• il y a 8 mois
Le témoignage de Ruddy Terranova, ancien braqueur converti à l’islam.
Il publie son livre « Converti » dans lequel il relate son parcours : banditisme, prison, religion…

Category

🗞
News
Transcription
00:00 La vie se compose en deux choix, ce qu'on assume, ce qu'on regrette,
00:03 et c'était la manche ou la cagoule.
00:05 Est-ce que votre enfance a déterminé le chemin que vous avez pris
00:07 et les choix que vous avez fait par la suite ?
00:09 Bien sûr. Moi j'ai un cadre un peu particulier
00:12 parce que ma mère m'a eu à 17 ans,
00:14 mon père qui était commando de marine m'a eu à 20 ans,
00:16 et j'avais ma grand-mère qui était corse, mon grand-père sicilien,
00:20 donc j'ai une éducation très très dure, dans le catholicisme le plus dur,
00:23 ce qu'on appelle communément le féveriste,
00:25 j'aime pas ce terme, ou Saint Nicolas du Chardonnay,
00:27 ça veut dire nous la messe c'est en latin,
00:29 ma grand-mère elle a cassé un nombre incalculable de cuir en bois sur ma tête
00:33 parce que je mangeais de la viande le vendredi,
00:34 et mon grand-père m'a toujours façonné pour être un soldat,
00:39 ça veut dire il m'a élevé dans le stoïcisme,
00:41 ce qui m'a servi pour les épreuves que j'ai eues dans ma vie,
00:43 ensuite ça c'est jusqu'à l'âge de mes 5 ans,
00:46 j'ai été récupéré par ma mère qui était avec un membre du grand banditisme,
00:49 ils ont été incarcérés dans une grosse affaire,
00:51 puis à la maison d'arrêt de forêt au forest,
00:54 et mon beau-père s'est évadé, ma mère a été libérée,
00:56 puis là on a atterri dans une petite bourgade en Seine-Saint-Denis,
01:01 mais moi j'ai subi quelque chose qui a façonné ma vie,
01:04 ma vision de la vie entre les loups et les brobis,
01:06 je ne serai plus jamais une brobie, je serai un loup,
01:08 j'ai été confié à une nourrice qui était d'origine algérienne,
01:12 et elle de par mon patronne m'a identifié comme un italien,
01:15 parce que Taranova c'est italien ou corse,
01:17 et un jour c'était l'Aïd, elle m'a ramené une assiette de gâteau,
01:21 elle croyait que c'était exotique,
01:23 quand j'ai vu ce gâteau je lui ai dit voilà c'est un Makroud,
01:25 c'est un Zébia, un Greba, un Monte-Cao,
01:28 en gros elle m'a dit comment tu connais ça,
01:29 j'ai dit ma grand-mère elle en fait, elle est namostagarène,
01:32 et quand elle a fait ça je me rappellerai toujours,
01:34 elle a lâché l'assiette,
01:35 et en fait par cette simple phrase j'avais signé mon arrêt de mort,
01:39 et j'ai subi des tortures, des sévices,
01:42 ça a commencé crescendo,
01:44 je me rappellerai toujours c'était la Edelkebir,
01:46 on m'a forcé à suivre un mouton qui avait été gorgé,
01:49 on m'a bloqué la tête pour que j'assiste à son émulation,
01:51 après comme j'étais un enfant très turbulent,
01:54 on me baladait avec une laisse,
01:55 en gros quand j'étais pas coopératif,
01:57 on me mettait sous une douche froide,
01:58 et on me lacérait le dos avec une brosse métallique,
02:00 et comme j'étais dans cette logique de suicide,
02:02 je pouvais pas me plaindre,
02:03 en fait un jour j'ai dit à ma mère,
02:05 j'ai s'humilé,
02:06 j'arrivais pas à mettre un sweat,
02:08 et quand elle avait les lacérations je lui ai dit,
02:10 comme tout acte a des conséquences,
02:12 c'est là que j'ai compris que j'étais pas élevé par un couple classique,
02:16 parce que mon beau-père qui m'aimait comme son fils,
02:17 qui a été abattu en 1995,
02:19 a pris une arme,
02:20 elle l'a mise à la ceinture,
02:21 elle voulait en découdre avec cette nourrice,
02:23 ma mère l'a raisonné,
02:25 ils ont été arrêtés quelques temps après,
02:26 et à 17 ans je me suis retrouvé orphelin,
02:29 ce qui fait que pour tous mes sans-blâme,
02:31 j'avais une haine,
02:32 j'avais une haine déjà parce que j'étais parti voir la police,
02:35 la brigade des mineurs,
02:36 je dis prenez-moi en charge,
02:37 et moi je savais même pas,
02:38 j'avais un sac qui était Louis Vuitton,
02:40 et j'avais des lunettes quartier,
02:41 le policier m'a regardé,
02:42 il m'a dit,
02:43 si t'as les moyens de te prendre tout ça,
02:45 ben va te payer une chambre d'hôtel,
02:47 donc j'ai pris acte de ce qu'il m'a dit,
02:49 et j'avais deux options,
02:50 beaucoup diront,
02:51 oui on a toujours le choix,
02:53 la vie elle se compose en deux choix,
02:55 ce qu'on assume, ce qu'on regrette,
02:56 et c'était la manche ou la cagoule.

Recommandations