa droite,
28:38 et donc vers le PP, qui est le parti de droite espagnol notamment,
28:43 ou Ciudadanos, qui est l'équivalent des macronistes en Espagne,
28:46 ils ont choisi de se tourner vers l'équivalent de la France insoumise,
28:49 que sont Podemos et Soumar.
28:51 Et ça, ça a produit quoi ?
28:52 Ça a produit une hausse historique du salaire minimum.
28:55 Ça a produit la baisse du temps de travail.
28:57 Ça a produit un texte pour protéger les travailleurs des plateformes,
29:01 qui nous a inspirés au niveau européen,
29:03 et qui est une des grandes victoires que mon groupe a obtenues
29:05 grâce à ma collègue Leïla Chébi.
29:07 Voilà pour le coup une source d'inspiration en Espagne.
29:09 Mais si en France, les socialistes,
29:11 ils avaient fait le choix pendant le printemps 2002,
29:14 d'être avec vous,
29:15 mais deux ans après, on voit que ça n'a pas très bien passé.
29:18 Est-ce que pour réconcilier la loupesse,
29:20 il ne faudrait pas accepter une bonne foi pour toutes,
29:24 que aucun parti n'impose sa ligne aux autres ?
29:26 La question c'est de nouveau pourquoi faire ?
29:28 Moi je défends ce petit truc-là,
29:30 pour ceux qui nous écoutent en radio,
29:33 c'est le programme de la loupesse.
29:34 Vous voyez, ce programme de la loupesse,
29:36 c'est ça en effet qui nous a permis
29:38 d'élire 151 députés à l'Assemblée nationale il y a deux ans.
29:41 Et donc à moins d'avoir menti aux électeurs il y a deux ans,
29:44 ou de l'avoir défendu juste pour sauver quelques places,
29:47 c'est ça qu'on devrait continuer à défendre ensemble.
29:49 Et je regrette que le PS français ait tourné le dos
29:52 au programme de la loupesse,
29:54 et je suis sûre qu'il y a des sympathisants,
29:56 des électeurs du PS qui leur sont encore fidèles.
29:59 Il y a des millions d'orphelins et d'orphelines de la loupesse
30:01 qui nous écoutent et je veux leur dire "Venez nous aider,
30:03 on n'est pas condamnés à subir l'extrême droite ou les macronistes".
30:07 Et l'exemple espagnol nous le montre.
30:09 Quand la gauche ne trahit pas, elle peut rester au pouvoir,
30:11 contrairement à ce qui a été fait dans d'autres pays européens,
30:14 contrairement à l'Italie, contrairement à la Suède, contrairement à la France.
30:16 Mais les propositions sont importantes,
30:17 mais c'est aussi important finalement les relations entre les partis.
30:20 Et les lignes politiques, c'est important quand même.
30:22 Ici en France, la loupesse est proche de l'implosion,
30:24 c'est aussi lié au fait que pendant la réforme des retraites,
30:27 pendant la révolte de Nahel, ou même après Gaza,
30:30 dans certains moments, la France insoumise,
30:32 elle a tenu des lignes assez clivantes, sans écouter ses partenaires.
30:35 C'est qu'en Espagne, souvent vos alliés,
30:37 par exemple c'est la marque des mesures de Yolanda Diaz,
30:40 elle essaie toujours de garder de bonnes relations avec les socialistes.
30:43 De nouveau, la question c'est pourquoi faire politiquement ?
30:45 Et dans l'ensemble des épisodes que vous avez rappelés,
30:48 on a continué à défendre conjointement ce programme.
30:51 Et c'est ça qui aurait dû nous animer collectivement.
30:54 Et si vous voulez savoir, moi je regrette
30:57 qu'aujourd'hui on ne soit pas unis pour ces élections européennes.
31:00 Et c'est ce qu'on aurait dû faire.
31:01 Moi j'ai offert toutes les conditions possibles.
31:03 J'ai proposé de ne pas faire de la tête de liste, un préalable.
31:05 Vous en connaissez beaucoup des responsables politiques qui disent
31:07 "Moi je suis prêt à ne pas être en haut de la fiche pour permettre l'union".
31:10 Parce que quoi derrière ?
31:11 Si on avait été ensemble, oui on pourrait faire 28-30% si on aurait gagné ces élections.
31:16 Si on veut être précis, Manon Aubry,
31:17 c'est pas sur le programme économique que la NUPES a explosé,
31:20 c'est notamment sur la question de Gaza et sur les réactions de Jean-Luc Mélenchon.
31:23 Mais là aussi sur la question de Gaza.
31:25 Pardon mais on appelait un cessez-le-feu,
31:28 aujourd'hui tout le monde s'est rallié sur nos positions.
