"Pour moi, la laïcité est morte": l'interview en intégralité de Mila

  • il y a 5 mois
Mila est l'invitée de BFMTV-RMC ce lundi.

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Transcript
00:00 Il est 8h32 et vous êtes bien sur RMC et BFM TV. Bonjour Mila.
00:03 Bonjour.
00:04 Merci d'être à ce micro ce matin. Mila, votre prénom est connu de la France entière.
00:09 Vous étiez devenue l'affaire Mila. Vous avez aujourd'hui 20 ans.
00:13 Votre vie a basculé le 18 janvier 2020. Vous aviez 16 ans.
00:17 Vous êtes insultée sur les réseaux sociaux, sur Instagram plus précisément.
00:20 Inch'Allah, meurs sale pute.
00:22 En réponse, vous avez vous-même insulté le prophète Mahomet en des termes très crus.
00:26 Et là, tout va très vite. 50 000 menaces de mort et de viol en quelques heures.
00:32 La présidente de l'association de protection des mineurs sur Internet e-Enfance avait raconté à l'époque,
00:36 et je voudrais qu'on entende cette phrase pour qu'on comprenne ce qu'il vous est arrivé.
00:40 Jamais un mineur n'avait été victime d'une telle viralité.
00:44 À l'époque, l'activité autour de Mila dépassait le nombre de messages
00:47 ordinairement échangés lors d'un événement comme la Coupe du monde de football.
00:52 Aucun lycée dès lors ne considère pouvoir assurer votre sécurité.
00:55 Vous êtes donc déscolarisée, mise sous protection.
00:58 Et 13 de vos cyberagresseurs ont été jugés.
01:01 11 ont été condamnés à des peines de prison.
01:04 Une condamnation à la prison de plus un an après, après des menaces à Malte.
01:10 Vous n'aviez accordé, Mila, qu'une seule interview en direct.
01:14 C'était donc il y a quatre ans, face à Yann Barthez sur le plateau de quotidien.
01:17 Et vous avez choisi ce matin de vous exprimer à nouveau à mon micro.
01:21 Pourquoi maintenant, Mila ?
01:23 Je pense qu'il y a l'effet d'actualité qui ressasse énormément ce qui a pu m'arriver.
01:28 Comme j'ai pu le dire ces derniers temps, avec mes parents,
01:34 qui sont actifs notamment sur les réseaux, avec les personnes qui m'entourent,
01:38 on avait prévenu de ce qui allait arriver par la suite,
01:41 que des situations de violence extrême au sein des lycées,
01:45 qui passent par un harcèlement au travers des réseaux,
01:48 ne cesseraient de s'accentuer.
01:51 Ce n'est que le début et malheureusement,
01:55 on ne parvient toujours pas à assumer d'où vient le problème pour trouver des solutions.
02:02 On va essayer de comprendre avec vous.
02:04 D'abord, je voudrais savoir comment vous, Mila, vous réagissez
02:07 quand cette semaine, vous entendez les propos de la maman ou de la grand-mère de Samara,
02:13 agressée à Montpellier, qui disent qu'elle a été traitée de mécréante.
02:17 Mécréante, ça fait partie des injures qui vous avaient été envoyées à la figure sur les réseaux sociaux.
02:23 Vous avez d'ailleurs réagi dans le journal Le Point,
02:25 après aussi les menaces de mort contre le proviseur du lycée Maurice Ravel à Paris.
02:32 Quand vous dites ces cas ces derniers temps,
02:35 vous pensez à cela, vous pensez aussi à ce qui s'est passé à Chamceddine,
02:38 quand on voit l'extrême violence, il a été massacré à mort devant son collège à Viry-Châtillon.
02:45 Comment on réagit quand on entend tout ça et qu'on est Mila ?
02:48 Comment on réagit ?
02:55 Je ne dirais pas prétendre avoir plus de colère que n'importe qui, que les parents.
03:02 Je revis forcément comme des flashbacks d'une certaine violence.
03:09 J'ai l'impression que lorsque j'étais au lycée, ça remonte à hier,
03:12 alors que c'était il y a quatre ans, mais bon, ça dépend à quelle échelle j'ai envie de dire.
03:16 C'est la peur ? C'est la colère ?
03:21 Non, c'est la colère. Je n'ai jamais eu peur.
03:24 J'ai toujours voulu apprendre aux autres à ne pas avoir peur,
03:28 à apprendre qu'il y a une manière de confronter ces individus.
