L'extrême droite dans l'Histoire, du général Boulanger à Jean-Marie Le Pen

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00:00 ...
00:03 -Résultat du 1er tour de l'élection présidentielle.
00:07 ...
00:13 En tête, Jacques Chirac, 20 % des voix.
00:15 Énorme surprise, Jean-Marie Le Pen.
00:17 Il semble devoir être le second avec 17 % des voix.
00:21 -Silence !
00:23 Un instant de silence et de réflexion
00:27 au milieu de tant de lumière et de tant d'harmonie.
00:31 Silence !
00:33 ...
00:36 -Le 21 avril 2002, au soir du 1er tour de l'élection présidentielle,
00:40 la France est sous le choc.
00:42 Ce n'est qu'un mot dans les salles de rédaction.
00:45 Un séisme a fait trembler le pays.
00:47 Jamais un parti, un homme d'extrême droite,
00:49 n'avait jusqu'alors pris une telle dimension
00:52 dans l'histoire des Républiques.
00:53 Pourtant, dès ses premières années,
00:56 la IIIe République avait affronté un danger populiste,
00:59 le général Boulanger.
01:00 -Après les élections de 1885,
01:03 vous n'avez pas de majorité stable.
01:05 Et c'est dans cette atmosphère-là
01:07 qu'on va voir se dessiner un mouvement.
01:12 Mais il faut qu'il y ait évidemment une solution
01:15 pour que le mouvement prenne corps.
01:17 Et la solution, c'est souvent un sauveur,
01:19 un homme providentiel.
01:20 Et cet homme providentiel, c'est le général Boulanger.
01:24 -Le général Boulanger, patriote,
01:26 s'est aussi montré une certaine fibre sociale.
01:29 En 1889, il rassemble de la droite ultra à l'extrême gauche,
01:32 tous les déçus d'un régime parlementaire
01:34 impuissant à résoudre la crise économique qui frappe la France.
01:38 Après son renvoi de l'armée,
01:40 il se présente à de multiples élections
01:42 et emporte victoire sur victoire.
01:44 -L'apothéose, ça va être en janvier 1889,
01:50 à Paris.
01:51 Le Paris radical, le Paris socialiste,
01:53 le Paris ouvrier, le Paris communard
01:56 va voter pour Boulanger.
01:59 Vous avez donc désormais un mouvement
02:02 qui repose sur les couches populaires.
02:04 Par conséquent, c'est extrêmement redoutable
02:09 pour les Républicains,
02:10 qui, eux, fondent leur théorie politique, naturellement,
02:14 sur le suffrage universel, sur la souveraineté du peuple.
02:18 Il se plairait que le peuple ne soit pas démocrate.
02:23 Musique sombre
02:25 -La poussée de fièvre se termine tragiquement.
02:28 Le général Boulanger, abandonné par ses partisans,
02:31 finit par se suicider à l'étranger, où il s'était réfugié.
02:34 Les Républicains sortent vainqueurs
02:36 de la première grande crise de la IIIe République,
02:39 qui ne va pas tarder à se découvrir d'autres problèmes.
02:42 Lorsque la République IIIe s'est installée,
02:48 définitivement installée, au début des années 1880,
02:52 à ce moment-là, on va voir apparaître
02:55 d'autres formes d'extrême droite,
02:58 en particulier l'antisémitisme.
03:01 L'antisémitisme a plusieurs sources.
03:04 Il a une source religieuse, médiévale, catholique,
03:07 que l'on peut appeler l'anti-judaïsme.
03:10 Mais ce vieil anti-judaïsme religieux
03:13 a été complètement ravivé au XIXe siècle
03:17 par toutes sortes de courants, en particulier par un certain socialisme
03:21 qui a vu dans les Juifs le pouvoir capitaliste,
03:26 le pouvoir de la Haute Banque, le mythe Rothschild,
03:29 la Banque Rothschild, qui était une immense pieuvre
03:33 qui étalait toutes ses tentacules sur tous les pays de l'Europe.
03:36 Enfin, il y a un troisième élément
03:39 qui va apparaître aussi dans l'œuvre de Drummond, notamment,
03:43 et dans l'œuvre d'un certain nombre d'antisémites,
03:46 le racisme proprement dit.
03:48 On va être, à la fin du XIXe siècle,
03:50 absolument obsédé par les questions de race,
03:53 race inférieure, race supérieure.
03:56 Et le Juif va être défini à ce moment-là
03:58 physiquement, biologiquement.
04:00 L'antisémitisme va atteindre, sous la Feureifus,
04:10 pendant la Feureifus, des proportions qu'on n'avait jamais connues,
04:14 car il n'est plus seulement dans les journaux, dans les livres,
04:18 il est dans la rue.
04:19 -En janvier 1898,
04:20 convaincu de l'innocence du capitaine Dreyfus,
04:23 qui ne sera prouvé que 10 ans plus tard,
04:26 Émile Zola met le feu aux poudres nationaliste
04:29 en accusant le Conseil de guerre d'avoir condamné Dreyfus
04:32 du seul fait de ses origines juives,
04:34 dans une affaire d'espionnage au profit de l'Allemagne.
04:37 Ses attaques contre les plus hautes autorités de l'armée française
04:41 mobilisent les ligues patriotiques, les ligues antisémites
04:44 et une partie du clergé catholique.
04:47 Tous se déchaînent contre le camp des Dreyfusards
04:49 et des scènes d'émeutes antisémites
04:52 éclatent dans toutes les grandes villes de France.
04:55 A Alger, elles prennent l'allure de pogroms
04:57 contre les Juifs algériens,
04:59 qui sont battus à mort par dizaines dans la rue.
05:02 -Cet épisode va avoir
05:04 une suite électorale,
05:07 politique, importante,
05:09 puisque Edouard Drumond,
05:11 celui qu'on appelle le pape de l'antisémitisme,
05:14 celui qui est l'auteur de la France juive,
05:17 va se faire élire à Alger député
05:22 en 1898.
05:24 Et autour de Drumond,
05:27 il va y avoir un certain nombre de députés
05:30 qui vont constituer un groupe antisémite,
05:34 explicitement,
05:35 groupe antisémite à la Chambre des députés
05:38 de la République française.
05:40 C'est alors que l'on voit se développer
05:43 un mouvement d'extrême droite
05:46 qui prend un nouveau nom, le nationalisme.
05:50 Qu'est-ce que c'est que le nationalisme ?
05:53 D'abord, ce n'est pas un parti.
05:54 Il y a plusieurs groupes, des ligues.
05:57 Il y a la ligue antisémite,
05:58 la ligue des patriotes, des roulettes,
06:00 la ligue de la patrie française, etc.
06:03 Il y a plusieurs mouvements comme cela
06:05 qui sont occupés de l'affaire Dreyfus,
06:08 qui sont contre la révision,
06:10 qui jugent que Dreyfus est bien coupable.
06:13 Certains pensent que, même s'il était innocent,
06:16 il ne faudrait pas réviser ce procès
06:19 parce qu'on mettrait en péril l'autorité de l'armée.
06:22 L'armée, c'est vraiment la défense de la nation.
06:26 L'armée doit être au-dessus de tout soupçon.
06:28 Ce qu'il faut, par conséquent, disent les nationalistes,
06:31 c'est rétablir l'autorité.
06:33 Ils ont des solutions qui ne sont pas les mêmes.
06:35 Par exemple, vous avez les monarchistes
06:37 qui veulent toujours la restauration monarchique.
06:40 Vous avez des gens comme des roulettes
06:42 qui veulent une république autoritaire et plébiscitaire,
06:45 fondée sur le peuple.
