Toute la matinée, douze têtes de liste ou leurs représentants se succèdent sur le plateau de "Demain l'Europe", à suivre en direct sur le canal 27 de la TNT, sur le site et l'antenne radio de franceinfo. Un événement qui se prolonge dans Le Talk de franceinfo, sur Twitch, avec les candidats qui répondent en direct aux questions posées par les internautes.
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00:00 Bonjour Manon Meubry, tête de liste, La France Insoumise, Salia, Nicolas, allez-y.
00:06 Manon Meubry bonjour, on va parler d'énergie. Vous voulez sortir du nucléaire et atteindre 100% de renouvelables en 2050.
00:13 Alors on a regardé les chiffres, selon RTE, le gestionnaire du réseau électrique en France, ça coûterait près de 70 milliards d'euros par an.
00:21 Vous pensez qu'on en a les moyens ?
00:23 La question à se poser elle est double. La première c'est est-ce qu'on a les moyens de vivre sur une planète qui n'est pas habitable ?
00:30 Et l'énergie la plus décarbonée ce sont les énergies renouvelables.
00:34 Et vous avez vu le fiasco de la construction de nouveaux EPR, par ailleurs Flamanville ça coûte 6 fois plus cher que prévu l'EPR de Flamanville.
00:44 Donc la première question à se poser c'est quel est l'impératif climatique ?
00:48 Et quand on a des jeunes ici dans la salle, peut-être des jeunes qui ont 20 ans ici dans la salle,
00:53 quand on n'est pas capable de garantir à des jeunes qui ont 20 ans, qui vivront dans une planète habitable quand ils en auront 50,
00:58 l'urgence elle est climatique là tout de suite. Donc on peut pas attendre 2040, 2050 de nouveaux EPR, ça c'est la première chose.
01:03 Et la deuxième chose d'un point de vue financier, d'abord le nucléaire ça coûte extrêmement cher,
01:08 je vous disais l'EPR de Flamanville qui coûte 6 fois plus cher que prévu, et c'est une vraie gabegie financière.
01:14 Vous en faites quoi de Flamanville ?
01:18 Nous on dit une chose très claire, c'est qu'on n'ouvre pas de nouveaux EPR, on garde les EPR actuels,
01:24 comme une énergie de transition, mais si on veut atteindre le 100% d'énergie renouvelable...
01:28 On ne sort pas totalement du nucléaire avec vous ?
01:30 Oui, mais il faut investir dès maintenant, en fait on dit justement que ça se fait pas du jour au lendemain,
01:35 et il y a besoin de volonté politique. Si on veut prendre à bras le corps la question climatique,
01:40 au bout d'un moment il faut arrêter de tergiverser, il faut des investissements massifs dans la transition écologique,
01:45 il faut aussi relocaliser nos usines de production de panneaux solaires, de pales d'éoliennes,
01:50 écoutez on a deux usines de panneaux solaires seulement en France, deux, elles sont toutes les deux en train de mettre la clé sous la porte.
01:56 Donc on marche complètement sur la tête, et pour garantir notre souveraineté, le meilleur moyen c'est aussi d'investir dans les énergies renouvelables,
02:02 on va sauver la planète, et puis question financière, pardon, mais la dette ça se négocie mais pas la planète,
02:07 donc la priorité pour moi elle est claire.
02:09 La question de la souveraineté est importante Manon Ombry, parce que si on met le paquet sur les énergies renouvelables,
02:14 et qu'on arrête de mettre le paquet sur le nucléaire, ça peut parfois poser problème, on l'a vu cet hiver,
02:19 avec un hiver froid, les français ont eu besoin de se réchauffer,
02:23 Les centrales à l'arrêt.
02:24 Les centrales effectivement étaient à l'arrêt pour divers problèmes, il a fallu importer de l'électricité,
02:28 parce que l'énergie des centrales elle ne suffisait pas, dans ce cas là, en fait on dépend des autres.