03:33 Au sein des établissements, moi j'ai l'impression qu'on a une véritable police des mœurs dans les lycées.
03:41 Une police des mœurs de la part des autres jeunes ?
03:45 De la part des élèves, qui sont d'ailleurs encouragés souvent par leurs parents vis-à-vis de leur éducation,
03:50 qui se sentent en totale impunité.
03:54 On parle de jeunes, mais qui s'encouragent mutuellement.
03:58 En général, c'est vraiment quand on est au sein de ma génération qu'on comprend comment ça se passe.
04:05 C'est déjà des groupes Snapchat de personnes qui se menacent, c'est massif.
04:09 Il y a des trentaines, des cinquantaines de personnes, ça ne s'arrête jamais.
04:13 Je ne sais pas si les parents ferment les yeux ou s'ils n'ont juste rien à foutre.
04:18 Vous ne vous inquiétez pas, vous parlez avec votre vocabulaire et votre âge aussi, Mila.
04:23 Oui. Ayant été au lycée, je sais pourtant que, je ne dirais pas les professeurs,
04:30 mais les encadrants, les proviseurs sont en général informés de ce qu'il se passe.
04:35 Mais c'est tellement plus facile de mettre ça sous le tapis,
04:39 parce qu'on connaît la violence de ce profil d'agresseur, justement.
04:44 Est-ce que vous voulez dire qu'au-delà de la peur des jeunes eux-mêmes,
04:48 il y a une forme de peur des encadrants qui ne confrontent pas forcément le problème ?
04:54 Sur le cas de Samara, à Montpellier, ce que l'on découvre,
04:59 c'est qu'au-delà de l'agression qui a eu lieu mardi à la sortie du collège,
05:03 c'est une jeune fille qui était agressée depuis un an et demi, semble-t-il,
05:08 notamment par une autre jeune fille.
05:10 La maman dit d'ailleurs que c'est à partir du moment où Samara est devenue coquette,
05:15 où elle s'éteint les cheveux,
05:17 l'autre jeune fille s'est mise à lui cracher sur les cheveux tous les jours.
05:21 La maman dit qu'elle était même obligée de se laver les cheveux tous les jours.
05:24 C'est de là que ça a commencé.
05:26 Dans ce cas-là, c'est quoi ?
05:31 On n'est jamais assez musulmane, on n'est jamais assez couverte.
05:34 Moi, quand j'étais au lycée, si je peux ressasser mon témoignage,
05:38 je me faisais cracher dessus, jeter des cailloux dessus,
05:41 parce que je portais des shorts,
05:44 parce que parfois je me mettais des mèches bleues,
05:46 parce que je m'affichais avec une fille avec qui je sortais dans mon lycée.
05:51 Vous avez été tristée de l'esbièse, ce qui était une injure sur les réseaux.
05:55 Et encore, je n'ose imaginer la pression que doivent subir ces jeunes filles,
06:00 qui ont justement cet entourage autour d'elles,
06:04 à majorité musulmane, cette pression.
06:09 Je ne sais pas quel entourage elle a,
06:13 mais on attend d'elle qu'elle convienne à ces standards-là,
06:19 qui ne devraient même pas exister.
06:21 Je pense qu'on parle de laïcité au sein des établissements.
06:24 Est-ce que la laïcité est encore efficace aujourd'hui ?
06:26 Pour moi, la laïcité est morte.
06:28 Je précise d'ailleurs, et au fond c'est assez frappant ce que vous dites,
06:32 que la maman de Samara, quand elle s'est exprimée
06:35 et qu'elle a raconté ce que subissait sa fille,
06:39 elle a précisé, elle a dit "ce n'est pas contre les croyants, les musulmans,
06:45 nous-mêmes nous sommes une famille pieuse",
06:47 elle a même précisé, peut-être parce qu'elle avait besoin justement de le préciser,
06:52 que sa fille respectait le ramadan,
06:56 mais elle l'a aussi précisé, et c'est elle qui a donné ces éléments,
06:59 que la jeune fille à l'origine de cette extrême violence contre Samara
07:04 était une jeune fille voilée, dont la mère était voilée.
07:07 Ce que vous voulez dire, c'est que la pression que vous, vous avez subie,
07:10 elle est pire chez les jeunes filles émancipées, je dirais, c'est ça ?