06:46 Mais ils ont en commun un ennemi,
06:49 la république parlementaire, la république libérale,
06:52 la république des bavards, la république des causeurs,
06:55 ceux qui ne sont pas capables de, précisément,
06:58 prendre en main les destinées de la nation
07:02 et, lorsqu'il y a une guerre possible,
07:06 de prendre en main la défense du territoire.
07:08 -En 1899, Paul Deroulaide,
07:12 ancien officier de la guerre de 1870 et anti-dréfusard,
07:16 est convaincu que l'union du peuple et de l'armée
07:18 permettra d'en finir avec le régime parlementaire
07:21 dont il dénonce les faiblesses.
07:23 Il croit pouvoir entraîner le général Roger
07:25 à l'assaut de l'Elysée,
07:27 mais l'armée, si elle n'est pas républicaine,
07:30 est du moins légaliste, et le général refuse l'aventure.
07:33 -Tous les pouchistes vont être arrêtés.
07:35 Il y aura un procès, mais le procès de Deroulaide...
07:39 Vous vous rendez compte, c'est quelqu'un qui tente un pouch.
07:42 Eh bien, le procès qui a lieu en Cour d'Assise
07:46 voit la majorité du jury populaire,
07:50 jury populaire de Cour d'Assise, innocenter Deroulaide,
07:53 qui sort du tribunal libre.
07:55 Deroulaide ne faisait pas le poids, comme on dit,
08:00 pour être un vrai leader national.
08:04 Et parmi les autres chefs du nationalisme,
08:07 aucun ne s'est véritablement dégagé,
08:10 comme ça avait été le cas de Boulanger
08:13 ou comme c'est le cas de Jean-Marie Le Pen au XXe siècle.
08:17 -Si elle n'a pas de véritable chef,
08:20 la droite nationaliste a des penseurs,
08:22 Maurice Barres et Charles Maurras.
08:24 Ce dernier va jeter les bases théoriques d'un courant de pensée,
08:27 le nationalisme intégral,
08:29 une doctrine fondée sur une attitude de refus,
08:32 de refus de la démocratie,
08:33 accusée de rendre impuissante la nation.
08:36 Passant facilement de l'épée à la plume
08:38 pour faire railler contre la République,
08:40 il va disposer d'une tribune,
08:42 avec la fondation du quotidien L'Action française, en 1908.
08:45 Pendant près de 40 ans, le journal va demeurer,
08:48 malgré des courants antagonistes et des polémiques internes,
08:52 le point de passage de toutes les familles d'extrême droite.
08:55 -Maurras est d'abord un nationaliste.
08:57 Et un nationaliste qui, finalement,
09:00 arrive à comprendre, selon lui,
09:03 que la bonne solution du nationalisme,
09:07 c'est-à-dire la protection de la nation française
09:10 contre tous les dangers qui la menacent,
09:12 c'est la restauration monarchique.
09:14 Si Maurras n'est pas chrétien, en revanche,
09:17 il défend le catholicisme, l'Église.
09:20 Alors, il déteste les évangiles
09:24 qui ont été écrits par quatre Juifs obscurs.
09:27 Ça, ça ne l'intéresse pas.
09:29 Mais ce qu'il aime, c'est évidemment l'ordre.
09:32 La France, fille aînée de l'Église,
09:35 est avant tout une nation catholique.
09:37 L'Église sert aussi à ça, à identifier.
09:41 Contre le Juif, justement, contre celui qui n'est pas catholique,
09:44 contre le franc-maçon, contre le protestant.
09:48 Non, la France, le français, le vrai français,
09:50 il se rattache à l'Église, même s'il ne croit pas en Dieu.
09:53 Mais il se rattache à l'Église.
09:55 Après la guerre, L'Action française, du même coup,
09:58 a connu son apogée.
10:00 En 1918, en effet,
10:02 il est reconnu, elle est reconnue, et son journal est reconnu
10:06 comme un des grands journaux patriotes, nationalistes.
10:09 Ça durera encore quelques années, jusqu'au moment où, en 1926,
10:13 le pape va condamner L'Action française.
10:17 Et l'on s'en fout à bas la République
10:21 Et l'on s'en fout la gueusette, ces voyous
10:25 Devant la statue de Jeanne d'Arc, au lendemain de la Grande Guerre,
10:29 et après la victoire de la Révolution bolchevique en Russie,
10:32 la lutte contre le communisme s'ajoute à l'antigermanisme
10:35 des mouvements nationalistes.
10:37 Dans les années 30, ils peuvent à nouveau évaluer
10:40 leurs forces respectives, dont les anciens combattants
10:43 forment désormais les plus gros bataillons.
10:45 Vive Charles Maurras !
10:48 Charles Maurras voit surgir, à la suite des camelots
10:51 du roi de L'Action française, des mouvements rivaux,
10:54 fascinés par l'exemple fasciste de Mussolini en Italie
10:57 et le nazisme hitlérien en Allemagne.
10:59 Ce sont des ligues d'extrême droite,
11:01 comme les Jeunesse patriote du député de Paris, Pierre Tétinger,
11:05 ou le mouvement fasciste Solidarité française,
11:07 financé par le parfumeur Coty.
11:09 Les Croix de Feu, le mouvement le plus important,
11:12 fort de plusieurs dizaines de milliers d'adhérents,
11:15 est dirigé par un ancien combattant de la guerre de 14,
11:18 le colonel De La Roque, partisan d'une République autoritaire.
11:21 -Ca ira, ça ira, ça ira, tous les députés, on les prendra !
11:24 La grande collectivité de laquelle s'élève la voix
11:27 de la sincérité, de la fraternité, de l'honneur.
11:31 Nous sommes vraiment le symbole de la réconciliation française.
11:34 -La Roque n'est pas fasciste.
11:36 La Roque souhaite une France à la fois traditionnelle et populiste.
11:41 Il joue un peu sur les deux tableaux.
11:43 Il a une clientèle qui est celle des beaux quartiers
11:46 et celle de certains milieux populaires.
11:50 Et lui, c'est une véritable force.
11:52 Il a plusieurs centaines de milliers d'adhérents dans les années 30.
11:55 -On compte un vie qu'on peut, on compte un autre vie qu'on peut.
11:59 Qu'est-ce qui se raconte ? Des histoires de vie qu'on peut.
12:02 "La Marseillaise"
12:04 ...
12:11 -Dans "La vie est à nous", Jean Renoir,
12:13 qui réalise un film pour le Parti communiste,
12:16 épingle abusivement le colonel De La Roque comme fasciste
12:19 et dérision son goût pour les parades militaires.
12:22 -Vive la Roche !
12:24 -Vive la Roche !
12:26 -Vive la Roche !
12:28 -Vive la Roche !
12:31 -Signe des temps, le Parti communiste,
12:33 tout comme une bonne partie de l'opinion,
12:35 ne prend pas au sérieux la menace que représente Adolf Hitler,
12:39 qui a pu pourtant gagner facilement les élections allemandes de 1933
12:42 du fait de la division des forces de gauche.
12:45 ...
12:56 -La France, on l'a vu !
12:59 -En revanche, l'opinion s'enflamme au début de 1934,
13:02 avec le scandale financier et politique
13:04 provoqué par l'affaire Stavisky.
13:06 L'ensemble de la presse d'extrême droite,
13:08 Action française en tête, tire quotidiennement à boulet rouge
13:12 sur la République parlementaire.