02:33 Alors deux choses là dessus, la première chose c'est jusqu'à preuve du contraire, la France ne produit pas d'uranium,
02:38 donc si on veut faire du nucléaire, on importe de l'uranium, essentiellement du Niger,
02:42 donc ça pose une première question de souveraineté, qui est évidente et qui n'est pas réglée en l'espèce.
02:48 Ça c'est la première chose.
02:49 La deuxième chose, les énergies renouvelables, il y a plein de formes d'énergie renouvelable,
02:53 il y a l'éolien, le solaire, mais il y a aussi de l'hydroélectrique, il y a de la biomasse,
02:58 donc si on diversifie les sources d'énergie renouvelable,
03:01 oui on a les capacités de garantir un 100% d'énergie renouvelable,
03:05 mais encore faut-il le vouloir, encore faut-il faire les investissements.
03:08 Ça prend du temps.
03:09 Et c'est pour ça qu'il faut commencer maintenant, là, tout de suite, en fait on ne peut plus attendre.
03:12 Moi j'ai 34 ans, ça fait 15 ans qu'on nous dit que le réchauffement climatique est commencé,
03:17 et on continue à se tourner les doigts, les pouces, et à tergiverser.
03:21 Sauf que les besoins des français sont actuels, Manon Aubry.
03:23 Si par exemple on sort du marché européen de l'électricité comme vous le proposez,
03:27 et qu'on doit acheter de l'électricité parce qu'on en manque,
03:31 ça veut dire qu'on accepte de payer au prix fort l'électricité chez nos voisins.
03:34 Alors le marché européen de l'électricité, il a été inventé après qu'il y ait des interconnexions.
03:40 Dit autrement, il n'y a pas besoin d'un marché européen de l'électricité pour la solidarité entre Etats financiers,
03:46 entre Etats européens, il suffit juste de lignes à haute tension entre les pays,
03:50 et après existe le marché de l'électricité.
03:52 Quel est le problème avec le marché européen de l'électricité ?
03:56 C'est qu'il a fait exploser nos factures d'énergie de plus de 45% en deux ans.
04:00 Et on n'est pas au bout de nos peines, parce qu'avec la dernière révision du marché de l'électricité,
04:04 ça va mettre fin aux tarifs réglementés d'électricité.
04:07 Ça va découpler le prix du gaz et de l'électricité ?
04:11 L'Etat français ne pourra plus fixer le prix.
04:13 Donc ça veut dire qu'on va laisser la main libre du marché, et que les factures vont encore plus augmenter.
04:18 Et donc concrètement, pour que les gens qui nous écoutent comprennent bien,
04:21 pour les jeunes et les moins jeunes, vos factures d'électricité qui ont déjà augmenté de 45% vont encore plus exploser.
04:27 Et il se trouve qu'au Parlement européen, je suis la seule présidente de groupe
04:31 qui s'est opposée à ce marché européen de l'électricité, dont je le dis encore.
04:36 Il est dysfonctionnel, on en a vu les effets ces deux dernières années, ça va être encore pire.
04:40 Il faut en sortir, et ça ne veut absolument pas dire qu'il n'y aura pas de solidarité entre États membres.
04:45 Manon Brief, vous voulez développer les énergies renouvelables, vous avez entendu,
04:48 mais il y a aussi dans la population beaucoup d'hostilité pour les éoliennes qui défigurent le paysage,
04:55 il y a des pêcheurs qui sont hostiles à l'éolien en mer. Est-ce que vous entendez ces critiques, ces craintes ?
05:00 Bien entendu, et c'est pour ça que je vous disais à l'instant qu'il y a différents types d'énergie renouvelable,
05:07 et qu'il faut évidemment que ça se fasse toujours en concertation avec les populations, avec les pêcheurs.
05:14 Mais par exemple, il y a un type d'énergie renouvelable dont on parle très peu,
05:17 qui sont les barrages d'hydroélectrique, qui a priori ne dérangent absolument personne.
05:21 Et vous savez ce que veut faire la Commission européenne ? Elle veut les privatiser.
