Éric Judor en cinq images

  • il y a 5 mois
Transcript
00:00 J'adore.
00:01 C'est l'inspecteur Clouseau, c'est la panthère rose.
00:04 Peter Sellers, c'est pour moi un monument d'un art très particulier, disons d'une
00:15 niche comique, c'est le burlesque.
00:16 C'est quelqu'un qui maîtrise parfaitement son corps pour faire rire les gens, qui en
00:23 fait juste assez pour que ce soit drôle et que ce ne soit pas surjoué.
00:30 On a vraiment l'impression que c'est un Pierre Richard avant l'heure.
00:34 C'est une énorme influence, notamment le film The Party qui est vraiment un objet artistique.
00:42 On a l'impression qu'il n'y a pas de producteur derrière.
00:45 C'est vraiment un trait artistique absolument génial et complètement libre d'un mec qui
00:50 se balade dans une soirée dans laquelle il n'est pas invité, une soirée à Hollywood
00:53 où il y a tous les grands de ce business-là et lui fait n'importe quoi.
00:58 Et il joue à un hindou.
00:59 C'est un truc absolument interdit aujourd'hui.
01:01 Appropriation culturelle et tout, mais c'est à pleurer de rire.
01:04 Et quand on a fait la tour de Montparnasse Infernale, c'était une des influences de
01:08 Party.
01:09 C'était jouer avec des armures, tomber dans l'eau, faire des trucs comme ça.
01:13 Pierre Richard, c'est le Didier Ritier de Peter Sellers.
01:39 Mais oui, il y a une lignée évidemment du comique physique qui pour moi est le seul
01:46 humour qui traverse le temps et qui n'est pas gênant à regarder à nouveau.
01:51 Parfois, les films de Pierre Richard peuvent avoir certaines longueurs et ça, c'est
01:56 une autre manière de raconter une histoire.
01:57 Aujourd'hui, tout va très vite.
01:59 Mais il y a des prestations, je pense notamment au film Le Jouet où il joue dans le jardin
02:09 de ce riche mec qui l'a payé pour être le copain de son fils.
02:14 Et là, il fait un truc où il joue au cow-boy, il se prend des balles, il tombe et il éclate
02:19 le bar et tout ça.
02:21 Et en plus, c'est politique un peu, puisque c'est un peu le prolo chez les riches et
02:26 qui se fait acheter et finalement se fout de leur gueule.
02:29 Et c'est merveilleux.
02:30 Moi, c'était un honneur de tourner avec lui dans Platane.
02:35 Je l'ai appelé en tremblant et j'espérais qu'il veuille bien, qu'il réponde.
02:39 Je ne suis pas sûr qu'il me connaisse encore aujourd'hui, même après avoir tourné Platane.
02:43 Mais pour moi, c'était fou d'être face à Pierre Richard.
02:47 Pierre Richard, c'est mon enfance.
02:48 Larry David, c'est déjà hybride.
03:03 C'est-à-dire qu'il est puissant avec les mots.
03:06 Il sait être drôle en écrivant des situations absurdes.
03:09 Et il a une façon de marcher avec le bassin en avant, le buste en arrière et ses bras
03:15 ballants comme ça, qui est immédiatement drôle.
03:18 Il a ce qu'on appelle en Amérique les funny bones.
03:21 Et clairement, il a les os drôles.
03:24 Il est naturellement drôle.
03:26 C'est quelqu'un qui m'a beaucoup inspiré dans l'écriture depuis Seinfeld.
03:32 J'ai écrit Ash et dans les premiers épisodes, on s'inspirait un peu de ce qui était dans
03:39 l'ère du temps à ce moment-là.
03:40 Évidemment, il y avait Seinfeld et Friends, mais Seinfeld était pour moi plus influent
03:43 que Friends.
03:44 Et j'aimerais pouvoir vieillir comme lui.
03:48 Pas physiquement, mais avoir la fraîcheur et la créativité à son âge, c'est dingue.