13:14 Au quartier latin, fièvre des étudiants royalistes,
13:17 on manifeste pratiquement jour après jour jusqu'au 6 février,
13:20 où, aux côtés de l'ensemble des ligues d'extrême droite,
13:23 la Fédération des Contribuables et les associations d'anciens combattants
13:27 appellent à manifester contre le régime devant l'Assemblée nationale.
13:30 -Les ligues dures, elles sont place de la Concorde.
13:34 Et leur but est clair, c'est de traverser le pont,
13:37 peut-être, on ne sait pas, envahir le palais Bourbon.
13:40 Les combattants et les contribuables,
13:42 ils descendent l'avenue des Champs-Elysées,
13:45 artère traditionnelle de la manifestation de droite,
13:48 ils descendent les Champs-Elysées, mais ils tournent à gauche,
13:51 pas à droite. Ils vont prendre le métro à la Madeleine,
13:54 ils retournent vers les grands boulevards.
13:57 Quant à l'Aroc et ses croix de feu,
13:59 qui sont les plus organisés et les plus nombreux,
14:02 ils attendent les ordres du chef,
14:04 et les ordres du chef, c'est de ne rien faire.
14:06 L'Aroc ne se mouille pas,
14:08 il n'a jamais souhaité renverser la République.
14:11 Il veut changer la République,
14:13 il veut créer une République à la fois paternaliste,
14:16 sociale, chrétienne, à la fois sociale et traditionnelle.
14:19 Mais il ne veut pas renverser la République,
14:22 donc il ne donnera pas l'ordre de marcher sur le Palais Bourbon.
14:26 Restent les plus durs, ils tentent de franchir,
14:28 ça tourne à l'émeute et surtout au massacre.
14:31 Il y a quand même une dizaine de morts, la police tire.
14:34 Mais voilà, c'est ça, le 6 février.
14:36 Le lendemain, elle est interprétée par les antifascistes
14:40 et par les manifestants comme quelque chose
14:42 qui aurait pu réussir si le traître l'Aroc
14:45 n'avait pas abandonné la partie au dernier moment.
14:47 -Pendant qu'on enterre les victimes des émeutes du 6 février,
14:51 l'extrême droite rumine sa défaite.
14:53 Faute de chef à la hauteur, et malgré une mobilisation
14:56 qui avait regroupé des centaines de milliers de personnes,
15:00 elle a perdu dans la rue une occasion
15:02 qui ne se reproduira plus.
15:03 D'autant que la réaction des forces de gauche
15:06 est un terme auxquels elle a été éloignée.
15:09 C'est un terme au mythe du renversement de la République.
15:12 -Pour un peu de citoyen
15:16 Prenez vos bataillons
15:19 Partons, partons
15:24 Qu'un sang impur...
15:26 -Le danger a fini par souder les familles ennemies
15:29 des socialistes et communistes.
15:31 Le Front commun a été réalisé dans la rue, dès le 12 février.
15:34 Mais il faut attendre la fin juin et les directives de Moscou
15:38 permettront de faire face à la révolte.
15:40 Les socialistes cessent leurs attaques contre les socialistes
15:43 et signent un pacte d'unité d'action.
15:45 Le ralliement des radicaux permettra la formation
15:48 puis la victoire du Front populaire en 1936.
15:51 Pour la première fois dans l'histoire de France,
15:54 un socialiste accède au poste de président du Conseil
15:57 et Léon Blum forme un cabinet dont une des premières décisions
16:00 sera la dissolution de l'ensemble des ligues d'extrême droite.
16:04 La presse d'extrême droite redouble alors d'insultes
16:07 sur les origines juives de Blum.
16:09 -Il y a un délire verbal, une violence verbale
16:12 qui va notamment devenir très forte à la veille de la guerre
16:15 pour deux raisons.
16:16 L'arrivée massive de réfugiés venant d'Allemagne
16:19 mais aussi de Tchécoslovaquie, d'Autriche, après L'Anne-Stout,
16:23 donc une arrivée de nouveaux émigrés juifs.
16:26 Et puis cette idée qui va être véhiculée
16:28 par la presse d'extrême droite et les mouvements d'extrême droite
16:32 que les Juifs veulent la guerre pour régler leur compte avec Hitler
16:36 et qui va être un des objectifs de la presse.
16:38 Les gouvernements français, notamment,
16:40 alors il y a le thème de Blum, un juif chef de gouvernement,
16:44 et que tout ça concourt à faire la guerre contre Hitler
16:47 alors que ce qu'il faudrait, c'est au contraire s'allier avec Hitler
16:51 ou du moins faire la paix avec Hitler.
16:53 Donc il y a une assimilation de l'antisémitisme
16:55 et d'un certain bellicisme de la gauche
16:58 qui voudrait barrer la route à Hitler.
17:00 -Nous avons le devoir de reprendre ce qui a toujours été
17:03 les idées de la classe ouvrière,
17:05 et éviter une nouvelle conflagration européenne.
17:08 Le but principal de notre campagne,
17:11 c'est d'assurer la paix dans les foyers.
17:14 -Bravo !
17:16 -Là, il y a la naissance du grand parti fasciste français,
17:19 car il y a eu un grand parti fasciste français.
17:22 Et comme le Parti national fasciste en Italie,
17:24 comme Mussolini, il rassemble très nettement
17:27 l'extrême gauche et l'extrême droite,
17:29 puisque Dorio vient du Parti communiste.
17:32 C'est une figure montante,
17:34 la grande figure montante du Parti communiste,
17:36 c'est le rival de Thores.
17:38 Ouvrier, vrai ouvrier,
17:39 chef des Genèves communistes dans les années 20,
17:43 et devient numéro 2 ou 3 du Parti communiste français.
17:47 Son ascension se fait à travers le thème de l'antifascisme.
17:50 C'est pour être antifasciste qu'il lance l'idée d'un front populaire,
17:54 on dit à l'époque d'un front commun, avec les socialistes,
17:57 et même avec les libéraux.
17:59 Il est exclu du Parti communiste et va fonder sa propre organisation,
18:03 la gauche rivale du Parti communiste,
18:05 qui très rapidement va être à la fois financée
18:08 par certains intérêts
18:09 et peuplée de gens qui viennent de l'extrême droite.
18:12 Et là, nous avons alors un mouvement qui, pendant deux ans,
18:15 36, oui, 36, fin 37,
18:18 est un grand mouvement populiste,
18:21 fascisant, totalitaire.
18:23 Dorio, c'est le Mussolini français, qui s'est parlé au foul,
18:27 orateur populiste.
18:28 Là, nous avons un mouvement fasciste organisé,
18:30 structuré et puissant.
18:32 Musique douce
18:34 -La dissolution des ligues a provoqué la radicalisation
18:37 d'une frange de l'action française qui s'oriente vers le terrorisme.
18:41 Son surnom de "la cagoule" avait été trouvé par Maurras lui-même,
18:45 qui ne les prenait pas très au sérieux.
18:47 -A Paris, rue de Pressebourg,
18:49 l'immeuble de la Confédération générale du patronat français
18:52 est en partie détruit par l'explosion d'une machine infernale.
18:56 A quelques centaines de mètres de la rue de Pressebourg,
18:59 rue Boissière, un engin sans moteur,
19:01 un engin semblable, explose presque au même moment
19:04 au siège de l'Union des industries métallurgiques.
19:07 Deux agents de police ont trouvé la mort dans ce double attentat.
19:11 Musique douce
19:13 -Ce sont des gens qui viennent de l'action française,
19:16 mais qui trouvent que l'action française, c'est trop mou.
19:19 Donc, ils ont créé le comité secret d'action révolutionnaire.