31:30 Alors oui c'est vrai, Raphaël Glucksmann dans un premier temps
31:33 n'a pas voté tous nos amendements en faveur notamment de l'embargo sur les armes,
31:38 en soutien à la Cour internationale de justice,
31:41 mais j'observe que tout le monde à gauche maintenant parle d'une même voix.
31:44 Donc franchement, toutes celles et tous ceux qui veulent aujourd'hui diviser la gauche
31:48 en prenant des excuses, la réalité c'est qu'on le voit,
31:51 et de nouveau Raphaël Glucksmann l'a dit à votre antenne,
31:53 lui il prépare l'après Mélenchon, moi ce qui m'intéresse c'est l'après Macron.
31:57 C'est comment on prépare une gauche qui soit une alternative à Emmanuel Macron et à l'extrême droite.
32:02 Alors sur le programme, reprenons l'exemple espagnol.
32:04 L'Espagne c'est un pays qui a fait à l'avance sur les questions sociétales,
32:08 par exemple l'année dernière elle a prouvé l'autodétermination pour les personnes transsexuelles à partir de 16 ans.
32:14 Sur les personnes trans, est-ce que vous pensez que la France devrait suivre l'exemple espagnol,
32:18 et l'Union Européenne aussi ?
32:20 Oui complètement, la France et l'Union Européenne,
32:24 et ça fait partie des propositions qu'on a portées y compris au Parlement Européen,
32:27 devraient suivre l'exemple espagnol qui a souvent montré l'orientation en la matière,
32:33 je pense aussi en matière de lutte contre les violences sexistes et sexuelles.
32:36 Donc oui, moi je suis en faveur de l'autodétermination pour les personnes trans pour choisir leur genre,
32:41 et je suis aussi pour qu'on suive l'exemple espagnol en matière de lutte contre les violences sexistes et sexuelles.
32:47 L'Espagne a investi comme jamais dans la lutte contre les violences,
32:50 et a réduit drastiquement à la fois son nombre de féminicides, mais aussi de l'accompagnement des victimes.
32:54 Et je regrette que ce soit tout l'inverse, que la France ait choisi par exemple au niveau européen.
32:58 Moi je me suis battue pour que dans la définition du viol, dans un texte de lutte contre les violences,
33:03 on inclut la notion de consentement.
33:07 Dit autrement, toute relation sexuelle sans consentement soit un viol.
33:11 Et qui est-ce qui s'y est opposé ? La France d'Emmanuel Macron, aux côtés de Victor Orban.
33:16 Il a dit qu'il avait changé d'avis Emmanuel Macron.
33:19 Manifestement, mais c'est à cause de lui que ça n'est pas passé dans le texte.
33:22 Donc moi je veux bien d'Emmanuel Macron qui nous donne raison après sur la taxation des super-profits,
33:27 sur la définition du viol, etc.
33:29 Mais réalité, c'est que c'est aujourd'hui Emmanuel Macron qui bloque les avancées en Europe,
33:34 sur la directive européenne sur les travailleurs des plateformes, que je vous ai dit que l'on a arraché.
33:38 C'est une victoire dont je suis très fière qu'on a obtenue au Parlement européen,
33:41 qui va changer l'avis de millions de travailleurs Uberisés pour Uber et Deliveroo,
33:45 qu'il va leur donner concrètement une protection sociale,
33:48 quand ils vont avoir un accident du travail, une cotisation pour la retraite,
33:51 des choses simples qu'ils n'avaient pas.
33:53 Ça on l'a obtenu, et pour ceux qui se demandent à quoi servent les députés insoumis,
33:57 grâce à ma collègue Laila Chébi au Parlement européen,
33:59 et bien qui est-ce qui s'y est opposé au Parlement, au niveau européen ?
34:03 C'est Emmanuel Macron.
34:05 Donc vous voyez, nous représentons finalement la France qui tient bon,
34:08 et souvent on a l'appui de l'Espagne dans les propositions de progrès que l'on porte,
34:13 face à Emmanuel Macron qui est souvent plutôt du côté réactionnaire.
34:15 Malgré le fait que la gauche alternative fasse partie du gouvernement espagnol,
34:19 vos alliés espagnols, c'est-à-dire Podemos ou Sumar, sont assez affaiblis en ce moment,
34:24 et notamment à cause des divisions internes.
34:27 Est-ce qu'il y a des risques que ça arrive la même chose à la France insoumise ?
34:30 C'est toujours un risque, une implosion interne telle qu'elle soit,
34:35 et c'est aussi pour ça que moi je suis unitaire pour 2, pour 5, pour 10, pour 15,
34:41 tant au sein de la France insoumise qu'au sein de la NUPES.
34:46 Et la force de la France insoumise, je pense, ça reste de savoir quel est notre boussole politique,
34:52 et du programme pour lequel on se bat.
34:55 J'en fais pas un totem comme dans une secte, le programme,
35:00 mais ça permet d'avoir une boussole politique.