07:14 Je pense, de toute façon, on voit bien qu'elle a tenu ce double discours,
07:18 ensuite, parce que je pense qu'elle a dû recevoir une certaine pression,
07:21 ou surtout parce qu'elle s'est sentie menacée,
07:23 et je répète, ça reste une mère qui veut protéger son enfant,
07:26 mais oui, je pense que ces jeunes filles ont une pression vis-à-vis de leur entourage,
07:31 mais qui est colossale, que ce soit des jeunes filles qui sont dans les quartiers,
07:36 qui ne peuvent pas forcément s'habiller comme elles le souhaitent.
07:39 Moi, rien que dans mon entourage, j'ai des copines qui me disent,
07:43 "Pour aller dans certains endroits, pour être acceptée avec telle personne,
07:47 pour traîner dans certains quartiers, je porte une burqa et personne ne me fait chier".
07:52 Et le problème, c'est qu'avec ce genre de dictat, avec cette charia qu'ils imposent,
07:58 avec tellement de facilité, finalement, il y a des samarras qui se font tabasser,
08:04 il y a des élèves systématiquement qui vont subir les mêmes acharnements.
08:11 C'est que le début, ça ne va jamais s'arrêter,
08:13 puisqu'on n'est même pas capable de reconnaître le fond du problème,
08:15 parce que l'islam n'a rien à voir avec l'islam, évidemment, et de trouver des...
08:19 - L'islam n'a rien à voir avec l'islam, qu'est-ce que vous voulez dire ?
08:21 Je me souviens d'ailleurs qu'à l'époque, vous aviez dit que vous regrettiez
08:26 que vos propos aient pu heurter ce qui, je cite, pratique leur religion.
08:29 - Parce qu'on m'a demandé de le dire avant de passer sur ce plateau-là,
08:31 et c'est pourquoi ça me tient à cœur de m'exprimer à nouveau sur un plateau différent.
08:34 - Vous distinguez l'islamisme ?
08:35 - C'est un briefing qu'on a fait.
08:36 Tu vas dire, quand tu vas arriver, tu vas regarder Yann Barthez-Roy dans les yeux,
08:39 tu vas lui dire, mot pour mot à peu près, "Je suis désolée,
08:42 je suis un petit peu désolée pour les personnes que j'aurais pu offenser,
08:45 mais je ne suis pas désolée, je n'ai jamais été désolée,
08:47 j'ai récidiviste sur les réseaux, j'en ai jamais eu rien à faire, j'ai recommencé,
08:50 j'ai montré justement que cet acharnement qu'on a fait à mon encontre,
08:53 que les menaces, le lynchage, le fait d'avoir sali mon image,
08:56 mais ça a produit l'effet inverse.
08:57 Aujourd'hui, j'ai la haine, aujourd'hui j'ai la rage,
09:00 je n'ai jamais cessé d'affirmer mes prises de position,
09:04 j'ai développé mon libre-arbitre, mon esprit critique.
09:07 - Qu'est-ce que ça veut dire Mila, aujourd'hui,
09:09 quand vous dites le problème, il y a islam et islam ?
09:15 - Alors moi, on m'a vraiment fait le briefing, tu dois...
09:18 - Moi je ne vous fais aucun briefing, je veux savoir ce que...
09:20 - Non, non, non, justement...
09:21 - Aujourd'hui, une jeune fille comme vous, qui a 16 ans,
09:24 a basculé, s'est retrouvée bunkérisée, déscolarisée,
09:28 qu'est-ce que vous êtes devenue aujourd'hui ?
09:30 C'est-à-dire, quand vous dites "j'ai mon libre-arbitre, j'ai ma liberté",
09:33 est-ce que ce que vous combattez, Mila, c'est cette pression considérable,
09:41 si j'en crois ce que vous dites,
09:43 y compris sur certaines de vos copines qui disent
09:45 "en fait, je porte même la burqa pour juste qu'on me laisse tranquille,
09:49 pour pas qu'on me fasse chier, pour reprendre votre mot" ?
09:51 - Quand elles vont acheter leurs extensions dans des quartiers afro,
09:53 elles sont obligées de s'habiller de cette façon-là,
09:55 pour pas avoir de problème.
09:56 Puis aujourd'hui, rien que moi, en tant que femme,
09:59 quand je me balade dans la rue, à Lyon, à Paris, n'importe où,
10:02 moi je me pose même pas ce genre de questions.