05:25 Elle veut les privatiser, c'est-à-dire les laisser à la main libre du marché,
05:28 alors qu'on en a besoin, que c'est une source d'énergie constante.
05:31 Donc en fait, le sujet est plus complexe que cela, et on a une énorme capacité en matière d'énergie renouvelable en France
05:37 qui n'est pas exploitée, parce qu'il y a des lobbies du nucléaire qui veulent préserver les intérêts,
05:43 et au passage s'attaquer à notre souveraineté, et au passage aussi, je le dis,
05:47 les centrales nucléaires ont été à l'arrêt parce que les cours d'eau se réchauffent
05:51 et que l'eau qu'ils rejettent dans les cours d'eau était trop chaude.
05:54 Donc on voit en fait, le nucléaire, pardon, mais c'est une énergie du passé,
05:58 notre futur, c'est les énergies renouvelables.
06:00 Et moi, je ne suis pas prête à condamner ma génération, parce qu'à un moment ou un autre,
06:04 on a hésité, on a tergiversé, on a pris du temps, et en fait, dans 10 ans, 20 ans,
06:08 on regardera dans l'oeil trop bizarre, et on va se juger très sévèrement sur notre incapacité à agir pour sauver la planète.
06:14 - Mais vous êtes, madame la secrétaire, complètement à contre-courant,
06:17 même des écologistes qui ont pu changer d'avis à ce propos.
06:20 - Je laisse les écologistes, le parti ULV, justifier leur position.
06:24 Moi, je suis là pour défendre les positions de mon mouvement politique,
06:28 qui est une ambition en matière climatique.
06:31 Le 100% d'énergie renouvelable, vous savez, il était même dans le programme de la NUPES.
06:35 Il était même dans un texte du congrès du Parti Socialiste, Olivier Faure pourrait en témoigner.
06:40 Et je pense que c'est la seule garantie de notre souveraineté, de notre ambition en matière climatique.
06:46 Je veux dire, on ne peut pas juste se dire "le réchauffement climatique, c'est un fait, et puis on n'a pas le choix".
06:53 En fait, le réchauffement climatique, il est déjà commencé, et c'est des choses très concrètes.
06:57 C'est des inondations à répétition, c'est des épisodes de grève, c'est les agriculteurs qui sont bousculés.
07:01 - Mais on ne sait toujours pas comment vous faites pour convaincre ceux qui ne veulent pas des éoliennes de pouvoir les installer.
07:05 - Mais je leur dis qu'il n'y aura pas une éolienne dans chacun de votre champ.
07:09 Je dis qu'il faut une planification, une organisation à l'échelon national.
07:13 Et c'est pour ça qu'on a besoin de l'organiser, de l'anticiper.
07:18 Et on nous interroge souvent sur notre volonté de remettre en question un certain nombre de règles européennes,
07:24 mais Emmanuel Macron désobéit aux normes, aux objectifs européens en matière d'énergie renouvelable.
07:30 La France est à la bourre des objectifs européens.
07:33 Je veux dire, c'est la honte, et c'est notre avenir qu'on est en train d'hypothéquer.
07:38 Et moi, en tout cas, je ne suis pas prête à hypothéquer mon avenir, mais notre avenir collectif.
07:42 - Maintenant qu'on brise les élections européennes, elles se déroulent dans un contexte particulier,
07:46 celui de la guerre, la guerre aux portes de l'Europe en Ukraine.
07:49 Emmanuel Macron s'est dit favorable à ce que Kiev frappe les bases militaires russes avec les armes occidentales.
07:56 Est-ce que vous soutenez la position française ?
07:59 - Bon, elle pose plusieurs questions.
08:02 D'abord, il y a un peu une tergiversation de la part d'Emmanuel Macron.
08:05 Un jour, on envoie des armes, un jour, on n'en envoie pas.
08:08 Je rappelle que l'Union européenne, et donc aussi la France, n'a pas livré le tiers des armes qui étaient promises à l'Ukraine.
08:17 Un jour, on envoie des troupes, un jour, on n'envoie plus de troupes.