03:55 Quentin.
03:56 Quentinos, mon petit duduche.
04:00 J'étais sans neigérie pendant un moment, puisque j'ai fait trois films avec lui.
04:06 Il a fait tout le cinéma français en fait.
04:08 Tout le monde vient se laver chez Dupieux un peu.
04:10 Dès que tu as fait un peu une merde, tu te dis « c'est pas mal si je suis chez Dupieux
04:14 », hop, ça me relave.
04:15 Et après, tu retournes faire tes merdes, puis après tu retournes chez Dupieux, hop,
04:19 tu te relaves.
04:20 On venait de faire les Dalton et on s'était sentis vraiment trahis avec Ramsey.
04:24 Ce n'était pas le scénario qu'on avait écrit.
04:26 On était indéçu, mais on apprend en fait.
04:28 C'était une étape.
04:29 Et donc, on voulait retourner à ce qui nous fait sincèrement rire.
04:33 C'est Michel Gondry avec qui on devait tourner et qui est parti faire Eternal Sunshine of
04:39 a Spotless Mind.
04:40 Pas mal.
04:41 Et qui nous a dit « malheureusement, je ne peux pas faire le film qu'on avait prévu
04:44 ensemble, mais je vais vous présenter un gars, je suis sûr que vous entendrez bien.
04:48 » Et donc, il nous l'a présenté.
04:49 Et puis, on s'est très bien entendu.
04:50 Et puis, il nous a montré son premier truc qu'il avait fait.
04:53 C'était le non-film.
04:54 Et donc, on a regardé un quart d'heure de ça.
04:56 On était par terre dans la salle de montage à pleurer de rire.
04:59 On s'est essuyé les larmes, on s'est relevé.
05:01 On a dit « Quentin, ce que tu veux, écris ce que tu veux, on le fait.
05:04 » Et on a financé son scénario, Snake, le premier film, avec Laurent Grégoire et
05:08 Ramsay, on a mis de l'argent pour payer le scénario, pour qu'il puisse faire son
05:12 premier film.
05:13 Et c'est Snake.
05:14 Ça marche.
05:15 Ça fait un peu mal, mais ça marche.
05:19 Oh non, pas ça.
05:24 Michael Chang.
05:26 Michael Chang.
05:28 Je regarde à la fois avec amour et dégoût.
05:31 Avec amour parce que la performance qu'il a réalisée à 16 ans, je crois, 16 ans et
05:39 demi, 17 ans, « Gagner Roland Garros », en faisant un truc de bâtard en plus, parce
05:44 qu'il a fait un service à la cuillère contre Lendl, ça je lui en veux un peu.
05:48 Parce que c'était le premier à faire ça.
05:49 Maintenant, il y en a plein qui le font.
05:50 Il y en a plein qui le font, mais il y a toujours un petit côté humiliant.
05:56 Mais il a réalisé un exploit.
05:59 Je crois que c'est le plus jeune vainqueur de Roland Garros.
06:02 Et à ce moment-là, c'était l'époque où je voulais être tennisman.
06:05 Et donc là, maintenant, on passe à la raison pour laquelle je le déteste.
06:08 C'est qu'il m'a mis face à mon absence de talent.
06:14 Moi, j'étais au même moment aux États-Unis, en Floride, en train de faire des petits tournois
06:20 de tennis.
06:21 J'avais 19 ans.
06:22 Et il y avait un gars qui, chez moi, en France, il prenait le pain des Français, qui était
06:27 en train de gagner Roland Garros.
06:28 Donc, c'était un déclic pour moi.
06:31 Je suis rentré, j'ai déposé mes raquettes et je n'ai pas joué pendant 10 ans.
06:35 Alors, pour ceux qui aiment bien mon humour, oui, on peut le remercier.
06:38 Pour ceux qui me détestent, on peut regretter que Michael Chang ait existé.
06:44 Merci beaucoup.
06:45 Si je peux aider.
06:47 [Musique]

Recommandée