10:05 - La liberté d'emmerder Dieu, voilà l'expression qui avait été utilisée
10:08 par votre avocat, Richard Malka, qui en a fait un ouvrage.
10:13 Vous avez revendiqué le droit au blasphème,
10:16 qui est un droit parfaitement légitime en France.
10:20 Est-ce qu'aujourd'hui, c'est ce droit-là qui est pour vous menacé ?
10:24 - Bien sûr.
10:26 C'est ce droit-là et toutes les valeurs de la République,
10:31 de toute manière, qui vont à l'encontre des lois de l'achariat.
10:37 On est sur une question de morale.
10:38 C'est-à-dire quand on voit, effectivement,
10:40 on parlait tout à l'heure de la question de la pudeur,
10:42 du manque de pudeur supposé qui aurait été reproché à Samara.
10:45 On n'a que les premiers éléments du drame de Viry-Châtillon,
10:50 où Chamsiddine a été tabassée à mort, semble-t-il,
10:54 par des grands frères, qui sont d'ailleurs mis en examen
10:58 au moment où on se parle, et qui auraient voulu agir en représailles
11:03 à des échanges avec leurs sœurs.
11:06 Là encore, c'est une question de morale, de religion,
11:10 de brigade des mœurs.
11:12 - C'est une question de personne, de milieu d'individus.
11:16 Moi, j'ai du mal à me dire que c'est une minorité
11:19 qui sont incapables de considérer que la religion,
11:23 c'est quelque chose de privé.
11:25 Donc oui, c'est une question de morale.
11:29 - C'est pour vous la même chose que ce que vous avez subi ?
11:33 Vous avez le sentiment de revivre ce que vous avez subi ?
11:36 - En partie.
11:39 Moi, j'ai jamais vécu ces violences physiques.
11:41 Je sais très bien que si je m'étais rendue à mon lycée
11:44 le lendemain de cette vidéo-là,
11:47 où il y a eu ce déferlement sur les réseaux,
11:50 il y avait quand même tous ces jeunes de mon lycée
11:54 qui m'attendaient avec de l'acide, qui m'attendaient avec des couteaux.
11:57 Je n'ose imaginer ce qui me serait arrivé à ce moment-là.
12:01 À cet âge-là, n'étant pas en capacité de me défendre.
12:04 - D'ailleurs, aujourd'hui, je précise les choses,
12:07 vous souhaitez devenir coach sportif.
12:10 Vous dites que vous passez deux heures par jour aujourd'hui
12:13 à vous entraîner, à vous muscler.
12:17 Est-ce que c'est une réponse à ce besoin quasi vital ?
12:22 - Alors déjà, c'est une façon pour moi de garder le contrôle.
12:27 Parce que quand on a piétiné votre image,
12:30 quand on vous a accusé de toutes les choses les plus sordides,
12:34 quand j'en suis arrivée à un point où je n'arrivais même plus à me reconnaître
12:40 à part au travers de toutes ces choses atroces
12:46 que je lisais, que je recevais, que j'entendais de moi,
12:49 ça m'a permis d'avoir un contrôle d'abord sur mon corps,
12:52 puis sur mon esprit, de me sentir plus forte.
12:54 Le fait de vouloir à tout prix avoir un corps puissant
12:59 et le plus polyvalent possible, que ce soit par la force,
13:02 que ce soit par le combat, la souplesse, c'est pas encore ça,
13:06 et même le cardio, c'est une façon de se sentir un peu comme un super-héros,
13:11 ce que je ne serai jamais évidemment, mais j'aurai toujours au moins
13:15 cette sensation de prendre le dessus, de prendre les devants,
13:19 d'avoir, je me répète un peu, un contrôle sur moi-même,
13:24 sur l'emprise que je peux avoir à mon tour.
13:29 C'est à la croisée de tout ce que vous dites, ce qui vous est arrivé,
13:32 et ce que l'on voit ressurgir à nouveau, sans jamais que ça soit vraiment éteint,
13:36 mais avec ces drames cette semaine.
13:39 Mais là, il y a la question de la violence, de l'ultra-violence,
13:42 il y a la question d'une forme d'islamisation, de morale, de brigade des mœurs,
13:49 il y a la question des réseaux sociaux.
13:51 Vous avez dit régulièrement, au fond, "demain j'arrête les réseaux sociaux",
13:56 ou "je vais faire mes Twitter", et finalement vous y revenez.