08:19 Bon, on a un peu perdu sur la stratégie.
08:21 - On parle d'ambiguïté stratégique au niveau d'Emmanuel Macron.
08:23 - Oui, mais je pense qu'elle doit d'abord répondre à un impératif, qui est un impératif démocratique.
08:27 Donc la première chose que je demande au président de la République,
08:30 c'est qu'il doit changer de pied dans la doctrine qui implique la France dans le conflit entre l'Ukraine et la Russie.
08:35 D'abord, il faut un vote à l'Assemblée nationale.
08:37 Un débat et un vote, je pense que c'est le minimum sur la démocratie.
08:39 - Et sur quoi ?
08:40 - Sur le fait, par exemple, d'envoyer des troupes,
08:43 sur le fait d'envoyer des missiles qui vont toucher le cœur du territoire russe.
08:50 Nous, ce que nous disons sur l'Ukraine,
08:53 et la manière dont on peut, doit essayer de retrouver le chemin de la paix.
08:57 Évidemment, il n'y a pas de recette miracle en la matière, magique en la matière.
09:03 Mais nous, nous disons qu'il faut un plan de paix en trois points.
09:06 Le premier, c'est un soutien logistique, financier.
09:09 Moi, je propose l'annulation de la dette de l'Ukraine,
09:11 qui dépend à l'heure actuelle des marchés financiers,
09:13 mais aussi un soutien militaire, y compris pour aider l'Ukraine à se défendre.
09:19 Et je tiens à le dire, là-dessus, la France n'a pas tenu tous ses engagements.
09:23 - Le soutien militaire, c'est l'envoi d'armes.
09:25 C'est aussi l'envoi des instructeurs militaires français,
09:28 comme c'est prévu, dans les prochains jours.
09:30 - Nous, on a posé les limites qu'on a posées à l'envoi d'armes.
09:33 Le premier, c'est que ça n'handicape pas de manière démesurée la France
09:37 dans sa propre capacité à se défendre.
09:39 La deuxième, c'est que ce soit voté à l'Assemblée nationale.
09:42 Et la troisième, c'est que ça ne touche pas le territoire russe en profondeur.
09:46 Faute de quoi, ça nous rendrait co-belligérants,
09:49 et donc un affrontement entre deux puissances nucléaires,
09:51 la France et la Russie, ce qu'on a réussi à éviter, même pendant la guerre froide.
09:54 Maintenant, la question qui nous est posée, c'est,
09:56 on peut quand même aider militairement l'Ukraine,
09:58 mais comment on ramène la paix ?
10:00 Et on ne ramènera pas la paix sans initiatives diplomatiques.
10:04 - Donc il faut parler à Vladimir Poutine ?
10:06 - Mais, vous faites toujours la paix avec votre ennemi, hein ?
10:08 Moi, je ne défends en rien Vladimir Poutine.
10:10 À un de mes derniers meetings, j'ai accueilli des opposants à Vladimir Poutine
10:14 qui sont en exil, qui sont poursuivis,
10:17 qui ont été menacés par Vladimir Poutine,
10:19 qui sont des opposants à la guerre nucléaire.
10:20 - Mais dans quelles conditions on négocie avec Vladimir Poutine ?
10:22 - C'est à l'Ukraine de décider de ces conditions.
10:24 - Mais vous savez que l'armée russe, par exemple,
10:26 aujourd'hui, elle occupe près de 20% du territoire ukrainien.
10:30 Si on négocie aujourd'hui avec Vladimir Poutine,
10:32 on part sur cette base-là.
10:34 Donc on négocie maintenant ?
10:35 - C'est à l'Ukraine de décider des conditions qui leur feront accepter une paix.
10:39 Ce dont je suis sûre, c'est, si vous attendez 6 mois, 1 an, 2 ans,
10:43 peut-être que la Russie occupera 30%, 40%,
10:46 et surtout, combien de morts en plus ?
10:48 Je veux dire, ce conflit a déjà fait 100 000 morts sur les territoires ukrainiens.