35:02 Quand on se bat contre la réforme des retraites d'Emmanuel Macron et pour la retraite à 60 ans,
35:05 quand on se bat pour bloquer les prix des produits de première nécessité,
35:08 quand on se bat pour protéger nos services publics dont on voit qu'ils sont mis à rude épreuve,
35:12 nos hôpitaux, nos écoles, c'est ça notre combat, c'est ça qui fait notre ADN de gauche.
35:17 C'est pour ça que je me suis engagée en politique, que j'ai quitté le confort du milieu associatif,
35:21 parce que sinon l'alternative c'est l'extrême droite.
35:24 Et de nouveau, l'Espagne, pour moi, qui fait un peu figure d'exception en Europe,
35:28 en Portugal, en Italie, en Finlande, en Suède, partout la gauche a été balayée.
35:35 Et elle a souvent installé l'extrême droite au pouvoir, pourquoi ?
35:38 C'est quand elle a trahi.
35:39 De la même manière où François Hollande a trahi.
35:42 Et moi je souhaite qu'on ne reproduise pas ces erreurs,
35:44 et qu'on se batte pour l'ensemble de ces progrès en matière sociale,
35:50 mais aussi en matière écologique que je mentionnais.
35:52 C'est ça ma gauche, c'est ça la gauche pour laquelle je me bats.
35:54 Et je suis sûre qu'il y a des millions de gens qui se retrouvent là-dedans,
35:58 et à nous d'être suffisamment responsables pour savoir les regrouper.
36:00 Et c'est ce que j'essaie de faire, d'abord pour ces élections européennes, puis pour la suite.
36:03 La position de la politique, comme vous le dites, c'est important,
36:06 mais c'est aussi important les personnes qui la portent.
36:08 Et l'une des raisons de la faiblesse de la gauche alternative espagnole
36:11 a été la difficile succession au sein de Podemos.
36:14 Pablo Iglesias, l'ancien leader charismatique, a quitté la politique en 2021,
36:18 et depuis, sa coalition s'est affaiblie et s'est ascendée en deux.
36:22 Comment éviter que ça arrive dans la France Insoumise avec l'après Mélenchon ?
36:26 Est-ce qu'il y a par exemple une primaire de toute la gauche
36:29 pourrait être une bonne idée pour préparer cet après Mélenchon ou l'après Macron ?
36:33 D'abord, je pense qu'on ne peut pas dire que la gauche se soit complètement écroulée,
36:38 la gauche du Parti Socialiste.
36:40 Je pense à ma collègue Yolanda Diaz, qui était présente à nos dernières universités d'été,
36:44 qui a fait une très belle campagne et qui était la ministre du Travail,
36:47 qui a augmenté de manière historique le salaire minimum.
36:50 Après, c'est difficile de comparer le régime politique espagnol et le régime français,
36:53 parce que malheureusement, en France, on est malade de la Ve République,
36:56 qui nous oblige à avoir un candidat comme une forme de candidat providentiel à une élection
37:01 pour appliquer derrière notre programme.
37:05 Et je souhaite changer de régime politique, c'est pour ça qu'on défend la VIe République.
37:09 Là où, en Espagne, il y a un régime qui est bien plus parlementaire,
37:13 de ce point de vue-là aussi, ça pourrait être un exemple, en tout cas,
37:15 de ce que l'on pourrait faire pour la VIe République.
37:17 Maintenant, je n'ai pas la solution comme ça idéale pour 2027.
37:21 Moi, ce que je dis d'abord, c'est passons le premier cap du 9 juin.
37:24 Si toutes celles et tous ceux qui veulent l'union de la gauche derrière le programme de la NUPES
37:27 nous donnent de la force, alors on sera en capacité de regrouper
37:30 et on ne devra pas s'arrêter aux élections européennes.
37:32 Nous devrons faire des propositions au lendemain des élections européennes.
37:35 Et vous pourrez compter sur moi pour être présente et pour dire, en fait,
37:38 que ce programme qui l'a emporté aux élections législatives, on l'a oublié,
37:41 mais au premier tour des élections législatives en France en 2022,
37:44 la NUPES, le programme de la NUPES l'a emporté, est arrivé en tête.
37:47 C'est ça que l'on doit reproduire et c'est ça pourquoi je me bats à la fois
37:50 pour ces élections européennes et pour la suite.
37:52 Manon Aubry, on vous retrouve dans Demain l'Europe.
37:54 Dans quelques instants, on a encore beaucoup de questions à vous poser avec Salia Braklia.
37:57 Juste après le Fil info, 9h14, Mathilde Romagnon.
38:00 La France a une responsabilité majeure dans le conflit en cours dans la bande de Gaza,
38:05 affirme sur France Info ce matin Manon Aubry, tête de liste LFI pour les élections européennes.
38:10 Elle assure aussi que la France envoie des armes à Israël.