14:01 Est-ce que vous vous dites, comme le dit Nicole Béloubet,
14:04 qu'une des réponses doit être aussi de priver de réseaux sociaux les jeunes ?
14:07 Est-ce que c'est une des réponses, ou est-ce que c'est juste un cache-misère ?
14:11 Moi, à cet âge-là, ou plus jeune en tout cas,
14:15 je me dis que moi, ainsi que toute ma génération,
14:17 on n'aurait déjà jamais dû avoir les réseaux sociaux.
14:20 Déjà, rien que dans le développement d'un adolescent, c'est désastreux.
14:24 Et oui, on a parlé quoi de retirer les téléphones ?
14:29 Interdire les téléphones dans l'enceinte des établissements,
14:31 c'est ce que propose la ministre de l'Éducation.
14:33 Oui, mais c'est une solution qui est complètement à côté de la plaque.
14:36 C'est complètement...
14:39 C'est mieux que rien, si je vous écoute ?
14:41 Non, ce n'est pas mieux que rien, ça n'a rien à voir avec le fond du problème.
14:46 J'avais entendu parler d'éventuellement proposer aux parents, aux élèves,
14:53 de signer une charte sur la laïcité.
14:55 Même ça, je n'y crois pas forcément.
14:57 Ce n'est pas forcément à moi de...
14:58 C'est une proposition des sénateurs.
15:00 Les sénateurs, dans un rapport après la mort de Samuel Paty,
15:04 disent que le système est assez catastrophique,
15:06 que la réalité dans les collèges et les lycées est très douloureuse.
15:09 Ils proposent 38 propositions, dont celle que vous évoquez.
15:13 C'est-à-dire l'idée de dire aux parents et aux enfants
15:16 de signer une forme de charte de la laïcité,
15:18 de rapport à la religion,
15:20 expliquer quel est le rapport à la religion,
15:22 la liberté de croire ou ne pas de croire,
15:24 la liberté d'ailleurs de croire comme on le souhaite
15:26 et de pratiquer sa religion comme on le souhaite,
15:29 mais en dehors de l'école.
15:30 Ça ne vous paraît pas aller dans le bon sens ?
15:32 Potentiellement, après, ce n'est pas forcément à moi
15:36 de juger quelle solution est la bonne.
15:38 En tout cas, je sais reconnaître le fond du problème.
15:41 Je pense que supprimer les réseaux sociaux
15:43 auprès de tous ces jeunes, ce serait envisageable.
15:47 Je pense que ce ne serait même pas réaliste.
15:49 En revanche, si on pouvait trouver une façon
15:52 vraiment endurcie, voire radicale,
15:55 de les sanctionner pour le moindre prosélytisme,
15:59 je pense que ça pourrait bouger.
16:01 Pour vous, le problème, c'est plutôt le prosélytisme ?
16:02 Oui, bien sûr.
16:03 Donc, le problème, ce n'est pas les réseaux sociaux,
16:04 c'est la religion ?
16:05 Aujourd'hui, c'est une tendance.
16:06 La décessation de la France, c'est une tendance.
16:09 La montée de l'islam, quand on voit toutes ces gamines
16:12 qui portent un hijab, une abaya un jour,
16:14 et un crop top l'autre,
16:15 c'est devenu aussi un effet de mode,
16:17 comme les transitions de genre et compagnie.
16:21 Je ne vais pas déraper de sujet.
16:23 D'ailleurs, vous dites vous-même,
16:24 je ne vais pas déraper de sujet.
16:25 Aujourd'hui, vous le dites.
16:27 Est-ce qu'aujourd'hui, on vous a vu vous afficher
16:30 avec un certain nombre de militants,
16:33 notamment de l'association Mnemesis,
16:35 qui se revendiquent comme des identitaires.
16:37 Aujourd'hui, qui j'ai au fond ?
16:39 Est-ce que vous êtes la Mila qui,
16:41 quand elle avait 16 ans, était très isolée ?
16:43 Et d'ailleurs isolée tristement et tragiquement
16:45 par la force des choses,
16:46 parce que vous avez été obligée de vous bonkériser,
16:48 en quelque sorte, tant vous étiez menacée.
16:50 Est-ce que vous êtes toujours cette Mila ?
16:52 Est-ce que vous êtes aujourd'hui une Mila militante ?
16:55 Militante, ce n'est peut-être pas le terme.
