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00:00 France Bleu Normandie
00:02 8h15, on parle ce matin de sport avec un athlète hors du commun, Alexis Anquincan, originaire d'Yvetot, champion paralympique de triathlon.
00:12 Il vient de publier un livre intitulé "Ma rage de vaincre" aux éditions City, un ouvrage dans lequel il raconte son histoire, lui qui a dû être amputé de la jambe droite et qui court avec une lame en carbone.
00:23 Alexis Anquincan qui est l'invité de France Bleu Normandie ce matin, il répond à vos questions.
00:27 Marie Marty Rossiant.
00:29 Bonjour Alexis Anquincan.
00:30 Bonjour.
00:31 On va bien sûr parler de votre livre en longueur, mais avant ça je voudrais qu'on revienne sur ce 5 août 2010, vous avez 24 ans, vous êtes maçon et sur un chantier vous êtes victime d'un très grave accident de travail, votre jambe droite est écrasée par un engin.
00:44 Est-ce que cette date vous diriez que c'est le tournant de votre vie ?
00:47 C'est sûr que c'est une date très très importante et elle restera gravée à jamais.
00:51 A 24 ans c'est l'insouciance, on ne peut pas imaginer une seule seconde qu'un tel accident peut se produire et il va me falloir au moins deux jours pour vraiment me rendre compte que ce n'est pas un cauchemar et que ça s'est vraiment passé.
01:04 Donc oui, c'est à jamais gravé, c'est sûr.
01:07 Justement vous êtes hospitalisé, vous subissez beaucoup d'opérations, une quarantaine si je ne me trompe pas, pour tenter de sauver votre jambe.
01:14 Trois ans après l'accident, vous décidez de vous faire amputer, comment on prend cette décision à ce moment-là ?
01:20 C'est une décision pas simple, c'est pour ça qu'il m'a fallu quasiment trois ans pour la prendre.
01:24 Il faut bien prendre conscience qu'effectivement il y a eu beaucoup d'opérations et j'ai eu la chance d'être très bien accompagné par tout le service du CHU de Rouen, je leur passe le bonjour.
01:34 Mais voilà, il a fallu vraiment ce temps et cette décision, aujourd'hui elle est salutaire, je ne la regrette pas du tout, puisque finalement avec une prothèse aujourd'hui on est capable de faire vraiment beaucoup de choses, quasiment tout.
01:46 Et finalement cette jambe, elle était là, mais elle me faisait souffrir et elle ne me permettait plus de vivre comme j'en avais envie.
01:53 Donc ça a été une solution thérapeutique, l'amputation, même si encore une fois c'est une décision qui est très lourde à prendre et malheureusement il n'y a pas de retour en arrière possible.
02:01 Quand vous la prenez, il faut vraiment être sûr de vous.
02:03 Une solution lourde à prendre, comme vous dites, une faiblesse on pourrait penser, mais que vous transformez en force très rapidement.
02:10 Vous reprenez le sport, vous devenez athlète même de haut niveau, et pourquoi justement ? Qu'est-ce qui vous a poussé à faire ça ?
02:16 En fait, tout simplement c'est me prouver à moi et prouver aux gens en général que finalement un bout de jambe parti, ce n'était pas ça l'essentiel et justement j'étais encore capable de réaliser de grandes choses.
02:25 C'est assez drôle parce que quand j'ai commencé le triathlon, j'avais loin d'avoir le niveau d'aujourd'hui et on entendait sur le bord de la route "Ah c'est bien, il est courageux".
02:31 Maintenant que je fais partie des tout meilleurs triathlètes de la région et que je suis capable de gagner des courses, on entend "Ah mais c'est normal, il a une prothèse".
02:37 Donc en fait l'avancée est exceptionnelle et pour moi ce qui me rend hyper fier c'est de faire prendre conscience aux gens que finalement cette différence, elle existe.
02:45 Et en plus, ce qui est censé me rendre moins fort, j'arrive à mettre le doute aux gens que finalement ça peut peut-être me rendre plus fort.
02:52 Donc c'est vraiment quelque chose qui est très important pour moi et c'est un message d'espoir que finalement, peu importe la pathologie, peu importe ce qu'on peut traverser dans la vie,
02:59 le sport est vraiment une bouffée d'oxygène et permet vraiment de repartir presque de zéro et de vraiment sortir de son quotidien.
03:07 France Bleu Normandie, 8h18, nous sommes avec Alexis Anquinquan, champion paralympique de triathlon et originaire d'Ifto.