38:14 L'armée israélienne qui reconnaît une grave erreur après la mort de 7 travailleurs humanitaires
38:19 dans une de ses frappes avantières dans l'enclave palestinienne.
38:23 Présentation ce matin en Conseil des ministres du projet de loi agricole.
38:27 Un texte modifié après les manifestations d'agriculteurs il y a deux mois
38:31 et attendu depuis plus d'un an par la profession.
38:34 Il prévoit entre autres une simplification administrative
38:37 et l'allègement des sanctions en cas d'atteinte à la nature.
38:41 Au moins 7 morts et plus de 700 blessés à Taïwan.
38:44 Dernier bilan des autorités locales.
38:46 Après un séisme sous-marin cette nuit, c'est le plus puissant séisme à frapper l'île depuis 25 ans.
38:52 L'Olympique lyonnais s'est qualifié hier soir pour la finale de la Coupe de France de football
38:57 après sa victoire 3-0 contre Valenciennes, un club de Ligue 2.
39:01 Ce soir pour la deuxième demi-finale, le PSG reçoit Rennes.
39:05 C'est à partir de 21h10.
39:07 Manon Aubry, depuis le début de la semaine, il est possible de se promener dans les rues de Berlin
39:20 avec un joint à la main sans être inquiété.
39:22 En effet, l'Allemagne vient de légaliser le cannabis pour un usage récréatif
39:26 après Malte et le Luxembourg. Est-ce que la France doit faire pareil ?
39:30 Oui, c'est intéressant. C'est un autre bon exemple européen duquel on devrait s'inspirer.
39:36 C'est intéressant d'abord de voir que la France est le pays de l'Union européenne
39:41 qui a l'arsenal le plus répressif en matière d'utilisation du cannabis.
39:44 Et pour autant, la consommation la plus haute,
39:47 c'est quasiment un Français sur deux qui a déjà consommé du cannabis.
39:51 Donc oui, je pense qu'il faut légaliser l'usage récréatif du cannabis pour plusieurs raisons.
39:55 La première, c'est que ça permettra de mieux encadrer les trafics
39:59 et notamment la teneur et la toxicité du cannabis.
40:03 La deuxième, c'est que ça permettra de recanaliser, réutiliser, rediriger
40:10 les moyens de la police et des forces de l'ordre
40:12 qui vont parfois jusqu'à utiliser une grande partie de leurs moyens
40:15 dans la lutte contre cette petite délinquance et la consommation
40:20 plutôt que sur les réseaux. Et ce qui nous intéresse, c'est les réseaux.
40:22 Et la troisième raison qui prouve l'utilité de la légalisation,
40:27 c'est je pense la possibilité qui sera ouverte de campagnes de santé publique
40:32 pour sensibiliser, comme on le fait sur l'alcool, comme on le fait sur le tabac.
40:36 Mais vous entendez ce que dit aussi le ministre de l'Intérieur,
40:38 Gérald Darmanin, qui dit "L'exemple parfait, c'est les Pays-Bas où la mafia n'a pas disparu".
40:43 C'est pas parce qu'on va légaliser le cannabis en France
40:46 que les dealers vont ouvrir une petite échoppe et se déclarer à leur saf.
40:49 C'est une condition nécessaire mais non suffisante.
40:51 Vous avez complètement raison de ce point de vue là.
40:53 Nécessaire parce que ça permet de rediriger les moyens.
40:56 Mais si les moyens ne sont pas redirigés et si par ailleurs on ne recrute pas
41:00 des officiers dans la police des douanes par exemple,
41:04 et on coupe dans les postes de douaniers comme l'a fait le gouvernement ces dernières années,
41:07 c'est sûr que vous n'aurez pas les moyens de lutter contre les trafics.
41:09 Il faut qu'on parle de la dette dans le but de respecter la règle européenne des 3% de déficit,
41:14 de désendetter la France. D'ici la fin du quinquennat, le gouvernement envisage des économies.
41:19 Ça a déjà commencé d'ailleurs. Est-ce qu'il a raison le gouvernement ?
41:22 Est-ce qu'il faut arrêter de laisser filer la dette ?
41:24 C'est, je vais vous dire, sans doute la plus grande saignée sociale
41:29 que l'on ait jamais connue en France et en Europe.
41:31 Ce que prévoit de faire le gouvernement, ça va avoir des impacts très concrets.
41:35 10 milliards d'économies cette année, 20 milliards l'an prochain.
41:38 Ce sont des postes en moins que l'on ne va pas remplacer d'enseignants dans nos écoles.
41:43 C'est l'augmentation du reste à charge pour les médicaments.
41:45 C'est des soignants en moins pour nos hôpitaux.
41:48 C'est des coupes aussi dans la rénovation thermique des logements
41:52 et notamment 150 000 logements qui seront rénovés en moins.