10:52 - Donc là-dessus, vous assumez d'avoir la même position que Marine Le Pen ?
10:54 Il faut négocier le plus tôt possible avec Vladimir Poutine.
10:57 - Pardon, mais je ne laisserai pas dire,
11:00 et pardon de m'énerver par avance,
11:02 qu'on a la même position que Marine Le Pen.
11:03 - C'est ce qu'elle nous a dit la semaine dernière sur France Info.
11:05 - Le Rassemblement national a voté contre les sanctions contre la Russie,
11:09 j'ai voté pour.
11:10 Le Rassemblement national a voté contre les 50 milliards d'euros d'aide à l'Ukraine,
11:14 j'ai voté pour.
11:15 Le Rassemblement national a sur sa liste un poutinophile
11:19 qui est financé directement par Vladimir Poutine,
11:21 qui est Thierry Mariani.
11:22 Moi, je fais des meetings avec des opposants à Vladimir Poutine.
11:25 Donc, pardon, mais je ne laisserai jamais dire
11:28 qu'on a quelques confusions, que ce soit.
11:30 Ils sont des soutiens indéfectibles à Vladimir Poutine,
11:33 nous sommes des agents de la paix, nous sommes responsables.
11:36 Nous essayons de proposer un chemin diplomatique,
11:38 et ce chemin, il faudra l'ouvrir.
11:41 L'Allemagne l'ouvre avec un sommet sur la paix les 15 et 16 juin,
11:44 et bien prenons toutes les initiatives qu'il y a à prendre
11:47 pour enfin ramener la paix sur notre vieux continent.
11:49 Manon, on revient à votre programme.
11:50 Dans votre programme, vous proposez de sortir de l'OTAN,
11:53 c'est-à-dire d'adopter une position de non-aligné
11:55 qui ne soit pas calqué sur les Américains.
11:57 Mais est-ce qu'on aurait vraiment pu aider l'Ukraine sans l'OTAN ?
12:00 Mais est-ce qu'on a aidé l'Ukraine via l'OTAN ?
12:03 On a voté au Parlement européen 50 milliards d'euros d'aide à l'Ukraine, c'est l'OTAN ?
12:06 On a envoyé des armes, c'est l'OTAN ?
12:08 On le fait conjointement ?
12:09 Eh oui !
12:10 Allez, 50 milliards d'euros d'aide, c'est l'argent de l'Europe,
12:12 ça n'a rien à voir avec l'OTAN.
12:14 Donc vous voyez, la question qui est posée par l'OTAN,
12:18 c'est la question de notre souveraineté et de notre indépendance.
12:20 Si Donald Trump arrive au pouvoir au mois de novembre,
12:23 vous voulez vraiment vous affilier dans les pas des Etats-Unis,
12:26 donc d'une coalition militaire qui est menée par un État
12:30 dont on serait aux antipodes diplomatiques et politiques ?
12:34 Moi j'assume de dire qu'il faut développer l'indépendance
12:36 et la souveraineté de l'Union européenne,
12:38 et donc qu'il ne faut pas donner de débouchés à l'industrie militaire américaine
12:42 comme c'est l'objectif dans l'OTAN,
12:44 mais pour ça il faut sortir de notre naïveté.
12:46 Mais concrètement Manon Bry, ça veut dire qu'il y aurait une défense européenne avec vous ?
12:50 Une défense européenne à l'intérieur de cet espace ?
12:52 Il n'y a que la France qui a l'arme de dissuasion nucléaire,
12:55 donc on va la partager avec les autres ?
12:57 Vous voulez la partager avec Victor Orban ?
12:59 Vous voulez que ce soit Victor Orban qui appuie sur le bouton,
13:01 ou Georgia Meloni ?
13:02 C'est ma question, est-ce que dans une défense commune européenne,
13:05 c'est la France qui paye pour les autres ?
13:07 Je suis pragmatique,
13:09 et je pense que ce n'est pas un gros mot quand on est de gauche,
13:11 et surtout quand on fait de la politique étrangère.
