• il y a 6 mois
Le ministre français de l'Economie, Bruno Le Maire, a soulevé lundi l'idée d'une "préférence européenne" dans l'attribution des marchés publics, visant ainsi les produits chinois, tout en reconnaissant que l'idée est un sujet de "débat" avec les autres pays, notamment l'Allemagne.

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Transcription
00:00 L'écho avec Stéphane Pedrazi. La France, Stéphane, veut instaurer un quota de produits européens sur les marchés publics.
00:05 Oui, lorsqu'on achète par exemple des voitures de police ou des meubles pour l'administration, il y a des règles à respecter.
00:11 On ne peut pas faire n'importe quoi, c'est la règle des marchés publics.
00:14 Et la France voudrait y ajouter une condition supplémentaire, une sorte de préférence européenne.
00:18 Au moins 50% de produits fabriqués dans l'Union européenne pour soutenir notre industrie.
00:23 Bruno Le Maire en a parlé hier avec ses homologues allemands et italiens en disant
00:27 "Les américains le font, les chinois le font, on aurait tort de ne pas faire la même chose".
00:30 Je vous donne un chiffre qui illustre le problème, c'est le déficit commercial avec la Chine.
00:35 C'est-à-dire la différence entre ce que l'Union européenne vend à la Chine et ce que la Chine vend à l'Union européenne.
00:40 Ce déficit a été multiplié par trois en l'espace de 10 ans pour atteindre la somme colossale de 300 milliards d'euros.
00:47 Donc c'est ce que dit Bruno Le Maire, il y a urgence.
00:49 Sauf que pour l'instant, l'Allemagne dit nein. Warum denn ? Pourquoi donc ?
00:53 L'Allemagne dit nein parce qu'en fait l'Allemagne exporte beaucoup plus en dehors de l'Union européenne que la France ou l'Italie, qui est d'accord avec nous.
01:00 Du coup l'Allemagne, elle aurait beaucoup plus à perdre en cas de représailles et cette position n'est pas nouvelle.
01:04 Déjà Elisabeth Borne fin 2022 s'était rendue à Berlin pour essayer de les convaincre, elle avait obtenu la même réponse, nein, de la part d'Olaf Scholz.
01:12 Et le risque pour l'Union européenne c'est quoi ? C'est d'avoir des représailles en retour ?
01:15 Oui, tout dépend de la manière de procéder.
01:16 Soit on assume officiellement que c'est du protectionnisme et qu'on protège notre industrie,
01:20 mais dans ce cas c'est clair, il y aura des mesures de représailles, c'est-à-dire que nos partenaires internationaux n'achèteront plus ou moins de produits européens.
01:26 Soit on n'assume pas officiellement la démarche et on se cache derrière un autre motif, par exemple la transition écologique.
01:32 On l'a fait récemment avec les voitures électriques chinoises, on a expliqué qu'elles arrivaient aux frontières européennes avec un énorme sac à dos carbone
01:40 parce qu'elles étaient produites très loin et qu'il fallait les transporter.
01:43 Et donc on ne leur donne plus accès à la subvention écologique, donc on les défavorise.
01:50 C'est une mesure protectionniste qui ne porte pas son nom et ça ne veut pas dire qu'on n'a pas de représailles pour autant,
01:56 parce que ça ne vous aura pas échappé, mais les Chinois ont ouvert une enquête sur les spiritus européens, donc sur le cognac français.
02:01 Ce n'est pas anecdotique, 70% du cognac qui est produit en France est exporté à une grande majorité en Chine.
02:07 Ça illustre un petit peu cet espèce de rapport de force permanent et la complexité de ce genre de dossier.
02:11 -Merci beaucoup, Stéphane.

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