41:55 Avant de parler des conséquences, qui sont importantes, elles seront très concrètes.
42:00 Mais il y a la question de savoir si on a aujourd'hui les moyens.
42:04 Si comme moi, vous êtes en désaccord avec les conséquences,
42:07 c'est-à-dire le sacrifice de nos services publics, de notre système de protection sociale,
42:12 de la réforme de l'assurance chômage qui va encore plus diminuer les allocations,
42:16 c'est une trappe à pauvreté, alors il y a une alternative.
42:19 Ma question était faut-il désendetter la France ?
42:21 Plutôt que de faire la poche des pauvres et des chômeurs, faisons plutôt la poche des profiteurs.
42:26 Et pourquoi jamais le gouvernement ne se pose la question d'aller chercher dans la poche
42:30 de ceux qui se sont enrichis ?
42:31 Le gouvernement a créé lui-même cette situation-là
42:36 en ayant fait plus de 50 milliards de cadeaux aux plus riches et aux entreprises multinationales.
42:41 C'est qui les profiteurs ? Il y en a plein.
42:43 Commencé par les grandes entreprises multinationales qui ont fait des super profits,
42:47 je pense à Total qui a fait un record de bénéfices de près de 20 milliards d'euros.
42:50 Je pense aux milliardaires dans notre pays, les 42 plus grands milliardaires
42:54 ont accumulé depuis 2020 plus de 230 milliards d'euros.
42:57 C'est l'équivalent d'un chèque de, tenez-vous bien, 3 400 euros par citoyen français.
43:02 Donc tous ceux qui nous écoutent, si on enlève juste le surplus de richesse,
43:05 on ne touche pas à leur niveau de richesse qui est déjà astronomique.
43:08 C'est un chèque de 3 400 euros pour chacune des personnes qui nous écoutent.
43:11 Ça joue sur l'attractivité de la France, vous entendez ce que dit Bruno Le Maire.
43:14 Si on taxe davantage alors qu'on taxe déjà beaucoup, les investisseurs vont arrêter de venir en France.
43:18 Mais ça c'est parce que vous refusez de lutter contre l'évasion fiscale.
43:21 C'est parce qu'au sein même de l'Union Européenne, ça fait partie du combat, moi,
43:25 que je menais avant d'être élue au Parlement Européen quand je travaillais pour Oxfam.
43:28 Vous savez combien il y a de paradis fiscaux au sein même de l'Union Européenne ?
43:31 Irlande, le Luxembourg, les Pays-Bas, Malte, est-ce qu'ils sont listés comme des paradis fiscaux par l'Union Européenne ?
43:36 Non, par contre vous avez les îles Fidji ou les îles Samoa qui sont mieux connues pour leur performance en rugby, pardonnez-moi,
43:42 que pour leur rôle dans l'évasion fiscale.
43:44 Mais sur le principe, pas monde insisté, mais ma question posait, la France a 3 000 milliards d'euros de dettes,
43:49 est-ce qu'il faut réduire cette dette ? Oui ou non ? Et si oui, comment ?
43:53 Alors, plusieurs choses. D'abord, si vous voulez faire rentrer de l'argent dans les caisses de l'État,
43:57 je vous l'ai dit, on peut rétablir l'impôt de solidarité sur la fortune,
43:59 taxer les super profits et vous verrez que vous ferez rentrer plein d'argent dans les caisses de l'État.
44:04 Je prends juste un exemple, taxation sur les super profits, c'est au moins 15 milliards d'euros par an.
44:09 Première chose. Deuxième chose que nous pouvons faire, nous pouvons annuler une partie de la dette
44:13 qui est détenue par la Banque Centrale Européenne, le surplus de dette qui a été contracté au moment du Covid.
44:18 Vous pouvez ce qu'on appelle la faire rouler en dette perpétuelle et ce sera un dolor à la fois pour la France et pour les marchés financiers.
44:26 Et c'est ça aujourd'hui la seule alternative. Sinon quoi ? Sinon on va sacrifier notre protection sociale.
44:32 Sinon on va sacrifier nos services publics. Et je vous le dis, ces nouvelles règles budgétaires des 3% de déficit,
44:37 elles ont été suspendues depuis 2020. Elles n'ont pas été respectées depuis des années, sans qu'il y ait le moindre problème.
44:43 Et au Parlement européen, j'ai présidé un des seuls groupes qui s'est opposé à ces nouvelles règles budgétaires
44:49 qui seront votées de manière définitive dans 15 jours. Donc je vous le dis, le scrutin du 9 juin sera aussi un référendum
44:55 contre ce grand plan d'austérité qui s'accueille chez nos services.
44:57 Mais donc on est bien d'accord, vous redites en fait, puisque c'est la position de la France Insoumise, qu'il ne faut pas rembourser la dette.