13:13 Et si on veut garantir notre souveraineté et notre indépendance,
13:16 il faut de la coopération entre les Etats européens,
13:19 à commencer par la production d'industries militaires,
13:22 de matériels militaires,
13:23 parce qu'aujourd'hui on est en effet dépendant de l'étranger,
13:25 parce qu'on a soldé notre souveraineté.
13:27 Et donc il faut commencer par cette coopération-là de manière pragmatique,
13:30 et ensuite, pour voir quel niveau de coopération on peut en avoir.
13:34 Mais moi je suis très claire, je ne suis pas prête à donner les clés du camion
13:38 à des Etats d'extrême droite,
13:39 comme celui de Georgia Meloni en Italie,
13:41 ou Victor Orban en Norvège.
13:42 Si je prends un exemple concret, imaginons l'Italie.
13:45 Après j'observe qu'il reste 5 minutes d'interview,
13:47 et qu'on n'a pas eu une seule question sur les jeunes,
13:49 et pas eu une seule question sur les questions sur les jeunes,
13:51 et le pouvoir d'achat qui est quand même la première préoccupation des Français.
13:55 Merci de nous laisser mener l'interview.
13:57 Les jeunes ont leurs propres questions, et c'est bien normal.
14:00 Juste parce que ce sont des questions importantes,
14:02 et il y a la guerre aux portes de l'Union Européenne, c'est ce que j'ai dit.
14:05 Si je vous écoute, si l'Italie par exemple est attaquée par un pays hors de l'Union Européenne,
14:10 que fait la France ?
14:12 Est-ce qu'on met notre dissuasion nucléaire sur la table ou pas ?
14:14 Est-ce que vous avez lu notre programme ?
14:16 Bien sûr.
14:17 Eh bien vous observerez que dans notre programme,
14:19 il est écrit qu'on ne remet pas en question le principe de solidarité mutuelle.
14:22 Donc si un Etat européen est attaqué,
14:24 il est évident qu'on lui vient en aide, c'est dans les traités européens,
14:27 et on a écrit noir sur blanc dans notre programme,
14:29 qu'on ne le remettra pas en cause.
14:31 On va passer aux questions sociales ?
14:32 Non, on va passer aux questions des jeunes.
14:34 C'est dommage, avec la vie chère, ce n'est pas du tout une question qui intéresse.
14:38 Est-ce que les questions des jeunes vous intéressent ?
14:40 Il y a 12 candidats à défiler sur cette scène ce matin sur France Info,
14:44 il y en a beaucoup, des multiples, et donc on fait des choix.
14:48 Je suis désolée qu'ils ne collent pas à vos envies,
14:50 mais on pense à nous qui faisons les interviews.
14:53 Est-ce que les questions des moins de 30 ans vous intéressent ?
14:55 Bien sûr.
14:56 Alors on va y aller.
14:57 C'est au public de prendre la parole.
14:58 La femme lycéenne de l'académie de Versailles,
15:00 élue au conseil académique de la vie lycéenne,
15:02 de poser sa première question.
15:04 Bonjour Madame Aubry.
15:07 La question que j'ai à vous poser aujourd'hui,
15:09 c'est pourquoi ce choix d'avoir Mirima Hassan en 7e position sur votre liste européenne,
15:15 en sachant que lors des dernières élections européennes,
15:17 vous n'avez recueilli que 6 sièges au Parlement européen ?
15:20 Ces connaissances en matière de droit international
15:22 ne seraient-elles pas un atout majeur,
15:24 au point de la placer plus haut dans votre liste ?
15:27 Merci pour la question.
15:29 Vous êtes défaitiste.
15:30 La bonne nouvelle, c'est que les sondages nous donnent autour de 8%
15:33 et pour le moment nous donnent l'élection de Rima Hassan.