03:14 Le triathlon justement, c'est loin d'être le seul sport que vous avez pratiqué, vous avez fait du basket avant votre accident, vous êtes même champion de France d'un sport de combat, c'est ça le full contact ?
03:23 Pourquoi vous avez fait ce choix du paratriathlon ?
03:26 Pourquoi le triathlon ? Parce que justement c'est un des sports les plus exigeants, c'est un des sports les plus polyvalents et finalement à la suite de cette amputation, j'avais vraiment besoin de se lancer un défi complètement fou en fait.
03:37 Donc il n'y avait rien qui me poussait à ça, il n'y avait aucun médecin justement, par la gravité de mes blessures m'ont poussé à faire un tel sport parce que de base, ce n'était pas du tout une bonne idée.
03:46 Vous n'avez pas fait le choix de la facilité ?
03:49 Je n'ai pas du tout choisi la facilité et ce n'est pas du tout ce qui me prédomine en fait, j'adore l'adversité, j'adore le goût de l'effort et en fait j'ai été persuadé que ce sport était fait pour moi.
03:58 C'est un sport aussi qui a un vrai rapport avec la nature, avec l'extérieur, je m'entraîne tout le temps dehors et c'est vrai que c'est ça aussi qui me passionne dans ce sport-là.
04:05 Et finalement, quelques temps plus tard, je vais me rendre compte que c'est vraiment un sport qui est fait pour moi et les résultats parlent assez bien.
04:13 Vous avez eu plutôt bien raison, en 2017 vous décrochez vos premiers titres, champion de France, d'Europe, du monde et bien sûr ce titre paralympique à Tokyo en 2021.
04:23 D'ailleurs, ce dont vous parlez en premier dans ce livre, c'est le tout premier chapitre du livre. Qu'est-ce que vous avez eu envie de transmettre justement dans votre ouvrage ?
04:31 Oui, avec Marie-Céline Dubois, la personne avec qui on a co-écrit le livre, et ma femme Eva, on avait vraiment envie de rentrer directement dans le vif du sujet.
04:38 Ce projet de livre est assez vieux, on avait vraiment envie avec mon épouse de laisser un héritage à mes enfants,
04:44 puisque oui, ils savent leur papa, qu'est-ce qu'il a eu, un accident, etc. Mais finalement, on est assez peu rentré dans les détails.
04:50 Ils sont encore un peu jeunes pour ça, mais c'est vrai qu'on voulait laisser une trace de ce livre pour qu'ils puissent dans quelques temps se plonger un petit peu dans cette noirceur qu'on a pu traverser avec leur mère à un certain moment.
05:03 Et en fait, quoi de mieux que de débarrer un livre par justement les émotions les plus fortes que j'ai pu vivre ?
05:09 Tokyo, ça a resté un objectif majeur pour moi, ça a été vraiment une course exceptionnelle, tant par les émotions que par la pression qu'il y avait autour de cette course.
05:17 Et voilà, je suis forcément très content de pouvoir commencer ce livre avec ça, et j'espère que ça plaira au lecteur.
05:23 Une dernière petite question rapidement, justement, les Jeux Paralympiques, c'est en septembre prochain à Paris, vous y serez, vous allez défendre votre titre tout simplement ?
05:31 Je vais y aller pour défendre mon titre tout simplement, effectivement.
05:33 Donc pour Alexandre 3, on a juste un site magique pour pouvoir faire un très beau triathlon.
05:37 Alors, retirez-vous tout de suite l'idée de la Seine, il n'y a pas de problème.
05:42 Vous, ça ne vous fait pas peur, vous nagez dans la Seine.
05:44 Bien au contraire, je suis très excité à l'idée de nager dans la Seine.
05:47 Et voilà, ça va être forcément une course magique.
05:50 N'oubliez pas aussi que j'ai entendu beaucoup de gens se plaindre de la billetterie chère des Jeux.
05:55 Là, le triathlon, vous pouvez aller voir du triathlon gratuitement.
05:57 Donc voilà, s'il y a des Rouennais, des Normands qui veulent venir m'encourager le dimanche 1er septembre pour Alexandre 3,
06:03 venez assez tôt quand même parce que je pense que du coup, le fait que ce soit gratuit, il y aura du monde.
06:07 Mais voilà, ça sera avec un grand plaisir que je donnerai le maximum pour aller chercher cette très belle médaille.
06:16 Et on l'espère aussi. Merci à vous Alexis Anquinquan.
06:18 On le rappelle, vous êtes champion paralympique à Tokyo, entre autres en 2021.
06:22 Et vous sortez ce livre "Ma rage de vaincre" aux éditions Citi. Merci à vous.
06:25 Merci.