16:57 Je reste quand même une Mila qui fait de la muscu
16:59 et qui fait principalement ça sur les réseaux.
17:01 Je ne fais pas non plus de politique.
17:04 Je m'exprime spontanément.
17:06 Je l'ai toujours montré.
17:08 Et je veux d'ailleurs montrer l'exemple
17:10 d'une parole parfaitement libre, des idées assumées.
17:13 Et même si je peux être séduite
17:15 par les idées de certains partis
17:17 ou pas forcément vis-à-vis de certaines,
17:20 je m'exprime simplement.
17:22 Je prends certaines prises de position.
17:26 J'ai un entourage assumé
17:28 qui est en grande partie militant.
17:30 Des amis dont je suis très fière,
17:32 des amis qui m'ont soutenue,
17:33 qui me comprennent énormément.
17:34 - Est-ce que quand vous dites cet entourage,
17:37 est-ce que ça veut dire que les autres,
17:40 ceux dont vous auriez pu espérer un soutien,
17:45 les féministes, vous avez quand même été menacées
17:47 non seulement de mort, mais aussi de viol.
17:50 C'était d'ailleurs les premiers propos.
17:52 C'était "sale pute", "meurs", "appel au viol".
17:57 Est-ce que là, à ce moment-là,
17:59 vous estimez qu'il y a eu un manque, un silence ?
18:02 - Mais je n'ai eu aucun soutien de ces individus.
18:06 J'ai même été jetée en pâture.
18:08 D'ailleurs, je n'aime pas quand on emploie le terme "féministe"
18:10 à l'égard de ces nanas.
18:12 C'est des nanas qui veulent la lumière.
18:14 - Vous parlez des féministes,
18:16 des associations officielles féministes ?
18:18 - J'ai entendu, oui, des féministes.
18:19 Les "Nous Toutes" et compagnie,
18:21 toutes ces associations féministes de gauche
18:23 qui sont très fortes pour aller chouiner
18:27 au patriarcat blanc.
18:29 Si genre... J'en sais rien, je ne comprends plus leur terme.
18:33 En revanche, pour aller dénoncer ce qui se passe en Iran,
18:36 le patriarcat islamiste,
18:38 qui est même, je dirais, majoritairement présent en France,
18:41 c'est compliqué, ça serre les fesses,
18:43 et ça se barre en courant.
18:45 Je n'ai jamais été soutenue par ces personnes-là.
18:48 Certaines, moi, tiens, j'ai le nom de Lorraine Bastide
18:51 qui me vient à l'esprit.
18:53 - Féministes ?
18:55 - Non, elles ne sont pas féministes.
18:56 Elles sont allées jusqu'à me pourrir sur les réseaux
18:58 avec des diffamations à n'en jamais finir.
19:01 Elles sont, à partir du moment où c'est des personnes
19:05 qui sont droguées à leur petit confort,
19:07 qui ne sont pas capables d'assumer de réelles convictions,
19:10 aujourd'hui c'est un effet de mode, c'est la bien-pensance.
19:13 C'est des gens qui se trompent de combat,
19:15 je ne sais même pas s'ils sont malheureux, écoute, mais...
19:18 Non, de toute manière, je suis bien contente
19:21 de ne pas avoir été soutenue par ces gens-là.
19:23 Je suis bien contente de ne pas m'être trompée de combat à mon tour.
19:26 - Finalement, aujourd'hui, vous diriez, Mila,
19:29 que vous gardez une forme d'espoir quand même
19:32 dans une liberté, une émancipation, le fait de pouvoir,
19:34 je cite encore une fois, "emmerder Dieu".
19:37 - Bien sûr, parce qu'il y aura toujours des gens pour le faire.
19:41 Je n'ai pas confiance en ce gouvernement.
19:44 Je suis quand même assez pessimiste
19:50 sur la façon dont c'est en train de partir.
19:54 Je pense qu'on sera toujours suffisamment nombreux pour se battre,
19:58 mais toujours dans des conditions de plus en plus restreintes.
20:01 Je n'en sais rien. Je ne sais pas bien me projeter vis-à-vis de ça.
20:04 Moi, je reste combative. Je sais qu'on est beaucoup à l'être.
20:07 C'est ce qui compte, j'ai envie de dire.
20:10 - Merci, Mila, d'avoir réagi et témoigné ce matin sur RMC et BFM TV.
20:16 Il est 8h52.

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