19:23 Ils ont eu des relations très étroites
19:25 avec le fascisme italien,
19:27 dans un but bien précis, un but de coup d'Etat, un but de Poution.
19:31 Il y a eu un complot de la Cagoule, qui a été révélé.
19:34 Il y a eu un procès de ces Cagoulards.
19:36 Donc, on peut dire d'eux que,
19:39 dans cette espèce de kaleidoscope de monde
19:41 qu'est l'extrême droite française,
19:44 eux, véritablement, visaient la prise du pouvoir
19:48 à la suite du désordre.
19:49 C'est un des gens...
19:51 La Cagoule, il représente, je dirais,
19:54 le monde des châteaux et le monde des techniciens de haut vol.
19:58 Ils se recrutent dans le milieu des anciens polytechniciens
20:01 et chez Michelin.
20:03 -Cette fois-ci, c'est un danger bien réel
20:07 que Jean Renoir avait mis en scène de façon prémonitoire,
20:11 en montrant la haute société fasciste se défouler au pistolet
20:14 sur les effigies des ouvriers communistes.
20:17 -C'est une ouïe. -Il est un or.
20:18 -Il descend son sol à part à chaque coup.
20:21 -Il passera sur mon chef de section.
20:23 -La charge est à peine caricaturale
20:25 et l'extrême violence, en acte, comme en parole,
20:28 sera, hélas, vérifiée bientôt dans les faits.
20:31 -Pourquoi il n'y a pas eu de fascisme en France ?
20:33 Pourquoi il n'y a pas eu de fascistes en France ?
20:36 Pourquoi il n'y a pas eu de menaces fascistes,
20:39 de prise du pouvoir par les fascistes ?
20:41 C'est que la France n'a pas connu une crise catastrophe
20:44 comparable à celle qui s'est passée en Allemagne et en Italie.
20:48 L'autre chose, c'est que la culture républicaine,
20:51 le modèle républicain, l'école républicaine
20:54 a fait son travail.
20:55 La très grande majorité des Français
20:57 est attachée aux institutions républicaines.
21:00 Et même ceux qui veulent un changement,
21:02 les nationalistes de tendance Bonaparti, césariennes,
21:05 ils ne veulent pas renverser la République,
21:08 ils veulent muscler la République,
21:10 une espèce de nationalisme jacobin
21:12 proche du consulat, une république consulaire.
21:15 Donc ceux qui veulent véritablement renverser le régime
21:18 pour établir un pouvoir de style fascisant,
21:21 ils sont très peu nombreux.
21:23 Et ça, à mon avis, ça explique à bien des égards
21:26 que l'on ne bascule pas dans le fascisme avant 1940
21:29 ou dans un régime d'extrême droite en 1940.
21:31 Vous allez me dire "mais oui, 1940, il y a Pétain qui arrive."
21:35 -La défaite de juin 1940
21:36 va propulser le maréchal Pétain au pouvoir
21:39 et permettre à l'extrême droite, pour la première fois,
21:42 de transposer dans la réalité ses idées politiques
21:45 dans la situation exceptionnelle de l'occupation de la France
21:48 par les armées nazies.
21:50 -Le chef de l'Etat va s'entretenir de la reconstruction de l'Europe
21:54 avec le fureur chancelier dont les paroles d'accueil
21:57 rendront hommage à sa valeur, à son courage, à sa sagesse.
22:00 Le vainqueur de Verdun, ici, rend la France à la vie européenne.
22:05 Il a donné aux Français le droit d'espérer.
22:08 Chacun de ses actes leur dit "nous avons à restaurer la France,
22:11 suivez-moi."
22:13 -Ce monsieur de 84 ans, Philippe Pétain,
22:15 le vainqueur de Verdun,
22:17 va apparaître
22:20 comme une sorte d'érisseur de la France,
22:24 capable de résoudre la très grave crise d'identité nationale
22:29 qui secoue la France et les Français
22:32 après la défaite militaire, et quelle défaite militaire,
22:35 de l'été 40.
22:36 Il y a donc un monsieur aux vertus singulières,
22:40 qui est ce vainqueur de Verdun,
22:42 et une attente de la très grande majorité des Français.
22:46 C'est ça, dans le fond, un personnage charismatique.
22:50 Et il faut ajouter que Philippe Pétain
22:54 va demeurer de bout en bout la clé de voûte
22:57 du système vichyssois.
22:59 Sans Pétain, pas de vichy.
23:01 C'est un régime qui pratique, dès l'été 40, l'exclusion
23:06 et qui va devenir de plus en plus répressif,
23:10 au point de terminer dans ce que nous appelons
23:14 un état milicien,
23:15 qui est devenu un état autoritaire ultra-répressif.
23:20 Il va immédiatement poursuivre
23:23 ce qu'on va appeler l'ennemi intérieur.
23:26 L'ennemi intérieur, l'anti-France.
23:28 L'anti-France, c'est les communistes.
23:31 Déjà, la Troisième République les avait pourchassés.
23:34 Ça a été ensuite les francs-maçons,
23:37 dès août 1940.
23:39 Voilà un deuxième ennemi intérieur,
23:42 que vous trouvez déjà chez Maurras,
23:46 que vous trouvez déjà dans les années 1880-1990.
23:50 Et puis, un troisième,
23:53 qui est un ennemi intérieur,
23:56 que sont les Juifs.
23:57 -Après avoir promulgué un statut des Juifs,
24:01 vichy d'Ursy, en 1942, les lois antisémites.
24:04 Beaucoup de Juifs se voient retirer la nationalité française.
24:07 Et, enfants comme parents, 300 000 Juifs sont traités en paria.
24:11 -Marqués d'une étoile jaune, ils vont être raflés,
24:14 internés, puis déportés vers les chambres à gaz du IIIe Reich.
24:18 C'est sur les ordres du président du Conseil, Pierre Laval,
24:21 et du responsable de la sécurité, René Bousquet,
24:24 que la police et la gendarmerie françaises
24:26 vont être complices de la disparition de près de 100 000 Juifs
24:30 arrêtés sur le sol français entre 1941 et 1944.
24:34 -Dans le printemps 1942,
24:36 Hitler a donné comme tâche
24:41 prioritaire à l'ensemble des services du Reich,
24:45 l'armée, l'extermination des Juifs en Europe.
24:50 C'est la solution finale,
24:52 l'Endeleuzung.
24:54 Et comme cadeau, si j'ose dire,
24:57 comme élément de troc à Hitler,
25:01 pour montrer que la France veut effectivement,
25:06 concrètement, collaborer,
25:09 il prête, il donne sa police,
25:13 sa gendarmerie pour faire effectuer les rafles.
25:17 Ils mettent la main dans un engrenage mortel,
25:21 à tous égards, et en tous les cas,
25:23 Don Vichy ne s'est toujours pas relevé.
25:26 -Maréchal, nous voilà
25:30 Devant toi, le sauveur de la France
25:34 -Pétain n'a pas voulu de la création d'un parti unique,
25:37 et l'extrême droite est plus émiettée que jamais.
25:40 A l'exception du colonel de la Roque,
25:42 qui a pris ses distances et sera interné par les Allemands,
25:44 les leaders nationalistes, comme Déat, De L'Oncle,
25:47 soutiennent activement la politique de collaboration avec Hitler
25:50 et la répression de ce qu'ils appellent l'anti-France.
25:54 Le PPF, animé par Jacques Doriot, veut aller plus loin.