45:01 Qu'il y a une partie de la dette qu'on peut ne pas rembourser d'une part, et d'autre part que plutôt que de se poser la question
45:07 de couper dans les dépenses publiques et les services publics, qu'il faut se poser la question des recettes
45:12 et d'aller chercher du côté de celles et ceux qui s'en sont mis plein les poches, et je le redis, les entreprises multinationales,
45:18 les milliardaires dans notre pays. Et je pense que ça ira.
45:22 - Mais si on le fait tout seul, ce n'est pas risqué. Il ne faudrait pas le faire au moins au niveau européen.
45:26 - Mais bien sûr que c'est mieux au niveau européen.
45:27 - Parce que Bruno Le Maire le propose au niveau mondial, un impôt minimum sur les milliardaires.
45:30 - Il se trouve que moi je l'ai proposé de manière inlassable au Parlement européen depuis des années.
45:34 Et qui est-ce qui s'est opposé ? L'extrême droite de Jordane Bardella et les macronistes,
45:38 dont on voit que dès qu'il s'agit de défendre les intérêts des super riches,
45:42 parce que là on ne parle pas de vous et moi même si vous avez un très bon salaire,
45:46 on parle des milliardaires, des millionnaires de notre pays.
45:49 Et quand je vois que dans le gouvernement est composé la majorité de millionnaires,
45:52 je comprends mieux pourquoi ils s'opposent à cette taxation des profiteurs,
45:55 parce que la réalité c'est qu'ils seront les premiers à payer.
45:58 Et plutôt que de faire payer la majorité des Français...
46:01 - Ce n'est pas un peu démadémago de dire un truc pareil.
46:03 Jean-Luc Mélenchon, il n'est pas millionnaire par exemple ?
46:05 - Je n'en sais rien s'il est millionnaire, mais il a toujours dit qu'il est d'accord pour payer plus d'impôts.
46:09 Et vous voyez, moi aussi je suis d'accord pour payer plus d'impôts.
46:11 Et on a toujours dit que notre réforme de l'impôt que l'on portait,
46:14 ça permettrait de faire payer moins d'impôts à 92% des Français qui nous écoutent.
46:19 Je le dis aux gens qui nous écoutent, vous avez le choix.
46:22 Soit vous allez payer plus pour vos médicaments, avoir moins de profs à l'école,
46:26 avoir plus de jours de carence quand vous tombez malade et reposer sur l'assurance privée.
46:30 Soit on prend à ceux qui ont un peu plus que les autres, les milliardaires et les super profits.
46:36 Je pense que ça va, tout le monde va s'en remettre.
46:38 - Manon Aubry, Renaud Delis vous a écouté avec beaucoup d'attention,
46:40 et donc logiquement il a des précisions à vous demander.
46:42 - Merci, bonjour Manon Aubry, effectivement je vous ai écouté avec beaucoup d'intérêt,
46:46 et beaucoup d'attention.
46:47 - Moi aussi je vous ai écouté votre chronique avec attention.
46:48 - C'est beaucoup moins intéressant que vos propos bien sûr.
46:50 Alors je voulais revenir justement sur deux ou trois points de cette interview,
46:53 et un instant pour bien comprendre en particulier sur la question de l'Ukraine,
46:55 sur la guerre en Ukraine, votre position, vous disiez vous-même,
46:58 déjà au moins 200 000 morts, c'est évidemment une tragédie qui concerne nos premiers chefs l'Europe.
47:03 Vous dites être le camp de la paix, nous devons chercher les chemins de la paix,
47:08 avez-vous dit et répété tout au long de cet entretien.
47:11 Et Jean-Luc Mélenchon qui se multiplie en votre faveur,
47:14 qui multiplie les meetings pour vous soutenir,
47:16 a dit et répété qu'il y a d'autres issues dites-il, pour justement aboutir à la paix,
47:21 que ni vainqueurs, ni vaincus dans ce conflit.
47:24 Ça signifie donc que vous ne souhaitez pas la défaite de Vladimir Poutine.
47:28 - Ça veut dire quoi la défaite de Vladimir Poutine ?
47:31 Ça veut dire marcher jusqu'à Moscou ?
47:33 Ça veut dire trois ans, cinq ans, dix ans de conflit ?
47:35 Ça veut dire des centaines de milliers de morts ?
47:37 Ça veut dire des millions et des milliards d'euros dépensés ?
47:39 Moi ce que je souhaite c'est qu'au plus vite les armes se taisent.
47:43 Et je souhaite que ça soit fait dans le respect du droit international
47:48 et qu'on puisse le plus rapidement possible mettre les différents protagonistes autour de la table
47:53 et trouver un chemin.
47:54 Il est sinueux, je vous l'accorde, il est difficile, mais de nouveau, quelle autre issue ?
47:59 Vous voulez faire la guerre ? Vous voulez tuer ? Combien d'autres ?