15:37 Donc j'ai bon espoir,
15:39 si les gens et notamment les jeunes votent massivement pour cette élection,
15:43 qu'on puisse avoir demain la première franco-palestinienne
15:45 qui siège au Parlement européen, vous l'avez dit,
15:48 une experte en droit international
15:50 et qui portera la voix de la paix à une heure
15:52 où on assiste sans doute à l'un des pires carnages
15:56 que l'on ait vu dans notre génération,
15:58 à Rafa et à un peuple palestinien qui est en train d'être décimé,
16:02 des camps de réfugiés qui sont pris pour cible.
16:05 Je ne vais pas aller dans le détail des images
16:07 parce qu'on les a toutes vues et elles sont horribles.
16:09 Et moi je suis fière dans cette campagne,
16:10 aux côtés de Rima, mais de toute la liste,
16:12 de porter la voix de la paix,
16:13 c'est-à-dire un cessez-le-feu à Gaza,
16:15 un embargo sur l'envoi d'armes vers Israël,
16:17 la suspension de l'accord d'association entre l'Union européenne et Israël
16:20 et la reconnaissance de l'état de Palestine.
16:22 J'entends Emmanuel Macron dire que ce n'est pas le bon moment,
16:25 ça fait 50 ans qu'on lui dit que ce n'est pas le bon moment,
16:27 et je lui demande quand est-ce que ce sera le bon moment,
16:29 quand il n'y aura plus de peuple palestinien
16:31 parce qu'il aura été décimé par des années,
16:33 des décennies de nettoyage ethnique.
16:36 Donc j'ai bon espoir qu'elle soit élue
16:37 et qu'on continue à porter cette voix.
16:38 Merci pour la question.
16:39 Mais c'est vrai que cette position c'est un risque.
16:41 Rima Hassan qui est devenue une des figures emblématiques
16:43 de ces européennes, une personnalité forte,
16:45 clivante dirons certains, mais forte à cause sûre.
16:48 Certains ont même pu dire qu'elle vous a volé la vedette
16:50 dans cette campagne.
16:51 Rassurez-vous, c'est la force de notre liste.
16:53 On a 81 têtes de liste,
16:57 que c'est le nombre de candidats sur la liste,
16:58 et on peut dire qu'on a 81 têtes de liste.
17:00 Et moi je suis fière de ma liste,
17:02 y compris de l'ouverture,
17:04 parce que vous n'avez pas que des professionnels de la politique.
17:07 Comme moi je l'étais, je veux dire,
17:08 on est venu me chercher il y a 5 ans,
17:10 je travaillais pour l'ONG Oxfam
17:11 sur la lutte contre l'évasion fiscale,
17:13 je n'avais jamais fait de politique de ma vie.
17:15 Et je crois que c'est la force aussi de notre liste
17:17 d'avoir aussi Anthony Smith,
17:18 qui est un inspecteur du travail,
17:19 qui s'est fait sanctionner par Elisabeth Borne
17:21 pour avoir défendu les droits des travailleurs.
17:24 Et j'observe qu'Elisabeth Borne est sur la liste des macro-ministres.
17:27 Elle ne vous a pas fait d'ombre ?
17:29 Non, au contraire.
17:30 En fait, ça donne une force collective à cette liste
17:33 qui, je crois, s'en commune mesure
17:35 quand je compare avec les autres listes.
17:37 Donc je suis très fière de ma liste.
17:38 On va passer à la question de Chérine Boukeroui,
17:40 ambassadrice à Asmus,
17:41 qui a une question pour vous.
17:43 Bonjour Madame Bouroui.
17:45 Bonjour.
17:46 Alors, quelle est votre vision
17:48 pour l'avenir de l'agriculture en Europe
17:50 et comment comptez-vous soutenir les agriculteurs ?
17:52 Merci pour la question.
17:54 On a vu depuis ce matin
17:55 qu'il y a une mobilisation forte
17:57 dans le monde agricole qui reprend
17:59 parce qu'il y a un sujet majeur
18:01 que demandent les agriculteurs,
18:03 qui est simple, vivre de son travail.
18:05 Donc nous, on propose une chose très simple,
18:08 qui est des prix planchers rémunérateurs,
18:09 c'est-à-dire des prix minimum garantis.