25:57 -Ce qui nous intéresse, c'est l'avenir de la France,
26:00 c'est son redressement,
26:01 c'est la possibilité de lui maintenir,
26:04 comme l'a dit le maréchal,
26:05 son rang de grande puissance européenne et coloniale,
26:08 la possibilité de pouvoir regarder nos enfants
26:12 en leur disant, malgré le mépris de certains,
26:16 malgré l'hostilité d'autres,
26:18 "Nous avons travaillé pour que ton sort
26:20 "soit bien meilleur que le mien, soit bien meilleur que le nôtre.
26:23 "Nous avons travaillé pour que tu sois plus heureux que nous.
26:26 "Voilà le lèvre que nous voulons faire."
26:29 Applaudissements
26:31 -Il va essayer de se rendre indispensable.
26:34 -Il va se rendre indispensable aux Allemands
26:36 pour devenir une sorte de petit Führer français.
26:39 En musclant son PPF, qu'il a ranimé,
26:43 et en créant, ou du moins en lançant l'idée
26:46 de la Légion des volontaires français contre le bolcheviste,
26:50 la LVF,
26:52 en juillet 1941.
26:55 ...
27:02 -La lutte qui est ouverte contre le bolchevisme
27:06 doit se terminer par son écrasement.
27:10 Sans l'écrasement du bolchevisme, pas d'Europe !
27:14 Applaudissements
27:16 -Ca veut dire mériter notre place dans l'Europe nouvelle,
27:21 dans l'Europe que va créer la victoire allemande,
27:25 que va créer le Führer.
27:27 Donc, il faut donner notre sang.
27:30 Il ne faut pas se contenter de petites parlotes,
27:33 comme ce qui se passe à Vichy.
27:35 Gentils, Vichy, mes réactionnaires,
27:38 ne comprennent pas ce qui se passe.
27:40 C'est quand même un combat fondamental
27:43 pour la culture, pour l'Europe,
27:46 pour des décennies qui vont suivre.
27:49 Donc, on s'engage militairement.
27:52 -La caravane précédée d'une automitrailleuse
27:55 se dirige vers les points d'appui
27:57 défendus par un des bataillons de la LVF.
27:59 L'ambassadeur salue les légionnaires
28:01 au nom du maréchal chef de l'Etat et du gouvernement français.
28:05 Les volontaires, revêtus de l'uniforme européen,
28:08 portent aux bras les cuissons français
28:10 qui les distinguent de leurs camarades allemands
28:13 et leur évitent de passer pour des mercenaires.
28:15 Un adjudant porte sur la poitrine de nombreuses décorations françaises,
28:19 témoignages de son courage et de sa valeur.
28:21 Ce 1er contact avec nos soldats est particulièrement émouvant.
28:25 Grâce à ces Français, le drapeau de notre pays
28:28 est au choix de cette Bérezina qui vit, il y a 130 ans,
28:31 l'inoubliable épopée des grognards de Napoléon.
28:34 -Maintenant, j'aime les Allemands.
28:36 Quand je rencontre des soldats allemands,
28:39 j'ai envie de leur serrer la main, de leur parler sans motif,
28:42 comme à des gats de chez nous.
28:44 Ainsi parle l'écrivain Robert Braziac,
28:46 l'antijermaniste d'avant-guerre,
28:48 l'éditorialiste de "Je suis partout",
28:50 qui avait appelé à fusiller Léon Blum,
28:52 liquider les communistes, nettoyer le pays des Juifs.
28:55 Il est venu soutenir Jacques Doriot sur le front russe.
28:58 ...
29:00 Cri de guerre
29:02 -Militia !
29:04 -Sur le front intérieur,
29:05 Joseph Darnan, l'ancien cagoulard,
29:07 a remplacé à la direction de la sécurité intérieure
29:10 René Bousquet, jugé trop mou.
29:12 Il a créé une milice sur le mode hitlérien
29:14 qui va se rendre coupable d'une multitude d'exactions,
29:17 de tortures et d'assassinats de résistants.
29:20 -Nous préférons, quant à nous,
29:22 mourir que de subir le triomphe d'Israël.
29:25 -C'est ça, Darnan.
29:26 C'est une sorte de fascisme plébéien.
29:28 En même temps, très répressif.
29:31 Contre les communistes, ça va sans dire,
29:34 mais aussi contre les non-communistes.
29:36 C'est pourquoi les Allemands ont toujours protégé Darnan.
29:40 Il va ensuite essayer d'entrer à la division SS Charlemagne.
29:44 Il partira avec la milice Outre-Rhin.
29:47 Il sera pris,
29:49 jugé,
29:50 condamné,
29:52 fusillé.
29:54 -Et voici Darnan, le tueur, l'homme de la milice.
29:57 L'assassin des Patriotes est là, timide comme un garçon bouché,
30:01 qui se sent les mains rouges.
30:02 Il s'asseyait à la table des ministres,
30:05 auprès du maréchal Pétain, qui n'ignorait rien de lui,
30:08 ni son accord avec Hitler, ni son activité criminelle.
30:11 -Doriot, tué sur le front, ne pourra pas être jugé.
30:14 Brazia, condamné à mort, sera fusillé.
30:17 Moraes, qui a dénoncé les Juifs
30:19 et soutenu sans faille la politique de collaboration,
30:22 est jugé à son tour.
30:24 -Il est condamné à la prison à perpétuité.
30:28 Et il a cette phrase, à la fois superbe et significative,
30:33 que c'était la revanche de Dreyfus.
30:36 -Pétain est-il coupable ?
30:38 Quel sera le sort de Pétain ?
30:41 Les jurés ont parlé.
30:45 Oui, Pétain est coupable.
30:47 Oui, Pétain mérite la mort.
30:50 -Le maréchal Pétain verra sa condamnation commuée
30:53 à la detention à perpétuité.
30:55 Pierre Laval sera lui condamné à mort et exécuté.
30:58 D'autres procès vont suivre.
30:59 1 500 condamnations à mort
31:01 et 44 000 peines de prison sont prononcées.
31:04 Les procès ayant eu lieu avant la libération des camps d'extermination,
31:08 les faits se rapportant au rafle et à la déportation des Juifs
31:11 n'ont pas été jugés.
31:12 A la fin des années 40, l'extrême droite collaborationniste
31:15 est décimée pour de longues années.
31:18 -Il va falloir attendre les débuts des guerres coloniales,
31:21 en particulier l'Indochine,
31:23 pour que cette extrême droite commence,
31:25 timidement, d'abord avec l'Indochine,
31:27 à relever la tête, et puis, bien sûr, avec l'Algérie,
31:31 à refaire surface en se posant
31:33 comme les grands défenseurs de la nation française menacée,
31:36 à la fois par le communisme, par l'islam, par le fanatisme.
31:41 Et là, on retrouvera, bien sûr, cette vieille extrême droite
31:44 française qui va pouvoir se déployer à nouveau
31:47 sur l'ensemble de l'échiquier politique
31:50 de sa clandestinité.
31:52 -En Algérie, après la poussée de terrorisme,
31:54 les opérations se poursuivent méthodiquement dans l'Ores,
31:58 devenu le centre d'action et de défense des nouveaux fellagas.
32:01 Divers accrochages dans les environs d'Arris et de Foumtoub
32:05 ont mis entre les mains des parachutistes
32:07 plusieurs groupes de hors-la-loi.
32:09 -C'est la France.
32:13 C'est pas une colonie lointaine comme l'Indochine,
32:16 c'est pas le Maroc, le Sénégal.
32:18 C'est la France, ce sont des départements français.
32:21 Donc, il s'agit de défendre l'unité de la France menacée.
32:24 Et c'est ce qui va permettre, disons, à cette droite ultra
32:28 de s'avancer.
