Michèle Mons delle Roche : « Madame le magistrat » a été la première femme procureur du roi en province de Luxembourg

  • il y a 6 mois
Michèle Mons delle Roche vient de sortir une autobiographie intitulée « Madame le magistrat » dans laquelle elle revient sur son combat de femme pour s’imposer dans le monde machiste de la magistrature de l’époque, égrène les scènes de crime qu’elle a dû gérer et revient sur ce poste de bourgmestre de Neufchâteau qu’elle n’a jamais désiré.

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Transcription
00:00 Mme Monsel Roche, vous venez de sortir un livre intitulé "Madame le magistrat".
00:04 Alors pourquoi ce livre ?
00:06 Parce que j'avais envie de lever un petit voile de la profession que j'ai exercée tantôt de juge d'instruction
00:14 et puis pendant 25 ans de procureure du roi et montrer un petit peu cette autre facette que les gens ne connaissent pas.
00:22 Vous êtes la première femme procureure du roi ou pratiquement en Belgique quand vous commencez ?
00:30 Oui, disons pratiquement, effectivement.
00:32 Parce que j'ai une dame qui est arrivée procureure du roi pendant 3-4 mois puis qui a été l'objet d'une destitution.
00:40 Mais je suis la première femme, effectivement.
00:43 Quelle est l'affaire criminelle dans l'arrondissement judiciaire de Marjan qui vous reste le plus en tête, qui vous a marqué le plus ?
00:51 Il y avait en fait l'affaire Krishna dont je ne vous parlerai pas davantage parce que si vous voulez connaître la suite, il faut lire mon livre.
01:01 Mais après il y a aussi l'affaire du bûcher, comme je dis, cet homme qu'on a retrouvé mort, calciné, cramé sur un bûcher dans une position qui m'a toujours un petit peu étonnée.
01:18 Il y a aussi l'affaire des cocktails Molotov.
01:22 Un marchand famine ?
01:23 Un marchand famine, toujours un marchand famine.
01:26 Je ne me suis pas rendue compte sur le moment de la gravité des faits, mais c'était une affaire qui m'a marquée quand même.
01:36 Beaucoup de suspects ou de futurs détenus me disaient qu'il fallait avoir des dettes, une grande famille, etc. pour ne pas être incarcérée et que j'allais les empêcher de payer leurs dettes, etc.
01:53 Et devant leurs enfants, je leur disais "vous savez il y a dix commandements" et beaucoup connaissaient de près ou de loin les dix commandements.
02:03 Je leur disais "vous n'avez pas pratiqué l'onzième ?"
02:06 Ils m'ont regardée surprise et je leur disais "l'onzième c'est de ne pas se faire prendre, alors cette fois-ci vous avez été pris, c'est à vous d'accepter maintenant les conséquences."
02:14 Et ils comprenaient très bien ça.
02:16 Comment est-ce que vous jugez la magistrature aujourd'hui avec le recul ?
02:20 D'abord, je n'ai pas le droit de juger, mais toujours est-il que la justice est effectivement très fort féminisée et que surtout, et c'est ça qui est important,
02:34 les moyens alloués à la justice en matière de technique de recherche des infractions ont tellement évolué que j'en vis presque les nouveaux magistrats.
02:45 On vous demande de venir sur des listes communales. Tout d'abord, c'est quoi votre première réaction à ce moment-là, il y a six ans ?
02:52 Ma première réaction c'est de trouver de l'intérêt pour être candidate sur une liste communale, entrer en politique.
03:02 Mais je ne savais pas que la politique communale était également, elle aussi, en plein yontem, pourrie qu'au niveau régional et au niveau fédéral.
03:12 Et ma première réaction a été de dire, contre l'habit de ma famille, de dire oui.
03:18 Comment est-ce que vous avez vécu cette histoire de fausses procurations ?
03:23 C'est vrai que les fausses procurations ça rentrait dans mon domaine et que d'abord, je n'ai pas cru tout de suite que c'était des fausses procurations,
03:32 à tel point que j'ai renvoyé la dame pour demander qui avait voté à la place du papa, de son père, et on n'a pas voulu le lui dire.
03:46 Et puis je me dis, non, ce n'est pas possible qu'il y ait des fausses procurations, mais si c'était bien réel.
03:53 [SILENCE]

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