18:11 Parce qu'il y a un paradoxe immense.
18:12 Quand on fait tous nos courses,
18:14 le prix des denrées alimentaires a augmenté de 20%,
18:16 les pâtes, le riz, le lait, etc.,
18:18 les fruits, les légumes.
18:19 Et de l'autre côté,
18:20 la rémunération des agriculteurs a baissé.
18:23 Et donc, c'est parce qu'au milieu,
18:25 il y a des entreprises agroalimentaires
18:26 qui se sont gavées,
18:27 qui ont augmenté leurs marges.
18:28 Donc ce qu'on propose,
18:29 prix minimum garantis pour les agriculteurs,
18:31 blocage des marges des entreprises agroalimentaires
18:33 et blocage des prix des denrées alimentaires.
18:36 Et une dernière chose qu'on propose...
18:37 Juste, Madame Bouroui,
18:38 prix minimum garantis au niveau européen.
18:40 Oui.
18:41 Mais alors, sur quelle base, comment vous calculez ?
18:42 Parce que les coûts de production sont différents d'un pays à l'autre.
18:44 Vous avez raison.
18:45 Ça existait dans le cadre de la politique agricole commune
18:47 au début des années 90.
18:49 Et en fait, il faut que ce soit ensuite défini
18:51 à l'échelon pays par pays.
18:52 Mais c'est une règle standard.
18:54 Le fait que la politique agricole
18:55 permette de définir des prix minimum rémunérateurs
18:58 et ensuite, c'est défini...
18:59 Vous savez maintenant que vous avez des PAC nationales.
19:01 Et dans le cadre de la PAC nationale,
19:02 chaque État définit, en gros,
19:04 le litre de lait à 50 centimes minimum pour le compteur.
19:07 Parce que vous entendez quand même
19:08 l'inquiétude des agriculteurs
19:09 sur ces prix minimum, sur ces prix planchers.
19:11 Ça va être des prix, du coup, à la baisse.
19:13 Mais je prends l'exemple du lait.
19:15 Le lait, à l'heure actuelle,
19:16 il est vendu, le litre de lait,
19:17 entre 40 et 45 centimes.
19:19 Si demain, il y a des prix minimum garantis,
19:20 et c'est pour ça que je parle de prix minimum garantis,
19:22 c'est-à-dire c'est un plancher, pas un plafond.
19:24 Un plancher par le bas.
19:25 Exactement.
19:26 Mais s'il est à 50 centimes,
19:27 déjà, ça leur permet d'être dans leurs coûts de revient.
19:29 Donc c'est immense.
19:30 Et la deuxième chose à faire qui va avec,
19:32 c'est de lutter contre la concurrence déloyale.
19:33 Parce qu'ils disent, nous, on vend notre lait,
19:35 mais il est soumis à une concurrence
19:37 qui vient des quatre coins du monde
19:38 et qui n'a pas les mêmes règles sociales,
19:40 sanitaires, environnementales.
19:41 Je prends l'exemple de la Nouvelle-Zélande,
19:43 qui est le premier exportateur de lait au monde.
19:45 On vient de signer un accord de libre-échange,
19:47 donc on va faire venir du lait de 20 000 kilomètres d'ici,
19:49 produit avec un pesticide qui est interdit en Europe,
19:51 qui s'appelle l'atrazine.
19:52 Bref, tout ça n'a aucun sens.
19:54 Et c'est pour ça que je m'oppose de manière très ferme
19:56 aux accords de libre-échange.
19:58 Et je suis fière, au Parlement européen,
20:00 de présider le seul groupe qui n'a jamais donné
20:02 aucune voix aux accords de libre-échange,
20:04 qui soumettent notre industrie et notre agriculture
20:06 à une concurrence déloyale.
20:08 Donc voici mes deux éléments de réponse à la question sur l'agriculture.
20:10 Merci beaucoup Manon Aubry.
20:12 On va vous libérer de la scène de l'époée de la Maison de la radio.