32:29 D'abord, en 1956, avec les élections,
32:33 fin de l'année 55, début de l'année 56.
32:36 -La campagne électorale pour l'élection du remplaçant
32:38 de M. de Morodia Ferry dans le 1er secteur de la Seine
32:41 s'est achevée sur une note pour le moins houleuse.
32:44 La contradiction s'est donnée libre cours
32:47 à connu des soirées dignes de ces meilleurs spectacles de catch
32:50 avec grenade lacrymogène en supplément hors programme.
32:53 -A cette époque, le mouvement de Pierre Poujat
32:56 fait une entrée dans le paysage politique français.
32:59 Il dénonce les origines juives de Pierre Mendes France,
33:02 accusé de trahison pour avoir mis un terme à la guerre d'Indochine.
33:06 En faisant le plein des voix des petits commerçants,
33:09 Poujat effectue une charge à la USARD
33:11 contre le régime parlementaire
33:13 et obtient 52 sièges à l'Assemblée nationale.
33:15 Son bras droit, Jean-Marie Le Pen,
33:17 qui fait à cette occasion ses premiers pas en politique,
33:20 intervient à l'Assemblée contre le gouvernement,
33:23 qu'il accuse de molesse dans la répression en Algérie.
33:26 Le Poujadisme sera un feu de paille électoral.
33:29 Rapidement, Jean-Marie Le Pen se brouille avec Pierre Poujad
33:32 et remet son mandat de député.
33:34 En 1957, il part en Algérie
33:36 participer aux opérations de police de la bataille d'Alger
33:39 sous le commandement du général Massu.
33:41 Il sera décoré alors que l'écho des tortures
33:44 par l'armée française commence à se faire entendre dans la presse.
33:48 Comme du temps de l'affaire Dreyfus,
33:50 l'opinion commence à se diviser en France
33:52 entre partisans de la paix en Algérie
33:54 et défenseurs de l'honneur de l'armée.
33:57 -On voit s'avancer aussi Jean-Marie Le Pen et d'autres
34:00 pendant la bataille d'Alger.
34:01 Contre le terrorisme, contre le FLN,
34:04 contre le fanatisme musulman, c'est le grand crédo
34:06 d'une extrême droite qui, dans le fond,
34:09 commence à se structurer, à monter en puissance
34:12 pendant la bataille d'Alger, principalement,
34:14 en défense de l'armée, en défense de l'honneur de l'armée.
34:17 Elle se réapproprie ce thème classique, disons, de la droite
34:21 pour s'avancer de plus en plus.
34:23 ...
34:26 -Le 13 mai 1958, une insurrection éclate à Alger
34:29 contre l'investiture à Paris de Pierre Flimelin,
34:32 favorable à des pourparlers avec le FLN.
34:34 La foule algéroise, réunie sous la direction
34:37 de partis angolistes et d'activistes
34:39 comme Pierre Lagaillarde, a pris d'assaut
34:41 le gouvernement général qui est mis à sac.
34:44 ...
34:50 Les généraux Salan et Massu laissent faire.
34:53 Le soir même, le général Massu installe
34:55 un comité de salut public et le général Salan annonce
34:58 qu'il prend en main les destinées de l'Algérie française.
35:01 Sous la menace de la guerre civile,
35:03 la 4e République s'effondre.
35:06 ...
35:08 -Après d'ultimes consultations dans son hôtel parisien,
35:11 le général de Gaulle va se présenter
35:13 à la vestiture de l'Assemblée nationale,
35:15 qui connaît des heures d'une exceptionnelle gravité.
35:18 ...
35:20 -Le général de Gaulle va instaurer l'année suivante
35:23 le régime présidentiel de la 5e République.
35:25 18 mois plus tard, les mesures qu'il avance
35:28 pour trouver une solution au drame algérien
35:30 vont décevoir les partisans de l'Algérie française.
35:33 -Fondamentalement, ce qui va ouvrir, dégager un champ politique
35:36 de l'arme droite française, c'est la position du général de Gaulle
35:40 sur la question algérienne.
35:41 C'est ça qui va lui permettre de réexister à nouveau en France
35:45 de manière beaucoup plus importante.
35:48 Pourquoi ? Parce que le général de Gaulle
35:50 était précisément ce personnage qui occupait
35:53 l'ensemble du champ des imaginaires
35:55 dans la défense de la nation, du résistentialisme politique,
35:59 y compris de la défense de l'Empire,
36:01 et donc de l'Algérie française.
36:03 De Gaulle était sur cette position.
36:05 Le 16 septembre 1959, il fait une déclaration
36:08 où il passe sur une autre position politique,
36:10 c'est-à-dire l'autodétermination pour l'Algérie.
36:13 -Je considère comme nécessaire
36:15 que ce recours à l'autodétermination
36:19 soit proclamé aujourd'hui.
36:21 -C'est à ce moment-là que l'extrême droite française
36:24 sort du bois vraiment, c'est-à-dire qu'elle s'affirme
36:27 publiquement très vite, quelques semaines, quelques mois après.
36:31 Elle organise à Alger ce qu'on appelle les barricades
36:34 de l'arrivée de l'armée, et là, on a en germe
36:36 la constitution de l'OAS, l'Organisation de l'Armée secrète.
36:40 -Les têtes de l'insurrection d'Alger
36:42 sont un célèbre cafetier de Babeloued,
36:44 Jo Ortiz et Pierre Lagayarde.
36:46 A Paris, le général de Gaulle se fait voter des pouvoirs spéciaux
36:50 et affirme qu'il ne reviendra pas sur l'autodétermination.
36:53 -Les patriotes ont conscience de sauver l'avenir des musulmans,
36:57 de l'Algérie, de la France, de l'Occident et du monde libre
37:00 contre les menées du communisme international.
37:03 Ne réussissant pas à entraîner l'armée derrière eux,
37:06 Ortiz prend la fuite et Lagayarde finit par se rendre
37:09 avant de s'évader pour rejoindre en Espagne
37:12 le futur noyau de l'OAS.
37:13 18 mois plus tard, c'est l'armée elle-même
37:18 qui entre en scène en organisant un putsch à Alger,
37:21 en avril 1961.
37:22 A la tête des putschistes, le général Schall,
37:25 commandant en chef en Algérie depuis 1958,
37:27 et les généraux Jouho, Zeller et Salan.
37:30 Tous ces généraux, qui décident de tenir à l'écart
37:33 les ultras d'Alger, prétendent sauver l'honneur de l'armée
37:36 face à la politique du général de Gaulle,
37:39 accusé de brader le patrimoine national.
37:41 Mais les chefs du putsch se heurtent à la passivité
37:44 ou à la résistance du contingent.
37:46 -Ce pouvoir a une apparence,
37:48 un carteron de généraux en retraite.
37:52 Il a une réalité.
37:54 Un groupe d'officiers, partisans,
37:58 ambitieux et fanatiques.
38:02 -Il faut savoir qu'au lendemain du putsch d'avril 1961,
38:05 près de 800 officiers supérieurs de l'armée française
38:08 ont été exclus des rangs de l'armée,
38:11 ce qui est un chiffre énorme.
38:12 Les officiers supérieurs, je ne parle pas
38:15 d'hommes de troupes, parachutistes, commandos d'élite, etc.
38:19 Plusieurs milliers de personnes ont été radiées
38:21 des cadres de l'armée française, mais je parle des officiers.
38:25 Une espèce d'épuration a eu lieu après le putsch.