48:01 - Je vous en propose une, justement, vous dites marcher jusqu'à Moscou,
48:03 ce que vous aviez déjà dit tout à l'heure.
48:05 Il y a une autre alternative, c'est le retrait des troupes russes d'Ukraine.
48:08 - Bien sûr, qu'on le pose comme un préalable.
48:10 - Avant le début de toute discussion avec Vladimir Poutine,
48:13 il faut que toutes les armées russes se retirent de l'Ukraine.
48:16 - Ça doit être notre objectif.
48:17 - Est-ce que c'est un préalable à l'ouverture de discussion en vue de la guerre ?
48:21 - C'est pour ça que je vous ai donné des exemples tout à l'heure,
48:23 si vous avez bien écouté mon interview.
48:25 Le dialogue doit commencer sur des petites choses
48:29 qui doivent nous permettre de rétablir un canal diplomatique.
48:31 Je vous parlais de l'échange de prisonniers,
48:33 je vous parlais de la protection des centrales nucléaires.
48:35 - Moi je vous parle des troupes russes.
48:37 - Il n'y a pas encore le retrait des troupes russes.
48:39 - Est-ce que vous réclamez le retrait des troupes russes de l'intégralité du territoire ukrainien ?
48:43 - Je souhaite le retrait des troupes russes,
48:45 mais pour avoir le retrait des troupes russes,
48:47 il faudra soit les battre militairement,
48:50 et donc vous pensez qu'on a les capacités de les battre militairement,
48:53 sachant qu'ils ont une armée de réserve de 145 millions de personnes
48:55 et qu'on va faire des centaines de milliers de morts de plus que les Ukrainiens,
48:58 et je peux les comprendre, n'ont plus envie de se battre.
49:00 - Vous pensez plus facile de convaincre Vladimir Poutine de retirer des troupes russes ?
49:03 - Il faut utiliser tous nos outils diplomatiques.
49:04 Est-ce que la France et l'Union européenne ont pris la moindre initiative en deux ans dans ce sens ?
49:08 Jamais ils ne l'ont fait.
49:09 - Le retrait des troupes russes de l'intégralité du territoire ukrainien,
49:12 ça signifie la Crimée comprise bien sûr.
49:14 - Sur la Crimée et le Donbass, le mieux c'est de s'en tenir à la démocratie,
49:19 et une des options possibles, c'est qu'il y ait un référendum dans ces deux territoires
49:24 qui sont aujourd'hui occupés.
49:25 Moi je ne pense pas que les habitants de ces deux territoires vont choisir d'être russes,
49:29 si vous le faites, dans le contrôle…
49:30 - La Crimée n'est pas russe à vos yeux ?
49:31 - La Crimée n'est pas russe à mes yeux, moi, mais qui je suis moi,
49:34 Manon Bry, française, pour le déterminer ?
49:35 - Jean-Luc Mélenchon répète le contraire depuis trois ans.
49:37 - Non, ce n'est pas à moi de le déterminer,
49:40 ce n'est nié à Jean-Luc Mélenchon, pardon, mais c'est aux habitants de là-bas.
49:43 Et c'est pour ça que moi je fais confiance en la démocratie.
49:46 Qu'est-ce qui vous pose problème dans le fait de tenir un référendum ?
49:50 Lequel référendum ?
49:51 Sous contrôle du droit international qui permet de trouver une issue diplomatique.
49:54 - C'est quand même mieux qu'un conflit généralisé qui va durer des années ?
49:57 - Ce n'est pas à moi que ça pose un problème,
49:58 c'est plutôt à Jean-Luc Mélenchon qui répète depuis plus de deux ans et demi…
50:01 - Jean-Luc Mélenchon ?
50:02 - Il répète que la Crimée est russe.
50:03 - Jean-Luc Mélenchon dit que c'est aux habitants de Crimée de décider.
50:06 S'ils décident d'être russes, ils seront russes.
50:08 S'ils décident d'être ukrainiens, ils seront ukrainiens.
50:10 - Dernier point sur la guerre en Ukraine.
50:12 Vous avez dit aussi tout à l'heure lors de cet entretien,
50:14 il faut continuer à soutenir l'Ukraine dans sa résistance.
50:17 Vous l'avez dit, vous avez affiché votre soutien de l'Ukraine dans sa résistance.
50:20 Il faut donc continuer de livrer et même d'accélérer les livraisons d'armes à l'Ukraine.
50:24 - Je vous l'ai dit tout à l'heure, les promesses tenues par l'Union européenne
50:28 n'ont pas été réalisées en pratique,
50:30 puisqu'il y a moins d'un tiers des promesses qui ont été envoyées.
50:32 Et sur la livraison d'armes, nous on y pose trois conditions.
50:35 La première, c'est qu'il y a un débat démocratique en France sur le sujet.