38:28 Les généraux Salan et Jouau ont rejoint l'organisation
38:31 de l'armée secrète, qui rassemble les officiers putschistes
38:35 et les activistes d'Alger.
38:36 Alors que se négocie à Evian l'indépendance de l'Algérie,
38:40 l'OAS se lance dans une politique de terre brûlée.
38:43 Elle organise des attentats qui frappent la population musulmane
38:46 et les symboles économiques de la présence française.
38:49 Elle procède aussi à l'exécution sommaire
38:52 de pieds-noirs progressistes qu'elle considère comme traîtres.
38:56 ...
38:58 -Presque un an après l'attentat OAS sur la route de Chaumont,
39:01 le général de Gaulle a servi de cible
39:03 à ses adversaires déterminés.
39:05 Dans la nuit, après l'attentat du Petit Clamard,
39:08 nous avons suivi les premiers pas de l'enquête.
39:11 -Le commando de l'attentat manqué est arrêté
39:13 et son chef, le colonel Bastien Thiry, est fusillé.
39:16 La défaite de l'OAS sonne la fin de la guerre d'Algérie,
39:20 car référendum approuve en métropole à 90 % des votants.
39:23 La grande majorité des pieds-noirs, 900 000 sur 1 million d'Européens
39:27 établis en Algérie, émigrent alors dans des conditions tragiques.
39:30 Le traumatisme restera indélébile.
39:33 -Ce qu'il faut savoir, c'est qu'énormément d'Européens d'Algérie
39:36 votaient à gauche avant 54-55.
39:38 Des quartiers entiers, comme d'Algier, comme Bab-el-Oued,
39:41 étaient des municipalités communistes.
39:44 Or, la guerre, l'engrenage,
39:46 toute une série de facteurs qui seraient très longs d'expliquer ici,
39:49 fait qu'il y a un glissement de la population
39:52 et un glissement quasiment communautaire.
39:55 Un abandon des positions de classe,
39:57 un abandon de l'imaginaire communiste
40:00 et un glissement sur des positions nationalistes,
40:03 en défense de l'Algérie française.
40:05 C'est ça qui détermine leur posture principale.
40:08 Or, certains, beaucoup même, sont des gens de gauche,
40:12 sont des anciens communistes,
40:14 ce sont des communistes ou des socialistes
40:16 qui vont basculer à l'OAS.
40:18 Ils vont donner ce nouveau visage à l'extrême droite française
40:22 pour rebondir dans les années 80
40:23 dans la lutte contre l'immigration algérienne.
40:26 Ils retrouvent les accents de la bataille
40:28 qu'ils avaient menées 20 ans auparavant
40:31 au moment de l'Algérie française.
40:33 -Dix ans après le drame algérien,
40:41 une nouvelle organisation, Ordre Nouveau,
40:43 fait son apparition en 1971.
40:45 Son nom fait ouvertement référence à l'idéologie pétenniste.
40:48 Ses activités sont essentiellement dirigées
40:51 contre l'influence des groupes d'extrême gauche
40:54 très actives dans le milieu étudiant.
40:56 Parmi ses dirigeants, un proche de Jean-Marie Le Pen,
40:59 Maître Galvert, donne le ton.
41:01 -Deux ans de gauche ici,
41:03 deux ans de barrière,
41:06 de brouillou, de vermine,
41:08 deux ans de drapeau rouge, de drapeau noir,
41:11 de piéçage, de cheveux gras,
41:13 les épaules des gorges, en France.
41:15 La racaille remonte.
41:17 Cette racaille...
41:20 ...
41:22 Elle nous proposait, dans son joli bras doué,
41:26 de nous considérer tous comme des juifs allemands.
41:29 -Oh !
41:31 -Oh !
41:32 -Oh !
41:33 -Nous, pour lesquels la naturalisation
41:35 remonte à quelques dizaines de siècles,
41:38 nous ne sommes pas des juifs allemands.
41:41 -Oh !
41:42 -Oh !
41:43 -Oh !
41:44 -Pen ! Pen ! Pen ! Pen ! Pen ! Pen ! Pen ! Pen ! Pen ! Pen !
41:49 -A la fin des années 60,
41:51 l'extrême droite est à la recherche d'un nouveau combat,
41:54 mais elle n'arrive pas à le trouver.
41:56 Or, pourtant, ce qui va se passer en mai 68 en France
41:59 aurait pu être l'occasion d'un retour.
42:02 Et tout ce thème de la loi et de l'ordre,
42:05 de la menace sur les fondements même
42:08 du fonctionnement de la société,
42:11 c'est la droite classique qui le récupérera.
42:13 C'est le général de Gaulle, c'est le parti gaulliste,
42:17 qui, dans les élections de juin 68,
42:19 récupérera toute cette thématique
42:22 et connaîtra une victoire législative sans précédent.
42:26 Et l'extrême droite reste dans la marginalité groupusculaire.
42:30 Elle le restera encore pendant de longues années,
42:33 à peu près pendant toutes les années 70.
42:35 -Il n'est pas admissible que le premier sous-développé
42:38 quitte son cocotier pour venir s'installer ici
42:41 sous prétexte que le cadre lui plaît.
42:43 ...
42:47 -La France est une nazie !
42:50 Je suis à Paris et je ne veux pas de nazis ici.
42:53 -En 1973, à la suite d'affrontements
42:57 particulièrement violents avec les contre-manifestants
43:00 d'extrême gauche qui attaquent ces meetings,
43:03 ordre nouveau est dissous par le ministre de l'Intérieur.
43:06 Battu dans la rue, l'extrême droite est dans une impasse.
43:09 -Cette extrême droite va éprouver le besoin
43:11 de rassembler plusieurs des familles de l'extrême droite.
43:14 Et ça va se faire par la création, en 1972, du Front National.
43:19 Et on s'aperçoit, dès le départ,
43:22 quand on regarde l'organigramme du Front National en 1972,
43:25 qu'il y a là à peu près toutes les familles.
43:27 Il y a quelques royalistes, il y a des nationalistes,
43:30 il y a des néofascistes, il y a les héritiers d'ordre nouveau.
43:34 D'ailleurs, le Front National, c'était avant tout,
43:36 pour ordre nouveau, le souci de se donner un visage respectable.
43:40 Et dans ce souci de respectabilité, d'intégration aux jeux politiques,
43:44 ils vont aller vers un homme qui n'était pas parmi les leurs,
43:48 vers Jean-Marie Le Pen.
43:49 -Nous sommes la droite, oui.
43:51 Nous sommes la droite populaire,
43:53 qui est hantée sur les valeurs traditionnelles,
43:56 qui, à nos yeux, ont fait les 2000 ans de notre histoire.
43:59 Nous sommes la droite sociale, qui ne sépare pas
44:01 la patrie de l'amour de son peuple.
44:04 Nous sommes aussi la droite nationale,
44:06 pour qui le cul de la patrie est la forme la plus élevée
44:09 de la solidarité entre les hommes de notre peuple.
44:12 -Il ne faut pas oublier qu'en 1974,
44:14 Le Pen avait été candidat à l'élection présidentielle.
44:17 Il avait fait moins de 1 % des suffrages exprimés.
44:19 Donc on voit bien comment, au fond, ces combats de chapelle
44:23 étaient des combats obscurs qui ne mobilisaient pas
44:25 sur la scène électorale.
44:27 Mais en revanche, en même temps qu'il y a ces combats obscurs,
44:30 il se passe des choses sur le terrain idéologique.
44:33 Il y en a essentiellement deux.
44:35 Il y a d'un côté, ça avait commencé d'ailleurs un peu avant,
44:38 la divulgation de thèses qui sont des thèses négationnistes,
44:43 qui prétendent revisiter l'histoire de la Seconde Guerre mondiale
44:47 et qui débouchent sur de multiples interrogations
44:51 et puis ensuite négations, en particulier,
44:54 de la dimension de l'Holocauste.
44:56 -Je ne dis pas que les chambres à gaz n'ont pas existé.
45:00 Je n'ai pas pu moi-même en voir.
45:03 Je n'ai pas étudié spécialement la question.
45:06 Mais je crois que c'est un point de détail
45:09 de l'histoire de la Deuxième Guerre mondiale.
45:11 -Vous mettez en doute... -C'est un point de détail ?
45:14 6 millions de morts ? -Est-ce que vous...
45:16 -Je n'ai pas compris, mais... -6 millions de morts, comment ?
45:20 -Juifs. Vous considérez que c'est un point de détail ?
45:23 -Non, c'est la question qui a été posée.
45:25 Comment ces gens ont été tués ou non ?
45:28 -C'est pas un point de détail.
45:30 -C'est un point de détail, de la guerre, oui.
45:32 Ecoutez, voulez-vous me dire
45:34 que c'est une vérité révélée à laquelle tout le monde doit croire ?
45:40 -Et puis, il y a un 2e courant que l'on va connaître
45:43 dans les années 70, qui est un courant
45:45 qu'on a appelé le courant de la Nouvelle Droite, grosso modo.
45:48 C'est un courant où des auteurs, pas toujours négligeables,
45:52 vont entreprendre de renouveler un peu
45:55 tout le corps d'idée de l'extrême droite traditionnelle.
45:59 Ils vont pratiquer une modernisation, au fond,
46:02 des différentes thématiques de l'extrême droite.
46:05 On ne va plus parler de racisme,
46:07 on parlera de culte de la différence.
46:10 Donc, peu à peu, on rend certaines idées,
46:13 qui étaient des idées sulfureuses de l'extrême droite,
46:16 peu à peu respectables.
46:18 Certains tabous tombent
46:20 et un certain type de discours, qui pouvait paraître archaïque,
46:24 se présente sous un jour plus présentable.
46:28 -Ca existe, les races, chers amis. Ca existe, voyez-vous.
46:30 Il y a des Noirs, il y a des Jaunes,
46:32 il y a la race Kabyle, la race arabe,
46:35 enfin, bref, ça existe, oui. Ne croyez pas.
46:37 Alors, je crois que cette espèce d'inhibition sémantique
46:41 qui consiste à considérer ce mot,
46:44 c'est confondre le racisme et la race.
46:47 C'est...
46:48 Il me semble, oui. Non, ne croyez pas.
46:53 Vous ne croyez pas qu'il y a une race juive ?
46:56 -Le caractère incendiaire de la thématique de Le Pen
47:00 naît dès les années 84-85.
47:03 Pourquoi ? Parce que Jean-Marie Le Pen va connaître
47:06 ses premiers succès électoraux
47:08 autour de deux confusions...
47:11 extrêmement dangereuses à manier.
47:15 Il va d'abord dire aux Français...
47:18 "L'immigration est à l'origine du chômage."
47:21 Ce sont les premières affiches de Le Pen en 84.
47:24 Donc, il va désigner un bouc émissaire en chair et en os aux Français
47:29 à ce qui ne va pas.
47:31 Les immigrés sont responsables du chômage,
47:33 les immigrés sont responsables de la délinquance.
47:35 Il va redécouvrir quelque chose que l'on connaît dans l'histoire
47:38 depuis extrêmement longtemps
47:40 et que l'historien de l'antisémitisme, Léon Poliakoff,
47:43 appelle la causalité diabolique.
47:45 Poliakoff dit, quand on regarde l'histoire,
47:48 il y a toujours de grands tribuns populistes, démagogues,
47:50 qui n'hésitent devant rien pour expliquer ce qui ne va pas.
47:54 Et qui disent toujours que si ça ne va pas, c'est à cause d'eux.
47:58 Ils désignent un diable.
48:00 La causalité, pour eux,
48:01 de tel ou tel phénomène s'incarne dans un diable.
48:04 Les diables, il y en a eu dans l'histoire.
48:05 Dieu sait si l'extrême droite les a utilisés.
48:07 Les francs-maçons, les Juifs, les étrangers,
48:11 les cosmopolites, les technocrates,
48:14 les intellectuels qui perdent leur temps, etc.
48:16 Il est temps de chasser du pouvoir
48:21 les menteurs, les corrompus, les voleurs.
48:27 Il est temps que le peuple fasse entendre sa voix
48:32 et exprime sa volonté.
48:35 Abat la République, République des ripoux !
48:40 -Cessez ! Cessez ! Cessez !
48:44 -A nouveau sous la statue de Jeanne d'Arc,
48:46 au lendemain du premier tour des élections présidentielles de 2002,
48:50 la foule célèbre le 1er mai le succès électoral de Jean-Marie Le Pen,
48:53 qui vient d'obtenir 17 % des suffrages exprimés.
48:57 -Jean-Marie Le Pen, président !
48:59 -Dans une campagne très policée et relativement modérée,
49:02 il a réussi à capter un nouvel électorat
49:04 en s'adressant à l'ensemble des mécontents.
49:06 -Il ne faut pas oublier que Jean-Marie Le Pen
49:10 est depuis de longues années le premier candidat en milieu ouvrier,
49:14 alors que jusque dans les années 70,
49:18 la classe ouvrière française était le bastion de la gauche.
49:21 Par exemple, la dernière élection,
49:23 mais Jean-Marie Le Pen était très nettement devant tous ceux
49:27 qui se réclament du combat de la classe ouvrière
49:29 à l'extrême-gauche, au Parti communiste ou ailleurs.
49:32 Donc il y a bien là, si vous voulez, le symptôme des souffrances,
49:37 des difficultés de cette France industrielle
49:41 à rentrer dans un autre âge.
49:43 Ça, c'est le 1er terrain.
49:46 Le 2e terrain, c'est le terrain de ce que j'appellerais
49:50 les inquiétudes de toute une série de milieux sociaux en France
49:55 par rapport à l'ouverture de nos sociétés.
49:58 Il y a là toute une série de milieux qui disent qu'ils sont inquiets.
50:01 "Nous sommes inquiets et il faut arrêter le mouvement."
50:04 Donc ce camp de la société fermée
50:07 est la base de la dynamique électorale du Front national.
50:11 Et ça lui permet de sortir, j'allais dire de l'électorat d'extrême droite,
50:14 mais d'extrême droite au sens propre du terme, c'est très peu de choses.
50:18 J'allais dire, pour arriver à 15, 16, 17, 18 %,
50:21 il faut bien d'autres électeurs.
50:24 Et il a été beaucoup les chercher
50:26 dans ces milieux inquiets de l'ouverture économique et sociale.
50:30 1re, 2e, 3e...
50:32 Ainsi, l'histoire des Républiques françaises
50:35 est scandée par le danger toujours renaissant de l'extrême droite.
50:38 Monarchistes, antisémites, boulangistes, nationalistes,
50:41 fascistes ou populistes, elle se nourrit des crises,
50:44 des peurs et des malheurs successifs de la nation
50:46 et prend la posture de la vraie France et du vrai peuple
50:49 contre la démocratie républicaine.
50:51 Mais seule l'occupation étrangère en 1940
50:54 lui a permis un accès éphémère au pouvoir.
50:57 Car si elle gouverne parfois mal, la République se défend bien,
51:00 les citoyens en sont les garants.
51:02 *musique*

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