50:39 La deuxième, c'est que ça n'affaiblisse pas nos capacités de défense françaises.
50:44 Et la troisième, c'est que ça ne touche pas en profondeur le territoire russe.
50:48 - Vous êtes d'accord que les Ukrainiens résistent avec des armes ?
50:50 - Bien sûr que si.
50:51 - Il faut les soutenir dans leur résistance.
50:52 Comment les soutenir dans leur résistance si on ne leur livre pas davantage d'armes ?
50:55 - Je viens de vous donner les conditions et je peux vous donner des exemples très précis.
50:58 Je peux vous parler de matériel pour les lignes de défense.
51:00 Je peux vous parler de défense anti-aérienne.
51:03 Je peux vous parler de véhicules de transport militaire.
51:05 Voilà des choses très concrètes, puisque vous voulez aller dans le concret,
51:08 que la France peut et doit faire et qu'elle ne fait pas suffisamment.
51:11 Une dernière question pour en revenir, une dernière question à propos de Jean-Luc Mélenchon.
51:16 - Il vous intéresse beaucoup, Monsieur Dely, Jean-Luc Mélenchon ?
51:19 - Je vous montre moi, visiblement.
51:20 - Je suis assez surprise que...
51:22 - C'est votre premier supporter, c'est votre premier soutien.
51:24 - Bien sûr, je suis très fière qu'il me soutienne.
51:26 - Bien entendu.
51:27 Et justement, lors d'un des récents meetings qu'il a fait en votre faveur, il a expliqué,
51:30 je le cite, les élections européennes, c'est le premier tour de l'élection présidentielle,
51:35 l'élection présidentielle de 2027.
51:37 Est-ce que vous aussi, vous considérez que cette élection est le premier tour de la présidentielle de 2027 ?
51:40 Et est-ce que ça signifie que selon les résultats, il faudra évidemment tenir compte des résultats dans les rapports de force à gauche ?
51:46 - Mais tout le monde le dit, vous ne pouvez pas ignorer que c'est la première et la dernière élection nationale entre 2022 et 2027.
51:55 Personne ne peut l'ignorer.
51:56 Et tout le monde, Raphaël Glucksmann ici à cette antenne, dit en fonction du résultat, il faut créer une union sans Jean-Luc Mélenchon.
52:01 L'extrême droite dit, dans ce cas-là, on va gouverner.
52:04 Et vous savez, c'est précisément parce que je ne veux pas que l'extrême droite gouverne,
52:08 que c'est aussi un appel à la mobilisation pour toutes celles et tous ceux qui sont en désaccord profond avec la politique d'Emmanuel Macron.
52:14 Avec sa réforme des retraites qui nous a volé deux ans de vie,
52:17 qui suffoque face à l'inflation et qui veut bloquer les prix des produits de première nécessité.
52:21 Pour ne prendre que cet exemple, je leur dis, mobilisez-vous, venez nous aider.
52:25 - Ce scrutin peut rebattre les cartes à gauche, si jamais, effectivement, c'est Raphaël Glucksmann qui est en tête de la gauche.
52:30 - Mais vous savez, Yannick Jadot a fait 13% des voix en 2019, et puis il a fait moins de 5% aux élections présidentielles.
52:37 Donc il va se passer beaucoup de choses.
52:39 Mais en tout cas, ce que je souhaite, et je vous le dis, c'est de ne pas laisser les clés du pouvoir à l'extrême droite,
52:46 à Marine Le Pen, qui demain est en embuscade.
52:49 Et de cela, face à ça, dépend notre responsabilité, à nous à gauche, de créer une alternative.
52:55 Et on ne va pas se cacher, ça commence maintenant.
52:58 Et c'est pour ça que moi, je me remonte les manches.
53:00 J'ai entendu votre édito, M. Dely, où vous dites "la campagne patine", etc.
53:05 M. Dely, je vous donne rendez-vous pour notre prochain grand meeting, le 14 avril prochain à Montpellier.
53:09 Et vous verrez que les militants sont en dynamique, et que tous les millions d'orphelins de l'Union de la gauche en France,
53:17 en réalité, ont envie de se mobiliser derrière nous.
53:20 Je pense que ce sera plus facile que de faire une chronique depuis les bureaux parisiens.
53:23 Vous êtes le bienvenu, en tout cas. Je vous y attends de pied ferme.
53:27 - Ce sera avec plaisir. - Le 14 avril à Montpellier.
53:29 - Manon Aubry, tête de liste LFI pour ce scrutin du 9 juin. Merci Renaud Dely, merci à vous Anna Kowalska,
53:36 Henrik Bonnet, Victoria Koussa pour cette émission spéciale. Prochain numéro de Demain l'Europe, Salia.
53:40 - C'est vendredi avec Marie Toussaint, la tête de liste écologiste. D'ici là, l'information continue sur France Info.
53:46 [Musique]

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